6 – Vide
Assis devant mon ordinateur, je me vide l'esprit en alignant des lignes de code, mes doigts volent de plus en plus vite sur le clavier, le programme avance comme il ne l'a jamais fait auparavant. Alex et Vincent arrivent à leur tour, et s'approchent, attirés par le son et mon manque de réaction à leurs saluts. Alex regarde avec étonnement la danse de mes mains et le texte qui s'affiche à vive allure sur l'écran.
- Quand il est dans cet état, un camion pourrait entrer dans le bureau qu'il ne s'arrêterait même pas. C'est à peine s'il a conscience de notre présence, explique Vincent à Alex.
- Ça lui arrive souvent ?
- Il fait des cauchemars terribles certaines nuits, c'est sa façon de les repousser. Quand il en ressortira, il aura quasiment tout oublié.
Alex me regarde un moment, je suis plongé dans une sorte de transe hypnotique, l'esprit vide de toute pensée en dehors de la pure et claire logique des lignes de code que je suis en train d'aligner. Il avise une tasse de café pleine sur mon bureau, et constate que ma boisson favorite a totalement refroidi, intouchée.
- Je vois ce que tu veux dire. Ça va durer longtemps ?
- Ça peut. Une demi-journée, minimum. Une fois, j'ai éteint son écran pour essayer de le sortir de là, mais il a continué à taper comme si de rien n'était.
- A ce point-là !
Lentement, je reprends conscience du monde extérieur, ma frappe ralentit pour s'interrompre enfin. Je jette un œil autour de moi, Alex et Vincent me regardent.
- Euh, salut.
- Salut, répondent-ils en chœur.
- Ça va ? me demande Alex.
- Oui. (Puis, prenant conscience de l'état de mon estomac) Sauf que je suis affamé !
- Bouge pas.
Alex part un moment puis revient avec un sandwich à la main.
- J'ai pris ça pour toi ce midi, on l'a mis au frais.
- Merci, c'est sympa ! (Ce midi ?)
Je regarde l'heure, ouah ! 16h43, pas étonnant que je meure de faim. Je n'ai pas battu mon record mais je suis quand même resté longtemps ailleurs.
Je fais un sort au sandwich sous leur regard amusé avant de me préparer un café.
Une fois celui-ci bu, je me sens un autre homme.
Vincent nous quitte pour son auto-école, je lui souhaite bon courage.
Alex s'approche de moi.
- Vincent m'a un peu expliqué pour tes cauchemars, tu veux en parler ?
- Je ne l'ai pas dit à Vincent, mais... (*Mais tais-toi !) ...ce ne sont pas que des cauchemars.
- Qu'est-ce que c'est alors ?
(*Tu joues avec le feu !)
- Des souvenirs.
Il me regarde, surpris.
- Mais qu'as-tu donc pu vivre pour faire de tels cauchemars ?
Je détourne le regard.
- Désolé, mais je fais tout pour oublier, je ne reviens vers cette époque que contraint et forcé par mes cauchemars. Je n'ai vraiment pas envie d'en parler. En fait, j'ai tout oublié de ce passé, à part les bribes qui me reviennent certaines nuits... Et que je m'efforce d'effacer de mon esprit. C'est de moins en moins efficace, cependant... Trop de répétitions.
- Allons te changer les idées alors.
- Avec plaisir.
(*Mais qu'est-ce qui te prend ?)
(Il me prend que j'en ai assez de tout ça, les cauchemars, la peur, tout !)
(*Ils font partie de toi, tout comme moi)
(Eh bien je n'en veux plus !)
(*On a déjà eu cette discussion, on ne peut pas sortir de ta tête, pas plus tes cauchemars que moi ou... l'Autre)
(Je trouverai bien un moyen)
(*Tu veux aller voir un psy ? Pour qu'ils t'enferment entre quatre murs capitonnés ?)
(...)
(*Tu sais très bien pourquoi on a décidé de garder un profil bas, tu es en train de tout foutre en l'air)
(C'est ce silence qui est en train de me détruire)
(*C'est grâce à lui que tu es toujours en vie et libre)
(Ce n'est plus d'actualité)
(*Tu es suicidaire)
Je repousse ma Voix dans les profondeurs de mon esprit, je veux être libre, sans tourments ni tourmenteurs.
Alex me regarde avec un mélange d'inquiétude et de compassion tandis que je lutte contre moi-même.
Alors que nous entrons dans l'ascenseur, il pose une main sur mon épaule pour la serrer brièvement, comme pour me transmettre une partie de sa force, et je le regarde avec gratitude et amour.
Alors que nous sortons, je l'interroge du regard.
- Suis-moi, dit-il.
Je ne demande que ça, aussi le suis-je docilement.
Nous marchons pendant un petit quart d'heure, Alex respecte mon silence cette fois-ci, sentant que j'en ai besoin.
J'émerge de mes pensées lorsqu'il ralentit devant la porte d'une résidence, sympa la baraque. J'étais tellement perdu en moi-même que je n'ai rien suivi du trajet, me contentant de suivre en pilotage automatique. Ce n'est que lorsque je le vois sortir un trousseau de clés que je réalise pleinement que nous sommes arrivés chez lui.
Assis devant mon ordinateur, je me vide l'esprit en alignant des lignes de code, mes doigts volent de plus en plus vite sur le clavier, le programme avance comme il ne l'a jamais fait auparavant. Alex et Vincent arrivent à leur tour, et s'approchent, attirés par le son et mon manque de réaction à leurs saluts. Alex regarde avec étonnement la danse de mes mains et le texte qui s'affiche à vive allure sur l'écran.
- Quand il est dans cet état, un camion pourrait entrer dans le bureau qu'il ne s'arrêterait même pas. C'est à peine s'il a conscience de notre présence, explique Vincent à Alex.
- Ça lui arrive souvent ?
- Il fait des cauchemars terribles certaines nuits, c'est sa façon de les repousser. Quand il en ressortira, il aura quasiment tout oublié.
Alex me regarde un moment, je suis plongé dans une sorte de transe hypnotique, l'esprit vide de toute pensée en dehors de la pure et claire logique des lignes de code que je suis en train d'aligner. Il avise une tasse de café pleine sur mon bureau, et constate que ma boisson favorite a totalement refroidi, intouchée.
- Je vois ce que tu veux dire. Ça va durer longtemps ?
- Ça peut. Une demi-journée, minimum. Une fois, j'ai éteint son écran pour essayer de le sortir de là, mais il a continué à taper comme si de rien n'était.
- A ce point-là !
Lentement, je reprends conscience du monde extérieur, ma frappe ralentit pour s'interrompre enfin. Je jette un œil autour de moi, Alex et Vincent me regardent.
- Euh, salut.
- Salut, répondent-ils en chœur.
- Ça va ? me demande Alex.
- Oui. (Puis, prenant conscience de l'état de mon estomac) Sauf que je suis affamé !
- Bouge pas.
Alex part un moment puis revient avec un sandwich à la main.
- J'ai pris ça pour toi ce midi, on l'a mis au frais.
- Merci, c'est sympa ! (Ce midi ?)
Je regarde l'heure, ouah ! 16h43, pas étonnant que je meure de faim. Je n'ai pas battu mon record mais je suis quand même resté longtemps ailleurs.
Je fais un sort au sandwich sous leur regard amusé avant de me préparer un café.
Une fois celui-ci bu, je me sens un autre homme.
Vincent nous quitte pour son auto-école, je lui souhaite bon courage.
Alex s'approche de moi.
- Vincent m'a un peu expliqué pour tes cauchemars, tu veux en parler ?
- Je ne l'ai pas dit à Vincent, mais... (*Mais tais-toi !) ...ce ne sont pas que des cauchemars.
- Qu'est-ce que c'est alors ?
(*Tu joues avec le feu !)
- Des souvenirs.
Il me regarde, surpris.
- Mais qu'as-tu donc pu vivre pour faire de tels cauchemars ?
Je détourne le regard.
- Désolé, mais je fais tout pour oublier, je ne reviens vers cette époque que contraint et forcé par mes cauchemars. Je n'ai vraiment pas envie d'en parler. En fait, j'ai tout oublié de ce passé, à part les bribes qui me reviennent certaines nuits... Et que je m'efforce d'effacer de mon esprit. C'est de moins en moins efficace, cependant... Trop de répétitions.
- Allons te changer les idées alors.
- Avec plaisir.
(*Mais qu'est-ce qui te prend ?)
(Il me prend que j'en ai assez de tout ça, les cauchemars, la peur, tout !)
(*Ils font partie de toi, tout comme moi)
(Eh bien je n'en veux plus !)
(*On a déjà eu cette discussion, on ne peut pas sortir de ta tête, pas plus tes cauchemars que moi ou... l'Autre)
(Je trouverai bien un moyen)
(*Tu veux aller voir un psy ? Pour qu'ils t'enferment entre quatre murs capitonnés ?)
(...)
(*Tu sais très bien pourquoi on a décidé de garder un profil bas, tu es en train de tout foutre en l'air)
(C'est ce silence qui est en train de me détruire)
(*C'est grâce à lui que tu es toujours en vie et libre)
(Ce n'est plus d'actualité)
(*Tu es suicidaire)
Je repousse ma Voix dans les profondeurs de mon esprit, je veux être libre, sans tourments ni tourmenteurs.
Alex me regarde avec un mélange d'inquiétude et de compassion tandis que je lutte contre moi-même.
Alors que nous entrons dans l'ascenseur, il pose une main sur mon épaule pour la serrer brièvement, comme pour me transmettre une partie de sa force, et je le regarde avec gratitude et amour.
Alors que nous sortons, je l'interroge du regard.
- Suis-moi, dit-il.
Je ne demande que ça, aussi le suis-je docilement.
Nous marchons pendant un petit quart d'heure, Alex respecte mon silence cette fois-ci, sentant que j'en ai besoin.
J'émerge de mes pensées lorsqu'il ralentit devant la porte d'une résidence, sympa la baraque. J'étais tellement perdu en moi-même que je n'ai rien suivi du trajet, me contentant de suivre en pilotage automatique. Ce n'est que lorsque je le vois sortir un trousseau de clés que je réalise pleinement que nous sommes arrivés chez lui.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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