15-02-2025, 12:06 PM
(Modification du message : 15-02-2025, 12:22 PM par fablelionsilencieux.)
Défis dix mots
La Guerre secrète n'aura pas lieu
La Guerre secrète n'aura pas lieu
Il était en plein désarroi, le jeune Kévin... à cause de ce bellâtre de Rodolphe, qui venait, ce samedi soir, de l'humilier publiquement lors de cette fiesta étudiante de deuxième année, chez ses parents.
Et ce fut en déclarant que ce jeune homme lui avait dédié un sonnet... tendre, dont il cita même deux ou trois bribes, à la grande joie des autres.
Pas forcément méchants, les autres : tout le monde savait que Kévin était gay... mais on ignorait son petit secret.
Et ce fat de Rodolphe avait cru spirituel de l'utiliser pour faire rire les autres.
On était en fin de soirée, et Kévin put s'en aller sans que cela causât scandale ; mais il en avait gros sur la patate.
Or le dimanche matin, il fut appelé par Marie-Élisabeth, sa meilleure copine, depuis le début de la fac :
— Je vais te venger ! attaqua-t-elle.
— Hein ? Mais de quoi ?
— De Rodolphe : ce mec est un bel oiseau, mais c'est surtout un butor ! Je vais laver l'affront qu'il t'a fait, juré ! J'ai déjà mon plan !
— Aaah ! Mais quoi ?
— Il me draguouille un peu, ces derniers temps... depuis qu'il s'est fait jeter par la Claudette. Ce soir, je me le fais.
— Aaah ! Pas à cause de moi, quand même ?
— Non, non ! C'est un beau mec, t'en sais quelque chose, non ? Alors j'y vais en éclaireuse, et je te raconte tout !
— Oh, objecta Kévin, dépassé, tu le trahirais ?
— Il t'a trahi, mon Kévin, alors pas de quartier !
On s'en tint là, et Kévin resta longtemps songeur : certes Marie-Élisabeth le tenait un peu pour son poulain, après avoir un temps soupiré... Il en avait conscience.
Ce qu'il ignorait, c'est que n'ayant reçu de lui que des cacahouètes, elle avait changé de modalités : si ce frêle enfant ne pouvait satisfaire une maîtresse femme comme elle, elle allait s'occuper de son cas !
Sans se l'avouer, elle apprécierait assez bien d'avoir un gay dans son orbite... pour lui apprendre à vivre : elle ne doutait de rien, la Marie-Élisabeth !
Or donc, elle entreprit immédiatement de mettre son plan à exécution, et appela le beau Rodolphe.
Dans son coin, le jeune Kévin était plus désemparé que jamais. Et puis... l'idée d'imaginer Marie-Élisabeth dans les bras de son aimé... le fit même un peu pleurnicher.
Dès le lundi matin (c'était les vacances de Pâques), il fut convoqué chez Marie-Élisabeth, aux fins d'en ouïr le rapport circonstancié. Elle le traita aux bulles, ce qui indiqua au garçon que le moment était important... peut-être ?
— Bon ! Je te cache pas que je me suis pas ennuyée... et que t'as raison de t'être entiché de cette mauviette !
— Hein ? Une mauviette ?
— Oui. Il est superbement foutu, mais côté citron... c'est pas de la graine de Prix Nobel !
— Ha ! s'étrangla Kévin. Mais, pourtant...
— Oui, il est bon élève, et fait de l'effet en société... grâce à sa belle gueule. Il est drôle, oui, et même gentil, mais ce qui lui manque, c'est une personnalité.
— Oh, de toute façon, pour ce que j'ai à en attendre...
— Plus que vous ne le pensez tous les deux, mon pote. Toi, t'as de la personnalité pour deux, et lui n'est ni totalement con, ni inculte et... enfin... je me demande si...
— Oh ! Me donne pas de faux espoirs, par pitié !
— Non. Je vais aviser. J'ai commencé à lui parler de toi.
— Hein ? sursauta Kévin. Mais qu'est-ce que t'as dit ?
— Je lui ai fait remarquer son inélégance, samedi... et il l'a reconnue. Est-ce que... tu lui as écrit d'autres poèmes ?
— Oh ! Par douzaines !
— Mais... pourquoi t'en as jamais parlé... même à moi ?
— Si tu crois que c'est facile ! Et avec ce que tu viens de me dire, tu te serais bien moquée de moi, comme tout le monde ! lâcha un Kévin au bord des larmes.
Marie-Élisabeth le prit vivement par l'épaule et l'attira contre elle.
— Pleure pas mon grand, pas pour ça !
Elle le serra un temps, avant de continuer :
— Ce que tu dois savoir, c'est qu'il est beau, mais qu'il est bête ! Mais pas irrécupérable. Je vais le travailler au corps.
— Ah ! Tu vas... le revoir ?
— Ma foi ! C'est pour la bonne cause ! Et puis... sa beauté compense en partie ses maladresses. Et j'ai rien d'autre en ce moment, bref... Tiens ! T'as quelque chose contre les barbus ?
— Les talibans, oui !
— Ah ! Ah ! Ah ! Lui ne ferait pas de mal à une mouche, ah ! ah ! Non : cet idiot m'a dit vouloir se laisser pousser la barbe... pour se viriliser !
— Mon dieu ! Ce serait un crime !
— ...contre l'Humanité, chuis d'accord ! Mais peut-être que tu pourrais le détourner de ce funeste projet : fat comme il est, j'ai cru comprendre que ton poème l'avait titillé ou flatté, et sans doute que...
— Plus trop envie de le voir, t'imagines...
On continua à siroter, avant de faire la dînette, tout en continuant à parler du bellâtre... Où Marie-Élisabeth distilla savamment des détails intimes qui retinrent l'attention de Kévin...
Elle insista surtout sur le fait que le mec n'étant pas insensible à la flatterie, il fallait sûrement pousser de ce côté.
— À quoi me servirait de flatter un vaniteux comme lui ?
— Peut-être que... en te rapprochant de lui, tu comprendrais ce qu'il est vraiment, et ce que tu ne perds pas en ne l'obtenant pas. Moi, je continue à le travailler !
On s'en tint là pour ce brunch improvisé, et Kévin s'en fut, plus songeur que jamais : si Marie-Élisabeth avait raison, il serait accessible... un peu, le beau Rodolphe ? Mais avec quel résultat ?
Il passa son après-midi à se ronger les sangs, et vers six heures, il fut appelé : Rodolphe. Il l'accueillit froidement, glacé lui-même.
— Kévin... je voudrais te parler. J'ai eu Marie-Élisabeth... qui m'a fait remarquer ma goujaterie à ton égard, samedi, et... et je voudrais m'en faire excuser.
Kévin resta sans voix ; il savait que Rodolphe n'avait pas eu Marie-Élisabeth au téléphone, mais bien qu'il l'avait baisée deux fois depuis... Il respira un grand coup, et souffla :
— C'est moi qui ai été con de te faire lire ça... À côté de la plaque, complètement !
— Dis pas ça ! J'ai été... étonné, surtout, et j'ai pas su gérer ça... et j'ai abusé de ta gentillesse : je t'en demande pardon !
— Oh... ça n'a plus beaucoup d'importance... maintenant que tout le monde sait...
— Kévin ! Je... Je sais pas encore comment, mais je te promets que je vais réparer ça ! s'exclama Rodolphe.
— Laisse tomber, va... C'est déjà gentil de m'avoir appelé, et... t'embête pas avec le reste.
— On pourrait se voir, bientôt ? Je suis tout seul pour les vacances, je t'invite !
— Ben... Euh... Oui, pourquoi pas.... mais t'es pas obligé !
— Ça me ferait plaisir.
Rendez-vous fut donc pris pour le lendemain soir, à l'apéro. Kévin se demandait ce que ce mec, hautement improbable, pouvait bien lui vouloir...
Au téléphone, il raconta cette conversation à Marie-Élisabeth :
— Bien ! Il a retenu la leçon que je lui ai faite, parfait ! Il est peut-être pas si con que je le pensais...
— En tout cas, il m'a semblé sincère.
— Alors tout va bien !
Mais... non, tout n'allait pas aussi bien que ça... car Kévin sentait, après son échange avec le beau Rodolphe, ses sentiments s'accroître gentiment. Et il se mit à attendre fébrilement l'apéro du lendemain.
Ne sachant comment s'y présenter, il eut l'idée, passant devant un fleuriste, d'y acquérir une petite mais jolie orchidée, mi-blanche, mi-violette... Après tout, pourquoi pas ?
Et le cœur battant plus vigoureusement qu'à l'ordinaire, il sonna donc chez Rodolphe. qui lui ouvrit avec un immenses sourire. Et qui, découvrant l'orchidée, s'exclama :
— Oh ! Comment t'as su que c'était ma fleur préférée ?
— Ben...
— Merci, super merci ! fit le garçon en lui claquant deux bonnes bises. C'est un signe !
— Oh... Mais de quoi ?
— Que... on pourrait être amis, peut-être ? Viens !
Au grand salon, l'apéro attendait : champagne et petits fours chauds. Cristal et porcelaine, classe et douce chaleur...
Kévin se laissa bercer par le délicat babil de Rodolphe, qui décidément était un charmeur hors pair !
Il y eut cependant un genre de nuage, sombre, qui passa par là : ce fut quand Rodolphe déclara :
— J'ai parlé beaucoup avec Marie-Élisabeth, ces temps-ci, et... je crois qu'on pourrait s'entendre. Tu la connais bien, toi... T'en penses quoi ?
Kévin commença par s'étrangler, avant de bafouiller :
— C'est... Oh ! C'est... la meilleure nana du monde, oui !
— Si l'on s'adapte à son caractère, oui... T'en dirais quoi ?
— Sans doute la même chose que toi : grandes qualités, et fort caractère !
— Chuis content de te voir, Kévin. Marie-Élisabeth m'a fait remontrer mes bêtises et... je voudrais pas que tu m'en veuilles, Kévin, vraiment !
— J'en ai pas l'intention, va !
On trinqua, presque ému, et Rodolphe reprit :
— Il est très beau, ton poème, et très émouvant aussi. En fait, il m'a tellement surpris que j'y ai pas cru, d'abord : j'ai pris ça pour un exercice de style, venant d'un intello comme toi, et...
— Oublie-le, surtout !
— Difficile, ça... car il est si beau ! Et... je peux pas croire qu'il ne dise rien.
Kévin baissa les yeux, évidemment ému. Il lui revint toutefois les paroles de Marie-Élisabeth selon lesquelles ce mec n'en valait pas la peine... Il respira un grand coup :
— Ça dit de la poésie, et des rêves sans réalité, rien d'autre.
Rodolphe n'osa répliquer, et passa à autre chose. Et l'instant ne s'éternisa guère, si Rodolphe tenta de retenir Kévin.
Dans la rue, celui-ci regretta même de s'être engagé à revenir, comme l'en avait pressé Rodolphe, qui s'excusait encore sur le pas de sa porte...
Et puis... et puis ce jeune homme avait plus ou moins senti que le gent Rodolphe pouvait bien en pincer pour la fringante Marie-Élisabeth... et cela le mit d'humeur morose.
Il resta d'ailleurs deux jours sans demander ni recevoir de nouvelles des deux autres... et à se ronger les sangs, encore qu'il tentât de se faire une raison : rien d'étonnant à ce que deux hétéros fissent affaire, somme toute !
Il finit donc par avoir un appel de Marie-Élisabeth, qui semblait gênée : elle lui déclara, à mots couverts, qu'elle avait pris goût aux beautés de Rodolphe... malgré sa bêtise, qu'elle pointait pourtant encore.
— T'embête pas, va ! Vous êtes hétéros, y a rien à dire... même s'il est con !
— Oh, Kévin !
— C'est sans méchanceté... puisque c'est la vie... Bonne chance... avec ton bel idiot !
On ne s'éternisa pas, comme bien vous pensez. Ce qui permit à notre pâle jeune homme de passer la pire soirée de sa vie...
Il avait heureusement d'autres amis, Kévin, dont le gentil Denis, qu'il croisa en ville le lendemain matin. On papota de choses et d'autres, dans une rue piétonne, quand le garçon demanda :
— Y a quèque chose, entre Rodolphe et Marie-Élisabeth ?
— Euh... pas à ma connaissance. Pourquoi tu me demandes ça ?
— J'ai vu un truc... spécial, là : ils s'engueulaient vivement, et elle a fini par lui donner une baffe, avant de dégager.
— Hein ? T'es sûr ?
— Aux première loges, j'étais, alors pas de doute !
— Ah ! Je savais pas qu'ils étaient proches...
— ...surtout qu'elle disait partout que c'était un con fini !
— Ouais. Ben... merci de l'info, Denis, Marie-Élisabeth est mon amie comme tu sais, et Rodolphe est... comme tout le monde le sait aussi, maintenant.
— J'aurais peut-être pas dû...
— Si. L'ignorance ne sert jamais à rien, ni à personne.
Hélas ! Pour Kévin, cette nouvelle relançait ses espérances envers Rodolphe, encore qu'il ne pût se faire d'illusions sur ses goûts : la moitié des filles de la fac mouillaient pour lui, au moins ! Et il n'avait qu'à poser les yeux sur l'une d'elle pour qu'elle lui cédât... Cette réalité lui déchira le cœur.
Or, rentré chez lui, il trouva un message du bel hétéro : « Rappelle-moi, s'il te plaît, je voudrais te parler. »
Le cœur battant, Kévin s'exécuta aussitôt. et il accepta de venir chez Rodolphe immédiatement. Sauf que Marie-Élisabeth le contacta à ce moment, aux mêmes fins : il prétexta une obligation pour filer chez Rodolphe.
— Chuis content que t'aies accepté de revoir un con comme moi, déclara celui-ci, le champagne servi.
— Mais... tu parles de quoi, là ?
— Depuis... Depuis que tu m'as donné ton poème, je ne cesse de le relire, et d'y penser, et... je gamberge nuit et jour.
— Oh ! J'ai pas voulu te pourrir la vie, tu sais ?
— Kévin ! Tu vas me trouver le plus nul des mecs, mais...
— J'ai pas écrit que t'étais nul, dans mon sonnet...
— Justement... j'en ai d'autant plus grand honte.
Kévin essayait de garder la tête froide, malgré l'ambiance envoûtante du moment. Et en premier lieu, de n'oublier point que ce beau séducteur était hétéro...
Et que, comme l'avait un jour sentencieusement déclaré Denis : « la pire maladie qui peut toucher un gay, c'est pas le sida : c'est de tomber amoureux d'un hétéro. »
Il tenta alors d'aiguiller la conversation sur Marie-Élisabeth... et n'en fut point déçu. Car Rodolphe ne tarda pas à lâcher quelques petites informations qui le ramenèrent fâcheusement à ses impressions précédentes : il sentait comme une petite romance s'installer entre ces deux-là...
— Je suis reconnaissant à Marie-Élisabeth de m'avoir ouvert les yeux sur mon attitude, déclara enfin Rodolphe, sérieux. Et, si tu veux, j'aimerais qu'on devienne amis, toi et moi, redit-il gravement.
On continua sur de lénifiantes paroles, et autres assertions anodines... Et Kévin de prendre congé, refusant le déjeuner proposé, ayant promis que l'on se reverrait, à des fins amicales.
Il était à peine rentré chez lui qu'il appela Marie-Élisabeth. Et, bien requinqué par le champagne, il n'hésita pas trop avant de balancer :
— Tu me dis que t'as pas trop de temps, là... J'espère que c'est pas encore pour aller te sacrifier pour moi dans les bras de l'autre connard ?
— Pourquoi tu dis ça ? sursauta Marie-Élisabeth.
— Parce que tu peux arrêter ta mission vengeresse : on s'est parlé longuement au téléphone, et il s'est excusé platement. Et j'ai accepté ses excuses : comme tu dis si bien, il est beau, mais qu'il est bête !
— Ben...
— Là-dessus, si t'y trouves ton intérêt à court terme... ou même à plus long cours, t'en fais ce que tu veux ! Après tout, t'as peut-être aussi la vocation d'éducatrice spécialisée ?
— Oh ! fit la jeune fille, que Kévin comprit choquée.
— Excuse-moi ! Après tout, je sais aussi ce que c'est d'en pincer pour un bel idiot ! T'en fais pas, va ! Je la ferme !
Marie-Élisabeth bafouilla quelques mots et raccrocha. Kévin, lui, était à la fois fier de son éclat, et gêné pour sa bonne copine. Mais... alea jacta est, comme disait feu Jules.
Or les choses tournèrent d'autre façon, car une fois dégrisé, il eut un petit coup de mou... Heureusement que Denis était là ! Ce gentil garçon, modèle d'équanimité, appela juste au bon moment. et n'eut pas de mal à le faire parler.
— Bon ! En fait, t'es encore plus amoureux de lui qu'avant, et t'as dit tout ça à la Marie-Élisabeth rien que par jalousie !
— Ooooh !... gémit Kévin.
— Donc, la guerre secrète est déclarée.
— La quoi ?
— Vous allez l'un et l'autre tenter de le séduire... et l'ennemi, c'est plus Rodolphe, mais Marie-Élisabeth ! Reste à savoir ce qu'il lui dira de vous deux, le beau connard...
— Oh ! Dis pas ça !... geignit Kévin.
— Si tu veux, je peux faire du renseignement : j'habite près de chez lui... Alors la guerrre secrète, ça me changerait du quotidien ! Façon Club des cinq, quoi ! Ah ! Ah ! Ah !
— Tu prends ça gaiement, toi !
— Mais toi tu devrais être sérieux, car t'as plus le choix.
Kévin accepta donc l'aide... secrète de Denis, et ses conseils : laisser venir Rodolphe sans le rebuter aucunement.
À vrai dire, cette perspective n'effrayait guère Kévin... Comme l'avait pointé le futé Denis, il était peut-être encore plus amoureux qu'avant... et la rivalité avec Marie-Élisabeth lui rendait finalement la chose presque amusante... s'il admettait in petto n'avoir aucune chance.
Or donc, il trouva peu après six heures un message de Rodolphe, qui manifestement n'avait pas osé l'appeler en direct... et lui demandant de le contacter. Ces petites manœuvres l'excitèrent, et ce fut tout sourire qu'il appela immédiatement.
— J'veux pas te harceler, commença doucement Rodolphe, mais... j'aimerais te voir bientôt.
Songez comment Kévin eût pu y résister ? Il se précipita chez le ci-devant bellâtre (il ne dirait plus ça, maintenant !) qui derechef le traita au champagne. Il en sourit in petto et fut étonné quand Rodolphe se crut obligé d'attaquer par :
— Tu sais, je dis pas à Marie-Élisabeth qu'on se voit.
— Oh !... Parce que je suis gay ? Ou pour conserver toutes tes chances avec elle ? On n'est pas en compétition, tu sais ?
— En fait... murmura Rodolphe, l'air fortement gêné, si... mais dans ma tête.
— Ah !... J'ai cru deviner que vous étiez intimes... ça suffit pas à te convaincre ?
Rodolphe but lentement une longue gorgée, en regardant ailleurs ; il finit par soupirer :
— Je te l'ai dit : ton poème me perturbe, et... j'ai pris conscience que tu m'y dis des choses que je n'ai jamais entendues nulle part.
Kévin avala sa salive, avec les bulles. Il songea un instant.
— Mais... ces choses sont d'un œil extérieur... et gay. Alors tu peux en être touché, mais cela ne peut modifier le cours de ta vie, je crois...
— Et moi, je crois que si, fit Rodolphe en baissant le nez.
Il ne s'attendait pas à ça, le jeune Kévin, qui en eut un fort frémissement. Il chercha d'abord ses mots.
— Rodolphe... on se connaît pas... et... tu dis quoi, là ?
— Je te connais plus que tu ne le crois, Kévin.
Nouveau silence, un peu lourd. Kévin souffla :
— Mais... comment ?
— Avant de recevoir ton poème, je savais... que t'étais... gay. Mais je savais pas ce que c'était, d'être aimé.
— Toi ?
— Les apparences, tu sais... Oui, on me trouve pas mal...
— Super beau, tu veux dire ! coupa vivement Kévin.
— T'es gentil, mais... on me prend surtout pour une cloche !
— Pourquoi tu dis ça ? fit Kévin, surpris.
— Si tu crois que je n'ai jamais vu les regards en coin, ni entendu les murmures autour de moi !
— Rodolphe... dit Kévin, remué. Mais...
— C'est la vérité. Oui, je manque pas de câlins, quand j'en veux, mais... c'est pas la délicatesse des sentiments qui les étouffe, les fillettes ! conclut un Rodolphe désemparé.
— Rodolphe... ça... oh, ça me fait mal d'entendre ça !
— Alors tu comprends pourquoi ton poème m'a autant touché... même si j'ai été incapable de t'en parler directement... et que j'ai totalement merdé samedi !
Kévin réfléchit un instant,et souffla :
— Mais... Marie-Élisabeth ?
— Oui, oui... elle est plus classe que les autres... ton amie ! N'empêche qu'elle me prend pour un con, pareil !
Où le beau Rodolphe eut un air si désemparé que Kévin ne peut s'empêcher de lui prendre la main ; aussitôt il sentit l'autre main du garçon se poser sur la sienne.
Il gambergea à toute vitesse, le pauvret ! Ainsi, dans sa suffisance apparente, Rodolphe était conscient de l'avis des autres... Ce constat lui fendit le cœur... qu'il avait déjà fortement ébréché, comme vous savez.
Où Rodolphe, porta sa main à ses lèvres sans l'oser pourtant regarder. Et les choses s'enchaînèrent le plus délicatement du monde, après que Rodolphe eût soufflé à l'oreille de Kévin :
— Est-ce que... je pourrais t'embrasser ?
Si Kévin n'était point puceau, Rodolphe non plus ne l'était... dans son domaine de compétences. Il n'eut donc pas de mal à apprendre les gestes qui sauvent et, lorsque Kévin eut sous les yeux l'intégralité de sa fine et musclée académie, il sut que Marie-Élisabeth n'avait point menti...
Ô rêve, ô ivresse ! On se découvrit donc avec douceur et émotion, et ces choses ne sont guère dicibles, ni ce qui bouillait alors dans ces jolies têtes !
Toujours est-il qu'on s'en trouva bien, et Kévin eut vite la conviction que la sortie de Rodolphe lors de la soirée était un acte manqué... réussi, donc.
De fait, ce scintillant garçon se révéla un amant, puis un amoureux de grande sensibilité... ce dont il fallut bien aviser la rude Marie-Élisabeth : mais elle prit la nouvelle avec vaillance, affirmant qu'elle « le savait bien »...
Denis fut démobilisé, et la fin des vacances de printemps signifia l'officialisation des choses. On jasa bien un peu, certes, mais... tout va bien. Et la guerre secrète n'eut donc pas lieu.
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