1 - Vincent
Lundi 1er décembre
J'arrive au bureau à neuf heures ce lundi, encore frissonnant. (Un bon café me réchauffera) Comme d'habitude, il n'y a encore personne dans la salle, je m'installe à mon poste le temps de poser mes affaires et de démarrer l'ordi avant de prendre une capsule de café dans mon tiroir et de me diriger vers la machine qui me fournira mon carburant pour la journée.
Je retourne à ma place, ma tasse de café brûlant à la main, quand j'entends l'ascenseur s'ouvrir. Vincent entre dans la salle et ma gorge se serre aussitôt. Je pose mon café pour le saluer avant de m'asseoir. Il procède au même rituel matinal que moi et s'installe devant son ordi. Je le regarde en coin, j'ai juste à tourner légèrement la tête au-delà de mon écran pour le voir.
Vincent partage son temps entre le développement et la maintenance informatique.
Il est légèrement plus petit que moi, cheveux noirs, yeux noirs dans lesquels mon regard se perd trop facilement (vaut mieux éviter...), un beau visage, un visage qui hante mes pensées... Mais chacune de ces pensées est associée à une souffrance toujours plus grande : Vincent est hétéro, il a une petite amie, je me dis sans cesse que je devrais l'oublier mais rien à faire, je suis amoureux...
La douleur est trop forte, je détourne le regard pour me concentrer sur mon programme, bientôt les instructions s'alignent les unes après les autres, j'aime vraiment cet aspect de mon métier, ce côté créatif. Mais aujourd'hui, comme depuis plusieurs jours, c'est de plus en plus dur...
(*Arrêtes, tu te fais du mal)
[tt]Si nVerif=0…[/tt]
(*Oublie-le bon sang, c'est sans espoir Yann, jamais il ne t'aimera)
[tt]Si nVerif=0 alors
Message ([/tt]
(Je ne peux pas, je n'y arrive pas, je sais à quel point c'est vain mais je...)
(Je t'aime Vincent)
[tt]Si nVerif=0 alors
Message (« Je t’aime Vincent »)
Retour
Sinon…[/tt]
Je continue pendant une demi-heure avant de ne plus pouvoir supporter ces pensées, je décide d'une pause café et j'en profite pour discuter avec quelques collègues avant de revenir à mon ordi. Vincent lève la tête pour me regarder (ces yeux !) et je lui fais un bref sourire avant de détourner rapidement le regard. J'ai à peine le temps de m'asseoir que le chef entre dans la pièce. C'est un homme petit, nerveux, qui semble vivre en permanence à cent à l'heure. Ses yeux noisette sont rivés sur moi.
- Salut Yannick, comment avance le programme ?
- Salut, bien bien, j'aurais fini le premier module d'ici deux-tr...
- OK, mais tu peux déjà me montrer quelque chose là ?
- Oui, il...
- J'ai les directeurs de centre qui veulent voir où ça en est, tu peux leur faire une démonstration dans mon bureau ?
- Pas de problème, j'arrive dans une minute.
Il s'éloigne, satisfait, tandis que je réfléchis furieusement, je n'ai pas eu le temps de tester ce que je viens de taper, plutôt que de risquer la cata devant le gratin de la boîte, je décide de prendre la version précédente.
Bonne idée, la démo se passe bien, je repars vers mon ordi (vers Vincent) et je fouille la poche de mon blouson, je commence à avoir faim, il va bientôt... oups, plus de ticket de cantine !
- Vincent, tu pourrais me prêter un ticket s'il te plaît ?
- Désolé, j'ai utilisé le dernier hier, et y a rupture de stock jusqu'à jeudi.
- Zut... resto ?
- Ouais, pizza ?
- OK, répondis-je en souriant. Un tête-à-tête avec Vincent, je ne demande que ça moi.
(Malgré tout...)
Mon moral reste au beau fixe pendant quelques minutes héroïques, avant que mes pensées ne retombent en chute libre.
(Pourquoi lui ? Comment ai-je pu tomber amoureux de lui ?!)
(Je sais pertinemment qu'il ne me rendra jamais l'amour que je lui porte, et si je commets l'erreur de lui en parler... Non, surtout pas. Mais si je ne lui en parle pas, je continuerai à souffrir, et c'est déjà intolérable... Pourquoi ne puis-je l'oublier ? Me dire simplement qu'il n'y a aucun espoir, aucune chance... L'espoir ? Est-ce ça qui me fait tant souffrir, l'ombre d'un espoir que peut-être il y aurait une chance ? Oui. C'est exactement ça. Si je veux que ça se termine, il me faut une réponse, qu'il me la donne lui-même, alors seulement pourrai-je cesser d'espérer l'impossible. Et commencer à oublier cet amour stupide)
Ma décision prise, je recommence à programmer, un peu plus serein, et, midi venu, nous partons ensemble vers le resto.
- Alors Vincent, ça se passe bien avec ta copine ?
- Oui, ça marche bien, je suis vraiment heureux avec elle.
- Je suis content pour toi. (Je n'en pense pas un mot, et quelque part ça me laisse un goût amer dans la bouche).
Je reste silencieux le reste du trajet, je remarque du coin de l'œil que Vincent me lance un regard, mais je suis trop perdu dans mes pensées. Heureusement, nous arrivons au resto, par chance il n'y a pratiquement personne, nous nous installons à une table dans un coin tranquille, personne autour de nous.
L'apéro et la bière m'ont efficacement engourdi l'esprit, en règle générale j'essaie de ne pas trop boire, l'alcool a tendance à me délier la langue plus que de raison, mais en ce moment c'est dur.
- Et toi, me dit-il, toujours seul ?
- Oui
- Faut sortir mon gars, trouve-toi une jolie fille qui te réchauffera le cœur et le reste.
(Euh, non, sans façon)
Je grogne sans conviction.
- Qu'est-ce qu'il y a, ça fait des jours que tu broies du noir, ça ne va pas ?
- Ouais, j'ai des soucis en ce moment, ça va mal.
- Tu veux m'en parler ? Ça te ferait du bien.
- D'accord.
Je ferme les yeux, malgré l'alcool, certaines choses sont dures à dire, comment va-t-il le prendre...
- Voilà... Je suis gay. J'ai mis du temps à l'accepter, c'est assez récemment en fait que j'ai fini par regarder la vérité en face.
- C'est tout ? Vu ton état je pensais que c'était quelque chose de grave.
- (soulagé par sa réaction) Bah, j'ai d'autres soucis, mais (je ne peux pas te dire la vérité, j'ai trop peur de perdre jusqu'à ton amitié) c'est trop personnel.
Vincent reste longtemps plongé dans ses pensées tout en me regardant, je finis par l'observer de plus en plus intrigué.
- Tu es plongé dans tes pensées, lui fais-je remarquer, espérant qu'il me dirait à quoi il pense.
Il fait un léger oui de la tête, et continue sa réflexion. Puis, il finit par me regarder en souriant et il me dit :
- Eh bien maintenant que tu as accepté ton homosexualité, il va falloir consommer !
Je le regarde, surpris, il blague ou quoi ?
- C'est une proposition ? Dis-je sur le ton de la plaisanterie.
- (gêné) Euh, non, c'est pas du tout mon truc.
- Je trouverai bien, va.
(Que cette réponse me fait mal ! Quand bien même elle était prévisible)
Je me tais un moment avant de reprendre.
- Écoute, dis-je en regardant Vincent droit dans les yeux, je préfère que tout cela reste entre nous, je tiens à ma tranquillité.
- Pas de problème.
Sur le chemin du retour, je reste silencieux, perdu dans mes pensées. Au moins les choses sont claires maintenant, Vincent a mis les points sur les i, et j'espère que je vais pouvoir tirer un trait sur mes sentiments envers lui.
- J'ai eu plusieurs copains gay, me dit Vincent, mais ils en avaient tous après moi, ça m'a gavé crois-moi. J'espère que...
- Vincent, je tiens trop à ton amitié pour faire une connerie pareille. Tu as ma parole.
Il semble visiblement soulagé.
(Tel est le prix de notre amitié... Tu ne sauras jamais que je t'aime)
Lundi 1er décembre
J'arrive au bureau à neuf heures ce lundi, encore frissonnant. (Un bon café me réchauffera) Comme d'habitude, il n'y a encore personne dans la salle, je m'installe à mon poste le temps de poser mes affaires et de démarrer l'ordi avant de prendre une capsule de café dans mon tiroir et de me diriger vers la machine qui me fournira mon carburant pour la journée.
Je retourne à ma place, ma tasse de café brûlant à la main, quand j'entends l'ascenseur s'ouvrir. Vincent entre dans la salle et ma gorge se serre aussitôt. Je pose mon café pour le saluer avant de m'asseoir. Il procède au même rituel matinal que moi et s'installe devant son ordi. Je le regarde en coin, j'ai juste à tourner légèrement la tête au-delà de mon écran pour le voir.
Vincent partage son temps entre le développement et la maintenance informatique.
Il est légèrement plus petit que moi, cheveux noirs, yeux noirs dans lesquels mon regard se perd trop facilement (vaut mieux éviter...), un beau visage, un visage qui hante mes pensées... Mais chacune de ces pensées est associée à une souffrance toujours plus grande : Vincent est hétéro, il a une petite amie, je me dis sans cesse que je devrais l'oublier mais rien à faire, je suis amoureux...
La douleur est trop forte, je détourne le regard pour me concentrer sur mon programme, bientôt les instructions s'alignent les unes après les autres, j'aime vraiment cet aspect de mon métier, ce côté créatif. Mais aujourd'hui, comme depuis plusieurs jours, c'est de plus en plus dur...
(*Arrêtes, tu te fais du mal)
[tt]Si nVerif=0…[/tt]
(*Oublie-le bon sang, c'est sans espoir Yann, jamais il ne t'aimera)
[tt]Si nVerif=0 alors
Message ([/tt]
(Je ne peux pas, je n'y arrive pas, je sais à quel point c'est vain mais je...)
(Je t'aime Vincent)
[tt]Si nVerif=0 alors
Message (« Je t’aime Vincent »)
Retour
Sinon…[/tt]
Je continue pendant une demi-heure avant de ne plus pouvoir supporter ces pensées, je décide d'une pause café et j'en profite pour discuter avec quelques collègues avant de revenir à mon ordi. Vincent lève la tête pour me regarder (ces yeux !) et je lui fais un bref sourire avant de détourner rapidement le regard. J'ai à peine le temps de m'asseoir que le chef entre dans la pièce. C'est un homme petit, nerveux, qui semble vivre en permanence à cent à l'heure. Ses yeux noisette sont rivés sur moi.
- Salut Yannick, comment avance le programme ?
- Salut, bien bien, j'aurais fini le premier module d'ici deux-tr...
- OK, mais tu peux déjà me montrer quelque chose là ?
- Oui, il...
- J'ai les directeurs de centre qui veulent voir où ça en est, tu peux leur faire une démonstration dans mon bureau ?
- Pas de problème, j'arrive dans une minute.
Il s'éloigne, satisfait, tandis que je réfléchis furieusement, je n'ai pas eu le temps de tester ce que je viens de taper, plutôt que de risquer la cata devant le gratin de la boîte, je décide de prendre la version précédente.
Bonne idée, la démo se passe bien, je repars vers mon ordi (vers Vincent) et je fouille la poche de mon blouson, je commence à avoir faim, il va bientôt... oups, plus de ticket de cantine !
- Vincent, tu pourrais me prêter un ticket s'il te plaît ?
- Désolé, j'ai utilisé le dernier hier, et y a rupture de stock jusqu'à jeudi.
- Zut... resto ?
- Ouais, pizza ?
- OK, répondis-je en souriant. Un tête-à-tête avec Vincent, je ne demande que ça moi.
(Malgré tout...)
Mon moral reste au beau fixe pendant quelques minutes héroïques, avant que mes pensées ne retombent en chute libre.
(Pourquoi lui ? Comment ai-je pu tomber amoureux de lui ?!)
(Je sais pertinemment qu'il ne me rendra jamais l'amour que je lui porte, et si je commets l'erreur de lui en parler... Non, surtout pas. Mais si je ne lui en parle pas, je continuerai à souffrir, et c'est déjà intolérable... Pourquoi ne puis-je l'oublier ? Me dire simplement qu'il n'y a aucun espoir, aucune chance... L'espoir ? Est-ce ça qui me fait tant souffrir, l'ombre d'un espoir que peut-être il y aurait une chance ? Oui. C'est exactement ça. Si je veux que ça se termine, il me faut une réponse, qu'il me la donne lui-même, alors seulement pourrai-je cesser d'espérer l'impossible. Et commencer à oublier cet amour stupide)
Ma décision prise, je recommence à programmer, un peu plus serein, et, midi venu, nous partons ensemble vers le resto.
- Alors Vincent, ça se passe bien avec ta copine ?
- Oui, ça marche bien, je suis vraiment heureux avec elle.
- Je suis content pour toi. (Je n'en pense pas un mot, et quelque part ça me laisse un goût amer dans la bouche).
Je reste silencieux le reste du trajet, je remarque du coin de l'œil que Vincent me lance un regard, mais je suis trop perdu dans mes pensées. Heureusement, nous arrivons au resto, par chance il n'y a pratiquement personne, nous nous installons à une table dans un coin tranquille, personne autour de nous.
L'apéro et la bière m'ont efficacement engourdi l'esprit, en règle générale j'essaie de ne pas trop boire, l'alcool a tendance à me délier la langue plus que de raison, mais en ce moment c'est dur.
- Et toi, me dit-il, toujours seul ?
- Oui
- Faut sortir mon gars, trouve-toi une jolie fille qui te réchauffera le cœur et le reste.
(Euh, non, sans façon)
Je grogne sans conviction.
- Qu'est-ce qu'il y a, ça fait des jours que tu broies du noir, ça ne va pas ?
- Ouais, j'ai des soucis en ce moment, ça va mal.
- Tu veux m'en parler ? Ça te ferait du bien.
- D'accord.
Je ferme les yeux, malgré l'alcool, certaines choses sont dures à dire, comment va-t-il le prendre...
- Voilà... Je suis gay. J'ai mis du temps à l'accepter, c'est assez récemment en fait que j'ai fini par regarder la vérité en face.
- C'est tout ? Vu ton état je pensais que c'était quelque chose de grave.
- (soulagé par sa réaction) Bah, j'ai d'autres soucis, mais (je ne peux pas te dire la vérité, j'ai trop peur de perdre jusqu'à ton amitié) c'est trop personnel.
Vincent reste longtemps plongé dans ses pensées tout en me regardant, je finis par l'observer de plus en plus intrigué.
- Tu es plongé dans tes pensées, lui fais-je remarquer, espérant qu'il me dirait à quoi il pense.
Il fait un léger oui de la tête, et continue sa réflexion. Puis, il finit par me regarder en souriant et il me dit :
- Eh bien maintenant que tu as accepté ton homosexualité, il va falloir consommer !
Je le regarde, surpris, il blague ou quoi ?
- C'est une proposition ? Dis-je sur le ton de la plaisanterie.
- (gêné) Euh, non, c'est pas du tout mon truc.
- Je trouverai bien, va.
(Que cette réponse me fait mal ! Quand bien même elle était prévisible)
Je me tais un moment avant de reprendre.
- Écoute, dis-je en regardant Vincent droit dans les yeux, je préfère que tout cela reste entre nous, je tiens à ma tranquillité.
- Pas de problème.
Sur le chemin du retour, je reste silencieux, perdu dans mes pensées. Au moins les choses sont claires maintenant, Vincent a mis les points sur les i, et j'espère que je vais pouvoir tirer un trait sur mes sentiments envers lui.
- J'ai eu plusieurs copains gay, me dit Vincent, mais ils en avaient tous après moi, ça m'a gavé crois-moi. J'espère que...
- Vincent, je tiens trop à ton amitié pour faire une connerie pareille. Tu as ma parole.
Il semble visiblement soulagé.
(Tel est le prix de notre amitié... Tu ne sauras jamais que je t'aime)
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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