C'est avec l'esprit assailli de mille questions que le jeune homme prit la direction de sa chambre.
En chemin, l'occasion se présenta de passer par le jardin du domaine. Il y poussait une infinité de fleurs et d'arbustes.
Cylian sentait un torrent de fragrances se déverser dans ses narines, des plus subtiles aux plus capiteuses.
— Hey ! Cylian ! Attends-moi !
Lorsque l'éthéré se retourna, il devina au loin une silhouette qui courait dans sa direction tel un jeune moineau tenant à peine sur ses pattes.
Arrivé à sa hauteur, le frêle garçon était à bout de souffle. Il se redressa péniblement jusqu'à ce que Cylian puisse voir ses yeux d'une magnifique couleur jade tirant sur le bleu.
— Floric ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es venu toi aussi te moquer de ma mémorable performance de ce matin ?
Le jeune homme aux longs cheveux bruns n'était pas d'humeur à rire mais quand son regard dubitatif plongea dans les yeux pétillants de vie de son ami et qu'il vit ses lèvres s'élargir en un magnifique sourire, son humeur se radoucit.
Floric, beau à croquer comme à son habitude, avec ses mèches éparses... Floric, dont les lèvres faisant la moue invitait à les embrasser tendrement... Floric, le seul qui le comprenait et le seul qui lui manifestait de l'attention.
— Ce ne serait pas l'heure du cours de guitare, par hasard ? demanda l'objet de ses pensées.
Cylian, précipitamment sorti de sa rêverie, ne put que répondre par l'affirmative pour faire plaisir à son petit ange blond.
— Tu veux un cours de guitare, là, maintenant ? Après tout, pourquoi pas, jouer un petit air me fera le plus grand bien. Depuis mon arrivée, je n'ai pas encore eu l'occasion d'en toucher les cordes. C'est d'accord, mais laisse-moi le temps de me changer, je reviens tout de suite !
— Cool ! Je t'attends sur la plage alors ! lui dit Floric qui pointa du doigt la direction à prendre.
Après s'être lavé, Cylian revint très vite pour prendre le chemin de la plage.
Il ne connaissait pas encore cet endroit et ne put dès lors que se fier à la direction que lui avait indiqué son ami.
Un étroit sentier défilait sous ses pieds, à fleur de mer. Il était taillé dans une roche dont les aspérités saillantes ne permettaient pas de s'éloigner du moindre centimètre.
Plus bas, le léger ressac de la mer léchait les galets. Une mer dont l'eau était si transparente qu'elle laissait entrevoir des poissons-demoiselles luttant contre le courant.
Encore un petit talus à gravir et finalement, la longue plage se dessina devant lui dans toute sa splendeur.
Au milieu de la grande étendue déserte, bordée par une eau à la teinte lapis-lazuli, était assis un petit prince aux cheveux décorés de soleil.
Celui de Saint-Exupéry, dans son livre, demandait de lui dessiner un mouton. Celui-ci se contenta de lui demander de jouer un morceau de musique.
Cylian s'assit auprès du magnifique garçon et commença à jouer.
A voir les yeux de Floric suivre attentivement le mouvement de ses doigts sur l'instrument, l'éthéré songea que si Kevin avait été là, ces deux galopins se seraient entendus à merveille.
« Parfois, l'histoire se répète... » songea-t-il
Le frêle garçon écoutait patiemment les quelques notes interprétées, tout en dévisageant le musicien du regard avec un sourire conquis.
— Cylian, tu as déjà embrassé un garçon ?
La question de son petit prince stoppa net les premières notes d'échauffement.
Le jeune homme brun réfléchit quelques secondes avant de répondre, quelque peu perturbé par les mots qui étaient sortis d'une manière si inopinée de la bouche de Floric.
— Euh... oui, j'ai déjà embrassé un garçon...
— Et c'est comment ?
Nouvelle gêne...
— C'est... comment dire ? C'est magnifique, si tes sentiments vont de pair avec ce baiser.
« Pourquoi l'histoire se répète-t-elle ainsi ? » s'interrogea Cylian.
— Je n'ai jamais embrassé de garçon mais j'aimerais tant essayer avant d'embrasser celui que j'aime !
— Donc tu aimes quelqu'un ? Et ne serait-ce pas Valerian par hasard ?
À la remarque de l'éthéré, le blondinet vira au rouge écarlate puis baissa les yeux.
— Euh oui... mais comment tu sais ça ?
Floric inclina la tête d'un air interrogateur, un peu à la manière d'un merle trouvant un ver de terre rampant au sol.
— Disons que c'est mon petit doigt qui me l'a dit ! conclut Cylian avec un petit sourire au coin des lèvres.
— Allez, dis-le moi ou tu vas subir une séance de chatouilles dont tu te souviendras longtemps !
— M'en fiche, je suis prêt à courir le risque ! Et dommage pour toi, je ne suis pas chatouilleux.
— Ah oui ? On va voir ça !
A peine eut-il terminé sa phrase qu'il bondit sur Cylian, lui souleva son tee-shirt et y plongea ses doigts fins.
— Fais gaffe ! Eh ! Attention à ma guitare ! Tu n'as pas le droit !
L'éthéré se contorsionnait dans tous les sens, gardant difficilement son sérieux face au traitement que lui faisait subir le petit ange.
— Menteur ! Tu es hyper chatouilleux en fait !
Les deux garçons gloussèrent de concert, puis Floric s'assit sur le torse d'un Cylian qui se tortillait, le dos plaqué contre le sable.
Les petits doigts fins qui parcouraient son corps étaient un véritable supplice mais ce défoulement était tellement bienvenu. Floric riait aux éclats et Cylian, si heureux de le voir rire, fut lui-même imprégné d'un sentiment de joie indescriptible.
En se retournant sous les chatouilles, il vit une tache noire du coin de l'œil.
Se penchant un peu plus pour identifier cette ombre provenant du petit monticule à l'autre bout de la plage, il reconnut Talion, occupé à les observer tout les deux dans leur délire.
L'éthéré voulut se redresser pour saluer son ami, toujours enveloppé de son traditionnel habit sombre, quand il sentit sur son bras qu'une main essayait de le retenir.
Soudainement plaqué contre le sol, aucun son n'eut le temps de sortir de sa bouche. Le magnifique visage du bel Adonis blond se rapprocha du sien et ses lèvres se collèrent aux sienne.
Visiblement, Floric n'avait pas remarqué la présence de l'éclaireur au loin...
Alors qu'une des mains fines et délicates du petit prince lui caressait les cuisses à travers le tissu du pantacourt, l'autre parcourait ses mèches brunes douces et soyeuses, constellées de grains de sable jusqu'à leur extrémité.
Qu'elle était agréable, cette joue au velouté de pêche, si douce, au contact de la sienne...
Cylian se débattit finalement pour se redresser d'un seul bond sur ses deux pieds.
Il fit quelque pas en direction du jeune homme qui les avait surpris et cria.
— Talion ! Ce n'est pas ce que tu crois !
L'éthéré encapé de noir s'avança lentement vers les deux compagnons, tandis que Floric se redressait à son tour, les joues rouges, tout honteux qu'il était de s'être fait prendre sur le fait.
— Ah bon ? Vous ne vous embrassiez pas alors ? ironisa Talion arrivé à leur hauteur.
— C'était juste pour essayer, ce n'était qu'un jeu !
— Mais dis-moi Cylian... pourquoi donc éprouves-tu le besoin de te justifier devant moi sur ce que tu faisais il y a un instant ? Nous ne sommes pas ensemble à ce que je sache.
— Euh...
Le jeune français se sentit à cet instant le pire des idiots devant son ami au masque de fer, lequel croisa nonchalamment ses bras, le dos en appui sur un gros rocher dépassant du sable.
Il fallait bien avouer que là, Talion avait marqué un point, saisissant la perche que Cylian lui avait tendue.
Sa réplique cinglante avait fait mouche, le laissant bouche bée.
— Bon... reprit l'éclaireur, je vais vous laisser continuer votre petit jeu, on dirait que vous y mettez tout votre cœur ! Amusez-vous bien !
Talion se retourna et prit la direction opposée à la plage.
« Cylian, mais quel con tu fais ! Rattrape-le ! »
Il fallait à tout prix lui parler afin d'éviter tout malentendu... que ses jambes reprennent le dessus ! Mais pourquoi le rattraper, au fait ? Il n'avait rien fait de mal...
Si ? Au fond de lui, quelque chose s'était déchiré.
Un sentiment de remord émergea de quelque part, prit le dessus sur ses pensées et mis à mal son estomac.
— Talion, attends !
L'éthéré noir continua sa route en rétorquant d'une voix grave.
— Va plutôt t'occuper de Floric ! Mais méfies-toi: ne joues pas avec les sentiments des autres sinon tu finiras par le regretter !
Cylian sentit qu'il valait mieux ne pas insister et retourna s'asseoir lourdement sur le sable près du blondinet. En repensant à la remarque de Talion, il se dit que ce dernier avait sans doute raison. Commettait-il une erreur ?
— Excuse-moi Cylian, si je t'ai mis dans une fâcheuse situation...
— Non Floric, ce n'est pas grave après tout, nous ne sommes pas ensembles Talion et moi... Oh et puis merde tiens !
L'éthéré se redressa puis tapa rageusement du pied dans un galet, qui fila jusqu'à la mer, ricocha sur la surface de l'eau et finit par disparaître entre deux vagues.
Sur le moment, il s'était senti mal à l'aise quand Talion les avait surpris.
Maintenant, il regrettait son geste.
C'était idiot d'avoir fait ça, il le savait sans pour autant se l'expliquer. Pourquoi embrasser quelqu'un par jeu ? Floric aimait Valerian, il le lui avait avoué. S'était-il laissé faire par orgueil ? Ou pour se conforter dans l'idée que tout le monde pouvait succomber à son charme ? Il n'était pas de ce genre-là, il le savait... Bien sûr qu'il était un type bien, n'est-ce pas ?
Lui... le plus bel éthéré de l'île selon William.
Après tout, c'était Floric qui s'était jeté sur lui, il n'avait rien à se reprocher.
« Oh et puis au diable Talion ! C'est ma vie, j'ai le droit de m'amuser un peu ! » s'énerva intérieurement le jeune homme.
— Cylian ?
— Quoi encore ? s'énerva le beau brun tiré de ses pensées.
Floric sentit que son ami était emporté par la colère. En entendant ces mots durs, des larmes perlèrent aux coins de ses yeux et coulèrent le long de ses joues pommelées.
— Ne m'en veux pas, je suis tellement désolé, si tu savais !
Cylian se reprit, conscient de son attitude injustifiée:
— Et mince tiens... Floric, ne pleures pas, il n'y a qu'un con dans l'histoire et c'est moi ! Je ne sais plus ce que je dis, je ne sais plus où j'en suis...
L'éthéré empoigna doucement les doigts maculés de larmes de son ami et les serra contre lui.
— Je regrette de t'avoir blessé, si seulement je savais comment me faire pardonner...
Le petit prince plaça son visage contre l'épaule musclée du beau brun et ravala ses larmes.
— Je crois que tu peux faire quelque chose pour moi, Cyl' ...
— Tout ce que tu veux Floric ! Dis-moi simplement quoi...
— Emmène-nous nous promener dans le ciel, ça fait tellement longtemps que Valerian ne m'y a plus conduit...
— Avec grand plaisir ! Je reviendrai chercher ma guitare après !
Es-tu prêt ? Accroches-toi à moi, nous allons décoller en douceur...
Déjà un ronronnement léger se faisait entendre, émanant du corps de Cylian.
— Moi je le suis, mais toi non Cyl', tu n'es pas préparé à ce que tu vas ressentir...
En chemin, l'occasion se présenta de passer par le jardin du domaine. Il y poussait une infinité de fleurs et d'arbustes.
Cylian sentait un torrent de fragrances se déverser dans ses narines, des plus subtiles aux plus capiteuses.
— Hey ! Cylian ! Attends-moi !
Lorsque l'éthéré se retourna, il devina au loin une silhouette qui courait dans sa direction tel un jeune moineau tenant à peine sur ses pattes.
Arrivé à sa hauteur, le frêle garçon était à bout de souffle. Il se redressa péniblement jusqu'à ce que Cylian puisse voir ses yeux d'une magnifique couleur jade tirant sur le bleu.
— Floric ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es venu toi aussi te moquer de ma mémorable performance de ce matin ?
Le jeune homme aux longs cheveux bruns n'était pas d'humeur à rire mais quand son regard dubitatif plongea dans les yeux pétillants de vie de son ami et qu'il vit ses lèvres s'élargir en un magnifique sourire, son humeur se radoucit.
Floric, beau à croquer comme à son habitude, avec ses mèches éparses... Floric, dont les lèvres faisant la moue invitait à les embrasser tendrement... Floric, le seul qui le comprenait et le seul qui lui manifestait de l'attention.
— Ce ne serait pas l'heure du cours de guitare, par hasard ? demanda l'objet de ses pensées.
Cylian, précipitamment sorti de sa rêverie, ne put que répondre par l'affirmative pour faire plaisir à son petit ange blond.
— Tu veux un cours de guitare, là, maintenant ? Après tout, pourquoi pas, jouer un petit air me fera le plus grand bien. Depuis mon arrivée, je n'ai pas encore eu l'occasion d'en toucher les cordes. C'est d'accord, mais laisse-moi le temps de me changer, je reviens tout de suite !
— Cool ! Je t'attends sur la plage alors ! lui dit Floric qui pointa du doigt la direction à prendre.
Après s'être lavé, Cylian revint très vite pour prendre le chemin de la plage.
Il ne connaissait pas encore cet endroit et ne put dès lors que se fier à la direction que lui avait indiqué son ami.
Un étroit sentier défilait sous ses pieds, à fleur de mer. Il était taillé dans une roche dont les aspérités saillantes ne permettaient pas de s'éloigner du moindre centimètre.
Plus bas, le léger ressac de la mer léchait les galets. Une mer dont l'eau était si transparente qu'elle laissait entrevoir des poissons-demoiselles luttant contre le courant.
Encore un petit talus à gravir et finalement, la longue plage se dessina devant lui dans toute sa splendeur.
Au milieu de la grande étendue déserte, bordée par une eau à la teinte lapis-lazuli, était assis un petit prince aux cheveux décorés de soleil.
Celui de Saint-Exupéry, dans son livre, demandait de lui dessiner un mouton. Celui-ci se contenta de lui demander de jouer un morceau de musique.
Cylian s'assit auprès du magnifique garçon et commença à jouer.
A voir les yeux de Floric suivre attentivement le mouvement de ses doigts sur l'instrument, l'éthéré songea que si Kevin avait été là, ces deux galopins se seraient entendus à merveille.
« Parfois, l'histoire se répète... » songea-t-il
Le frêle garçon écoutait patiemment les quelques notes interprétées, tout en dévisageant le musicien du regard avec un sourire conquis.
— Cylian, tu as déjà embrassé un garçon ?
La question de son petit prince stoppa net les premières notes d'échauffement.
Le jeune homme brun réfléchit quelques secondes avant de répondre, quelque peu perturbé par les mots qui étaient sortis d'une manière si inopinée de la bouche de Floric.
— Euh... oui, j'ai déjà embrassé un garçon...
— Et c'est comment ?
Nouvelle gêne...
— C'est... comment dire ? C'est magnifique, si tes sentiments vont de pair avec ce baiser.
« Pourquoi l'histoire se répète-t-elle ainsi ? » s'interrogea Cylian.
— Je n'ai jamais embrassé de garçon mais j'aimerais tant essayer avant d'embrasser celui que j'aime !
— Donc tu aimes quelqu'un ? Et ne serait-ce pas Valerian par hasard ?
À la remarque de l'éthéré, le blondinet vira au rouge écarlate puis baissa les yeux.
— Euh oui... mais comment tu sais ça ?
Floric inclina la tête d'un air interrogateur, un peu à la manière d'un merle trouvant un ver de terre rampant au sol.
— Disons que c'est mon petit doigt qui me l'a dit ! conclut Cylian avec un petit sourire au coin des lèvres.
— Allez, dis-le moi ou tu vas subir une séance de chatouilles dont tu te souviendras longtemps !
— M'en fiche, je suis prêt à courir le risque ! Et dommage pour toi, je ne suis pas chatouilleux.
— Ah oui ? On va voir ça !
A peine eut-il terminé sa phrase qu'il bondit sur Cylian, lui souleva son tee-shirt et y plongea ses doigts fins.
— Fais gaffe ! Eh ! Attention à ma guitare ! Tu n'as pas le droit !
L'éthéré se contorsionnait dans tous les sens, gardant difficilement son sérieux face au traitement que lui faisait subir le petit ange.
— Menteur ! Tu es hyper chatouilleux en fait !
Les deux garçons gloussèrent de concert, puis Floric s'assit sur le torse d'un Cylian qui se tortillait, le dos plaqué contre le sable.
Les petits doigts fins qui parcouraient son corps étaient un véritable supplice mais ce défoulement était tellement bienvenu. Floric riait aux éclats et Cylian, si heureux de le voir rire, fut lui-même imprégné d'un sentiment de joie indescriptible.
En se retournant sous les chatouilles, il vit une tache noire du coin de l'œil.
Se penchant un peu plus pour identifier cette ombre provenant du petit monticule à l'autre bout de la plage, il reconnut Talion, occupé à les observer tout les deux dans leur délire.
L'éthéré voulut se redresser pour saluer son ami, toujours enveloppé de son traditionnel habit sombre, quand il sentit sur son bras qu'une main essayait de le retenir.
Soudainement plaqué contre le sol, aucun son n'eut le temps de sortir de sa bouche. Le magnifique visage du bel Adonis blond se rapprocha du sien et ses lèvres se collèrent aux sienne.
Visiblement, Floric n'avait pas remarqué la présence de l'éclaireur au loin...
Alors qu'une des mains fines et délicates du petit prince lui caressait les cuisses à travers le tissu du pantacourt, l'autre parcourait ses mèches brunes douces et soyeuses, constellées de grains de sable jusqu'à leur extrémité.
Qu'elle était agréable, cette joue au velouté de pêche, si douce, au contact de la sienne...
Cylian se débattit finalement pour se redresser d'un seul bond sur ses deux pieds.
Il fit quelque pas en direction du jeune homme qui les avait surpris et cria.
— Talion ! Ce n'est pas ce que tu crois !
L'éthéré encapé de noir s'avança lentement vers les deux compagnons, tandis que Floric se redressait à son tour, les joues rouges, tout honteux qu'il était de s'être fait prendre sur le fait.
— Ah bon ? Vous ne vous embrassiez pas alors ? ironisa Talion arrivé à leur hauteur.
— C'était juste pour essayer, ce n'était qu'un jeu !
— Mais dis-moi Cylian... pourquoi donc éprouves-tu le besoin de te justifier devant moi sur ce que tu faisais il y a un instant ? Nous ne sommes pas ensemble à ce que je sache.
— Euh...
Le jeune français se sentit à cet instant le pire des idiots devant son ami au masque de fer, lequel croisa nonchalamment ses bras, le dos en appui sur un gros rocher dépassant du sable.
Il fallait bien avouer que là, Talion avait marqué un point, saisissant la perche que Cylian lui avait tendue.
Sa réplique cinglante avait fait mouche, le laissant bouche bée.
— Bon... reprit l'éclaireur, je vais vous laisser continuer votre petit jeu, on dirait que vous y mettez tout votre cœur ! Amusez-vous bien !
Talion se retourna et prit la direction opposée à la plage.
« Cylian, mais quel con tu fais ! Rattrape-le ! »
Il fallait à tout prix lui parler afin d'éviter tout malentendu... que ses jambes reprennent le dessus ! Mais pourquoi le rattraper, au fait ? Il n'avait rien fait de mal...
Si ? Au fond de lui, quelque chose s'était déchiré.
Un sentiment de remord émergea de quelque part, prit le dessus sur ses pensées et mis à mal son estomac.
— Talion, attends !
L'éthéré noir continua sa route en rétorquant d'une voix grave.
— Va plutôt t'occuper de Floric ! Mais méfies-toi: ne joues pas avec les sentiments des autres sinon tu finiras par le regretter !
Cylian sentit qu'il valait mieux ne pas insister et retourna s'asseoir lourdement sur le sable près du blondinet. En repensant à la remarque de Talion, il se dit que ce dernier avait sans doute raison. Commettait-il une erreur ?
— Excuse-moi Cylian, si je t'ai mis dans une fâcheuse situation...
— Non Floric, ce n'est pas grave après tout, nous ne sommes pas ensembles Talion et moi... Oh et puis merde tiens !
L'éthéré se redressa puis tapa rageusement du pied dans un galet, qui fila jusqu'à la mer, ricocha sur la surface de l'eau et finit par disparaître entre deux vagues.
Sur le moment, il s'était senti mal à l'aise quand Talion les avait surpris.
Maintenant, il regrettait son geste.
C'était idiot d'avoir fait ça, il le savait sans pour autant se l'expliquer. Pourquoi embrasser quelqu'un par jeu ? Floric aimait Valerian, il le lui avait avoué. S'était-il laissé faire par orgueil ? Ou pour se conforter dans l'idée que tout le monde pouvait succomber à son charme ? Il n'était pas de ce genre-là, il le savait... Bien sûr qu'il était un type bien, n'est-ce pas ?
Lui... le plus bel éthéré de l'île selon William.
Après tout, c'était Floric qui s'était jeté sur lui, il n'avait rien à se reprocher.
« Oh et puis au diable Talion ! C'est ma vie, j'ai le droit de m'amuser un peu ! » s'énerva intérieurement le jeune homme.
— Cylian ?
— Quoi encore ? s'énerva le beau brun tiré de ses pensées.
Floric sentit que son ami était emporté par la colère. En entendant ces mots durs, des larmes perlèrent aux coins de ses yeux et coulèrent le long de ses joues pommelées.
— Ne m'en veux pas, je suis tellement désolé, si tu savais !
Cylian se reprit, conscient de son attitude injustifiée:
— Et mince tiens... Floric, ne pleures pas, il n'y a qu'un con dans l'histoire et c'est moi ! Je ne sais plus ce que je dis, je ne sais plus où j'en suis...
L'éthéré empoigna doucement les doigts maculés de larmes de son ami et les serra contre lui.
— Je regrette de t'avoir blessé, si seulement je savais comment me faire pardonner...
Le petit prince plaça son visage contre l'épaule musclée du beau brun et ravala ses larmes.
— Je crois que tu peux faire quelque chose pour moi, Cyl' ...
— Tout ce que tu veux Floric ! Dis-moi simplement quoi...
— Emmène-nous nous promener dans le ciel, ça fait tellement longtemps que Valerian ne m'y a plus conduit...
— Avec grand plaisir ! Je reviendrai chercher ma guitare après !
Es-tu prêt ? Accroches-toi à moi, nous allons décoller en douceur...
Déjà un ronronnement léger se faisait entendre, émanant du corps de Cylian.
— Moi je le suis, mais toi non Cyl', tu n'es pas préparé à ce que tu vas ressentir...