14-05-2025, 10:45 AM
Les deux éthérés glissaient lentement à travers les nuages en cette fin de journée, ils n'avaient pas spécialement envie de rentrer tout de suite au centre.
En observant son ami masqué, Cylian se faisait à l'idée que plus il était avec lui et plus il l'appréciait.
Son corps musclé et son dévouement en faisait en quelque sorte son ange protecteur. Quel dommage qu'il ait été défiguré.
Talion le sortit alors de sa rêverie.
— Cyl' ... tu crois que par amour, l'homme qu'on aime peut nous pardonner nos fautes ?
— Qu'est ce que tu me chantes là ? Tu as des choses à te faire pardonner toi ? Pourquoi me dis-tu cela ?
— Si tu savais... mais répond à ma question Cyl' ...
Après un instant de réflexion, la réponse du beau brun se fit sans attendre.
— Oui... je crois que je lui pardonnerai tout... cela fait partie de l'amour non ? Partager nos fautes comme partager les épreuves.
— Cyl' j'ai quelque chose à te dire, quelque chose qui me ronge depuis longtemps... tu risques de m'en vouloir si je...
— Attends !
— Quoi ?
— J'ai cru voir quelque chose bouger sur le sol en dessous de nous quelque part sur notre gauche.
— Tu plaisantes Cyl ? La végétation est trop épaisse, pour quelle raison des villageois se trouvant à la périphérie de l'île viendraient ici ?
— Exactement ! Pour quelle raison ? Donc... ce ne sont pas des autochtones. Suis-moi, autant en avoir le cœur net. Descendons doucement.
Talion et Cylian se posèrent au sol à quelques centaines de mètres d'où Cylian pensait avoir vu ces mystérieuses formes humaines.
Ils avancèrent prudemment. Quelques mètres plus loin, ils entendirent comme des voix.
Les deux éthérés se regardèrent surpris.
Le jeune garçon avait eu raison. Mais une seule question occupait leurs pensées. De qui pouvait-il s'agir ?
Il commençait à faire nuit, tous les autres devaient avoir rejoint le centre depuis longtemps.
Ils virent enfin les inconnus, L'éthéré aux cheveux brun avait vu juste : Ils n'étaient pas seuls dans cette partie de l'île.
Cylian et Talion s'accroupirent instinctivement en même temps.
Ils devaient être cinq ou six, certains étaient jeunes, à en voir leur visage.
Un détail frappa néanmoins Cylian, tous les étrangers avaient un point commun : Ils portaient tous une cape grise et une chose était certaine. Aucun d'eux n'était un éthéré.
Talion chuchota :
— Tu avais raison . Il y avait bien quelqu'un.
La réponse de Cylian se fit tout aussi discrète :
— Tu sais de qui il s'agit ?
— Aucune idée ! C'est la première fois que je les vois sur l'île !
— Alors que faisons-nous ?
— Rien ! Nous rentrons ! En ma qualité d'éclaireur, il est de mon devoir d'avertir Cervantès qu'un danger possible nous menace. Regarde ces hommes : ils ont des flingues à leur ceinture !
— Ce sont des psychiques ?
— Possible mais rien n'est moins sûr... J'ai déjà vu des combats dans le passé, ces hommes ne sont que les premières lignes, regarde . Il ont fait un feu de camp, si tu observes bien, il y a deux hommes qui montent la garde, les deux autres se reposent et le dernier est occupé à envoyer un message sur un téléphone par satellite. Par contre, je ne vois pas d'insigne du corps Psy sur leur tenue.
Je pense qu'il faut rentrer. Nous ne pouvons rien tenter pour l'instant. Si ce sont des personnes hostiles, nous ne sommes pas assez en nombre pour les affronter. Et puis, je ne voudrais pas qu'il t'arrive malheur.
Tout en chuchotant, Talion observait Cylian accroupi, seul ses yeux brillaient dans le crépuscule, magnifiques perles que le jeune homme ne cessait d'admirer à travers son casque.
Instinctivement, il tendit sa main à la rencontre du bras de son ami. Lorsque celle-ci effleura les doigts de Cylian, leur douce chaleur réchauffa les siens.
Le beau brun aux yeux brillants ne fit aucun mouvement pour se retirer.
Au contraire, ses deux prunelles phosphorescentes se tournèrent vers Talion, peut-être Cylian était-il touché par cette marque de réconfort au sein même du danger ?
Cylian s'approcha doucement de Talion et lui chuchota :
— D'accord rentrons, en plus le combat contre Valérian m'a épuisé. Excuse-moi si je ne te suis pas mais j'ai un truc à faire avant... on se retrouve au camp dès que possible.
Les deux éthérés repartirent discrètement puis, s'assurant que la distance parcourue était suffisante pour ne pas être repérés, ils décollèrent.
Talion partit seul. Ce n'est que lorsqu'il disparut au loin que Cylian parla à haute voix :
— Mona Lisa ! Tu m'entends ? Mona !
Va-t-elle enfin répondre ?
Quelques secondes plus tard, la voix tant attendue résonna dans son esprit :
— Quoi encore ? Je suis sous la douche ! Rappelle-moi plus tard !
— Oh que non ! Tu ne vas pas t'en tirer comme ça ! J'ai besoin de tes conseils et tout de suite ! Ça urge !
— Bon, qu'y a-t-il ?
— Talion et moi étions partis faire un tour dans les environs. Or, nous venons de surprendre un groupe de personnes qui se sont infiltrés dans l'île. Ils portent tous une cape grise, sais-tu quelque chose à leur sujet ?
— Oui...
— Putain ! Mais dis-moi qui ils sont alors ?
— Voilà qui est fâcheux...
— Et qu'est-ce qui est fâcheux ? Dis-moi ! Tu as perdu ton savon ?
— Non ! Andouille ! C'est que... tu n'aurais jamais dû les rencontrer. Sache que si tu ne dois rien craindre d'eux, tu ne dois pas rentrer en contact avec eux maintenant.
— Mais enfin pourquoi ?
— Parce qu'ils attendent que notre ennemi commun, votre ennemi par la même occasion, ce soit manifesté. Les pions se mettent en place, c'est d'abord à l'ennemi d'avancer sur l'échiquier. Si tu divulgues leur existence, leur stratégie d'intervenir au moment opportun risque de tomber à l'eau.
Je ne peux que te donner le nom de ce à quoi tu as eu affaire: les hommes que tu as vu tout à l'heure vu font partie d'une armée très puissante, elle se fait appeler « l'armée d'argent ».
— Jamais entendu parler !
— Normal. L'existence de cette armée demeure secrète.
— Vu que tu es sans doute une psychique et que tu connais les hommes que j'ai croisés, je suppose donc que cette armée est dirigée par les psychiques. Tu sais à quoi je pense Mona ? Que je ne suis pas dans le bon camp lorsque je t écoute... que je me range au coté de l'adversaire.
— Ne t'inquiètes pas Cylian, je te demande t'attendre pour l'instant. Cette armée n'est pas sous les ordres des psychiques si cela peut te rassurer.
Lorsque l'ennemi frappera, je te laisserai tout le loisir de choisir ton camp. Je te propose de l'aide, libre à toi de l'accepter où de la refuser, tu es gagnant dans tout les cas ! Du moins... tu n'as rien à perdre, tout comme moi. Je te le redis : tu es une personne digne de confiance.
— Digne de confiance... c'est celui qui t'as demandé de me protéger qui t'a dit ça ?
— Exact.
— Formidable... si tu savais comme les idées se bousculent dans ma tête en ce moment !
— Dommage que Talion ait lui aussi été témoin de la présence de l'Armée d'Argent sur l'île, j'imagine qu'il va avertir les autres éthérés ?
— Oui, c'est logique... Tu aurais fais de même à notre place.
— En effet, mais nous savions que tôt ou tard, la présence de ces hommes serait découverte. Tant pis... ne répète pas ce que je viens de te dire. Si on te pose la question, tu réponds simplement que tu as vu un groupe de personnes d'origine inconnue.
— Ok, mais j'exigerai des explications plus tard !
— Tu sauras tout, bientôt... et mon identité par la même occasion !
— Je dois rejoindre le camp... je te dis à plus tard Mona !
— A bientôt et fais attention à toi en attendant !
— Entendu, je te laisse finir de prendre ta douche, je ne te savonne pas le dos mais le cœur y est !
— Mouais...
Salon de la résidence de Cervantès
— Comment ! Tu dis qu'ils portaient tous une cape blanche grisâtre ?
— Oui excellence... j'ai pensé tout de suite à vous en informer, mais je ne comprends pas. Vous venez de dire que ce n'étaient que des personnes sans importance ?
— Les détails que tu donnes sur leurs capes change tout !
L'homme borgne aux cheveux blanc marqua une longue pause avant de poursuivre :
— Je dirais sans trop me tromper qu'il s'agit de quelques éclaireurs de l'Armée d'Argent.
— L'Armée d'Argent ? Cervantès, c'est la première fois que j'entends ce terme. Mais alors... de qui dépendent-ils ?
— Je n'en sais rien Talion, c'est une armée de mercenaires vendant leurs services au plus offrant, peut-être même aux psychiques...
— Mais que va-t-on faire alors ?
— Attendre pour l'instant... Je déciderai plus tard de la marche à suivre. Tu peux te retirer... merci pour ton aide.
— Excellence...
Talion remarqua en partant qu'il laissait son mentor agité, l'homme âgé marchait d'un pas rapide, dans toute la longueur de la vaste pièce.
Ce n'est que sur le seuil de l'entrée que Talion se rendit compte de la présence de Léa, l'unique témoin de leur conversation.
La jeune fille s'était rendu tellement discrète, qu'elle en était presque demeurée invisible aux yeux du jeune homme.
C'est dans une position nonchalante qu'elle était restée appuyée contre un rideau, ornant la grande fenêtre panoramique qui donnait sur l'immense jardin.
Ses larges vêtements blancs évoquaient toujours chez la belle asiatique la sérénité d'un chat qui semblait faire partie du décor.
Talion semblait toujours l'avoir connu ainsi : demeurer dans le sillage de Cervantès.
A un détail près : ses yeux exprimaient pour la première fois une certaine anxiété depuis qu'il l'avait surprise.
Lorsqu'il sortit de la pièce, Talion éprouva le besoin de se reposer.
Mais l'idée serait ajournée à plus tard. Cylian venait de rentrer et l'ayant aperçu, ce dernier courait déjà à sa rencontre.
Après une rapide accolade, Cylian demanda à Talion s'il avait des éléments nouveaux sur cette affaire.
— Tu es rentré sain et sauf et tu as su retrouver ton chemin !
— Tu as parlé à Cervantès de cette histoire ?
Cylian espérait secrètement que la réponse de Talion allait dissiper ses craintes et par la même le conforter dans l'idée que Mona Lisa était bien de son coté.
— Oui je lui en ai parlé, mais il avait l'air assez agité quand je lui ai parlé de leur tunique grise.
— Sait-il qui ils sont ?
— Cervantès pense que ce sont des mercenaires faisant partie d'un groupe appelé « Armée d'Argent ».
— Armée d'Argent ? Cylian feignit la surprise faisant croire à son ami que c'était la première fois qu'il entendait ce terme.
— En effet, il s'agit selon lui d'un groupe de mercenaires, par contre c'est tout ce que je sais, il ne m'a rien dit d'autre.
« Mona Lisa m'a peut-être dit la vérité alors » songea Cylian, cela prouve que pour l'instant, je suis bien obligé de la croire...
— Cyl' nous verrons cela après une bonne nuit de sommeil.
— Tu as raison, la nuit porte conseil...
— Pour l'instant ce qui me préoccupe, c'est l'entraînement de vol demain et de savoir si Floric et Valérian me pardonnent.
— Tu as envoyé Floric dans les bras de Valérian, tout finit bien pour eux, je pense qu'ils t'en seront reconnaissants.
— Je l'espère, d'ici là, je te souhaite une bonne nuit Talion.
— Toi aussi, et... je suis juste dans la partie du bâtiment qui se trouve au deuxième étage, là où tu m'as surpris l'autre soir en train de... enfin tu vois. Si jamais tu veux passer, tu es le bienvenu.
— C'est noté.
Les deux garçons s'échangèrent un long regard en silence avant de se quitter.
En observant son ami masqué, Cylian se faisait à l'idée que plus il était avec lui et plus il l'appréciait.
Son corps musclé et son dévouement en faisait en quelque sorte son ange protecteur. Quel dommage qu'il ait été défiguré.
Talion le sortit alors de sa rêverie.
— Cyl' ... tu crois que par amour, l'homme qu'on aime peut nous pardonner nos fautes ?
— Qu'est ce que tu me chantes là ? Tu as des choses à te faire pardonner toi ? Pourquoi me dis-tu cela ?
— Si tu savais... mais répond à ma question Cyl' ...
Après un instant de réflexion, la réponse du beau brun se fit sans attendre.
— Oui... je crois que je lui pardonnerai tout... cela fait partie de l'amour non ? Partager nos fautes comme partager les épreuves.
— Cyl' j'ai quelque chose à te dire, quelque chose qui me ronge depuis longtemps... tu risques de m'en vouloir si je...
— Attends !
— Quoi ?
— J'ai cru voir quelque chose bouger sur le sol en dessous de nous quelque part sur notre gauche.
— Tu plaisantes Cyl ? La végétation est trop épaisse, pour quelle raison des villageois se trouvant à la périphérie de l'île viendraient ici ?
— Exactement ! Pour quelle raison ? Donc... ce ne sont pas des autochtones. Suis-moi, autant en avoir le cœur net. Descendons doucement.
Talion et Cylian se posèrent au sol à quelques centaines de mètres d'où Cylian pensait avoir vu ces mystérieuses formes humaines.
Ils avancèrent prudemment. Quelques mètres plus loin, ils entendirent comme des voix.
Les deux éthérés se regardèrent surpris.
Le jeune garçon avait eu raison. Mais une seule question occupait leurs pensées. De qui pouvait-il s'agir ?
Il commençait à faire nuit, tous les autres devaient avoir rejoint le centre depuis longtemps.
Ils virent enfin les inconnus, L'éthéré aux cheveux brun avait vu juste : Ils n'étaient pas seuls dans cette partie de l'île.
Cylian et Talion s'accroupirent instinctivement en même temps.
Ils devaient être cinq ou six, certains étaient jeunes, à en voir leur visage.
Un détail frappa néanmoins Cylian, tous les étrangers avaient un point commun : Ils portaient tous une cape grise et une chose était certaine. Aucun d'eux n'était un éthéré.
Talion chuchota :
— Tu avais raison . Il y avait bien quelqu'un.
La réponse de Cylian se fit tout aussi discrète :
— Tu sais de qui il s'agit ?
— Aucune idée ! C'est la première fois que je les vois sur l'île !
— Alors que faisons-nous ?
— Rien ! Nous rentrons ! En ma qualité d'éclaireur, il est de mon devoir d'avertir Cervantès qu'un danger possible nous menace. Regarde ces hommes : ils ont des flingues à leur ceinture !
— Ce sont des psychiques ?
— Possible mais rien n'est moins sûr... J'ai déjà vu des combats dans le passé, ces hommes ne sont que les premières lignes, regarde . Il ont fait un feu de camp, si tu observes bien, il y a deux hommes qui montent la garde, les deux autres se reposent et le dernier est occupé à envoyer un message sur un téléphone par satellite. Par contre, je ne vois pas d'insigne du corps Psy sur leur tenue.
Je pense qu'il faut rentrer. Nous ne pouvons rien tenter pour l'instant. Si ce sont des personnes hostiles, nous ne sommes pas assez en nombre pour les affronter. Et puis, je ne voudrais pas qu'il t'arrive malheur.
Tout en chuchotant, Talion observait Cylian accroupi, seul ses yeux brillaient dans le crépuscule, magnifiques perles que le jeune homme ne cessait d'admirer à travers son casque.
Instinctivement, il tendit sa main à la rencontre du bras de son ami. Lorsque celle-ci effleura les doigts de Cylian, leur douce chaleur réchauffa les siens.
Le beau brun aux yeux brillants ne fit aucun mouvement pour se retirer.
Au contraire, ses deux prunelles phosphorescentes se tournèrent vers Talion, peut-être Cylian était-il touché par cette marque de réconfort au sein même du danger ?
Cylian s'approcha doucement de Talion et lui chuchota :
— D'accord rentrons, en plus le combat contre Valérian m'a épuisé. Excuse-moi si je ne te suis pas mais j'ai un truc à faire avant... on se retrouve au camp dès que possible.
Les deux éthérés repartirent discrètement puis, s'assurant que la distance parcourue était suffisante pour ne pas être repérés, ils décollèrent.
Talion partit seul. Ce n'est que lorsqu'il disparut au loin que Cylian parla à haute voix :
— Mona Lisa ! Tu m'entends ? Mona !
Va-t-elle enfin répondre ?
Quelques secondes plus tard, la voix tant attendue résonna dans son esprit :
— Quoi encore ? Je suis sous la douche ! Rappelle-moi plus tard !
— Oh que non ! Tu ne vas pas t'en tirer comme ça ! J'ai besoin de tes conseils et tout de suite ! Ça urge !
— Bon, qu'y a-t-il ?
— Talion et moi étions partis faire un tour dans les environs. Or, nous venons de surprendre un groupe de personnes qui se sont infiltrés dans l'île. Ils portent tous une cape grise, sais-tu quelque chose à leur sujet ?
— Oui...
— Putain ! Mais dis-moi qui ils sont alors ?
— Voilà qui est fâcheux...
— Et qu'est-ce qui est fâcheux ? Dis-moi ! Tu as perdu ton savon ?
— Non ! Andouille ! C'est que... tu n'aurais jamais dû les rencontrer. Sache que si tu ne dois rien craindre d'eux, tu ne dois pas rentrer en contact avec eux maintenant.
— Mais enfin pourquoi ?
— Parce qu'ils attendent que notre ennemi commun, votre ennemi par la même occasion, ce soit manifesté. Les pions se mettent en place, c'est d'abord à l'ennemi d'avancer sur l'échiquier. Si tu divulgues leur existence, leur stratégie d'intervenir au moment opportun risque de tomber à l'eau.
Je ne peux que te donner le nom de ce à quoi tu as eu affaire: les hommes que tu as vu tout à l'heure vu font partie d'une armée très puissante, elle se fait appeler « l'armée d'argent ».
— Jamais entendu parler !
— Normal. L'existence de cette armée demeure secrète.
— Vu que tu es sans doute une psychique et que tu connais les hommes que j'ai croisés, je suppose donc que cette armée est dirigée par les psychiques. Tu sais à quoi je pense Mona ? Que je ne suis pas dans le bon camp lorsque je t écoute... que je me range au coté de l'adversaire.
— Ne t'inquiètes pas Cylian, je te demande t'attendre pour l'instant. Cette armée n'est pas sous les ordres des psychiques si cela peut te rassurer.
Lorsque l'ennemi frappera, je te laisserai tout le loisir de choisir ton camp. Je te propose de l'aide, libre à toi de l'accepter où de la refuser, tu es gagnant dans tout les cas ! Du moins... tu n'as rien à perdre, tout comme moi. Je te le redis : tu es une personne digne de confiance.
— Digne de confiance... c'est celui qui t'as demandé de me protéger qui t'a dit ça ?
— Exact.
— Formidable... si tu savais comme les idées se bousculent dans ma tête en ce moment !
— Dommage que Talion ait lui aussi été témoin de la présence de l'Armée d'Argent sur l'île, j'imagine qu'il va avertir les autres éthérés ?
— Oui, c'est logique... Tu aurais fais de même à notre place.
— En effet, mais nous savions que tôt ou tard, la présence de ces hommes serait découverte. Tant pis... ne répète pas ce que je viens de te dire. Si on te pose la question, tu réponds simplement que tu as vu un groupe de personnes d'origine inconnue.
— Ok, mais j'exigerai des explications plus tard !
— Tu sauras tout, bientôt... et mon identité par la même occasion !
— Je dois rejoindre le camp... je te dis à plus tard Mona !
— A bientôt et fais attention à toi en attendant !
— Entendu, je te laisse finir de prendre ta douche, je ne te savonne pas le dos mais le cœur y est !
— Mouais...
Salon de la résidence de Cervantès
— Comment ! Tu dis qu'ils portaient tous une cape blanche grisâtre ?
— Oui excellence... j'ai pensé tout de suite à vous en informer, mais je ne comprends pas. Vous venez de dire que ce n'étaient que des personnes sans importance ?
— Les détails que tu donnes sur leurs capes change tout !
L'homme borgne aux cheveux blanc marqua une longue pause avant de poursuivre :
— Je dirais sans trop me tromper qu'il s'agit de quelques éclaireurs de l'Armée d'Argent.
— L'Armée d'Argent ? Cervantès, c'est la première fois que j'entends ce terme. Mais alors... de qui dépendent-ils ?
— Je n'en sais rien Talion, c'est une armée de mercenaires vendant leurs services au plus offrant, peut-être même aux psychiques...
— Mais que va-t-on faire alors ?
— Attendre pour l'instant... Je déciderai plus tard de la marche à suivre. Tu peux te retirer... merci pour ton aide.
— Excellence...
Talion remarqua en partant qu'il laissait son mentor agité, l'homme âgé marchait d'un pas rapide, dans toute la longueur de la vaste pièce.
Ce n'est que sur le seuil de l'entrée que Talion se rendit compte de la présence de Léa, l'unique témoin de leur conversation.
La jeune fille s'était rendu tellement discrète, qu'elle en était presque demeurée invisible aux yeux du jeune homme.
C'est dans une position nonchalante qu'elle était restée appuyée contre un rideau, ornant la grande fenêtre panoramique qui donnait sur l'immense jardin.
Ses larges vêtements blancs évoquaient toujours chez la belle asiatique la sérénité d'un chat qui semblait faire partie du décor.
Talion semblait toujours l'avoir connu ainsi : demeurer dans le sillage de Cervantès.
A un détail près : ses yeux exprimaient pour la première fois une certaine anxiété depuis qu'il l'avait surprise.
Lorsqu'il sortit de la pièce, Talion éprouva le besoin de se reposer.
Mais l'idée serait ajournée à plus tard. Cylian venait de rentrer et l'ayant aperçu, ce dernier courait déjà à sa rencontre.
Après une rapide accolade, Cylian demanda à Talion s'il avait des éléments nouveaux sur cette affaire.
— Tu es rentré sain et sauf et tu as su retrouver ton chemin !
— Tu as parlé à Cervantès de cette histoire ?
Cylian espérait secrètement que la réponse de Talion allait dissiper ses craintes et par la même le conforter dans l'idée que Mona Lisa était bien de son coté.
— Oui je lui en ai parlé, mais il avait l'air assez agité quand je lui ai parlé de leur tunique grise.
— Sait-il qui ils sont ?
— Cervantès pense que ce sont des mercenaires faisant partie d'un groupe appelé « Armée d'Argent ».
— Armée d'Argent ? Cylian feignit la surprise faisant croire à son ami que c'était la première fois qu'il entendait ce terme.
— En effet, il s'agit selon lui d'un groupe de mercenaires, par contre c'est tout ce que je sais, il ne m'a rien dit d'autre.
« Mona Lisa m'a peut-être dit la vérité alors » songea Cylian, cela prouve que pour l'instant, je suis bien obligé de la croire...
— Cyl' nous verrons cela après une bonne nuit de sommeil.
— Tu as raison, la nuit porte conseil...
— Pour l'instant ce qui me préoccupe, c'est l'entraînement de vol demain et de savoir si Floric et Valérian me pardonnent.
— Tu as envoyé Floric dans les bras de Valérian, tout finit bien pour eux, je pense qu'ils t'en seront reconnaissants.
— Je l'espère, d'ici là, je te souhaite une bonne nuit Talion.
— Toi aussi, et... je suis juste dans la partie du bâtiment qui se trouve au deuxième étage, là où tu m'as surpris l'autre soir en train de... enfin tu vois. Si jamais tu veux passer, tu es le bienvenu.
— C'est noté.
Les deux garçons s'échangèrent un long regard en silence avant de se quitter.