05-03-2025, 12:01 PM
Chapitre 22 : dernier jour
Jeudi 3 juillet 2008
« Et voilà ! Je suis en retard ! Foutue guitare, ça m'a prit un temps fou à l'accorder ! »
Cylian pestait tout en fendant l'air à une vitesse fulgurante, éventrant les malheureux nuages cotonneux qui ce trouvait sur son trajet à une vitesse, l'instrument de musique en bandoulière sur le dos.
Il regarda sa montre, l'air inquiet, ce qui eut pour effet de forcer l'allure.
On peut aller vite mais le temps à toujours une longueur d'avance sur nous, à moins de se déplacer à la vitesse de la lumière pour le stopper, chose impossible, le garçon le savait. Les pouvoirs ont leurs limites...
Il y a dans l'année des jours importants : Noël, nouvel an, la fête nationale du 14 juillet et... le dernier jour d'école !
Cylian s'était proposé à donner un concert devant toute l'école, une estrade et un petit chapiteau avait été monté la veille dans la cours et les élèves à vocation musicale étaient encouragés à y participer.
Heureusement pour lui, la piste d'athlétisme, SA piste d'atterrissage ne serait pas encombrée.
L'éthéré sourit, il repensait à ce jour de classe mémorable qui resterait gravé pour toujours dans son esprit. Il revoyait Toni lui donnant un baiser habillé en Jules.
C'était il y a deux jours, le professeur de français avait organisé pour la dernière heure de cours une pièce de théâtre avec un sujet libre. Tous les élèves s'étaient donc investit à chercher et à jouer une œuvre théâtrale.
C'est tout naturellement que Cylian s'était associé avec Toni pour jouer la pièce.
Un soir, il y a de cela une semaine, Toni était allé le voir chez lui, un après-midi.
Cylian se souvient comme il avait déboulé dans sa chambre alors qu'il révisait sur son lit, le blondinet lui avait sauté dessus complètement surexcité !
Il revoyait son amour lui tenir fermement les mains, faisant chuter le gros classeur qu'il tenait, au pied du lit.
— Toni, tu as bouffé du lion ou quoi ? Qu'est ce qu'il t'arrive ? Vas y mollo sur le café ! Tu sais, quand tu te prépares un café, la cuillère n'est pas obligée de tenir toute seule debout dans la tasse !
— Et toi t'as mangé un clown ce matin ?
— T'es con ! Embrasse moi au lieu de dire des conneries !
— Seulement si tu dis oui au projet dont je vais te soumettre ! Pour le théâtre, nous allons les épater. On va jouer la célèbre pièce de Shakespeare : Roméo et Juliette ! Sauf que je ferais Juliette et toi Roméo ! Donc pour résumer la situation, ce sera Roméo et Jules. Allez chiche, t'es cap de le faire ?
« je me souviens la façon dont Toni me regardait ce jour là » pensa Cylian, il se mit à rigoler tout seul dans le ciel bleu azur.
— T'es vraiment taré Toni !
— T'as pas les couilles de le faire ? Aller quoi ! C'est bientôt la fin de l'année, autant délirer !
— Bon c'est d'accord, mais ça risque d'être chaud, surtout pour la fin du dernier acte. Je te signale qu'il y a des baisers à travers toute la pièce, surtout à la fin !
— Et alors ? Répliqua Toni, ses bras musclés lâchant ceux de Cylian pour les lever en direction du plafond de la chambre.
Son bel amour souriait toujours... un sourire enfantin, comme un gamin qui se prépare à jouer un tour à ses camarades. Toni se tenait à califourchon sur le torse de Cylian.
L'éthéré parcourait de ses mains enfin libérées le pantacourt du blondinet, se hasardant au niveau des cuisses pour terminer leur course sur les mollets parsemés de fins poils blond.
La réponse de Cylian se faisait attendre aux oreilles de Toni.
Le beau garçon aux cheveux brun était occupé à détailler du regard les courbes saillantes que faisait les muscles des bras de Toni en se contractant.
Toni attendait impatiemment la réponse du garçon couché entre ses jambes, le regard perdu à admirer sa silhouette ne le surprenait pas.
— Réponds moi au lieu de m'admirer ! Allez on le fait ! Et il est temps de mettre fin à ce secret qui nous pourrit l'existence.
Toni renchérit.
— Je n'en peux plus Cylian... j'en ai marre de cette situation, après presque une année passé ensemble à nous aimer, de devoir se cacher, jouer un faux rôle, je crève d'envie de t'enlacer sur les bancs de l'école quand cela me chante !
Au fond de lui-même, Cylian admettait que Toni avait raison, il aspirait lui aussi aux mêmes envies, enfin jouer franc jeux avec les autres.
— Bon d'accord... après tout, on s'en fout. C'est les dernier jour de cours, quitte à être méprisé par certains élèves de la classe ensuite.
Toni, fou de joie lui donna le baiser tant attendu.
Le jour J arriva : il se passa ce qui resterait comme un instant mémorable pour toute la classe.
Après une démonstration comique de Vincent jouant le rôle d'un mime et de Selenn se transformant en une dizaines de personnages, tous issus des « Fourberies de Scapin », pièce qu'il lui allait comme un gant selon l'avis de certains, ce fut pour Toni et Cylian le moment de monter sur l'estrade.
Au fil des scènes, tous les élèves furent transportés par la pièce, complètement absorbés par l'histoire émouvante et terrible jusqu'au fameux dénouement tragique connu de tous.
Les uns se reconnaissaient dans les jeunes amants, tandis que d'autres rêvaient aux scènes de rixes entre les deux familles, Cylian-Roméo Montaigu mimant les combats.
A la fin de l'acte V, Cylian-Roméo Montaigu s'approcha de Toni-Jules Capulet couché sur une table de la classe, feignant la fausse mort de l'histoire.
Cylian tremblait d'émotion devant Toni.
« Cette fois ci nous y sommes ! » soupira Cylian.
Le regard inquiet de Cylian balaya l'ensemble de la classe, conscient du geste lourd de conséquence qu'il allait accomplir.
Il aperçut contre toute attente que certains élèves avaient la main porté à leur poitrine, littéralement absorbé par la situation de nos deux héros.
Quand ses yeux furent tournés vers Vincent puis Lætitia, recherchant comme le signe d'un conseil de dernières secondes, Cylian comprit que ses deux amis avaient deviné ce qui allait ce passer, Vincent lui décocha un hochement de tête.
Le regard du Roméo aux mains tremblantes revint sur celui de sa Juliette
Toni ouvrit un œil et un sourire d'encouragement ce dessina sur ses lèvres.
« Toi et moi contre tous ! » Cette phrase balaya en trombe l'esprit de Cylian.
Roméo baissa la tête... et embrassa sa Juliette sur la bouche.
Le baiser fut maladroit et bref... mais une onde de choc presque palpable balaya tout les esprits de la classe.
Un soupir créé par 30 élèves se souleva au quatre coins de la salle de classe, certains se mirent à pleurer. Vincent, Selenn et Lætitia se levèrent et applaudirent. Oui ! Même la polymorphe applaudissait comme pour entraîner la classe à saluer leur geste osé.
Le professeur, littéralement absorbé par la scène, leur intima d'un mouvement de main de faire silence.
Cylian et Toni eux, affichaient un large sourire conquérant.
La pièce reprit son cours mais le baiser était resté dans l'esprit de chacun.
Cylian-Roméo-Montaigu croyant que Toni-Jules-Capulet était mort se suicida avec une fiole de poison.
Pour les besoin de la pièce, Cylian but une gorgée dans une bouteille de coca-cola.
Toni-Jules-Capulet se réveilla de sa léthargie et trouva son amant sans vie à ses pieds, il se suicida à son tour à l'aide d'un cutter emprunté pour l'occasion.
Applaudissement général.
Après le cours, certains camarades des deux amoureux les assaillirent de questions.
Tantôt heureux, tantôt pour certains, triste déception de certaines filles contraintes à abandonner leurs illusions d'approcher un jour les deux plus beau garçons de la classe. Cylian et Toni ne se cachaient plus. Ils leurs répondirent franchement sur leur relation.
D'autres élèves, comme il fallait s'y attendre, leur lancèrent un regard noir.
Dans les jours qui suivirent, Cylian et Toni trouvèrent des lettres dans leurs casiers.
Bout de feuilles, anonymes ou pas, où étaient inscrits pêle-mêle :
Sur une feuille rose parsemée de petits cœurs à l'écriture ondulante :
« J'ai adoré votre pièce, je suis sincèrement avec vous, je souhaite que vous soyez heureux tout les deux, bisous »
Une autre feuille blanche à petit carreau, écriture en noir et ponctué de dessin de sourire :
« N'écoutez que votre cœur et non l'avis de certaines personnes, bravo pour avoir osé ce que vous avez fait hier en classe. ;-) »
Un papier déchiré écrit à l'encre bleue au jambage des lettres accentué :
« Toi et ton copain, vous m'avez m'avez ouvert les yeux : l'amour peut exister entre deux garçons, je le sais maintenant. Je suis gay aussi mais je n'ai jamais trouvé la force de faire le premier pas, je veux l'assumer maintenant. Grâce à vous, je vais trouver le courage de dire à un pote les sentiments que j'ai pour lui.
Merci Cylian. »
Un tout petit papier plié en quatre, sur lequel était écrit au crayon de papier :
« Cylian veux tu sortir avec moi ? Je t'aime. Marc »
Un papier écrit en rouge, presque indéchiffrable et bourré de fautes :
« Bande de sales pédés, vous me dégouttez tous, vous crèverez tous en enfer ! »
A la lecture de chaque papier, Cylian et Toni eurent les larmes aux yeux. Larmes de bonheur ou de douleur.
Les derniers jours de classe avaient été bien mouvementés, Cylian chassa ces pensées en apercevant les couloirs d'athlétisme au loin, c'était le dernier atterrissage de l'année scolaire. Le fait de savoir qu'il ne reverrai pas cette piste de sitôt lui laissa un goût amer au fond de son cœur.
Maintenant qu'il était là, en plein centre de la cour, Cylian prit conscience qu'il ne reverrait plus certains de ses amis.
Il n'y avait rien à faire, ce parfum de nostalgie le prenait au nez où son regard se posait : arbres de la cour, escaliers des bâtiments et plus particulièrement sur les bancs ou le préau d'où avait surgit Yann quelques mois auparavant.
Cela en était presque écœurant : tout ce défilé d'images dans sa tête, caché derrière chaque lieu, des souvenirs surgissaient.
Il y avait des bons souvenirs.
C'est bien connu, la mémoire est sélective : au bout d'un certains laps de temps, ce sont les meilleurs moments passés qui reviennent.
Sur la piste d'athlétisme, une personne l'attendait, un étui à guitare dans le dos.
Cylian se posa non loin de son amour puis fit quelques pas pour le rejoindre.
Il n'y avait pas de temps à perdre: la journée était réglée par le concert. Cylian et Toni se rendirent en toute hâte sous le chapiteau pour y prendre les dernières recommandations.
Quelques heures plus tard, une foule immense se pressait au pied de l'estrade.
Le concert de Toni et de Cylian fut dantesque. Ils interprétèrent « holidays » du groupe Green day.
Ce fut un immense frisson quand ils apparurent sur scène torse nu, laissant toutes les filles fantasmer sur leur corps d'Apollon en sueur et les cheveux ébouriffés après quelques minutes à se déhancher.
Hear the sound of the falling rain
Coming down like an Armageddon flame (Hey !)
The shame
The ones who died without a name
Hear the dogs howling out of key
To a hymn called "Faith and Misery" (Hey !)
And bleed, the company lost the war today
I beg to dream and differ from the hollow lies
This is the dawning of the rest of our lives
On holiday
— Est ce que vous en voulez encore ? cria Cylian à la foule en liesse
Une clameur monumentale s'éleva en guise de réponse
Cylian se lança dans un solo de guitare assourdissant sous les yeux admiratifs de Toni, ses mains s'arrêtèrent de jouer mais curieusement des sons graves parcouraient l'estrade, le sol trembla.
Des ondes anti-gravitationnelles s'échappèrent du jeune garçon pour résonner tout autour de lui, martelant la poitrine des spectateurs.
Cylian était immobile sur la scène, le poing levé, il n'y en avait que pour lui tel un dieu descendu du ciel monopolisant toute l'attention du public.
La merveilleuse journée s'acheva.
Cylian et ses amis décidèrent de passer la soirée chez Toni, histoire de prolonger la fête.
L'année scolaire était terminée, les vacances d'été allaient commencer.
Une époque se terminait, une autre prenait la relève.
Jeudi 3 juillet 2008
« Et voilà ! Je suis en retard ! Foutue guitare, ça m'a prit un temps fou à l'accorder ! »
Cylian pestait tout en fendant l'air à une vitesse fulgurante, éventrant les malheureux nuages cotonneux qui ce trouvait sur son trajet à une vitesse, l'instrument de musique en bandoulière sur le dos.
Il regarda sa montre, l'air inquiet, ce qui eut pour effet de forcer l'allure.
On peut aller vite mais le temps à toujours une longueur d'avance sur nous, à moins de se déplacer à la vitesse de la lumière pour le stopper, chose impossible, le garçon le savait. Les pouvoirs ont leurs limites...
Il y a dans l'année des jours importants : Noël, nouvel an, la fête nationale du 14 juillet et... le dernier jour d'école !
Cylian s'était proposé à donner un concert devant toute l'école, une estrade et un petit chapiteau avait été monté la veille dans la cours et les élèves à vocation musicale étaient encouragés à y participer.
Heureusement pour lui, la piste d'athlétisme, SA piste d'atterrissage ne serait pas encombrée.
L'éthéré sourit, il repensait à ce jour de classe mémorable qui resterait gravé pour toujours dans son esprit. Il revoyait Toni lui donnant un baiser habillé en Jules.
C'était il y a deux jours, le professeur de français avait organisé pour la dernière heure de cours une pièce de théâtre avec un sujet libre. Tous les élèves s'étaient donc investit à chercher et à jouer une œuvre théâtrale.
C'est tout naturellement que Cylian s'était associé avec Toni pour jouer la pièce.
Un soir, il y a de cela une semaine, Toni était allé le voir chez lui, un après-midi.
Cylian se souvient comme il avait déboulé dans sa chambre alors qu'il révisait sur son lit, le blondinet lui avait sauté dessus complètement surexcité !
Il revoyait son amour lui tenir fermement les mains, faisant chuter le gros classeur qu'il tenait, au pied du lit.
— Toni, tu as bouffé du lion ou quoi ? Qu'est ce qu'il t'arrive ? Vas y mollo sur le café ! Tu sais, quand tu te prépares un café, la cuillère n'est pas obligée de tenir toute seule debout dans la tasse !
— Et toi t'as mangé un clown ce matin ?
— T'es con ! Embrasse moi au lieu de dire des conneries !
— Seulement si tu dis oui au projet dont je vais te soumettre ! Pour le théâtre, nous allons les épater. On va jouer la célèbre pièce de Shakespeare : Roméo et Juliette ! Sauf que je ferais Juliette et toi Roméo ! Donc pour résumer la situation, ce sera Roméo et Jules. Allez chiche, t'es cap de le faire ?
« je me souviens la façon dont Toni me regardait ce jour là » pensa Cylian, il se mit à rigoler tout seul dans le ciel bleu azur.
— T'es vraiment taré Toni !
— T'as pas les couilles de le faire ? Aller quoi ! C'est bientôt la fin de l'année, autant délirer !
— Bon c'est d'accord, mais ça risque d'être chaud, surtout pour la fin du dernier acte. Je te signale qu'il y a des baisers à travers toute la pièce, surtout à la fin !
— Et alors ? Répliqua Toni, ses bras musclés lâchant ceux de Cylian pour les lever en direction du plafond de la chambre.
Son bel amour souriait toujours... un sourire enfantin, comme un gamin qui se prépare à jouer un tour à ses camarades. Toni se tenait à califourchon sur le torse de Cylian.
L'éthéré parcourait de ses mains enfin libérées le pantacourt du blondinet, se hasardant au niveau des cuisses pour terminer leur course sur les mollets parsemés de fins poils blond.
La réponse de Cylian se faisait attendre aux oreilles de Toni.
Le beau garçon aux cheveux brun était occupé à détailler du regard les courbes saillantes que faisait les muscles des bras de Toni en se contractant.
Toni attendait impatiemment la réponse du garçon couché entre ses jambes, le regard perdu à admirer sa silhouette ne le surprenait pas.
— Réponds moi au lieu de m'admirer ! Allez on le fait ! Et il est temps de mettre fin à ce secret qui nous pourrit l'existence.
Toni renchérit.
— Je n'en peux plus Cylian... j'en ai marre de cette situation, après presque une année passé ensemble à nous aimer, de devoir se cacher, jouer un faux rôle, je crève d'envie de t'enlacer sur les bancs de l'école quand cela me chante !
Au fond de lui-même, Cylian admettait que Toni avait raison, il aspirait lui aussi aux mêmes envies, enfin jouer franc jeux avec les autres.
— Bon d'accord... après tout, on s'en fout. C'est les dernier jour de cours, quitte à être méprisé par certains élèves de la classe ensuite.
Toni, fou de joie lui donna le baiser tant attendu.
Le jour J arriva : il se passa ce qui resterait comme un instant mémorable pour toute la classe.
Après une démonstration comique de Vincent jouant le rôle d'un mime et de Selenn se transformant en une dizaines de personnages, tous issus des « Fourberies de Scapin », pièce qu'il lui allait comme un gant selon l'avis de certains, ce fut pour Toni et Cylian le moment de monter sur l'estrade.
Au fil des scènes, tous les élèves furent transportés par la pièce, complètement absorbés par l'histoire émouvante et terrible jusqu'au fameux dénouement tragique connu de tous.
Les uns se reconnaissaient dans les jeunes amants, tandis que d'autres rêvaient aux scènes de rixes entre les deux familles, Cylian-Roméo Montaigu mimant les combats.
A la fin de l'acte V, Cylian-Roméo Montaigu s'approcha de Toni-Jules Capulet couché sur une table de la classe, feignant la fausse mort de l'histoire.
Cylian tremblait d'émotion devant Toni.
« Cette fois ci nous y sommes ! » soupira Cylian.
Le regard inquiet de Cylian balaya l'ensemble de la classe, conscient du geste lourd de conséquence qu'il allait accomplir.
Il aperçut contre toute attente que certains élèves avaient la main porté à leur poitrine, littéralement absorbé par la situation de nos deux héros.
Quand ses yeux furent tournés vers Vincent puis Lætitia, recherchant comme le signe d'un conseil de dernières secondes, Cylian comprit que ses deux amis avaient deviné ce qui allait ce passer, Vincent lui décocha un hochement de tête.
Le regard du Roméo aux mains tremblantes revint sur celui de sa Juliette
Toni ouvrit un œil et un sourire d'encouragement ce dessina sur ses lèvres.
« Toi et moi contre tous ! » Cette phrase balaya en trombe l'esprit de Cylian.
Roméo baissa la tête... et embrassa sa Juliette sur la bouche.
Le baiser fut maladroit et bref... mais une onde de choc presque palpable balaya tout les esprits de la classe.
Un soupir créé par 30 élèves se souleva au quatre coins de la salle de classe, certains se mirent à pleurer. Vincent, Selenn et Lætitia se levèrent et applaudirent. Oui ! Même la polymorphe applaudissait comme pour entraîner la classe à saluer leur geste osé.
Le professeur, littéralement absorbé par la scène, leur intima d'un mouvement de main de faire silence.
Cylian et Toni eux, affichaient un large sourire conquérant.
La pièce reprit son cours mais le baiser était resté dans l'esprit de chacun.
Cylian-Roméo-Montaigu croyant que Toni-Jules-Capulet était mort se suicida avec une fiole de poison.
Pour les besoin de la pièce, Cylian but une gorgée dans une bouteille de coca-cola.
Toni-Jules-Capulet se réveilla de sa léthargie et trouva son amant sans vie à ses pieds, il se suicida à son tour à l'aide d'un cutter emprunté pour l'occasion.
Applaudissement général.
Après le cours, certains camarades des deux amoureux les assaillirent de questions.
Tantôt heureux, tantôt pour certains, triste déception de certaines filles contraintes à abandonner leurs illusions d'approcher un jour les deux plus beau garçons de la classe. Cylian et Toni ne se cachaient plus. Ils leurs répondirent franchement sur leur relation.
D'autres élèves, comme il fallait s'y attendre, leur lancèrent un regard noir.
Dans les jours qui suivirent, Cylian et Toni trouvèrent des lettres dans leurs casiers.
Bout de feuilles, anonymes ou pas, où étaient inscrits pêle-mêle :
Sur une feuille rose parsemée de petits cœurs à l'écriture ondulante :
« J'ai adoré votre pièce, je suis sincèrement avec vous, je souhaite que vous soyez heureux tout les deux, bisous »
Une autre feuille blanche à petit carreau, écriture en noir et ponctué de dessin de sourire :
« N'écoutez que votre cœur et non l'avis de certaines personnes, bravo pour avoir osé ce que vous avez fait hier en classe. ;-) »
Un papier déchiré écrit à l'encre bleue au jambage des lettres accentué :
« Toi et ton copain, vous m'avez m'avez ouvert les yeux : l'amour peut exister entre deux garçons, je le sais maintenant. Je suis gay aussi mais je n'ai jamais trouvé la force de faire le premier pas, je veux l'assumer maintenant. Grâce à vous, je vais trouver le courage de dire à un pote les sentiments que j'ai pour lui.
Merci Cylian. »
Un tout petit papier plié en quatre, sur lequel était écrit au crayon de papier :
« Cylian veux tu sortir avec moi ? Je t'aime. Marc »
Un papier écrit en rouge, presque indéchiffrable et bourré de fautes :
« Bande de sales pédés, vous me dégouttez tous, vous crèverez tous en enfer ! »
A la lecture de chaque papier, Cylian et Toni eurent les larmes aux yeux. Larmes de bonheur ou de douleur.
Les derniers jours de classe avaient été bien mouvementés, Cylian chassa ces pensées en apercevant les couloirs d'athlétisme au loin, c'était le dernier atterrissage de l'année scolaire. Le fait de savoir qu'il ne reverrai pas cette piste de sitôt lui laissa un goût amer au fond de son cœur.
Maintenant qu'il était là, en plein centre de la cour, Cylian prit conscience qu'il ne reverrait plus certains de ses amis.
Il n'y avait rien à faire, ce parfum de nostalgie le prenait au nez où son regard se posait : arbres de la cour, escaliers des bâtiments et plus particulièrement sur les bancs ou le préau d'où avait surgit Yann quelques mois auparavant.
Cela en était presque écœurant : tout ce défilé d'images dans sa tête, caché derrière chaque lieu, des souvenirs surgissaient.
Il y avait des bons souvenirs.
C'est bien connu, la mémoire est sélective : au bout d'un certains laps de temps, ce sont les meilleurs moments passés qui reviennent.
Sur la piste d'athlétisme, une personne l'attendait, un étui à guitare dans le dos.
Cylian se posa non loin de son amour puis fit quelques pas pour le rejoindre.
Il n'y avait pas de temps à perdre: la journée était réglée par le concert. Cylian et Toni se rendirent en toute hâte sous le chapiteau pour y prendre les dernières recommandations.
Quelques heures plus tard, une foule immense se pressait au pied de l'estrade.
Le concert de Toni et de Cylian fut dantesque. Ils interprétèrent « holidays » du groupe Green day.
Ce fut un immense frisson quand ils apparurent sur scène torse nu, laissant toutes les filles fantasmer sur leur corps d'Apollon en sueur et les cheveux ébouriffés après quelques minutes à se déhancher.
Hear the sound of the falling rain
Coming down like an Armageddon flame (Hey !)
The shame
The ones who died without a name
Hear the dogs howling out of key
To a hymn called "Faith and Misery" (Hey !)
And bleed, the company lost the war today
I beg to dream and differ from the hollow lies
This is the dawning of the rest of our lives
On holiday
— Est ce que vous en voulez encore ? cria Cylian à la foule en liesse
Une clameur monumentale s'éleva en guise de réponse
Cylian se lança dans un solo de guitare assourdissant sous les yeux admiratifs de Toni, ses mains s'arrêtèrent de jouer mais curieusement des sons graves parcouraient l'estrade, le sol trembla.
Des ondes anti-gravitationnelles s'échappèrent du jeune garçon pour résonner tout autour de lui, martelant la poitrine des spectateurs.
Cylian était immobile sur la scène, le poing levé, il n'y en avait que pour lui tel un dieu descendu du ciel monopolisant toute l'attention du public.
La merveilleuse journée s'acheva.
Cylian et ses amis décidèrent de passer la soirée chez Toni, histoire de prolonger la fête.
L'année scolaire était terminée, les vacances d'été allaient commencer.
Une époque se terminait, une autre prenait la relève.