26-07-2020, 06:38 PM
CHAPITRE XX
''A fluctibus opes''
Il se fraya un chemin parmi les chariots. Les gardes de la porte par laquelle il entra le regardèrent d'un œil morne, l'air de s'ennuyer à cent sols de l'heure.
Il interpella un quidam qui passait
- Excusez moi, monsieur...
mais l'homme ne lui prêta aucune attention, l'air affairé. Il tenta de nouveau sa chance avec une femme qui tenait une petite fille par la main
- Excusez moi, madame...
La femme s'arrêta et rosit d'être ''madamée'' par un beau jeune homme
- Oui ?
- Pourriez vous me dire dans quelle direction se trouve le port ?
- Bien sûr, continue dans cette rue, passe la place principale et encore tout droit sur 500 toises, et tu y seras...
- Merci infiniment, madame...
Nouveau rosissement de la matrone et grand sourire.
Il prit donc la direction du port et enfin le vit. Okeanos (1), immense, puissant, source des richesses de Menast'Hérit lorsqu'il était calme, mais ravageur et meurtrier lorsqu'il était en colère, envoyant par le fond marins et navires et dévastant les villes et les villages qui s'étendaient sur ses rives. Indomptable, implacable, inégalable, magnifique et terrifiant à la fois. Les grands prêtres disaient que toute forme de vie venait de l'union d'Okeanos et de Pacha Mama (2), et Burydan était fier d'avoir un tel ancêtre.
Des dizaines de navires déversaient leur cargaison et des dizaines de chariots, chargés à ras bord, allaient vers l'intérieur de la ville. Burydan les suivit pour trouver le marché et gagner, en donnant la main, sa pitance. Mais il se rendit vite compte que, cette fois c'était peine perdue. Les chariots entraient dans de grands entrepôts où une armée de jeunes garçons robustes les déchargeaient et empilaient les produits. Un entrepôt pour chaque production : fruits et légumes, viandes, poissons, etc... Il s'approcha d'un gros homme qui aboyait des ordres :
- Excusez moi, monsieur, il n'y pas de marché à Menast'Hérit ?
- Pas comme tu l'entends, gamin. Ici, tout est géré par les Guildes. Ici, c'est l’entrepôt de la Guilde des Maraîchers, et c'est nous qui approvisionnons tout un chacun, particuliers et aubergistes, en fruits et légumes.
- Ah... et vous n'avez pas besoin d'un nouveau commis, par hasard ?
- Par les dieux non, j'en ai déjà assez... même trop... désolé, petit... va voir les autres Guildes, sait-on jamais...
Il lissa sa grosse moustache et lui donna une apparu.
Mais personne n'avait besoin d'un commis supplémentaire. Burydan fit le tour des auberges et des tavernes, mais il eut toujours la même réponse :
- Pas besoin pour l'instant, petit...
Burydan était désespéré. Il s'installa dans un sorte de petit parc et mangea le peu qui lui restait. A la nuit tombée, les torches qui éclairaient les rues furent allumées et il assista à un drôle de manège. Il était environ huit heures quand des garçons, de son âge environ, se postèrent d'un côté de la rue, séparés de deux ou trois toises, semblant attendre quelque chose. Un homme d'age moyen s'approcha d'un garçon, lui parla, fit le tour du minet, acquiesça, lui glissa quelque chose dans la main et il se dirigèrent vers une des auberges de l'autre côté de la rue. Burydan était perplexe quand d'autres hommes arrivèrent. Un garçon avait pris position près de lui. Burydan était dissimulé par un buisson et put donc entendre l'un de ces hommes qui s'approcha du garçon.
- C'est quoi ton nom, petit ?
- Gawen...
- C'est combien ?
- Deux sols si tu veux que je te suce... cinq sols pour... tout le reste...
L'homme fit le tour du garçon et tâta ses fesses.
- OK pour tout le reste, dit-il.
Il prit cinq sols dans son escarcelle et les donna au garçon.
- On va en face ? L'auberge est à ta charge...
Burydan était stupéfait. Ces garçons se prostituaient ! On lui avait dit que ça existait, surtout dans les grandes villes, mais il était persuadé que c'était des mensonges, la bougrerie étant interdite par la loi.
Il était dégoûté. Jamais, au grand jamais, lui ne vendrait son corps. Il préférait encore mourir de faim...
Quatre jours plus tard, son estomac lui faisant mal tellement il était vide, il prit place tout au bout de la rue.
Un gros bourgeois s'approcha de lui.
- C'est quoi ton nom, petit ?
- Burydan...
- C'est combien ?
- Deux sols si tu veux que je te... suce...
- Et pour le reste ?
- Non, ça, je ne fais pas.
L'homme leva les sourcils, haussa les épaules et se dirigea vers un autre garçon qui, lui, faisait ''tout le reste''. Pendant deux jours encore, tous ses clients potentiels lui tournèrent le dos quand il leurs disait qu'il ne faisait que sucer. Et il dû se résoudre à sauter le pas.
- C'est quoi ton nom ?
- Burydan.
- C'est combien ?
- Deux sols si tu veux que je te suce...
- Et pour le reste ?
- … Cinq sols...
L'homme fit le tour de Burydan, comme s'il hésitait avant d'acheter. Il se raidit quand le gros homme lui pelota les fesses.
- D'accord, dit-il en lui glissant cinq sols dans la main.
- On va en face... la chambre est à ta charge...
Ils entrèrent dans l'auberge qui louait ses chambres à l'heure et montèrent jusqu'au troisième étage. La chambre était petite, un lit et une chaise pour seul mobilier, et les draps étaient d'une propreté douteuse.
- Déshabille toi, lui dit l'homme.
Burydan enleva ses vêtements et cacha son sexe de ses mains.
- Et bien... enlève tes mains...
Il obéit en rougissant. L'homme s'approcha de lui et commença à le caresser.
- Ce que tu es beau, petit. Tous ces... muscles... et quelle belle queue tu as... mets toi à genoux...
Burydan se mit à genoux. L'homme s'approcha de lui et, abaissant son pantalon, sortit son sexe. Il était petit et fin. Et vu le gros ventre de son client, il n'avait pas dû le voir depuis longtemps...
- Allez, suce...
Burydan prit le sexe en main et le porta à ses lèvres. Il poussa un soupir de résignation et avala le gland. Il commença à sucer.
- Mieux que ça... applique toi...
Mais Burydan ne voulait pas s'appliquer. Il était mort de honte. Puis, une idée lui vint en tête, ''si je le suce avec application, peut-être que je le ferai jouir et qu'on s'arrêtera là...''
Burydan s'appliqua donc. Il enroula sa langue autour du gland et suça avec avidité, prenant la bite en gorge profonde de plus en plus vite.
- Oh oui, petit, c'est bon...
L'homme grognait et soufflait au fur et à mesure que le plaisir montait. Puis, soudain, il arrêta Burydan.
- Arrête, arrête, tu vas me faire jouir...
Burydan essaya quand même de continuer, mais son client se recula, la bite poisseuse de salive.
- Mets toi à quatre pattes sur le lit...
Burydan ne pouvait plus reculer. Il obtempéra, la mort dans l'âme.
- Penche toi en avant... mains qu'est-ce que c'est que ça ?! T'es... t'es... crasseux... quelle horreur... impossible que je mette ma bite là dedans...
Burydan rougit, honteux. C'est vrai qu'il ne s'était pas lavé depuis un bout de temps.
- Allez, finis moi avec ta bouche...
Burydan suça le gros homme jusqu'à ce que celui-ci, dans un râle, lui inonde la bouche. Il recracha son sperme.
- Et bien dis donc, petit, t'es pas doué... mais je vais être bon prince et te laisser les cinq sols... deux petits conseils pour la suite : d'abord, lave toi, parce que c'est vraiment dégoûtant, et, si tu veux avoir des clients, et les informations vont vite dans ce milieu, avale, c'est quand même pour ça qu'on te paye.
L'homme se rhabilla et partit. Burydan fit pareil. Avec cinq sols, il pouvait vivoter quelques jours, mais serait obligé de revenir. Il se résolu donc, après avoir pris un bon repas chaud, à se délester de quelques deniers et de se laver aux bains publics.
Il reprit son poste et attendit le chaland.
- C'est quoi ton nom ?
- Burydan.
- Combien ?
- Deux sols si tu veux que je te suce... cinq pour tout le reste...
- Hum, ça c'est un beau cul bien ferme... OK pour tout le reste...
- La chambre est à ta charge.
- Allez, fous toi à poil... t'es bien foutu... et quelle belle bite... à genoux et suce... oui, c'est bon... avale la... oh putain oui... c'est ça, prends la bien à fond... t'aimes ça, hein, t’aimes sucer ma queue... oui continue, pompe moi bien... oh putain ce que tu suces bien... arrête, arrête, tu vas me faire jouir... allez, sur le lit, à quatre pattes, j'ai envie de ton beau petit cul... penche toi en avant... quel beau petit trou... t'aime ça, t'aime te faire bouffer la chatte ?... tu frétilles comme un chien en chaleur... oh... tu la sens ma queue... tu sens comme elle te nique... t'aime ça, hein, t'aime te faire défoncer par une grosse bite... je vais te baiser comme un dingue, jolie petite pute... oh putain... allez couine, traînée, couine... aah... aaaah... aaaaahhhh !!! Oh putain ce que c'était bon... t'as aimé ça hein... nettoie ma bite... oui, lèche bien... à une autre fois, petit, je reviendrai te voir, t'es vraiment une bonne petite pute...
C'est ce qu'était devenu Burydan. Une petite pute. Et il avait honte. Tellement honte...
(1) Okeanos : dieu primordial de la mythologie utopienne. Personnification de l'océan. Frère de Selena, de Shagma et de Pacha Mama. Père, en s'accouplant avec Pacha Mama, de tous les êtres vivants.
(2) Pacha Mama : déesse primordiale de la mythologie utopienne. Personnification de la terre nourricière. Sœur de Selena, de Shagma et d'Okeanos. Mère, en s'accouplant avec Okeanos, de tous les êtres vivants.