CHAPITRE LXXXIV
''Indecens rogationem''
''Indecens rogationem''
Il était quatre heures de l'après-midi quand Burydan s'arrêta en haut d'une colline qui surplombait Ween'Doz, la capitale de Mik'Rosoft. En simérien ''Ween'Doz'' signifiait ''ville nouvelle'', et Burydan savait que Doss, l'ancienne capitale, avait été délaissée au profit de la nouvelle, créée de toute pièce par le roi Bilgaitz avec les toutes dernières techniques : évacuation des eaux usées, rues larges, trottoirs, etc...
Du haut de sa colline, la ville était... surprenante. Ses murailles formaient un carré parfait et les deux grandes artères qui la traversaient, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, se croisaient en angle droit, formant quatre carrés plus petits. Mais le plus étonnant, c'était que chaque carré était d'une couleur différente, comme si chaque maison et chaque toiture devaient être peintes d'une couleur particulière. En haut, à gauche, le quartier rouge ; en haut, à droite, le quartier vert ; en bas, à gauche, le quartier bleu ; et en bas, à droite, le quartier jaune.
Burydan passa par l'une des quatre portes de la ville, encombrée par un embarras de chariots et de gens à pied, quitta l'artère principale et s'enfonça dans le quartier jaune. Il avisa une auberge avec une écurie attenante et démonta. L'auberge s'appelait ''Le Chat Potté'', et l’enseigne représentait un chat avec des grands yeux adorables... Un palefrenier, grand et dégingandé, comme tous les palefreniers, sauf Raven, le héla :
- Bonjour m'sieur, vous allez gîter à l'auberge ?
- Oui-da
- Vous voulez que je m'occupe de votre cheval ?
- Si tu en prends soin.
- Comme si c'était le mien, m'sieur.
- C'est quoi ton nom ?
- Johann.
Arion suivit docilement Johann et Burydan pénétra dans l'auberge. Toutes les conversations cessèrent et les yeux se braquèrent sur lui.
- Euh... bonjour...
Des bonjours grommelés et les conversations reprirent.
- Bonjour à vous, monsieur, je me nomme Léontine et suis la tenancière de céans. Que puis-je faire pour vous ?
- Bien le bonjour à toi, Léontine, je voudrais ta meilleure chambre.
- Oh, toutes mes chambres sont excellentes.
- Je n'en doute pas, mais je veux la meilleure, avec salle d'eau et commodités... si tu as ça, évidemment...
- Oh, pour sûr que j'ai une chambre comme ça. Mais elle coûte plus cher que les autres.
- Ce n'est pas un problème.
- Pour combien de temps ?
- Je ne sais pas encore.
- Très bien. Donc la chambre du quatrième étage... petit déjeuner ? Déjeuner ? Souper ?
- Les trois...
- Ah, voilà un client comme je les aime... Joachim ! JOACHIM !!
Un garçon, de dix sept ou dix huit ans arriva.
- Ah, Joachim, mène monsieur à la chambre du quatrième, veux-tu ?
- Oui madame.
Joachim fit un immense sourire à Burydan et le précéda dans le viret. Il s'arrêtèrent au quatrième étage et Joachim ouvrit la porte de la seule chambre du palier.
Chambre classique : un grand lit, une armoire, une commode, une table et deux chaises et une porte qui menait à la salle d'eau.
- Où se trouvent les commodités ?
- Juste en face monsieur, dit Joachim en faisant bouffer les oreillers.
- Très bien. Joachim, peux tu m'apporter un pichet de vin premier choix, un pichet d'eau fraîche et deux gobelets ?
- Tout de suite monsieur...
Burydan terminait de ranger ses affaires quand Joachim réapparut, les bras chargés d'un plateau. Il le déposa sur la table.
- Merci, dit Burydan, veux-tu prendre un godet avec moi ? Je déteste boire seul...
- Avec le plus grand plaisir monsieur.
Ils s'assirent et Burydan les servit.
- Dis moi, Joachim, comment se fait-il que tu travailles céans ? D'habitude, dans les auberges, ce sont des chambrières qui officient...
- Ici, monsieur, il n'y a que des valets.
- Quoi ?! Que des garçons ?!
- Oui monsieur, nous sommes trois...
- Y a-t-il une raison à ça ?
- Oui monsieur. Une jour dame Léontine a surpris son mari, Benoît, dans une position fâcheuse avec une des chambrières. Elle a jeté la dévergondée dehors, a fait une scène épouvantable à son mari, lui jetant à peu près toute la vaisselle de la cuisine à la tête, a désoccupé toutes les jeunes filles qui travaillaient ici
- Et ?
- Et n'a rengagé que des garçons.
- N’a-t-elle pas perdu beaucoup de sa pratique ? Les clients aimant lutiner les chambrières ?
- Excessivement, monsieur... mais elle a gagné de nouveaux chalands...
- C'est à dire ?
- C'est à dire, monsieur, que certains hommes aiment égayer leur nuit avec des jeunes garçons...
- Tu veux dire que... toi... et tes collègues... vous...
- Oui monsieur...
Burydan le regarda intensément. Il était plutôt mignon. Brun, les cheveux mi-longs, un beau visage, des yeux marrons et un corps qui semblait ferme et tonique.
- Et combien cela coûte ?
- Cela dépend monsieur.
- De quoi ?
- De ce que vous voulez.
- Je t’écoute...
- 5 capokeis si vous voulez que je vous prenne dans ma bouche, 10 si vous voulez me besogner et 20 si vous voulez que je laboure comme chienne lubrique dans votre lit toute la nuit...
- Comme chienne lubrique ?
- Si vous avez appétit à cela... En somme, je ferai tout ce que vous m'ordonnerez de faire et vous pourrez me faire tout ce que vous voudrez me faire... toute la nuit... enfin, presque... il me faut quand même quelques heures de sommeil pour reprendre des forces et pouvoir faire mon travail...
- Et comment sont tes collègues ? physiquement, je veux dire...
- Ah ça, il y en a pour tous les goûts, monsieur. Lucas est blond comme les blés, très fin, avec une peau de lait et des taches de rousseur. Alix est roux, le corps très musclé avec de grands yeux verts...
- Et toi, le brun, avec des grands yeux marrons... et question corps ?
Joachim sourit et se leva. Il ôta sa chemise et abaissa son pantalon.
Il avait un joli torse finement musclé, de beaux pectoraux bien dessinés et un ventre où les muscles abdominaux commençaient à saillir, une peau dorée et un très joli morceau entre les jambes, plutôt appétissant.
- Tourne toi, dit Burydan.
Joachim sourit et se retourna. Joli dos bien charpenté, belle chute de reins et un sublime petit cul, musclé et bien rebondi.
Il se retourna et se rhabilla.
- Monsieur est-il intéressé ?
- Très. Tu es libre cette nuit ?
- Oui monsieur.
- Très bien... je prends l'option chienne lubrique...
- Je serai dans votre chambre à neuf heures du soir...
- A ce soir alors... j'ai hâte...
- Moi aussi... monsieur...
Burydan redescendit.
- Dis moi, Léontine, y a-t-il des bains publics près d'ici.
- Oh oui mon gentilhomme, prenez à dextre en sortant et ce sera la... deuxième... non, troisième à votre senestre.
- Laisse moi deviner, un grand bâtiment jaune ?
- C'est exactement ça, dit Léontine en riant.
Burydan trouva les bains publics, se lava dans une eau tiédasse et grisâtre, se fit rabattre le poil, dîna plutôt bien à l'auberge et remonta dans sa chambre en attendant Joachim.
A neuf heures précises on frappa à sa porte.
- Entrez !
Joachim entra, referma la porte au verrou et s'approcha de Burydan. Il posa une besace au pied du lit.
- Je suis à vous pour toute la nuit, monsieur...
- Déshabille toi... chienne !