Le don de guérir (Florian 18 ans surdoué) Livre 4 Tome 1

[laurentdu51100]

CHAPITRE 27 : « Shanpaï » « Xiao Tsu-Kun »


« Dortoir aile gauche, quatrième étage chambre quatre cent dix. Le matin au réveil. »

C’est une légère plainte venant du lit voisin qui réveille Xiao, il se redresse avec une pointe d’inquiétude dans le regard, puis se lève pour aller voir si tout va bien pour Toshio.

Il le découvre, toujours visiblement endormi mais en faisant sans aucun doute un rêve qui le perturbe suffisamment pour qu’il se tortille comme il le fait en ce moment sous ses yeux.

L’heure n’étant pas encore celle de se lever et une fois quelque peu rassuré, Xiao retourne s’allonger avec les mains derrière la tête à réfléchir sur tout ce qu’il a appris en seulement vingt-quatre heures passées sur le campus.

Sa mission maintenant qu’il connaît réellement Tomoya, lui semble être devenue un détail sans importance et pire encore, il ressent comme une traîtrise de sa part à la poursuivre.

Un sourire lui vient alors à se remémorer une des histoires de son père où déjà à cette époque certaines personnes avaient été envoyées en surveillance et tous s’en étaient retrouvés à falsifier leurs rapports pour protéger ceux qui en un rien de temps tout comme lui, se sont vus obtenir le statut d’amis avec un grand « A ».

Xiao n’en est pas encore à faire de fausses révélations, puisque ce qu’il a observé jusque-là n’a rien en soi d’extraordinaire mais déjà l’idée de le faire le cas échéant ne lui semble plus aussi impensable.

Un petit soupir contrarié malgré tout d’avoir d’une façon ou d’une autre à tromper quelqu’un en qui il est très attaché et Xiao revient tout naturellement à la découverte la plus extraordinaire de la veille qu’est la bipolarité de son camarade de chambre, tout du moins s’il peut réellement appeler ça comme ça.

La discussion qu’ils ont eue durant une partie de la nuit, lui a révélé la raison du comportement étrange de Toshio lors de ces deux dernières années et Xiao ne pouvant qu’être de son avis sur le fait de ne vouloir prendre aucun risque qu’un nouvel incident aussi terrible ne se reproduise.

Maintenant celui qu’il nomme dans sa tête « l’autre » puisqu’il n’a pas encore de nom à lui donner, ne lui a pas semblé aussi dangereux que Toshio semble le croire et Xiao n’est pas loin de faire confiance aux explications qu’il lui a données, sentant bien dans cette autre personnalité un réel besoin d’avoir sa propre existence.

Un long frisson prend Xiao quand il pense à ce qu’il ressentirait lui s’il était dans le même cas de figure, enfermé dans un corps sans en avoir le contrôle et subir sans pouvoir intervenir, que ce soit en bien comme en mal.

Il semblerait que seul une grande faiblesse, une peur panique ou quelques autres contrariétés qu’éprouverait Toshio, lui permettrait de pouvoir prendre un instant le contrôle sur ce qui est aussi en quelque sorte son corps.

Un craquement dans la pièce l’avertit que son coloc vient de se réveiller et Xiao le voit bientôt passer sous son nez encore à moitié endormi en se dirigeant directement vers les toilettes, sans un seul regard sur lui comme s’il n’existait pas.

Xiao soupire une nouvelle fois en se disant intérieurement que ce qu’il avait pris pour une avancée significative de leur relation, n’était en fait qu’une simple amorce de changement et que ce changement comportemental devra passer outre à ces deux longues années de conditionnements.

***/***

Toshio quand il passe sous le nez de Xiao, n’avait pas l’intention d’être impoli mais simplement que son esprit reste obnubilé par la conversation qui les a amenés loin dans la nuit.

Mais plus que ses propres problèmes psychiatriques, c’est sans conteste l’annonce que Tomoya a rejoint l’école qui le marque au plus profond du cœur.

Pourquoi n’a-t-il pas mieux caché cette photo, pourquoi Takuma l’a-t-il reconnu alors qu’il a dû bien changer depuis ses quinze ans et encore pourquoi en a-t-il parlé à Xiao son nouveau compagnon de chambre qui venait juste d’arriver, Toshio trouve quand même que ça commence à faire beaucoup de pourquoi.

Ce qui le gène réellement dans toute cette suite rapide d’événements, c’est surtout que Tomoya apprenne que quelqu’un garde aussi précieusement une photo de lui et il ne manquerait plus que ça que Takuma s’en fasse un ami et lâche un jour sans s’en rendre compte la révélation qu’il lui a faite sur ses sentiments à l’égard du personnage de la photo.

Une grimace lui vient alors en comprenant dans quelle merde il vient une nouvelle fois de se mettre, comme s’il n’en avait pas déjà assez avec tout le reste.

Rajouter à ça les révélations qu’il a faites à Xiao et Toshio se sent soudainement pris dans des événements dont il ne sera pas maître et qu’il va lui falloir surmonter seul encore une fois, se demandant comment il va bien pouvoir s’en sortir sans devenir encore plus impopulaire qu’il ne l’est déjà.

C’est en se posant cette question, qu’il entend Xiao lui parler.

- Tu es toujours décidé pour diminuer ta dose de médicaments ?

Toshio est sensible au ton amical donné en posant la question.

- Tu seras vraiment là pour m’aider s’il m’arrive quelque chose ?
- Bien sûr quelle question, ne sommes-nous pas devenus amis depuis hier ?
- Qu’est-ce que tu me trouves pour dire ça ?



CHAPITRE 28 : « Shanpaï » « Toshio Yamashita-Kun »


« Dortoir aile gauche, quatrième étage chambre quatre cent dix. Le matin au réveil. »

Un petit silence suivi d’un ricanement amusé, avant que la réponse ne lui parvienne d’un ton cette fois-ci plutôt enjoué.

- Pas certain que notre différence de culture me permette de te le dire sans que tu te sentes confus et que tu prennes mes paroles au premier degré !!
- Dis toujours maintenant que je suis averti ?

La porte s’ouvre tandis qu’apparaît le visage de Xiao, amusé une fois de plus devant l’expression qu’il peut lire sur celui de Toshio.

Un petit coup d’œil en passant sur sa poitrine dénudée avant que Toshio ne la recouvre pudiquement d’une serviette de toilette, montrant en contrepartie une autre partie des plus appétissantes qui amène un sourire gourmand cette fois aux lèvres de Xiao.

- Hum !!
- (Toshio) Qui t’as autorisé à entrer !! Ce n’est pas parce que nous partageons la même chambre que je n’ai pas droit à mon intimité !! Sors s’il te plaît et ne recommence plus ce genre de chose avec moi !!
- Je voulais juste répondre à ta question et je dois dire que ce que j’ai vu me conforte dans ce sens, si tu veux nous pourrions être plus qu’amis ! Hi ! Hi !

Toshio reconnaît le choc des cultures dont il a été averti car jamais au grand jamais, un Japonais élevé dans la tradition n’aurait même osé faire cette demande avec autant d’impudeur.

- Tu entends quoi par-là ?
- Eh bien… plus qu’amis, quoi !! Genre meilleur ami ou frère, enfin… plus qu’un simple copain de bahut !!

Xiao voit bien le petit sourire de soulagement se dessiner sur le visage de Toshio, qui du coup en oublie totalement sa quasi-nudité et lui dévoile un corps à tomber.

- Tu avais compris quoi ?? Petit-ami peut-être ??
- Au ton de ta voix, j’avoue que ça a été ma première impression !!

Xiao s’approche jusqu’à la limite de tolérance de Toshio, limite qu’il remarque quand même beaucoup plus proche qu’à leur première rencontre.

Il n’est vêtu comme Toshio que de son boxer et remarque le temps d’une seconde le coup d’œil porté dessus par le petit gars en face de lui, avant que celui-ci ne se reprenne en le renvoyant de la salle d’eau.

- Je peux être tranquille pour faire ce que j’ai à faire maintenant ?

Xiao revient sur la dernière phrase de son coloc.

- Et tu prenais ça comment ?
- De quoi tu parles ?
- De ta première impression !!
- Je… ne vois pas où mène cette discussion !! Pourquoi insistes-tu autant là-dessus ?? Tu es gay ??
- Et toi ??
- Ma… mais… non… enfin !!

Xiao s’approche un peu plus jusqu’à être presque à le toucher, Toshio bien sûr s’en rend compte et commence à trembler d’appréhension.

- Ne t’approche pas plus !! Tu sais très bien que je ne le supporte pas !! Je… pourrais te faire mal !!

Toshio se décompose à vue d’œil, son corps s’affaisse en tremblant jusqu’à ce qu’il se retrouve à genoux sur le carrelage.

Xiao ne peut s’empêcher de venir le prendre dans ses bras pour le relever, faisant fi des gestes nerveux de rejet venant de son ami.

- Laisse-moi !! Ne me touche pas !!
- Allons, calme-toi tu veux bien ? Regarde !! Il ne m’arrive rien, vous savez bien tous les deux que je ne suis pas un ennemi !! Allez !! Remets-toi debout et fais-moi un peu plus confiance, je sais à quoi tu penses et tu as sans doute raison mais je ne te ferai jamais rien que tu n’en éprouves l’envie, alors laisse-toi ré-apprivoiser au contact physique avec d’autres personnes. Il n’y a que comme ça que tu arriveras à t’en sortir, essaie de diminuer d’un quart tes médicaments pendant toute cette semaine et après on verra ce que ça donne, si tout va bien nous pourrons passer à la moitié du traitement la semaine suivante et ainsi de suite, jusqu’à ce que tu aies l’esprit enfin libre de toute cette drogue que tu ingurgites depuis deux ans et qui te met le cerveau à l’envers.

Toshio hésite à le repousser une nouvelle fois, pourtant il doit bien reconnaître qu’il se sent bien dans les bras de Xiao qui étrangement maintenant qu’il est relevé n’éprouve pas le besoin de le relâcher.

Cette impression de bien être se manifeste visuellement par la dernière des choses qu’il aurait souhaité montrer, son boxer pourtant ne peut plus rien faire en ayant atteint le maximum de ses capacités de contenance.

La gêne lisible soudainement sur le visage de Toshio tout comme sa soudaine passivité à se laisser toucher, intrigue suffisamment Xiao pour qu’il en cherche la raison et il ne lui faut pas longtemps pour comprendre où est le problème, surpris à son tour de l’excroissance imposante cherchant à s’échapper de l’unique vêtement qu’il porte.

D’un ton se voulant amusé de façon à ne pas heurter plus que nécessaire Toshio.

- Eh bien mon cochon !! Serait-ce une réponse à ma question de tout à l’heure ??

Toshio devient rouge vif en comprenant qu’il vient de se faire capter, du coup il en oublie presque sa phobie et ne pense plus qu’à trouver une excuse qui tienne un tant soit peu la route pour expliquer son état de tension manifeste, jusqu’à ce que lui aussi remarque la même chose commençant à prendre son essor dans le boxer de Xiao.

Quelque chose en lui cède brusquement, comme une digue qui soudainement se rompt et ne retient plus ce qu’elle était censée contenir, un besoin impérieux de contact humain qui lui fait cette fois prendre l’initiative de se serrer un bref instant encore plus fort contre lui à la plus grande surprise de Xiao qui ne s’y attendait vraiment pas.