25-01-2025, 02:56 PM
Chapitre 21 : Retrouvailles sous les Eucalyptus
Extrait du Livre des pouvoirs :
Anti-polymorphe : cas de Joachim Fontenel
Si les polymorphes ont un don surprenant de mimétismes humains, animaux ou végétaux, c'est-à-dire, capable de changer d'apparence, c'est tout le contraire pour leur opposé : les Anti-polymorphes comme Joachim Fontenel, homme au destin extraordinaire qui naquit en 1707 et vécut près de 300 ans.
Oscar Wilde s'inspira d'ailleurs de son cas si déroutant pour son roman « Le portrait de Dorian Gray ».
Joachim était un « homme-portrait » comme ses connaissances le surnommèrent.
Tandis qu'un polymorphe peut changer d'apparence, lui ne changeait jamais au fil des années, son corps était prisonnier d'un présent éternel : il ne vieillissait pas.
A 10 ans, lorsque, son pouvoir se manifesta, son corps se figea dans le temps comme une photo développée sur un papier.
Il voulait se couper les cheveux pour changer de coiffure ? Aussitôt ses cheveux repoussaient comme à l'instant précédent.
Dans la même situation : impossible de se couper les ongles ou de se blesser, son corps reprenait immédiatement sa forme d'origine comme une éponge où un bout de caoutchouc que l'ont tord et qui reprend son apparence une fois relâché.
A 20 ans, Joachim gardait toujours l'aspect d'un petit garçon de 10 ans. Son pouvoir se changea vite en malédiction, incapable de grandir comme les autres enfants de son âge, car son cerveau lui évoluait, prisonnier dans ce corps qui ne lui correspondait plus.
Suivant le conseil de ses parents, il alla rendre visite à un « dépisteur » qui lui révéla sa limitation : les chats.
Fort de cette révélation, il s'empressa de s'entourer de trois félins jours et nuits jusqu'à ce qu'enfin en quelques années, son corps évolua enfin pour prendre l'apparence d'un splendide jeune homme de vingt ans, suite à quoi, il se débarrassa de ses trois animaux pour garder éternellement une apparence d'un homme dans la force de l'âge.
Sa limitation absente, il s'arrêta de nouveau de grandir. Il participa à deux révolutions (la révolution française et la révolution russe) ainsi qu'aux deux guerres mondiales, sans craindre pour sa santé étant donné que toutes les blessures se résorbaient d'elles-mêmes.
Après 300 ans d'une vie bien chargée (et 273 ans sous l'apparence d'un homme sortant à peine de la majorité), ayant perdu tout ses proches, il sombra dans un profond chagrin. Il avait tout exploré lors de ses innombrables voyages à travers le monde, éprouvé tant de choses qu'il fut las de vivre.
Le destin exauça sa prière : un soir de janvier 2007, il quitta ce monde qui changeait beaucoup trop vite pour lui.
Sur une petite route de campagne, il perdit le contrôle de sa voiture qui fit une embardée dans un fossé, à quelques mètres d'un chat se trouvant sur la route qu'il voulut éviter.
Des cellules de son corps ont été prélevées et sont toujours en vie, elles font l'objet d'une étude dans le centre de recherche de la Guilde.
Robert Lexin (président de la Guilde des Pouvoirs)
La main envoya d'une chiquenaude, l'anneau d'argent qui roula sur la table de bureau.
Arrivé au bord de la table, il tomba, l'autre main le rattrapant in extremis dans sa chute.
La loi de la gravité est toujours vérifiée songea Cylian.
Il venait de rentrer de sa longue virée à travers la nuit, comme une âme en peine, attendant un signe du destin. Il se voyait comme cet anneau roulant sur la table, il tombait... quelle est la main qui allait le rattraper ?
Cylian était revenu à la maison et courut se réfugier dans sa chambre. A ses parents qui lui demandaient si cette affreuse journée s'était bien passée, il éluda la question, prétextant qu'il regagnait sa chambre sans manger, la cause à un début de grippe.
Il avait parcouru le ciel aussi vite qu'il avait pu voler. A un moment, la douleur était devenue insupportable, il avait crié « Toni » à s'époumoner dans les ténèbres glacées du soir. Crier l'avait soulagé un petit peu de toute cette tristesse qui l'habitait.
La tête couchée sur son bras prenant appui sur son bureau, il déplia ses doigts et observait son pendentif argenté.
Toni avait il jeté le sien ? L'avait il gardé en souvenir des bons jours passés ensembles ?
Il aurait tout donné pour être à coté de lui ce soir, il lui manquait tant ! Il alla jusqu'à penser que Toni était une drogue douce, gratuite, excellente pour la santé physique et mentale mais gare à ne pas s'en défaire ! Le manque était pire que tout ! Il voulut sourire à cette son analyse délirante sur ses sentiments amoureux qu'il découvrait, mais ses lèvres étaient définitivement en berne.
Et tout ça pour un baiser !
« Yann, si jamais je te revois, j'utiliserai la moindre parcelle énergie dont je dispose, pour te faire souffrir comme tu m'as fais souffrir. Tu vas me le payer ! Même si je ne retrouverai jamais ce que tu m'as volé ! ».
Ces pensées de colère s'apaisèrent quand un autre souvenir resurgit dans le fond de sa mémoire.
Il repensait à sa grand-mère qui lui avait dit jadis un jour où il était passé la voir en vélo et qu'il était d'humeur morose, suite à un différent qu'il avait eu avec un ami : « ne prend jamais des décisions qui te feraient perdre ton intégrité où d'oublier les valeurs que tu défends, tu es promis à un grand avenir, j'ai confiance en toi ! ».
Ces paroles, il s'en souvenait comme si c'était hier.
Son téléphone portable sonna !
Cylian sortit de ses pensées en sursautant.
Voilà peut-être la main qui allait l'empêcher de tomber !
« Mon dieu » implora-t-il, joignant ses mains comme pour une prière ou pour invoquer un souhait « pourvu que ce soit lui ! ».
Il sauta sur son lit pour attraper son manteau et tâtonna dans une des poches pour vite saisir l'appareil et regarda avec des yeux fébriles le nom qui s'était allumé sur l'écran.
L'espoir qui l'habitait se dissipa : Ce n'était pas Toni mais un numéro inconnu.
Il décrocha :
— Salut Cyl ! Alors ? Ça fait bien longtemps que je n'ai pas eu de tes nouvelles ! Comment vas-tu ? ... Ghost ! Fuck ! leave me alone ! Pardonne moi, Ghost est là aussi il t'envoie le bonjour, il est en train de me baisser mon pantalon pour me faire un câlin ! Ça l'excite de faire ça pendant que je parle avec toi au téléphone !
— William ! C'est toi ? Euh écoute ça va à part un truc... je t'expliquerai...
— Great ! C'est super et ton amour il va bien ? Passe le bonjour à Toni pour moi !
Au nom de Toni, Cylian sentit les larmes lui monter aux yeux, il essaya de déglutir pour répondre à son correspondant, les mots ne pouvaient plus sortir de sa gorge.
— C'est d'accord je lui dirai.
— Cylian ? Qu'est ce qu'il y a ? Ta voix est bizarre ? Il y a quelque chose qui te tracasse ?
— Non c'est que...
L'émotion était trop grande, Il fondit en larme et s'affala sur le parquet de la chambre, incapable de se contenir, après un long silence, il raconta ce qui s'était passé cette après-midi à William.
La voix du petit anglais résonna à nouveau à ses oreilles
— Fuck ! C'est plus grave que je ne pensais. Cylian, je ferai n'importe quoi pour toi, ce n'est pas un psy qui va m'arrêter. Je te jure qu'il va devoir payer ! Surtout avec ce qui se passe en ce moment. Je vais te trouver de l'aide... Courage mec, personne n'a le droit de toucher ne serait ce qu'un cheveu de toi. Et ce Yann, s'il veut la guerre, il l'aura ! Essaye de garder le moral en attendant. J'ai des relations et crois moi, il va comprendre son erreur !
Cylian se sentit apaisé par ces paroles. Il était heureux d'avoir pu en parler. Il avait des amis qui pensaient à lui et qui feraient n'importe quoi pour l'aider comme lui en ferait de même.
— Merci Cloudy, tu ne peux pas savoir le bien que tu me fais !
— C'est rien ! Bon je serai bientôt là et crois moi : tu vas être surpris ! A très vite Cyl'.
— A bientôt Cloudy et merci encore, tu es la bonne nouvelle de la journée ! Embrasse Ethan pour moi !
— Oh mais je vais faire plus que l'embrasser ! Il a commencé à me faire des trucs là, je préfère ne rien te dévoiler sinon tu vas te coucher avec une extrémité bien tendue. Pardonne moi mon frère de te dire cela, à un moment où tu as tes propres soucis !
Cylian laissa Cloudy avec la joie d'avoir eu quelqu'un pour parler de sa peine, un ami.
Décidément quand tout va mal, les copains sont toujours là !
C'est avec des pensées réconfortantes qu'il s'endormit comme une masse sans avoir pris la peine d'ôter ses vêtements.
Le lendemain, les évènements de la veille l'assaillirent dès le réveil.
Le premier jour sans être avec Toni le remit dans un état de tristesse. Il regarda, songeur le ciel à travers la fenêtre : il faisait beau.
Cylian décida de sortir se balader pour se changer les idées. Un week-end froid passé à s'ennuyer, non !
Il essaya d'appeler Vincent pour lui demander s'il voulait aller au ciné avec lui.
Personne.
Nouvelle tentative avec le numéro d'Abel... toujours pas de réponses.
Cylian pesta : bon sang, ils avaient tous décidé de l'abandonner à son malheur ou quoi ?
En désespoir de cause, autant se rappeler les bons souvenirs, il se dirigea vers le terrain de tennis, là où tout avait commencé entre Toni et lui... le lieu de leur première rencontre...
Mais arrivé sur les lieux, le froid soufflait, ce n'était plus l'été et l'image des beaux jours s'était envolée... comme tout le reste.
Il s'assit sur un banc et attendit, grelottant d'avoir assez de courage pour rentrer. Personne ne viendrait le réchauffer... démotivé, il n'avait plus envie de faire quelque chose de sa journée.
C'est à ce moment qu'un souffle de vent, plus fort que les autres, balaya ses cheveux.
Il n'y prêta pas attention quand une voix derrière lui se fit entendre...
— Purée Cylian ! Je te cherche partout ! Heureusement que Vincent a réussi à te localiser !
Abasourdi par cette voix sortie de nulle part, l'éthéré tourna la tête en direction de la voix qu'il venait t'entendre.
Un garçon en chemise et en short lui faisait face, là ou auparavant, il n'y avait personne, il portait des lunettes de soleil plaquées contre le nez et cheveux en pointes assez fashion.
Il reconnut Ariel.
— Ariel ? Mais pourquoi tu es ici ?
— On te cherche tous ! Julien te demande de venir ! Dépêche toi ! Ça caille dans ce patelin !
Cylian se mordit les lèvres quand Ariel mentionna le nom de Julien.
— Pourquoi Julien veut il me voir ? Qu'est ce que ça peut lui foutre de mon sort ? Il veut encore me faire souffrir ?
— Cylian, tu verras quand on sera là-bas, il veut t'aider, c'est tout ce que je peux te dire pour l'instant !
— Là-bas ? Tu m'emmènes où ?
— Ah çà... je ne suis que le chauffeur et puis, Julien m'a bien précisé que je ne devais en aucun cas te dévoiler notre destination. Ce que tu ne sais pas c'est qu'une personne que tu n'aimes pas du tout est toujours à l'écoute de ton esprit. Tu as été pris en chasse. Si tu connais la destination de notre voyage, il pourrait nous suivre à la trace.
— Quoi ?
— Je te dirai où nous sommes une fois que nous y serons, tu ne risqueras rien là-bas ! Allez dépêche toi, viens à coté de moi, j'ai encore quelqu'un à aller chercher !
Cylian obéit non sans réticences à l'offre du téléporteur. Il se plaça devant lui.
— Et maintenant, je fais quoi ?
— Tu attends, ça va aller vite. Ne t'inquiètes pas si à l'arrivée tu ressens une vague de chaleur. C'est normal.
Au fait tu n'as jamais été téléporté ?
— Euh non ! Ce n'est pas désagréable ?
— Tu ne verras même pas la différence rassure toi ! Bon accroche ta ceinture et n'en profite pas pour draguer l'hôtesse de l'air pendant le voyage... en l'occurrence... moi !
Ariel descendit ses lunettes sur son nez laissant apparaître ses yeux rouges qui toisaient avec sérieux Cylian.
Lentement Cylian vit le paysage onduler pour disparaître, laissant la place à des ténèbres bleutées autour de lui, il semblait que ses pieds flottaient dans le vide, impression étrange.
Paniqué il demanda à Ariel :
— Mais c'est quoi ça ? Où sommes nous ?
— Relax ! Tu as ton monde d'Ether, voici le mien. Nous sommes partout et nulle part ! On est dans ce qu'on appelle les limbes... Nous sommes à la croisée des chemins en transit d'un lieu vers un autre. Notre voyage aura pris 10 secondes, mais, lorsque nous serons arrivés dans l'espace réel, quelques centièmes de secondes se seront écoulés : loi de la relativité, tu réviseras Einstein...
Un éclair blanc chassa les limbes... à la place, une bouffée d'air chaud indiqua à Cylian qu'il était sortit de la faille spatio-temporelle.
Il regarda autour de lui, l'air médusé !
Tout avait changé : le vent était plus fort, mais il y faisait plus doux et chose incroyable, des pins parasols, des cyprès et des arbres étranges à troncs argentés étaient devant lui, à coté. Il semblait avoir été parachuté dans une forêt !
Au loin, il devina la mer.
Quand Cylian toucha les troncs avec la paume de sa main Ariel gloussa de rire.
— Ces arbres sont des Eucalyptus ! A présent, Prends ce petit chemin, moi j'ai à faire, mon rôle est terminé à présent. À plus tard !
Le téléporteur indiqua, main tendue, en pointant du doigt un passage jonché d'épines de pins tracé à travers les arbres à Cylian.
Ou était il ? Qu'y avait il au bout de ce sentier ? Tant de questions trottèrent dans sa tête tandis qu'il s'enfonçait à travers le massif d'arbres. La seule chose qu'il savait, c'est qu'il était très loin de chez lui.
Cylian était tombé comme cet anneau du rebord de la table et une main l'avait rattrapé... oui, mais quelle main ? Bienveillante ou... ?
Extrait du Livre des pouvoirs :
Anti-polymorphe : cas de Joachim Fontenel
Si les polymorphes ont un don surprenant de mimétismes humains, animaux ou végétaux, c'est-à-dire, capable de changer d'apparence, c'est tout le contraire pour leur opposé : les Anti-polymorphes comme Joachim Fontenel, homme au destin extraordinaire qui naquit en 1707 et vécut près de 300 ans.
Oscar Wilde s'inspira d'ailleurs de son cas si déroutant pour son roman « Le portrait de Dorian Gray ».
Joachim était un « homme-portrait » comme ses connaissances le surnommèrent.
Tandis qu'un polymorphe peut changer d'apparence, lui ne changeait jamais au fil des années, son corps était prisonnier d'un présent éternel : il ne vieillissait pas.
A 10 ans, lorsque, son pouvoir se manifesta, son corps se figea dans le temps comme une photo développée sur un papier.
Il voulait se couper les cheveux pour changer de coiffure ? Aussitôt ses cheveux repoussaient comme à l'instant précédent.
Dans la même situation : impossible de se couper les ongles ou de se blesser, son corps reprenait immédiatement sa forme d'origine comme une éponge où un bout de caoutchouc que l'ont tord et qui reprend son apparence une fois relâché.
A 20 ans, Joachim gardait toujours l'aspect d'un petit garçon de 10 ans. Son pouvoir se changea vite en malédiction, incapable de grandir comme les autres enfants de son âge, car son cerveau lui évoluait, prisonnier dans ce corps qui ne lui correspondait plus.
Suivant le conseil de ses parents, il alla rendre visite à un « dépisteur » qui lui révéla sa limitation : les chats.
Fort de cette révélation, il s'empressa de s'entourer de trois félins jours et nuits jusqu'à ce qu'enfin en quelques années, son corps évolua enfin pour prendre l'apparence d'un splendide jeune homme de vingt ans, suite à quoi, il se débarrassa de ses trois animaux pour garder éternellement une apparence d'un homme dans la force de l'âge.
Sa limitation absente, il s'arrêta de nouveau de grandir. Il participa à deux révolutions (la révolution française et la révolution russe) ainsi qu'aux deux guerres mondiales, sans craindre pour sa santé étant donné que toutes les blessures se résorbaient d'elles-mêmes.
Après 300 ans d'une vie bien chargée (et 273 ans sous l'apparence d'un homme sortant à peine de la majorité), ayant perdu tout ses proches, il sombra dans un profond chagrin. Il avait tout exploré lors de ses innombrables voyages à travers le monde, éprouvé tant de choses qu'il fut las de vivre.
Le destin exauça sa prière : un soir de janvier 2007, il quitta ce monde qui changeait beaucoup trop vite pour lui.
Sur une petite route de campagne, il perdit le contrôle de sa voiture qui fit une embardée dans un fossé, à quelques mètres d'un chat se trouvant sur la route qu'il voulut éviter.
Des cellules de son corps ont été prélevées et sont toujours en vie, elles font l'objet d'une étude dans le centre de recherche de la Guilde.
Robert Lexin (président de la Guilde des Pouvoirs)
La main envoya d'une chiquenaude, l'anneau d'argent qui roula sur la table de bureau.
Arrivé au bord de la table, il tomba, l'autre main le rattrapant in extremis dans sa chute.
La loi de la gravité est toujours vérifiée songea Cylian.
Il venait de rentrer de sa longue virée à travers la nuit, comme une âme en peine, attendant un signe du destin. Il se voyait comme cet anneau roulant sur la table, il tombait... quelle est la main qui allait le rattraper ?
Cylian était revenu à la maison et courut se réfugier dans sa chambre. A ses parents qui lui demandaient si cette affreuse journée s'était bien passée, il éluda la question, prétextant qu'il regagnait sa chambre sans manger, la cause à un début de grippe.
Il avait parcouru le ciel aussi vite qu'il avait pu voler. A un moment, la douleur était devenue insupportable, il avait crié « Toni » à s'époumoner dans les ténèbres glacées du soir. Crier l'avait soulagé un petit peu de toute cette tristesse qui l'habitait.
La tête couchée sur son bras prenant appui sur son bureau, il déplia ses doigts et observait son pendentif argenté.
Toni avait il jeté le sien ? L'avait il gardé en souvenir des bons jours passés ensembles ?
Il aurait tout donné pour être à coté de lui ce soir, il lui manquait tant ! Il alla jusqu'à penser que Toni était une drogue douce, gratuite, excellente pour la santé physique et mentale mais gare à ne pas s'en défaire ! Le manque était pire que tout ! Il voulut sourire à cette son analyse délirante sur ses sentiments amoureux qu'il découvrait, mais ses lèvres étaient définitivement en berne.
Et tout ça pour un baiser !
« Yann, si jamais je te revois, j'utiliserai la moindre parcelle énergie dont je dispose, pour te faire souffrir comme tu m'as fais souffrir. Tu vas me le payer ! Même si je ne retrouverai jamais ce que tu m'as volé ! ».
Ces pensées de colère s'apaisèrent quand un autre souvenir resurgit dans le fond de sa mémoire.
Il repensait à sa grand-mère qui lui avait dit jadis un jour où il était passé la voir en vélo et qu'il était d'humeur morose, suite à un différent qu'il avait eu avec un ami : « ne prend jamais des décisions qui te feraient perdre ton intégrité où d'oublier les valeurs que tu défends, tu es promis à un grand avenir, j'ai confiance en toi ! ».
Ces paroles, il s'en souvenait comme si c'était hier.
Son téléphone portable sonna !
Cylian sortit de ses pensées en sursautant.
Voilà peut-être la main qui allait l'empêcher de tomber !
« Mon dieu » implora-t-il, joignant ses mains comme pour une prière ou pour invoquer un souhait « pourvu que ce soit lui ! ».
Il sauta sur son lit pour attraper son manteau et tâtonna dans une des poches pour vite saisir l'appareil et regarda avec des yeux fébriles le nom qui s'était allumé sur l'écran.
L'espoir qui l'habitait se dissipa : Ce n'était pas Toni mais un numéro inconnu.
Il décrocha :
— Salut Cyl ! Alors ? Ça fait bien longtemps que je n'ai pas eu de tes nouvelles ! Comment vas-tu ? ... Ghost ! Fuck ! leave me alone ! Pardonne moi, Ghost est là aussi il t'envoie le bonjour, il est en train de me baisser mon pantalon pour me faire un câlin ! Ça l'excite de faire ça pendant que je parle avec toi au téléphone !
— William ! C'est toi ? Euh écoute ça va à part un truc... je t'expliquerai...
— Great ! C'est super et ton amour il va bien ? Passe le bonjour à Toni pour moi !
Au nom de Toni, Cylian sentit les larmes lui monter aux yeux, il essaya de déglutir pour répondre à son correspondant, les mots ne pouvaient plus sortir de sa gorge.
— C'est d'accord je lui dirai.
— Cylian ? Qu'est ce qu'il y a ? Ta voix est bizarre ? Il y a quelque chose qui te tracasse ?
— Non c'est que...
L'émotion était trop grande, Il fondit en larme et s'affala sur le parquet de la chambre, incapable de se contenir, après un long silence, il raconta ce qui s'était passé cette après-midi à William.
La voix du petit anglais résonna à nouveau à ses oreilles
— Fuck ! C'est plus grave que je ne pensais. Cylian, je ferai n'importe quoi pour toi, ce n'est pas un psy qui va m'arrêter. Je te jure qu'il va devoir payer ! Surtout avec ce qui se passe en ce moment. Je vais te trouver de l'aide... Courage mec, personne n'a le droit de toucher ne serait ce qu'un cheveu de toi. Et ce Yann, s'il veut la guerre, il l'aura ! Essaye de garder le moral en attendant. J'ai des relations et crois moi, il va comprendre son erreur !
Cylian se sentit apaisé par ces paroles. Il était heureux d'avoir pu en parler. Il avait des amis qui pensaient à lui et qui feraient n'importe quoi pour l'aider comme lui en ferait de même.
— Merci Cloudy, tu ne peux pas savoir le bien que tu me fais !
— C'est rien ! Bon je serai bientôt là et crois moi : tu vas être surpris ! A très vite Cyl'.
— A bientôt Cloudy et merci encore, tu es la bonne nouvelle de la journée ! Embrasse Ethan pour moi !
— Oh mais je vais faire plus que l'embrasser ! Il a commencé à me faire des trucs là, je préfère ne rien te dévoiler sinon tu vas te coucher avec une extrémité bien tendue. Pardonne moi mon frère de te dire cela, à un moment où tu as tes propres soucis !
Cylian laissa Cloudy avec la joie d'avoir eu quelqu'un pour parler de sa peine, un ami.
Décidément quand tout va mal, les copains sont toujours là !
C'est avec des pensées réconfortantes qu'il s'endormit comme une masse sans avoir pris la peine d'ôter ses vêtements.
Le lendemain, les évènements de la veille l'assaillirent dès le réveil.
Le premier jour sans être avec Toni le remit dans un état de tristesse. Il regarda, songeur le ciel à travers la fenêtre : il faisait beau.
Cylian décida de sortir se balader pour se changer les idées. Un week-end froid passé à s'ennuyer, non !
Il essaya d'appeler Vincent pour lui demander s'il voulait aller au ciné avec lui.
Personne.
Nouvelle tentative avec le numéro d'Abel... toujours pas de réponses.
Cylian pesta : bon sang, ils avaient tous décidé de l'abandonner à son malheur ou quoi ?
En désespoir de cause, autant se rappeler les bons souvenirs, il se dirigea vers le terrain de tennis, là où tout avait commencé entre Toni et lui... le lieu de leur première rencontre...
Mais arrivé sur les lieux, le froid soufflait, ce n'était plus l'été et l'image des beaux jours s'était envolée... comme tout le reste.
Il s'assit sur un banc et attendit, grelottant d'avoir assez de courage pour rentrer. Personne ne viendrait le réchauffer... démotivé, il n'avait plus envie de faire quelque chose de sa journée.
C'est à ce moment qu'un souffle de vent, plus fort que les autres, balaya ses cheveux.
Il n'y prêta pas attention quand une voix derrière lui se fit entendre...
— Purée Cylian ! Je te cherche partout ! Heureusement que Vincent a réussi à te localiser !
Abasourdi par cette voix sortie de nulle part, l'éthéré tourna la tête en direction de la voix qu'il venait t'entendre.
Un garçon en chemise et en short lui faisait face, là ou auparavant, il n'y avait personne, il portait des lunettes de soleil plaquées contre le nez et cheveux en pointes assez fashion.
Il reconnut Ariel.
— Ariel ? Mais pourquoi tu es ici ?
— On te cherche tous ! Julien te demande de venir ! Dépêche toi ! Ça caille dans ce patelin !
Cylian se mordit les lèvres quand Ariel mentionna le nom de Julien.
— Pourquoi Julien veut il me voir ? Qu'est ce que ça peut lui foutre de mon sort ? Il veut encore me faire souffrir ?
— Cylian, tu verras quand on sera là-bas, il veut t'aider, c'est tout ce que je peux te dire pour l'instant !
— Là-bas ? Tu m'emmènes où ?
— Ah çà... je ne suis que le chauffeur et puis, Julien m'a bien précisé que je ne devais en aucun cas te dévoiler notre destination. Ce que tu ne sais pas c'est qu'une personne que tu n'aimes pas du tout est toujours à l'écoute de ton esprit. Tu as été pris en chasse. Si tu connais la destination de notre voyage, il pourrait nous suivre à la trace.
— Quoi ?
— Je te dirai où nous sommes une fois que nous y serons, tu ne risqueras rien là-bas ! Allez dépêche toi, viens à coté de moi, j'ai encore quelqu'un à aller chercher !
Cylian obéit non sans réticences à l'offre du téléporteur. Il se plaça devant lui.
— Et maintenant, je fais quoi ?
— Tu attends, ça va aller vite. Ne t'inquiètes pas si à l'arrivée tu ressens une vague de chaleur. C'est normal.
Au fait tu n'as jamais été téléporté ?
— Euh non ! Ce n'est pas désagréable ?
— Tu ne verras même pas la différence rassure toi ! Bon accroche ta ceinture et n'en profite pas pour draguer l'hôtesse de l'air pendant le voyage... en l'occurrence... moi !
Ariel descendit ses lunettes sur son nez laissant apparaître ses yeux rouges qui toisaient avec sérieux Cylian.
Lentement Cylian vit le paysage onduler pour disparaître, laissant la place à des ténèbres bleutées autour de lui, il semblait que ses pieds flottaient dans le vide, impression étrange.
Paniqué il demanda à Ariel :
— Mais c'est quoi ça ? Où sommes nous ?
— Relax ! Tu as ton monde d'Ether, voici le mien. Nous sommes partout et nulle part ! On est dans ce qu'on appelle les limbes... Nous sommes à la croisée des chemins en transit d'un lieu vers un autre. Notre voyage aura pris 10 secondes, mais, lorsque nous serons arrivés dans l'espace réel, quelques centièmes de secondes se seront écoulés : loi de la relativité, tu réviseras Einstein...
Un éclair blanc chassa les limbes... à la place, une bouffée d'air chaud indiqua à Cylian qu'il était sortit de la faille spatio-temporelle.
Il regarda autour de lui, l'air médusé !
Tout avait changé : le vent était plus fort, mais il y faisait plus doux et chose incroyable, des pins parasols, des cyprès et des arbres étranges à troncs argentés étaient devant lui, à coté. Il semblait avoir été parachuté dans une forêt !
Au loin, il devina la mer.
Quand Cylian toucha les troncs avec la paume de sa main Ariel gloussa de rire.
— Ces arbres sont des Eucalyptus ! A présent, Prends ce petit chemin, moi j'ai à faire, mon rôle est terminé à présent. À plus tard !
Le téléporteur indiqua, main tendue, en pointant du doigt un passage jonché d'épines de pins tracé à travers les arbres à Cylian.
Ou était il ? Qu'y avait il au bout de ce sentier ? Tant de questions trottèrent dans sa tête tandis qu'il s'enfonçait à travers le massif d'arbres. La seule chose qu'il savait, c'est qu'il était très loin de chez lui.
Cylian était tombé comme cet anneau du rebord de la table et une main l'avait rattrapé... oui, mais quelle main ? Bienveillante ou... ?