22-01-2025, 01:44 PM
Toni était arrivé à la maison. Il passa à travers le jardin à grandes enjambées, oubliant de refermer le portail derrière lui. Son cœur tapait à lui déchirer la poitrine, la douleur était insupportable, il aurait voulu crier tellement il avait mal, au moins cela soulagerait quelque peu sa détresse.
En passant à travers le salon il marcha en trombe pour éviter son frère qui était déjà rentré et surtout pour ne pas à subir un flot de questions interminables sur ce qui venait de se passer.
Malheureusement, la curiosité ne lâchait jamais Kevin.
— Salut Toni, ta journée s'est bien passée ? Il faut que je te raconte avec Logan... .
— Kevin laisse moi !
— Quoi ? Qu'est qu'il y a ? Toni ! Répond moi !
Mais Toni ne prit pas la peine de s'arrêter, son bras sur les yeux pour cacher ses larmes. Il ne pouvait pas chasser l'image de Cylian embrassant ce garçon dans sa tête. Elle revenait sans arrêt. Il entra dans sa chambre et se jeta directement sur son lit pour sangloter. Il fallait se calmer avant tout pensait-il.
Non... c'était trop dur, cette blessure était pire qu'aucune autre.
Ce n'était pas possible ! Tout ceci n'était qu'un cauchemar et il allait se réveiller !
Allongé sur le dos, Toni passait sans relâche une main dans ses cheveux pour les repousser en arrière, fixant le plafond, les idées se bousculant dans sa tête. Son cerveau essayait de le convaincre qu'il devait bien y avoir une raison au geste de Cylian, son Cylian ! Ses yeux ne pouvaient lui mentir et son cœur souffrait le martyr.
Sa main se porta sur sa poitrine, il effleura du bout des doigts son collier en argent. Il allait l'ôter mais... il stoppa son geste. Sans pouvoir l'expliquer, il restait une petite étincelle d'amour envers Cylian symbolisés par les colliers jumeaux. Ils avaient partagés trop de choses ensemble pour jeter l'anneau d'argent au fond d'un tiroir.
Fermer les yeux... faire le vide... inspirer profondément s'efforça t il de se répéter.
Au bout de quelques minutes sa respiration se fit moins haletante, sans savoir pourquoi, des images d'un passé lointain refirent surface.
Sa serviette était repliée sous les galets, il tendit la main pour la remettre à plat. Il n'y avait en bruit de fond que le ressac des vagues. Le vent lui caressait doucement les cheveux, balançant ses mèches blondes contre sa joue humide de son dernier bain dans l'océan.
Il regardait l'horizon, la mer s'étalait à perte de vue.
Ici ou là quelques rochers émergeaient de l'eau, semblant désespérément vouloir se raccrocher au ciel. Cette belle journée d'été s'annonçait merveilleuse.
Il était en vacances en Grèce depuis une semaine et déjà sa peau prenait des reflets ambrés. Toni jeta rapidement un regard par-dessus son épaule. Sur sa peau, un duvet blond décoloré par l'eau salée semblait luire au soleil. Ses muscles devenaient plus saillants. Maintenant à 14 ans il se rendit compte qu'il devenait un homme. Un sourire se dessina sur les lèvres de Toni : la pensée qu'à la rentrée toutes les filles allaient se jeter sur lui l'amusa. Lui d'habitude si timoré était il en proie à une crise d'ego ? Et alors ? Il avait bien le droit de se trouver beau et de prendre soin de lui. Il était même avantagé par rapport à Vincent sur le plan musculaire quand il l'observait en train de se baigner avec lui en compagnie de son frère.
Tiens d'ailleurs, où était il ? Toni tourna la tête, scrutant au loin le prolongement de la plage qui s'engouffrait sous la falaise abrupte de la petite crique. L'endroit était désert. Il y a une semaine, ils étaient arrivés en camping-car avec son père dans ce lieu si retiré de Grèce, cherchant au maximum à éviter les plages à touristes. En voyant cette crique qui s'étendait sous la route sinueuse, Kevin avait fait des pieds et des mains pour s'y arrêter ! Leur père fut bien obligé d'accepter la requête de son fils et à y réfléchir, Kevin avait eu une excellente idée : cet endroit sauvage, perdu de toutes habitations semblait être un paradis sur terre.
Son corps se pencha pour jeter un œil derrière lui en direction de trois serviettes sur la plage et il se rendit compte que Vincent devait avoir décidé de visiter les fonds sous-marins accompagné de Kevin et de leur père car leurs masques de plongée et leur tubas avait disparu.
Toni prit quelques ormeaux dans la paume de sa main pour en apprécier la surface de nacre polie sous ses doigts. Il décida de s'allonger sur sa serviette et de se laisser aller à un bain de soleil. Le soleil était déjà haut dans le ciel en cette fin de matinée, une douce chaleur enveloppait son corps.
Ses pieds se déployèrent de toute leur longueur. Quand ils rencontrèrent quelques galets arrivés par hasard sur sa serviette, il grommela et fronça les sourcils, d'un revers de main il les éjecta d'un souffle d'air émanant de son corps.
C'est là qu'une sourde explosion retentit ! Il se releva d'un bond sortant de ses songes et regarda aux alentours : un pan de falaise était en train de s'écrouler non loin de là sur une partie de la plage.
« Merde, un tremblement de terre ! Pourvu qu'ils n'aient pas décidé d'aller là bas ! »
Il se releva et courut dans la direction des blocs éboulés, en espérant qu'il n'y ait pas eu de personnes traversant la crique en dessous à ce moment là ! Il se rappela avoir entendu que les séismes étaient assez courants en Grèce. Étant donné qu'ils étaient près de Corinthe dans le Péloponnèse, au centre du pays, ce genre de cataclysme pouvait aisément avoir lieu.
Arrivé sur les lieux du séisme, Toni héla :
— Eh ! Personne n'est blessé ? Puis il se surprit à rire de lui-même.
— Bon sang, c'est vraiment idiot de crier comme ça. Il n'y a pas un chat à cent lieux à la ronde !
Soudain, il entendit un cri ! Ou plutôt un rire ! Levant les yeux, il s'aperçut qu'un jeune garçon l'observait...
La silhouette le salua, faisant des grands signes les bras tendus puis elle se mit à marcher pour descendre la falaise à sa rencontre, cherchant un chemin praticable.
Arrivé à quelques mètres au dessus de lui, le garçon trébucha, Toni courut à sa rencontre pour le rattraper.
Il s'en était fallu de peu. Le jeune homme tomba de tout son poids sur Toni qui tomba en arrière sur les fesses. Lorsque Toni releva la tête, le garçon souriait toujours.
— Quelle chute ! Heureusement que tu étais là !
Toni n'en crut pas ses oreilles :
— Un français ? Dans ce trou perdu ! en plus de te secourir, il faut que je tombe sur quelqu'un qui parle notre langue ! C'est pas possible !
— Tu as raison, alors c'est mon jour de chance à moi aussi !
— Mais en vérité, c'est surtout à cause du tremblement de terre que suis arrivé. J'ai tout de suite pris peur que mon frère et un ami soit coincés en dessous ! Il sont partis se promener ce matin et vois tu... j'ai tout de suite pensé au pire !
— Ne t'inquiètes pas. Il n'y avait personne à ce moment dessous et puis d'ailleurs... ce n'était pas un tremblement de terre !
— Ah oui ? Comment tu peux en être aussi sûr ?
— Fais moi confiance ! Ce séisme, c'est moi qui l'ai créé !
Toni était de plus en plus surpris par le jeune garçon qui lui répondait d'une façon calme et enjouée, malgré le fait que quelques secondes auparavant, il avait effectué une sacrée chute !
Tout en discutant avec lui, ses yeux lui faisait une description du garçon qu'il avait en face de lui. Il semblait être à peine plus âgé et de même taille, il était torse nu et en short comme Toni mais ses cheveux étaient bouclés de couleur noir ébène qui lui retombaient sur ses yeux bruns, sa peau était très mate comme certains habitants de cette localité. Mais Toni fut surpris par la beauté de ses traits de visage et de son corps fin et musclé, un torse large, athlétique et taillé en V.
En revanche et sans savoir l'expliquer, il ressentait de l'attirance pour ce garçon, une envie irrésistible de s'en faire un ami et de le connaître un peu mieux.
Toni poursuivit la discussion :
— Donc, si je comprends bien, tu as le pouvoir de faire trembler la terre !
— Tu as raison, c'est mon pouvoir, où du moins, ça l'était ! Je ne contrôle pas mes pouvoirs, sinon, tu penses bien que je ne l'aurait pas fait ici ! C'est beaucoup trop dangereux en bordure de la falaise, d'ailleurs je tiens à te faire mes excuses si je t'ai fait peur...
— Explique toi ! Je ne comprends pas, pourquoi dis tu que tu ne contrôle pas tes pouvoirs ? Tu sembles un an ou deux de plus que moi non ? Nous commençons à bien savoir les maîtriser à 16 ans.
— Tu as raison, j'ai 16 ans, tu es très observateur ! En fait, je fais juste ça pour m'amuser car je ne sais absolument pas ce que vont donner mes pouvoirs à l'avance. Je ne peux pas les utiliser dans un but précis, c'est un problème mais c'est aussi parfois une agréable surprise et vu que je t'ai rencontré et que nous deviendrons amis j'espère, je vais me servir à nouveau de mon don en espérant que tu me portes chance cette fois ! Attention, recule toi, ça peut-être dangereux !
Le garçon se concentra, ses yeux sombres s'enflammèrent ; il tendis sa main devant lui, ouvrit la paume de sa main et cria : GO !
Dans les premiers instants qui suivirent, il ne se passa rien puis... le sol se remit de nouveau à frémir.
— Et mince ! s'écria Toni, un nouveau séisme !
Mais à la différence que cette fois ci, du sol s'élevèrent des centaines de pousses vertes, les plantes qui apparurent subitement grandissaient à une vitesse folle, la plage devint rapidement une vaste étendue verte. Quelques minutes après, des bourgeons s'épanouirent en des milliers de fleurs, ça et là poussèrent même des petits arbres à une vitesse incroyable. La main du jeune homme saisit celle de Toni qui fut surpris de ce contact si chaleureux, si amical avec son nouvel ami.
Tout deux étaient occupés à admirer le spectacle qui s'offrait à leurs yeux.
Le bel hidalgo exultait de joie, il se mit à courir sur la pelouse, entraînant Toni derrière lui, toujours uni par la main, mais le blondinet ne faisait plus attention à la profusion de végétaux qui croissaient autour d'eux, il était en admiration pour ce jeune garçon sorti de nulle part, sa chevelure noire se balançant sur sa nuque.
— Tu m'as porté chance aujourd'hui ! Alors ? As tu deviné quel était mon pouvoir ? Il n'est jamais le même ! Il change à chaque fois ! Je suis capable du pire comme du meilleur ! On nous appel les « aléatoires » !
Les deux ados s'arrêtèrent de courir pour reprendre leur souffle.
— Au fait, je ne t'ai pas dit mon prénom : je m'appelle Toni !
— Enchanté Toni ! Moi je m'appelle Lorenz, j'espère qu'on se reverra et qu'on restera ami !
Lorenz... .
Kevin rentra dans la chambre en trombe, Toni cligna des yeux comme s'il était sorti d'un long sommeil, il retrouva les murs familiers de sa chambre ainsi que son frère planté devant lui.
— Vite Toni ! Une fille qui semble bien te connaître est en bas avec deux de ses copains, ils disent qu'ils ont à te parler de toute urgence !
Toni se leva lentement, il ne savait pas si c'était ses souvenirs ou l'annonce de son frère qui lui faisait perdre ses repères.
Il soupira :
— Kevin... laisse moi, j'ai envie d'être seul, qu'ils se barrent je m'en fout royalement !
— Mais... d'accord je leur dis de monter te voir, c'est en rapport avec Cylian !
La colère fit place à l'impatience, Toni secouait la tête, pressé d'être enfin à nouveau seul avec ses souvenirs.
— Cylian... qu'il aille se faire foutre ce petit con !
Au même moment, quelqu'un frappa à la porte de la chambre, Camille, Abel et Ariel rentrèrent sans même attendre une réponse.
Camille saisit Toni par la main.
— Toni... Julien nous convoque tous ! Il faut que tu le vois, il a des choses très importantes à te dire au sujet de Cylian. Il risque de lui arriver quelque chose de grave. Une personne va continuer à le harceler jusqu'à le démoraliser complètement si nous n'agissons pas très vite.
— Mais je m'en fous ro-ya-le-ment ! ce n'est plus mon problème Camille ! Si tu savais ce que Cylian vient de me faire ! Jamais je n'aurais cru ça de lui ! Qu'il ne vienne pas ici me parler ! Et je te signale que Julien, c'est votre pote, pas le mien !
Aux mots si durs de Toni, Abel et Ariel baissèrent les yeux, Camille fut si attristée qu'elle secoua la tête, les bras ballants le long du corps.
Kevin fut consterné par les mots employés par son grand frère, il alla se blottir contre Toni qui s'était rassit, le visage entre ses mains et l'enlaça tendrement par les épaules, les deux chevelures blondes collées l'une contre l'autre.
Au moins il restait à Toni le réconfort fraternel, pensa-t-il a fond de lui-même...
Kevin lui susurra calmement à l'oreille :
— Toni, écoute moi pour une fois, je souffre aussi de te voir pleurer, entends ce qu'ils ont à te dire. Fais le au moins pour moi. Je n'ai que toi à part Papa et Logan pour me réconforter... Tu le sais bien...
Toni redressa doucement la tête et regarda son frère, un semblant de sourire apparut enfin sur le visage de Toni : le premier depuis cette fin de journée où les choses s'étaient terriblement gâté pour lui.
— Heureusement que tu es là toi, qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour son frangin !
— Aller gros bêta ! Je crois qu'on a beaucoup de choses à faire ! Julien m'a convoqué ainsi que Logan ! Il est temps d'aider Cylian, il nous a tous tendu sa main et ouvert son cœur, l'heure est venue de lui porter secours !
Camille, Abel et Ariel opinèrent tous en cœur
Toni se redressa avec difficulté, il ajouta :
— Bon, alors allons y ! Et puis d'abord, dites moi où est Julien ? Pourquoi n'est il pas avec vous ?
Camille lui expliqua la situation :
— Pour des raisons qu'il t'expliquera lui-même. Julien se trouve actuellement à 800 kilomètres de nous pour des raisons de sécurité que tu comprendras quand tu le verras. Prépare toi. Nous partons tous à sa rencontre sur le champ !
— 800 kilomètres ! Et vous comptez le rejoindre comment ? A dos d'un polymorphe changé en cheval ou à brouette ? s'exclama Toni.
Ariel qui n'avait rien dit jusqu'à maintenant rétorqua:
— Et moi blondinet ? Tu crois que je sers à quoi ?
En passant à travers le salon il marcha en trombe pour éviter son frère qui était déjà rentré et surtout pour ne pas à subir un flot de questions interminables sur ce qui venait de se passer.
Malheureusement, la curiosité ne lâchait jamais Kevin.
— Salut Toni, ta journée s'est bien passée ? Il faut que je te raconte avec Logan... .
— Kevin laisse moi !
— Quoi ? Qu'est qu'il y a ? Toni ! Répond moi !
Mais Toni ne prit pas la peine de s'arrêter, son bras sur les yeux pour cacher ses larmes. Il ne pouvait pas chasser l'image de Cylian embrassant ce garçon dans sa tête. Elle revenait sans arrêt. Il entra dans sa chambre et se jeta directement sur son lit pour sangloter. Il fallait se calmer avant tout pensait-il.
Non... c'était trop dur, cette blessure était pire qu'aucune autre.
Ce n'était pas possible ! Tout ceci n'était qu'un cauchemar et il allait se réveiller !
Allongé sur le dos, Toni passait sans relâche une main dans ses cheveux pour les repousser en arrière, fixant le plafond, les idées se bousculant dans sa tête. Son cerveau essayait de le convaincre qu'il devait bien y avoir une raison au geste de Cylian, son Cylian ! Ses yeux ne pouvaient lui mentir et son cœur souffrait le martyr.
Sa main se porta sur sa poitrine, il effleura du bout des doigts son collier en argent. Il allait l'ôter mais... il stoppa son geste. Sans pouvoir l'expliquer, il restait une petite étincelle d'amour envers Cylian symbolisés par les colliers jumeaux. Ils avaient partagés trop de choses ensemble pour jeter l'anneau d'argent au fond d'un tiroir.
Fermer les yeux... faire le vide... inspirer profondément s'efforça t il de se répéter.
Au bout de quelques minutes sa respiration se fit moins haletante, sans savoir pourquoi, des images d'un passé lointain refirent surface.
Sa serviette était repliée sous les galets, il tendit la main pour la remettre à plat. Il n'y avait en bruit de fond que le ressac des vagues. Le vent lui caressait doucement les cheveux, balançant ses mèches blondes contre sa joue humide de son dernier bain dans l'océan.
Il regardait l'horizon, la mer s'étalait à perte de vue.
Ici ou là quelques rochers émergeaient de l'eau, semblant désespérément vouloir se raccrocher au ciel. Cette belle journée d'été s'annonçait merveilleuse.
Il était en vacances en Grèce depuis une semaine et déjà sa peau prenait des reflets ambrés. Toni jeta rapidement un regard par-dessus son épaule. Sur sa peau, un duvet blond décoloré par l'eau salée semblait luire au soleil. Ses muscles devenaient plus saillants. Maintenant à 14 ans il se rendit compte qu'il devenait un homme. Un sourire se dessina sur les lèvres de Toni : la pensée qu'à la rentrée toutes les filles allaient se jeter sur lui l'amusa. Lui d'habitude si timoré était il en proie à une crise d'ego ? Et alors ? Il avait bien le droit de se trouver beau et de prendre soin de lui. Il était même avantagé par rapport à Vincent sur le plan musculaire quand il l'observait en train de se baigner avec lui en compagnie de son frère.
Tiens d'ailleurs, où était il ? Toni tourna la tête, scrutant au loin le prolongement de la plage qui s'engouffrait sous la falaise abrupte de la petite crique. L'endroit était désert. Il y a une semaine, ils étaient arrivés en camping-car avec son père dans ce lieu si retiré de Grèce, cherchant au maximum à éviter les plages à touristes. En voyant cette crique qui s'étendait sous la route sinueuse, Kevin avait fait des pieds et des mains pour s'y arrêter ! Leur père fut bien obligé d'accepter la requête de son fils et à y réfléchir, Kevin avait eu une excellente idée : cet endroit sauvage, perdu de toutes habitations semblait être un paradis sur terre.
Son corps se pencha pour jeter un œil derrière lui en direction de trois serviettes sur la plage et il se rendit compte que Vincent devait avoir décidé de visiter les fonds sous-marins accompagné de Kevin et de leur père car leurs masques de plongée et leur tubas avait disparu.
Toni prit quelques ormeaux dans la paume de sa main pour en apprécier la surface de nacre polie sous ses doigts. Il décida de s'allonger sur sa serviette et de se laisser aller à un bain de soleil. Le soleil était déjà haut dans le ciel en cette fin de matinée, une douce chaleur enveloppait son corps.
Ses pieds se déployèrent de toute leur longueur. Quand ils rencontrèrent quelques galets arrivés par hasard sur sa serviette, il grommela et fronça les sourcils, d'un revers de main il les éjecta d'un souffle d'air émanant de son corps.
C'est là qu'une sourde explosion retentit ! Il se releva d'un bond sortant de ses songes et regarda aux alentours : un pan de falaise était en train de s'écrouler non loin de là sur une partie de la plage.
« Merde, un tremblement de terre ! Pourvu qu'ils n'aient pas décidé d'aller là bas ! »
Il se releva et courut dans la direction des blocs éboulés, en espérant qu'il n'y ait pas eu de personnes traversant la crique en dessous à ce moment là ! Il se rappela avoir entendu que les séismes étaient assez courants en Grèce. Étant donné qu'ils étaient près de Corinthe dans le Péloponnèse, au centre du pays, ce genre de cataclysme pouvait aisément avoir lieu.
Arrivé sur les lieux du séisme, Toni héla :
— Eh ! Personne n'est blessé ? Puis il se surprit à rire de lui-même.
— Bon sang, c'est vraiment idiot de crier comme ça. Il n'y a pas un chat à cent lieux à la ronde !
Soudain, il entendit un cri ! Ou plutôt un rire ! Levant les yeux, il s'aperçut qu'un jeune garçon l'observait...
La silhouette le salua, faisant des grands signes les bras tendus puis elle se mit à marcher pour descendre la falaise à sa rencontre, cherchant un chemin praticable.
Arrivé à quelques mètres au dessus de lui, le garçon trébucha, Toni courut à sa rencontre pour le rattraper.
Il s'en était fallu de peu. Le jeune homme tomba de tout son poids sur Toni qui tomba en arrière sur les fesses. Lorsque Toni releva la tête, le garçon souriait toujours.
— Quelle chute ! Heureusement que tu étais là !
Toni n'en crut pas ses oreilles :
— Un français ? Dans ce trou perdu ! en plus de te secourir, il faut que je tombe sur quelqu'un qui parle notre langue ! C'est pas possible !
— Tu as raison, alors c'est mon jour de chance à moi aussi !
— Mais en vérité, c'est surtout à cause du tremblement de terre que suis arrivé. J'ai tout de suite pris peur que mon frère et un ami soit coincés en dessous ! Il sont partis se promener ce matin et vois tu... j'ai tout de suite pensé au pire !
— Ne t'inquiètes pas. Il n'y avait personne à ce moment dessous et puis d'ailleurs... ce n'était pas un tremblement de terre !
— Ah oui ? Comment tu peux en être aussi sûr ?
— Fais moi confiance ! Ce séisme, c'est moi qui l'ai créé !
Toni était de plus en plus surpris par le jeune garçon qui lui répondait d'une façon calme et enjouée, malgré le fait que quelques secondes auparavant, il avait effectué une sacrée chute !
Tout en discutant avec lui, ses yeux lui faisait une description du garçon qu'il avait en face de lui. Il semblait être à peine plus âgé et de même taille, il était torse nu et en short comme Toni mais ses cheveux étaient bouclés de couleur noir ébène qui lui retombaient sur ses yeux bruns, sa peau était très mate comme certains habitants de cette localité. Mais Toni fut surpris par la beauté de ses traits de visage et de son corps fin et musclé, un torse large, athlétique et taillé en V.
En revanche et sans savoir l'expliquer, il ressentait de l'attirance pour ce garçon, une envie irrésistible de s'en faire un ami et de le connaître un peu mieux.
Toni poursuivit la discussion :
— Donc, si je comprends bien, tu as le pouvoir de faire trembler la terre !
— Tu as raison, c'est mon pouvoir, où du moins, ça l'était ! Je ne contrôle pas mes pouvoirs, sinon, tu penses bien que je ne l'aurait pas fait ici ! C'est beaucoup trop dangereux en bordure de la falaise, d'ailleurs je tiens à te faire mes excuses si je t'ai fait peur...
— Explique toi ! Je ne comprends pas, pourquoi dis tu que tu ne contrôle pas tes pouvoirs ? Tu sembles un an ou deux de plus que moi non ? Nous commençons à bien savoir les maîtriser à 16 ans.
— Tu as raison, j'ai 16 ans, tu es très observateur ! En fait, je fais juste ça pour m'amuser car je ne sais absolument pas ce que vont donner mes pouvoirs à l'avance. Je ne peux pas les utiliser dans un but précis, c'est un problème mais c'est aussi parfois une agréable surprise et vu que je t'ai rencontré et que nous deviendrons amis j'espère, je vais me servir à nouveau de mon don en espérant que tu me portes chance cette fois ! Attention, recule toi, ça peut-être dangereux !
Le garçon se concentra, ses yeux sombres s'enflammèrent ; il tendis sa main devant lui, ouvrit la paume de sa main et cria : GO !
Dans les premiers instants qui suivirent, il ne se passa rien puis... le sol se remit de nouveau à frémir.
— Et mince ! s'écria Toni, un nouveau séisme !
Mais à la différence que cette fois ci, du sol s'élevèrent des centaines de pousses vertes, les plantes qui apparurent subitement grandissaient à une vitesse folle, la plage devint rapidement une vaste étendue verte. Quelques minutes après, des bourgeons s'épanouirent en des milliers de fleurs, ça et là poussèrent même des petits arbres à une vitesse incroyable. La main du jeune homme saisit celle de Toni qui fut surpris de ce contact si chaleureux, si amical avec son nouvel ami.
Tout deux étaient occupés à admirer le spectacle qui s'offrait à leurs yeux.
Le bel hidalgo exultait de joie, il se mit à courir sur la pelouse, entraînant Toni derrière lui, toujours uni par la main, mais le blondinet ne faisait plus attention à la profusion de végétaux qui croissaient autour d'eux, il était en admiration pour ce jeune garçon sorti de nulle part, sa chevelure noire se balançant sur sa nuque.
— Tu m'as porté chance aujourd'hui ! Alors ? As tu deviné quel était mon pouvoir ? Il n'est jamais le même ! Il change à chaque fois ! Je suis capable du pire comme du meilleur ! On nous appel les « aléatoires » !
Les deux ados s'arrêtèrent de courir pour reprendre leur souffle.
— Au fait, je ne t'ai pas dit mon prénom : je m'appelle Toni !
— Enchanté Toni ! Moi je m'appelle Lorenz, j'espère qu'on se reverra et qu'on restera ami !
Lorenz... .
Kevin rentra dans la chambre en trombe, Toni cligna des yeux comme s'il était sorti d'un long sommeil, il retrouva les murs familiers de sa chambre ainsi que son frère planté devant lui.
— Vite Toni ! Une fille qui semble bien te connaître est en bas avec deux de ses copains, ils disent qu'ils ont à te parler de toute urgence !
Toni se leva lentement, il ne savait pas si c'était ses souvenirs ou l'annonce de son frère qui lui faisait perdre ses repères.
Il soupira :
— Kevin... laisse moi, j'ai envie d'être seul, qu'ils se barrent je m'en fout royalement !
— Mais... d'accord je leur dis de monter te voir, c'est en rapport avec Cylian !
La colère fit place à l'impatience, Toni secouait la tête, pressé d'être enfin à nouveau seul avec ses souvenirs.
— Cylian... qu'il aille se faire foutre ce petit con !
Au même moment, quelqu'un frappa à la porte de la chambre, Camille, Abel et Ariel rentrèrent sans même attendre une réponse.
Camille saisit Toni par la main.
— Toni... Julien nous convoque tous ! Il faut que tu le vois, il a des choses très importantes à te dire au sujet de Cylian. Il risque de lui arriver quelque chose de grave. Une personne va continuer à le harceler jusqu'à le démoraliser complètement si nous n'agissons pas très vite.
— Mais je m'en fous ro-ya-le-ment ! ce n'est plus mon problème Camille ! Si tu savais ce que Cylian vient de me faire ! Jamais je n'aurais cru ça de lui ! Qu'il ne vienne pas ici me parler ! Et je te signale que Julien, c'est votre pote, pas le mien !
Aux mots si durs de Toni, Abel et Ariel baissèrent les yeux, Camille fut si attristée qu'elle secoua la tête, les bras ballants le long du corps.
Kevin fut consterné par les mots employés par son grand frère, il alla se blottir contre Toni qui s'était rassit, le visage entre ses mains et l'enlaça tendrement par les épaules, les deux chevelures blondes collées l'une contre l'autre.
Au moins il restait à Toni le réconfort fraternel, pensa-t-il a fond de lui-même...
Kevin lui susurra calmement à l'oreille :
— Toni, écoute moi pour une fois, je souffre aussi de te voir pleurer, entends ce qu'ils ont à te dire. Fais le au moins pour moi. Je n'ai que toi à part Papa et Logan pour me réconforter... Tu le sais bien...
Toni redressa doucement la tête et regarda son frère, un semblant de sourire apparut enfin sur le visage de Toni : le premier depuis cette fin de journée où les choses s'étaient terriblement gâté pour lui.
— Heureusement que tu es là toi, qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour son frangin !
— Aller gros bêta ! Je crois qu'on a beaucoup de choses à faire ! Julien m'a convoqué ainsi que Logan ! Il est temps d'aider Cylian, il nous a tous tendu sa main et ouvert son cœur, l'heure est venue de lui porter secours !
Camille, Abel et Ariel opinèrent tous en cœur
Toni se redressa avec difficulté, il ajouta :
— Bon, alors allons y ! Et puis d'abord, dites moi où est Julien ? Pourquoi n'est il pas avec vous ?
Camille lui expliqua la situation :
— Pour des raisons qu'il t'expliquera lui-même. Julien se trouve actuellement à 800 kilomètres de nous pour des raisons de sécurité que tu comprendras quand tu le verras. Prépare toi. Nous partons tous à sa rencontre sur le champ !
— 800 kilomètres ! Et vous comptez le rejoindre comment ? A dos d'un polymorphe changé en cheval ou à brouette ? s'exclama Toni.
Ariel qui n'avait rien dit jusqu'à maintenant rétorqua:
— Et moi blondinet ? Tu crois que je sers à quoi ?