16-09-2020, 08:48 AM
(Modification du message : 16-09-2020, 09:32 AM par laurentdu51100.)
CHAPITRE 123 (Aix en Provence) (fin)
Yuan se retrouve troublé à l’écoute des dernières paroles d’Antoine, il lui prend ses deux mains dans les siennes et fixe intensément ses yeux dans ceux de son ami, ensuite d’une voix rauque visiblement perturbée il lui demande.
- Qu’est-ce qu’il t’est arrivé donc ??
Antoine ressent toute l’empathie qu’il y a dans ce regard qui ne cesse de le fixer en profondeur au point qu’un long frisson lui parcourt le corps à la vision de ses grands yeux en amande, s’assombrissant de l’intérêt soudain qu’il lui porte.
C’est comme un grand flash dans la tête d’Antoine où tout, d’un seul coup devient clair et il s’étonne même de ne pas y avoir pensé plus tôt, le magnifique garçon en face de lui qui a toujours été un ami même s’ils ne se voyaient qu’occasionnellement est devenu depuis ces quelques jours beaucoup plus même, que le compagnon intime des jeux de sexe qu’ils vivent avec son cousin.
Antoine lui raconte donc d’une voix hachée par l’émotion, le viol organisé par ce même cousin et son soi-disant petit copain où il a été la principale victime ce jour-là tout du moins, car l’aventure semblait suffisamment bien roder pour qu’ils n’en soient pas à leurs premiers ni à leurs derniers coups d’essais.
Yuan le laisse terminer sans rien dire, ses yeux parlants pour lui en exprimant toute l’horreur et la tristesse de ce qu’a vécu son compagnon, comprenant mieux maintenant les réserves qu’il émettait quant à prendre du plaisir à aller plus loin avec lui.
L’envie de Yuan de prendre Antoine dans ses bras, lui fait comprendre brusquement que ce garçon est devenu pour lui beaucoup plus qu’un ami et c’est une pulsion irrépressible qui lui amène ses lèvres au contact des siennes pour un long baiser n’ayant de sens que les sentiments qu’il vient de se découvrir pour Antoine.
La surprise d’Antoine n’est rien à côté des battements affolés de son cœur, quand il lui rend son baiser avec une telle fougue qu’elle les laisse tous les deux un long moment à enfin comprendre ce qu’ils leur arrivent.
Les lèvres se détachent, un sourire resplendissant et des yeux brillants de bonheur, les lèvres qui reviennent à la charge avec cette fois la conviction que ce que l’un ressent est au diapason de l’autre.
Il leur faut plusieurs minutes pour qu’ils se séparent, les yeux mouillés d’émotions et qu’ils poursuivent leur chemin l’esprit encore embrumé de cette découverte du lien qui les unit, chacun déjà dans ses pensées à se demander comment ils vont l’annoncer à leurs proches.
C’est presque arrivé au lotissement, qu’une question se pose soudainement à eux et c’est en même temps qu’ils se tournent l’un vers l’autre pour se la poser.
- Et pour Florian ???
Un sourire leur vient, suivit d’une crise de rire avant qu’ils puissent enfin répondre chacun leur tour à cette question commune, mais qui à l’évidence les travaille quand même fortement.
- (Antoine) Il me semble que tu m’as déjà répondu une fois ?
- (Yuan) Oui mais pour toi ?
- (Antoine) Je l’ai toujours bien kiffé tu sais ?
- (Yuan) On pourrait en parler avec lui ? En plus ce n’est pas comme s’il n’avait pas déjà connu ce genre de situations !!
- (Antoine) Oui, mais il avait son Thomas et là pour l’instant il n’a que nous deux !!
- (Yuan) Qu’est-ce que ça change, si nous restons avec lui comme nous le faisions dans ses souvenirs ?
- (Antoine) Comme « tu » le faisais !! Je ne faisais pas parti du fameux « harem » je te rappelle.
- (Yuan) Sauf que là c’est bien parti pour !! Cette histoire de parenté n’a pas de sens, ce n’est pas comme si vous étiez intimes depuis tout gosse comme le sont la plupart des cousins !!
- (Antoine) Tu as sans doute raison !! Qui sait après tout si mon blocage avec lui ne vient pas plutôt de ce qu’il m’est arrivé ?
- (Yuan) Pour lui ce serait pareil alors, puisqu’il l’a appris apparemment avec autant de surprise et d’horreur que moi !!
- (Antoine) Ne nous faisons pas tout un monde de cette histoire, nous verrons bien comment les choses se présentent et puis il suffirait que nous retrouvions un de ses autres « amis » pour changer la donne !!
Antoine voit bien la grimace de Yuan à ses dernières paroles.
- Ça n’a pas l’air de t’enchanter des masses ? Tu me diras moi non plus, c’est que j’y tiens aussi à mon tit rouquin Bonobo Hi ! Hi !
***/***
J’entends le rire d’Antoine depuis la terrasse où je m’étais installé pour lire tranquillement, du coup je range le livre que j’ai encore en main car j’en ai un peu assez pour ce matin et je me lève ensuite pour les rejoindre, quand un sourire me vient brusquement en les voyant se tenir par la main avec un je-ne-sais-quoi qui me dit que quelque chose vient de changer dans la relation qu’ils avaient ensemble jusque-là.
Cette réalité n’a pas fini de m’amener des surprises bonnes ou mauvaises suivant le cas, celle-ci n’en étant qu’une de plus pour ce que l’avenir me réserve encore et je me dis qu’il serait fort étonnant que nous rencontrions un jour les triplés ou Patricia et que même si c’était le cas, il y a de fortes chances qu’il y aurait d’autres personnes auxquelles ils se seraient déjà attachés.
D’ailleurs cette idée me fait juste penser à un truc pourtant facile à vérifier, demander à Maurice s’il a un Victor Novack dans son service.
CHAPITRE 124 (Reims) (Quelques jours plus tard, un matin tôt)
«Palais de justice, bureau du juge pour mineur Annie Viala »
Annie prépare les dossiers qu’elle va avoir à juger dans l’après-midi, rien de bien grave aux premières lectures qu’elle en a fait et ceux-ci devraient ne pas lui prendre trop de temps, ce qui lui permettra d’aller faire les quelques courses personnelles qu’elle reporte sans arrêt.
« Toc ! Toc ! »
Annie sursaute car ce n’est pas dans les habitudes de ses collègues de s’annoncer de la sorte et le filtrage du service de sécurité n’aurait très certainement pas laissé pénétrer un inconnu, dans cette partie-là du Palais tout du moins.
- Oui ??
La porte s’ouvre alors sur un homme grisonnant à la carrure et au charisme certain qui entre sans paraître intimidé le moins du monde, ce qui vu la fonction d’Annie est suffisamment rare pour qu’elle s’en fasse la remarque.
- (Maurice) Bonjour Madame !! Vous êtes bien Annie Viala, la juge pour enfant ?
- C’est bien moi en effet, mais je ne crois pas vous connaître !! Monsieur… ???
- Désmaré !! Maurice Désmaré !! Voici ma carte, ma visite n’a pas été programmée à l’avance et je m’excuse de vous prendre au dépourvu de la sorte, mais il était important que je vous vois pour une affaire qui vient de ce matin même être déclaré confidentiel défense par notre président.
Annie l’écoute d’une oreille alors qu’elle prend connaissance de ce qui est inscrit sur la carte de visite.
- En quoi puis je vous être utile ?
- Je vais y venir, le temps que vous receviez de votre ministre de tutelle la preuve que je suis bien ce que je prétends être et qu’il vous confirme l’importance primordiale de garder pour vous ce que je vais vous apprendre.
- En attendant, veuillez vous asseoir monsieur Désmaré.
- Je pense que nous allons souvent avoir l’occasion de nous rencontrer, alors si cela ne vous gêne pas autant m’appeler par mon prénom et réciproquement.
- Soit !! J’avoue que cette visite m’intrigue au plus haut point, que vient faire le directeur de la DST dans le bureau d’une petite juge de province ?
- Vous n’êtes pas si petite que ça Hi ! Hi !
Annie est troublée par la repartie somme toute amicale de Maurice, elle trouve aussi que pour une affaire d’État il est plutôt relax dans sa façon d’être actuelle.
- Si nous en venions aux faits ? Il va de soi que je ne prendrais aucune décision quelle qu’elle soit avant d’avoir eu confirmation de la raison officielle de votre présence, maintenant rien ne vous empêche de m’en dire plus sur le sujet de votre visite.
- C’est exact !! Eh bien allons-y !! Connaissez-vous Florian De Bierne ?
- Décidément !! C’est la deuxième fois ce mois-ci que j’entends parler de ce garçon !! Et pour répondre à la question, j’aurais préféré et de loin ne jamais en avoir entendu faire de nouveau mention !!
- C’est aussi ce que je me suis dit avant de le connaître figurez-vous !! Que pouvez-vous m’en dire en restant dans les grandes lignes car je connais très bien son dossier et ma demande n’est motivée dans un premier temps qu’à connaître votre ressenti sur ce garçon.
Annie hésite un moment à donner des informations à cet homme qui pourtant a su la mettre en confiance dès son entrée dans son bureau, elle finit par sortir le dossier du jeune De Bierne d’un de ses tiroirs et en quelques phrases succinctes, lui explique ce qu’il en est mais surtout ce qu’elle en pense.
- Un garçon très prometteur pour passer de longues années aux frais du gouvernement apparemment !!
- Pourtant votre collègue de Paris ne tient plus le même langage alors qu’il m’a avoué que comme pour vous à l’instant, il pensait lui aussi qu’il n’y avait plus que l’enfermement comme solution pour ce garçon et d’ailleurs c’était bien dans son intention de le faire à la dernière comparution de Florian.
- (Annie) Il ne l’a pas fait parce qu’il a cru à son histoire d’amnésie, ce qui pour moi me semble une pure gageure au demeurant !!
- (Maurice) Croyez-vous vraiment que nous nous intéresserions à son cas s’il n’y avait rien de troublant dans son histoire ?
Maurice sort un dossier de son attaché-case, il va pour le tendre à Annie quand une question se pose à lui soudainement.
- Vous êtes bien mère de trois garçons ?
- C’est exact !! Je ne vois pas ce que viennent faire mes fils dans tout ça ?
- Ils sont en bonne santé ?
- Mais bien sûr, allez-vous me dire enfin à quoi riment ces questions sur ma famille ?
Maurice pousse un ouf intérieur de soulagement avant de répondre.
- Vous allez très vite comprendre, j’ai juste une dernière question et ensuite je vous laisserai prendre connaissance de ce dossier.
- Quelle est cette question ?
- Est-ce que Florian De Bierne pourrait connaître l’endroit où vous vivez ainsi que des choses privées quelles qu’elles soient vous concernant vous et votre famille ?
- Bien sûr que non !!
Maurice lui tend la pochette en souriant à l’avance.
- Alors regardez bien ce que contient cette pochette qu’il m’a remise spécialement pour vous !!
Annie va pour lui répondre que si c’est une plaisanterie, celle-ci ne l’amuse pas spécialement quand il lui fait comprendre d’un geste d’ouvrir ce qu’elle tient maintenant en main.
C’est avec un fort soupir d’exaspération, qu’elle retient ses paroles pour prendre connaissance de ce qui semble être suffisamment important pour qu’il se soit déplacé jusqu’à elle rien que pour le lui montrer.
Maurice suit de près ses expressions du visage au fur et à mesure qu’elle découvre les dessins la représentant elle et sa famille dans différentes pièces de son appartement.
Un certain temps se passe avant qu’Annie relève les yeux enfin sur lui, visiblement émue et troublée de ce qu’elle vient de voir.
- Si vous m’expliquiez ce que tout ceci signifie ?
- Ce que vous avez sous les yeux ne sont que les souvenirs de Florian qu’il a retranscrit fidèlement, souvenirs des presque deux ans qu’il nous assure avoir passés chez vous !!
CHAPITRE 125 (Reims) (Quelques jours plus tard, un matin tôt) (suite)
Annie prend alors une expression démontrant un tel effarement que Maurice ne peut s’empêcher d’en sourire tout en se rappelant qu’il n’y a pas si longtemps, il était lui-même dans le même état.
- Je sais très bien ce à quoi vous pensez sur l’instant, mais je vous assure que tout ceci est bien réel.
Il sort alors de sa poche ce qui ne le quitte plus depuis qu’il en a eu possession, si ce n’est qu’il en a fait plusieurs photocopies afin de préserver l’original et le montre à Annie avec toujours et encore la main tremblante d’une émotion encore fort présente.
Annie s’aperçoit bien sûr du trouble de son visiteur, elle en oublie un instant ses propres questions pour regarder attentivement le dessin qui en toute vraisemblance le représente entourer de sa famille.
- Vous avez de beaux enfants, félicitations !!
- Détrompez-vous !!
Il pointe du doigt son fils Erwan.
- À part celui-là, les deux autres me sont complètement inconnus et en ce qui concerne mon fils Erwan, il est décédé à l’âge de neuf ans et ça fait plus de dix ans que c’est arrivé !!
- (Annie troublée) Mais alors !! Vous aussi il vous a connu dans ses souvenirs ? Je comprends mieux votre question sur la santé de mes enfants, ça a dû être un choc terrible pour vous de voir cette image !!
La porte s’ouvre soudainement, interrompant la conversation et une femme apparaît tenant en main un dossier qu’elle remet à Annie en jetant un regard incrédule sur Maurice.
- Un courriel venant du ministère pour toi Annie !! Il était marqué urgent, j’ai cru bon de te l’amener sans tarder !!
- (Maurice) Surtout après en avoir pris connaissance, n’est-ce pas ?
Il voit les joues de la femme s’empourprer de gêne, Annie n’est pas dupe elle non plus et préfère congédier sa collègue.
- Merci !! J’attendais justement ce pli pour poursuivre avec monsieur Désmaré !
Maurice attend que la femme sorte pendant qu’Annie prend connaissance des recommandations du ministère au sujet de la présence du directeur de la DST et sur le fait qu’elle devra lui prêter assistance au mieux de ses moyens, sans déroger toutefois à ses valeurs de justice.
Quand il voit qu’elle en a terminé de prendre ses instructions, qu’il connaît aussi bien qu’elle puisque c’est lui-même qui les a dictées. Il reprend la parole en profitant que cette interruption fortuite les ait un peu libérés de l’émotionnel et de l’affectif des dernières minutes.
- Bon !! Maintenant que vous avez l’assurance du bien-fondé de ma présence, passons aux choses sérieuses !! Ou tout du moins au but de la mission qui va être la vôtre durant ces prochains mois.
- Donnera-t-elle une explication à ces dessins ? Crédible, je veux dire !!
- Si vous êtes ouverte d’esprit ce dont je ne doute pas un instant, alors disons que si elle ne vous apparaît pas crédible dans le sens de nos connaissances actuelles !! Du moins pourrez-vous en avoir une approche de compréhension suffisante pour envisager que cela puisse être réel.
- Quelle sera donc cette… Mission et qu’attendez-vous de moi exactement ? Ces images ont le mérite d’exister, même si elles ne correspondent absolument pas à mes souvenirs de situations similaires !! Donc ce… Garçon !! Aurait réellement perdu la mémoire lors de son coma et en aurait retrouvé une que personne à part lui ne se rappelle ?? Avouez que c’est quand même fort de café cette histoire !!
- (Maurice) Le seul qui saura vous persuader, c’est Florian lui-même et je ne m’y essaierai donc pas !! Ce que j’attends de vous, c’est que vous le preniez en pension chez vous comme il dit l’avoir été dans ce que nous appellerons pour ne pas polémiquer à chaque fois là-dessus, une autre réalité.
- Et vous pensez sérieusement que je vais ouvrir les portes de chez moi à ce jeune délinquant ?? En plus sur une idée aussi farfelue que sont ces réalités subjectives ?? Tout ça parce que vous m’avez montré quelques dessins dont je ne m’explique pas comment ils peuvent avoir été croqués avec autant de réalisme !!
- Il n’y a donc rien dans ces dessins qui vous prouveraient ne pas être simplement un instant réel de votre vécu ? Comme moi avec mon fils par exemple ?
Annie reprend les planches une à une, son visage encore une fois se marque par l’extrême réalisme alors que ses yeux visiblement cherchent quelque chose qui n’irait pas dans le décor.
Bien sûr les meubles qu’elle a chez elle, ne sont pas tout à fait semblables et ce même si le style reste dans le goût qu’ils ont pour le sobre mais aussi le naturel, Annie tout comme Frédéric n’aimant pas ni les imitations ni les meubles de fabrication industrielle.
Donc rien a priori ne la choque plus que ça dans l’ambiance et la décoration de l’appartement qui semble bien pourtant le même que celui où ils vivent, jusqu’à ce que son œil s’arrête sur un détail qui pour la première fois lui amène le doute à l’esprit car il y a une impossibilité que personne d’autre qu’elle et sa famille ne pourrait connaître et pour cause puisque le vase d’une grande valeur qu’elle a sous les yeux et lui venant de sa mère, a été brisé dans l’année qui suivit leur mariage par Aurélien alors bébé qu’elle tenait dans ses bras et qui en raison d’un mauvais geste de sa part a eu raison de ce à quoi elle tenait beaucoup et ce principalement du fait qu’il était dans sa famille depuis un certain nombre de générations.
Maurice qui l’observait attentivement, remarque aussitôt son changement de regard qui d’un coup de blasé est devenu perplexe.
- Vous avez trouvé quelque chose ?
- Ce vase très ancien qui était dans ma famille depuis plusieurs centaines d’années, il avait une grande valeur tant sentimentale que pécuniaire et était l’héritage des premiers nés de chaque dernière génération encore en vie à son mariage. Ça va faire bientôt vingt ans qu’il a été détruit et il ne peut donc pas apparaître sur ce dessin, je le reconnaîtrai entre mille sans erreur possible.
- Qu’en déduisez-vous alors ? Vous pensez toujours que ce sont des idées farfelues ?
Annie prend le temps de la réflexion avant de répondre.
- J’avoue qu’il y a de quoi remettre certaines idées préconçues en questions, peut-être pas de là à admettre de but en blanc vos théories mais tout de même !! Vous me demandez donc d’héberger chez moi ce garçon ? Mais pourquoi ?
Yuan se retrouve troublé à l’écoute des dernières paroles d’Antoine, il lui prend ses deux mains dans les siennes et fixe intensément ses yeux dans ceux de son ami, ensuite d’une voix rauque visiblement perturbée il lui demande.
- Qu’est-ce qu’il t’est arrivé donc ??
Antoine ressent toute l’empathie qu’il y a dans ce regard qui ne cesse de le fixer en profondeur au point qu’un long frisson lui parcourt le corps à la vision de ses grands yeux en amande, s’assombrissant de l’intérêt soudain qu’il lui porte.
C’est comme un grand flash dans la tête d’Antoine où tout, d’un seul coup devient clair et il s’étonne même de ne pas y avoir pensé plus tôt, le magnifique garçon en face de lui qui a toujours été un ami même s’ils ne se voyaient qu’occasionnellement est devenu depuis ces quelques jours beaucoup plus même, que le compagnon intime des jeux de sexe qu’ils vivent avec son cousin.
Antoine lui raconte donc d’une voix hachée par l’émotion, le viol organisé par ce même cousin et son soi-disant petit copain où il a été la principale victime ce jour-là tout du moins, car l’aventure semblait suffisamment bien roder pour qu’ils n’en soient pas à leurs premiers ni à leurs derniers coups d’essais.
Yuan le laisse terminer sans rien dire, ses yeux parlants pour lui en exprimant toute l’horreur et la tristesse de ce qu’a vécu son compagnon, comprenant mieux maintenant les réserves qu’il émettait quant à prendre du plaisir à aller plus loin avec lui.
L’envie de Yuan de prendre Antoine dans ses bras, lui fait comprendre brusquement que ce garçon est devenu pour lui beaucoup plus qu’un ami et c’est une pulsion irrépressible qui lui amène ses lèvres au contact des siennes pour un long baiser n’ayant de sens que les sentiments qu’il vient de se découvrir pour Antoine.
La surprise d’Antoine n’est rien à côté des battements affolés de son cœur, quand il lui rend son baiser avec une telle fougue qu’elle les laisse tous les deux un long moment à enfin comprendre ce qu’ils leur arrivent.
Les lèvres se détachent, un sourire resplendissant et des yeux brillants de bonheur, les lèvres qui reviennent à la charge avec cette fois la conviction que ce que l’un ressent est au diapason de l’autre.
Il leur faut plusieurs minutes pour qu’ils se séparent, les yeux mouillés d’émotions et qu’ils poursuivent leur chemin l’esprit encore embrumé de cette découverte du lien qui les unit, chacun déjà dans ses pensées à se demander comment ils vont l’annoncer à leurs proches.
C’est presque arrivé au lotissement, qu’une question se pose soudainement à eux et c’est en même temps qu’ils se tournent l’un vers l’autre pour se la poser.
- Et pour Florian ???
Un sourire leur vient, suivit d’une crise de rire avant qu’ils puissent enfin répondre chacun leur tour à cette question commune, mais qui à l’évidence les travaille quand même fortement.
- (Antoine) Il me semble que tu m’as déjà répondu une fois ?
- (Yuan) Oui mais pour toi ?
- (Antoine) Je l’ai toujours bien kiffé tu sais ?
- (Yuan) On pourrait en parler avec lui ? En plus ce n’est pas comme s’il n’avait pas déjà connu ce genre de situations !!
- (Antoine) Oui, mais il avait son Thomas et là pour l’instant il n’a que nous deux !!
- (Yuan) Qu’est-ce que ça change, si nous restons avec lui comme nous le faisions dans ses souvenirs ?
- (Antoine) Comme « tu » le faisais !! Je ne faisais pas parti du fameux « harem » je te rappelle.
- (Yuan) Sauf que là c’est bien parti pour !! Cette histoire de parenté n’a pas de sens, ce n’est pas comme si vous étiez intimes depuis tout gosse comme le sont la plupart des cousins !!
- (Antoine) Tu as sans doute raison !! Qui sait après tout si mon blocage avec lui ne vient pas plutôt de ce qu’il m’est arrivé ?
- (Yuan) Pour lui ce serait pareil alors, puisqu’il l’a appris apparemment avec autant de surprise et d’horreur que moi !!
- (Antoine) Ne nous faisons pas tout un monde de cette histoire, nous verrons bien comment les choses se présentent et puis il suffirait que nous retrouvions un de ses autres « amis » pour changer la donne !!
Antoine voit bien la grimace de Yuan à ses dernières paroles.
- Ça n’a pas l’air de t’enchanter des masses ? Tu me diras moi non plus, c’est que j’y tiens aussi à mon tit rouquin Bonobo Hi ! Hi !
***/***
J’entends le rire d’Antoine depuis la terrasse où je m’étais installé pour lire tranquillement, du coup je range le livre que j’ai encore en main car j’en ai un peu assez pour ce matin et je me lève ensuite pour les rejoindre, quand un sourire me vient brusquement en les voyant se tenir par la main avec un je-ne-sais-quoi qui me dit que quelque chose vient de changer dans la relation qu’ils avaient ensemble jusque-là.
Cette réalité n’a pas fini de m’amener des surprises bonnes ou mauvaises suivant le cas, celle-ci n’en étant qu’une de plus pour ce que l’avenir me réserve encore et je me dis qu’il serait fort étonnant que nous rencontrions un jour les triplés ou Patricia et que même si c’était le cas, il y a de fortes chances qu’il y aurait d’autres personnes auxquelles ils se seraient déjà attachés.
D’ailleurs cette idée me fait juste penser à un truc pourtant facile à vérifier, demander à Maurice s’il a un Victor Novack dans son service.
CHAPITRE 124 (Reims) (Quelques jours plus tard, un matin tôt)
«Palais de justice, bureau du juge pour mineur Annie Viala »
Annie prépare les dossiers qu’elle va avoir à juger dans l’après-midi, rien de bien grave aux premières lectures qu’elle en a fait et ceux-ci devraient ne pas lui prendre trop de temps, ce qui lui permettra d’aller faire les quelques courses personnelles qu’elle reporte sans arrêt.
« Toc ! Toc ! »
Annie sursaute car ce n’est pas dans les habitudes de ses collègues de s’annoncer de la sorte et le filtrage du service de sécurité n’aurait très certainement pas laissé pénétrer un inconnu, dans cette partie-là du Palais tout du moins.
- Oui ??
La porte s’ouvre alors sur un homme grisonnant à la carrure et au charisme certain qui entre sans paraître intimidé le moins du monde, ce qui vu la fonction d’Annie est suffisamment rare pour qu’elle s’en fasse la remarque.
- (Maurice) Bonjour Madame !! Vous êtes bien Annie Viala, la juge pour enfant ?
- C’est bien moi en effet, mais je ne crois pas vous connaître !! Monsieur… ???
- Désmaré !! Maurice Désmaré !! Voici ma carte, ma visite n’a pas été programmée à l’avance et je m’excuse de vous prendre au dépourvu de la sorte, mais il était important que je vous vois pour une affaire qui vient de ce matin même être déclaré confidentiel défense par notre président.
Annie l’écoute d’une oreille alors qu’elle prend connaissance de ce qui est inscrit sur la carte de visite.
- En quoi puis je vous être utile ?
- Je vais y venir, le temps que vous receviez de votre ministre de tutelle la preuve que je suis bien ce que je prétends être et qu’il vous confirme l’importance primordiale de garder pour vous ce que je vais vous apprendre.
- En attendant, veuillez vous asseoir monsieur Désmaré.
- Je pense que nous allons souvent avoir l’occasion de nous rencontrer, alors si cela ne vous gêne pas autant m’appeler par mon prénom et réciproquement.
- Soit !! J’avoue que cette visite m’intrigue au plus haut point, que vient faire le directeur de la DST dans le bureau d’une petite juge de province ?
- Vous n’êtes pas si petite que ça Hi ! Hi !
Annie est troublée par la repartie somme toute amicale de Maurice, elle trouve aussi que pour une affaire d’État il est plutôt relax dans sa façon d’être actuelle.
- Si nous en venions aux faits ? Il va de soi que je ne prendrais aucune décision quelle qu’elle soit avant d’avoir eu confirmation de la raison officielle de votre présence, maintenant rien ne vous empêche de m’en dire plus sur le sujet de votre visite.
- C’est exact !! Eh bien allons-y !! Connaissez-vous Florian De Bierne ?
- Décidément !! C’est la deuxième fois ce mois-ci que j’entends parler de ce garçon !! Et pour répondre à la question, j’aurais préféré et de loin ne jamais en avoir entendu faire de nouveau mention !!
- C’est aussi ce que je me suis dit avant de le connaître figurez-vous !! Que pouvez-vous m’en dire en restant dans les grandes lignes car je connais très bien son dossier et ma demande n’est motivée dans un premier temps qu’à connaître votre ressenti sur ce garçon.
Annie hésite un moment à donner des informations à cet homme qui pourtant a su la mettre en confiance dès son entrée dans son bureau, elle finit par sortir le dossier du jeune De Bierne d’un de ses tiroirs et en quelques phrases succinctes, lui explique ce qu’il en est mais surtout ce qu’elle en pense.
- Un garçon très prometteur pour passer de longues années aux frais du gouvernement apparemment !!
- Pourtant votre collègue de Paris ne tient plus le même langage alors qu’il m’a avoué que comme pour vous à l’instant, il pensait lui aussi qu’il n’y avait plus que l’enfermement comme solution pour ce garçon et d’ailleurs c’était bien dans son intention de le faire à la dernière comparution de Florian.
- (Annie) Il ne l’a pas fait parce qu’il a cru à son histoire d’amnésie, ce qui pour moi me semble une pure gageure au demeurant !!
- (Maurice) Croyez-vous vraiment que nous nous intéresserions à son cas s’il n’y avait rien de troublant dans son histoire ?
Maurice sort un dossier de son attaché-case, il va pour le tendre à Annie quand une question se pose à lui soudainement.
- Vous êtes bien mère de trois garçons ?
- C’est exact !! Je ne vois pas ce que viennent faire mes fils dans tout ça ?
- Ils sont en bonne santé ?
- Mais bien sûr, allez-vous me dire enfin à quoi riment ces questions sur ma famille ?
Maurice pousse un ouf intérieur de soulagement avant de répondre.
- Vous allez très vite comprendre, j’ai juste une dernière question et ensuite je vous laisserai prendre connaissance de ce dossier.
- Quelle est cette question ?
- Est-ce que Florian De Bierne pourrait connaître l’endroit où vous vivez ainsi que des choses privées quelles qu’elles soient vous concernant vous et votre famille ?
- Bien sûr que non !!
Maurice lui tend la pochette en souriant à l’avance.
- Alors regardez bien ce que contient cette pochette qu’il m’a remise spécialement pour vous !!
Annie va pour lui répondre que si c’est une plaisanterie, celle-ci ne l’amuse pas spécialement quand il lui fait comprendre d’un geste d’ouvrir ce qu’elle tient maintenant en main.
C’est avec un fort soupir d’exaspération, qu’elle retient ses paroles pour prendre connaissance de ce qui semble être suffisamment important pour qu’il se soit déplacé jusqu’à elle rien que pour le lui montrer.
Maurice suit de près ses expressions du visage au fur et à mesure qu’elle découvre les dessins la représentant elle et sa famille dans différentes pièces de son appartement.
Un certain temps se passe avant qu’Annie relève les yeux enfin sur lui, visiblement émue et troublée de ce qu’elle vient de voir.
- Si vous m’expliquiez ce que tout ceci signifie ?
- Ce que vous avez sous les yeux ne sont que les souvenirs de Florian qu’il a retranscrit fidèlement, souvenirs des presque deux ans qu’il nous assure avoir passés chez vous !!
CHAPITRE 125 (Reims) (Quelques jours plus tard, un matin tôt) (suite)
Annie prend alors une expression démontrant un tel effarement que Maurice ne peut s’empêcher d’en sourire tout en se rappelant qu’il n’y a pas si longtemps, il était lui-même dans le même état.
- Je sais très bien ce à quoi vous pensez sur l’instant, mais je vous assure que tout ceci est bien réel.
Il sort alors de sa poche ce qui ne le quitte plus depuis qu’il en a eu possession, si ce n’est qu’il en a fait plusieurs photocopies afin de préserver l’original et le montre à Annie avec toujours et encore la main tremblante d’une émotion encore fort présente.
Annie s’aperçoit bien sûr du trouble de son visiteur, elle en oublie un instant ses propres questions pour regarder attentivement le dessin qui en toute vraisemblance le représente entourer de sa famille.
- Vous avez de beaux enfants, félicitations !!
- Détrompez-vous !!
Il pointe du doigt son fils Erwan.
- À part celui-là, les deux autres me sont complètement inconnus et en ce qui concerne mon fils Erwan, il est décédé à l’âge de neuf ans et ça fait plus de dix ans que c’est arrivé !!
- (Annie troublée) Mais alors !! Vous aussi il vous a connu dans ses souvenirs ? Je comprends mieux votre question sur la santé de mes enfants, ça a dû être un choc terrible pour vous de voir cette image !!
La porte s’ouvre soudainement, interrompant la conversation et une femme apparaît tenant en main un dossier qu’elle remet à Annie en jetant un regard incrédule sur Maurice.
- Un courriel venant du ministère pour toi Annie !! Il était marqué urgent, j’ai cru bon de te l’amener sans tarder !!
- (Maurice) Surtout après en avoir pris connaissance, n’est-ce pas ?
Il voit les joues de la femme s’empourprer de gêne, Annie n’est pas dupe elle non plus et préfère congédier sa collègue.
- Merci !! J’attendais justement ce pli pour poursuivre avec monsieur Désmaré !
Maurice attend que la femme sorte pendant qu’Annie prend connaissance des recommandations du ministère au sujet de la présence du directeur de la DST et sur le fait qu’elle devra lui prêter assistance au mieux de ses moyens, sans déroger toutefois à ses valeurs de justice.
Quand il voit qu’elle en a terminé de prendre ses instructions, qu’il connaît aussi bien qu’elle puisque c’est lui-même qui les a dictées. Il reprend la parole en profitant que cette interruption fortuite les ait un peu libérés de l’émotionnel et de l’affectif des dernières minutes.
- Bon !! Maintenant que vous avez l’assurance du bien-fondé de ma présence, passons aux choses sérieuses !! Ou tout du moins au but de la mission qui va être la vôtre durant ces prochains mois.
- Donnera-t-elle une explication à ces dessins ? Crédible, je veux dire !!
- Si vous êtes ouverte d’esprit ce dont je ne doute pas un instant, alors disons que si elle ne vous apparaît pas crédible dans le sens de nos connaissances actuelles !! Du moins pourrez-vous en avoir une approche de compréhension suffisante pour envisager que cela puisse être réel.
- Quelle sera donc cette… Mission et qu’attendez-vous de moi exactement ? Ces images ont le mérite d’exister, même si elles ne correspondent absolument pas à mes souvenirs de situations similaires !! Donc ce… Garçon !! Aurait réellement perdu la mémoire lors de son coma et en aurait retrouvé une que personne à part lui ne se rappelle ?? Avouez que c’est quand même fort de café cette histoire !!
- (Maurice) Le seul qui saura vous persuader, c’est Florian lui-même et je ne m’y essaierai donc pas !! Ce que j’attends de vous, c’est que vous le preniez en pension chez vous comme il dit l’avoir été dans ce que nous appellerons pour ne pas polémiquer à chaque fois là-dessus, une autre réalité.
- Et vous pensez sérieusement que je vais ouvrir les portes de chez moi à ce jeune délinquant ?? En plus sur une idée aussi farfelue que sont ces réalités subjectives ?? Tout ça parce que vous m’avez montré quelques dessins dont je ne m’explique pas comment ils peuvent avoir été croqués avec autant de réalisme !!
- Il n’y a donc rien dans ces dessins qui vous prouveraient ne pas être simplement un instant réel de votre vécu ? Comme moi avec mon fils par exemple ?
Annie reprend les planches une à une, son visage encore une fois se marque par l’extrême réalisme alors que ses yeux visiblement cherchent quelque chose qui n’irait pas dans le décor.
Bien sûr les meubles qu’elle a chez elle, ne sont pas tout à fait semblables et ce même si le style reste dans le goût qu’ils ont pour le sobre mais aussi le naturel, Annie tout comme Frédéric n’aimant pas ni les imitations ni les meubles de fabrication industrielle.
Donc rien a priori ne la choque plus que ça dans l’ambiance et la décoration de l’appartement qui semble bien pourtant le même que celui où ils vivent, jusqu’à ce que son œil s’arrête sur un détail qui pour la première fois lui amène le doute à l’esprit car il y a une impossibilité que personne d’autre qu’elle et sa famille ne pourrait connaître et pour cause puisque le vase d’une grande valeur qu’elle a sous les yeux et lui venant de sa mère, a été brisé dans l’année qui suivit leur mariage par Aurélien alors bébé qu’elle tenait dans ses bras et qui en raison d’un mauvais geste de sa part a eu raison de ce à quoi elle tenait beaucoup et ce principalement du fait qu’il était dans sa famille depuis un certain nombre de générations.
Maurice qui l’observait attentivement, remarque aussitôt son changement de regard qui d’un coup de blasé est devenu perplexe.
- Vous avez trouvé quelque chose ?
- Ce vase très ancien qui était dans ma famille depuis plusieurs centaines d’années, il avait une grande valeur tant sentimentale que pécuniaire et était l’héritage des premiers nés de chaque dernière génération encore en vie à son mariage. Ça va faire bientôt vingt ans qu’il a été détruit et il ne peut donc pas apparaître sur ce dessin, je le reconnaîtrai entre mille sans erreur possible.
- Qu’en déduisez-vous alors ? Vous pensez toujours que ce sont des idées farfelues ?
Annie prend le temps de la réflexion avant de répondre.
- J’avoue qu’il y a de quoi remettre certaines idées préconçues en questions, peut-être pas de là à admettre de but en blanc vos théories mais tout de même !! Vous me demandez donc d’héberger chez moi ce garçon ? Mais pourquoi ?
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