À la place de l'Autel, une représentation du système solaire en métal et en bois de quelques mètres de long semblait attirer le jeune homme par son ingénieuse construction.
Talion qui avait rejoint Cylian semblait lui aussi muet d'admiration.
Sofian exultait de joie à l'idée de leur expliquer la raison de cet objet ici.
— Voici un des premiers modèles du système solaire il fut réalisé par Copernic lui-même.
Vous remarquerez sans doute qu'il est incomplet. Il manque les dernières planètes comme Pluton qui ne sera découverte qu'en 1930. Les éthérés situent ce modèle aux alentours de 1530.
— C'est ça le trésor de Copernic ? s'enquit Cylian ?
— Non... c'est ça le trésor de Copernic !
Les doigts de Sofian se posèrent sur une boîte en verre transparent. À l'intérieur y figurait un bout de papier jauni par le temps comme un bout de parchemin.
Le jeune garçon reprit son explication.
— Les éthérés ont apporté un document écrit à Copernic pour lui prouver que sa théorie de l'héliocentrisme était en partie vraie, c'est ce que vous avez sous les yeux en ce moment même.
Ce bout de papier est le fruit de nombreuses recherches établies à différents points sur Terre par les éthérés. Les calculs de différents radiants inscrits dessus prouvent que la terre tourne autour du soleil et non plus que la terre est le centre de l'univers. Mais à l'époque, l'humanité devra attendre encore un peu pour prouver que notre système solaire n'est pas le centre de l'univers.
L'église rejeta malheureusement cette idée, dès lors, les éthérés se sont proclamés les gardiens de Copernic et de ses idées. Fuyant le courroux de l'église, certains d'entre eux ont réussi à cacher cette précieuse relique sur Zante et à la défendre coûte que coûte au fil des siècles.
Bien sûr aujourd'hui, ce parchemin prête à sourire. Qui donc se soucie de nos jours que la terre tourne autour du soleil ?
Mais il y a 400 ans... il était le symbole vivant que des hommes ce sont unis et ont combattu ensemble une forme d'intolérance et d'obscurantisme. Ces hommes et pas seulement des éthérés, croyaient en un idéal, soutenant une forme de liberté contre le pouvoir religieux, comme défendre l'homosexualité de nos jours, ne laissez jamais le jugement des idées préconçues atteindre votre esprit.
Sofian jeta un regard empli de compassion sur les deux garçons qui se tenaient devant lui.
Il reprit.
— C'est pour cela que l'Héritage de Copernic me rend fier d'être un éthéré et...
Clap, clap, clap...
Quelqu'un venait d'entrer en applaudissant.
Les trois garçons surpris se retournèrent en même temps et reconnurent Valérian qui frappait des mains, Ils regardèrent le jeune homme venir jusqu'à eux, la mine sévère.
L'éthéré qui avait rejoint le groupe déclara d'une voix mielleuse.
— Sofian... laisse-moi rire ! L'histoire que tu défends n'est pas la tienne. Tu es et tu resteras un psychique et non un éthéré ! Tu n'as rien à faire là !
Le sang de Sofian ne fit qu'un tour, en quelques secondes, il perdit tout son calme et cria à Valérian.
— Je suis le fils de Cervantès. J'ai le droit de venir ici ! Comment est ce que tu l'as appris ? C'est Floric qui te l'a dit ? Regarde-toi Valérian, tu es peut-être un éthéré de naissance mais tu n'as pas d'honneur, tu es malhonnête, hypocrite, c'est à se demander ce que Floric te trouve...
Sofian criait à s'écorcher la voix, le visage empourpré.
C'est Talion qui fondit sur Valérian, lui serrant sa gorge de ses mains gantées de noir.
Il glissa à l'oreille du garçon qui n'était pas le bienvenu.
— Écoute Valérian, j'en ai plus qu'assez de ta langue de vipère, soit tu dégages maintenant, soit je t'étrangle et je jure que je le fais. Même si nous sommes dans une église, ce n'est pas ça qui m'arrêtera. Tu te conduis comme un idiot. C'est à se demander si ce n'est pas toi le psychique ! Quand tu arriveras à la cheville de Sofian, ce qui n'arrivera jamais, tu pourras dire tes conneries.
Talion laissa ensuite partir Valérian qui sortit le visage sombre. Mais le mal était fait. Sofian appuyé contre un mur éclata en sanglots.
— Quel con ! Me ressortir ça après tant d'années ! Je ne te le pardonnerai jamais Valérian !
Cylian quand à lui, restait abasourdi par les mots de Valérian.
« Sofian un psychique ? Ce n'est pas possible ! Je l'ai vu voler ! C'est la meilleure ! »
Talion avança sans bruit et prit la main de Sofian en la serrant tout contre lui.
— Sofian, je me moque de ce que tu es en réalité, ce n'est pas important. Nous savons que tu es quelqu'un d'exceptionnel. Ce n'est pas ce que nous sommes mais les actions que nous faisons qui sont importantes. Je t'en supplie, arrête de pleurer, ça me chagrine quand je te vois dans cet état.
Il demanda un service à Cylian.
— Cyl', laisse-nous quelques minutes, j'ai à parler à Sofian.
— Non Talion, laisse-moi le réconforter aussi !
— Ne t'inquiètes pas, je m'en occupe. Attends-moi dehors je reviens dans 10 minutes.
— Bon d'accord...
Talion emmena Sofian dans une pièce annexe située derrière le chœur de l'église, les deux garçons se tenaient la main. Cylian crut à cet instant que la terre s'ouvrait sous ses pieds, prête à l'avaler.
Un sentiment comparable à de la jalousie s'empara de lui, il sortit en courant et alla s'appuyer contre un arbre pour pleurer.
Il susurrait entre deux sanglots, la tête rentrée dans les épaules.
— Je n'ai plus rien à faire ici, je n'ai pas ma place, peut-être que je devrais laisser tout ça ? Faire mes valises et faire mes adieux à Léa, William, Mikki et Sandro puis m'en aller.
Derrière lui, la porte s'ouvrit alors qu'il était sur le point de rejoindre la maison.
Il ne prêtait même plus attention à Talion qui courait vers lui pour lui demander, le timbre de sa voix marquée par l'inquiétude :
— Cyl', mais pourquoi tu pleures ?
— Tu es marrant ! Pourquoi je pleure ? C'est évident non ? Arrête ton petit jeu. J'ai remarqué qu'entre toi et Sofian, il y a plus que de l'amitié entre vous !
— Mais tu es dingue ou quoi ? Sofian aime Léa, il vient de me l'avouer ! Tu voudrais sous-entendre que Sofian est gay ? Tu veux rire !
— Alors de quoi avez-vous parlé ? Pourquoi est ce que j'ai l'impression que tu me caches certaines choses ?
— Bon Cylian tu arrêtes oui ? On dirait un gamin qui fait sa crise de jalousie ! Moi et Sofian c'est comme toi et Floric ! Nous sommes juste amis !
— Mais moi aussi putain je suis ami avec Sofian ! J'ai le droit de savoir ce qu'il se passe non ? Pourquoi Valérian a dit que Sofian était un psychique ? DIS-MOI !
Talion baissa la tête.
— Je ne peux pas Cyl', je n'ai pas le courage de te le dire... comment t'expliquer ? Sofian et moi nous nous comprenons, nous sommes identiques.
Cylian bondit sur Talion en agrippant sa tunique noire par les doigts.
— Pourquoi j'ai l'impression que tu m'évites depuis notre première rencontre ? POURQUOI, MERDE À LA FIN ?
Cylian tomba à genou à terre, son visage rougi était caché derrière sa main humide, trempée par ses pleurs, il poursuivit avec difficulté, tellement sa gorge était nouée par l'émotion.
— Talion... on dirait que toi et moi, on a toujours peur de se causer du tort en avouant nos sentiments. Nous passons notre temps à fuir la réalité en ce cachant derrière des espoirs sans les concrétiser alors qu'on sait tout les deux ce qu'on éprouve pour l'autre...
Le jeune garçon masqué était tétanisé, il admettait qu'au fond de lui, Cylian avait mille fois raison.
Il était là comme un imbécile à contempler Cylian, SON Cylian, effondré comme jamais il ne l'avait vu auparavant depuis son arrivée, ne parvenant pas à mobiliser la plus petite once de volonté : ses lèvres restaient désespérément closes.
« Qu'est ce que tu fais ? Cylian est là, à tes pieds, console-le gros nigaud ! »
Cylian pleurant de toutes ses larmes, blessé au cœur... .
Qu'il était beau les yeux rouges, ses mèches de cheveux se balançant sur son nez aquilin, quelques taches de rousseurs et une fossette qui se creusait toujours quand Cylian souriait où pleurait, c'était le détail où Talion se serait damné pour le contempler à loisir... ne serait-ce que quelques secondes dans une vie.
Puis il y avait aussi ce visage mince se terminait par des lèvres rosées qui laissaient entrevoir de petites quenottes blanches...
Pour Talion cela était une torture. Si seulement sa langue pouvait ne serait ce que les effleurer... s'il pouvait goûter au goût sublime de sa salive, jouant chacun de leur langues... si seulement.
Répondre à Cylian... il le fallait... mais lui dire quoi ?
— Cyl' je... suis un abruti.
— PUTAIN MAIS DIS-LE !
Délicatement, le torse de Cylian se colla contre la tunique sanglée de Talion.
Les sourcils du beau brun tremblaient, un seul mot de travers... un seul... et les yeux de Cylian lâcheraient des larmes d'adieu. Talion le pressentait.
— Je t'aime Cylian... Tu ne peux pas imaginer à quel point...
En cet instant, le jeune garçon à la fossette lutta pour réprimer un énième sanglot, au lieu de ça, la nuque du beau brun se posa sur l'épaule qu'il avait en face de lui et ses lèvres se mirent à chuchoter d'une voix tremblante :
— Talion... embrasse moi... embrasse moi où je te jure que je pars de cet île dans la seconde qui suit !
— Cylian, je te demande une faveur. Promets-moi de m'attendre jusqu'à ce soir, je te le demande de faire ça pour moi, même à genoux s'il le faut, mais auparavant, j'ai un compte à régler avec quelqu'un. S'il te plaît... je te jure qu'après, tout sera terminé. Nous serons ensemble.
L'Apollon soupira :
— C'est d'accord, j'essaierai d'attendre jusqu'à ce soir... Tu veux que je vienne avec toi voir cette personne ?
— Non ça va aller... mais souhaite moi bon courage quand même, une dure épreuve m'attend.
Cylian embrassa Talion d'un geste vif sur la nuque suivi d'un sourire.
— Pour t'encourager mon ange...
Sofian sortait enfin de l'église, à voir son visage, il avait séché ses larmes... Talion devait avoir trouvé les mots justes.
Cylian vint à sa rencontre, lui demandant s'il se sentait mieux tout en éludant les questions qu'il mourrait d'envie de lui poser à propos de ce qui venait de se passer à l'intérieur. Les deux amis regardaient silencieusement Talion s'en aller, marchant d'une allure déterminée.
— Sofian, si je peux faire quelque chose pour toi, n'hésite pas.
— Je sais Cylian, je voulais te dire que tu as de la chance d'avoir Talion avec toi. Il vient de me faire comprendre que ma tristesse n'est rien par rapport à la sienne. Tu peux avoir confiance en Talion, jamais il ne te trahira. Il a juste une histoire à régler et ensuite il sera prêt à t'aimer.
— Ne me dis pas que tu sais où il va ?
— Si... il va voir Yliria, puis après tout sera terminé. Vous pourrez vous aimer.
Talion qui avait rejoint Cylian semblait lui aussi muet d'admiration.
Sofian exultait de joie à l'idée de leur expliquer la raison de cet objet ici.
— Voici un des premiers modèles du système solaire il fut réalisé par Copernic lui-même.
Vous remarquerez sans doute qu'il est incomplet. Il manque les dernières planètes comme Pluton qui ne sera découverte qu'en 1930. Les éthérés situent ce modèle aux alentours de 1530.
— C'est ça le trésor de Copernic ? s'enquit Cylian ?
— Non... c'est ça le trésor de Copernic !
Les doigts de Sofian se posèrent sur une boîte en verre transparent. À l'intérieur y figurait un bout de papier jauni par le temps comme un bout de parchemin.
Le jeune garçon reprit son explication.
— Les éthérés ont apporté un document écrit à Copernic pour lui prouver que sa théorie de l'héliocentrisme était en partie vraie, c'est ce que vous avez sous les yeux en ce moment même.
Ce bout de papier est le fruit de nombreuses recherches établies à différents points sur Terre par les éthérés. Les calculs de différents radiants inscrits dessus prouvent que la terre tourne autour du soleil et non plus que la terre est le centre de l'univers. Mais à l'époque, l'humanité devra attendre encore un peu pour prouver que notre système solaire n'est pas le centre de l'univers.
L'église rejeta malheureusement cette idée, dès lors, les éthérés se sont proclamés les gardiens de Copernic et de ses idées. Fuyant le courroux de l'église, certains d'entre eux ont réussi à cacher cette précieuse relique sur Zante et à la défendre coûte que coûte au fil des siècles.
Bien sûr aujourd'hui, ce parchemin prête à sourire. Qui donc se soucie de nos jours que la terre tourne autour du soleil ?
Mais il y a 400 ans... il était le symbole vivant que des hommes ce sont unis et ont combattu ensemble une forme d'intolérance et d'obscurantisme. Ces hommes et pas seulement des éthérés, croyaient en un idéal, soutenant une forme de liberté contre le pouvoir religieux, comme défendre l'homosexualité de nos jours, ne laissez jamais le jugement des idées préconçues atteindre votre esprit.
Sofian jeta un regard empli de compassion sur les deux garçons qui se tenaient devant lui.
Il reprit.
— C'est pour cela que l'Héritage de Copernic me rend fier d'être un éthéré et...
Clap, clap, clap...
Quelqu'un venait d'entrer en applaudissant.
Les trois garçons surpris se retournèrent en même temps et reconnurent Valérian qui frappait des mains, Ils regardèrent le jeune homme venir jusqu'à eux, la mine sévère.
L'éthéré qui avait rejoint le groupe déclara d'une voix mielleuse.
— Sofian... laisse-moi rire ! L'histoire que tu défends n'est pas la tienne. Tu es et tu resteras un psychique et non un éthéré ! Tu n'as rien à faire là !
Le sang de Sofian ne fit qu'un tour, en quelques secondes, il perdit tout son calme et cria à Valérian.
— Je suis le fils de Cervantès. J'ai le droit de venir ici ! Comment est ce que tu l'as appris ? C'est Floric qui te l'a dit ? Regarde-toi Valérian, tu es peut-être un éthéré de naissance mais tu n'as pas d'honneur, tu es malhonnête, hypocrite, c'est à se demander ce que Floric te trouve...
Sofian criait à s'écorcher la voix, le visage empourpré.
C'est Talion qui fondit sur Valérian, lui serrant sa gorge de ses mains gantées de noir.
Il glissa à l'oreille du garçon qui n'était pas le bienvenu.
— Écoute Valérian, j'en ai plus qu'assez de ta langue de vipère, soit tu dégages maintenant, soit je t'étrangle et je jure que je le fais. Même si nous sommes dans une église, ce n'est pas ça qui m'arrêtera. Tu te conduis comme un idiot. C'est à se demander si ce n'est pas toi le psychique ! Quand tu arriveras à la cheville de Sofian, ce qui n'arrivera jamais, tu pourras dire tes conneries.
Talion laissa ensuite partir Valérian qui sortit le visage sombre. Mais le mal était fait. Sofian appuyé contre un mur éclata en sanglots.
— Quel con ! Me ressortir ça après tant d'années ! Je ne te le pardonnerai jamais Valérian !
Cylian quand à lui, restait abasourdi par les mots de Valérian.
« Sofian un psychique ? Ce n'est pas possible ! Je l'ai vu voler ! C'est la meilleure ! »
Talion avança sans bruit et prit la main de Sofian en la serrant tout contre lui.
— Sofian, je me moque de ce que tu es en réalité, ce n'est pas important. Nous savons que tu es quelqu'un d'exceptionnel. Ce n'est pas ce que nous sommes mais les actions que nous faisons qui sont importantes. Je t'en supplie, arrête de pleurer, ça me chagrine quand je te vois dans cet état.
Il demanda un service à Cylian.
— Cyl', laisse-nous quelques minutes, j'ai à parler à Sofian.
— Non Talion, laisse-moi le réconforter aussi !
— Ne t'inquiètes pas, je m'en occupe. Attends-moi dehors je reviens dans 10 minutes.
— Bon d'accord...
Talion emmena Sofian dans une pièce annexe située derrière le chœur de l'église, les deux garçons se tenaient la main. Cylian crut à cet instant que la terre s'ouvrait sous ses pieds, prête à l'avaler.
Un sentiment comparable à de la jalousie s'empara de lui, il sortit en courant et alla s'appuyer contre un arbre pour pleurer.
Il susurrait entre deux sanglots, la tête rentrée dans les épaules.
— Je n'ai plus rien à faire ici, je n'ai pas ma place, peut-être que je devrais laisser tout ça ? Faire mes valises et faire mes adieux à Léa, William, Mikki et Sandro puis m'en aller.
Derrière lui, la porte s'ouvrit alors qu'il était sur le point de rejoindre la maison.
Il ne prêtait même plus attention à Talion qui courait vers lui pour lui demander, le timbre de sa voix marquée par l'inquiétude :
— Cyl', mais pourquoi tu pleures ?
— Tu es marrant ! Pourquoi je pleure ? C'est évident non ? Arrête ton petit jeu. J'ai remarqué qu'entre toi et Sofian, il y a plus que de l'amitié entre vous !
— Mais tu es dingue ou quoi ? Sofian aime Léa, il vient de me l'avouer ! Tu voudrais sous-entendre que Sofian est gay ? Tu veux rire !
— Alors de quoi avez-vous parlé ? Pourquoi est ce que j'ai l'impression que tu me caches certaines choses ?
— Bon Cylian tu arrêtes oui ? On dirait un gamin qui fait sa crise de jalousie ! Moi et Sofian c'est comme toi et Floric ! Nous sommes juste amis !
— Mais moi aussi putain je suis ami avec Sofian ! J'ai le droit de savoir ce qu'il se passe non ? Pourquoi Valérian a dit que Sofian était un psychique ? DIS-MOI !
Talion baissa la tête.
— Je ne peux pas Cyl', je n'ai pas le courage de te le dire... comment t'expliquer ? Sofian et moi nous nous comprenons, nous sommes identiques.
Cylian bondit sur Talion en agrippant sa tunique noire par les doigts.
— Pourquoi j'ai l'impression que tu m'évites depuis notre première rencontre ? POURQUOI, MERDE À LA FIN ?
Cylian tomba à genou à terre, son visage rougi était caché derrière sa main humide, trempée par ses pleurs, il poursuivit avec difficulté, tellement sa gorge était nouée par l'émotion.
— Talion... on dirait que toi et moi, on a toujours peur de se causer du tort en avouant nos sentiments. Nous passons notre temps à fuir la réalité en ce cachant derrière des espoirs sans les concrétiser alors qu'on sait tout les deux ce qu'on éprouve pour l'autre...
Le jeune garçon masqué était tétanisé, il admettait qu'au fond de lui, Cylian avait mille fois raison.
Il était là comme un imbécile à contempler Cylian, SON Cylian, effondré comme jamais il ne l'avait vu auparavant depuis son arrivée, ne parvenant pas à mobiliser la plus petite once de volonté : ses lèvres restaient désespérément closes.
« Qu'est ce que tu fais ? Cylian est là, à tes pieds, console-le gros nigaud ! »
Cylian pleurant de toutes ses larmes, blessé au cœur... .
Qu'il était beau les yeux rouges, ses mèches de cheveux se balançant sur son nez aquilin, quelques taches de rousseurs et une fossette qui se creusait toujours quand Cylian souriait où pleurait, c'était le détail où Talion se serait damné pour le contempler à loisir... ne serait-ce que quelques secondes dans une vie.
Puis il y avait aussi ce visage mince se terminait par des lèvres rosées qui laissaient entrevoir de petites quenottes blanches...
Pour Talion cela était une torture. Si seulement sa langue pouvait ne serait ce que les effleurer... s'il pouvait goûter au goût sublime de sa salive, jouant chacun de leur langues... si seulement.
Répondre à Cylian... il le fallait... mais lui dire quoi ?
— Cyl' je... suis un abruti.
— PUTAIN MAIS DIS-LE !
Délicatement, le torse de Cylian se colla contre la tunique sanglée de Talion.
Les sourcils du beau brun tremblaient, un seul mot de travers... un seul... et les yeux de Cylian lâcheraient des larmes d'adieu. Talion le pressentait.
— Je t'aime Cylian... Tu ne peux pas imaginer à quel point...
En cet instant, le jeune garçon à la fossette lutta pour réprimer un énième sanglot, au lieu de ça, la nuque du beau brun se posa sur l'épaule qu'il avait en face de lui et ses lèvres se mirent à chuchoter d'une voix tremblante :
— Talion... embrasse moi... embrasse moi où je te jure que je pars de cet île dans la seconde qui suit !
— Cylian, je te demande une faveur. Promets-moi de m'attendre jusqu'à ce soir, je te le demande de faire ça pour moi, même à genoux s'il le faut, mais auparavant, j'ai un compte à régler avec quelqu'un. S'il te plaît... je te jure qu'après, tout sera terminé. Nous serons ensemble.
L'Apollon soupira :
— C'est d'accord, j'essaierai d'attendre jusqu'à ce soir... Tu veux que je vienne avec toi voir cette personne ?
— Non ça va aller... mais souhaite moi bon courage quand même, une dure épreuve m'attend.
Cylian embrassa Talion d'un geste vif sur la nuque suivi d'un sourire.
— Pour t'encourager mon ange...
Sofian sortait enfin de l'église, à voir son visage, il avait séché ses larmes... Talion devait avoir trouvé les mots justes.
Cylian vint à sa rencontre, lui demandant s'il se sentait mieux tout en éludant les questions qu'il mourrait d'envie de lui poser à propos de ce qui venait de se passer à l'intérieur. Les deux amis regardaient silencieusement Talion s'en aller, marchant d'une allure déterminée.
— Sofian, si je peux faire quelque chose pour toi, n'hésite pas.
— Je sais Cylian, je voulais te dire que tu as de la chance d'avoir Talion avec toi. Il vient de me faire comprendre que ma tristesse n'est rien par rapport à la sienne. Tu peux avoir confiance en Talion, jamais il ne te trahira. Il a juste une histoire à régler et ensuite il sera prêt à t'aimer.
— Ne me dis pas que tu sais où il va ?
— Si... il va voir Yliria, puis après tout sera terminé. Vous pourrez vous aimer.