Le don de guérir (Florian 18 ans surdoué) Livre 4 Tome 1

[laurentdu51100]

CHAPITRE 54 : « Shanpaï » « Takuma Nishimura-Kun »


« Cafétéria du campus. »

Takuma se trouve avec son plateau juste derrière l’armoire à glace le plus craint du campus depuis son arrivée l’année précédente et ce bien qu’il fasse également partie des juniors, l’arrêt brusque de ce dernier lui fait le heurter légèrement et s’en excuser dans la foulée, alors que le gars devant lui ne semble même pas y faire attention tellement la personne qu’il fixe depuis quelques secondes lui amène la stupeur de le voir en cet endroit.

Takuma regarde dans la même direction et remarque tout de suite son nouveau coloc qui semble en pleine discussion avec celui-là même pour qui il lui a avoué avoir des sentiments.

L’air conspirateur des deux garçons lui fait complètement oublier l’autre gars qu’il a heurté sans le vouloir, pourtant une courte phrase marmonnée par ce dernier lui attire soudainement l’attention.

- Jeune maître ?? Que fais-tu donc ici ??

Takuma comprend alors que la véritable identité de Tomoya ne va pas rester longtemps un secret s’il ne s’en mêle pas rapidement, il pose alors son plateau sur la première table à portée de main et se place devant l’étudiant imposant en relevant la tête au maximum de ses possibilités pour pouvoir le regarder dans les yeux, la différence de taille étant pour le moins comique du moins pour ceux qui se sont aperçus de leur présence.

- Tu connais le jeune prince ??

Naoki baisse à son tour la tête pour apercevoir enfin celui qui vient de lui adresser la parole, un sourire lui vient bien malgré lui quand il fait la similitude entre ce garçon et son coloc, les deux « minus » étant visiblement du même gabarit.

Il se rappelle alors la question.

- Toi aussi apparemment !!
- Normal puisque nous partageons la même chambre, tu devrais aller lui parler avant de dévoiler son identité à qui que ce soit !!
- Pourquoi devrais-je faire ce que tu me demandes ??
- Tout simplement parce que c’est le vœu des administrateurs de l’école et qu’ils ont demandé à Tomoya de garder le silence sur sa condition pour des raisons évidentes de sécurité.

Naoki fronce les sourcils, amusé malgré tout par le visage marquant la gravité du petit gars le dévisageant à s’en tordre le cou.

- Allons-y alors !! Je suis curieux de connaître le pourquoi de sa présence !!
- Tu peux attendre qu’il soit seul, le gars avec qui il parle ignore tout de lui tu comprends ??
- Qu’est-ce que vous avez tous les « minus » cette année à me prendre pour un imbécile ??
- Hein !!

Un geste énervé du bras.

- Laisse tomber tu ne comprendrais pas de toute façon !! C’est entendu, j’irai voir le jeune maître quand il sera seul !!
- Je peux te poser une question ??
- J’imagine que tu la poseras que je te réponde oui ou non, alors vas-y !!
- D’où tu connais Tomoya ??
- Mon père travaille au palais depuis que je suis né.
- « Tom » est donc un ami d’enfance pour toi ?? Il sera content de te retrouver alors !!
- Pfft !! Il ne sait sûrement pas que j’existe, nous n’étions pas autorisés en tant qu’enfants de la domesticité à côtoyer la famille impériale.
- Hum !! Je ne connais pas « Tom » depuis très longtemps mais je serais étonné, si tes paroles s’avéraient être la réalité.

Naoki observe cette fois avec un certain intérêt le petit gars toujours placé de façon à lui barrer la route, du coin de l’œil il remarque également le départ de celui avec qui le jeune maître était en pleine discussion.

- Eh bien nous allons très vite le savoir !!
- Pourquoi es-tu si pressé ?? Je peux aussi bien lui en parler le premier et organiser un rendez-vous avec lui.
- De quoi as-tu peur au juste ?? Tu penses que ce que je t’ai dit démontre que j’ai de l’amertume envers ce qu’il est ??
- J’avoue que…
- Détrompe-toi alors !! Si j’ai du ressentiment, c’est juste envers mes parents qui cherchaient à m’inculquer des principes d’un autre âge. Je n’ai rien contre le jeune maître, bien au contraire !!
- Vraiment ??
- Au palais il a toujours eu une place à part avec les personnes y travaillant, j’ai beaucoup ri en entendant raconter toutes les frasques qui mettaient hors d’eux ceux qui se prenaient un peu trop au sérieux dans leur rôle respectif.
- Ça ne m’étonne pas de « Tom » ! Hi ! Hi !

Naoki observe toujours celui qu’il nomme le jeune maître, il comprend que c’est le moment de lui parler avant qu’il ne termine son repas.

Il repousse sans brutalité le petit gars toujours planté devant le passage et se dirige d’un pas décidé vers celui qui depuis son enfance lui a amené une curiosité telle qu’il a souvent dû désobéir aux ordres et aux diverses menaces parentales.

Ce n’est qu’à deux pas à peine derrière Tomoya, que Naoki montre sa présence en se raclant doucement la gorge.

- « Hum-hum »

Tomoya se retourne pour voir qui se tient derrière lui et son regard remonte le long du corps imposant se trouvant sous ses yeux, jusqu’au visage qu’il reconnaît immédiatement et qui lui laisse échapper un petit cri de surprise.

- Naoki !!!



CHAPITRE 55 : « Shanpaï » « Shun Mori-Kun »


« Quai de gare à quelques kilomètres de l’université. »

Shun pousse un profond soupir d’exaspération en descendant du train, pourtant il doit bien reconnaître que cette école brille par l’excellence de ses cours et qu’une fois qu'il a réussi à bien faire comprendre à tous qu’il ne supporterait pas leur façon de le regarder, le reste de l’année précédente a été plutôt tranquille.

Normalement cette année devrait mieux se passer encore puisque les élèves de sa classe le connaissent et ne feront très certainement pas deux fois la même erreur, ne serait-ce déjà aux souvenirs des raclées qu’ils ont prises venant de sa part avant qu’ils ne comprennent que leur intérêt pour rester en bon état physique était tout simplement de faire comme s’il n’existait pas.

Un sourire le prend soudainement en final de ses déductions, se débarrasser des nouveaux ne devrait pas poser autant de problèmes surtout avec la séparation des dortoirs et des salles de cours, le système des badges étant en soi une idée fort pratique pour préserver son besoin de tranquillité.

Bien sûr beaucoup pour ne pas dire tous ne comprennent pas sa façon d’être, ignorant pourquoi un garçon comme lui ne veut pas s’entourer d’amis et frappe systématiquement tous ceux qui s’approchent de trop près avec un but très certainement fort louable mais que lui Shun ne peut plus accepter du fait des trop nombreuses fois où de soi-disant amis ont cherché à obtenir de lui des relations n’ayant plus rien à voir avec l’amitié qu’il éprouvait pour eux.

Abusé de nombreuses fois par des plus grands, voire même des adultes, il lui a fallu dès l’âge de treize ans s’endurcir suffisamment pour pouvoir leur échapper et devenir ce qu’il est devenu depuis lors, un expert en art du combat à mains nues qui n’hésite pas à se servir de son art pour ne plus avoir à subir encore et toujours les désillusions de sa jeunesse.

Seul le manager Ryôta connaît son passé douloureux créé juste parce qu’il est doté de charmes rares qui ne laissent personne indifférent et ce depuis son plus jeune âge, c’est ce même Ryôta qui a autorisé qu’il ait une chambre pour lui seul, comprenant qu’il ne serait pas prudent qu’un autre garçon en pleine force de l’âge soit mis en présence trop intime sur du long terme avec lui.

Un beau-père en prison pour inceste sur son fils mineur, une mère travaillant sans relâche pour subvenir aux besoins de ce même fils heureusement doué pour les études et promis à un bel avenir, si toutefois rien de fâcheux ne vient une fois encore ternir sa vie pas toujours et tant s’en faut, heureuse.

Shun marche lentement, peu pressé d’arriver à l’école et de revoir tous ces étudiants le regardant de côté en pensant qu’il ne s’en rend pas compte, il en est venu à haïr son physique qui ne lui crée que des soucis.

Déjà les premiers regards des personnes qu’il croise en chemin lui ôtent le sourire qu’il avait réussi à maintenir depuis sa sortie du train, comprenant que l’année écoulée a encore augmenté l’attirance des personnes des deux sexes à sa vue.

Pourtant ses habits cachent la plupart de ses formes et la casquette vissée sur sa tête masque la partie haute de son visage, ne laissant ressortir que sa chevelure noir corbeau le long de son cou gracile, à la peau blanche et sans défaut.

Des lunettes de soleil cachant son regard aux yeux si prenants qu’il lui suffit de fixer une personne pour que cette dernière en oublie le pourquoi de sa présence près de lui.

Une démarche se voulant traînante remplace celle habituelle d’une souplesse sans pareille et le voilà enfin rendu aux portes du complexe universitaire, fermant un instant les yeux pour se redonner le courage d’avancer.

Vu l’heure matinale, il ne croise personne jusqu’au hall principal où un drôle d’Olibrius s’avance dans sa direction et s’arrête le temps d’une seconde pour le détailler des pieds à la tête avec un froncement de sourcil marquant non pas l’intérêt mais plutôt la surprise et qui surprend Shun rien que par l’aspect inhabituel de la situation.

L’inconnu voit bien que quelque chose le trouble et c’est d’une voix désarmante de sincérité avec un amusement visible, qu’il l’entend lui dire la phrase qui tue.

- Quoi !! Tu n’as jamais vu un beau gosse ??

Shun en perd un bref instant la parole et ce n’est que quand le jeune rouquin sort de son champ de vision, qu’il s’entend dire à haute voix.

- Hein !!!

***/***

Florian s’arrête quelques mètres plus loin et se repasse le bref instant où le visage du garçon lui est apparu, il reste un moment songeur avec un certain nombre de questions en tête.

La première réponse qu’il en a n’est pas de celle qui le rassure et de fait lui en amène une multitude d’autres, commençant en premier par une certitude.

Celle qu’il n’est certainement pas de ce monde ou tout du moins de cette époque, les traits trop parfaits dénotant comme pour ceux qu’il avait à une époque recréée à l’image des élus et dotés de gènes évolués qui ne seront choses communes que dans plusieurs siècles, voire millénaires sur cette Terre.

Un sourire resplendissant lui vient alors, retrouvant d’un coup l’attrait à une vie qui commençait à le lasser sérieusement, reconnaissant la justesse des paroles d’Annie prodiguées quelques jours plus tôt.

Bien sûr il pourrait d’une simple pensée connaître tout de ce garçon depuis sa conception et ainsi comprendre ce qu’il en est mais alors où serait l’intérêt de gâcher le plaisir de la découverte par des moyens aussi faciles.

« Pensée »

Voilà une chose intéressante !! Décidément j’ai la nette impression que je ne vais pas m’ennuyer ici ! Hi ! Hi ! Mais chaque chose en son temps, déjà résoudre le problème de la double personnalité de mon « fils » et ensuite il sera temps de se pencher sur ce garçon au demeurant… hum !!…. Arrête « Flo », tu sais comment ça va finir sinon !!



CHAPITRE 56 : « Shanpaï » « Kasuki Tanaka-Senpaï »


Le chef de dortoir des deuxièmes années d’ingénierie, attend que les deux étudiants se soient éloignés pour sortir de la salle d’où il a pu assister avec surprise à cette étrange rencontre.

S’il ne connaît pas le petit rouquin que seul le badge lui indique qu’il est étudiant en médecine, il ne connaît que trop bien par contre le deuxième garçon et s’attendait à une tout autre réaction de sa part que celle d’ahuri qu’il a prise suite à la question ne manquant pas d’un certain humour venant du rouquin et qui visiblement a complètement déconcerté celui qui en temps normal ne se serait pas privé de lui allonger une droite en plein visage.

Un sourire amusé lui vient alors en se disant que c’était peut-être la bonne façon de procéder que de lui parler avec dérision mais surtout sans sembler montrer un intérêt quelconque à son physique.

Pourtant personne jusque-là n’y avait pensé, ou tout du moins n’avait réussi à mettre une telle expression dénuée de passion face au regard de Mori-Kun.

D’avoir assisté à cette rencontre fortuite lui fait repenser au jeune Kotaishi-Kun, une certaine similitude dans la perfection des traits de ces deux garçons l’interpelle alors et Kasuki reste un moment songeur à se demander s’il n’y aurait pas un lien de parenté quelconque entre les deux étudiants.

Bien sûr dans son esprit il n’y a pas photo et le beau Tomoya qu’il a eu l’occasion de croiser plusieurs fois déjà, emporte tous les suffrages, aussi bien au niveau de la sympathie qu’il dégage naturellement que par son comportement jovial envers tout le monde alors que lui aussi a dû subir sa vie durant les mêmes regards d’envie ainsi que les mêmes paroles ambiguës, voire plus explicites venant des personnes qui croisent son chemin.

Une idée lui vient alors en se faisant la remarque que sans doute les deux plus beaux gars de l’école vont se retrouver dans la même classe et c’est d’un pas rapide qu’il se dirige alors vers la salle des professeurs pour trouver la personne qui pourrait faire en sorte que son plan se réalise.

Son intention étant de les mettre en classe voisin de table pour voir si Tomoya sera rejeté manu militari comme ce fut le cas l’année précédente avec tous ceux qui ont tenté d’occuper la place restée libre.

Bien sûr il ne sera pas là pour y assister mais l’affaire devrait suffisamment défrayer la chronique des potins du campus pour qu’il en ait finalement un compte rendu explicite.

Une pensée le stoppe soudainement dans son intention en lui amenant une grimace d’anxiété, celle que Tomoya pourrait recevoir malgré tout, les mêmes coups brutaux que beaucoup d’autres ont reçus l’année passée et l’idée même d’imaginer que cela puisse lui arriver, le refroidit sérieusement dans sa détermination et du coup il reste un long moment comme bloqué en plein milieu du couloir, jusqu’à ce qu’une poigne ferme le secoue pour le faire réagir.

- Tanaka-Senpaï ?? Tu vas bien ?? Ça fait un petit moment que je te regarde et tu m’as l’air préoccupé, rien de grave j’espère ??
- Hein !! Heu, non !!

Kasuki tourne la tête pour reconnaître l’un des juniors de son dortoir.

- Ah !! C’est toi Takuma-San !! Tu voulais me demander quelque chose ??
- Non, pas vraiment !! C’est juste que je te voyais figé dans le couloir.

Kasuki sourit en repensant à ce qu’il voulait faire.

- Je me demandais juste ce qu’allait donner la rencontre entre Mori-Kun et le nouveau transféré Kotaishi-Kun !!
- (Takuma) Les deux beaux gosses du campus ! Hi ! Hi ! L’ange et le démon !!
- Sérieusement tu en penses quoi ??
- Je ne comprends pas trop la question ??
- Je me demandais s’ils allaient s’entendre ou alors se battre comme des chiffonniers dès le premier jour.
- Hum !! Shun sera toujours Shun mais je ne pense pas qu’il s’en prenne à Tomoya et d’ailleurs pourquoi le ferait-il puisque ce n’est certainement pas « Tom » qui va tomber en extase sur sa beauté alors qu’il est a minima aussi bien foutu. De plus si compétition il devait y avoir entre eux deux, ce n’est pas ici dans une école de garçon qu’elle aura lieu mais plutôt durant les rares occasions où nous verront les filles de l’université la plus proche.

Takuma marque un instant d’étonnement, comme s’il venait soudainement de repenser à quelque chose.

- Je comprends mieux pourquoi « Kei » a voulu à tout prix que « Tom » entre dans le club de musique et participe à Mister campus, c’est pour pouvoir se rendre là-bas pour draguer à l’occasion de chaque prestation organisée entre les deux écoles !! Avec « Tom » et Xiao, ça va être le succès garanti ! Hi ! Hi !
- Xiao ??
- C’est un nouveau qui entre en médecine cette année, il déchire grave lui aussi et c’est devenu un pote avec « Tom » et quelques autres, je sens que cette année va m’apporter des souvenirs mémorables ! Hi ! Hi !

Kasuki revoit la bouille du jeune rouquin en se rappelant que le badge le donnait lui aussi en cursus de médecine.

- Ce ne serait pas un petit rouquin ton Xiao ??
- Pas du tout !! Rouquin, tu dis ?? Il y a bien Kaito mais il n’est pas petit !! Ou alors… ah oui, je vois de qui tu parles, Tomoya a eu l’occasion de le rencontrer… c’est comment déjà… ah oui !! Il s’appelle Takumi quelque chose !! Mais je ne vois pas du tout la comparaison avec un gars qui déchire, c’est plus le genre rat de bibliothèque que play-boy du peu que j’en ai vu.

Kasuki se contente de hocher la tête sans marquer le sens de son geste car ce que lui en a eu comme impression n’était sensiblement pas la même que celle décrite par son junior.

Derrière la façade qu’il se donne pour une raison qu’il ignore encore, se cachent des traits qui lui en rappellent d’autres tout aussi camouflés par un masque d’indifférence pour le second et qui amènerait très certainement une immense surprise à ceux qui semblent les dénigrer par faute de voir au travers des apparences.