Le don de guérir (Florian 18 ans surdoué) Livre 4 Tome 2

[laurentdu51100]

CHAPITRE 16 : « Shanpaï » « Takumi »


« Le matin, une heure avant la reprise des cours. »

Naoki remonte les escaliers quatre à quatre pour traverser ensuite en trombe le couloir qui mène à sa chambre, il entre toujours avec cette impression d’urgence qu’il a donnée à tous ceux qui ont croisé son chemin depuis sa sortie de la cafétéria.

Son premier regard va pour le lit de son compagnon de chambre, suivi d’un soupir rassuré quand il aperçoit la touffe de cheveux roux sortant de sous la couette.

- Debout Takumi !!
- Muuuuuhhh !! Pourquoi tout ce tapage si tôt ?
- Si tôt ?? Tu l’as bonne toi !! Tu as vu l’heure au moins ?

Il voit la moitié d’un visage apparaître qui fixe le réveil avant de s’en retourner d’où il venait.

- Il n’y a pas le feu !!
- Si tu le dis !! De toute façon je ne venais pas pour ça, mais plutôt pour les types qui te cherchent partout depuis plus d’une heure !!
- C’est qu’ils ne sont pas très futés alors, puisque je suis dans ma chambre !!
- Sérieux Takumi, je ne les sens pas !!

La tête réapparaît entièrement cette fois, le regard vert émeraude plongeant dans celui de son coloc qui du coup en ressent le contrecoup en s’y laissant prendre de façon quasi hypnotique.

- Tu as peut-être le nez bouché ou encore c’est qu’ils se sont lavés ! Hi ! Hi !

Naoki déglutit avec difficulté, tentant par ce biais de se détacher du regard si spécial qui lui traverse l’âme.

- Tu ne devrais pas plaisanter avec ça, je te jure qu’ils sont flippants.
- Bah ! C’est sans doute encore pour cette enquête qu’ils mènent sur moi, suite à l’accident cardiaque du directeur.
- Hum !!
- Dis-moi plutôt à quoi tu penses ?

Le visage du grand costaud marque l’hésitation qu’il a à poser la question qui le turlupine, Florian l’encourage de la tête à poursuivre.

- Je… enfin… ce ne serait pas plutôt à cause du rôle que tu joues depuis ton arrivée.
- Tu crois que je suis quoi ? Un criminel en fuite ? Un violeur ? Enfin un truc chelou du même genre ?
- Chelou ??
- Pftt !! En plus il faut tout vous apprendre !! Chelou… « louche » si tu préfères !!
- Ah… ça… mais non !! Qu’est-ce que tu vas chercher encore !! C’est juste tout ce qu’on entend sur ta véritable identité.
- Ah, nous y voilà !! Ils me chercheraient donc pour cette raison ?
- Ça en a l’air en tout cas, vu les questions qu’ils posent.
- Ils me cherchent ou ils posent des questions ? Faudrait savoir !!
- Holà camarade !! T’emballe pas après moi comme ça, je suis juste venu t’avertir.
- Désolé, je sais que ce n’est pas ta faute mais venir taper la discute le matin au lever avant même que j’aie avalé quelque chose de chaud, ce n’est pas le mieux pour que je sois de bonne humeur alors en plus avec des types qui ne me lâchent plus depuis plusieurs jours !!

Naoki va pour lui répondre, quand un coup bref se fait entendre à la porte de la chambre et qu’elle s’ouvre ensuite sans attendre l’accord de ceux à l’intérieur.

Naoki qui était resté debout tout près de cette dernière, la referme d’un geste d’énervement et un bruit sourd suit de peu le claquement de la porte contre l’huisserie.

L’homme qui ne s’attendait pas à son geste, l’ayant pris en pleine figure et s’en retrouve assommé pour le compte en plein milieu du couloir.

Naoki entrouvre de nouveau la porte pour jeter un œil dans le couloir, il voit le gars allongé par terre avec un autre homme qui se jette à genoux pour tenter de le relever.

Un bref coup d’œil ensuite sur son coloc qui pour sa part semble trouver le moment particulièrement croustillant, son visage visiblement amusé pouvant difficilement faire admettre le contraire.

Une voix à l’extérieur de la pièce se fait entendre, sans chercher cette fois à pénétrer dans le lieu privé qu’est la chambre des deux étudiants.

- Nous venions juste parler avec l’étudiant Takumi Fukuda !! Ce n’était pas la peine d’être si violent avec mon collègue !!

Naoki blanc comme un linge fixe le petit rouquin en attendant de lui qu’il trouve une solution, son geste risquant fort de lui attirer des ennuis.

Il le voit s’habiller rapidement pour venir ensuite vers lui en lui parlant suffisamment bas pour que lui seul l’entende, alors que dans le couloir l’homme continue à vociférer contre le geste violent à l’encontre de son collègue qui apparemment est encore inconscient.

Naoki quand il entend les paroles du petit rouquin en a les yeux qui en sortent de la tête en le croyant devenu fou, quand soudainement ce qu’il se proposait de faire se produit et qu’ils se retrouvent tous deux dans l’escalier juste derrière l’angle du mur donnant sur le couloir.

Alors que le grand costaud reste hébété sans comprendre réellement ce qui lui arrive, il reçoit une poussée dans le dos qui l’oblige à faire le premier pas nécessaire pour montrer sa présence.

Florian lui passe sous le nez en courant et en riant, s’arrêtant net devant l’homme étendu au sol près duquel un autre individu tente de le réveiller en invectivant avec colère des personnes se trouvant hors de sa vue.

- Vous pourriez répondre espèce de vauriens !!

C’est à ce moment-là qu’il s’aperçoit de la présence d’un jeune rouquin souriant suivi bientôt par un autre garçon semblant faire deux fois sa taille et qui tourne régulièrement la tête en arrière avec une expression d’incrédulité manifeste.

- Je peux vous aider monsieur ?
- Hein !! Ah oui !! Pourriez-vous aller chercher des secours jeune homme, mon collègue ne reprend pas connaissance et je crains que le coup qu’il a pris ait été trop violent.
- Vous l’avez frappé ?
- Bien sûr que non, allons !! C’est le gars dans cette chambre qui lui a fait ça !!

Florian joue la surprise à la perfection, quand il fixe la porte de sa chambre en la montrant du doigt.

- Vous parlez de cette chambre monsieur ? Mais… c’est impossible ou alors c’est qu’il y a un intrus à l’intérieur !!
- Un intrus ? Comment ça ?
- Parce que c’est notre chambre à moi et à mon camarade derrière moi… permettez ?

Florian se dirige alors vers la porte, il l’ouvre en faisant l’étonné qu’elle ne soit pas fermée à clé et jette un œil à l’intérieur en appelant son coloc, le tout accompagné d’un geste de la main.

- Naoki !! Entre le premier tu veux bien ? Après tout de nous deux c’est toi le costaud !!

Florian retient avec peine l’envie qu’il a d’éclater de rire depuis qu’ils sont apparus à l’autre bout du couloir et ce en voyant la tête de son coloc qui n’a visiblement pas encore percuté sur ce qu’il lui arrive, cherchant toujours à en comprendre la raison d’une manière logique.

L’homme qui maintient toujours son collègue à terre, semble lui aussi complètement perdu quand il voit les deux garçons pénétrer dans la chambre en y cherchant le fameux intrus qui apparemment ne s’y trouve pas ou plus, ce qui pour lui est une impossibilité flagrante à la manière qu’il a vu et entendu la porte claquer sur le visage de son équipier.


CHAPITRE 17 : « Shanpaï » « Kaito »


Le boucan dans le couloir fait sortir les derniers étudiants encore dans leur chambre, curieux de connaître les raisons qui ont amené la chute brutale d’un des deux adultes.

Kaito est l’un d’entre eux qui reste un moment à évaluer la situation, jusqu’à ce qu’il rentre dans sa chambre prévenir son coloc et maintenant ami, qui s’apprêtait lui aussi à partir en cours.

- Il y a du ramdam dans le couloir, on dirait que Naoki a mis un flic hors service !!
- Hein !! Comment ça un flic ?
- Je n’en sais pas plus, le type est allongé par terre sans bouger !!

Takuya sort à son tour pour visualiser en quelques secondes la scène qu’il a devant les yeux, il voit bien le regard hébété de Naoki mais qui semble plus obnubilé par la cage d’escalier que par le gars toujours inanimé.

Il aperçoit alors Takumi qui se penche à son tour sur l’homme dont le collègue tient la tête entre ses bras, quelques sons de voix se font entendre qu’il ne peut comprendre et le second homme le laisse s’occuper de son équipier, alors que lui entre dans la chambre pour en ressortir quelques secondes plus tard avec une expression de pure incrédulité lui marquant le visage.

C’est en se rapprochant suffisamment d’eux, que les voix deviennent plus distinctes et qu’il peut alors suivre une conversation qui pour beaucoup d’autres que lui semblerait complètement décousue de sens, mais qui pour lui en pose d’autres dont il aimerait connaître les réponses.

- Pourtant la porte s’est refermée sur mon collègue !! Comment sinon aurait-il pu se retrouver assommé comme il l’est ??
- Pourtant vous avez bien vu monsieur que nous n’y étions pas, c’est en entendant un cri que nous avons fait demi-tour pour vous voir vous et votre collègue, ce dernier étendu par terre.

Naoki qui depuis que son coloc a repris la main sur l’interrogatoire, commence à son tour à revenir sur ce qui lui est arrivé et se fait la réflexion qu’il devrait en être plus étonné qu’il ne l’est au final, Takumi ayant recommencé tout simplement le coup de la couette en le faisant cette fois participer.

C’est donc en mettant inconsciemment de côté l’aspect surnaturel de ce qu’il a vécu, qu’il retrouve le sourire à prendre la chose comme une blague de potaches qu’ils ont faite aux deux fonctionnaires.

Kaito sans y prendre garde, s’approche par curiosité de son coloc en le prenant par la hanche d’une main à la fois douce et possessive, alors que ce dernier ne s’y attend pas et qui pourtant bizarrement n’en paraît pas surpris, comme si c’était tout naturel pour lui d’être l’objet d’une telle attention venant du grand rouquin.

- Ils parlent de quoi au juste ?

Takuya lève la tête vers celle de son grand copain en souriant.

- Il doit y avoir un fantôme dans la chambre de Takumi ! Hi ! Hi !
- Comment ça un fantôme ?
- Le gars aurait été assommé par la porte qui lui est revenue dans la tête quand il l’a ouverte, c’est tout du moins ce que j’ai cru comprendre !!
- Bah !! Laisse tomber, nous interrogerons « Tak » quand tout se sera calmé !! Grouille plutôt sinon nous allons être à la bourre pour notre premier cours de la journée et nos potes vont nous attendre.

Takuya se laisse guider vers l’escalier par la main toujours possessive restée sur sa hanche, se demandant quand même si ce n’est qu’une marque purement amicale comme deux amis peuvent se le permettre sans porter à colporter des rumeurs ou alors si ce ne serait pas une volonté inconsciente venant de Kaito à vouloir lui montrer un intérêt tout autre qui cette fois n’aurait plus grand-chose à voir avec la simple camaraderie.

Son appartenance au clan lui fait soudainement peur, peur qu’un éventuel rapprochement avec Kaito ne soit mal vu au sein de l’organisation, qui il doit bien se l’avouer, est encore à cheval sur des principes d’un autre âge.


Pourtant cette main sur sa hanche lui fait un bien tellement fou, qu’il ne demande qu’à ce qu’elle y reste le plus longtemps possible et son cœur rate un battement quand il la sent se détacher en glissant lentement sur son corps, comme à regret pour venir lui prendre la main au moment de descendre l’escalier.

Kaito quant à lui est heureux de voir que son audace porte ses fruits et qu’il n’a pas été rejeté comme il le craignait, son ami semblant au contraire apprécier le contact.

Il le stoppe alors qu’il est encore une marche au-dessus de la sienne et que leurs visages sont à la même hauteur, son regard entrant alors en contact avec le sien qui marque comme il se doit l’étonnement que lui apporte cette situation.

- Tu penses qu’il se passe quoi entre Xiao et Toshio ?
- Pourquoi tu me demandes ça en plein milieu de l’escalier ?
- Contente-toi de me répondre et tu comprendras après !!
- Que veux-tu que je te réponde ? Depuis qu’il connaît Xiao, Toshio n’est plus du tout le même apparemment !! C’est du moins ce que j’ai cru comprendre par rapport à l’année dernière.
- Je ne te parlais pas de ça, tu le fais exprès ou quoi ?

Takuya sourit devant le visage aux taches de rousseur qui le fixe en cherchant désespérément à lui faire comprendre quelque chose, chose que lui a bien comprise depuis quelques jours à le voir tenter par tous les moyens de se rapprocher de lui sans avoir l’air de rien.

Il doit bien s’avouer qu’au début il en a été perturbé jusqu’à comprendre qu’il s’était mis à apprécier cette drague qui en est une sans l’être vraiment, mais qui est sans doute la seule façon qu’a trouvée Kaito pour le pousser pas à pas jusqu’à ce que les choses soient dites entre eux.

- Tu parles de quoi alors ? Du fait qu’ils ressemblent de plus en plus à un couple ?
- Exactement !!
- Et tu veux savoir ce que j’en pense parce que tu te dis que tu aimerais qu’on en soit au même point tous les deux, mais que tu ne sais toujours pas à quoi je pense à ton sujet !! C’est bien ça ??
- Wouah !! Je… enfin, non… si… je ne sais plus… Arrh !!

Takuya n’arrive plus à détacher son regard de ce visage si craquant et encore plus particulièrement en cet instant où la stupeur remplace le sourire que lui avait amené la conversation.

Il sait pourtant l’effet qu’il a ressenti la première fois que Kaito lui est apparu, quand le premier jour de son arrivée il s’est présenté à lui avec le visage resplendissant de sa joie de vivre.

Il a ensuite le souvenir de toutes ses petites touches qui lui étaient envoyées par ce coloc qui cherchait déjà visiblement à connaître ses pensées sur ce sujet sensible, suffisamment en tout cas pour qu’il n’ose l’aborder que par des petites phrases dites en plaisanterie pour jauger ses réactions.

Le toucher physique n’étant venu que ces derniers jours, pour en arriver à cette main lui tenant la sienne à la moindre occasion comme c’est encore le cas en ce moment.

Il décide alors qu’il est temps pour lui de montrer à son tour l’intérêt qu’il porte à son coloc qui est devenu rouge comme une pivoine, à en bégayer de timidité alors que d’habitude il est le premier à aller au-devant des autres.

- Tu aimerais le savoir ou pas ??
- De… de… quoi ??
- Ce que je pense de l’idée qu’on se mette en couple pardi !!
- Je… je… et tu dis quoi !!

Takuya plisse les yeux à la fois d’amusement mais aussi du fort élan de tendresse devant ce grand gaillard roux, qui en tremble d’émotion d’avoir été pris à son propre jeu beaucoup plus vite qu’il ne s’y attendait.

- Je dis que… voyons voir… que dis-je ou encore que devrais-je dire ?

Il n’a pas le temps de poursuivre sa petite mise en boîte qu’il se sent happer en avant et que ses lèvres viennent au contact de celles de Kaito qui maintenant a bien compris qu’il se moquait de lui alors qu’il en est au même point sentimentalement.

- Mouaouaahhouahouh…

Kaito lui libère les lèvres un bref instant.

- Tu dis quoi ?
- Tu as vraiment besoin d’une réponse derrière ça ?