Noirs secrets (gay, terminé)

[inny-2]

Bonus 2

Je sauvegarde mon document, et regarde l'écran sans le voir. Alex est sorti faire des courses, et il me manque déjà. Il en a de la patience, je ne comprends pas comment il peut accepter que je passe autant de temps à écrire ce récit. Mais quand je lui en parle, il me pousse à continuer.
Je me lève et entre dans la cuisine. Je prends une bière au frigo et la décapsule.
Le liquide frais et mousseux me fait du bien. J'en savoure l'amertume.

La porte d'entrée s'ouvre, et je m'avance vers mon homme pour le débarrasser de ses sacs.
- Tu m'as manqué mon amour.
- Je sais.
Je pose les courses sur la table de la cuisine, et l'enlace pour l'embrasser.
Il s'écarte de moi en souriant.
- Tu as un goût de bière. Tu me donnes soif.
En riant, je lui en sers une.
Celle-ci descendue, je reprends mon baiser. Je n'ai pas eu ma dose.

- Ton récit avance ?
- Oui, petit à petit. Vincent m'a beaucoup aidé, il a retrouvé plusieurs personnes qui ont eu un rôle à jouer dans cette histoire. Comme Franck, qui vit en Australie, maintenant.
- Tu as pu renouer le contact avec Stef ?
- Pierre s'en occupe, il essaie de lui expliquer. Je crois sincèrement qu'il m'a mal compris. Il a reçu un choc, en apprenant que son petit frère adoré était un meurtrier, celui-là même qui a tué Michel... Ça passera, je le sais. Je le connais, mon grand frère. Il faut lui laisser le temps.
- Il connaissait Michel ?
- Oui... Pas au mois de mai, mais plus tard.
- Mais tout le monde le détestait, non ?
- Ce n'est pas aussi simple que ça. Il respectait la force, et il m'avait vu me battre contre Steve, dans la cour du lycée. Il était persuadé que j'allais me faire rétamer. Et moi aussi, à un moment, car j'avais beau cogner, c'était comme taper dans un mur, il ne bronchait pas. Mais lui, il ne parvenait pas à me toucher du tout, ce qui l'a démoralisé. Je l'ai eu à l'usure.
- Tu avais le don d'analyse de l'Autre ?
- Ça n'a jamais été le don de l'Autre. C'est celui de mon cerveau... Je pouvais m'en servir aussi.
- Je vois. Donc, Michel t'a admiré pour cet exploit ?
- C'était plus compliqué que ça... J'en reparlerai plus tard.

- Tu sais, Alex... J'ai de plus en plus de mal à écrire ce récit. À mesure que les évènements avancent, j'approche de plus en plus du mois d'août... Et je n'ai pas du tout envie de l'écrire.
- Tu l'as déjà raconté dans ton premier récit, non ? Tu n'auras qu'à y mettre tes cauchemars.
- Ce n'est pas possible.
- Pourquoi ?
- Parce que tout était faux ! Tout n'était qu'une version déformée, cauchemardesque de l'histoire... Ça ne s'est jamais passé comme ça.
- Quoi ?!
- Il a vraiment tenté de me tuer, mais pas du tout dans ces circonstances.
- C'est dingue. Ta mémoire est comme une poupée russe. À chaque fois qu'on croit être arrivé au bout, on se rend compte qu'il y a encore une couche à l'intérieur.
- J'espère sincèrement être arrivé à la dernière.
- Il faut que tu le racontes, Yann. Ne serait-ce que pour moi.
- Je ne peux pas te dire non, mon cœur. Je le ferai.