26-07-2020, 06:16 PM
CHAPITRE VI
''Gladius legis custos''
Il fut ramené au présent par le petit minet blotti au creux de ses draps, qui grogna en se retournant.
Il en était là. Il s'était réveillé aux premières lueurs de l'aube et avait réussi à se dégager sans réveiller son bel endormi. Et il ne savait pas ce qu'il avait de plus que les autres.
Ses cheveux blonds ? Non, ce n'était pas la première fois qu'il se tapait un petit blond. Ses grands yeux bleus ? Non, ce n'était pas la première fois qu'il se tapait un minet aux yeux bleus. Son rire espiègle. Oui, peut-être ça. Les autres, il ne les avait jamais fait rire. Gémir, crier et parfois même pleurer, oui, mais jamais rire.
C'était peut-être le tout, en fait. Les cheveux blonds un peu en bataille, les grands yeux bleus un peur rêveurs, le petit rire espiègle musical, le petit corps tout frêle. Ça le rendait tellement... fragile.
Il se leva et alla s'asseoir au bord du lit et regarda le blondinet. Bordel qu'il était mignon. Adorable même. Il dégagea une mèche blonde de son front. Le minet gémit et battit des paupières. Les grands yeux bleus réapparurent, encore ivres de sommeil, et se plantèrent dans les yeux gris.
- Bonjour monsieur...
Ce ''monsieur''... Le brun se jeta sur lui et l'embrassa fougueusement et commença à lui piquer des petits bisous sur tout le visage, les joues, le front, les lèvres, le menton, et termina par un petit poutoune sur le bout du nez. Nouveau rire espiègle. Le brun fronça les sourcils et demanda :
- C'est quoi ton prénom ?
- Kamyl.
- Kamyl... Kamyl... je suis Burydan de Malkchour...
Le corps de Kamyl se tendit, il blêmit et un éclat de terreur indicible voilà ses yeux bleus. Il balbutia :
- Dans ce cas... c'est... c'est gratuit pour vous, messire... et je... je fais ça pour manger... je... je ne suis pas un mauvais garçon, vous savez... je vous jure que je ne suis pas un mauvais garçon... je vous en supplie, messire, ne me livrez pas au Duc... je...
Burydan mit une main sur sa bouche pour le faire taire et le minet éclata en sanglots. Son nom faisait souvent cet effet là. Il prit sa voix la plus douce et dit :
- Tu vas être payé, bébé. Je vais même te donner 2... non, 3 lunars pour que tu restes avec moi tout ce jour et toute cette nuit, et que nous fassions l'amour... encore, et encore, et encore... et je n'ai pas l'intention de te livrer à qui que ce soit... Je te donne ma parole...
Il insista sur ce dernier mot. Tout le monde savait, dans tout Britania, dans tout Utopia, et même dans certaines autres îles de Genesia, que quand Burydan de Malkchour donnait sa parole, il s'y tenait.
C'était son maître qui le lui avait dit :
- Kohai, si tu donnes ta parole, tiens la toujours, même si ça te coûte. Car un homme qui ne respecte pas sa parole ne se respecte pas lui-même et, donc, ne mérite pas le respect des autres.
Kamyl se détendit un peu. Burydan enleva sa main et lui sourit. Il se pencha, lécha les larmes, grosses comme des apakas (1), et l'embrassa langoureusement. Il commença à faire onduler ses hanches et, après avoir léché consciencieusement chaque pouce carré de la peau laiteuse de son blondinet, ils firent l'amour intensément.
Repu de caresses et de plaisir, Kamyl était de nouveau couché sur le corps musclé de son bel étalon, qui lui caressait les fesses tout doucement. Son ventre grogna.
- Tu as faim, demanda Burydan.
- Oui, un peu.
Burydan tira sur le cordon qui pendait à côté de son lit, se leva et enroula un linge autour de ses reins. Et c'est dans cette tenue qu'il ouvrit la porte quand on y frappa.
- Oh... dit Margot quand elle le vit à moitié nu devant elle.
- Margot, pourrais-tu faire monter un peu de chair salée, quelques fruits et un pichet d'eau fraîche et un autre de picrate... du rouge... et le tout pour deux...
- Pour deux, messire ?
- Pour deux, oui...
Margot, un peu perplexe, acquiesça et partit.
- Lève toi, bébé, et mets toi à table. Et enroule un linge autour de tes reins, inutile de choquer la mignote. Ne le sers pas trop, par contre, car il y a de grandes chances que je ne tarde pas à te l'arracher avec les dents...
Nouveau petit rire espiègle. On frappa de nouveau et Burydan ouvrit.
- Pose le plateau sur la table, veux-tu.
Margot entra et, voyant Kamyl, lui aussi à moitié nu, émit un nouveau petit :
- Oh...
posa le plateau en rougissant et partit après une petite révérence maladroite.
- Si elle va clabauder, dit Kamyl.
- Et ?
- Si elle va me dénoncer à la milice ?
- Bébé, même si les miliciens faisaient irruption dans cette chambre et me surprenaient en train de te besogner tout mon saoul, ils ne feraient ni ne diraient quoi que ce soit.
- C'est vrai, dit Kamyl en souriant, j'oubliais avec qui j'étais...
Ils mangèrent de bon appétit. Kamyl, en dessert, mordit dans une caomei (2), d'une manière extrêmement sensuelle, avec une petite lueur lubrique dans ses beaux yeux bleus. Il se leva, dénoua et laissa tomber la serviette à ses pieds, révélant sa belle bite qui commençait déjà à durcir et gonfler, s'assit sur les genoux de Burydan, et lui dit :
- Emmène moi jusqu'au lit, Burydan de Malkchour, et fais moi l'amour comme un dingue. Je veux que tu me fasses crier comme un perdu et que tu m'épuises de plaisir...
Burydan le souleva comme s'il ne pesait rien, le coucha sur le lit et lui fit l'amour encore et encore et encore.
Il se réveilla par un manque de chaleur. Il avait pris l'habitude du corps tiède de Kamyl entre ses bras et Kamyl n'était plus dans le lit. Il ouvrit les yeux. C'était l'aube. Il vit Kamyl en train de se rhabiller.
- Bonjour bébé.
- Oh, bonjour. Désolé mais il faut que je me sauve.
Burydan se leva et lui donna un petit bisou sur ses douces lèvres. Il alla jusqu’à son escarcelle et prit 3 lunars, puis, se ravisant, il en prit 5. Il prit la main de Kamyl et y glissa les pièces. Le blondinet n'avait jamais vu autant d'astrium d'un coup.
- Mais... c'est beaucoup trop...
- C'est largement mérité, dit Burydan, t'es vraiment incroyable au lit.
Kamyl rougit et Burydan le trouva encore plus craquant.
- J'ai un cadeau pour toi.
Burydan alla jusqu'à ses bagages, fouilla dans l'une des poches et prit une sorte de médaille attaché à un lacet de cuir. Il la passa autour du cou de Kamyl. Celui-ci la regarda. C'était un disque un peu plus grand qu'un lunar, moitié en astrium et moitié en trinium, sur une face était gravée la carte de Brittania, et sur l'autre un poing tenant un gladius (3), le symbole des chasseurs de prime, et en dessous un cartouche avec les lettres ''BdM''.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Garde le toujours sur toi. C'est ce que je donne à mes informateurs. Si la milice te fait des problèmes, montre la leur. Ils sauront que tu es un protégé d'un des chasseurs de prime du Duc et ils te ficheront la paix.
Kamyl n'en croyait pas ses yeux. Ne plus craindre de se retrouver en geôle suite à une rafle que le Duc ordonnait parfois. Il sauta au cou de Burydan.
- Merci... (smack)... merci... (smack)... et merci... (smack).
- Pourquoi trois fois ? demanda Burydan.
- D'abord pour ça, répondit Kamyl en montrant la médaille, ensuite pour les 5 lunars et enfin pour... tout le reste...
Burydan leva un sourire interrogateur.
- Tu sais la plupart de mes cli... euh, amants, ne s'inquiètent pas de mon plaisir. Ils se servent de mon petit corps pour jouir, sans se soucier de moi. Alors que toi, tu as fait en sorte de me donner du plaisir à chaque fois, et pour la première fois depuis que je fais ce... métier, je n'ai pas eu à simuler une seule fois. Et, pour te citer, toi aussi tu es vraiment incroyable au lit. Et on remet ça quand tu veux.
Burydan sourit. Il posa ses mains sur les belles petites fesses de Kamyl et l'embrassa langoureusement.
- D'habitude je ne baise jamais deux fois le même garçon...
Kamyl lui fit une moue adorable.
- Mais avec toi, je crois que je serais prêt à changer mes habitudes...
Kamyl sourit en large et ils s'embrassèrent de nouveau.
- Allez, file, blondinet lubrique, avant que je ne me retienne plus et que je te jette à nouveau sur mon lit... et que je te prenne sauvagement jusqu'à ce que tu demandes grâce...
Kamyl se tortilla, comme si l'idée ne lui déplaisait pas.
- Et j'ai du travail...
Kamyl partit donc. Burydan s'allongea sur son lit et contempla le plafond. En fait, il savait très bien pourquoi Kamyl l'avait touché. Même s'il n'avait pas voulu se l'avouer. Son esprit partit loin, vers El'Amarna, il y a une éternité, il y a un siècle, il y a 15 ans.
(1) Apakas : plante dont certaines variétés potagères sont cultivées pour leurs graines. Très semblable aux pois.
(2) Caomei : petit fruit très parfumé, de forme conique et la chair rouge vif. Très semblable à la fraise.
(3) Gladius : arme des temps ancien. Petite épée courte, le plus souvent en ventium. N'est plus utilisée depuis des siècles. Très semblable au glaive romain.