Hier, 01:53 PM
« Quelle heure est il ? » se demanda Cylian en tendant la main vers son réveil. « Mince ! 11 heure du mat'! »
Cela faisait deux jours que Cylian ouvrait les yeux à une heure tardive, deux jours que le combat avec Yann et les incandescents s'était terminé.
Il n'avait pas revu Toni, ni ses amis depuis, trop occupé qu'il était à se reposer après cette épreuve éprouvante.
Une pensée de regret lui caressa l'esprit : « C'est le dernier jour de l'année et toi... mon pauvre Cylian, au lieu d'aller aux nouvelles, tu comates dans ton coin ! Tu devrais avoir honte ! ».
Il songeait à ce que serait le réveillon de la Saint-Sylvestre ce soir.
Un réveillon banal comme chaque année. Sa mère inviterait Julien et Camille pour dîner puis ils iraient ensemble faire le tour des bars ou des boîtes de nuit.
Cylian fit la moue sans quitter le plafond de la chambre des yeux.
Julien... il n'avait même pas envie de lui parler...
Enfin si ! Julien lui devait des explications sur ce que lui avait dit Yann deux jours auparavant.
Les révélations que le psychique Yann lui avait faites l'avaient quelque peu déstabilisé. La confiance qu'il avait en Julien s'était écroulée d'un coup, comme un pan de mur abattu, bâti sur des vérités qui ne s'étaient jamais remises en question. Cylian se considérait comme une simple pièce dans un jeu d'échec, victime à son insu, d'une machination dont il était au courant depuis peu.
« Oh et puis zut ! Laissons Julien de coté pour l'instant, j'en ai ma claque des psychiques ! »
Cylian se retourna sur le ventre, en se blottissant la tête dans le creux de son oreiller. Il était étendu sous la couette, le caleçon à l'élastique usé, descendu au niveau de ses genoux.
Son esprit, partagé entre le sommeil et l'éveil se prit à rêver de son bel Apollon.
Il revoyait son corps dénudé, fin et élancé, au bord de sa piscine où ils s'étaient baignés en cette journée de fin d'été.
Ce souvenir demeurerait incrusté dans sa mémoire, où le corps de Toni fut caressé par la chaleur douce des derniers rayons du soleil estival, sa nuque gracile à demi cachée par ses cheveux blonds encore humides et les perles d'eau qui scintillaient sur ses pectoraux. Cylian aurait tout donné à cet instant pour que Toni lui appartienne totalement et c'est ce qui s'était passé pour leur plus grand bonheur à tous les deux.
Le jeune garçon sentit une certaine raideur dans le bas de son ventre accompagner ses pensées réconfortantes, son sexe glissant contre l'édredon par des mouvements de va et viens de son bassin.
Il ferma les yeux, se créant un « Toni » au sein de son imagination, en accentuant les parties morphologiques qu'il préférait chez lui.
Déjà ses mains, longues, fines, des doigts terminés par des ongles en forme d'amandes, sans oublier sa paume si chaude quand elle accueillait sa propre main.
Puis remontant plus haut vers le visage, il lui donna l'expression qui le mettait dans tous ses états quand son adoré se mettait à lui décocher un sourire avec un soupçon d'air moqueur qui signifiait qu'à ce moment là, il n'y avait que lui qui comptait.
Ah ce sourire si craquant qui lui fendait les joues quand ses lèvres pulpeuses révélaient deux quenottes blanches qui surmontaient sa langue !
Cylian avait pratiquement fini de visualiser l'image de son amour. Il le voyait se mouvoir pour finalement s'approcher de lui et l'embrasser. Sa création prenait petit à petit le contrôle des gestes et des mouvements.
Dans une torpeur à moitié éveillé, Cylian voyait Toni lui ôter son caleçon et se blottir contre lui pour caresser toute la surface de son torse, sa langue parcourait sa peau veloutée, mordillant ses tétons. Elle descendit plus bas, jouant avec le relief des muscles à travers la peau, Elle continuait à descendre encore plus bas, au-delà de son pubis, avalant son sexe chaud et gonflé.
Dans un râle, Cylian contracta ses muscles du bassin et l'intensité de ses fantasmes amoureux se convertit en puissant jets de liquide chaud sur les draps.
Après le moment de plaisir, le jeune garçon jugea qu'il était temps de se lever et de prendre une bonne douche.
Arrivé devant le miroir, il constata l'étendue des dégâts :
- Une barbe naissante de deux jours sur les joues et le menton.
- Des cheveux en bataille, hérissés en de longs épis retombant sur les tempes et le front, peut-être dû à l'explosion d'un missile quelconque, arrivé durant la nuit et n'ayant rien trouvé de mieux à faire que d'exploser dans sa tignasse.
Cylian imagina Toni venant ici à l'improviste. Qu'aurait il pensé ? Peut-être cette allure lui donnait t'il une certaine virilité ?
Il secoua la tête. Non bien sûr. Visiblement, il se trouvait affreux dans cet état.
Quand il ouvrit la bouche, c'était pire que ce qu'il aurait pu imaginer.
« J'ai une haleine de chacal ! » s'exclama-t-il puis il se tût. Il eut un air amusé, pensant qu'il portait atteinte à la dignité de cet animal méconnu qui s'efforçait de survivre tant bien que mal dans le désert. De toute évidence, cette remarque était méchante pour le chacal.
C'est fou ce qu'on peut imaginer comme choses quand on se trouve dans une salle de bain devant un miroir.
Quelques minutes après, il s'extirpa de la douche avec difficulté, profitant des bienfaits de l'eau chaude contre sa peau. Cylian se sentait revivre.
Se rappelant qu'il avait quelques devoirs à faire pour la rentrée, il se mit à son bureau et ouvrit le livre des pouvoirs.
Autant commencer par une matière intéressante avant le français où les maths !
Cylian feuilleta quelques pages de l'ouvrage, ce livre ne l'ennuyait jamais, mine d'informations et de découvertes souvent passionnantes voire drôles. De toute évidence, Lexin savait captiver les lecteurs les plus récalcitrants. Son ouvrage était toujours ponctué de citation et de proverbes amusants.
Anti-polymorphe... Joachim Fontenel...
La fameuse réaction endothermique d'un téléporteur, comparé avec un frigo...
Le cas de Meredith Star surnommée « l'empoisonneuse » ou... « le baiser de la mort ! »
« Ah tiens ! » pensa-t-il surpris. Je n'avais pas encore lut ce paragraphe, mais ce sera pour plus tard ... »
Ses doigts effleurèrent son téléphone portable, éteint depuis belle lurette au fond de sa poche.
Il porta un rapide coup d'œil en direction de l'appareil pour regarder ses messages.
Le boîtier indiqua deux messages : un de Lætitia et un de Toni.
Il commença à ouvrir celui de Lætitia :
Slt, comment va ? Tu t'es remis de la batailles ? Au fait, bonne année et bonne santé si on ne se revoit pas avant l'année prochaine. C'est moi qui m'occupe du feu d'artifice de mon village, ça me saoule ! Amuse toi bien et embrasse ton Toni pour moi. Gros bisous !
Le garçon esquissa un sourire, c'était sympa de sa part de penser à lui. Il fallait absolument lui envoyer un message de remerciement, mais plus tard. Le deuxième message le faisait languir d'impatience.
Ouverture du message :
Salut mon amour, puisque tu ne donnes pas signe de vie, c'est moi qui t'écris. Tu es au courant de la surprise que nous a fait ta mère ? Ça me fait super plaisir, à ce soir, je t'aime fort, gros bisous partout !
« Une surprise ? Quelle surprise ? » Pensa le jeune garçon interloqué.
« Autant ne pas chercher à comprendre... » Mais la curiosité étant la plus forte, il se demanda pourquoi Toni avait mentionné le terme « à ce soir ». Le blondinet ne devait pas passer avant le lendemain pour lui souhaiter la bonne année.
Autant aller dissiper ce mystère en partant à la quête d'informations.
Descendant les escaliers, il convergea en direction de la cuisine pour trouver sa mère.
— Salut m'man !
— Salut Cylian, enfin levé ! Tu as dû être épuisé durant ces derniers jours vu l'heure où tu te lèves ! Ton week end avec tes amis t'as mis sur les rotules on dirait ! Vous avez marché en forêt ? J'ai trouvé des aiguilles de pins dans tes vêtements.
— Euh... on peut dire ça (si elle savait !)
— Ah au fait, tu peux faire quelques courses pour ce soir ? Nous serons huit et non pas cinq comme ce qui était prévu au départ.
— Comment ça huit ? reprit Cylian: Papa, toi, Julien, Camille et moi : ça fait cinq !
La mère de Cylian lui envoya un sourire :
— J'ai pensé inviter le père de Toni et ses deux fils pour le réveillon. Cela doit être dur pour eux de passer le nouvel an sans leur mère et en plus cela fera plaisir à tout le monde et en particulier à toi j'imagine.
La mère de Cylian fit une pause comme pour observer la réaction de son fils, puis elle enchaîna.
— Je pense que le père de Toni était très content de l'invitation, à en juger par sa voix au téléphone.
— Oh merci maman ! Tu es vraiment la meilleure ! Je comprends maintenant pourquoi Toni m'a envoyé un SMS en me disant à ce soir !
— Oui, mais en attendant, file me faire mes courses et évite de revenir en atterrissant avec le caddie dans le jardin comme la dernière fois !
— C'est bon... je n'avais pas pris de quoi empaqueter les marchandises...
Avant de partir, Claire passa sa main dans la chevelure de Cylian qui lui rendit un sourire radieux.
— Non mais c'est pas une coiffure ça !
— Maiheu ! Laisse mes cheveux tranquille m'man ! J'ai eu un mal fou à me coiffer tout à l'heure... Enfin... pour éviter que ce soit l'anarchie capillaire ...
Cylian s'éloigna à l'extérieur de la maison et décolla pour aller faire les quelques courses avec la liste que sa mère lui avait donnée.
La nuit était tombée.
Cylian était occupé à disposer les couverts sur la table parée de décorations et de cotillons.
Des couteaux à poisson étaient disposés méthodiquement à cotés des couteaux normaux, le verre à eau côtoyait les verres à vins ce qui agaçait fortement le jeune garçon: « Tous ces couverts... c'est de la vaisselle à laver en plus ! Du moment que je suis à coté de Toni, je veux bien manger des pâtes au beurre pour le nouvel an ! »
Claire rentra dans la salle à manger pour examiner la table ainsi mise en place.
— Alors notre grand serveur a-t-il bien travaillé ? Voyons voir... les chaises, la nappe. Je mettrai le nom de chacun des invités devant la place qui, lui est attitrée... J'imagine que tu te mettras à coté de ton petit amoureux ?
Cylian sursauta ! Avait il bien entendu ? Sa mère a dit : « ton petit amoureux ? » ce n'était pas possible !
Claire avait dit cette phrase de façon naturel sans même changer de ton dans ses intonations.
Cylian en fut pétrifié, il regarda sa mère, abasourdi, avec des yeux en ronds de flan, la bouche ouverte, s'attendant à une taquinerie ou quelque chose de ce genre.
Etant donnée la façon quasi anodine dont la phrase avait été annoncée, sa mère allait rire dans quelques secondes pensa-t-il... Elle n'allait pas tarder à dire le salvateur: « je plaisantais Cylian » !
Il n'en fut rien...
Quand sa mère se rendit compte après quelques secondes du silence qui régnait dans la pièce, elle tourna la tête en direction de Cylian qui restait immobile au milieu du salon, le visage empourpré.
Sans s'arrêter de distribuer les serviettes à coté des assiettes, elle ajouta :
— Et bien quoi ? Tu devrais un peu mieux ranger ta chambre. Tu laisses traîner tes feuilles de poèmes partout : il y en a sous ton lit, sur ton bureau, partout ! C'est difficile de ne pas avoir les yeux dessus.
La grosse boulette ! Néanmoins ce qui est fait est fait, autant s'expliquer avec sa mère maintenant.
— Et tu en as pensé quoi ? s'enquit le jeune garçon
— Ce que j'en ai pensé ? Ils sont très beaux ! Tu as du y penser un sacré moment ! Je ne te savais pas l'âme d'un poète !
Cylian s'énerva un tantinet quand il vit que sa mère tournait autour du pot, il voulait vraiment savoir ce qu'elle pensait du fait qu'il soit gay ! Autant se jeter à l'eau ! Et puis elle était bien moins intimidante que son père, c'était surtout de lui qu'il avait eu peur. Heureusement, tout s'était bien passé dans le grenier quand son père avait su, en le surprenant avec Toni en train de s'embrasser dans le jardin. Le plus dur avait été fait !
— Mais maman ! Je te parle du contenu des lettres !
— Tu veux dire... le fait que tu aimes Toni ? Et alors ? Je te rappelle que je suis assistante sociale ! J'ai vu des homosexuels s'aimer sans que cela soit une gêne pour eux et me l'avouer le plus simplement du monde lors de nos entretiens. D'ailleurs ce qui m'a frappé chez certains, c'est qu'ils respiraient le bonheur dans leur couple.
Cylian... tu n'es ni un toxicomane, ni un voleur, encore moins un agresseur de vieilles dames... non ! Tu es... le meilleur exemple de ce que peut attendre une mère de son fils. Alors de quoi je me plains ? Et puis je pense que tu sais ce que tu fais. Tu n'as jamais pris de décisions importantes en fonçant tête baissée, ce n'est pas ton genre.
Cylian se mit à sourire, mais il resta toujours rouge comme une pivoine.
Claire prit un verre à vin et le porta au dessus de sa tête, le bras tendu pour inspecter à la lumière les traces de poussières qu'il pourrait y avoir dessus.
Elle fronça les sourcils en le reposant. Tant pis... je ne regretterai qu'une seule chose : la joie d'être grand-mère. Enfin... on ne peut pas tout avoir !
Elle laissa tomber lourdement en claquant ses bras le long de ses hanches et tourna les talons vers la cuisine. Je te laisse, mon rôti m'attend ! Mais tu sais, ton père et moi, nous serons toujours là pour toi si tu as besoin d'aide.
— Merci M'man ! Je le sais !
En partant, elle passa devant Cylian et l'embrassa sur la joue.
Cylian courut ensuite dans sa chambre.
Arrivé devant son bureau, il s'empressa de remettre un peu d'ordre dans ses affaires et surtout de ranger ses poèmes qui l'avaient trahi.
Il aurait dû écrire en grand dans sa chambre: « J'AIME TONI » le tableau aurait été complet au niveau de la discrétion.
Il se tapa alors la tête sur son bureau en maugréant.
— Quel con ! Non mais quel idiot je suis ! ... AÏE !
Cela faisait deux jours que Cylian ouvrait les yeux à une heure tardive, deux jours que le combat avec Yann et les incandescents s'était terminé.
Il n'avait pas revu Toni, ni ses amis depuis, trop occupé qu'il était à se reposer après cette épreuve éprouvante.
Une pensée de regret lui caressa l'esprit : « C'est le dernier jour de l'année et toi... mon pauvre Cylian, au lieu d'aller aux nouvelles, tu comates dans ton coin ! Tu devrais avoir honte ! ».
Il songeait à ce que serait le réveillon de la Saint-Sylvestre ce soir.
Un réveillon banal comme chaque année. Sa mère inviterait Julien et Camille pour dîner puis ils iraient ensemble faire le tour des bars ou des boîtes de nuit.
Cylian fit la moue sans quitter le plafond de la chambre des yeux.
Julien... il n'avait même pas envie de lui parler...
Enfin si ! Julien lui devait des explications sur ce que lui avait dit Yann deux jours auparavant.
Les révélations que le psychique Yann lui avait faites l'avaient quelque peu déstabilisé. La confiance qu'il avait en Julien s'était écroulée d'un coup, comme un pan de mur abattu, bâti sur des vérités qui ne s'étaient jamais remises en question. Cylian se considérait comme une simple pièce dans un jeu d'échec, victime à son insu, d'une machination dont il était au courant depuis peu.
« Oh et puis zut ! Laissons Julien de coté pour l'instant, j'en ai ma claque des psychiques ! »
Cylian se retourna sur le ventre, en se blottissant la tête dans le creux de son oreiller. Il était étendu sous la couette, le caleçon à l'élastique usé, descendu au niveau de ses genoux.
Son esprit, partagé entre le sommeil et l'éveil se prit à rêver de son bel Apollon.
Il revoyait son corps dénudé, fin et élancé, au bord de sa piscine où ils s'étaient baignés en cette journée de fin d'été.
Ce souvenir demeurerait incrusté dans sa mémoire, où le corps de Toni fut caressé par la chaleur douce des derniers rayons du soleil estival, sa nuque gracile à demi cachée par ses cheveux blonds encore humides et les perles d'eau qui scintillaient sur ses pectoraux. Cylian aurait tout donné à cet instant pour que Toni lui appartienne totalement et c'est ce qui s'était passé pour leur plus grand bonheur à tous les deux.
Le jeune garçon sentit une certaine raideur dans le bas de son ventre accompagner ses pensées réconfortantes, son sexe glissant contre l'édredon par des mouvements de va et viens de son bassin.
Il ferma les yeux, se créant un « Toni » au sein de son imagination, en accentuant les parties morphologiques qu'il préférait chez lui.
Déjà ses mains, longues, fines, des doigts terminés par des ongles en forme d'amandes, sans oublier sa paume si chaude quand elle accueillait sa propre main.
Puis remontant plus haut vers le visage, il lui donna l'expression qui le mettait dans tous ses états quand son adoré se mettait à lui décocher un sourire avec un soupçon d'air moqueur qui signifiait qu'à ce moment là, il n'y avait que lui qui comptait.
Ah ce sourire si craquant qui lui fendait les joues quand ses lèvres pulpeuses révélaient deux quenottes blanches qui surmontaient sa langue !
Cylian avait pratiquement fini de visualiser l'image de son amour. Il le voyait se mouvoir pour finalement s'approcher de lui et l'embrasser. Sa création prenait petit à petit le contrôle des gestes et des mouvements.
Dans une torpeur à moitié éveillé, Cylian voyait Toni lui ôter son caleçon et se blottir contre lui pour caresser toute la surface de son torse, sa langue parcourait sa peau veloutée, mordillant ses tétons. Elle descendit plus bas, jouant avec le relief des muscles à travers la peau, Elle continuait à descendre encore plus bas, au-delà de son pubis, avalant son sexe chaud et gonflé.
Dans un râle, Cylian contracta ses muscles du bassin et l'intensité de ses fantasmes amoureux se convertit en puissant jets de liquide chaud sur les draps.
Après le moment de plaisir, le jeune garçon jugea qu'il était temps de se lever et de prendre une bonne douche.
Arrivé devant le miroir, il constata l'étendue des dégâts :
- Une barbe naissante de deux jours sur les joues et le menton.
- Des cheveux en bataille, hérissés en de longs épis retombant sur les tempes et le front, peut-être dû à l'explosion d'un missile quelconque, arrivé durant la nuit et n'ayant rien trouvé de mieux à faire que d'exploser dans sa tignasse.
Cylian imagina Toni venant ici à l'improviste. Qu'aurait il pensé ? Peut-être cette allure lui donnait t'il une certaine virilité ?
Il secoua la tête. Non bien sûr. Visiblement, il se trouvait affreux dans cet état.
Quand il ouvrit la bouche, c'était pire que ce qu'il aurait pu imaginer.
« J'ai une haleine de chacal ! » s'exclama-t-il puis il se tût. Il eut un air amusé, pensant qu'il portait atteinte à la dignité de cet animal méconnu qui s'efforçait de survivre tant bien que mal dans le désert. De toute évidence, cette remarque était méchante pour le chacal.
C'est fou ce qu'on peut imaginer comme choses quand on se trouve dans une salle de bain devant un miroir.
Quelques minutes après, il s'extirpa de la douche avec difficulté, profitant des bienfaits de l'eau chaude contre sa peau. Cylian se sentait revivre.
Se rappelant qu'il avait quelques devoirs à faire pour la rentrée, il se mit à son bureau et ouvrit le livre des pouvoirs.
Autant commencer par une matière intéressante avant le français où les maths !
Cylian feuilleta quelques pages de l'ouvrage, ce livre ne l'ennuyait jamais, mine d'informations et de découvertes souvent passionnantes voire drôles. De toute évidence, Lexin savait captiver les lecteurs les plus récalcitrants. Son ouvrage était toujours ponctué de citation et de proverbes amusants.
Anti-polymorphe... Joachim Fontenel...
La fameuse réaction endothermique d'un téléporteur, comparé avec un frigo...
Le cas de Meredith Star surnommée « l'empoisonneuse » ou... « le baiser de la mort ! »
« Ah tiens ! » pensa-t-il surpris. Je n'avais pas encore lut ce paragraphe, mais ce sera pour plus tard ... »
Ses doigts effleurèrent son téléphone portable, éteint depuis belle lurette au fond de sa poche.
Il porta un rapide coup d'œil en direction de l'appareil pour regarder ses messages.
Le boîtier indiqua deux messages : un de Lætitia et un de Toni.
Il commença à ouvrir celui de Lætitia :
Slt, comment va ? Tu t'es remis de la batailles ? Au fait, bonne année et bonne santé si on ne se revoit pas avant l'année prochaine. C'est moi qui m'occupe du feu d'artifice de mon village, ça me saoule ! Amuse toi bien et embrasse ton Toni pour moi. Gros bisous !
Le garçon esquissa un sourire, c'était sympa de sa part de penser à lui. Il fallait absolument lui envoyer un message de remerciement, mais plus tard. Le deuxième message le faisait languir d'impatience.
Ouverture du message :
Salut mon amour, puisque tu ne donnes pas signe de vie, c'est moi qui t'écris. Tu es au courant de la surprise que nous a fait ta mère ? Ça me fait super plaisir, à ce soir, je t'aime fort, gros bisous partout !
« Une surprise ? Quelle surprise ? » Pensa le jeune garçon interloqué.
« Autant ne pas chercher à comprendre... » Mais la curiosité étant la plus forte, il se demanda pourquoi Toni avait mentionné le terme « à ce soir ». Le blondinet ne devait pas passer avant le lendemain pour lui souhaiter la bonne année.
Autant aller dissiper ce mystère en partant à la quête d'informations.
Descendant les escaliers, il convergea en direction de la cuisine pour trouver sa mère.
— Salut m'man !
— Salut Cylian, enfin levé ! Tu as dû être épuisé durant ces derniers jours vu l'heure où tu te lèves ! Ton week end avec tes amis t'as mis sur les rotules on dirait ! Vous avez marché en forêt ? J'ai trouvé des aiguilles de pins dans tes vêtements.
— Euh... on peut dire ça (si elle savait !)
— Ah au fait, tu peux faire quelques courses pour ce soir ? Nous serons huit et non pas cinq comme ce qui était prévu au départ.
— Comment ça huit ? reprit Cylian: Papa, toi, Julien, Camille et moi : ça fait cinq !
La mère de Cylian lui envoya un sourire :
— J'ai pensé inviter le père de Toni et ses deux fils pour le réveillon. Cela doit être dur pour eux de passer le nouvel an sans leur mère et en plus cela fera plaisir à tout le monde et en particulier à toi j'imagine.
La mère de Cylian fit une pause comme pour observer la réaction de son fils, puis elle enchaîna.
— Je pense que le père de Toni était très content de l'invitation, à en juger par sa voix au téléphone.
— Oh merci maman ! Tu es vraiment la meilleure ! Je comprends maintenant pourquoi Toni m'a envoyé un SMS en me disant à ce soir !
— Oui, mais en attendant, file me faire mes courses et évite de revenir en atterrissant avec le caddie dans le jardin comme la dernière fois !
— C'est bon... je n'avais pas pris de quoi empaqueter les marchandises...
Avant de partir, Claire passa sa main dans la chevelure de Cylian qui lui rendit un sourire radieux.
— Non mais c'est pas une coiffure ça !
— Maiheu ! Laisse mes cheveux tranquille m'man ! J'ai eu un mal fou à me coiffer tout à l'heure... Enfin... pour éviter que ce soit l'anarchie capillaire ...
Cylian s'éloigna à l'extérieur de la maison et décolla pour aller faire les quelques courses avec la liste que sa mère lui avait donnée.
La nuit était tombée.
Cylian était occupé à disposer les couverts sur la table parée de décorations et de cotillons.
Des couteaux à poisson étaient disposés méthodiquement à cotés des couteaux normaux, le verre à eau côtoyait les verres à vins ce qui agaçait fortement le jeune garçon: « Tous ces couverts... c'est de la vaisselle à laver en plus ! Du moment que je suis à coté de Toni, je veux bien manger des pâtes au beurre pour le nouvel an ! »
Claire rentra dans la salle à manger pour examiner la table ainsi mise en place.
— Alors notre grand serveur a-t-il bien travaillé ? Voyons voir... les chaises, la nappe. Je mettrai le nom de chacun des invités devant la place qui, lui est attitrée... J'imagine que tu te mettras à coté de ton petit amoureux ?
Cylian sursauta ! Avait il bien entendu ? Sa mère a dit : « ton petit amoureux ? » ce n'était pas possible !
Claire avait dit cette phrase de façon naturel sans même changer de ton dans ses intonations.
Cylian en fut pétrifié, il regarda sa mère, abasourdi, avec des yeux en ronds de flan, la bouche ouverte, s'attendant à une taquinerie ou quelque chose de ce genre.
Etant donnée la façon quasi anodine dont la phrase avait été annoncée, sa mère allait rire dans quelques secondes pensa-t-il... Elle n'allait pas tarder à dire le salvateur: « je plaisantais Cylian » !
Il n'en fut rien...
Quand sa mère se rendit compte après quelques secondes du silence qui régnait dans la pièce, elle tourna la tête en direction de Cylian qui restait immobile au milieu du salon, le visage empourpré.
Sans s'arrêter de distribuer les serviettes à coté des assiettes, elle ajouta :
— Et bien quoi ? Tu devrais un peu mieux ranger ta chambre. Tu laisses traîner tes feuilles de poèmes partout : il y en a sous ton lit, sur ton bureau, partout ! C'est difficile de ne pas avoir les yeux dessus.
La grosse boulette ! Néanmoins ce qui est fait est fait, autant s'expliquer avec sa mère maintenant.
— Et tu en as pensé quoi ? s'enquit le jeune garçon
— Ce que j'en ai pensé ? Ils sont très beaux ! Tu as du y penser un sacré moment ! Je ne te savais pas l'âme d'un poète !
Cylian s'énerva un tantinet quand il vit que sa mère tournait autour du pot, il voulait vraiment savoir ce qu'elle pensait du fait qu'il soit gay ! Autant se jeter à l'eau ! Et puis elle était bien moins intimidante que son père, c'était surtout de lui qu'il avait eu peur. Heureusement, tout s'était bien passé dans le grenier quand son père avait su, en le surprenant avec Toni en train de s'embrasser dans le jardin. Le plus dur avait été fait !
— Mais maman ! Je te parle du contenu des lettres !
— Tu veux dire... le fait que tu aimes Toni ? Et alors ? Je te rappelle que je suis assistante sociale ! J'ai vu des homosexuels s'aimer sans que cela soit une gêne pour eux et me l'avouer le plus simplement du monde lors de nos entretiens. D'ailleurs ce qui m'a frappé chez certains, c'est qu'ils respiraient le bonheur dans leur couple.
Cylian... tu n'es ni un toxicomane, ni un voleur, encore moins un agresseur de vieilles dames... non ! Tu es... le meilleur exemple de ce que peut attendre une mère de son fils. Alors de quoi je me plains ? Et puis je pense que tu sais ce que tu fais. Tu n'as jamais pris de décisions importantes en fonçant tête baissée, ce n'est pas ton genre.
Cylian se mit à sourire, mais il resta toujours rouge comme une pivoine.
Claire prit un verre à vin et le porta au dessus de sa tête, le bras tendu pour inspecter à la lumière les traces de poussières qu'il pourrait y avoir dessus.
Elle fronça les sourcils en le reposant. Tant pis... je ne regretterai qu'une seule chose : la joie d'être grand-mère. Enfin... on ne peut pas tout avoir !
Elle laissa tomber lourdement en claquant ses bras le long de ses hanches et tourna les talons vers la cuisine. Je te laisse, mon rôti m'attend ! Mais tu sais, ton père et moi, nous serons toujours là pour toi si tu as besoin d'aide.
— Merci M'man ! Je le sais !
En partant, elle passa devant Cylian et l'embrassa sur la joue.
Cylian courut ensuite dans sa chambre.
Arrivé devant son bureau, il s'empressa de remettre un peu d'ordre dans ses affaires et surtout de ranger ses poèmes qui l'avaient trahi.
Il aurait dû écrire en grand dans sa chambre: « J'AIME TONI » le tableau aurait été complet au niveau de la discrétion.
Il se tapa alors la tête sur son bureau en maugréant.
— Quel con ! Non mais quel idiot je suis ! ... AÏE !