30-08-2020, 03:55 PM
CHAPITRE LXXVI
''Quondam iterum ante relinquo''
''Quondam iterum ante relinquo''
A onze heures, Burydan se réveilla d'un sommeil peuplé de rêves tout sauf innocents. Il sentait encore sur ses lèvres, sur sa langue et sur sa peau l'odeur de ses deux amants.
Il s'habilla et descendit pour prendre son déjeuner. Une fois repu, il fit quelques pas dans la ville puis se dirigea vers les bains publics. L'eau était tiédasse et quelque peu grisâtre, mais c'était mieux que rien. De plus il voulait être tout propre pour son rendez-vous.
Il sortit des bains et avança d'un pas décidé. Il repensait à la veille. Il se demandait si les deux frères ne s'étaient pas moquer de lui.
Arad prétendait ne pas être bougre. Et pourtant, il s'était pratiquement jeté sur la bite de Burydan. Et il s'était donné à lui sans aucune retenue et avec volupté.
Et Alam, qui était censé être ''vierge'', du moins avec les hommes. Il était doué... très doué... trop doué pour que ça ait été vraiment sa première fois Cette façon qu'il avait eu de le prendre en cadence en variant les rythmes et en retenant son orgasme le plus longtemps possible pour mener Burydan au paroxysme d'un plaisir inouï...
Mais Burydan décida qu'il s'en moquait. Il avait pris du plaisir et c'était le principal. Et il en avait donné aussi. Et c'est ça qui le surprenait le plus.
Quand il payait des garçons pour les baiser, il était brusque, exigeant, brutal même, ne pensant qu'à son propre plaisir. Et là, avec les deux frères, il s'était montré doux, prévenant, presque... tendre. Et avait pensé autant à son plaisir qu'au leur. Comme il l'avait fait avec Raven.
Il ne savait pas pourquoi, dés qu'il payait un garçon, il estimait pouvoir tout lui faire et tout lui faire faire, même ses envies les plus viles, alors que quand un garçon se donnait à lui juste parce qu'il en avait envie, il se montrait doux et attentionné. Ça le dépassait.
Puis une pensée insidieuse se fraya un chemin dans son cerveau. S'il rencontrait Martouf aujourd'hui, comment est-ce qu'il le traiterait ? Comme tous les autres ? Il se montrerait brutal avec lui ? Son petit minet tout mignon, tout fragile, il le baiserait comme une bête, comme la dernière des traînées ?
Il chassa ces pensées de son esprit, s'assit sur un banc et attendit... attendit... attendit... et enfin il le vit.
Sortant du poste de la milice, Aragorn plaisantait avec certains de ses collègues et souriait. Et il était encore plus beau quand il souriait. Il n'avait pas changé. Toujours les mêmes cheveux brun foncé, mi-longs et ondulés, la même mâchoire carrée qui lui donnait un air extrêmement mâle, viril, les mêmes épaules larges, le même torse massif, la même taille étroite...
Aragorn tourna la tête et son sourire s'effaça. Il pâlit, rougit, pâlit de nouveau, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte.
- Qu'est-ce qui t'arrive, Ara', t'as vu un Yourei ? (1) dit un de ses collègues en regardant vers Burydan. C'est qui ce quidam ?
Aragorn ne répondit pas et traversa la rue. Burydan se leva et le milicien se planta devant lui.
- Salutations à toi, Burydan de Malkchour, c'est un grand honneur pour moi de rencontrer le plus grand chasseur de prime de Brittania, et le plus grand épéiste de tout Genesia...
- Honneur partagé, dit Burydan, entrant dans son jeu.
- Puis-je faire quelque chose pour toi ?
- Je pense que tu le peux, en effet...
- Je t'écoute...
- Pas ici. Allons à mon auberge, nous serons plus à l'aise pour discuter de cette affaire.
- Est-ce un ordre ?
- C'en est un.
- Dans ce cas....
Ils cheminèrent silencieusement et montèrent dans la chambre de Burydan. Il referma la porte sur eux et se dirigea vers Aragorn qui attendait au milieu de la chambre.
- Alors, qu'elle est cette affaire si importante, chasseur de prime ?
Burydan mit une main sur sa poitrine et le poussa contre le mur. D'une main il épingla les poignets d'Aragorn au-dessus de sa tête et planta ses yeux gris dans les siens.
Il écrasa ses lèvres sur les siennes et leurs deux langues s'emmêlèrent. Burydan avait oublié à quel point Aragorn embrassait bien.
Burydan lâcha ses poignets et les deux hommes s'enlacèrent, et Burydan ne pu retenir un gémissement quand le milicien approfondit encore le baiser.
- Appelle moi bébé, et fais moi l'amour, beau milicien. C'est à ton tour de me donner des ordres...
Aragorn sourit et l'embrassa de nouveau.
- Très bien... déshabille toi... bébé...
(1 )Yourei : apparition surnaturelle d'une personne morte. Très semblable au terme ''fantôme''.