06-10-2020, 11:58 AM
Troisième - Et voici le tir au bite pardon au but suivant. (l'auteur du jeu de mots se reconnaitra)
Ils n'étaient pas tous nus, les hommes qui faisaient la queue devant la galerie Strumpfkekette, pour le premier jour de l'exposition « Nackte Männer »... dont l'affiche était une œuvre de Pierre et Gilles... juste un peu censurée. Trois footballeurs, les fameux « Black-Blanc-Beur ».
C'est qu'à Liebenburg, capitale du grand-duché du même nom, les occasions de voir de jolies choses non couvertes du costume local n'étaient pas légion, et que la gaytitude grand-ducale avait plutôt l'habitude d'aller prendre ses aises dans la grand ville de Francfort, à quelques dizaines de lieues de S-Bahn (RER).
Or donc on se pressa de tout le grand-duché, et des communes y adjacentes... et bien sûr les copines de Francfort avaient fait le déplacement en groupe, transformant momentanément le S-Bahn en annexe de la Gay Pride...
Bref, la file d'attente valait à elle seule le déplacement... au point que la nouvelle ayant vite fait le tour de la petite ville, les mémères firent semblant de passer là, pour mater ces drôles de choses venues de la ville, sortes d'OVNI à leurs yeux aussi apeurés qu'excités...
Dans cette queue fraîche, piaillante et colorée étaient Wolfram, de Francfort, et son correspondant français, Nicolas, de Paris.
Ils étaient amis depuis la quatrième, ayant aujourd'hui vingt-deux ans. Mais combien différents, si pourtant fortement liés !
Wolfram profitait pleinement de la vie gay de Francfort, passant d'amoureux à petit ami, au fil des saisons. Nicolas, lui, était le garçon sage par excellence, puceau non pas, mais à ce point réservé qu'il était un sujet d'ironie idéal pour le pétulant Wolfram.
Mais Nicolas souriait de tout ce que lui envoyait Wolfram... car Nicolas était un mec adorable, et d'une rare équanimité.
Autant le Hessois était blond, autant le Parisien était brun ; seul les réunissait un égal teint pâle. Et c'étaient bien deux jolis et fins minois qui attiraient les regards à Liebenburg (dont on avait déjà visité le château, le musée et la collégiale, ces jeunes gens étant amateurs d'art)...
On conversait en français, dans la queue, pour n'être pas compris des autres, et Wolfram demanda :
— Tu t'es d'jà fait un footballeur ?
— Hein ? Mais non, non !
— C'est vrai qu'à notre taille, vaut mieux les basketteurs ! Mais les footballeurs sont plus râblés, et ont le muscle plus ferme ! Tu sais quoi ? Ce serait bien le diable si tu te trouvais pas un mec dans tout ce monde !
— Mais je cherche pas, moi !
— Bien sûr que si, tu cherches : t'es comme tout le monde ; et si tu cherches pas, t'espères... ce qui revient au même.
— Ooh...
Certes, Nicolas était un fort joli garçon, dont la classe tout aristocratique plaisait beaucoup en ville, et il ne comptait plus les avances faites par ces demoiselles, comme par les mères d'icelles, pour le compte de leurs filles... ou leur sien propre !
Étant d'un milieu hautement bourgeois, il avait à fréquenter, dans l'ombre de ses parents, beaucoup de monde et... Mais bon ! Ces fantaisies n'étaient pas de son goût, on l'aura compris.
On se disait tout, avec Wolfram, et celui-ci ayant eu dès son jeune âge une vie très... vivante, il en racontait évidemment plus à Nicolas que Nicolas ne pouvait en dire.
La queue avançait donc gentiment, et ces jeunes gens allaient parvenir à l'entrée de la galerie, leur billet déjà en poche, quand un grand vigile blond et baraqué les empêcha, avec un immense sourire, d'aller plus avant : puis il s'inclina profondément devant un jeune homme pâle et châtain qui avança d'un pas sûr mais mesuré, suivi de ce qui ressemblait à un garde du corps. Le jeune homme tourna alors la tête vers nos minets et souffla :
— Pardonnez-moi, Messieurs.
Mais là... là le minet planta ses yeux en ceux de Nicolas. Ses yeux, oh ! Ses yeux ! D'un bleu profond qui fit frissonner le joli Français.
— Oh p'tain ! T'as fait la touche du jour, toi ! affirma Wolfram. Trop beau, ton minet ! Puisqu'on entre juste après, on le lâche pas ! J'étais sûr que tu trouverais, tu vois !
— Oh, ça va !
— Me dis pas qu'il est pas super craquant, çui-là ?
— Oui, oui, mais... avoua un Nicolas pourtant touché par la fine beauté qui semblait l'avoir remarqué.
À la suite de laquelle on entra donc aussitôt. Pour découvrir qu'elle avait été accueillie par un genre d'officiel qui entreprit de lui faire la visite complète.
— Bon ! Eh ben maintenant, on sait ce qui nous reste à faire : on le suit à la trace !
Ainsi fut fait. Et Nicolas ne put éviter de voir se poser sur lui les regards furtifs du jeune homme, une V.I.P. sans doute, mais qui ? Wolfram les remarqua aussi, ces regards, qui souffla enfin :
— P'tain ! Tu sais que je suis jaloux ? Il est mortel, ton futur, et...
— Chut ! Y a pas plus de futur que ça, et...
— M'enfin, faudrait savoir qui c'est...
Et Wolfram de s'adresser soudain à l'un des gardiens :
— Savez-vous qui est ce jeune homme ?
— Cette personne désire rester discrète, et je ne puis vous donner son identité, répondit l'homme, sans sourire.
On se détourna donc... pour tomber sur un joli p'tit gars qui déclara tout sourire :
— C'est le petit-fils du Grand-duc, Johann-Emanuel, votre minet !
— Ah ! Et qu'est-ce qu'il fait, dans le civil ?
— Prince, tiens !
Même cette grande gueule de Wolfram en resta baba. Comme tout le monde, il connaissait l'existence de ce micro-État voisin de Francfort, mais n'avait jamais réfléchi au fait qu'une monarchie eût des princes... dont c'était le métier.
Mais il ne perdit pas le nord pour autant, ce joli blond-là ! Car le sourire du p'tit mec le ramena promptement à la réalité, et l'on échangea vite fait, et discrètement, ses coordonnées... en espérant des avenirs meilleurs.
Du coup, on avait perdu de vue ledit prince, et l'on essaya de se frayer un chemin dans la cohue ambiante. À la déception de ces garçons, on ne revit point l'altesse.
— On va le retrouver, j'te dis ! affirma virilement Wolfram, qui semblait assez excité par l'aventure arrivant à son ami de façon si inattendue.
On continua donc la visite jusqu'au bout... ce qui permit à l'incorrigible Wolfram de récupérer quelques autres numéros de téléphone... à l'épatement toujours renouvelé de son pote français.
Enfin, on décida de quitter l'endroit pour aller s'arsouiller en une proche taverne — le grand-duché disposait de deux brasseries de haut savoir-faire.
— Trop con qu'on l'ait pas retrouvée, ta touche ! fit Wolfram après la première gorgée.
— Un prince ! rigola Nicolas, t'imagines ce qu'il aurait à faire de moi ! Aucun regret, donc !
— Me dis pas qu'il te plaisait pas !
— Oui, magnifique, mais... soupira Nicolas.
— T'façon, j'ai des tas de téléphones... et ce coup-ci, tu vas pas y échapper, mon gars !
Nicolas eut un profond soupir : à la fois il était touché par la sollicitude de son ami, et il frissonnait à l'idée de rencontrer des mecs inconnus... fussent-ils beaux comme tout. Mais... le temps commençait à lui paraître long, tout seul, et il avait accepté l'idée qu'il... Enfin, qu'il... coucherait.
Ses premières fois avaient été mignonnes, mais sans lendemain, très sûrement par timidité. Et pourtant il était plus que mignon, ce brunet-là !
Wolfram décida d'organiser des rencontres... galantes, afin de pousser son ami vers des sommets de lubricité fâcheusement inconnus de lui. On n'avait jamais rien fait, tous les deux, et par voie de conséquence, on ne n'était jamais vu bander... Nicolas n'osa refuser la première soirée, où seraient cinq amis de Wolfram... et le p'tit mec de Liebenburg.
Non qu'il en fût enchanté, mais... il savait qu'il devrait en passer par là, dût-il envoyer aux orties toutes ses préventions, et ses rigides principes !
Parmi les amis de Wolfram, un couple, et trois célibataires : la soirée ne devrait pas être plus ennuyeuse que ça, compte tenu du profil des invités : de francs lurons. Othmar, le minet liebenbourgeois avait apporté de son grand-duché un alcool de houblon fait pour les grandes personnes ; il n'avait pas oublié ses beautés, son entrain... ni son lourd armement.
Bref, Nicolas ne tarda pas à se sentir bien... sous les caresses de tous. Bien, sûr, il y avait là un peu d'émotion liée au fait que pour la première fois, il voyait son ami Wolfram en ses œuvres... et Wolfram n'était pas de la petite bière ! Grandement équipé, et gracieusement musclé, il épata son ami... qui n'eut pas de mal à épater lui-même les autres loupiots.
Bref, si cette soirée ne fut pas l'un des sommets de la saison mondaine, elle marqua fort agréablement l'esprit, et le corps délicat d'un Nicolas qui y trouva matière à réfléchir...
— T'es vachement beau, tu sais ? fit Wolfram, quand on fut seuls. Et fort... joliment monté, aussi.
— Merci, fit Nicolas, gêné. Toi, t'es... magnifique, vraiment.
Émotion, dans la carrée. On n'avait pas trop bu, pour cause d'activités ludiques, aussi gardait-on sa tête. On reprit donc une dose du raide liebenbourgeois... et à ce moment arriva sur le téléphone de Wolfram un message du vif Othmar, qui invitait ces jeunes gens au grand-duché dès le lendemain soir. « Prière d'être bien sapés, Messieurs, dîner chic », disait le message, ce qui fit rire Wolfram :
— Une partouze appelée « dîner chic » ? J'espère que le chic liebenbourgeois dure pas trop longtemps ! Ah ! Ah ! Ah !
— C'est peut-être sérieux, Wolfram ?
— Pour ce que je sais d'Othmar, j'en doute un peu ! Mais bon ! On y va et je te prête des fringues, ah ! ah ! ah !
On se transporta donc à Liebenburg en S-Bahn, et effectivement, la soirée parut devoir être sérieuse : la maison était de premier ordre, et l'on y fut même reçu par un majordome.
Deux autres invités étaient déjà installés au grand salon lorsqu'on y parut... et il sembla qu'on avait bien fait de soigner sa mise. On fit donc connaissance de la plus charmante façon, quand s'annonça enfin le dernier convive.
Où Nicolas sentit son fauteuil s'évanouir sous ses petites fesses quand il reconnut là le prince de Liebenburg.
— Mon ami Johannem, dit simplement Othmar.
Le désigné salua gracieusement et se posa face aux autres ; on trinqua au champagne — du vrai. Et Othmar lança la conversation... sur l'exposition « Nackte Männer »...
Nicolas était décomposé, cependant. Il n'osa, un long temps, regarder le prince. Puis... il se rappela le fameux vers de Racine :
Juste ciel ! Tout mon sang dans mes veines se glace.
quand Johannem déclara suavement, à son adresse :
— Nous nous sommes croisés à l'exposition « Nackte Männer », n'est-ce pas ?
L'incomparable et douce majesté de Johannem glaça Nicolas. Il eut de la peine à balbutier :
— Euh... Euh... Oui, je crois...
— Et je vous ai même pris votre place pour y entrer... Je dois donc m'en faire pardonner.
Alors Nicolas reçut de Wolfram un discret mais vif coup de coude dans les côtes.
Message reçu ! Car Nicolas déclara, lunaire :
— Tu es pardonné depuis longtemps, Johannem ! Et tu ne nous dois rien du tout !
— Et si... je te devais cependant quelque chose, à toi, le Français ?
— Oh ! souffla Nicolas, sidéré.
Othmar orienta aussitôt la conversation vers des sujets plus généraux... mais il n'empêcha point que les regards de Nicolas et du prince se croisassent avec une délicate ardeur.
Un peu plus tard, on avait changé de place, et le prince parlait, en un français qu'il possédait parfaitement, à l'oreille d'un Nicolas qui n'en revenait pas.
— Monsieur le Français... accepteriez-vous une autre invitation à Liebenburg ?
— Mais... Joh...
— ...Chut ! Tout sera calme et simple... et doux, si vous le voulez.
— Joh...
— ...Chut ! Je dois t'enlever.
— Hein ? Et pourquoi ?
— Je vous aime, Monsieur Nicolas, dit alors doucement le prince, toujours en français.
— Mais... Mais... bêla Nicolas, décomposé.
— Je vous aime, Monsieur Nicolas.
Il y eut lors un silence, évidemment. Où l'on se rendit soudain compte que tous les autres avaient quitté le salon.
— Je n'ai plus besoin de t'enlever, mon Nicolas ! Tu m'aimes ?
— Je ne suis qu'un petit roturier français qui...
— ...qui est aimé par Johann-Emanuel de Liebenburg. Lequel a le droit d'aimer qui il veut : c'est mon frère qui sera grand-duc.
— Oh, mais tu...
— Monsieur Nicolas, voulez-vous être mon mari ?
— Altesse illustrissime ! Non, non, je ne le puis !
— Pas de grands mots ! Vous devez m'aimer.
— Altesse ! Ooooh !...
Où Nicolas fondit en larmes... vite récupéré par les bras délicats du prince Johann-Emanuel.
La Bentley d'iceluy emporta ces jeunes gens, et l'on parla longuement, sans faire l'amour. Et même, on dormit l'un près de l'autre, épuisé. Ce ne fut qu'au réveil qu'on se sourit délicatement, et qu'on s'enlaça tendrement. Où les choses furent les plus délicates du monde.
— Monseigneur ! Pourquoi tu veux ça ?
— Je te l'ai dit, Nicolas : je t'aime.
— Moi ?
— Je te demande d'être mon prince aimé.
Comme il pleura en les bras de son prince, le désormais prince aimé !
Il en fut baba derechef, Wolfram ! Mais il avait fait ses délices du mignon Othmar, et ma foi, il n'eut pas à s'en plaindre.
Depuis, on s'aime furieusement, au grand-duché de Liebenburg, et dans sa banlieue, qui est Francfort.
Ils n'étaient pas tous nus, les hommes qui faisaient la queue devant la galerie Strumpfkekette, pour le premier jour de l'exposition « Nackte Männer »... dont l'affiche était une œuvre de Pierre et Gilles... juste un peu censurée. Trois footballeurs, les fameux « Black-Blanc-Beur ».
C'est qu'à Liebenburg, capitale du grand-duché du même nom, les occasions de voir de jolies choses non couvertes du costume local n'étaient pas légion, et que la gaytitude grand-ducale avait plutôt l'habitude d'aller prendre ses aises dans la grand ville de Francfort, à quelques dizaines de lieues de S-Bahn (RER).
Or donc on se pressa de tout le grand-duché, et des communes y adjacentes... et bien sûr les copines de Francfort avaient fait le déplacement en groupe, transformant momentanément le S-Bahn en annexe de la Gay Pride...
Bref, la file d'attente valait à elle seule le déplacement... au point que la nouvelle ayant vite fait le tour de la petite ville, les mémères firent semblant de passer là, pour mater ces drôles de choses venues de la ville, sortes d'OVNI à leurs yeux aussi apeurés qu'excités...
Dans cette queue fraîche, piaillante et colorée étaient Wolfram, de Francfort, et son correspondant français, Nicolas, de Paris.
Ils étaient amis depuis la quatrième, ayant aujourd'hui vingt-deux ans. Mais combien différents, si pourtant fortement liés !
Wolfram profitait pleinement de la vie gay de Francfort, passant d'amoureux à petit ami, au fil des saisons. Nicolas, lui, était le garçon sage par excellence, puceau non pas, mais à ce point réservé qu'il était un sujet d'ironie idéal pour le pétulant Wolfram.
Mais Nicolas souriait de tout ce que lui envoyait Wolfram... car Nicolas était un mec adorable, et d'une rare équanimité.
Autant le Hessois était blond, autant le Parisien était brun ; seul les réunissait un égal teint pâle. Et c'étaient bien deux jolis et fins minois qui attiraient les regards à Liebenburg (dont on avait déjà visité le château, le musée et la collégiale, ces jeunes gens étant amateurs d'art)...
On conversait en français, dans la queue, pour n'être pas compris des autres, et Wolfram demanda :
— Tu t'es d'jà fait un footballeur ?
— Hein ? Mais non, non !
— C'est vrai qu'à notre taille, vaut mieux les basketteurs ! Mais les footballeurs sont plus râblés, et ont le muscle plus ferme ! Tu sais quoi ? Ce serait bien le diable si tu te trouvais pas un mec dans tout ce monde !
— Mais je cherche pas, moi !
— Bien sûr que si, tu cherches : t'es comme tout le monde ; et si tu cherches pas, t'espères... ce qui revient au même.
— Ooh...
Certes, Nicolas était un fort joli garçon, dont la classe tout aristocratique plaisait beaucoup en ville, et il ne comptait plus les avances faites par ces demoiselles, comme par les mères d'icelles, pour le compte de leurs filles... ou leur sien propre !
Étant d'un milieu hautement bourgeois, il avait à fréquenter, dans l'ombre de ses parents, beaucoup de monde et... Mais bon ! Ces fantaisies n'étaient pas de son goût, on l'aura compris.
On se disait tout, avec Wolfram, et celui-ci ayant eu dès son jeune âge une vie très... vivante, il en racontait évidemment plus à Nicolas que Nicolas ne pouvait en dire.
La queue avançait donc gentiment, et ces jeunes gens allaient parvenir à l'entrée de la galerie, leur billet déjà en poche, quand un grand vigile blond et baraqué les empêcha, avec un immense sourire, d'aller plus avant : puis il s'inclina profondément devant un jeune homme pâle et châtain qui avança d'un pas sûr mais mesuré, suivi de ce qui ressemblait à un garde du corps. Le jeune homme tourna alors la tête vers nos minets et souffla :
— Pardonnez-moi, Messieurs.
Mais là... là le minet planta ses yeux en ceux de Nicolas. Ses yeux, oh ! Ses yeux ! D'un bleu profond qui fit frissonner le joli Français.
— Oh p'tain ! T'as fait la touche du jour, toi ! affirma Wolfram. Trop beau, ton minet ! Puisqu'on entre juste après, on le lâche pas ! J'étais sûr que tu trouverais, tu vois !
— Oh, ça va !
— Me dis pas qu'il est pas super craquant, çui-là ?
— Oui, oui, mais... avoua un Nicolas pourtant touché par la fine beauté qui semblait l'avoir remarqué.
À la suite de laquelle on entra donc aussitôt. Pour découvrir qu'elle avait été accueillie par un genre d'officiel qui entreprit de lui faire la visite complète.
— Bon ! Eh ben maintenant, on sait ce qui nous reste à faire : on le suit à la trace !
Ainsi fut fait. Et Nicolas ne put éviter de voir se poser sur lui les regards furtifs du jeune homme, une V.I.P. sans doute, mais qui ? Wolfram les remarqua aussi, ces regards, qui souffla enfin :
— P'tain ! Tu sais que je suis jaloux ? Il est mortel, ton futur, et...
— Chut ! Y a pas plus de futur que ça, et...
— M'enfin, faudrait savoir qui c'est...
Et Wolfram de s'adresser soudain à l'un des gardiens :
— Savez-vous qui est ce jeune homme ?
— Cette personne désire rester discrète, et je ne puis vous donner son identité, répondit l'homme, sans sourire.
On se détourna donc... pour tomber sur un joli p'tit gars qui déclara tout sourire :
— C'est le petit-fils du Grand-duc, Johann-Emanuel, votre minet !
— Ah ! Et qu'est-ce qu'il fait, dans le civil ?
— Prince, tiens !
Même cette grande gueule de Wolfram en resta baba. Comme tout le monde, il connaissait l'existence de ce micro-État voisin de Francfort, mais n'avait jamais réfléchi au fait qu'une monarchie eût des princes... dont c'était le métier.
Mais il ne perdit pas le nord pour autant, ce joli blond-là ! Car le sourire du p'tit mec le ramena promptement à la réalité, et l'on échangea vite fait, et discrètement, ses coordonnées... en espérant des avenirs meilleurs.
Du coup, on avait perdu de vue ledit prince, et l'on essaya de se frayer un chemin dans la cohue ambiante. À la déception de ces garçons, on ne revit point l'altesse.
— On va le retrouver, j'te dis ! affirma virilement Wolfram, qui semblait assez excité par l'aventure arrivant à son ami de façon si inattendue.
On continua donc la visite jusqu'au bout... ce qui permit à l'incorrigible Wolfram de récupérer quelques autres numéros de téléphone... à l'épatement toujours renouvelé de son pote français.
Enfin, on décida de quitter l'endroit pour aller s'arsouiller en une proche taverne — le grand-duché disposait de deux brasseries de haut savoir-faire.
— Trop con qu'on l'ait pas retrouvée, ta touche ! fit Wolfram après la première gorgée.
— Un prince ! rigola Nicolas, t'imagines ce qu'il aurait à faire de moi ! Aucun regret, donc !
— Me dis pas qu'il te plaisait pas !
— Oui, magnifique, mais... soupira Nicolas.
— T'façon, j'ai des tas de téléphones... et ce coup-ci, tu vas pas y échapper, mon gars !
Nicolas eut un profond soupir : à la fois il était touché par la sollicitude de son ami, et il frissonnait à l'idée de rencontrer des mecs inconnus... fussent-ils beaux comme tout. Mais... le temps commençait à lui paraître long, tout seul, et il avait accepté l'idée qu'il... Enfin, qu'il... coucherait.
Ses premières fois avaient été mignonnes, mais sans lendemain, très sûrement par timidité. Et pourtant il était plus que mignon, ce brunet-là !
Wolfram décida d'organiser des rencontres... galantes, afin de pousser son ami vers des sommets de lubricité fâcheusement inconnus de lui. On n'avait jamais rien fait, tous les deux, et par voie de conséquence, on ne n'était jamais vu bander... Nicolas n'osa refuser la première soirée, où seraient cinq amis de Wolfram... et le p'tit mec de Liebenburg.
Non qu'il en fût enchanté, mais... il savait qu'il devrait en passer par là, dût-il envoyer aux orties toutes ses préventions, et ses rigides principes !
Parmi les amis de Wolfram, un couple, et trois célibataires : la soirée ne devrait pas être plus ennuyeuse que ça, compte tenu du profil des invités : de francs lurons. Othmar, le minet liebenbourgeois avait apporté de son grand-duché un alcool de houblon fait pour les grandes personnes ; il n'avait pas oublié ses beautés, son entrain... ni son lourd armement.
Bref, Nicolas ne tarda pas à se sentir bien... sous les caresses de tous. Bien, sûr, il y avait là un peu d'émotion liée au fait que pour la première fois, il voyait son ami Wolfram en ses œuvres... et Wolfram n'était pas de la petite bière ! Grandement équipé, et gracieusement musclé, il épata son ami... qui n'eut pas de mal à épater lui-même les autres loupiots.
Bref, si cette soirée ne fut pas l'un des sommets de la saison mondaine, elle marqua fort agréablement l'esprit, et le corps délicat d'un Nicolas qui y trouva matière à réfléchir...
— T'es vachement beau, tu sais ? fit Wolfram, quand on fut seuls. Et fort... joliment monté, aussi.
— Merci, fit Nicolas, gêné. Toi, t'es... magnifique, vraiment.
Émotion, dans la carrée. On n'avait pas trop bu, pour cause d'activités ludiques, aussi gardait-on sa tête. On reprit donc une dose du raide liebenbourgeois... et à ce moment arriva sur le téléphone de Wolfram un message du vif Othmar, qui invitait ces jeunes gens au grand-duché dès le lendemain soir. « Prière d'être bien sapés, Messieurs, dîner chic », disait le message, ce qui fit rire Wolfram :
— Une partouze appelée « dîner chic » ? J'espère que le chic liebenbourgeois dure pas trop longtemps ! Ah ! Ah ! Ah !
— C'est peut-être sérieux, Wolfram ?
— Pour ce que je sais d'Othmar, j'en doute un peu ! Mais bon ! On y va et je te prête des fringues, ah ! ah ! ah !
On se transporta donc à Liebenburg en S-Bahn, et effectivement, la soirée parut devoir être sérieuse : la maison était de premier ordre, et l'on y fut même reçu par un majordome.
Deux autres invités étaient déjà installés au grand salon lorsqu'on y parut... et il sembla qu'on avait bien fait de soigner sa mise. On fit donc connaissance de la plus charmante façon, quand s'annonça enfin le dernier convive.
Où Nicolas sentit son fauteuil s'évanouir sous ses petites fesses quand il reconnut là le prince de Liebenburg.
— Mon ami Johannem, dit simplement Othmar.
Le désigné salua gracieusement et se posa face aux autres ; on trinqua au champagne — du vrai. Et Othmar lança la conversation... sur l'exposition « Nackte Männer »...
Nicolas était décomposé, cependant. Il n'osa, un long temps, regarder le prince. Puis... il se rappela le fameux vers de Racine :
Juste ciel ! Tout mon sang dans mes veines se glace.
quand Johannem déclara suavement, à son adresse :
— Nous nous sommes croisés à l'exposition « Nackte Männer », n'est-ce pas ?
L'incomparable et douce majesté de Johannem glaça Nicolas. Il eut de la peine à balbutier :
— Euh... Euh... Oui, je crois...
— Et je vous ai même pris votre place pour y entrer... Je dois donc m'en faire pardonner.
Alors Nicolas reçut de Wolfram un discret mais vif coup de coude dans les côtes.
Message reçu ! Car Nicolas déclara, lunaire :
— Tu es pardonné depuis longtemps, Johannem ! Et tu ne nous dois rien du tout !
— Et si... je te devais cependant quelque chose, à toi, le Français ?
— Oh ! souffla Nicolas, sidéré.
Othmar orienta aussitôt la conversation vers des sujets plus généraux... mais il n'empêcha point que les regards de Nicolas et du prince se croisassent avec une délicate ardeur.
Un peu plus tard, on avait changé de place, et le prince parlait, en un français qu'il possédait parfaitement, à l'oreille d'un Nicolas qui n'en revenait pas.
— Monsieur le Français... accepteriez-vous une autre invitation à Liebenburg ?
— Mais... Joh...
— ...Chut ! Tout sera calme et simple... et doux, si vous le voulez.
— Joh...
— ...Chut ! Je dois t'enlever.
— Hein ? Et pourquoi ?
— Je vous aime, Monsieur Nicolas, dit alors doucement le prince, toujours en français.
— Mais... Mais... bêla Nicolas, décomposé.
— Je vous aime, Monsieur Nicolas.
Il y eut lors un silence, évidemment. Où l'on se rendit soudain compte que tous les autres avaient quitté le salon.
— Je n'ai plus besoin de t'enlever, mon Nicolas ! Tu m'aimes ?
— Je ne suis qu'un petit roturier français qui...
— ...qui est aimé par Johann-Emanuel de Liebenburg. Lequel a le droit d'aimer qui il veut : c'est mon frère qui sera grand-duc.
— Oh, mais tu...
— Monsieur Nicolas, voulez-vous être mon mari ?
— Altesse illustrissime ! Non, non, je ne le puis !
— Pas de grands mots ! Vous devez m'aimer.
— Altesse ! Ooooh !...
Où Nicolas fondit en larmes... vite récupéré par les bras délicats du prince Johann-Emanuel.
La Bentley d'iceluy emporta ces jeunes gens, et l'on parla longuement, sans faire l'amour. Et même, on dormit l'un près de l'autre, épuisé. Ce ne fut qu'au réveil qu'on se sourit délicatement, et qu'on s'enlaça tendrement. Où les choses furent les plus délicates du monde.
— Monseigneur ! Pourquoi tu veux ça ?
— Je te l'ai dit, Nicolas : je t'aime.
— Moi ?
— Je te demande d'être mon prince aimé.
Comme il pleura en les bras de son prince, le désormais prince aimé !
Il en fut baba derechef, Wolfram ! Mais il avait fait ses délices du mignon Othmar, et ma foi, il n'eut pas à s'en plaindre.
Depuis, on s'aime furieusement, au grand-duché de Liebenburg, et dans sa banlieue, qui est Francfort.
Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) (slygame.fr)
à chacun son histoire bis (mais ici ce sont des anciennes (g@y-tous styles) ) (slygame.fr)
La "hot" du père Noël ! (GAY-ADO-OS) (slygame.fr)
Piscine...et plaisir aqueux (OS-minet-gay) (slygame.fr)
-La tête dans les étoiles (aquatique)-(fanfiction - gay - humour) (slygame.fr)
à chacun son histoire bis (mais ici ce sont des anciennes (g@y-tous styles) ) (slygame.fr)
La "hot" du père Noël ! (GAY-ADO-OS) (slygame.fr)
Piscine...et plaisir aqueux (OS-minet-gay) (slygame.fr)
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