07-10-2020, 09:48 PM
4 - David
Je cours le long de la route vers la voiture qui vient de s'arrêter, et me penche pour discuter avec le conducteur.
- Bonjour ! Me dit-il. Vous allez où ?
- Bonjour ! Euh, je n'ai pas vraiment de destination en tête.
- Ha ! Personnellement, je vais à Rouen. Si le cœur vous en dit...
- Ça me va. Merci.
Une fois à l'intérieur, je peux mieux détailler le conducteur. Je lui donne dans les 24-25 ans. Yeux noirs, cheveux bruns, une carrure athlétique adoucie par un visage sympathique et souriant.
- David, me dit-il. Vu qu'on va passer un petit moment ensemble, autant se tutoyer.
- D'accord. Yann.
Il me regarde curieusement.
- Tu pars à l'aventure ?
- J'ai besoin de changer d'air.
- C'est sûr que ça va te changer du sud.
Il reste silencieux un moment, avant de reprendre.
- Qu'est-ce qui te pousse à partir comme ça ? Si ce n'est pas indiscret.
- Un passé d'autant plus douloureux qu'il m'est inaccessible.
- C'est-à-dire ?
- Je me suis réveillé à l'hôpital il y a plusieurs mois, totalement amnésique. J'ai tout perdu, souvenirs, sentiments...
- Ouch ! Ça doit être terrible.
- Ça l'est. Surtout pour les autres. Ceux qui me connaissaient et m'aimaient. Enfin, assez parlé de ça.
- Pas de problème.
- Et toi, que vas-tu faire à Rouen ?
- Je change de vie. J'en ai besoin. Et pas trop envie d'en parler non plus.
Il met de la musique, et je reporte mon regard sur la route.
Nous mangeons dans un petit resto, et je l'écoute parler de sujets futiles. Je suis en train de reposer mon verre lorsqu'il me demande:
- Tu avais quelqu'un dans ta vie ?
- Oui...
- Et tu l'as laissé ?
- Je lui faisais trop de mal à ne plus me souvenir de rien, à rester indifférent à son amour.
- Tu lui as sûrement fait encore plus de mal en partant.
- Oui... Mais au moins, il pourra en guérir.
- Il ? Tu es gay ?
- Ouais...
- Ah... Ce sont des choses qui arrivent.
Surpris par sa réponse, je ris... Ce qui me fait beaucoup de bien.
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
- Ta remarque... Je ne m'attendais pas à une telle phrase. Mais elle est très juste. Ouais, ce sont des choses qui arrivent.
- Y a pas de problème pour moi, en tout cas. Je suis pas homophobe.
- Pur hétéro ?
- Oui.
- Ce sont des choses qui arrivent.
Il rit à son tour, et je le rejoins dans ce qui devient une crise de fou rire mutuel, qui ne cesse qu'au bout de plusieurs minutes, le ventre douloureux et les larmes aux yeux. Je n'avais pas ri ainsi depuis mon réveil à l'hôpital. Je crois que nous avions tous les deux besoin de relâcher un peu notre tension nerveuse.
Nous avons repris la route, bavardant plus ouvertement. Le courant est passé entre nous. Je ne sais pas ce qui le pousse à vouloir changer de vie, et je m'en moque. Je le comprends, et ça me suffit.
- Comment vas-tu t'arranger, sur place ? Me demande-t-il.
- Je vais aller à l'hôtel, en attendant de trouver un logement et de réapprendre mon boulot.
- Ça va te coûter une fortune.
- J'ai pas trop le choix.
- Je te propose un truc... Je vais habiter dans une maison assez spacieuse. Tu pourrais t'y installer en attendant.
- Euh... C'est sympa, mais je ne voudrais pas abuser...
- Pas de problème. Si tu crains d'abuser, tu n'auras qu'à m'aider pour les travaux, vu que je compte refaire l'aménagement de fond en comble.
- Eh bien... D'accord, dans ce cas. Ça me changera les idées.
- Ravi de l'apprendre. Et d'avoir quelqu'un pour me filer un coup de main.
Je me réveille alors que la voiture s'arrête.
- Nous sommes arrivés. Bienvenue dans la ville aux cent clochers.
Je m'étire en baillant, puis sors de la voiture pour regarder d'un œil ensommeillé la maison, mais ne vois rien de particulier, surtout de nuit. Je prends mon sac à l'arrière avant de suivre David à l'intérieur.
Mercredi 31 mars
Je repose le livre sur le bureau, et tourne mon regard vers l'ordinateur portable que je me suis récemment acheté.
(Ça se passe plutôt bien... Je craignais d'avoir tout perdu, mais je réapprends très vite.)
Je commence à taper un programme, mes doigts courent sur le clavier, de plus en plus aisément, c'est grisant, je me mets à sourire en voyant avec quelle aisance j'assemble les lignes de code...
(Une minute... Où ai-je appris ces instructions-là ? Elles ne sont pas dans le bouquin ! Je les ai sorties de ma mémoire ?
Intéressant...)
Mardi 20 avril
(< - Alex, je t'en supplie.
- Yann ? Mais qu'est-ce qui t'a pris ?
- Le passé, mon horrible passé, il me poursuit, il essaie de détruire tout ce à quoi je tiens. >)
Je me réveille en sursaut.
(Hein ? C'est quoi ce rêve ?
... C'est bien un cauchemar, hein ?)
Jeudi 22 avril
- Ça n'a pas l'air d'aller.
- J'ai... j'ai peur de retrouver la mémoire.
- Comment ça ?
- Je ne suis pas celui que j'étais. J'ai peur de disparaître.
(J'ai surtout peur de celui que j'étais...)
- Je vois... Mais tu peux aussi profiter de ce point de vue différent que tu t'es construit depuis ton réveil. Ça peut être positif.
- C'est possible... Mais j'angoisse beaucoup.
- Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu aies aussi peur, tout d'un coup ?
- Des choses me reviennent... Je fais des rêves, aussi, qui ne me semblent pas être de simples rêves. Je n'y échapperai pas, David. Ce n'est qu'une question de temps, mais ça a commencé.
Je laisse échapper un long soupir.
Dimanche 2 mai
(< - Je t'en prie, Alex, aie confiance en moi.
- Tu veux vraiment savoir ?
- On s'est fait une promesse tous les deux. Le passé est derrière nous.
- Sauf qu'il a tendance à peser lourdement sur nos consciences... >
Mais qu'avons-nous donc dans nos passés qui pèse autant sur nos consciences ? Qu'ai-je donc oublié ?
Je ne crois pas que j'ai envie de le savoir.
< - Eh bien... J'hésite vraiment, Alex, parce qu'en matière de noir secret, celui-ci tient le haut du pavé.
- A ce point ?
- Oh que oui. J'ai peur de ta réaction en fait.
- Je t'ai déjà fait cette promesse. Quoi qu'il y ait eu dans ton passé, c'est derrière toi maintenant. C'est le Yann du présent que j'aime. >
Aargh ! Non, maintenant j'en suis sûr, je ne veux pas le savoir !)
Je me débats dans mon lit, oppressé.
(< - Alex, j'ai fait une chose horrible.
- Chut, tu n'y es pour rien.
- Non, pas tout à l'heure, mais dans mon passé. >
Par pitié, non !
< - Ça fait quelques jours que j'essaie de trouver quelque chose dans une enquête personnelle, que je mène en parallèle à l'officielle qui est toujours en cours à propos de l'agression des deux loubards.
- Euh... qu'est-ce que tu cherches ?
- A comprendre ce qui s'est passé avec Michel Dupuis.
- Qu...qu...quoi ?
- Oui ! Michel Dupuis ! L'ADN - ton ADN - qui a été récupéré sur les deux abrutis qui t'ont attaqué se trouvait déjà référencé, figure-toi ! Recueilli sur le lycéen que tu as tué ! >
NOOOOON !)
Je me réveille en hurlant, avant de m'effondrer en larmes. Mes pensées partent dans tous les sens, et se perdent dans un maelström de souvenirs.
On frappe à la porte de ma chambre.
- Yann ? Est-ce que ça va ?
Je suis incapable de répondre.
David ouvre, et s'avance vers le lit dans lequel je suis toujours allongé.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Je secoue la tête, perdu dans le déferlement de souvenirs contradictoires, puis me force à parler. Dur.
- Ma... mémoire... t-t-tout est revenu ! C'est-c'est le bordel dans mon crâne. Je suis complètement p-perdu.
- Tiens bon, Yann. Tiens bon.
Il me tient la main, comme pour m'ancrer dans le présent, dans la réalité. Je la serre avec gratitude.
(Je me souviens...
Je me souviens de trop de choses.
C'est le chaos dans mon esprit.
Qui suis-je ?
Yann ? Inny ? L'Autre ?
Je suis... les trois à la fois. Nous ne faisons plus qu'un.)
Je cours le long de la route vers la voiture qui vient de s'arrêter, et me penche pour discuter avec le conducteur.
- Bonjour ! Me dit-il. Vous allez où ?
- Bonjour ! Euh, je n'ai pas vraiment de destination en tête.
- Ha ! Personnellement, je vais à Rouen. Si le cœur vous en dit...
- Ça me va. Merci.
Une fois à l'intérieur, je peux mieux détailler le conducteur. Je lui donne dans les 24-25 ans. Yeux noirs, cheveux bruns, une carrure athlétique adoucie par un visage sympathique et souriant.
- David, me dit-il. Vu qu'on va passer un petit moment ensemble, autant se tutoyer.
- D'accord. Yann.
Il me regarde curieusement.
- Tu pars à l'aventure ?
- J'ai besoin de changer d'air.
- C'est sûr que ça va te changer du sud.
Il reste silencieux un moment, avant de reprendre.
- Qu'est-ce qui te pousse à partir comme ça ? Si ce n'est pas indiscret.
- Un passé d'autant plus douloureux qu'il m'est inaccessible.
- C'est-à-dire ?
- Je me suis réveillé à l'hôpital il y a plusieurs mois, totalement amnésique. J'ai tout perdu, souvenirs, sentiments...
- Ouch ! Ça doit être terrible.
- Ça l'est. Surtout pour les autres. Ceux qui me connaissaient et m'aimaient. Enfin, assez parlé de ça.
- Pas de problème.
- Et toi, que vas-tu faire à Rouen ?
- Je change de vie. J'en ai besoin. Et pas trop envie d'en parler non plus.
Il met de la musique, et je reporte mon regard sur la route.
Nous mangeons dans un petit resto, et je l'écoute parler de sujets futiles. Je suis en train de reposer mon verre lorsqu'il me demande:
- Tu avais quelqu'un dans ta vie ?
- Oui...
- Et tu l'as laissé ?
- Je lui faisais trop de mal à ne plus me souvenir de rien, à rester indifférent à son amour.
- Tu lui as sûrement fait encore plus de mal en partant.
- Oui... Mais au moins, il pourra en guérir.
- Il ? Tu es gay ?
- Ouais...
- Ah... Ce sont des choses qui arrivent.
Surpris par sa réponse, je ris... Ce qui me fait beaucoup de bien.
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
- Ta remarque... Je ne m'attendais pas à une telle phrase. Mais elle est très juste. Ouais, ce sont des choses qui arrivent.
- Y a pas de problème pour moi, en tout cas. Je suis pas homophobe.
- Pur hétéro ?
- Oui.
- Ce sont des choses qui arrivent.
Il rit à son tour, et je le rejoins dans ce qui devient une crise de fou rire mutuel, qui ne cesse qu'au bout de plusieurs minutes, le ventre douloureux et les larmes aux yeux. Je n'avais pas ri ainsi depuis mon réveil à l'hôpital. Je crois que nous avions tous les deux besoin de relâcher un peu notre tension nerveuse.
Nous avons repris la route, bavardant plus ouvertement. Le courant est passé entre nous. Je ne sais pas ce qui le pousse à vouloir changer de vie, et je m'en moque. Je le comprends, et ça me suffit.
- Comment vas-tu t'arranger, sur place ? Me demande-t-il.
- Je vais aller à l'hôtel, en attendant de trouver un logement et de réapprendre mon boulot.
- Ça va te coûter une fortune.
- J'ai pas trop le choix.
- Je te propose un truc... Je vais habiter dans une maison assez spacieuse. Tu pourrais t'y installer en attendant.
- Euh... C'est sympa, mais je ne voudrais pas abuser...
- Pas de problème. Si tu crains d'abuser, tu n'auras qu'à m'aider pour les travaux, vu que je compte refaire l'aménagement de fond en comble.
- Eh bien... D'accord, dans ce cas. Ça me changera les idées.
- Ravi de l'apprendre. Et d'avoir quelqu'un pour me filer un coup de main.
Je me réveille alors que la voiture s'arrête.
- Nous sommes arrivés. Bienvenue dans la ville aux cent clochers.
Je m'étire en baillant, puis sors de la voiture pour regarder d'un œil ensommeillé la maison, mais ne vois rien de particulier, surtout de nuit. Je prends mon sac à l'arrière avant de suivre David à l'intérieur.
Mercredi 31 mars
Je repose le livre sur le bureau, et tourne mon regard vers l'ordinateur portable que je me suis récemment acheté.
(Ça se passe plutôt bien... Je craignais d'avoir tout perdu, mais je réapprends très vite.)
Je commence à taper un programme, mes doigts courent sur le clavier, de plus en plus aisément, c'est grisant, je me mets à sourire en voyant avec quelle aisance j'assemble les lignes de code...
(Une minute... Où ai-je appris ces instructions-là ? Elles ne sont pas dans le bouquin ! Je les ai sorties de ma mémoire ?
Intéressant...)
Mardi 20 avril
(< - Alex, je t'en supplie.
- Yann ? Mais qu'est-ce qui t'a pris ?
- Le passé, mon horrible passé, il me poursuit, il essaie de détruire tout ce à quoi je tiens. >)
Je me réveille en sursaut.
(Hein ? C'est quoi ce rêve ?
... C'est bien un cauchemar, hein ?)
Jeudi 22 avril
- Ça n'a pas l'air d'aller.
- J'ai... j'ai peur de retrouver la mémoire.
- Comment ça ?
- Je ne suis pas celui que j'étais. J'ai peur de disparaître.
(J'ai surtout peur de celui que j'étais...)
- Je vois... Mais tu peux aussi profiter de ce point de vue différent que tu t'es construit depuis ton réveil. Ça peut être positif.
- C'est possible... Mais j'angoisse beaucoup.
- Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu aies aussi peur, tout d'un coup ?
- Des choses me reviennent... Je fais des rêves, aussi, qui ne me semblent pas être de simples rêves. Je n'y échapperai pas, David. Ce n'est qu'une question de temps, mais ça a commencé.
Je laisse échapper un long soupir.
Dimanche 2 mai
(< - Je t'en prie, Alex, aie confiance en moi.
- Tu veux vraiment savoir ?
- On s'est fait une promesse tous les deux. Le passé est derrière nous.
- Sauf qu'il a tendance à peser lourdement sur nos consciences... >
Mais qu'avons-nous donc dans nos passés qui pèse autant sur nos consciences ? Qu'ai-je donc oublié ?
Je ne crois pas que j'ai envie de le savoir.
< - Eh bien... J'hésite vraiment, Alex, parce qu'en matière de noir secret, celui-ci tient le haut du pavé.
- A ce point ?
- Oh que oui. J'ai peur de ta réaction en fait.
- Je t'ai déjà fait cette promesse. Quoi qu'il y ait eu dans ton passé, c'est derrière toi maintenant. C'est le Yann du présent que j'aime. >
Aargh ! Non, maintenant j'en suis sûr, je ne veux pas le savoir !)
Je me débats dans mon lit, oppressé.
(< - Alex, j'ai fait une chose horrible.
- Chut, tu n'y es pour rien.
- Non, pas tout à l'heure, mais dans mon passé. >
Par pitié, non !
< - Ça fait quelques jours que j'essaie de trouver quelque chose dans une enquête personnelle, que je mène en parallèle à l'officielle qui est toujours en cours à propos de l'agression des deux loubards.
- Euh... qu'est-ce que tu cherches ?
- A comprendre ce qui s'est passé avec Michel Dupuis.
- Qu...qu...quoi ?
- Oui ! Michel Dupuis ! L'ADN - ton ADN - qui a été récupéré sur les deux abrutis qui t'ont attaqué se trouvait déjà référencé, figure-toi ! Recueilli sur le lycéen que tu as tué ! >
NOOOOON !)
Je me réveille en hurlant, avant de m'effondrer en larmes. Mes pensées partent dans tous les sens, et se perdent dans un maelström de souvenirs.
On frappe à la porte de ma chambre.
- Yann ? Est-ce que ça va ?
Je suis incapable de répondre.
David ouvre, et s'avance vers le lit dans lequel je suis toujours allongé.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Je secoue la tête, perdu dans le déferlement de souvenirs contradictoires, puis me force à parler. Dur.
- Ma... mémoire... t-t-tout est revenu ! C'est-c'est le bordel dans mon crâne. Je suis complètement p-perdu.
- Tiens bon, Yann. Tiens bon.
Il me tient la main, comme pour m'ancrer dans le présent, dans la réalité. Je la serre avec gratitude.
(Je me souviens...
Je me souviens de trop de choses.
C'est le chaos dans mon esprit.
Qui suis-je ?
Yann ? Inny ? L'Autre ?
Je suis... les trois à la fois. Nous ne faisons plus qu'un.)
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