Le don de guérir (Florian 18 ans surdoué) Livre 4 Tome 1

[laurentdu51100]

CHAPITRE 148 : « Penn » « Thomas »


Après une soirée passée à apprendre à mieux connaître les mœurs et coutumes de leurs hôtes, Damien avec Thomas, prennent excuse de l’heure tardive pour prendre congé.

Ils marchent tranquillement sous le ciel éclairé par l’amas d’étoiles proches, heureux malgré tout de ce séjour sur « PENN ».

La lumière d’une bougie allumée dans leur chambre, les fait se regarder avec la même lueur de curiosité dans le regard.

C’est Damien qui le premier prend la parole.

- Tu penses que c’est lui ?
- Comment veux-tu que je le sache ? Après ce qu’on a appris sur lui, ce serait étonnant quand même !!
- Qui d’autre alors pourrait attendre dans la chambre à une heure pareille ?
- Déjà qui te dis qu’il y a quelqu’un ?
- Depuis quand les bougies s’allument-elles toutes seules ?

Thomas ne peut s’empêcher de trouver la question amusante, alors que son ami vient de traverser l’univers en quelques secondes pour se retrouver en terre inconnue peuplée d’êtres pensants non humains.

Une ombre apparaît, montrant bien qu’une personne est bien présente dans la pièce.

- Là... tu vois !! Qu’est-ce que je disais !!
- Chut !! C’est peut-être un voleur !!
- Il ne serait pas des plus discret si c’était le cas, le mieux c’est encore d’y aller voir.
- OK mais en silence !! J’aimerais découvrir ce qu’il recherche, d’autant plus que nous n’avons rien emmené de précieux avec nous.

Les deux amis avancent furtivement en faisant un détour pour être le moins visible possible, une fois le dos plaqué contre la cloison de chaque côté de la fenêtre, ils se penchent pour tenter d’observer ce que fait l’inconnu.

Damien aperçoit alors le visage du jeune garçon et manque de suffoquer en le reconnaissant comme l’un de ceux que leur a envoyés Xiao en photos.

Il tape sur l’épaule de Thomas en lui faisant signe de reculer et ce n’est qu’une fois hors de portée de voix, qu’il lui donne l’information.

- Il ressemble à Toshio le fils de Florian !!
- Qu’est-ce que tu me racontes ? C’est le même que la nuit dernière, celui que Lorgan appelle le gardien des âmes.
- Pourquoi ne pourrait-il pas être les deux à la fois ?
- Impossible voyons !! D’après ce que nous en avons appris, il est là depuis toujours !! Comment voudrais-tu qu’il soit le fils de « Flo » ?
- Je n’ai pas toutes les réponses, mais je t’assure que c’est bien le même gars que sur les photos qu’a envoyées Xiao.

Thomas plisse des yeux en faisant le tri dans les informations qu’il a reçu, il part ensuite d’un bon pas rejoindre sa chambre en entraînant Damien avec lui.

- Eh !!
- Allons lui parler !! De toute façon il n’est pas venu pour rien, alors autant ne pas le faire attendre plus longtemps.

L’ouverture de la porte à la volée fait se retourner le jeune homme qui loin de se sentir pris au piège, sourit bien au contraire en les voyant.

Il pointe son doigt vers Thomas, sans attendre que ce soit eux qui lui demandent des comptes.

- Tomoya ??

Thomas sans répondre le laisse s’approcher plus près de lui, jusqu’à ce que le jeune étranger le fixe intensément dans les yeux durant quelques longues secondes, puis secoue la tête en fronçant les sourcils.

- Non !! Tu n’es pas Tomoya, qui es-tu pour lui ressembler autant ?

Damien est le premier à revenir de sa surprise, il ne laisse pas à Thomas le temps de répondre qu’il lui retourne déjà sa question.

- Dis-nous déjà qui tu es et ce que tu fais dans notre chambre à une heure aussi tardive ?
- Je suis celui qu’on appelle « le gardien des âmes », j’ai été attiré la nuit dernière par l’aura de ton ami et je suis revenu cette nuit pour avoir mes réponses, maintenant je me rends compte qu’il ne peut pas être Tomoya car ses yeux sont différents.
- Nous connaissons un Tomoya mais ce ne peut être le même que celui que tu recherches, il ne vit pas sur cette planète.

Thomas poursuit juste derrière Damien.

- Qu’est-il pour toi ?

Le gardien des âmes replonge dans le plus profond de son esprit, pour y soutirer les souvenirs d’une vie antérieure.

- Il était le garçon que j’aimais dans un autre temps.
- Mais toi qui étais-tu à cette époque ?
- J’étais double, un corps avec deux esprits.

Thomas se souvient de la conversation qu’il a eue à son arrivée avec Damien sur tout ce qu’il avait appris sur les recherches et les raisons qu’avait Florian à se retrouver sur terre sous une autre apparence.

- Connais-tu le prénom de Toshio ?
- J’ai porté ce prénom ? Peut-être que oui, c’était il y a si longtemps que mes souvenirs restent flous.

Damien en ouvre grand les yeux autant d’ahurissements de ce que ça implique, que d’étonnement d’avoir vu juste.

- J’avais donc bien vu tout à l’heure !!
- Il semblerait en effet, quoique je n’arrive pas à comprendre les raisons qui ont envoyé ce garçon aussi loin dans le temps et l’espace, peut-être pourrions-nous faire quelque chose pour lui.

Damien ne peut cacher son étonnement devant les implications des paroles de Thomas.

- Comme quoi par exemple ? Le ramener avec nous ?
- C’est une possibilité qui m’est venue à l’esprit.
- Pourquoi ? Il a bien su l’envoyer sans qu’on soit impliqué, pourquoi maintenant ?
- Sûrement parce qu’il est temps pour lui de revenir jouer son rôle.
- Son rôle ? Quel rôle ?
- Qu’est-ce que j’en sais !! Il n’est sûrement pas là par hasard.

Le gardien des âmes ne perd rien de la discussion sans non plus en comprendre toutes les facettes, ce n’est que quand Thomas donne sa réponse à Damien, que son esprit s’ouvre alors de ce qu’il est en réalité.

Damien voit bien la compréhension soudaine du garçon en face de lui, il ne peut s’empêcher de sourire à l’idée qu’il doit s’en faire et qui est sans doute loin du compte.

- Hi ! Hi!

Les deux autres le regardent alors en se demandant bien quelle mouche le pique, la réponse venant sans qu’ils aient besoin de poser la question.

- Je me demande bien qui paraîtra le plus mature des deux ! Hi ! Hi !




CHAPITRE 149 : « Tokyo » « Bureau du Premier ministre, chef du gouvernement. »


« Le matin tôt. »

Le rapport qu’il tient dans ses mains depuis qu’il lui a été remis ce matin-là, laisse Shinzo Abe dans l’expectative la plus totale.

Le Premier ministre ne s’attendait certes pas à l’information explosive qu’il tient en main, information confirmée par ses services secrets qui ont rendu les mêmes conclusions durant la nuit.

Les interrogatoires du Campus et de l’hôpital, se voient confirmés par la visite de ses agents au complexe De Bierne et les multiples rapports ne laissent plus rien à l’ambiguïté sur la véritable identité du jeune Takumi Fukuda.

Il repose son dossier d’un geste nerveux et attrape ensuite son téléphone, sa décision venant d’être prise des suites à donner sur cette affaire.

-…
- Faites-le entrer !!
-…

Shinzo a à peine reposé le combiné que déjà la porte s’ouvre sur un personnage à la carrure de baroudeur, démontrant sa force physique exceptionnelle.

- Vous m’avez fait demander ?
- Oui !! Asseyez-vous !!

Chacun des deux hommes s’observe durant de longues minutes, l’un attendant le but de sa convocation et l’autre hésitant encore sur la suite à donner.

C’est le Premier ministre qui le premier rompt le silence.

- Vous connaissez tout le dossier, quelle est votre première impression ?
- Au vu de ce que nous avons appris, il ne fait quasiment aucun doute que ce garçon en soit le fils !!
- Quasiment ? Comment ça ? Quel doute reste-t-il sur son identité.

L’homme hésite visiblement à dévoiler ce qui depuis le début de cette histoire le chagrine suffisamment pour qu’il ressente ce doute au plus profond de son cœur.

- Parlez !! Je ne vous tiendrai pas rigueur s’il s’avère que ce soit une pure gageure, je pense avoir eu moi aussi ce même doute sur la véritable identité de ce garçon et ce même si ça ne tient pas debout, déjà ne seraient-ce les vingt années qui les séparent.
- Ainsi Monsieur, vous aussi y avez songé ?
- Qu’il pourrait être Florian De Bierne en personne ? En effet !! Est-ce également la cause de ce quasiment que vous venez de prononcer ?
- Je me rends bien compte de l’absurdité d’un tel raisonnement, pourtant je n’arrive pas à me l’enlever de la tête comme une possibilité à ne pas négliger.
- Pourquoi alors serait-il revenu à la vue de tous ? Et surtout pourquoi dans ce Campus ?
- J’avoue ne pas avoir les réponses monsieur, peut-être vaudrait-il mieux ne garder que l’option la plus logique ?

Le Premier ministre se lève et arpente quelque temps son bureau, suivi des yeux par son visiteur qui se demande bien quelle sera sa décision.

Shinzo retourne s’asseoir après un profond soupir.

- Bien !! Faisant comme ça alors !!
- Monsieur ?
- Il faut le pousser dans ses retranchements jusqu’à ce que nous ayons l’assurance de ce qu’il est en vérité.
- Bien monsieur !! Je présume que vous avez déjà une ébauche de plan en tête ?

Le Premier ministre se penche vers son interlocuteur en baissant son ton de voix.

- Écoutez-moi bien !! Nous…

« Une heure plus tard. »

Shinzo attend que la porte se referme derrière l’homme pour s’étirer le dos, pas mécontent au final des décisions qu’il vient de prendre et qui devraient très vite porter leurs fruits, faisant révéler au monde ce qu’il attendait depuis ces vingt dernières années.

Maintenant la question qui reste à se poser dépendra de l’identité réelle du jeune Takumi et s’il s’avère qu’il est bien le fils du plus grand génie de l’humanité, il devra profiter de la nationalité de sa mère pour stopper dans l’œuf toute demande internationale le concernant.

Malgré toutes les impossibilités qu’il y a à ce qu’il soit au final le fameux génie revenu sur Terre, Shinzo n’arrive pas à s’en ôter l’idée de la tête.

Un doute qui, il le sait pertinemment, l’empêchera de dormir tant qu’il ne sera pas résolu d’une façon ou d’une autre par une réponse claire sur la question.

Aussi c’est quelque peu énervé, qu’il reprend l’appareil téléphonique en main.

-…
- Faites-moi apporter le dossier complet que nous avons archivé sur Florian De Bierne.
-…
- J’ai bien dit complet, oui !! Pourquoi ? Y a-t-il un problème ?
-…
- Co… comment ?? Il y en a tant que ça ??
-…
- Non ce n’est pas nécessaire, je vais me rendre sur place !!

Après les formules de politesse habituelles, Shinzo raccroche, le front plissé par l’étonnement de ce qu’il vient d’apprendre sur l’étendue des fameuses archives.

***/***

« Salle des archives du service de contre-espionnage, quelques heures plus tard. »

Shinzo se caresse lentement la lèvre supérieure une fois refermé l’un des nombreux rapports sur le sujet De Bierne, il voit bien le travail phénoménal auquel il s’attelle et estime à plusieurs jours le temps nécessaire pour en prendre entièrement connaissance.

Pourtant ce qu’il en a déjà lu lui amène un premier schéma directeur de la personne qu’était le jeune De Bierne, son humour, sa fidélité à ses amis mais surtout sa propension à ne pas se prendre la grosse tête et rester humble malgré ce qu’il représentait déjà pour le commun des mortels de cette époque et encore de nos jours, où il n’est pas rare d’entendre encore prononcer son nom dans les conversations.

Serait-il capable de réapparaître en gardant cette jeunesse apparente qui était la sienne, voilà l’une des principales questions qu’il se pose.

Une autre mais celle-ci plus facilement explicable avec la chirurgie actuelle, reste sur son apparence asiatique alors que le Florian De Bierne connu de tous était incontestablement de nature Caucasienne.

Shinzo sursaute à cette pensée, recherchant fébrilement un des rapports qu’il a déjà parcourus jusqu’à ce qu’il tombe dessus et l’ouvre à la page qui lui a amené cette idée que ce n’était pas forcément la première fois qu’il changeait d’apparence.

Le rapport venant de son ancien confrère Premier ministre de l’époque, rapport dévoilant une conversation secrète avec l’ancien chef yakusa qui avait laissé son lot de questionnements lors de l’enquête menée internationalement sur la disparition définitive du jeune De Bierne.

Une photo d’un parchemin vieux de plusieurs siècles, l’Oyabun affirmant qu’elle représentait le dieu Isanagi et que ce dernier était revenu parmi eux dans l’enveloppe corporelle du jeune De Bierne.

Shinzo reste un long moment songeur devant le portrait de la gravure, jusqu’au moment où ses yeux montrent alors un énorme trouble dû à un souvenir lui remontant soudainement à la mémoire, c’est à voix haute qu’il se pose la question.

- Où ai-je déjà vu ce portrait ??