21-09-2020, 08:52 PM
5 - Stef
- J'avais pu fuir Sylvie et cette vie... Mais pas moi-même. Je devais affronter une vérité qui me paraissait ignoble. J'avais réussi à repousser tout ça pendant un temps, mais comment continuer à nier après ce qui s'était passé ? Ça ne m'était pas possible, tout comme il m'était impossible d'accepter ce que j'étais. Tu devines où ça m'a conduit...
- Une nouvelle dépression ?
- Oui... Pire qu'à l'époque de Seb. Et quand j'ai touché le fond...
Je tire sur la corde de toutes mes forces pour en vérifier la solidité, mais elle tient bon, solidement accrochée à la poutre qui court le long du plafond du grenier. Debout sur un carton, je regarde la boucle qui la termine, tandis que mes pensées tournoient furieusement.
(*Yann ! Tu ne va pas faire une chose pareille ?)
(Silence)
(*Tu crois que je vais rester silencieux ? C'est ma vie, aussi, je te signale. Arrête ça tout de suite)
(Je n'en peux plus. Je n'en peux plus de souffrir)
(*Il y a d'autres solutions, bon sang ! Cherche conseil auprès de quelqu'un, n'importe qui qui pourrait te comprendre, mais ne fuis pas comme ça ! Tu vaux mieux que ça ! Il y a toujours une issue, Yann !)
Je passe ma tête dans la boucle et resserre le nœud.
(*Yann, je t'en supplie... Ne fais pas ça)
Je m'avance jusqu'au bord.
Le moment de vérité.
Je me rends compte que je tremble.
J'avance mes pieds encore un poil, les faisant dépasser.
Mon tremblement s'est accentué, il s'est étendu à tous mes membres.
(J'ai peur. C'est ce qui me fait trembler ainsi, je suis mort de peur)
(*C'est parce que tu veux vivre, Yann ! Reprends tes esprits et arrête tout ça !)
Je ferme les yeux.
Devant moi, la mort, la fin de ma souffrance. Un simple bond en avant.
Derrière moi, la vie, devoir affronter ce que je suis. Un simple pas en arrière.
Entre les deux... Moi, tremblant comme une feuille.
(Y a-t-il une seule bonne raison pour ne pas en finir ?)
(*Moi, Yann ! Je t'en supplie, je ne veux pas mourir...)
Je repousse ma Voix, la seule réponse que je veux écouter doit venir de moi-même.
(Stef... Même penser à toi ne me suffit pas. Pardonne-moi, mon frère adoré, pour le mal que je vais te faire)
Je me rends soudain compte que je cherche toutes les excuses possibles pour abandonner.
(Si j'attends encore, je vais redescendre de ce carton... Finissons-en)
- YANN ! NOOOON !
Le cri déchirant, dans lequel je reconnais la voix de Stef, me fait sursauter, puis vaciller sur le bord, avant de glisser... Pour être rattrapé juste à temps par mon frère. Il me remonte le temps de m'ôter la corde qui m'enserre le cou, avant de me ramener au sol. Je ne tiens plus sur mes jambes, trop faibles tout d'un coup, et je m'effondre, pris d'un malaise.
Alex reste silencieux, il ne trouve pas de mots pour exprimer ce qu'il ressent, aussi vient-il me serrer fortement dans ses bras. J'ai un nœud dans la gorge, souvenir fantôme de la corde qui l'enserrait, à chaque fois que mes pensées reviennent à cette époque.
- C'est affreux, Yann, que tu aies autant souffert... Pourquoi ton autre personnalité n'est-elle pas intervenue ?
- Elle n'était pas suffisamment présente à l'époque, sa force de volonté n'était rien comparée à maintenant.
- Que s'est-il passé avec ton frère ?
Lorsque je reprends mes esprits, je suis allongé sur mon lit. Stef est là, assis sur ma chaise, me veillant.
- Yann ! Bordel, mais ça ne va pas de faire une chose pareille ?
Des larmes se mettent à couler le long de mes joues.
- Je suis désolé... Je n'en pouvais plus de souffrir.
- Mais pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
- Je... Je ne pouvais pas, Stef.
- C'est à cause de Sylvie ?
Je détourne la tête, avant de dévier sur un autre sujet.
- Tu as prévenu nos parents ?
- Pas encore. Je veux te parler seul à seul, là. Je veux comprendre, Yann, pourquoi tu as voulu te tuer ! Peux-tu imaginer ce que j'ai ressenti en te voyant là-haut ? J'étais horrifié, Yann !
- Je suis désolé... Je ne pensais plus qu'à moi, à ma douleur, je n'en pouvais plus !
- Dis-moi ce qui ne va pas.
- Je ne peux pas...
- Je te jure que ça restera entre nous. Je suis ton frère avant toute autre chose, Yann, tu te souviens au moins de ça ?
Je pleure de plus belle, incapable de parler pour le moment. Stef s'allonge à mes côtés et me prend dans ses bras, attendant patiemment que ça se termine. Il l'a fait souvent, par le passé, et ces souvenirs remontent en moi, ainsi que beaucoup d'autres. L'étreinte des bras protecteurs de mon frère me calme peu à peu.
- Je suis désolé, Stef.
- Tu l'as déjà dit, me dit-il doucement. Je t'en prie, Yann, raconte-moi.
- Je... je... j'ai peur, Stef.
- De quoi ?
- De ce que tu vas penser de moi si je te le dis.
- Comment peux-tu imaginer que je pourrais changer d'avis à ton sujet ? Tu as tué quelqu'un ?
- Ça ne va pas ?
- Violé une fille ?
- Bien sûr que non...
- Tu te drogues ?
- Mais non...
- Tu as fait des cambriolages ?
- Ou... Qu'est-ce que c'est que cette énumération à la noix ? Tu sais bien que non.
- Tu as dit oui, avant d'essayer de détourner la conversation, je n'ai pas rêvé ?
- Tu as rêvé.
- Yann...
(Ah, c'est le bouquet, quel con je suis !)
- Tu as rêvé. Ce n'est pas du tout ça, mon problème.
- Alors dis-moi.
- Je...
Mon corps est de nouveau pris de tremblements, j'ai tellement peur de sa réaction... Stef le sent, et me serre plus fort contre lui.
- J'aime les hommes, Stef, finis-je par avouer en me mettant à pleurer de nouveau.
Un long silence s'installe, très douloureux pour moi, tandis que mon frère digère la nouvelle.
- Mais... Sylvie m'a dit que vous étiez ensemble ?
- Un mensonge. Elle disait ça pour que nos parents ne se doutent de rien et me laissent tranquille.
- C'est sympa de sa part.
(Si tu savais...)
La réponse qu'il vient de faire finit par atteindre pleinement mon esprit, et j'ose regarder mon frère en face.
Pas de trace de dégoût ou de rejet sur son visage. Seulement son amour et son inquiétude.
- Stef... Tu en penses quoi ?
- Rien... Ce que tu fais de ta vie ne concerne que toi, il me semble, ce n'est pas moi qui vais te juger là-dessus.
- Tu as quand même une opinion personnelle ?
- Oui, bien sûr. Tu es mon frère, et je t'aime toujours autant. Ça te va, comme opinion ?
- Tu... Tu le penses vraiment ?
- Je te le jure, mon petit Yann. Je te le jure.
Je sens comme un grand poids disparaître de mes épaules, le fait d'être compris et accepté par Stef me fait beaucoup de bien, plus que je ne l'imaginais.
- Tu as un petit ami ? Me demande-t-il.
- Non ! Je n'arrive déjà pas à accepter mes propres sentiments. Même si je ne peux plus les nier... Ça me rend dingue, Stef.
- Si t'accepter tel que tu es est la condition pour que tu cesses de souffrir, il n'y a pas photo, non ?
- Tu crois que c'est aussi facile ?
- Tu veux continuer à avoir aussi mal ? Je t'accepte, moi, pleinement, tel que tu es.
- Stef...
- Essaie. Je ne supporterai pas de te voir à nouveau comme tout à l'heure. Si je n'étais pas rentré plus tôt, si je n'avais pas monté l'escalier vers ma chambre et vu l'échelle du grenier abaissée... Plus jamais ça, Yann. Je te soutiendrai autant que je le pourrai, mais c'est à toi de faire cet effort.
Ne trouvant pas mes mots pour lui répondre, je rends son étreinte à mon frère, essayant d'y puiser la force d'affronter l'avenir.
- J'avais pu fuir Sylvie et cette vie... Mais pas moi-même. Je devais affronter une vérité qui me paraissait ignoble. J'avais réussi à repousser tout ça pendant un temps, mais comment continuer à nier après ce qui s'était passé ? Ça ne m'était pas possible, tout comme il m'était impossible d'accepter ce que j'étais. Tu devines où ça m'a conduit...
- Une nouvelle dépression ?
- Oui... Pire qu'à l'époque de Seb. Et quand j'ai touché le fond...
Je tire sur la corde de toutes mes forces pour en vérifier la solidité, mais elle tient bon, solidement accrochée à la poutre qui court le long du plafond du grenier. Debout sur un carton, je regarde la boucle qui la termine, tandis que mes pensées tournoient furieusement.
(*Yann ! Tu ne va pas faire une chose pareille ?)
(Silence)
(*Tu crois que je vais rester silencieux ? C'est ma vie, aussi, je te signale. Arrête ça tout de suite)
(Je n'en peux plus. Je n'en peux plus de souffrir)
(*Il y a d'autres solutions, bon sang ! Cherche conseil auprès de quelqu'un, n'importe qui qui pourrait te comprendre, mais ne fuis pas comme ça ! Tu vaux mieux que ça ! Il y a toujours une issue, Yann !)
Je passe ma tête dans la boucle et resserre le nœud.
(*Yann, je t'en supplie... Ne fais pas ça)
Je m'avance jusqu'au bord.
Le moment de vérité.
Je me rends compte que je tremble.
J'avance mes pieds encore un poil, les faisant dépasser.
Mon tremblement s'est accentué, il s'est étendu à tous mes membres.
(J'ai peur. C'est ce qui me fait trembler ainsi, je suis mort de peur)
(*C'est parce que tu veux vivre, Yann ! Reprends tes esprits et arrête tout ça !)
Je ferme les yeux.
Devant moi, la mort, la fin de ma souffrance. Un simple bond en avant.
Derrière moi, la vie, devoir affronter ce que je suis. Un simple pas en arrière.
Entre les deux... Moi, tremblant comme une feuille.
(Y a-t-il une seule bonne raison pour ne pas en finir ?)
(*Moi, Yann ! Je t'en supplie, je ne veux pas mourir...)
Je repousse ma Voix, la seule réponse que je veux écouter doit venir de moi-même.
(Stef... Même penser à toi ne me suffit pas. Pardonne-moi, mon frère adoré, pour le mal que je vais te faire)
Je me rends soudain compte que je cherche toutes les excuses possibles pour abandonner.
(Si j'attends encore, je vais redescendre de ce carton... Finissons-en)
- YANN ! NOOOON !
Le cri déchirant, dans lequel je reconnais la voix de Stef, me fait sursauter, puis vaciller sur le bord, avant de glisser... Pour être rattrapé juste à temps par mon frère. Il me remonte le temps de m'ôter la corde qui m'enserre le cou, avant de me ramener au sol. Je ne tiens plus sur mes jambes, trop faibles tout d'un coup, et je m'effondre, pris d'un malaise.
Alex reste silencieux, il ne trouve pas de mots pour exprimer ce qu'il ressent, aussi vient-il me serrer fortement dans ses bras. J'ai un nœud dans la gorge, souvenir fantôme de la corde qui l'enserrait, à chaque fois que mes pensées reviennent à cette époque.
- C'est affreux, Yann, que tu aies autant souffert... Pourquoi ton autre personnalité n'est-elle pas intervenue ?
- Elle n'était pas suffisamment présente à l'époque, sa force de volonté n'était rien comparée à maintenant.
- Que s'est-il passé avec ton frère ?
Lorsque je reprends mes esprits, je suis allongé sur mon lit. Stef est là, assis sur ma chaise, me veillant.
- Yann ! Bordel, mais ça ne va pas de faire une chose pareille ?
Des larmes se mettent à couler le long de mes joues.
- Je suis désolé... Je n'en pouvais plus de souffrir.
- Mais pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
- Je... Je ne pouvais pas, Stef.
- C'est à cause de Sylvie ?
Je détourne la tête, avant de dévier sur un autre sujet.
- Tu as prévenu nos parents ?
- Pas encore. Je veux te parler seul à seul, là. Je veux comprendre, Yann, pourquoi tu as voulu te tuer ! Peux-tu imaginer ce que j'ai ressenti en te voyant là-haut ? J'étais horrifié, Yann !
- Je suis désolé... Je ne pensais plus qu'à moi, à ma douleur, je n'en pouvais plus !
- Dis-moi ce qui ne va pas.
- Je ne peux pas...
- Je te jure que ça restera entre nous. Je suis ton frère avant toute autre chose, Yann, tu te souviens au moins de ça ?
Je pleure de plus belle, incapable de parler pour le moment. Stef s'allonge à mes côtés et me prend dans ses bras, attendant patiemment que ça se termine. Il l'a fait souvent, par le passé, et ces souvenirs remontent en moi, ainsi que beaucoup d'autres. L'étreinte des bras protecteurs de mon frère me calme peu à peu.
- Je suis désolé, Stef.
- Tu l'as déjà dit, me dit-il doucement. Je t'en prie, Yann, raconte-moi.
- Je... je... j'ai peur, Stef.
- De quoi ?
- De ce que tu vas penser de moi si je te le dis.
- Comment peux-tu imaginer que je pourrais changer d'avis à ton sujet ? Tu as tué quelqu'un ?
- Ça ne va pas ?
- Violé une fille ?
- Bien sûr que non...
- Tu te drogues ?
- Mais non...
- Tu as fait des cambriolages ?
- Ou... Qu'est-ce que c'est que cette énumération à la noix ? Tu sais bien que non.
- Tu as dit oui, avant d'essayer de détourner la conversation, je n'ai pas rêvé ?
- Tu as rêvé.
- Yann...
(Ah, c'est le bouquet, quel con je suis !)
- Tu as rêvé. Ce n'est pas du tout ça, mon problème.
- Alors dis-moi.
- Je...
Mon corps est de nouveau pris de tremblements, j'ai tellement peur de sa réaction... Stef le sent, et me serre plus fort contre lui.
- J'aime les hommes, Stef, finis-je par avouer en me mettant à pleurer de nouveau.
Un long silence s'installe, très douloureux pour moi, tandis que mon frère digère la nouvelle.
- Mais... Sylvie m'a dit que vous étiez ensemble ?
- Un mensonge. Elle disait ça pour que nos parents ne se doutent de rien et me laissent tranquille.
- C'est sympa de sa part.
(Si tu savais...)
La réponse qu'il vient de faire finit par atteindre pleinement mon esprit, et j'ose regarder mon frère en face.
Pas de trace de dégoût ou de rejet sur son visage. Seulement son amour et son inquiétude.
- Stef... Tu en penses quoi ?
- Rien... Ce que tu fais de ta vie ne concerne que toi, il me semble, ce n'est pas moi qui vais te juger là-dessus.
- Tu as quand même une opinion personnelle ?
- Oui, bien sûr. Tu es mon frère, et je t'aime toujours autant. Ça te va, comme opinion ?
- Tu... Tu le penses vraiment ?
- Je te le jure, mon petit Yann. Je te le jure.
Je sens comme un grand poids disparaître de mes épaules, le fait d'être compris et accepté par Stef me fait beaucoup de bien, plus que je ne l'imaginais.
- Tu as un petit ami ? Me demande-t-il.
- Non ! Je n'arrive déjà pas à accepter mes propres sentiments. Même si je ne peux plus les nier... Ça me rend dingue, Stef.
- Si t'accepter tel que tu es est la condition pour que tu cesses de souffrir, il n'y a pas photo, non ?
- Tu crois que c'est aussi facile ?
- Tu veux continuer à avoir aussi mal ? Je t'accepte, moi, pleinement, tel que tu es.
- Stef...
- Essaie. Je ne supporterai pas de te voir à nouveau comme tout à l'heure. Si je n'étais pas rentré plus tôt, si je n'avais pas monté l'escalier vers ma chambre et vu l'échelle du grenier abaissée... Plus jamais ça, Yann. Je te soutiendrai autant que je le pourrai, mais c'est à toi de faire cet effort.
Ne trouvant pas mes mots pour lui répondre, je rends son étreinte à mon frère, essayant d'y puiser la force d'affronter l'avenir.
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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