17-09-2020, 09:23 PM
1 - Refus
Samedi 13 décembre
Je suis assis sur mon lit, broyant du noir, quand Seb entre dans ma chambre.
- Qu'as-tu, Yann ? Ça fait plusieurs jours que tu restes enfermé.
- Rien.
- A d'autres ! Tu es en pleine dépression, oui.
Il ferme la porte et s'agenouille devant moi pour me regarder dans les yeux.
- Raconte-moi ce qui ne va pas.
- Je ne veux pas en parler.
- Tu vas souffrir de plus en plus si tu gardes ça en toi, il faut crever l'abcès.
Je me mets à pleurer, je ne peux pas en parler, pas de ça.
Seb s'assoit à côté de moi, et me serre dans ses bras, tentant de me réconforter.
- Allons, allons.
Ses mains massent mes épaules secouées de sanglots, il me rapproche de lui et pose ma tête sur son épaule.
Les vacances ont bien mal commencé, invité par les parents de Seb dans leur maison de campagne, j'ai été pris de dépression au bout d'une semaine.
Je ne pouvais tout simplement pas accepter ce que je ressentais pour mon copain.
J'avais pris de plus en plus conscience de mon désir de lui au cours de cette semaine, et quand, au sortir d'une baignade, nous nous sommes battus pour rire, presque nus...
Je réprime un haut-le-cœur à ce souvenir, le dégoût de moi-même qui m'envahit me plonge dans une nouvelle crise de larmes.
Seb caresse mes cheveux, déclenchant un frisson dans tout mon corps. Je secoue la tête.
- Yann... C'est ce qui s'est passé après la baignade ? Ce n'est rien du tout.
- Si... Non !
- C'était sérieux pour toi ? Ce n'était pas simplement l'excitation de la bagarre ?
Je tente de m'échapper de ses bras, mais il me tient fermement.
- Lâche-moi !
- Pas avant qu'on ait eu une explication tous les deux.
Je me débats, mais Seb est nettement plus fort que moi. Il me plaque sur mon lit, emprisonnant mes poignets de ses mains, et s'assoit sur mon bassin pour m'immobiliser. J'enrage, mais tous mes efforts sont inutiles, et je finis par retomber, épuisé.
- Bon, maintenant que tu es calmé, on va pouvoir discuter ?
- Non.
- Bon, alors je vais le faire pour toi.
- Pfff
- Tu ressens du désir pour moi, et tu ne l'acceptes pas.
- N'importe quoi, dis-je horrifié.
- Ah, vraiment ?
- Oui !
Il se penche vers moi, amenant son visage près du mien.
- Écoute-moi bien Yann. Ce n'est pas une maladie ou quelque chose de honteux. Je te dis ça parce que je ressens la même chose.
- Hein ?
- Oui, Yann, moi aussi j'éprouve du désir pour les garçons, je le sais depuis quelques années, comme toi j'imagine, sauf que moi je l'ai accepté.
Je le regarde, stupéfait.
- Ça te ferait beaucoup de bien si tu t'acceptais toi aussi tel que tu es, continue-t-il.
Les larmes me reviennent, et je sanglote doucement sous son regard.
- J'ai tellement honte...
- Il n'y a pas à avoir honte, Yann.
- Mais je ne suis pas normal !
- Celui qui dit ça mérite des baffes. Tu es normal, Yann, rentre-toi bien ça dans le crâne.
Seb libère mes poignets et s'allonge à côté de moi.
- Je ne peux pas, Seb. Et si mes parents l'apprenaient...
- Rien ne t'oblige à leur dire. Et ce n'est pas moi vais leur raconter ça.
- Et les tiens, ils savent ?
- Non. J'ai une copine, Lisa, elle est au courant, on a fait croire à mes parents qu'on était ensemble.
Je reste silencieux, Seb me laisse le temps de digérer tout ça, mais j'ai bien du mal.
Mes sentiments rentrent en conflit avec tout ce que j'ai appris, mes parents et tout mon environnement se sont ligués pour me faire considérer les gays comme des anormaux, et voilà que...
(Non ! Hors de question !)
Je secoue la tête, et Seb reprend la parole.
- Tu es ce que tu es, tout comme moi. On ne change pas, Yann.
- Je ne veux pas !
Je me réveille seul, reconnais la chambre d'Alex, et me mets à sourire en m'étirant.
Je me lève et prends une douche avant de me rhabiller, puis descend vers la cuisine.
- Bonjour mon cœur, bien dormi ?
(Mon cœur ? Mmm, c'est que c'est agréable à entendre)
- Oui, et toi mon cœur ?
- Très bien. On devrait dormir ensemble plus souvent.
- Je vais y réfléchir, dis-je en riant, avant de l'embrasser.
J'avise la cafetière et me sers un bol de ma boisson favorite.
- Tu n'as pas fait de cauchemar.
- Un rêve en fait, je suis revenu avant l'époque de mes cauchemars. Un moment pénible.
- Tu ne fais pas de rêves normaux, de temps en temps ?
- Si, mais je m'en souviens rarement.
Je réfléchis, puis prends une décision.
- Tu m'avais dit que je pouvais te parler de mon passé, si ça pouvait m'aider ?
- Bien sûr.
- J'en ai besoin, je crois.
Je replonge un moment dans mon passé.
- J'avais 16 ans quand j'ai vraiment pris conscience de mes sentiments envers les hommes. Mais l'accepter, ça a été une autre affaire. J'étais en vacances chez les parents de mon ami Seb, à la campagne. J'ai fait une dépression quand j'ai compris que mes sentiments envers mon copain relevaient plus du désir que de l'amitié. Quand, au sortir d'une baignade ensemble, on s'est battus pour s'amuser, on s'est retrouvés corps contre corps, en maillot de bain, et là, j'ai eu une érection incontrôlable. Il a ri, mais j'étais horrifié. Ça avait été la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Je suis resté enfermé dans ma chambre, mangeant à peine, et ses parents ne savaient plus quoi faire. Seb a fini par leur demander de le laisser seul avec moi et il est venu me parler.
- C'était si dur que ça, pour toi ?
- Mes parents m'ont donné une éducation religieuse plutôt stricte, puis m'ont collé dans un collège privé catholique. Pas vraiment l'environnement dans lequel un gay peut s'épanouir. Tout le contraire, même. J'étais... influençable. Bien plus que mon frère.
- Et que t'as dit ton ami ?
- Qu'il était gay lui aussi.
- Ah... Ça t'a aidé à t'accepter ?
- Pas vraiment. Il m'a fallu encore quelques années.
- Il t'aimait ?
- Non. Il me désirait, plutôt.
- Et que s'est-il passé ?
- Il... a été trop loin.
Je ferme les yeux, refoulant ma colère.
- Quoi ? Il a abusé de toi ?
- Comment dire ? Je n'étais pas d'accord au départ, mais il a su jouer sur mon désir pour obtenir ce qu'il voulait. C'est pourquoi je préfère dire qu'il m'a forcé la main. Je me suis dégoûté pour ce que j'avais fait, je n'étais pas prêt du tout à assumer ça. Pas encore.
- C'est dégueulasse.
- Nous étions jeunes... Seb a écouté ses hormones plutôt que son amitié, c'est cette trahison que je lui reproche encore aujourd'hui, plus que ce qui s'est passé. Mais à l'époque... c'était l'enfer.
- J'imagine.
(Seb... Tu m'as fait terriblement souffrir. Mais paradoxalement, tu as aussi sauvé mon avenir. Le destin suit parfois d'étranges chemins)
Samedi 13 décembre
Je suis assis sur mon lit, broyant du noir, quand Seb entre dans ma chambre.
- Qu'as-tu, Yann ? Ça fait plusieurs jours que tu restes enfermé.
- Rien.
- A d'autres ! Tu es en pleine dépression, oui.
Il ferme la porte et s'agenouille devant moi pour me regarder dans les yeux.
- Raconte-moi ce qui ne va pas.
- Je ne veux pas en parler.
- Tu vas souffrir de plus en plus si tu gardes ça en toi, il faut crever l'abcès.
Je me mets à pleurer, je ne peux pas en parler, pas de ça.
Seb s'assoit à côté de moi, et me serre dans ses bras, tentant de me réconforter.
- Allons, allons.
Ses mains massent mes épaules secouées de sanglots, il me rapproche de lui et pose ma tête sur son épaule.
Les vacances ont bien mal commencé, invité par les parents de Seb dans leur maison de campagne, j'ai été pris de dépression au bout d'une semaine.
Je ne pouvais tout simplement pas accepter ce que je ressentais pour mon copain.
J'avais pris de plus en plus conscience de mon désir de lui au cours de cette semaine, et quand, au sortir d'une baignade, nous nous sommes battus pour rire, presque nus...
Je réprime un haut-le-cœur à ce souvenir, le dégoût de moi-même qui m'envahit me plonge dans une nouvelle crise de larmes.
Seb caresse mes cheveux, déclenchant un frisson dans tout mon corps. Je secoue la tête.
- Yann... C'est ce qui s'est passé après la baignade ? Ce n'est rien du tout.
- Si... Non !
- C'était sérieux pour toi ? Ce n'était pas simplement l'excitation de la bagarre ?
Je tente de m'échapper de ses bras, mais il me tient fermement.
- Lâche-moi !
- Pas avant qu'on ait eu une explication tous les deux.
Je me débats, mais Seb est nettement plus fort que moi. Il me plaque sur mon lit, emprisonnant mes poignets de ses mains, et s'assoit sur mon bassin pour m'immobiliser. J'enrage, mais tous mes efforts sont inutiles, et je finis par retomber, épuisé.
- Bon, maintenant que tu es calmé, on va pouvoir discuter ?
- Non.
- Bon, alors je vais le faire pour toi.
- Pfff
- Tu ressens du désir pour moi, et tu ne l'acceptes pas.
- N'importe quoi, dis-je horrifié.
- Ah, vraiment ?
- Oui !
Il se penche vers moi, amenant son visage près du mien.
- Écoute-moi bien Yann. Ce n'est pas une maladie ou quelque chose de honteux. Je te dis ça parce que je ressens la même chose.
- Hein ?
- Oui, Yann, moi aussi j'éprouve du désir pour les garçons, je le sais depuis quelques années, comme toi j'imagine, sauf que moi je l'ai accepté.
Je le regarde, stupéfait.
- Ça te ferait beaucoup de bien si tu t'acceptais toi aussi tel que tu es, continue-t-il.
Les larmes me reviennent, et je sanglote doucement sous son regard.
- J'ai tellement honte...
- Il n'y a pas à avoir honte, Yann.
- Mais je ne suis pas normal !
- Celui qui dit ça mérite des baffes. Tu es normal, Yann, rentre-toi bien ça dans le crâne.
Seb libère mes poignets et s'allonge à côté de moi.
- Je ne peux pas, Seb. Et si mes parents l'apprenaient...
- Rien ne t'oblige à leur dire. Et ce n'est pas moi vais leur raconter ça.
- Et les tiens, ils savent ?
- Non. J'ai une copine, Lisa, elle est au courant, on a fait croire à mes parents qu'on était ensemble.
Je reste silencieux, Seb me laisse le temps de digérer tout ça, mais j'ai bien du mal.
Mes sentiments rentrent en conflit avec tout ce que j'ai appris, mes parents et tout mon environnement se sont ligués pour me faire considérer les gays comme des anormaux, et voilà que...
(Non ! Hors de question !)
Je secoue la tête, et Seb reprend la parole.
- Tu es ce que tu es, tout comme moi. On ne change pas, Yann.
- Je ne veux pas !
Je me réveille seul, reconnais la chambre d'Alex, et me mets à sourire en m'étirant.
Je me lève et prends une douche avant de me rhabiller, puis descend vers la cuisine.
- Bonjour mon cœur, bien dormi ?
(Mon cœur ? Mmm, c'est que c'est agréable à entendre)
- Oui, et toi mon cœur ?
- Très bien. On devrait dormir ensemble plus souvent.
- Je vais y réfléchir, dis-je en riant, avant de l'embrasser.
J'avise la cafetière et me sers un bol de ma boisson favorite.
- Tu n'as pas fait de cauchemar.
- Un rêve en fait, je suis revenu avant l'époque de mes cauchemars. Un moment pénible.
- Tu ne fais pas de rêves normaux, de temps en temps ?
- Si, mais je m'en souviens rarement.
Je réfléchis, puis prends une décision.
- Tu m'avais dit que je pouvais te parler de mon passé, si ça pouvait m'aider ?
- Bien sûr.
- J'en ai besoin, je crois.
Je replonge un moment dans mon passé.
- J'avais 16 ans quand j'ai vraiment pris conscience de mes sentiments envers les hommes. Mais l'accepter, ça a été une autre affaire. J'étais en vacances chez les parents de mon ami Seb, à la campagne. J'ai fait une dépression quand j'ai compris que mes sentiments envers mon copain relevaient plus du désir que de l'amitié. Quand, au sortir d'une baignade ensemble, on s'est battus pour s'amuser, on s'est retrouvés corps contre corps, en maillot de bain, et là, j'ai eu une érection incontrôlable. Il a ri, mais j'étais horrifié. Ça avait été la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Je suis resté enfermé dans ma chambre, mangeant à peine, et ses parents ne savaient plus quoi faire. Seb a fini par leur demander de le laisser seul avec moi et il est venu me parler.
- C'était si dur que ça, pour toi ?
- Mes parents m'ont donné une éducation religieuse plutôt stricte, puis m'ont collé dans un collège privé catholique. Pas vraiment l'environnement dans lequel un gay peut s'épanouir. Tout le contraire, même. J'étais... influençable. Bien plus que mon frère.
- Et que t'as dit ton ami ?
- Qu'il était gay lui aussi.
- Ah... Ça t'a aidé à t'accepter ?
- Pas vraiment. Il m'a fallu encore quelques années.
- Il t'aimait ?
- Non. Il me désirait, plutôt.
- Et que s'est-il passé ?
- Il... a été trop loin.
Je ferme les yeux, refoulant ma colère.
- Quoi ? Il a abusé de toi ?
- Comment dire ? Je n'étais pas d'accord au départ, mais il a su jouer sur mon désir pour obtenir ce qu'il voulait. C'est pourquoi je préfère dire qu'il m'a forcé la main. Je me suis dégoûté pour ce que j'avais fait, je n'étais pas prêt du tout à assumer ça. Pas encore.
- C'est dégueulasse.
- Nous étions jeunes... Seb a écouté ses hormones plutôt que son amitié, c'est cette trahison que je lui reproche encore aujourd'hui, plus que ce qui s'est passé. Mais à l'époque... c'était l'enfer.
- J'imagine.
(Seb... Tu m'as fait terriblement souffrir. Mais paradoxalement, tu as aussi sauvé mon avenir. Le destin suit parfois d'étranges chemins)
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