Le don de guérir (Florian 18 ans surdoué) Livre 4 Tome 1

[laurentdu51100]

CHAPITRE 51 : « Shanpaï » « Hayato Matsumoto-Kun »


« Cafétéria du campus, le matin tôt. »

Comme l’année passée, Hayato qui est un lève-tôt, se retrouve le premier à prendre son petit-déjeuner dans l’immense cafétéria et il est heureux de retrouver sa place près des grandes baies vitrées, celle qui a été la sienne durant sa première année d’art contemporain.

C’est un garçon relativement solitaire mais qui en est conscient, ayant pour cette raison choisi des activités qui nécessitent un travail d’équipe.

Il a donc rejoint comme l’année précédente le club de musique et celui de basket, s’y étant fait quelques amis dont un en particulier qu’il a été spécialement heureux de retrouver la veille lors de sa réinscription au club sportif où il était déjà licencié en première année.

Hayato est un garçon de vingt ans au physique des plus approprié pour ce sport, avec son mètre quatre-vingt-trois et ses soixante-seize kilos qui en font un beau bébé qui ne laisserait personne indifférent s’il n’était pas aussi introverti.

Pourtant sa cuirasse a été largement fissurée l’an passé avec l’arrivée au club de Takuma, sa jovialité et son esprit joueur l’ayant marqué comme au fer rouge, comprenant très vite quel genre d’attachement il ressentait pour lui mais n’osant pas faire les premiers pas qui avoueraient son orientation sexuelle aux yeux de tous.

Hayato espère bien que cette année les choses évolueront suffisamment pour qu’enfin une relation autre que strictement sportive s’instaure entre eux deux, déjà une pour qu’ils puissent apprendre à mieux se connaître et qui sait, réaliser son vœu le plus cher d’avoir peut-être un jour ce garçon comme compagnon de vie.

En buvant son thé à petites gorgées gourmandes, Hayato sourit béatement en déroulant le film de ce que pourrait être sa vie en compagnie de Takuma et il ne se rend visiblement pas compte que la salle autour de lui commence à se remplir, jusqu’à ce que plusieurs étudiants à force de le voir la fixer le rappellent à l’ordre.

***/***

Tomoya, justement parmi les derniers arrivants, fait partie de ceux qui entourent le jeune homme rêveur, il se rappelle les paroles de son compagnon de chambre et ami, lui avouant son attirance pour ce garçon.

Il s’installe donc avec son plateau à la même table et d’une façon toute aussi désarmante que naturelle, il lui pose la question qui tue.

- Tu pensais à « Tak » pas vrai ??
- Oui pourq… Hein… mais non !!!

Le visage complètement ahuri du garçon lui amène un sourire qui en d’autres occasions lui aurait valu un retour a minima identique mais qui-là ne change absolument pas l’expression des traits du gars à qui il l’envoie.

- Il m’a parlé de toi tu sais !!
- Hein !!
- Ho !! Reprends-toi tu veux bien, on croirait parler au crétin du campus là !!

Hayato commence à reprendre ses esprits, il se demande maintenant pourquoi ce gars magnifique est venu lui parler et c’est seulement après quelques longues secondes de réflexions, qu’il le remet dans le contexte en se rappelant où il l’a rencontré pour la première fois.

Ce n’est qu’après l’avoir remis, qu’il se remémore ses paroles depuis qu’il s’est assis à sa table.

- Excuse-moi mais j’étais perdu dans mes pensées et j’ai été surpris par ta présence, du coup je n’ai pas trop fait attention à ce que tu me disais. Je te reconnais, c’est toi qui es venu hier avec « Tak » pour t’inscrire au club de basket ?
- Entre autres oui !! Mais pour ma part j’étais venu juste pour voir avant de me décider, j’étais aussi avec Keisuke qui y était déjà également inscrit l’année passée !! Je dois y retourner dans la journée pour voir s’il n’est pas trop tard pour remplir mon inscription !!
- Ah !! D’accord… ce serait étonnant que le coach refuse, mais c’était quoi ta question déjà ??
- Fallait écouter mon gars !!
- Tu disais qu’il t’avait parlé de moi ??
- Pas aussi sourd que ça je vois ! Hi ! Hi ! En fait il se demandait si tu allais encore cette année faire celui qui ne remarque rien.

Hayato en a les yeux qui s’agrandissent de surprise.

- Comment ça ??
- Peut-être au sujet de ce qui te rendait aussi rêveur tout à l’heure pour que tu te laisses surprendre à ce point-là !!

Tomoya voit bien les rougeurs teinter subitement ses joues, signe évident qu’il ne s’était lui-même pas trompé sur le sens où était dirigée sa rêverie.

- Je pense que j’ai visé juste aussi pas besoin d’en dire davantage, à toi de saisir la balle au bond ! Hi ! Hi ! Pour un joueur de basket cela ne doit pas être bien difficile !! Ah oui, j’oubliais !! Je suis le coloc de Nishimura-Kun, pour si des fois tu n’étais pas sûr de qui je parle ! Hi ! Hi !

Tomoya ne veut pas troubler plus qu’il ne l’est à l’évidence ce jeune gars qu’il trouve plutôt sympathique au demeurant, il se lève donc pour s’installer à une autre table quand une voix à peine audible le retient.

- Il t’a parlé de moi ??

Tomoya se retourne vers lui qui le fixe avec intensité, un nouveau sourire de sa part accentue le trouble toujours présent d’Hayato.

- Tu en sais suffisamment pour trouver le courage de lui parler, je ne t’ai rien dit au cas où il serait curieux de connaître les raisons qui t’ont poussé à l’aborder sur ce sujet.
- Merci !!
- Tu n’as pas à me remercier, je fais ça également pour moi ! Hi ! Hi ! Je préserve ma tranquillité… tu comprends ??

Hayato relève les yeux pour fixer son interlocuteur, un sourire anime bientôt ses traits en montrant qu’il comprend bien le sens donné à ces dernières paroles et surtout de quel genre de tranquillité il parle, lui reconnaissant bien là tous les attraits tant physiques que moraux et qui amènent à son encontre les sentiments amoureux de ceux sans aucun doute nombreux qui s’y laissent prendre.

- Encore une fois merci et ce même si je pense connaître suffisamment Takuma pour savoir qu’il ne te ferait pas ça sans être certain que ce soit réciproque.



CHAPITRE 52 : « Shanpaï » « Hayato Matsumoto-Kun »


« Cafétéria du campus, le matin tôt. »

Hayato voit bien le sourire amusé qui embellit encore plus ce visage qui déjà le marque au fer rouge, la chaleur venant de ses joues lui fait comprendre qu’il serait temps pour lui de partir avant de trop se découvrir sur les pensées qui lui traversent l’esprit depuis l’apparition de cet ange venu de nulle part et qui l’a abordé avec un naturel désarmant en lui posant des questions intimes qu’il gardait, tout du moins le pensait-il, jusqu’à présent bien cachées.

Tomoya hoche la tête en signe d’accord sur ses dernières paroles et perçoit l’amorce de mouvement de l’autre garçon, qui à l’évidence ne tient pas à poursuivre outre mesure cette conversation.

- Je te laisse !! Pas besoin de te sauver ! Hi ! Hi ! Excuse-moi si mes paroles ont été trop directes, c’est sans doute parce que j’ai beaucoup voyagé et que j’ai un peu perdu le sens des convenances propres à notre pays, désolé si je t’ai amené la confusion car ce n’était vraiment pas mon intention !!

Hayato stoppe son geste en se rasseyant sur son siège, il voit Tomoya lui tourner le dos en tenant toujours son plateau et quelque chose qu’il ne saurait définir lui amène une certaine tristesse à le voir partir.

- Tu peux rester à ma table si tu veux. Maintenant que tu me le dis, je comprends mieux que ce que j’avais pris au premier abord pour une curiosité quelque peu déplacée, n’était en fait qu’une différence de culture.

Tomoya se retourne avec aux lèvres ce sourire désarmant qui ne laisse personne indifférent.

- N’en parlons plus alors !!

Il pose son plateau et s’assied en face d’Hayato, puis d’un air de conspirateur en baissant son ton de voix.

- Si tu me racontais les potins du campus, je suis nouveau comme tu le sais et ce serait bien que j’en sache un peu plus sur les us et coutumes de l’école, ce qu’il faut connaître et surtout ce qu’il faut éviter !!

***/***

« Dortoir aile droite, troisième étage chambre trois cent onze. »

Naoki jette un énième regard sur le lit voisin où le « minus » dort toujours, quand un bruit caractéristique venant de sous la couette lui fait plisser le nez par anticipation et lui amène un rictus d’amusement qui le surprend lui-même, n’étant pas du genre à sourire à une telle marque d’impolitesse.

« Proutttt !! »

Il voit la couette se soulever avec la tête rousse s’enfouissant un peu plus à l’intérieur.

- Wouah !! Il vient de loin celui-là, parole !!
- Et tu trouves ça drôle ??

La tête réapparaît pour le fixer, avec le regard brillant d’amusement.

- C’était ça ou exploser ! Hi ! Hi !
- Hum !! Je te signale quand même que tu ne vis pas seul dans cette chambre et que ce genre de chose devrait être évité, je ne suis pas obligé de me taper tes odeurs !!
- OK !! OK !! Message reçu cinq sur cinq !!

Florian se lève d’un bond pour se rendre dans la salle de bains, il ne voit pas le regard en soucoupe de son compagnon de chambre qui le temps d’un instant n’a pu que remarquer tellement ça semblait imposant, du moins par apport à la stature de crevette de son propriétaire, la chose en pleine bandaison qui lui remplit le boxer.

Un soupir lui vient en pensant que ce ne sont que les premiers jours d’une année qui va certainement lui sembler bien tourmentée avec un tel lascar partageant sa chambre.

Bien sûr il ne peut savoir encore à quel point il se trompe et combien celui qu’il appelle le « minus » va prendre d’importance pour lui au fur et à mesure que le temps passera en sa compagnie.

Pour l’instant il reste troublé par sa façon d’être et du rôle complètement différent qu’il se donne une fois sorti de la chambre, sans compter la curiosité de savoir où il a bien pu passer une partie de la nuit sans qu’il l’entende ni rentrer ni sortir.

Naoki sort alors de la chambre après un bref « j’y vais » pour prévenir le « minus » de son départ, il se dirige tout droit vers la salle radio du campus où il sait trouver ce qu’il a en tête.

Quand il y arrive, elle est encore vide du seul fait que les premiers bulletins ne sont diffusés qu’un peu plus tard dans la matinée, aussi s’empare-t-il rapidement de la petite caméra Bluetooth qui une fois connectée pour la nuit à son PC lui révélera si oui ou non il a eu des hallucinations.

Le temps de remplir le formulaire d’emprunt et le voilà ressorti avec le sourire satisfait de celui qui vient de trouver un moyen pour avoir les réponses qu’il cherche, ou tout du moins une partie non négligeable d’entre elles.

Il hésite un bref instant à retourner dans sa chambre, un coup d’œil à sa montre et après un bref passage de la paume de sa main sur son ventre qui subitement s’est mis à gargouiller, le voilà prenant la direction de la cafétéria tout en observant les rares étudiants déjà levés ce matin-là.

Il repère très vite les nouveaux à leurs façons de rechercher leur chemin, constatant par ce fait que les plus anciens ne sont pas encore tous arrivés et tant s’en faut, attendant sans doute le dernier jour pour profiter encore de leurs vacances.

Naoki sait très bien que ça va être la cohue ce jour-là et il est bien content d’être arrivé en avance, ayant pu tranquillement se mettre à jour pour les diverses inscriptions et activités nécessaires pour l’année à venir.

Il est tellement pris dans ses pensées, qu’il se retrouve à la porte de la cafétéria sans avoir eu l’impression de parcourir tout le chemin l’en séparant de sa chambre.

Ce n’est qu’au moment de s’installer à une table avec son plateau, qu’il tombe un bref instant en arrêt en le reconnaissant alors qu’il lui tourne encore le dos, le garçon en question parlant à voix basse à un étudiant qu’il connaît de vue.



CHAPITRE 53 : « Centre hospitalier De Bierne » « Afrique »


« Clinique vétérinaire ce matin-là. »

Raphaël vient juste d’arriver à son bureau et d’allumer son ordinateur, quand la porte s’ouvre sans prévenir et qu’un petit groupe d’hommes, tous approchants la quarantaine, y entre.

Il n’a pas le temps de poser la question sur leur visite matinale, que déjà ils sont tous devant son bureau à se pencher sur lui.

- (Guillaume) C’est quoi encore que cette histoire ? Florian serait à Shanpaï ??
- (Raphaël) Je vois que ton frère a déjà fait son rapport !! Vous n’aviez qu’à être là hier soir et vous ne vous poseriez pas toutes ces questions !! En plus pourquoi n’allez-vous pas interroger Annie ?? Après tout c’est avec elle qu’a parlé Florian !!
- (Jonas) Damien nous a tout raconté, nous voulons juste connaître ton opinion par rapport à tous ces derniers événements !!
- (Antoine) Ce n’est quand même pas rien d’apprendre un truc pareil, Xiao n’a rien dit d’autre ??
- (Éric) C’est bluffant quand même la ressemblance avec Mickaël, je ne pense pas que ce soit un hasard !! Trop de choses arrivent en même temps pour que ce soit le cas.

Raphaël se demande encore pourquoi c’est devant lui qu’ils viennent poser toutes ces questions, il attend donc que tout le monde se calme pour reprendre la parole.

- Si vous me donniez le but de votre présence dans mon bureau d’aussi bonne heure ce matin ?? C’est quoi au juste qui vous amène tous ici ??
- (Jonas) Nous devrions envoyer d’autres personnes là-bas au cas où !!

Raphaël lève les yeux au plafond en soupirant un grand coup.

- Pffttt ! Mais je rêve là ou quoi ?? Quel âge avez-vous donc tous ??
- (Antoine) C’est quoi le problème avec toi ?? Je trouve que l’idée n’est pas si mauvaise !!
- Si nous étions vingt ans en arrière je dirais comme vous mais depuis nous connaissons tous la vérité sur la véritable nature de Florian et ce même s’il ne le montre pas au grand jour quand il est avec nous, que voulez-vous qu’il puisse lui arriver qu’il ne soit pas capable de s’en débrouiller seul ??

Raphaël les regarde tous et comprend subitement la raison qui les a poussés à venir lui parler.

- Ah d’accord !! Ce n’est pas tant la sécurité de « Flo » qui vous préoccupe que le fait de vivre avec lui de nouvelles aventures, dites-le-moi si je me trompe !!
- (Jonas) Heu !! C’était un peu l’idée générale, j’avoue !!
- Ce n’est pourtant plus de votre âge d’aller faire le guignol dans une université !! Pensez plutôt à la génération de Xiao et demandez-vous ce qu’eux doivent en penser ?? Quelqu’un les a-t-il mis seulement au courant ?? Non ?? Pffttt !!! Ne vous étonnez pas après coup qu’ils vous fassent la gueule si vous n’avez pas plus de considérations envers eux !!
- (Guillaume) Damien m’a dit la même chose hier soir !!
- (Antoine) Je comprends mieux pourquoi vous êtes de nous tous, les deux avec « Dami » qu’ils préfèrent.

Un moment de silence suit la conclusion d’Antoine qui pourtant n’est pas une nouveauté depuis que les premières naissances ont vu le jour dans la communauté qu’ils forment depuis la disparition de Florian, il y aura bientôt vingt ans de ça.

Guillaume est le seul parmi ceux qui sont dans le bureau ce matin-là à en être particulièrement conscient du simple fait qu’il soit lui-même parent et que ses enfants depuis leur plus jeune âge n’ont d’yeux que pour leurs oncles Raphaël et Damien, au grand dam des autres qui n’ont jamais réellement compris pourquoi ces deux-là et pas eux.

- On ne va rien faire alors ?
- (Raphaël) Laissons Xiao nous faire ses rapports réguliers, ça semblerait vraiment louche de voir débouler de nouveaux étudiants, étrangers qui plus est alors que cette école reçoit déjà Xiao et Tomoya la même année, je ne pense pas qu’ils verraient d’un bon œil d’autres demandes de transferts.
- (Jonas) Pourquoi ?? À t’entendre ils se méfieraient de quelque chose ?? Il n’y a pas de raisons pourtant !!
- Tu crois ça ?? Réfléchis cinq minutes à ce que nous connaissons déjà de ce qu’il se passe là-bas.
- C’est-à-dire ??
- Débuter une nouvelle année avec un héritier du trône impérial et avec le petit-fils de la première fortune sur terre depuis qu’avec Hassan ils développent les découvertes de Florian en plus de leurs propres affaires, sans compter ce que représente ce fameux Toshio.

Il les voit tous à leur tête se demander où il veut en venir.

- Vous n’êtes guère curieux les gars !!
- (Jonas) Comment ça curieux ??
- (Antoine) Qu’as-tu appris sur lui ??
- En tapant son nom de famille, son lieu de naissance et en retraçant sa vie jusqu’à ce qu’il intègre l’université de Shanpaï, il ne fait guère de doute quant à son appartenance !! De plus, qui aurait pu voler cette fiole de sperme alors qu’elle était si précieusement gardée par les services de l’État Japonais ?
- (Antoine) Alors ?? Qu’as-tu appris ??
- Il semblerait que ce soit le fils…

Raphaël fait le signe « entre guillemet » avec ses deux mains.

-… maintenant que nous savons qui est réellement son père. Le « fils » donc disais-je d’un chef maffieux que Florian aurait déjà rencontré à l’époque et ce serait étonnant que l’école n’en soit pas informée, donc vous imaginez bien comment seraient perçus par eux de nouveaux arrivants aussi soudains mais surtout venant tous du complexe De Bierne.
- (Jonas) On ne peut rien faire alors ??
- Si bien sûr !!
- Dis-nous quoi alors ??
- Allez travailler !! Oust tout le monde, j’ai autre chose à faire et vous aussi !!