27-09-2020, 07:57 PM
2 - Aveu
Alex baisse la tête.
- Je t'en prie, Alex, aie confiance en moi.
- Tu veux vraiment savoir ?
- On s'est fait une promesse tous les deux. Le passé est derrière nous.
- Sauf qu'il a tendance à peser lourdement sur nos consciences...
Il soupire.
- Je... J'ai traversé une période difficile, il y a quelques années. A cause de son travail, mon père était rarement présent, et ma mère travaillait tard pour pouvoir joindre les deux bouts. Ma sœur était partie vivre sa vie avec son futur mari, et je me retrouvais seul. J'en ai beaucoup souffert, j'ai fini par déprimer, je suis sorti, ai fréquenté la lie de la société, j'étais pris dans une spirale autodestructrice. Tu n'aurais même pas jeté un deuxième regard sur l'épave que j'étais devenu. Au bout de quelques temps, je m'étais fait quelques potes, du genre qui t'aurait fait changer de trottoir si tu les avais croisés. Ils m'ont initié à toutes sortes de plaisirs interdits... Comme la drogue.
Je prends les mains d'Alex dans les miennes et les serre, avant de les masser doucement. Il semble y puiser du courage.
- Je suis passé des drogues douces aux dures... avant de me fixer sur l'héroïne. Ce qui m'a rapidement posé un problème. Je me suis associé avec deux de mes potes, Paul et Didier, et j'ai participé à leurs trafics. Je...
Alex déglutit difficilement, je lui sers un verre d'eau, qu'il accepte avec reconnaissance.
- Je dealais... Ça me permettait de me payer ma consommation personnelle... à laquelle je ne pouvais plus échapper. J'avais cherché à me détruire, mais je n'avais réussi qu'à devenir un esclave. Paul ajoutait à ses revenus le fruit de divers vols et cambriolages, tandis que Didier se concentrait sur le traitement et l'écoulement de la came. J'étais plus souvent en contact avec Didier, nous sommes devenus... très proches.
- Et ton père a tout découvert ?
- Pas tout, heureusement. Mais il a eu des horaires plus confortables en montant en grade, et il est devenu plus présent. Il faut comprendre qu'on ne se voyait plus depuis un moment, lui avec ses horaires à rallonge et moi avec ma vie nocturne... Mais quand il m'a revu... Il a eu un choc. Il a tenté de me faire redevenir présentable, et moi je l'envoyais bouler violemment... Mais il a vite compris qu'il y avait là quelque chose de plus profond qu'une grosse crise d'adolescence. Dès ce moment, je me suis retrouvé sous sa surveillance constante, il a été jusqu'à poser des congés pour s'occuper de moi. Et moi, j'allais de plus en plus mal - je commençais à vraiment ressentir le manque. J'ai fini par craquer, je suis sorti par la fenêtre de ma chambre, et j'ai traversé le jardin pour entrer dans la cave, derrière la maison. J'ai descendu les escaliers et récupéré ma réserve et mon matériel dans une cache que je m'étais aménagé. Je préparais mon injection quand mon père a déboulé dans la cave.
- Aïe.
- Je ne me suis jamais senti aussi pitoyable. Parce que je savais que mon père allait m'empêcher de prendre cette dose dont j'avais horriblement besoin.
Je continue à caresser doucement les mains d'Alex. Son récit me serre le cœur.
- Il m'a envoyé direct me faire désintoxiquer, mais j'ai fait une violente réaction pendant le traitement. Mon état s'est dégradé à un tel point qu'ils ont prévenu mes parents que j'étais en train de mourir. Ils étaient présents lorsque mon cœur s'est arrêté... Les médecins sont arrivés en vitesse, et mes parents ont été chassés dans le couloir...
- J'imagine quel enfer ils ont dû traverser. Je ne le sais que trop bien.
- Oui... Mais, comme le temps passait et que l'équipe de réanimation ne sortait toujours pas de ma chambre, mon père a compris qu'il se passait quelque chose, et il en a informé ma mère. Ils ont continué à attendre, angoissés, et, lorsqu'ils ont fini par sortir, l'un des médecins leur a confirmé que mon cœur était reparti... Mais ils leur ont interdit de me voir pendant un moment. Je suis resté entre la vie et la mort, branché à divers appareils qui me maintenaient en état de fonctionner - voire fonctionnaient à ma place.
Je le serre de nouveau dans mes bras, bouleversé. Il fixe le vide, son esprit est là-bas, dans cette chambre d'hôpital.
- Mais j'ai fini par remonter la pente, et à mesure que je me rétablissais, ils ont retiré les appareils. Quand j'ai fini par me réveiller, ça a été pour découvrir ma mère à mon chevet. Elle a ouvert de grands yeux et s'est mise à pleurer, et moi j'étais incapable de lui parler tant j'étais faible. Mon père est arrivé, mais je commençais à fatiguer, et je me suis rendormi. Je me suis rétabli petit à petit, j'en ai bavé, vraiment bavé, mais je m'en suis sorti. Et j'étais bien décidé à ne pas revivre ça une deuxième fois. Je me suis juré de ne plus retoucher à la drogue, et j'ai tenu cette promesse.
La gorge de nouveau sèche, Alex interrompt son récit pour boire, et rassembler son courage.
- Mais j'ai dû affronter mon père... Il voulait la peau de celui qui m'avait entraîné dans cet enfer. Il m'a mené la vie dure, mais je ne voulais pas dénoncer Didier, ni Paul d'ailleurs. J'ai fini par inventer des noms, des lieux... Il y a eu des descentes de police qui ont assaini certains quartiers, temporairement... Mon père a fini par laisser tomber.
- Pourquoi ne les as-tu pas dénoncés ?
- Pourquoi ne t'ai-je pas laissé affronter la justice ?
- Ah... Tu... tu as...
- C'était fini entre nous bien avant que je te rencontre. Mais je préfère ne plus en parler. Il n'y a plus que nous deux, Yann, je te le jure.
(*Et nous deux)
- Comme si je pouvais en douter une seule seconde.
Alex lève un sourcil.
- Je suis juste un peu jaloux, c'est tout, dis-je.
Lundi 29 décembre
Les bureaux sont fermés, et nous profitons de nos vacances. Nous en avons bien besoin après toutes ces émotions.
Alex s'est surpassé aux fourneaux, et nous nous régalons, échangeant diverses plaisanteries.
(C'est bon de pouvoir profiter pleinement de ma vie, sans stress)
(*Eh. Tu l'as bien mérité)
(J'aurais pu l'apprécier un peu plus si tu n'avais pas intensifié les entraînements, ces derniers temps. J'ai passé la moitié du temps KO)
(*Tu commences à bien résister)
(Et toi à devenir plus efficace en prise de contrôle forcée. Ça ne va pas)
(*On fait ce qu'on peut, Yann)
(Je sais bien)
- Sortons donc cette fameuse bouteille que t'a envoyée ton oncle, me dit Alex.
- D'accord, dis-je en me levant pour aller la chercher.
Lorsque je reviens, ce que je vois me fait prendre conscience d'un fait qui m'était totalement sorti de l'esprit.
Un gâteau trône sur la table, orné de deux bougies, à l'image d'un 2 et d'un 3. 23 ans...
- Alex...
- Vas-y !
Je souffle les bougies, les yeux humides.
- J'avais complètement oublié...
- C'est Inny qui a tout organisé. Joyeux anniversaire !
(*Joyeux anniversaire !)
(Ça ne m'étonne pas. Merci)
(*A ton service)
Alex a un grand sourire, il est heureux de constater le bonheur que j'éprouve.
Nous faisons un sort au gâteau, et il s'éclipse pour revenir avec divers paquets-cadeaux.
- Je... Je ne sais pas quoi dire... Je n'ai plus fêté mon anniversaire depuis la mort de mes parents... Ça me touche énormément.
J'essuie mes larmes avec ma serviette et examine mes cadeaux. Je constate qu'il y a un nom sur chaque. Deux colis portent le nom d'Inny. Je commence à les déballer avec enthousiasme.
Jeudi 1er janvier 2009
Alex m'embrasse tendrement tandis que débute une nouvelle année. Je le serre dans mes bras, lui rendant son baiser avec ferveur. Il s'écarte ensuite en souriant.
- Bonne année mon amour.
- Bonne année mon cœur. Alex... Il ne se passe pas un seul jour sans que je m'étonne de la chance que j'ai de t'avoir rencontré, d'avoir un homme qui m'aime à un tel point et qui me rende aussi heureux. Tu as fait plus que m'apporter le bonheur, tu a donné un sens à ma vie. Tu es ce sens.
Les yeux d'Alex s'illuminent en entendant ma déclaration. Je l'embrasse avec passion, le serrant fortement contre moi.
Alex et moi sommes tendrement enlacés, allongés dans notre lit où nous avons échangé nombre de câlins après avoir fait l'amour. Je sens battre son cœur dans sa poitrine.
(Je n'aurais pas cru il y a un mois qu'un tel bonheur était possible...)
(*Il ne faut jamais désespérer)
(Mais la mort de Michel me pèse toujours...)
(*Il voulait te tuer, je te rappelle)
(Dis ça à ma conscience)
(*Tu ne pourras rien changer à ce qui s'est passé. Cesse de regarder derrière toi. Vous avez tous les deux mis votre passé à plat, mais il vous faut maintenant bâtir un avenir. Et on ne peut le faire que si on regarde devant soi)
Alex baisse la tête.
- Je t'en prie, Alex, aie confiance en moi.
- Tu veux vraiment savoir ?
- On s'est fait une promesse tous les deux. Le passé est derrière nous.
- Sauf qu'il a tendance à peser lourdement sur nos consciences...
Il soupire.
- Je... J'ai traversé une période difficile, il y a quelques années. A cause de son travail, mon père était rarement présent, et ma mère travaillait tard pour pouvoir joindre les deux bouts. Ma sœur était partie vivre sa vie avec son futur mari, et je me retrouvais seul. J'en ai beaucoup souffert, j'ai fini par déprimer, je suis sorti, ai fréquenté la lie de la société, j'étais pris dans une spirale autodestructrice. Tu n'aurais même pas jeté un deuxième regard sur l'épave que j'étais devenu. Au bout de quelques temps, je m'étais fait quelques potes, du genre qui t'aurait fait changer de trottoir si tu les avais croisés. Ils m'ont initié à toutes sortes de plaisirs interdits... Comme la drogue.
Je prends les mains d'Alex dans les miennes et les serre, avant de les masser doucement. Il semble y puiser du courage.
- Je suis passé des drogues douces aux dures... avant de me fixer sur l'héroïne. Ce qui m'a rapidement posé un problème. Je me suis associé avec deux de mes potes, Paul et Didier, et j'ai participé à leurs trafics. Je...
Alex déglutit difficilement, je lui sers un verre d'eau, qu'il accepte avec reconnaissance.
- Je dealais... Ça me permettait de me payer ma consommation personnelle... à laquelle je ne pouvais plus échapper. J'avais cherché à me détruire, mais je n'avais réussi qu'à devenir un esclave. Paul ajoutait à ses revenus le fruit de divers vols et cambriolages, tandis que Didier se concentrait sur le traitement et l'écoulement de la came. J'étais plus souvent en contact avec Didier, nous sommes devenus... très proches.
- Et ton père a tout découvert ?
- Pas tout, heureusement. Mais il a eu des horaires plus confortables en montant en grade, et il est devenu plus présent. Il faut comprendre qu'on ne se voyait plus depuis un moment, lui avec ses horaires à rallonge et moi avec ma vie nocturne... Mais quand il m'a revu... Il a eu un choc. Il a tenté de me faire redevenir présentable, et moi je l'envoyais bouler violemment... Mais il a vite compris qu'il y avait là quelque chose de plus profond qu'une grosse crise d'adolescence. Dès ce moment, je me suis retrouvé sous sa surveillance constante, il a été jusqu'à poser des congés pour s'occuper de moi. Et moi, j'allais de plus en plus mal - je commençais à vraiment ressentir le manque. J'ai fini par craquer, je suis sorti par la fenêtre de ma chambre, et j'ai traversé le jardin pour entrer dans la cave, derrière la maison. J'ai descendu les escaliers et récupéré ma réserve et mon matériel dans une cache que je m'étais aménagé. Je préparais mon injection quand mon père a déboulé dans la cave.
- Aïe.
- Je ne me suis jamais senti aussi pitoyable. Parce que je savais que mon père allait m'empêcher de prendre cette dose dont j'avais horriblement besoin.
Je continue à caresser doucement les mains d'Alex. Son récit me serre le cœur.
- Il m'a envoyé direct me faire désintoxiquer, mais j'ai fait une violente réaction pendant le traitement. Mon état s'est dégradé à un tel point qu'ils ont prévenu mes parents que j'étais en train de mourir. Ils étaient présents lorsque mon cœur s'est arrêté... Les médecins sont arrivés en vitesse, et mes parents ont été chassés dans le couloir...
- J'imagine quel enfer ils ont dû traverser. Je ne le sais que trop bien.
- Oui... Mais, comme le temps passait et que l'équipe de réanimation ne sortait toujours pas de ma chambre, mon père a compris qu'il se passait quelque chose, et il en a informé ma mère. Ils ont continué à attendre, angoissés, et, lorsqu'ils ont fini par sortir, l'un des médecins leur a confirmé que mon cœur était reparti... Mais ils leur ont interdit de me voir pendant un moment. Je suis resté entre la vie et la mort, branché à divers appareils qui me maintenaient en état de fonctionner - voire fonctionnaient à ma place.
Je le serre de nouveau dans mes bras, bouleversé. Il fixe le vide, son esprit est là-bas, dans cette chambre d'hôpital.
- Mais j'ai fini par remonter la pente, et à mesure que je me rétablissais, ils ont retiré les appareils. Quand j'ai fini par me réveiller, ça a été pour découvrir ma mère à mon chevet. Elle a ouvert de grands yeux et s'est mise à pleurer, et moi j'étais incapable de lui parler tant j'étais faible. Mon père est arrivé, mais je commençais à fatiguer, et je me suis rendormi. Je me suis rétabli petit à petit, j'en ai bavé, vraiment bavé, mais je m'en suis sorti. Et j'étais bien décidé à ne pas revivre ça une deuxième fois. Je me suis juré de ne plus retoucher à la drogue, et j'ai tenu cette promesse.
La gorge de nouveau sèche, Alex interrompt son récit pour boire, et rassembler son courage.
- Mais j'ai dû affronter mon père... Il voulait la peau de celui qui m'avait entraîné dans cet enfer. Il m'a mené la vie dure, mais je ne voulais pas dénoncer Didier, ni Paul d'ailleurs. J'ai fini par inventer des noms, des lieux... Il y a eu des descentes de police qui ont assaini certains quartiers, temporairement... Mon père a fini par laisser tomber.
- Pourquoi ne les as-tu pas dénoncés ?
- Pourquoi ne t'ai-je pas laissé affronter la justice ?
- Ah... Tu... tu as...
- C'était fini entre nous bien avant que je te rencontre. Mais je préfère ne plus en parler. Il n'y a plus que nous deux, Yann, je te le jure.
(*Et nous deux)
- Comme si je pouvais en douter une seule seconde.
Alex lève un sourcil.
- Je suis juste un peu jaloux, c'est tout, dis-je.
Lundi 29 décembre
Les bureaux sont fermés, et nous profitons de nos vacances. Nous en avons bien besoin après toutes ces émotions.
Alex s'est surpassé aux fourneaux, et nous nous régalons, échangeant diverses plaisanteries.
(C'est bon de pouvoir profiter pleinement de ma vie, sans stress)
(*Eh. Tu l'as bien mérité)
(J'aurais pu l'apprécier un peu plus si tu n'avais pas intensifié les entraînements, ces derniers temps. J'ai passé la moitié du temps KO)
(*Tu commences à bien résister)
(Et toi à devenir plus efficace en prise de contrôle forcée. Ça ne va pas)
(*On fait ce qu'on peut, Yann)
(Je sais bien)
- Sortons donc cette fameuse bouteille que t'a envoyée ton oncle, me dit Alex.
- D'accord, dis-je en me levant pour aller la chercher.
Lorsque je reviens, ce que je vois me fait prendre conscience d'un fait qui m'était totalement sorti de l'esprit.
Un gâteau trône sur la table, orné de deux bougies, à l'image d'un 2 et d'un 3. 23 ans...
- Alex...
- Vas-y !
Je souffle les bougies, les yeux humides.
- J'avais complètement oublié...
- C'est Inny qui a tout organisé. Joyeux anniversaire !
(*Joyeux anniversaire !)
(Ça ne m'étonne pas. Merci)
(*A ton service)
Alex a un grand sourire, il est heureux de constater le bonheur que j'éprouve.
Nous faisons un sort au gâteau, et il s'éclipse pour revenir avec divers paquets-cadeaux.
- Je... Je ne sais pas quoi dire... Je n'ai plus fêté mon anniversaire depuis la mort de mes parents... Ça me touche énormément.
J'essuie mes larmes avec ma serviette et examine mes cadeaux. Je constate qu'il y a un nom sur chaque. Deux colis portent le nom d'Inny. Je commence à les déballer avec enthousiasme.
Jeudi 1er janvier 2009
Alex m'embrasse tendrement tandis que débute une nouvelle année. Je le serre dans mes bras, lui rendant son baiser avec ferveur. Il s'écarte ensuite en souriant.
- Bonne année mon amour.
- Bonne année mon cœur. Alex... Il ne se passe pas un seul jour sans que je m'étonne de la chance que j'ai de t'avoir rencontré, d'avoir un homme qui m'aime à un tel point et qui me rende aussi heureux. Tu as fait plus que m'apporter le bonheur, tu a donné un sens à ma vie. Tu es ce sens.
Les yeux d'Alex s'illuminent en entendant ma déclaration. Je l'embrasse avec passion, le serrant fortement contre moi.
Alex et moi sommes tendrement enlacés, allongés dans notre lit où nous avons échangé nombre de câlins après avoir fait l'amour. Je sens battre son cœur dans sa poitrine.
(Je n'aurais pas cru il y a un mois qu'un tel bonheur était possible...)
(*Il ne faut jamais désespérer)
(Mais la mort de Michel me pèse toujours...)
(*Il voulait te tuer, je te rappelle)
(Dis ça à ma conscience)
(*Tu ne pourras rien changer à ce qui s'est passé. Cesse de regarder derrière toi. Vous avez tous les deux mis votre passé à plat, mais il vous faut maintenant bâtir un avenir. Et on ne peut le faire que si on regarde devant soi)
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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