Chapitre 3: Les larmes de Talion
Extrait des chroniques de Cervantes:
Au fil des siècles, les éthérés se sont forgé maintes traditions, en partie grâce à la collecte d'un savoir inégalé par rapport aux autres castes de pouvoir et s'enrichissant également d'un bon nombre de techniques de combats glânées au cours de leurs voyages à travers le monde.
Innovations linguistiques, culturelles, commerciales, artistiques ou scientifiques, généralement dues aux échanges établis avec les nombreux pays fréquentés.
Cette avancée culturelle est la conséquence de leur grande mobilité, comme en témoignent les armes crées par les éthérés, dont les deux principales que sont le saar et l'enclar.
L'enclar (de l'italien, anclar: ancrer) fut inventé au temps des grands explorateurs italiens du XVe siècle (Vasco de Gama ou bien encore Amerigo Vespucci, pour ne citer qu'eux). Son utilité consistait à ce que les éthérés s'accrochent à la coque des navires en arrivant par les airs, ces derniers étant aussi bien des pirates que des protecteurs d'équipages.
L'enclar est une lame en acier, recourbée et rétractable dans un fourreau de cuir par un habile mécanisme situé au niveau de l'avant-bras.
Sa longueur établie est approximativement de l'ordre d'une vingtaine de centimètres, présentant un côté tranchant utilisé également comme une redoutable arme blanche.
Leur forme en aileron de requin donna à leurs propriétaires le surnom de « Requins du ciel » pendant la renaissance.
Le saar quant à lui, est une arme utilisée plutôt au sol que dans les cieux.
Il ressemble à un bâton en châtaignier ou en chêne, dont le résultat serait le mélange de plusieurs armes d'arts martiaux.
Il tire son influence de l'art japonais du Jo-jutsu, voisin de l'Aïkido et du Jodo qui se pratique avec un bâton long (ou Bo) d'1m80.
Certains historiens pensent que le saar est un dérivé du bâton basque appelé Makhila (bâton muni d'un pommeau à une extrémité et finissant par une pointe à l'autre bout).
Chez les éthérés, il est utilisé en tant qu'arme, mais aussi en tant qu'attribut désignant l'appartenance à un rang élevé pour celui qui le tient.
Cervantes De Leone (chef auto proclamé des éthérés).
Les deux garçons longeaient la côte à une altitude assez basse.
Cylian inclina son corps sur le côté et descendit de quelques dizaines de mètres, ses ondes ronronnant doucement pendant la manœuvre.
Plus il découvrait l'île et plus elle lui semblait exceptionnelle.
La première chose qui l'avait frappé est qu'il n'y avait pas de route au sol. Pour un non-éthéré, y marcher était impossible. Se déplacer parmi la végétation dense à l'intérieur des terres relevait de la pure folie.
De toute évidence, Zante était crée par et pour leur habitants: des anges soucieux de leur protection, dont l'unique moyen de se déplacer était la voie des airs.
Il n'y avait pas non plus de réseau pour les téléphones portables, seule la liaison par téléphone satellite était possible, comme chez les jumeaux.
Soudain, Cylian s'arrêta net, une impression étrange parcourant son esprit.
Il entendit comme une voix à l'intérieur de sa tête:
« Sa... quel... ton... om... pond... »
William descendit à sa hauteur et s'arrêta en le questionnant d'un air soucieux:
— Cyl' ? Un problème ?
— Non ce n'est rien, ça va passer, juste un mal de crâne, continue, je te rejoins dans quelques instants...
— Comme tu veux, mais ne changes pas de cap, tu risquerais de te perdre. Le camp se situe juste devant nous.
— Entendu, je fais une petite pause et je me remets en route dans quelques secondes.
— A tout de suite !
William lui lança un sourire, encouragement à poursuivre leur voyage, puisqu'ils touchaient au but de leur traversée.
Cylian le sentait. Les bourdonnements qui se faisaient de plus en plus fort en lui confirmaient cette impression.
Une décharge d'ondes anti-gravitationnelles propulsa William à toute vitesse dans le ciel, laissant Cylian sur place.
Quand il fut hors de vue du beau brun, la voix se fit de nouveau entendre, nettement plus audible cette fois-ci. Cylian devinait à travers l'intonation qu'il s'agissait de la voix d'une femme.
— Salut, n'aie pas peur, je parle directement à ton esprit... puis-je connaître ton nom ? Parle à haute voix, mes possibilités ne me permettent hélas pas de lire à travers ton esprit.
Une bouffée de frayeur paralysa Cylian puis s'estompa rapidement. De toute évidence, cet « esprit » ne lui voulait aucun mal.
— Je deviens fou, je suis victime d'une insolation ou alors, la nourriture du pays provoque en moi des réactions secondaires... Ce que j'entends n'est pas de nature éthérée !
— Je peux t'assurer que tu ne rêves pas, peux-tu me répondre ? Comment t'appelles-tu ?
Autant essayer, je vais voir si cette « chose » me répond.
— Bonjour, mon nom est Cylian.
— Tu t'appelles Cylian ? Alors tu es celui que j'attendais...
— Mais bon sang ! Qui es-tu ?
— Pardon ? Je n'ai pas compris ta phrase...
— QUI EST...
— Ne crie pas ! Cela ne sert à rien: ce n'est pas ta voix que j'entends mais tes ondes cérébrales !
— Comment est-ce possible ? Tu es capable de lire les ondes cérébrales dans mon esprit ?
— Oui ! Bien, laisse-moi t'expliquer: lorsque tu penses à quelque chose, cela se traduit à l'intérieur de ton cerveau par la création d'une onde cérébrale spécifique à la chose à laquelle tu penses.
Pour faire simple, par exemple: si tu prononces le mot « chien »... ne rigole pas, je te répète qu'il s'agit juste d'un exemple, tu vas créer une onde cérébrale qui retranscrit le mot « chien », différente des autres ondes de mots.
Il en va de même pour les mots que tu articules. Si je ne peux pas lire les ondes cérébrales de tes pensées, celles crées par les mots que tu prononces sont très facile pour moi à décoder. J'ai appris à le faire, ce qui me permet non seulement de te répondre mais te donne aussi la possibilité de me parler... Est-ce que tu comprends ?
Parle juste de façon intelligible, de manière à ce que les ondes crées par ton cerveau soient correctes.
— D'accord, j'ai à peu près compris ton explication mais me parler de cela au petit matin... Tu vois, mes neurones sont encore un peu trop endormis pour réfléchir. C'est la première fois pour moi qu'une personne me parle par télépathie, alors vas-y doucement au niveau des explications.
Tout ceci me rappelle un peu trop un cours de math, où je suis assez mal à l'aise avec cette logique cartésienne.
— D'accord... C'était sensé être drôle ?
— Non, j'étais sérieux ! Bien... commençons les présentations... toi, tu connais mon nom. Moi par contre, je ne sais rien de toi, apparemment ta voix est celle d'une fille, alors qui es-tu ?
— Saches que mon nom n'a aucune importance pour le moment, l'unique raison de ma présence ici étant de te défendre pendant ton voyage sur cette île. J'ai néanmoins mon propre intérêt à te protéger, mais pour l'instant, tu n'as pas à te soucier de mes objectifs qui sont de servir une cause juste. Cylian... les apparences sur cette île sont trompeuses. Tu es en danger, je te demande de suivre mes instructions à la lettre lorsque j'entrerai en contact avec ton esprit. De plus, personne ne devra être au courant que je te parle, c'est bien compris ?
— Quoi ? Tu... tu es donc sur l'île toi aussi ?
— En effet.
— Mais qui me veut du mal ?
— Je ne le sais pas encore, sinon, je ne serai pas là. C'est ce que j'essaie de découvrir... Quelqu'un manipule les éthérés dans un but secret.
Cylian secoua la tête, ses longs cheveux caressant la surface de son visage.
Ébranlé par cette révélation, il descendit tout doucement pour toucher la terre ferme de ses jambes tremblantes et chercher autour de lui un endroit pour s'asseoir. Les révélations que lui avait fait cette voix lui donnaient le tournis.
Respirant un bon coup, sa main parcourut ses mèches de cheveux afin de les dégager de son visage, comme pour mieux entrevoir une raison logique à tout cela. Il trouva la force de poursuivre la conversation, qui commençait à prendre une tournure amère.
— Bon d'accord, si je comprends bien, tu es là pour m'aider, mais alors pourquoi moi ? Pourquoi m'avoir choisi moi ! Pourquoi pas William par exemple ? Mais moi !
— Tout simplement parce qu'une personne m'a demandé de veiller sur toi et de satisfaire la moindre de tes exigences... de plus, tu n'es pas encore entré en contact avec les anges, donc je peux te faire confiance.
— Qui veut me protéger ?
— Cette personne savait que tu me demanderai qui elle est... elle m'a chargé de ne pas te révéler son identité, elle ne veut pas que tu saches qui elle est...
— Et ben voyons ! Je sens que je vais adorer ce petit jeu !
Cylian sentit à ce moment comme une pointe d'humour dans sa voix.
— Cylian, je comprends tes interrogations, mais il y a au moins une chose dont tu peux être sûr me concernant: je suis là pour t'aider et donc tu peux me faire totalement confiance.
Je sais que de nous deux, ta place n'est pas la meilleure mais c'est ainsi.
— D'accord, alors pourquoi ne m'as-tu pas contacté avant ?
— Tout simplement parce que je ne savais pas à quoi ressemblait tes ondes psychiques ni de quoi tu avais l'air physiquement. Si je t'avais eu en visuel avec ton signalement au départ, cela aurait été plus facile pour moi d'établir le lien télépathique, mais je voulais entrer en contact avec toi pour cette mise au point avant que tu n'entres dans le camp.
Pour revenir à ta question, alors que je te cherchais, je suis tombé sur les ondes psychique de ton ami ce matin quand il t'a appelé « Cylian », ce qui m'a mis la puce à l'oreille.
Autant te prévenir maintenant, quand nous allons parler ensemble, il va falloir que tu penses à être seul, sinon j'ai bien peur qu'on ne pense que tu sois fou !
— Maintenant, nous allons faire un petit jeu... répète après moi: « Le lapin mange une girafe 1234567890, aime, tue, pleure »
— Le lapin mange une girafe 1234567890, aime, tue, pleure. Génial ! Des cours d'orthophonie maintenant ! Remarque, c'est plus simple que les maths. Je ne risque plus de rapporter à d'autres personnes ce qui m'est arrivé ce matin, on ne me croirait jamais !
— Non !
La voix gloussa.
— Je viens en fait de mémoriser la signature caractéristique de tes ondes psychiques, chacun de nous possède des ondes qui lui sont propres. C'est un étalonnage si tu préfères. Laisse-moi t'avouer une chose: même si je ne connais pas ta voix, tes ondes cérébrales sont chaudes et suaves.
— Mouais, je prendrai ça comme un compliment... Je me demande comment des ondes peuvent être « chaudes et suaves » mais je ne suis pas télépathe, j'imagine que c'est ton don. En parlant de voix, celle que j'entends est-elle fidèle à celle que tu as en réalité ?
— On va dire que oui.
— Bon... je pourrai dorénavant te contacter où que tu sois sur l'île sans te confondre avec quelqu'un d'autre. Il faut que je te trouve un surnom... que dis-tu de Mona Lisa ?
La voix prit un ton dépité:
— C'est une plaisanterie ?
— Mais ma chère, c'est toi qui m'a dit que ton vrai nom n'avait que peu d'importance, or il faut bien que je te surnomme d'une façon ou d'une autre. A réfléchir, j'aurai très bien pu t'appeler Aspirine !
— Bon, là tu marques un point Cylian...
— Et maintenant ? demanda l'éthéré, si c'est moi qui veux te contacter, comment je procède ?
— Facile ! Tu n'as qu'à m'invoquer en commençant par épeler lentement mon surnom, comme celui que tu m'as choisi: Mona Lisa ! En plus, je doute que quelqu'un utilise souvent ce prénom sur l'île, je ne risque pas de me tromper de personne.
— Bravo ! Mona Lisa, tu es très maligne !
— Normal, je suis une fille !
Les lèvres de Cylian tiquèrent à la remarque de Mona Lisa.
— Elle est adorable, je sens qu'on va bien s'entendre !
— Trêve de papotage, il est temps de rejoindre le camp et surtout rappelles-toi bien tout ce que je t'ai dit !
— Entendu ! Mais j'ai perdu ma route avec ton intervention, peux-tu me donner un coup de main ?
— A vos ordre chef ! Envoles-toi et dis-moi ce que tu vois, je vais te guider...
Cylian s'éleva doucement à l'horizontale, son corps pivota sur le côté et se propulsa dans les nuages.
Au bout de quelques minutes, il remarqua une plage d'une forme originale.
Il décida de rappeler la télépathe:
— Mona Lisa, il y a devant moi une plage en forme de croissant de lune... Mona ? Tu es là ?
— Je vous reçois cinq sur cinq mon capitaine ! En fait, le camp se trouve derrière la plage, tu devrais voir les toits des maisons de là où tu te trouves !
— En effet, merci de ton aide !
— A ton service Cylian... L'heure est venue pour moi de te laisser... à bientôt !
En continuant sa route, Cylian repensait à la discussion télépathique avec Mona.
« Se pourrait-il qu'elle soit une psychique ? Dans un lieu comme celui-ci ? Patrie des éthérés, donc ses ennemis naturels ? Qu'est-ce qu'elle fait donc ici ? C'est le loup dans la bergerie ou alors si je suis en danger... L'agneau dans l'antre des loups ? »
Extrait des chroniques de Cervantes:
Au fil des siècles, les éthérés se sont forgé maintes traditions, en partie grâce à la collecte d'un savoir inégalé par rapport aux autres castes de pouvoir et s'enrichissant également d'un bon nombre de techniques de combats glânées au cours de leurs voyages à travers le monde.
Innovations linguistiques, culturelles, commerciales, artistiques ou scientifiques, généralement dues aux échanges établis avec les nombreux pays fréquentés.
Cette avancée culturelle est la conséquence de leur grande mobilité, comme en témoignent les armes crées par les éthérés, dont les deux principales que sont le saar et l'enclar.
L'enclar (de l'italien, anclar: ancrer) fut inventé au temps des grands explorateurs italiens du XVe siècle (Vasco de Gama ou bien encore Amerigo Vespucci, pour ne citer qu'eux). Son utilité consistait à ce que les éthérés s'accrochent à la coque des navires en arrivant par les airs, ces derniers étant aussi bien des pirates que des protecteurs d'équipages.
L'enclar est une lame en acier, recourbée et rétractable dans un fourreau de cuir par un habile mécanisme situé au niveau de l'avant-bras.
Sa longueur établie est approximativement de l'ordre d'une vingtaine de centimètres, présentant un côté tranchant utilisé également comme une redoutable arme blanche.
Leur forme en aileron de requin donna à leurs propriétaires le surnom de « Requins du ciel » pendant la renaissance.
Le saar quant à lui, est une arme utilisée plutôt au sol que dans les cieux.
Il ressemble à un bâton en châtaignier ou en chêne, dont le résultat serait le mélange de plusieurs armes d'arts martiaux.
Il tire son influence de l'art japonais du Jo-jutsu, voisin de l'Aïkido et du Jodo qui se pratique avec un bâton long (ou Bo) d'1m80.
Certains historiens pensent que le saar est un dérivé du bâton basque appelé Makhila (bâton muni d'un pommeau à une extrémité et finissant par une pointe à l'autre bout).
Chez les éthérés, il est utilisé en tant qu'arme, mais aussi en tant qu'attribut désignant l'appartenance à un rang élevé pour celui qui le tient.
Cervantes De Leone (chef auto proclamé des éthérés).
Les deux garçons longeaient la côte à une altitude assez basse.
Cylian inclina son corps sur le côté et descendit de quelques dizaines de mètres, ses ondes ronronnant doucement pendant la manœuvre.
Plus il découvrait l'île et plus elle lui semblait exceptionnelle.
La première chose qui l'avait frappé est qu'il n'y avait pas de route au sol. Pour un non-éthéré, y marcher était impossible. Se déplacer parmi la végétation dense à l'intérieur des terres relevait de la pure folie.
De toute évidence, Zante était crée par et pour leur habitants: des anges soucieux de leur protection, dont l'unique moyen de se déplacer était la voie des airs.
Il n'y avait pas non plus de réseau pour les téléphones portables, seule la liaison par téléphone satellite était possible, comme chez les jumeaux.
Soudain, Cylian s'arrêta net, une impression étrange parcourant son esprit.
Il entendit comme une voix à l'intérieur de sa tête:
« Sa... quel... ton... om... pond... »
William descendit à sa hauteur et s'arrêta en le questionnant d'un air soucieux:
— Cyl' ? Un problème ?
— Non ce n'est rien, ça va passer, juste un mal de crâne, continue, je te rejoins dans quelques instants...
— Comme tu veux, mais ne changes pas de cap, tu risquerais de te perdre. Le camp se situe juste devant nous.
— Entendu, je fais une petite pause et je me remets en route dans quelques secondes.
— A tout de suite !
William lui lança un sourire, encouragement à poursuivre leur voyage, puisqu'ils touchaient au but de leur traversée.
Cylian le sentait. Les bourdonnements qui se faisaient de plus en plus fort en lui confirmaient cette impression.
Une décharge d'ondes anti-gravitationnelles propulsa William à toute vitesse dans le ciel, laissant Cylian sur place.
Quand il fut hors de vue du beau brun, la voix se fit de nouveau entendre, nettement plus audible cette fois-ci. Cylian devinait à travers l'intonation qu'il s'agissait de la voix d'une femme.
— Salut, n'aie pas peur, je parle directement à ton esprit... puis-je connaître ton nom ? Parle à haute voix, mes possibilités ne me permettent hélas pas de lire à travers ton esprit.
Une bouffée de frayeur paralysa Cylian puis s'estompa rapidement. De toute évidence, cet « esprit » ne lui voulait aucun mal.
— Je deviens fou, je suis victime d'une insolation ou alors, la nourriture du pays provoque en moi des réactions secondaires... Ce que j'entends n'est pas de nature éthérée !
— Je peux t'assurer que tu ne rêves pas, peux-tu me répondre ? Comment t'appelles-tu ?
Autant essayer, je vais voir si cette « chose » me répond.
— Bonjour, mon nom est Cylian.
— Tu t'appelles Cylian ? Alors tu es celui que j'attendais...
— Mais bon sang ! Qui es-tu ?
— Pardon ? Je n'ai pas compris ta phrase...
— QUI EST...
— Ne crie pas ! Cela ne sert à rien: ce n'est pas ta voix que j'entends mais tes ondes cérébrales !
— Comment est-ce possible ? Tu es capable de lire les ondes cérébrales dans mon esprit ?
— Oui ! Bien, laisse-moi t'expliquer: lorsque tu penses à quelque chose, cela se traduit à l'intérieur de ton cerveau par la création d'une onde cérébrale spécifique à la chose à laquelle tu penses.
Pour faire simple, par exemple: si tu prononces le mot « chien »... ne rigole pas, je te répète qu'il s'agit juste d'un exemple, tu vas créer une onde cérébrale qui retranscrit le mot « chien », différente des autres ondes de mots.
Il en va de même pour les mots que tu articules. Si je ne peux pas lire les ondes cérébrales de tes pensées, celles crées par les mots que tu prononces sont très facile pour moi à décoder. J'ai appris à le faire, ce qui me permet non seulement de te répondre mais te donne aussi la possibilité de me parler... Est-ce que tu comprends ?
Parle juste de façon intelligible, de manière à ce que les ondes crées par ton cerveau soient correctes.
— D'accord, j'ai à peu près compris ton explication mais me parler de cela au petit matin... Tu vois, mes neurones sont encore un peu trop endormis pour réfléchir. C'est la première fois pour moi qu'une personne me parle par télépathie, alors vas-y doucement au niveau des explications.
Tout ceci me rappelle un peu trop un cours de math, où je suis assez mal à l'aise avec cette logique cartésienne.
— D'accord... C'était sensé être drôle ?
— Non, j'étais sérieux ! Bien... commençons les présentations... toi, tu connais mon nom. Moi par contre, je ne sais rien de toi, apparemment ta voix est celle d'une fille, alors qui es-tu ?
— Saches que mon nom n'a aucune importance pour le moment, l'unique raison de ma présence ici étant de te défendre pendant ton voyage sur cette île. J'ai néanmoins mon propre intérêt à te protéger, mais pour l'instant, tu n'as pas à te soucier de mes objectifs qui sont de servir une cause juste. Cylian... les apparences sur cette île sont trompeuses. Tu es en danger, je te demande de suivre mes instructions à la lettre lorsque j'entrerai en contact avec ton esprit. De plus, personne ne devra être au courant que je te parle, c'est bien compris ?
— Quoi ? Tu... tu es donc sur l'île toi aussi ?
— En effet.
— Mais qui me veut du mal ?
— Je ne le sais pas encore, sinon, je ne serai pas là. C'est ce que j'essaie de découvrir... Quelqu'un manipule les éthérés dans un but secret.
Cylian secoua la tête, ses longs cheveux caressant la surface de son visage.
Ébranlé par cette révélation, il descendit tout doucement pour toucher la terre ferme de ses jambes tremblantes et chercher autour de lui un endroit pour s'asseoir. Les révélations que lui avait fait cette voix lui donnaient le tournis.
Respirant un bon coup, sa main parcourut ses mèches de cheveux afin de les dégager de son visage, comme pour mieux entrevoir une raison logique à tout cela. Il trouva la force de poursuivre la conversation, qui commençait à prendre une tournure amère.
— Bon d'accord, si je comprends bien, tu es là pour m'aider, mais alors pourquoi moi ? Pourquoi m'avoir choisi moi ! Pourquoi pas William par exemple ? Mais moi !
— Tout simplement parce qu'une personne m'a demandé de veiller sur toi et de satisfaire la moindre de tes exigences... de plus, tu n'es pas encore entré en contact avec les anges, donc je peux te faire confiance.
— Qui veut me protéger ?
— Cette personne savait que tu me demanderai qui elle est... elle m'a chargé de ne pas te révéler son identité, elle ne veut pas que tu saches qui elle est...
— Et ben voyons ! Je sens que je vais adorer ce petit jeu !
Cylian sentit à ce moment comme une pointe d'humour dans sa voix.
— Cylian, je comprends tes interrogations, mais il y a au moins une chose dont tu peux être sûr me concernant: je suis là pour t'aider et donc tu peux me faire totalement confiance.
Je sais que de nous deux, ta place n'est pas la meilleure mais c'est ainsi.
— D'accord, alors pourquoi ne m'as-tu pas contacté avant ?
— Tout simplement parce que je ne savais pas à quoi ressemblait tes ondes psychiques ni de quoi tu avais l'air physiquement. Si je t'avais eu en visuel avec ton signalement au départ, cela aurait été plus facile pour moi d'établir le lien télépathique, mais je voulais entrer en contact avec toi pour cette mise au point avant que tu n'entres dans le camp.
Pour revenir à ta question, alors que je te cherchais, je suis tombé sur les ondes psychique de ton ami ce matin quand il t'a appelé « Cylian », ce qui m'a mis la puce à l'oreille.
Autant te prévenir maintenant, quand nous allons parler ensemble, il va falloir que tu penses à être seul, sinon j'ai bien peur qu'on ne pense que tu sois fou !
— Maintenant, nous allons faire un petit jeu... répète après moi: « Le lapin mange une girafe 1234567890, aime, tue, pleure »
— Le lapin mange une girafe 1234567890, aime, tue, pleure. Génial ! Des cours d'orthophonie maintenant ! Remarque, c'est plus simple que les maths. Je ne risque plus de rapporter à d'autres personnes ce qui m'est arrivé ce matin, on ne me croirait jamais !
— Non !
La voix gloussa.
— Je viens en fait de mémoriser la signature caractéristique de tes ondes psychiques, chacun de nous possède des ondes qui lui sont propres. C'est un étalonnage si tu préfères. Laisse-moi t'avouer une chose: même si je ne connais pas ta voix, tes ondes cérébrales sont chaudes et suaves.
— Mouais, je prendrai ça comme un compliment... Je me demande comment des ondes peuvent être « chaudes et suaves » mais je ne suis pas télépathe, j'imagine que c'est ton don. En parlant de voix, celle que j'entends est-elle fidèle à celle que tu as en réalité ?
— On va dire que oui.
— Bon... je pourrai dorénavant te contacter où que tu sois sur l'île sans te confondre avec quelqu'un d'autre. Il faut que je te trouve un surnom... que dis-tu de Mona Lisa ?
La voix prit un ton dépité:
— C'est une plaisanterie ?
— Mais ma chère, c'est toi qui m'a dit que ton vrai nom n'avait que peu d'importance, or il faut bien que je te surnomme d'une façon ou d'une autre. A réfléchir, j'aurai très bien pu t'appeler Aspirine !
— Bon, là tu marques un point Cylian...
— Et maintenant ? demanda l'éthéré, si c'est moi qui veux te contacter, comment je procède ?
— Facile ! Tu n'as qu'à m'invoquer en commençant par épeler lentement mon surnom, comme celui que tu m'as choisi: Mona Lisa ! En plus, je doute que quelqu'un utilise souvent ce prénom sur l'île, je ne risque pas de me tromper de personne.
— Bravo ! Mona Lisa, tu es très maligne !
— Normal, je suis une fille !
Les lèvres de Cylian tiquèrent à la remarque de Mona Lisa.
— Elle est adorable, je sens qu'on va bien s'entendre !
— Trêve de papotage, il est temps de rejoindre le camp et surtout rappelles-toi bien tout ce que je t'ai dit !
— Entendu ! Mais j'ai perdu ma route avec ton intervention, peux-tu me donner un coup de main ?
— A vos ordre chef ! Envoles-toi et dis-moi ce que tu vois, je vais te guider...
Cylian s'éleva doucement à l'horizontale, son corps pivota sur le côté et se propulsa dans les nuages.
Au bout de quelques minutes, il remarqua une plage d'une forme originale.
Il décida de rappeler la télépathe:
— Mona Lisa, il y a devant moi une plage en forme de croissant de lune... Mona ? Tu es là ?
— Je vous reçois cinq sur cinq mon capitaine ! En fait, le camp se trouve derrière la plage, tu devrais voir les toits des maisons de là où tu te trouves !
— En effet, merci de ton aide !
— A ton service Cylian... L'heure est venue pour moi de te laisser... à bientôt !
En continuant sa route, Cylian repensait à la discussion télépathique avec Mona.
« Se pourrait-il qu'elle soit une psychique ? Dans un lieu comme celui-ci ? Patrie des éthérés, donc ses ennemis naturels ? Qu'est-ce qu'elle fait donc ici ? C'est le loup dans la bergerie ou alors si je suis en danger... L'agneau dans l'antre des loups ? »