MYTHOLOGIE UTOPIENNE 14
Petit précis de mythologie utopienne. Quatorzième partie.
PHÉBUS (2/2)
Petit précis de mythologie utopienne. Quatorzième partie.
PHÉBUS (2/2)
D'un naturel enjoué, il ne fallait tout de même pas lui marcher sur les pieds. Et surtout ne pas toucher à sa petite môman...
Zia, toujours furieuse contre Cara, alla voir Tityos. C'était un fils de Hodin (eh oui, encore un). Pour soustraire sa mère à la jalousie de Zia, Hodin les avait cachés dans une grotte. Erreur. Les vapeurs volcaniques de la dite grotte eurent des effets néfastes sur la croissance du fœtus qui grossit, grossit et fit exploser le corps de sa mère (oui, je sais, c'est dégueu) et l’enfant qui grandit dans cet environnement était, certes, énorme mais un brin dérangé et d'une laideur à faire faner les roses...
- Dis moi, Tityos, tu pourrais me rendre un petit service ? demanda Zia
- Du sang ! Je veux de la viande et du sang !
- Une femme va passer sur cette route... ça ne te dirait pas une femme rien que pour toi ?
- Du sang !
- Si elle se rebiffe tu pourras parfaitement faire couler son sang...
Tityos se mit donc en embuscade et attendit. Lorsque Cara le vit, elle hurla et prit ses jambes à son cou. Ayant déjà fuit avec un serpent géant à ses trousses, elle réussit à tenir Tityos à distance et dit :
- Phébussichoux... c'est maman. Tu pourrais me donner un coup de main, mon chéri...
L'ichor de Phébus ne fit qu'un tour. Il tira une flèche qui transperça le cœur de Tityos. Mais ce n'était pas encore assez pour lui. Il descendit aux enfers et alla voir Yama :
- Salut tonton, ça farte ? Dis moi, tu vas recevoir bientôt un type genre géant du nom de Tityos ? Tu pourrais lui réserver un traitement spécial... genre douloureux pour l'éternité ?
- Aucun problème, mon grand...
Yama, manquant d'imagination ce jour-là, enchaîna Tityos à un rocher et le condamna à avoir le foie dévoré par un vautour. Le foie repoussait pendant la nuit et le volatile venait le remanger le lendemain. Aux dernières nouvelles, Prométhée lui a fait un procès pour plagiat...
Phébus arriva sur l'Olympe pour prendre sa place au conseil des dieux et personne n'y trouva rien à redire, même pas Zia. Il devint un dieu aux multiples facettes : dieu des arts, de la divination, des archers, de la médecine, protecteur des jeunes garçons etc... Les Genésiens eux-mêmes s'y perdaient.
- Dis, tu te rappelles qui est le dieu de la soupe au vermicelle ?
- Bah, cherche pas, ça doit être Phébus...
Je ne sais s'il était vraiment le dieu de la soupe au vermicelle mais, ce qui est sûr, c'est qu'il était un peu soupe au lait.
Niobé, une reine d'une cité dont le nom m'a échappé, avait eu 14 enfants (eh oui, à l'époque la télé-réalité et les matchs de foot n'existaient pas, alors, pour passer le temps...), 7 garçons et 7 filles. Et ils étaient parfaits : premiers de la classe, jouaient du violon ou du piano, ramenaient des bonnes notes... enfin, vous voyez le genre...
Niobé vantait ses rejetons à tout un chacun et dit même un jour :
- Tout le monde me parle de Cara... pff... qu'a-t-elle fait de si exceptionnel ? Elle a eu deux enfants et moi quatorze, je vaux mieux qu'elle...
C'était évidemment la chose à ne pas dire... Lors d'un garden-party au palais où tous les habitants de la ville furent invités, Niobé y présenta ses beaux enfants si parfaits. Phébus et sa sœur Diana firent irruption en plein milieu de la fête.
- Alors comme ça tu vaux mieux que ma mère ? dit Phébus. Et tu es fière de tes enfants qui valent mieux que nous, hein ?
Phébus décocha sept flèches qui tuèrent les sept garçons, Diana décocha sept flèches qui tuèrent les sept filles. Le roi, voyant ses enfants morts, se précipita le sabre au clair vers Phébus, une flèche dans le cœur le cloua sur place. Niobé, elle, fuit dans les montagnes. Elle pleura tellement qu'elle se transforma en pierre.
Phébus était aussi jaloux de ses prérogatives. Un satyre (créature hybride entre un homme et un bouc), Marsyas, en fit les frais.
Marsyas, en tant que satyre, était un peu porté sur... la chose. Enfin, vous voyez ce que je veux dire. Et il avait compris que pour draguer les satyrettes, les dryades, les mortelles, et tout ce qui ressemblait plus ou moins à une femme, rien ne valait un instrument de musique. Il se mit donc à la flûte. Il jouait tellement bien que toutes se pâmaient et tombaient dans ses bras. Ses concerts faisaient salle comble, ses musiques arrivèrent directement sur les premières marches du Top 50 et même Télérama le trouvait génial (c'est dire...)
Ses groupies ne tarissaient pas d'éloge :
- Oh, il est trop beau et il joue trop bien... Marsyas, je t'aiiiiiimmmeeee !!!
Et on commença à dire qu'il était le nouveau Phébus.
Phébus débarqua sur scène pendant un concert de Marsyas.
- Alors comme ça tu es le nouveau moi ?
- Seigneur... je... je ne...
- Eh bien voyons cela. Je te propose un concours. Celui qui joue le mieux... Et le vainqueur peut imposer un gage au vaincu...
Marsyas emboucha sa flûte et commença à jouer une sublime musique. Ses fans l'applaudir à tout rompre. Phébus prit sa lyre et joua un morceau avec des riffs de dingue. Les applaudissements de l'assistance furent aussi nourris que pour Marsyas.
- Nous voilà à égalité, dit Phébus. Pour nous départager, je te propose de nous affronter par rapport à notre jeu scénique... Par exemple, sais-tu faire ça ?
Phébus passa sa lyre derrière sa tête et entama un solo endiablé. Marsyas, les yeux ronds, dit :
- Mais, seigneur, avec une flûte c'est impossible...
- J'ai donc gagné, exulta Phébus. Tu me dois un gage...
- Bien... bien sûr... que voulez vous ?
- Ta peau.
- Pardon ?
- Je veux ta peau pour m'en faire un tapis...
Et Marsyas finit écorché vif.(oui, je sais, c'est gore)
Phébus ne se maria jamais alors que c'était un homme à femme. Il se tapa les neuf muses, les divinités qui présidaient aux arts (comédie, tragédie, télé-réalité...), s'envoya en l'air avec une flopée de mortelles et de mortels, étant ouvert d’esprit. Mais il ne tomba jamais amoureux. Enfin, si, juste une fois.
Phébus était un brin écervelé et se moqua un jour d’Éros, le dieu de l'amour. Or tous les dieux craignaient Éros.
Éros avait les traits d'un garçon d'une beauté inouïe. Les cheveux dorés, les yeux bleus, un corps à la musculature parfaitement dessinée, un sourire ravageur avec deux petites fossettes au niveau de ses pommettes et un sex-appeal de malade. Bref mon mec, version divine.
Éros était le dieu de l'amour physique. Et il était capable de vous faire tomber fou d'amour pour n'importe qui. Voilà pourquoi les dieux le craignaient. Grâce à ses flèches, vous pouviez vous retrouver au lit avec une monstruosité (genre la baronne Brandstetter) et fondre d'amour pour un mouton...
Éros se vengea de Phébus. Il lui décocha une flèche et le dieu fut épris à perdre la raison d'une jeune nymphe appelée Daphné. Il la poursuivait en lui déclarant sa flamme, lui envoyait des sextos et n'avait qu'une seule envie : lui sauter dessus et la besogner jusqu'à la fin des temps. Daphné s'enfuit mais se retrouva au bord d'un précipice. Phébus sur ses talons lui déclama un de ses poèmes, et Daphné se dit que la mort valait mieux.
Genesia, la déesse personnifiant la planète, la prit en pitié et la transforma en buisson, un laurier. Phébus se retrouva à tenir dans ses bras des branches et à couvrir de baisers brûlants des feuilles odorantes.
En l'honneur de son amour végétal et de son premier échec en amour, les lauriers devinrent un symbole... de victoire. On ceignait le front des vainqueurs d'une couronne de cet arbre.
Bref, Phébus pouvait se montrer hyper-cool et complètement psychopathe. Bipolaire, quoi. Mais ses flèches magiques, qui atteignaient toujours leur cible peu importe où il visait, et qui étaient invisibles, le rendaient redoutable. Si un homme mourrait subitement sans raison, on disait que c'était Phébus qui l'avait abattu. Une seule personne pouvait rivaliser avec lui : sa sœur, Diana.
Mais ça, c'est une autre histoire.