26-09-2020, 08:25 PM
1 - Le poids du passé
Dimanche 21 décembre
L'immeuble est ancien, dans un état de décrépitude avancé. L'intérieur est pire encore, les murs sont couverts de tags, l'ascenseur est en panne. Je monte l'escalier jusqu'au deuxième étage et remonte le couloir jusqu'à la porte du fond. J'y frappe, m'annonce, la porte s'entrebâille. Didier glisse un œil par l'ouverture, me reconnaît et me laisse le passage, juste le temps pour moi d'entrer. Je remarque le pistolet qu'il tient à la main, il le range en me guidant vers le salon.
- Salut Didier.
- Salut Alex.
- Je t'ai ramené le matériel. Merci.
- De rien. Tu peux le garder, si tu veux.
- Non, je n'en n'ai plus besoin. Où est Paul ?
- Il s'est fait serrer en flag.
- Mince. Du sérieux ?
- Bah, s'il tient sa langue, ça ira. Cambriolage, ce n'est pas la mort. 5 ans, au maximum. Alors, tu regoûtes aux fruits défendus ? Je pensais que tu t'étais rangé depuis que ton père t'a surpris en train de te shooter.
- C'était personnel. Je n'ai rien volé. Je cherchais une information.
- Bah, avec effraction quand même.
- Je me suis rangé, Didier. Je ne replongerai pas là-dedans.
- Comme tu veux. Tu m'as couvert, et je te dois beaucoup pour ça. Sans parler du reste. Je ne vais pas te harceler.
- Merci.
- De rien. Tu me manques, Alex.
- On a déjà eu cette discussion, Didier. Ne rends pas les choses plus difficiles.
- Elles le sont pour moi.
- Bon, je préfère ne pas traîner ici. Tchao Didier.
- Alex ! Excuse-moi... Tchao...
On sonne à la porte, je vais ouvrir et découvre Pierre.
- Bonjour Pierre ! Tu vas bien ?
- Hum. Alex est là ?
- Non, il est parti régler quelques trucs, m'a-t-il dit.
- Bien. Je voulais te parler seul à seul.
- Ah... Entre, je t'en prie. Tu veux boire quelque chose ?
- Non, merci.
Nous nous installons à la table de la cuisine. Je me pose des questions. A-t-il changé d'avis ? Ou quelqu'un a-t-il trouvé un indice de plus et veut-il m'avertir ?
- Qu'y a-t-il ?
- Ça fait quelques jours que j'essaie de trouver quelque chose dans une enquête personnelle, que je mène en parallèle à l'officielle qui est toujours en cours à propos de l'agression des deux loubards.
- Euh... qu'est-ce que tu cherches ?
- A comprendre ce qui s'est passé avec Michel Dupuis.
Une expression d'horreur se peint sur mon visage.
- Qu...qu...quoi ?
Il frappe la table du poing, me faisant sursauter.
- Oui ! Michel Dupuis ! L'ADN - ton ADN - qui a été récupéré sur les deux abrutis qui t'ont attaqué se trouvait déjà référencé, figure-toi ! Recueilli sur le lycéen que tu as tué ! Je me suis vraiment senti mal quand j'ai appris ça !
- Tu... tu es venu m'arrêter ?
- Pas moi. Je ne suis pas venu pour ça, mais je ne fermerai pas les yeux là-dessus, Yann. Hors de question. Pour le moment, je suis le seul à savoir que c'est toi... Mais ça ne durera pas.
- Alors pourquoi es-tu venu ?
- Je veux que tu me dises pourquoi tu as fait une chose pareille.
- Je ne voulais pas le tuer ! Je te le jure, Pierre.
- Dis-moi tout.
- Je... je me souviens de bribes... J'ai tout refoulé pendant des années, jusqu'à ce que des cauchemars récurrents me remettent des parties en mémoire. Voilà ce qui s'est passé...
Je ferme les yeux un moment, réunissant les fragments de mon passé.
- Je ne sais plus ce qui a déclenché cette histoire, mon dernier souvenir est que je faisais du sport, j'avais terminé... Trou noir, je ressors du stade et je reçois un violent coup derrière la tête, quand je me suis réveillé, j'étais dans une salle du lycée, qui était fermé pendant les vacances. J'étais ligoté et bâillonné, une bande de lycéens était là, ils attendaient que je me réveille pour me rouer de coups en me traitant de pédé... Ils se sont mis ensuite à discuter d'un moyen de se débarrasser de moi, et ont décidé de... me brûler vif. Ils ont envoyé Michel chercher un jerrycan chez son père.
Je lui raconte le reste, tremblant de plus en plus tandis que je raconte ma rencontre avec Michel, puis termine avec mon réveil dans mon jardin. Encore une fois, je ne parle pas de l'Autre.
J'attends maintenant son verdict, inévitable. Je suis un meurtrier. Je réalise soudain que je vais être séparé d'Alex, et cette pensée insupportable me fait éclater en sanglots.
- Yann... Je sentais qu'il y avait quelque chose derrière, mais je n'imaginais pas une chose pareille. Malgré tout, tu ne peux pas échapper à la justice...
Le bruit de la clé tournant dans la serrure nous interrompt, la porte s'ouvre sur Alex, qui nous regarde, surpris.
- Papa ? Mais qu'est-ce qui se passe ?
- Ne te mêle pas de ça, Alex.
- Tout ce qui le concerne me concerne, papa ! Yann, qu'est-ce qui se passe ?
- Il... il sait pour Michel.
Pierre sursaute, puis regarde son fils bouche bée.
- Dis-moi que ce n'est pas vrai... Il t'a tout dit ?
- Oui, tout ! Je sais que Yann l'a tué, et il a assez souffert comme ça pour que tu en rajoutes !
- Alex, tu ne réalises pas...
- Si, au contraire, plus que toi, papa. Tu vas arrêter ça tout de suite.
- Je ne peux pas faire une chose pareille, Alex.
- Oh que si, à moins que tu ne veuilles me rendre une nouvelle visite à l'hôpital ?
Pierre pâlit.
- C'est... c'est cruel ce que tu me dis là.
- Moins que ce que tu es en train de me faire en voulant nous séparer. Beaucoup moins ! Laisse-nous en paix !
Pierre se lève, toujours aussi pâle.
- C'est vraiment ce que tu penses ?
- Oui !
Pierre quitte la maison sans un mot, me laissant sidéré. Voyant Alex éclater en sanglots, je me précipite pour le serrer dans mes bras. Mais que lui dire alors que je ne comprends même pas la moitié de ce qui vient de se passer ? Sauf le principal, à savoir qu'Alex et son père se sont probablement brouillés définitivement à cause de moi. J'accentue ma pression, massant son dos, tout en essayant de chasser la culpabilité qui me pèse de plus en plus. Je n'ose d'abord rien dire, de peur de le blesser, mais finis par me lancer.
- Alex... Je... je suis désolé.
- Yann... J'ai été horrible avec lui... il ne voulait que me protéger de toi.
- Je comprends... Mais que va-t-il se passer, maintenant ?
- Il ne fera rien... Je vais en payer le prix, car il n'est pas près de me reparler de sitôt, mais il ne fera rien.
- Mais que s'est-il passé ? C'est quoi cette histoire d'hôpital ?
Dimanche 21 décembre
L'immeuble est ancien, dans un état de décrépitude avancé. L'intérieur est pire encore, les murs sont couverts de tags, l'ascenseur est en panne. Je monte l'escalier jusqu'au deuxième étage et remonte le couloir jusqu'à la porte du fond. J'y frappe, m'annonce, la porte s'entrebâille. Didier glisse un œil par l'ouverture, me reconnaît et me laisse le passage, juste le temps pour moi d'entrer. Je remarque le pistolet qu'il tient à la main, il le range en me guidant vers le salon.
- Salut Didier.
- Salut Alex.
- Je t'ai ramené le matériel. Merci.
- De rien. Tu peux le garder, si tu veux.
- Non, je n'en n'ai plus besoin. Où est Paul ?
- Il s'est fait serrer en flag.
- Mince. Du sérieux ?
- Bah, s'il tient sa langue, ça ira. Cambriolage, ce n'est pas la mort. 5 ans, au maximum. Alors, tu regoûtes aux fruits défendus ? Je pensais que tu t'étais rangé depuis que ton père t'a surpris en train de te shooter.
- C'était personnel. Je n'ai rien volé. Je cherchais une information.
- Bah, avec effraction quand même.
- Je me suis rangé, Didier. Je ne replongerai pas là-dedans.
- Comme tu veux. Tu m'as couvert, et je te dois beaucoup pour ça. Sans parler du reste. Je ne vais pas te harceler.
- Merci.
- De rien. Tu me manques, Alex.
- On a déjà eu cette discussion, Didier. Ne rends pas les choses plus difficiles.
- Elles le sont pour moi.
- Bon, je préfère ne pas traîner ici. Tchao Didier.
- Alex ! Excuse-moi... Tchao...
On sonne à la porte, je vais ouvrir et découvre Pierre.
- Bonjour Pierre ! Tu vas bien ?
- Hum. Alex est là ?
- Non, il est parti régler quelques trucs, m'a-t-il dit.
- Bien. Je voulais te parler seul à seul.
- Ah... Entre, je t'en prie. Tu veux boire quelque chose ?
- Non, merci.
Nous nous installons à la table de la cuisine. Je me pose des questions. A-t-il changé d'avis ? Ou quelqu'un a-t-il trouvé un indice de plus et veut-il m'avertir ?
- Qu'y a-t-il ?
- Ça fait quelques jours que j'essaie de trouver quelque chose dans une enquête personnelle, que je mène en parallèle à l'officielle qui est toujours en cours à propos de l'agression des deux loubards.
- Euh... qu'est-ce que tu cherches ?
- A comprendre ce qui s'est passé avec Michel Dupuis.
Une expression d'horreur se peint sur mon visage.
- Qu...qu...quoi ?
Il frappe la table du poing, me faisant sursauter.
- Oui ! Michel Dupuis ! L'ADN - ton ADN - qui a été récupéré sur les deux abrutis qui t'ont attaqué se trouvait déjà référencé, figure-toi ! Recueilli sur le lycéen que tu as tué ! Je me suis vraiment senti mal quand j'ai appris ça !
- Tu... tu es venu m'arrêter ?
- Pas moi. Je ne suis pas venu pour ça, mais je ne fermerai pas les yeux là-dessus, Yann. Hors de question. Pour le moment, je suis le seul à savoir que c'est toi... Mais ça ne durera pas.
- Alors pourquoi es-tu venu ?
- Je veux que tu me dises pourquoi tu as fait une chose pareille.
- Je ne voulais pas le tuer ! Je te le jure, Pierre.
- Dis-moi tout.
- Je... je me souviens de bribes... J'ai tout refoulé pendant des années, jusqu'à ce que des cauchemars récurrents me remettent des parties en mémoire. Voilà ce qui s'est passé...
Je ferme les yeux un moment, réunissant les fragments de mon passé.
- Je ne sais plus ce qui a déclenché cette histoire, mon dernier souvenir est que je faisais du sport, j'avais terminé... Trou noir, je ressors du stade et je reçois un violent coup derrière la tête, quand je me suis réveillé, j'étais dans une salle du lycée, qui était fermé pendant les vacances. J'étais ligoté et bâillonné, une bande de lycéens était là, ils attendaient que je me réveille pour me rouer de coups en me traitant de pédé... Ils se sont mis ensuite à discuter d'un moyen de se débarrasser de moi, et ont décidé de... me brûler vif. Ils ont envoyé Michel chercher un jerrycan chez son père.
Je lui raconte le reste, tremblant de plus en plus tandis que je raconte ma rencontre avec Michel, puis termine avec mon réveil dans mon jardin. Encore une fois, je ne parle pas de l'Autre.
J'attends maintenant son verdict, inévitable. Je suis un meurtrier. Je réalise soudain que je vais être séparé d'Alex, et cette pensée insupportable me fait éclater en sanglots.
- Yann... Je sentais qu'il y avait quelque chose derrière, mais je n'imaginais pas une chose pareille. Malgré tout, tu ne peux pas échapper à la justice...
Le bruit de la clé tournant dans la serrure nous interrompt, la porte s'ouvre sur Alex, qui nous regarde, surpris.
- Papa ? Mais qu'est-ce qui se passe ?
- Ne te mêle pas de ça, Alex.
- Tout ce qui le concerne me concerne, papa ! Yann, qu'est-ce qui se passe ?
- Il... il sait pour Michel.
Pierre sursaute, puis regarde son fils bouche bée.
- Dis-moi que ce n'est pas vrai... Il t'a tout dit ?
- Oui, tout ! Je sais que Yann l'a tué, et il a assez souffert comme ça pour que tu en rajoutes !
- Alex, tu ne réalises pas...
- Si, au contraire, plus que toi, papa. Tu vas arrêter ça tout de suite.
- Je ne peux pas faire une chose pareille, Alex.
- Oh que si, à moins que tu ne veuilles me rendre une nouvelle visite à l'hôpital ?
Pierre pâlit.
- C'est... c'est cruel ce que tu me dis là.
- Moins que ce que tu es en train de me faire en voulant nous séparer. Beaucoup moins ! Laisse-nous en paix !
Pierre se lève, toujours aussi pâle.
- C'est vraiment ce que tu penses ?
- Oui !
Pierre quitte la maison sans un mot, me laissant sidéré. Voyant Alex éclater en sanglots, je me précipite pour le serrer dans mes bras. Mais que lui dire alors que je ne comprends même pas la moitié de ce qui vient de se passer ? Sauf le principal, à savoir qu'Alex et son père se sont probablement brouillés définitivement à cause de moi. J'accentue ma pression, massant son dos, tout en essayant de chasser la culpabilité qui me pèse de plus en plus. Je n'ose d'abord rien dire, de peur de le blesser, mais finis par me lancer.
- Alex... Je... je suis désolé.
- Yann... J'ai été horrible avec lui... il ne voulait que me protéger de toi.
- Je comprends... Mais que va-t-il se passer, maintenant ?
- Il ne fera rien... Je vais en payer le prix, car il n'est pas près de me reparler de sitôt, mais il ne fera rien.
- Mais que s'est-il passé ? C'est quoi cette histoire d'hôpital ?
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