12-10-2020, 08:24 PM
9 - Intrusion
Dimanche 9 mai
Deux heures du matin. Tout le monde dort profondément dans le quartier... Et, espérons-le, dans la maison qui m'intéresse.
Il y a eu de la lumière aux fenêtres, mais les épais rideaux m'ont empêché de voir combien de personnes s'y trouvent. Entrer par effraction dans une maison habitée, ce n'est pas un exercice que j'apprécie particulièrement. Plus jeune, oui, ça m'a excité, mais plus maintenant.
Je remue mes doigts gantés, puis gratte ma tête à travers ma cagoule. Six ans depuis la dernière fois, et les mêmes petits gestes nerveux. Je me faufile dans le jardin, puis approche de la porte. J'ôte mon gant droit pour bénéficier du maximum de sensations, et m'agenouille avant d'insérer un entraîneur dans la serrure. Puis, tout en douceur, je fais rentrer un crochet et inspecte l'intérieur au toucher. Hum. Pas du toc. Je travaille patiemment, la haie me cache des regards extérieurs, j'ai tout mon temps. Le but du jeu est de faire un minimum de bruit. Pas facile quand on doit tâter plusieurs goupilles avec une tige de métal, certaines de ces goupilles étant des dispositifs « anti-crochetage » qui ne m'arrêteront pas. Ça demande juste plus de temps et de délicatesse.
Voilà, la dernière se met en place, je fais pivoter l'entraîneur... Un demi-tour, et il se coince, quelque chose est tombé. Je cherche avec un crochet simple, finis par localiser la goupille fautive, et la remonte avant de finir le tour qui déverrouille le premier verrou. Au deuxième... Ah, ce blocage... Si je ne me trompe pas, il y a quelques-uns de ces maudits champignons là-dedans.... trois, précisément.
(Quitte à ne pas vouloir qu'on ouvre votre porte par crochetage, choisissez une serrure profilée, plutôt que de m'insulter avec ce genre de gadget.)
Le deuxième verrou pivote, et je pousse très légèrement la porte. Aucun bruit.
J'entre et allume ma mini-torche. Un tissu attaché au bout diffuse la lumière, la rendant moins agressive. Je ne tiens pas à réveiller quelqu'un qui se serait endormi dans un fauteuil. Une fois m'a suffi. Pas envie de me remettre à traverser toute la ville en courant. Surtout si ces types-là sont du genre de Didier.
(J'aurais dû parler à Thomas des cambriolages, tant que j'y étais. Mais le pauvre en a assez entendu sur moi comme ça.)
J'explore la cuisine, avant de rentrer dans le salon. Je l'explore un moment, avant de poursuivre ma route. La maison n'a qu'un rez-de-chaussée, mais dispose probablement d'une cave. Je regarde les portes qui s'offrent à moi, et décide que celle de droite doit mener à l'escalier. Par quoi commencer ? J'ouvre doucement celle de gauche.
Bingo.
Mon rayon éclaire des rangés de livres contre les murs, me faisant repenser à la bibliothèque. Un bureau attire mon attention, et je m'en approche. Je constate qu'un téléphone y est posé, et je débranche le fil pour éviter qu'il sonne pendant que je suis ici.
Si Vincent a réussi à contacter ses amis hackers, le mobile de ce cher Mathieu est lui aussi temporairement en dérangement. Je me demande s'ils peuvent vraiment faire ça ou si c'est de la vantardise, mais peu importe. C'est une aide bienvenue. Rien de plus effrayant - en dehors d'une sirène - qu'un téléphone qui sonne au beau milieu d'une intrusion nocturne. Je m'installe dans le fauteuil et tente d'ouvrir les tiroirs. Fermés. Qu'à cela ne tienne...
J'ai pris le risque d'allumer la petite lampe du bureau. Je flingue ma vision nocturne, mais je peux parcourir plus facilement les documents que j'ai trouvés dans le troisième tiroir. Rien de passionnant, toutefois, mais une chose retient mon attention. Un agenda. Je prends des photos en commençant une semaine avant la disparition d'Alex. Certaines pages retiennent mon attention, mais je me fais violence pour ne pas les lire et me dépêcher. Je ne dois oublier à aucun moment où je me trouve.
Je remarque qu'une bonne partie du texte est incompréhensible. Codé ?
(Qu'est-ce que ça veut dire ? Pas le temps.)
Je range enfin l'agenda dans le tiroir, soigneusement, et verrouille les trois tiroirs en faisant pivoter l'entraîneur jusqu'à sa position initiale. Je m'approche enfin de l'ordinateur qui se trouve dans un angle. Je branche au dos une clé USB. Vincent m'a assuré que cela suffirait pour que son programme soit installé au prochain démarrage de l'ordinateur. Je dois bien lui faire confiance sur ce point.
Je sors ensuite du bureau après avoir éteint la lampe.
Je devrais en rester là et partir, mais Alex dort peut-être à quelques mètres de moi... C'est un risque terrible que je vais prendre là, mais je veux savoir. Trop dangereux tant que ma vision nocturne ne s'est pas rétablie convenablement. Je décide de faire un tour à la cave en attendant.
Je reste dans le noir un moment, fixant l'obscurité totale, laissant mes pupilles se dilater, avant de rallumer ma mini-torche.
J'explore soigneusement la cave, au cas où, mais elle ne recèle rien de particulier.
Je remonte et examine les deux portes restantes.
Je m'approche de celle de droite, et écoute au battant. Rien. J'ouvre doucement...
Une chambre, la lumière de ma lampe frôle un lit, je la masque en serrant l'extrémité dans ma main. Le cœur battant, je sors mon appareil photo et le commute en mode nocturne, avant de laisser échapper un filet de lumière entre mes doigts.
Je vois sur l'écran qu'il y a deux personnes dans le lit. Le seul visage que je vois m'est inconnu, un jeune homme qui doit avoir 18 ou 19 ans. L'autre est invisible derrière. Je dois m'approcher.
Mon cœur accélère ses battements, je fais un pas, puis l'autre, vers le lit, craignant de les voir se réveiller à tout instant. Je finis par voir l'autre visage, c'est une femme. Je prends une photo des deux, puis reviens en arrière. J'écoute un moment, mais ils restent immobiles. Je referme doucement la porte.
La dernière chambre.
Je prends le temps de me calmer avant d'entrer.
La chambre est plus grande, et s'orne d'une bibliothèque. Je suppose que Mathieu est là, dans ce lit. Mais y a-t-il quelqu'un avec lui ? Alex ? Je suis fou, ce n'est pas possible autrement. Mais je m'avance doucement pour vérifier. Il est seul. Je le photographie à son tour, puis éteins l'appareil avant de reculer vers la porte.
C'est alors que le rayon de ma lampe me révèle un lit de camp, dont le drap a été repoussé. Vide.
Je n'ai pas le temps de réagir qu'un choc violent me projette à terre.
Je heurte le sol, laissant échapper mon appareil photo qui glisse sous une armoire. Ma torche roule dans la direction opposée.
Je ne sais pas qui m'attaque, mais il a entrepris de m'immobiliser par une prise qu'il a fort bien réussi, à mon grand désespoir. Je sais déjà que je suis foutu, avant même d'entendre l'occupant du lit se lever.
La lumière s'allume, blessant mes yeux. Je me débats vigoureusement, mais en vain.
C'est mal barré. S'ils sont impliqués dans un truc louche, c'en est fini de moi. Et sinon, la police se fera un plaisir de s'occuper de mon cas.
Ma vision s'accommode enfin à la lumière, et je peux regarder mon environnement immédiat. Pas mon agresseur, toutefois, qui est dans mon dos.
- Qui est-ce ?
- Je ne sais pas. Enlève-lui sa cagoule.
(Cette voix ?!)
- Alex ?!
- Hein ? C'est pas vrai !
Mathieu arrache ma cagoule et me pointe un pistolet sur le visage. Alex me retourne, et nous nous contemplons, incrédules.
- Tu le connais ?
- Oui, répond Alex. C'est... mon ex.
Je laisse échapper une plainte douloureuse.
Dimanche 9 mai
Deux heures du matin. Tout le monde dort profondément dans le quartier... Et, espérons-le, dans la maison qui m'intéresse.
Il y a eu de la lumière aux fenêtres, mais les épais rideaux m'ont empêché de voir combien de personnes s'y trouvent. Entrer par effraction dans une maison habitée, ce n'est pas un exercice que j'apprécie particulièrement. Plus jeune, oui, ça m'a excité, mais plus maintenant.
Je remue mes doigts gantés, puis gratte ma tête à travers ma cagoule. Six ans depuis la dernière fois, et les mêmes petits gestes nerveux. Je me faufile dans le jardin, puis approche de la porte. J'ôte mon gant droit pour bénéficier du maximum de sensations, et m'agenouille avant d'insérer un entraîneur dans la serrure. Puis, tout en douceur, je fais rentrer un crochet et inspecte l'intérieur au toucher. Hum. Pas du toc. Je travaille patiemment, la haie me cache des regards extérieurs, j'ai tout mon temps. Le but du jeu est de faire un minimum de bruit. Pas facile quand on doit tâter plusieurs goupilles avec une tige de métal, certaines de ces goupilles étant des dispositifs « anti-crochetage » qui ne m'arrêteront pas. Ça demande juste plus de temps et de délicatesse.
Voilà, la dernière se met en place, je fais pivoter l'entraîneur... Un demi-tour, et il se coince, quelque chose est tombé. Je cherche avec un crochet simple, finis par localiser la goupille fautive, et la remonte avant de finir le tour qui déverrouille le premier verrou. Au deuxième... Ah, ce blocage... Si je ne me trompe pas, il y a quelques-uns de ces maudits champignons là-dedans.... trois, précisément.
(Quitte à ne pas vouloir qu'on ouvre votre porte par crochetage, choisissez une serrure profilée, plutôt que de m'insulter avec ce genre de gadget.)
Le deuxième verrou pivote, et je pousse très légèrement la porte. Aucun bruit.
J'entre et allume ma mini-torche. Un tissu attaché au bout diffuse la lumière, la rendant moins agressive. Je ne tiens pas à réveiller quelqu'un qui se serait endormi dans un fauteuil. Une fois m'a suffi. Pas envie de me remettre à traverser toute la ville en courant. Surtout si ces types-là sont du genre de Didier.
(J'aurais dû parler à Thomas des cambriolages, tant que j'y étais. Mais le pauvre en a assez entendu sur moi comme ça.)
J'explore la cuisine, avant de rentrer dans le salon. Je l'explore un moment, avant de poursuivre ma route. La maison n'a qu'un rez-de-chaussée, mais dispose probablement d'une cave. Je regarde les portes qui s'offrent à moi, et décide que celle de droite doit mener à l'escalier. Par quoi commencer ? J'ouvre doucement celle de gauche.
Bingo.
Mon rayon éclaire des rangés de livres contre les murs, me faisant repenser à la bibliothèque. Un bureau attire mon attention, et je m'en approche. Je constate qu'un téléphone y est posé, et je débranche le fil pour éviter qu'il sonne pendant que je suis ici.
Si Vincent a réussi à contacter ses amis hackers, le mobile de ce cher Mathieu est lui aussi temporairement en dérangement. Je me demande s'ils peuvent vraiment faire ça ou si c'est de la vantardise, mais peu importe. C'est une aide bienvenue. Rien de plus effrayant - en dehors d'une sirène - qu'un téléphone qui sonne au beau milieu d'une intrusion nocturne. Je m'installe dans le fauteuil et tente d'ouvrir les tiroirs. Fermés. Qu'à cela ne tienne...
J'ai pris le risque d'allumer la petite lampe du bureau. Je flingue ma vision nocturne, mais je peux parcourir plus facilement les documents que j'ai trouvés dans le troisième tiroir. Rien de passionnant, toutefois, mais une chose retient mon attention. Un agenda. Je prends des photos en commençant une semaine avant la disparition d'Alex. Certaines pages retiennent mon attention, mais je me fais violence pour ne pas les lire et me dépêcher. Je ne dois oublier à aucun moment où je me trouve.
Je remarque qu'une bonne partie du texte est incompréhensible. Codé ?
(Qu'est-ce que ça veut dire ? Pas le temps.)
Je range enfin l'agenda dans le tiroir, soigneusement, et verrouille les trois tiroirs en faisant pivoter l'entraîneur jusqu'à sa position initiale. Je m'approche enfin de l'ordinateur qui se trouve dans un angle. Je branche au dos une clé USB. Vincent m'a assuré que cela suffirait pour que son programme soit installé au prochain démarrage de l'ordinateur. Je dois bien lui faire confiance sur ce point.
Je sors ensuite du bureau après avoir éteint la lampe.
Je devrais en rester là et partir, mais Alex dort peut-être à quelques mètres de moi... C'est un risque terrible que je vais prendre là, mais je veux savoir. Trop dangereux tant que ma vision nocturne ne s'est pas rétablie convenablement. Je décide de faire un tour à la cave en attendant.
Je reste dans le noir un moment, fixant l'obscurité totale, laissant mes pupilles se dilater, avant de rallumer ma mini-torche.
J'explore soigneusement la cave, au cas où, mais elle ne recèle rien de particulier.
Je remonte et examine les deux portes restantes.
Je m'approche de celle de droite, et écoute au battant. Rien. J'ouvre doucement...
Une chambre, la lumière de ma lampe frôle un lit, je la masque en serrant l'extrémité dans ma main. Le cœur battant, je sors mon appareil photo et le commute en mode nocturne, avant de laisser échapper un filet de lumière entre mes doigts.
Je vois sur l'écran qu'il y a deux personnes dans le lit. Le seul visage que je vois m'est inconnu, un jeune homme qui doit avoir 18 ou 19 ans. L'autre est invisible derrière. Je dois m'approcher.
Mon cœur accélère ses battements, je fais un pas, puis l'autre, vers le lit, craignant de les voir se réveiller à tout instant. Je finis par voir l'autre visage, c'est une femme. Je prends une photo des deux, puis reviens en arrière. J'écoute un moment, mais ils restent immobiles. Je referme doucement la porte.
La dernière chambre.
Je prends le temps de me calmer avant d'entrer.
La chambre est plus grande, et s'orne d'une bibliothèque. Je suppose que Mathieu est là, dans ce lit. Mais y a-t-il quelqu'un avec lui ? Alex ? Je suis fou, ce n'est pas possible autrement. Mais je m'avance doucement pour vérifier. Il est seul. Je le photographie à son tour, puis éteins l'appareil avant de reculer vers la porte.
C'est alors que le rayon de ma lampe me révèle un lit de camp, dont le drap a été repoussé. Vide.
Je n'ai pas le temps de réagir qu'un choc violent me projette à terre.
Je heurte le sol, laissant échapper mon appareil photo qui glisse sous une armoire. Ma torche roule dans la direction opposée.
Je ne sais pas qui m'attaque, mais il a entrepris de m'immobiliser par une prise qu'il a fort bien réussi, à mon grand désespoir. Je sais déjà que je suis foutu, avant même d'entendre l'occupant du lit se lever.
La lumière s'allume, blessant mes yeux. Je me débats vigoureusement, mais en vain.
C'est mal barré. S'ils sont impliqués dans un truc louche, c'en est fini de moi. Et sinon, la police se fera un plaisir de s'occuper de mon cas.
Ma vision s'accommode enfin à la lumière, et je peux regarder mon environnement immédiat. Pas mon agresseur, toutefois, qui est dans mon dos.
- Qui est-ce ?
- Je ne sais pas. Enlève-lui sa cagoule.
(Cette voix ?!)
- Alex ?!
- Hein ? C'est pas vrai !
Mathieu arrache ma cagoule et me pointe un pistolet sur le visage. Alex me retourne, et nous nous contemplons, incrédules.
- Tu le connais ?
- Oui, répond Alex. C'est... mon ex.
Je laisse échapper une plainte douloureuse.
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