01-11-2020, 01:21 AM
CHAPITRE 43:
*****
Retour en arrière / point de vue d’Antoine
Putain on se retrouve avec des problèmes et nous avons une fois de plus rien fait pour mériter ça. On passait une super journée tous les deux, on venait de manger ensemble et mon chéri venait de me faire découvrir une spécialité de son pays que je ne connaissais pas… On était content de ces moments et voilà … une fois de plus des personnes nous veulent du mal et nous agressent . Comme si après l’école, là aussi, dans la rue on nous en veut de nous aimer. Si ça continue comme ça bientôt on ne pourra plus jamais rien faire. Mais merde c’est quoi ce monde aussi intolérant !
Je réussis à sortir de la nasse dans laquelle je me trouve avec mon chéri, lui n’est pas parvenu à s’échapper et je m’inquiète sérieusement du sort qui va lui être réservé ; il se trouve seul au milieu de 3 fous furieux qui veulent en découdre … Je me mets à courir de tous côtés pour demander de l’aide, le stress me gagne de plus en plus. Je ne vois personne dans ce lieu désert alors je continue à courir et je hurle de toutes mes forces… je suis essoufflé, les larmes commencent à me gagner… mais c’est pas possible que personne ne m’entende !!! Je m’arrête de courir quand je vois deux personnes encore assez loin mais qui me regardent avec insistance… Je leur fais des signes qu’ils ne peuvent que comprendre, je clame mon désespoir et… je les vois se diriger vers moi
-moi : quelqu’un svp ! mon ami a besoin d’aide il y a des gens qui vont le tabasser svp svp vite aidez moi.
-Homme : Il est en danger ? Il est où ?
-moi : suivez moi, vite… ils sont 3 contre lui et en plus il y en a un qui est armé
-Homme : armé ? mais c’est dangereux alors, il faut trouver d’autres personnes pour les maîtriser.
-moi : oui, un d'entre-deux a un couteau et il est menaçant.
Un autre homme comprend la situation et voit mon désarroi et il décide de nous suivre.
-hommes : Vite montre nous où ils sont.
Je nous dirige rapidement dans la petite rue ou se passe l’agression et … je vois Nicolas à terre, il me parait inconscient.
Je hurle son nom tellement j’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose de grave.
Je m’apprête à foncer sur les assaillants qui sont encore à s’acharner sur lui. Mais les deux hommes me retiennent, me demandant de rester groupés pour tenter de maîtriser ces 3 brutes.
-inconnu 1 : Mais qui voilà ? Il est revenu …
-homme : je pense que vous devriez partir, et très vite, cela serait mieux pour vous.
Il faut dire que les deux hommes qui sont à mes côtés sont des gaillards imposants qui ne sont pas en manque de muscles.
Les 3 agresseurs jaugent la situation et décident de suivre le conseil en acceptant de partir et ils s’enfuient en courant pendant que l’un d’entre eux crie « ouais on s’en va mais si on se retrouve vous ne nous échapperez pas… »
On peut donc s’approcher sans danger de mon chéri qui est là, couché sur le sol, je vois même une tâche de sang qui me fait très peur…
……………….
Retour avec Nicolas, à l’hôpital :
Tout seul dans ma chambre, je viens d’avoir la visite du docteur qui m’a rassuré « plus de peur que de mal » a-t-il conclu. Aucune blessure grave, du moins physiquement. Quelques entailles au visage, des contusions diverses et des courbatures multiples qui vont durer un certain temps… Mais je m’en sors plutôt bien insiste t’il après que je lui ai décris comment s’est passée l’agression.
Physiquement oui je m’en sors bien … mais psychologiquement je suis au plus mal. Je me sens brisé. Je veux rester seul et ne voir personne d’autre que le personnel médical. Et je ne veux surtout pas voir Antoine… Je ne sais pas ce que je pourrais lui dire… Ce que je viens de vivre m’a ébranlé à un tel point ! J’ai ressenti une telle peur panique que je ne sais plus du tout où j’en suis. Seule la solitude pour être face à moi-même pourra peut-être m’aider.
J’ai les yeux fermés, mes pensées sont accaparées par tous ces moments douloureux quand je sens une main qui me touche, quelqu’un est entré sans que je l’entende. J’ouvre les yeux et reconnais Antoine qui est tout silencieux .
Je repousse sa main violemment.
-Antoine : pourquoi cette réaction mon chéri ?
-moi : ne me touche pas et je préférerais que tu partes…
-Antoine : Mais pourquoi tu me demandes quelque chose d’aussi dur ? Je t’ai rien fait moi…
-moi : pars je te le demande !
-Antoine : Ok mais dis moi d’abord pourquoi tu ne veux pas de ma présence… Si c’est parce que je t’ai laissé seul face à ces inconnus c’est pas de ma faute… Il fallait bien que je cherche du secours… sans cette aide on s’en serait pas sortis …
-moi : je veux juste me retrouver seul, c’est tout.
-Antoine : tu veux pas me parler ? Je comprends pas et tu ne veux pas me donner la raison de ton attitude ? Tu peux pas me faire ça, je t’aime, j’ai besoin que tu me dises ce qui ne va pas…
-moi : stp je suis fatigué, je veux rester seul…
-Antoine : ok, ok, je vais partir… mais si tu as besoin de moi, si tu as besoin de parler je serai là, à n’importe quel moment.
-moi :Bon, merci.
-Antoine : Bye, je t’aime.
Je le regarde partir, je le vois s’arrêter dans le cadre de la porte, attendant une réponse… Il n’en aura pas.
Je sais que mon attitude vis à vis d'Antoine peut paraître incompréhensible... mais je n'y peux rien. Je crois que j'ai perdu quelque chose dans ce combat : la confiance envers les autres. Je parle de la confiance en général et pas simplement par rapport à Antoine.
Bien sûr, pour ce qui concerne Antoine, je suis conscient qu'il a tout tenter pour m'aider mais le fait de m'être retrouvé tout seul devant ces ignobles créatures m'a démoli. Tout est confus dans ma tête mais je crois que je ne pourrai plus voir Antoine comme avant.
Mes parents doivent arriver sous peu. Je me sens anxieux à l'idée de les voir en face de moi. Quelle va être ma réaction ? Comment je vais me comporter avec eux ? Je m'interroge...
Tout en les attendant je pense à quelque chose d'étrange : Est-ce que les choses n'auraient pas été plus faciles si je n'avais jamais rencontré Antoine. Comment serait ma vie sans lui ? Plus tranquille sans doute, avec les quelques amis qui sont les miens... Mais voilà, Antoine a surgi dans ma vie et je ne peux rien y changer. Pour le moment je vois l'avenir assez sombre, je me demande même si je pourrais un jour retourner avec lui, c'est dire mon état d'esprit !
Alors oui certains pourraient penser qu'à la première difficulté je me dégonfle, que mon amour n'est pas assez fort pour m'aider à surmonter tous ces problèmes qui surgissent... mais non tout n'est pas aussi simple et je crois que j'ai surtout besoin de temps pour réfléchir.
La porte de la chambre s'ouvre, mon père et ma mère entrent.
-mère : Mais dans quel état tu es mon chéri !!! Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu te retrouves comme ça ?
-moi : On s'est fait tabasser dans la rue par une bande d'homophobes.
-père : Tu vois ! Ça t'apporte que des problèmes ces histoires là...
-mère : Et... où est Antoine ?
A cette question les larmes commencent à me gagner.
-mère : c'est grâve mon chéri ?
-moi : je lui ai demandé de partir...
-mère : je ne comprends pas bien, qu'est-ce qui se passe ?
-moi : eh bien je pense qu'on n'est plus en couple, je préfère en rester là avec lui.
-père : Enfin une bonne nouvelle !
-mère : Mais tu es con ou quoi de dire une chose pareille ? Tu vois bien que ton fils va mal ?
-père : c'est vrai, pardon d'avoir dit ça, j'aurais pas dû, surtout en ce moment...
-mère :mais il s'est passé quelque chose avec Antoine ? Il n'est pas responsable de ce qui est arrivé quand même ?
-moi : je ne veux pas en parler.
Ma mère se rapproche de moi et me serre dans ses bras. Ma réaction est immédiate, je la repousse comme je l'ai fait avec Antoine tout à l'heure.
-mère : Tu fais quoi là ? J'ai juste voulu te consoler mon chéri. Pourquoi tu me rejettes ?
-moi : Pardon, je sais pas ce qui se passe... quand quelqu'un s'approche et me touche je me sens vraiment pas bien.
-mère : Bon je vais faire attention puisque tu me dis que tu ne veux pas qu'on te touche. Ca me fait mal mais je respecte ta demande.
Voilà qu'un malaise est perceptible maintenant.
J'ai rejeté ma propre mère ! Je ne me reconnais pas...
Elle se reprend vite et m'informe que les médecins ont donné leur accord pour que je quitte l'hôpital dès maintenant puisque tous les examens ne révèlent rien de grâve.
-moi : ok parfait. Alors je vais vous suivre.
Je me lève plus facilement que je le craignais, mes parents regroupent mes affaires et nous quittons la chambre pour rejoindre la voiture et direction la maison où mon frère va lui aussi me soumettre à un questionnaire que j'imagine dès à présent.
Arrivé à la maison je me rends directement dans ma chambre pour m'allonger après avoir allumé mon ordinateur et branché mes écouteurs pour écouter de la musique, je veux être tranquille et qu'on me laisse me reposer.
Pourtant je repense à mon attitude face à Antoine, je me dis que je lui dois une explication après tous ces événements et le mieux est sans doute que je lui écrive une lettre pour mettre au clair mes idées. Je décide de le faire tout de suite pour me soulager, si tant est que cela soit possible.
À Antoine,
Salut, j'ai conscience d'avoir été dur avec toi à l'hôpital mais je ne saurais pas t'expliquer pourquoi exactement.
Ce que je veux en ce moment, c'est être seul, pour essayer de régler mon immense malaise .
Ce qu'il s'est passé a produit en moi quelque chose que je ne peux pas expliquer mais qui risque de poser des problèmes relationnels avec les autres. Je ne me sens plus en confiance avec qui que ce soit, même avec toi.
Je ne peux plus me laisser toucher, tout à l'heure ma mère a voulu me consoler parce qu'elle a compris que je ne vais pas bien et je l'ai repoussé violemment ! J'ai repoussé violemment ma propre mère !
Je suis conscient que pendant notre agression tu as réussis à partir pour aller chercher de l'aide le plus rapidement possible... le problème c'est que je me suis retrouvé seul face à trois individus et je me suis senti tellement petit face à eux. J'ai perdu toute confiance, tu dois le comprendre.
Je vais tout faire pour me reprendre en main.
Mais cela va demander du temps malheureusement, peut être même beaucoup de temps... je ne peux pas te demander de m'attendre si c'est trop long... Je comprendrais que tu n'aies pas cette patience.
Mais je veux que tu saches que je pourrai revenir à toi quand mon problème sera réglé.
Je t'aime,
Nicolas.
Voilà, c'est fait, j'ai réussi à mettre des mots sur cette feuille. Je ne sais pas si je vais lui remettre cette lettre mais cela m'a fait du bien de lui écrire comme ça.
Toc toc toc...
C'est mon frère qui se manifeste, il fallait bien qu'il vienne aux nouvelles !
-Oli : salut frérot, j'ai entendu dire qu'il s'est passé quelque chose … mais en voyant ton visage je comprends qu'ils t'ont pas manqué...
-moi : t'es sérieux là ? Tu viens me dire ça … mais il y a des choses beaucoup plus importantes non ?
-Oli : tu me permets de t'asseoir à côté de toi ?
-moi : allez, viens.
-Oli : Maman m'a dit que ça n'allait pas très bien avec Antoine.
-moi : maman t'a dit quelque chose de vrai.
-Oli : tu veux bien m'en parler ?
-moi : Je sais pas ce qu'il se passe... je me sens mal en sa présence. Je crois même que j'ai perdu confiance en lui. C'est pas vraiment de sa faute puisqu'il a quand même réussi à trouver de l'aide et ces 3 individus on été mis en fuite... Mais le fait de me laisser seul face à eux, il y en même un qui était armé, ça a brisé quelque chose en moi... Maman te l'a sans doute dit, je suis devenu sauvage... je n'accepte plus d'être touché...
-Oli : Oui elle m'a dit ça... Mais comment tu l'expliques ?
Et tout en me parlant il se rapproche petit à petit de moi jusqu'à se coller comme il le fait souvent lorsqu'on est ensemble.
-moi : C'est étonnant, avec toi ça me dérange pas ce contact. Je ressens pas la même impression... peut-être parce que tu as toujours été mon confident. J'ai confiance en toi depuis que je suis tout petit... Je me suis toujours senti en sécurité avec toi...
-Oli : Oui je crois moi aussi que c'est l'explication. Tu crois que tu vas pouvoir dormir ce soir ?
-moi : Je sais pas, j'ai vraiment peur de faire une crise d'angoisse en rependant à ce que je viens de vivre.
-Oli : Tu veux que je reste avec toi ? Je pourrais me faire un lit dans ta chambre.
-moi : oui mais … pourquoi tu te ferais un lit ? Tu pourrais dormir avec moi ça me dérange pas...
-Oli : T'es sûr ? Tu dis que tu te sens pas bien quand quelqu'un est proche de toi, alors peut-être que toute une nuit à côté de toi tu vas te sentir mal au bout d'un moment ?
-moi : Je crois pas, non... au pire on essaie et si je me sens pas bien je te le dirai.
-Oli : Ok, on fait comme ça... et … Antoine dans tout ça ?...Tu crois que tu l'aimes encore ? Qu'est-ce qui va se passer entre vous maintenant ?
-moi : pour le moment je garde mes distances parce que j'ai besoin de temps pour passer sur ce que j'ai vécu. Après je verrai, mais je crois que je l'aime toujours. J'ai écris une lettre où je lui dis certaines choses, elle est sur mon bureau... Mais je ne sais pas si je vais lui donner... tu peux la lire si tu veux...
Oli prends la lettre et la lis avec attention
-Oli : c'est bien, je crois que tu devrais lui donner cette lettre, ça lui permettra de comprendre un peu les moments que tu vis. Tu sais que lui aussi doit vivre des moments difficiles et il a besoin de comprendre pourquoi tu t'es comporté comme tu l'as fait avec lui.
-moi : je vais réfléchir un peu mais je crois que tu as raison, encore une fois...
-Oli : Tu as faim ?
-moi : pas vraiment, pourquoi ?
-Oli : Parce que maman m'a dit que c'était prêt alors on pourrait aller manger ?
-moi : je préfèrerais manger dans la chambre.
-Oli : Bon, alors je vais aller chercher deux assiettes.
-moi : Tu es toujours aussi gentil avec moi !
-Oli : Tu sais que je resterai toujours le même avec toi, qu'est ce qu'on ne ferait pas pour un frère qu'on aime ?
Il me quitte et revient au bout de quelques minutes avec les assiettes garnies que nous mangeons sans parler. Puis une fois vidées il les descend et remonte rapidement.
-moi : je crois que je vais dormir maintenant, je me sens trop fatigué.
-Oli : Bien sûr couche toi si tu veux. Je vais rester avec toi alors tu peux dormir sans crainte.
Je me mets à l'aise et m'allonge. Je suis en confiance, mon grand frère est à côté de moi. Je peux m'endormir rassuré. Il ne peut rien m'arriver.
*****
Retour en arrière / point de vue d’Antoine
Putain on se retrouve avec des problèmes et nous avons une fois de plus rien fait pour mériter ça. On passait une super journée tous les deux, on venait de manger ensemble et mon chéri venait de me faire découvrir une spécialité de son pays que je ne connaissais pas… On était content de ces moments et voilà … une fois de plus des personnes nous veulent du mal et nous agressent . Comme si après l’école, là aussi, dans la rue on nous en veut de nous aimer. Si ça continue comme ça bientôt on ne pourra plus jamais rien faire. Mais merde c’est quoi ce monde aussi intolérant !
Je réussis à sortir de la nasse dans laquelle je me trouve avec mon chéri, lui n’est pas parvenu à s’échapper et je m’inquiète sérieusement du sort qui va lui être réservé ; il se trouve seul au milieu de 3 fous furieux qui veulent en découdre … Je me mets à courir de tous côtés pour demander de l’aide, le stress me gagne de plus en plus. Je ne vois personne dans ce lieu désert alors je continue à courir et je hurle de toutes mes forces… je suis essoufflé, les larmes commencent à me gagner… mais c’est pas possible que personne ne m’entende !!! Je m’arrête de courir quand je vois deux personnes encore assez loin mais qui me regardent avec insistance… Je leur fais des signes qu’ils ne peuvent que comprendre, je clame mon désespoir et… je les vois se diriger vers moi
-moi : quelqu’un svp ! mon ami a besoin d’aide il y a des gens qui vont le tabasser svp svp vite aidez moi.
-Homme : Il est en danger ? Il est où ?
-moi : suivez moi, vite… ils sont 3 contre lui et en plus il y en a un qui est armé
-Homme : armé ? mais c’est dangereux alors, il faut trouver d’autres personnes pour les maîtriser.
-moi : oui, un d'entre-deux a un couteau et il est menaçant.
Un autre homme comprend la situation et voit mon désarroi et il décide de nous suivre.
-hommes : Vite montre nous où ils sont.
Je nous dirige rapidement dans la petite rue ou se passe l’agression et … je vois Nicolas à terre, il me parait inconscient.
Je hurle son nom tellement j’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose de grave.
Je m’apprête à foncer sur les assaillants qui sont encore à s’acharner sur lui. Mais les deux hommes me retiennent, me demandant de rester groupés pour tenter de maîtriser ces 3 brutes.
-inconnu 1 : Mais qui voilà ? Il est revenu …
-homme : je pense que vous devriez partir, et très vite, cela serait mieux pour vous.
Il faut dire que les deux hommes qui sont à mes côtés sont des gaillards imposants qui ne sont pas en manque de muscles.
Les 3 agresseurs jaugent la situation et décident de suivre le conseil en acceptant de partir et ils s’enfuient en courant pendant que l’un d’entre eux crie « ouais on s’en va mais si on se retrouve vous ne nous échapperez pas… »
On peut donc s’approcher sans danger de mon chéri qui est là, couché sur le sol, je vois même une tâche de sang qui me fait très peur…
……………….
Retour avec Nicolas, à l’hôpital :
Tout seul dans ma chambre, je viens d’avoir la visite du docteur qui m’a rassuré « plus de peur que de mal » a-t-il conclu. Aucune blessure grave, du moins physiquement. Quelques entailles au visage, des contusions diverses et des courbatures multiples qui vont durer un certain temps… Mais je m’en sors plutôt bien insiste t’il après que je lui ai décris comment s’est passée l’agression.
Physiquement oui je m’en sors bien … mais psychologiquement je suis au plus mal. Je me sens brisé. Je veux rester seul et ne voir personne d’autre que le personnel médical. Et je ne veux surtout pas voir Antoine… Je ne sais pas ce que je pourrais lui dire… Ce que je viens de vivre m’a ébranlé à un tel point ! J’ai ressenti une telle peur panique que je ne sais plus du tout où j’en suis. Seule la solitude pour être face à moi-même pourra peut-être m’aider.
J’ai les yeux fermés, mes pensées sont accaparées par tous ces moments douloureux quand je sens une main qui me touche, quelqu’un est entré sans que je l’entende. J’ouvre les yeux et reconnais Antoine qui est tout silencieux .
Je repousse sa main violemment.
-Antoine : pourquoi cette réaction mon chéri ?
-moi : ne me touche pas et je préférerais que tu partes…
-Antoine : Mais pourquoi tu me demandes quelque chose d’aussi dur ? Je t’ai rien fait moi…
-moi : pars je te le demande !
-Antoine : Ok mais dis moi d’abord pourquoi tu ne veux pas de ma présence… Si c’est parce que je t’ai laissé seul face à ces inconnus c’est pas de ma faute… Il fallait bien que je cherche du secours… sans cette aide on s’en serait pas sortis …
-moi : je veux juste me retrouver seul, c’est tout.
-Antoine : tu veux pas me parler ? Je comprends pas et tu ne veux pas me donner la raison de ton attitude ? Tu peux pas me faire ça, je t’aime, j’ai besoin que tu me dises ce qui ne va pas…
-moi : stp je suis fatigué, je veux rester seul…
-Antoine : ok, ok, je vais partir… mais si tu as besoin de moi, si tu as besoin de parler je serai là, à n’importe quel moment.
-moi :Bon, merci.
-Antoine : Bye, je t’aime.
Je le regarde partir, je le vois s’arrêter dans le cadre de la porte, attendant une réponse… Il n’en aura pas.
Je sais que mon attitude vis à vis d'Antoine peut paraître incompréhensible... mais je n'y peux rien. Je crois que j'ai perdu quelque chose dans ce combat : la confiance envers les autres. Je parle de la confiance en général et pas simplement par rapport à Antoine.
Bien sûr, pour ce qui concerne Antoine, je suis conscient qu'il a tout tenter pour m'aider mais le fait de m'être retrouvé tout seul devant ces ignobles créatures m'a démoli. Tout est confus dans ma tête mais je crois que je ne pourrai plus voir Antoine comme avant.
Mes parents doivent arriver sous peu. Je me sens anxieux à l'idée de les voir en face de moi. Quelle va être ma réaction ? Comment je vais me comporter avec eux ? Je m'interroge...
Tout en les attendant je pense à quelque chose d'étrange : Est-ce que les choses n'auraient pas été plus faciles si je n'avais jamais rencontré Antoine. Comment serait ma vie sans lui ? Plus tranquille sans doute, avec les quelques amis qui sont les miens... Mais voilà, Antoine a surgi dans ma vie et je ne peux rien y changer. Pour le moment je vois l'avenir assez sombre, je me demande même si je pourrais un jour retourner avec lui, c'est dire mon état d'esprit !
Alors oui certains pourraient penser qu'à la première difficulté je me dégonfle, que mon amour n'est pas assez fort pour m'aider à surmonter tous ces problèmes qui surgissent... mais non tout n'est pas aussi simple et je crois que j'ai surtout besoin de temps pour réfléchir.
La porte de la chambre s'ouvre, mon père et ma mère entrent.
-mère : Mais dans quel état tu es mon chéri !!! Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu te retrouves comme ça ?
-moi : On s'est fait tabasser dans la rue par une bande d'homophobes.
-père : Tu vois ! Ça t'apporte que des problèmes ces histoires là...
-mère : Et... où est Antoine ?
A cette question les larmes commencent à me gagner.
-mère : c'est grâve mon chéri ?
-moi : je lui ai demandé de partir...
-mère : je ne comprends pas bien, qu'est-ce qui se passe ?
-moi : eh bien je pense qu'on n'est plus en couple, je préfère en rester là avec lui.
-père : Enfin une bonne nouvelle !
-mère : Mais tu es con ou quoi de dire une chose pareille ? Tu vois bien que ton fils va mal ?
-père : c'est vrai, pardon d'avoir dit ça, j'aurais pas dû, surtout en ce moment...
-mère :mais il s'est passé quelque chose avec Antoine ? Il n'est pas responsable de ce qui est arrivé quand même ?
-moi : je ne veux pas en parler.
Ma mère se rapproche de moi et me serre dans ses bras. Ma réaction est immédiate, je la repousse comme je l'ai fait avec Antoine tout à l'heure.
-mère : Tu fais quoi là ? J'ai juste voulu te consoler mon chéri. Pourquoi tu me rejettes ?
-moi : Pardon, je sais pas ce qui se passe... quand quelqu'un s'approche et me touche je me sens vraiment pas bien.
-mère : Bon je vais faire attention puisque tu me dis que tu ne veux pas qu'on te touche. Ca me fait mal mais je respecte ta demande.
Voilà qu'un malaise est perceptible maintenant.
J'ai rejeté ma propre mère ! Je ne me reconnais pas...
Elle se reprend vite et m'informe que les médecins ont donné leur accord pour que je quitte l'hôpital dès maintenant puisque tous les examens ne révèlent rien de grâve.
-moi : ok parfait. Alors je vais vous suivre.
Je me lève plus facilement que je le craignais, mes parents regroupent mes affaires et nous quittons la chambre pour rejoindre la voiture et direction la maison où mon frère va lui aussi me soumettre à un questionnaire que j'imagine dès à présent.
Arrivé à la maison je me rends directement dans ma chambre pour m'allonger après avoir allumé mon ordinateur et branché mes écouteurs pour écouter de la musique, je veux être tranquille et qu'on me laisse me reposer.
Pourtant je repense à mon attitude face à Antoine, je me dis que je lui dois une explication après tous ces événements et le mieux est sans doute que je lui écrive une lettre pour mettre au clair mes idées. Je décide de le faire tout de suite pour me soulager, si tant est que cela soit possible.
À Antoine,
Salut, j'ai conscience d'avoir été dur avec toi à l'hôpital mais je ne saurais pas t'expliquer pourquoi exactement.
Ce que je veux en ce moment, c'est être seul, pour essayer de régler mon immense malaise .
Ce qu'il s'est passé a produit en moi quelque chose que je ne peux pas expliquer mais qui risque de poser des problèmes relationnels avec les autres. Je ne me sens plus en confiance avec qui que ce soit, même avec toi.
Je ne peux plus me laisser toucher, tout à l'heure ma mère a voulu me consoler parce qu'elle a compris que je ne vais pas bien et je l'ai repoussé violemment ! J'ai repoussé violemment ma propre mère !
Je suis conscient que pendant notre agression tu as réussis à partir pour aller chercher de l'aide le plus rapidement possible... le problème c'est que je me suis retrouvé seul face à trois individus et je me suis senti tellement petit face à eux. J'ai perdu toute confiance, tu dois le comprendre.
Je vais tout faire pour me reprendre en main.
Mais cela va demander du temps malheureusement, peut être même beaucoup de temps... je ne peux pas te demander de m'attendre si c'est trop long... Je comprendrais que tu n'aies pas cette patience.
Mais je veux que tu saches que je pourrai revenir à toi quand mon problème sera réglé.
Je t'aime,
Nicolas.
Voilà, c'est fait, j'ai réussi à mettre des mots sur cette feuille. Je ne sais pas si je vais lui remettre cette lettre mais cela m'a fait du bien de lui écrire comme ça.
Toc toc toc...
C'est mon frère qui se manifeste, il fallait bien qu'il vienne aux nouvelles !
-Oli : salut frérot, j'ai entendu dire qu'il s'est passé quelque chose … mais en voyant ton visage je comprends qu'ils t'ont pas manqué...
-moi : t'es sérieux là ? Tu viens me dire ça … mais il y a des choses beaucoup plus importantes non ?
-Oli : tu me permets de t'asseoir à côté de toi ?
-moi : allez, viens.
-Oli : Maman m'a dit que ça n'allait pas très bien avec Antoine.
-moi : maman t'a dit quelque chose de vrai.
-Oli : tu veux bien m'en parler ?
-moi : Je sais pas ce qu'il se passe... je me sens mal en sa présence. Je crois même que j'ai perdu confiance en lui. C'est pas vraiment de sa faute puisqu'il a quand même réussi à trouver de l'aide et ces 3 individus on été mis en fuite... Mais le fait de me laisser seul face à eux, il y en même un qui était armé, ça a brisé quelque chose en moi... Maman te l'a sans doute dit, je suis devenu sauvage... je n'accepte plus d'être touché...
-Oli : Oui elle m'a dit ça... Mais comment tu l'expliques ?
Et tout en me parlant il se rapproche petit à petit de moi jusqu'à se coller comme il le fait souvent lorsqu'on est ensemble.
-moi : C'est étonnant, avec toi ça me dérange pas ce contact. Je ressens pas la même impression... peut-être parce que tu as toujours été mon confident. J'ai confiance en toi depuis que je suis tout petit... Je me suis toujours senti en sécurité avec toi...
-Oli : Oui je crois moi aussi que c'est l'explication. Tu crois que tu vas pouvoir dormir ce soir ?
-moi : Je sais pas, j'ai vraiment peur de faire une crise d'angoisse en rependant à ce que je viens de vivre.
-Oli : Tu veux que je reste avec toi ? Je pourrais me faire un lit dans ta chambre.
-moi : oui mais … pourquoi tu te ferais un lit ? Tu pourrais dormir avec moi ça me dérange pas...
-Oli : T'es sûr ? Tu dis que tu te sens pas bien quand quelqu'un est proche de toi, alors peut-être que toute une nuit à côté de toi tu vas te sentir mal au bout d'un moment ?
-moi : Je crois pas, non... au pire on essaie et si je me sens pas bien je te le dirai.
-Oli : Ok, on fait comme ça... et … Antoine dans tout ça ?...Tu crois que tu l'aimes encore ? Qu'est-ce qui va se passer entre vous maintenant ?
-moi : pour le moment je garde mes distances parce que j'ai besoin de temps pour passer sur ce que j'ai vécu. Après je verrai, mais je crois que je l'aime toujours. J'ai écris une lettre où je lui dis certaines choses, elle est sur mon bureau... Mais je ne sais pas si je vais lui donner... tu peux la lire si tu veux...
Oli prends la lettre et la lis avec attention
-Oli : c'est bien, je crois que tu devrais lui donner cette lettre, ça lui permettra de comprendre un peu les moments que tu vis. Tu sais que lui aussi doit vivre des moments difficiles et il a besoin de comprendre pourquoi tu t'es comporté comme tu l'as fait avec lui.
-moi : je vais réfléchir un peu mais je crois que tu as raison, encore une fois...
-Oli : Tu as faim ?
-moi : pas vraiment, pourquoi ?
-Oli : Parce que maman m'a dit que c'était prêt alors on pourrait aller manger ?
-moi : je préfèrerais manger dans la chambre.
-Oli : Bon, alors je vais aller chercher deux assiettes.
-moi : Tu es toujours aussi gentil avec moi !
-Oli : Tu sais que je resterai toujours le même avec toi, qu'est ce qu'on ne ferait pas pour un frère qu'on aime ?
Il me quitte et revient au bout de quelques minutes avec les assiettes garnies que nous mangeons sans parler. Puis une fois vidées il les descend et remonte rapidement.
-moi : je crois que je vais dormir maintenant, je me sens trop fatigué.
-Oli : Bien sûr couche toi si tu veux. Je vais rester avec toi alors tu peux dormir sans crainte.
Je me mets à l'aise et m'allonge. Je suis en confiance, mon grand frère est à côté de moi. Je peux m'endormir rassuré. Il ne peut rien m'arriver.