18-01-2025, 12:49 PM
Les deux frères et leur fière monture s'arrêtèrent dans un parc, non loin du lycée. Ils continueraient à pied pour les quelques pas qui les séparaient de l'enceinte du bâtiment.
Toni était ravi, l'air frais du petit matin lui donnait des couleurs aux joues.
Logan n'avait pas tardé en route, empruntant les petits chemins de terre, ils croisèrent un ou deux coureurs éberlués de voir deux garçons avec leur sac de cours sur un cheval, aussi blanc que la neige.
Leur joie fut encore plus démesurée quand Logan eut rejoint la route, doublant le bus de transport scolaire, galopant à toute allure la crinière dans le vent.
Kevin se sentait puissant dirigeant son fier destrier, il se pencha en avant pour lui crier :
— Vas y Logan, montre leur qu'ensemble, nous sommes les meilleurs, personne ne peut nous arrêter toi et moi, fonce mon amour !
Logan ne se fit pas prier: il galopa à toute allure, sautant les rambardes de sécurité.
Quand ils arrivèrent à destination, Kevin et Toni mirent pied à terre. Toni quitta son frère et Logan pour continuer seul, sachant que ces deux là avaient des mots doux à s'échanger avant de se quitter.
Kevin avait la joue contre le museau de l'animal, le remerciant pour tout ce qu'il lui avait fait découvrir.
Malheureusement, ils allaient être en retard et Logan devait se re-métamorphoser et enfiler ses vêtements : le polymorphe ne pouvant les garder sous la forme animale.
Kevin jeta un œil alentour pour vérifier qu'aucun lycéen ne les avait aperçu, Logan n'était pas discret sous sa forme actuelle, alors que dire d'un garçon en tenue d'Adam ?
La voie était libre... il était l'heure pour Kevin de retrouver son Logan sous sa forme humaine.
Logan, imposant par son allure, piétina les broussailles et s'enfonça le plus loin possible dans un bosquet de thuyas tandis que Kevin lui préparait ses vêtements.
Un hennissement sourd jailli des fourrés, Kevin inquiet s'approcha des branches :
— Logan ? Tu as fini ta transformation ?
Une main jaillit du bosquet et agrippa violemment Kevin qui fut projeté dos à terre.
Il ouvrit les yeux sur un ciel d'un bleu pur qui se trouvait au centre de son champ de vision, le pourtour était entouré de branches d'arbres se balançant au gré du vent.
Quelle impression de vertige magnifique de contempler ce ciel si pur étendu là !
Logan apparut sous sa forme humaine, s'accroupit pour enfin s'allonger et glisser sur le jeune garçon étendu.
Quand leurs yeux furent à même hauteur.
Kevin aperçut le visage de Logan au milieu des nuages moutonnés disposés ça et là dans le grand espace bleu, changeant de formes au gré du vent.
Logan contemplait les yeux de Kevin, le ciel se reflétant à travers eux, il leurs donnaient une couleur d'un bleu-acier cristallin.
A ce moment il en était beau à pleurer.
Kevin entoura de ses bras les épaules frêles de ce dieu vivant, lentement, les deux visages se rapprochèrent l'un de l'autre, les paupières se fermèrent doucement quand leurs lèvres s'unirent dans un baiser.
— Logan... nous allons être en retard, habille toi !
— Kevin... ne gâche pas le plus beau moment de notre journée ! Je suis si bien en ce moment, dans quelques minutes nous serons séparés et toi tu me demandes de me dépêcher ? Nous serons en retard... oui et après ?
Kevin laissa planer quelques secondes après cette dernière phrase puis il répondit :
— Oui... et après ? Tu as raison : La terre va continuer à tourner, rien d'autre ne compte à part toi...
A la fin de la journée, Cylian sortit de la salle de classe, occupé à chercher où il avait pu fourrer dans son sac le CD de la dernière compile que lui avait prêté Vincent.
Il voulait vite rentrer chez lui et les installer sur son baladeur MP3. Vincent lui avait fait découvrir quelques groupes allant du plus conventionnel, comme Renan Luce, au plus hétéroclite, comme Xandria, du métal gothique.
Le lycée se vidait de ses occupants, il valait mieux passer par le préau du bâtiment des sciences pour échapper au troupeau de lycéen qui bloquait la sortie Comme certains enragés, bousculant tout sur leur passage, victimes d'heures de cours à la limite de la torture mentale, mis à rude épreuve par des profs peu miséricordieux sur la résistance à l'apprentissage des matières pour de pauvres neurones qui n'avait rien demandé à personne.
Le froid se faisait sec, Cylian aperçut une silhouette familière au loin.
Julien lui faisait face en compagnie de deux garçons assez trapus, visiblement des amis à lui.
Quand il voulut le rejoindre, ses grandes enjambées furent interrompues par une voix dont l'origine semblait se situer à quelques mètres de lui.
Appuyée sur une colonne du préau, un garçon l'observait... .
Son pantalon noir était masqué par un long manteau sombre dont le déplacement était animé par le vent, son vêtement donnant l'impression de se déplacer autour du pilier, de l'enlacer pour l'étouffer.
Cylian essaya de scruter l'inconnu dans l'ombre du préau mais il ne voyait que le bas de son visage émacié. Ses lèvres fines s'animèrent, comme si elles avaient deviné les questions que se posait Cylian.
— Bonjour Cylian, je t'attendais, je pense que tu me connais. Julien t'a parlé de moi, tu vois, je le sais déjà, oui, mon nom est Yann.
Quand Yann s'approcha de Cylian, le garçon ne fut pas surpris de voir l'insigne des psychiques briller sur ça veste, il se rappelait que Julien avait quasiment la même, hormis quelques détails, certainement une question de grade.
Par contre, il fut surpris par son visage fin et ses longs cheveux sombres tout comme ses yeux, il ressemblait tellement à Julien, ils auraient pu être frères !
Impression étrange... sa tête se mis à bourdonner, comme si des centaines de plumes lui chatouillaient les méninges, c'était indolore mais ce n'était pas non plus agréable.
Il répondit à Yann :
— J'ai entendu parler de toi, mais que me veux tu ? Pourquoi veux tu me rencontrer ?
— Cylian-tombé-du-pommier... c'est comme cela que je devrais t'appeler, en plus, je me trouve face à un éthéré gay... j'espère que ce Toni en vaut la peine...
— Mais que... ?
Cylian ne put même pas articuler deux mots pour répondre à la phrase de Yann, une douche froide venait de s'abattre sur sa tête, comment avait il pu...
IL était interdit à YANN d'utiliser ses pouvoirs ! Il possédait lui aussi un bracelet de sécurité comme Julien qui lui empêchait théoriquement d'utiliser son pouvoir !
— Ne cherche pas à me cacher quelque chose Cylian, je sais déjà tout de toi et de... tes pensées. Je sais ce que tu regardes... C'est dommage pour toi, il ne fonctionne plus. Je peux utiliser mon pouvoir sans même risquer de me faire arrêter ! Qu'as-tu Cylian ? Je ressens comme de la peur en toi où plutôt, la colère... de s'être fait voler ses souvenirs !
L'évidence se fit limpide pour Cylian, les chatouillements ressentis dans sa tête il y a quelques secondes : il venait d'être scanné mentalement ! En deux secondes, Yann savait tout de lui, de son passé, de ses amis et pire... de son amour pour Toni.
Cylian dirigea son regard vers Julien, lequel ne manifestait aucune émotion. Il était toujours entouré des deux garçons aux visages impassibles. Qui étaient ils ? Qu'est ce que ces deux mecs faisaient ils ici ?
Julien répondit à Cylian :
— Je t'avais prévenu, tu aurais du fuir pendant qu'il en était encore temps ! Il est trop tard désormais !
— Mais qu'est que tu racontes Julien ? Je ne savais pas que ce mec là... c'était Yann !
Yann repris la parole. De sa voix était calme du début, elle était passée à des intonations d'impatience et d'irritation.
— Pour le meilleur ami de Julien, je m'attendais à mieux. J'ai un éthéré faible devant moi, incapable de raisonner et de me tenir tête. Tu es un moins que rien. Tu n'aurais pas du survivre à ton épreuve d'Icare. Vous êtes décidément fragiles et faibles quand on vu observe de près.
La colère monta en Cylian qui commença à faire vrombir ses ondes familières autour de lui, là c'en était trop. Plus rien ne s'opposait à lui pour lui flanquer son poing en pleine figure !
Yann fit un signe aux deux garçons a coté de Julien en levant la main, ils plaquèrent chacun leur deux mains l'une contre l'autre, bras tendu et décochèrent l'un et l'autre une boule de feu qui s'écrasa contre le mur de part et d'autre de Cylian.
« Des incandescents ! »
Les deux garçons rirent en cœur. L'un deux ricana en prévenant Cylian :
— Hey l'oiseau, si tu essaies de t'envoler, on te fait rôtir illico !
Ainsi Yann avait sa garde rapprochée, deux cerbères sous ses ordres.
« Impossible de tenter quoi que ce soit, Yann le devinerait instantanément dans mes intentions avant même que mes muscles aient pris le relais ! »
Il fallait se rendre à l'évidence, Yann contrôlait la situation. Julien ne s'était pas trompé, il était très fort ! Bon sang, pourquoi s'en prenait il à lui ?
Simplement parce qu'il était un ami de Julien trop influent et que Yann ne le supportait pas ?
C'était sans doute cela. Quelle allait être l'issue de cette rencontre pour lui maintenant ?
Yann regardait aux alentours, semblant attendre quelque chose.
Il s'approcha brusquement de Cylian et lui susurra à l'oreille.
— Je ne te ferais aucun mal... si tu fais ce fais ce que je dis. Embrasse moi !
— Qu..quoi ?
— Tu as bien compris éthéré ! Je te demande maintenant de me donner un baiser sur les lèvres. À moins que tu préfères que je révèle à tout le lycée, à tes parents jusqu'à la moindre de tes connaissances ton secret ? Du moins à ta mère, puisque ton père est déjà au courant !
Cylian ne savait que faire, il essaya de refluer ses larmes qui lui montait aux yeux. Il n'avait pas le choix. Il n'était pas près d'assumer son statut à son entourage. C'était beaucoup trop demandé de la part de Yann qui utilisait un odieux chantage.
Il menait le jeu. Cylian se sentit si faible à cet instant. Son regard alla se perdre de nouveau vers Julien qui baissa la tête, évitant son regard.
« Julien, s'il te plaît, grand frère ! aide moi ! »
Ses supplications n'avait aucun écho auprès de son ami.
Résigné, il pensa qu'après tout ce geste n'aurait pas de conséquence pour l'avenir, autant en finir maintenant ! Ce n'était qu'un baiser contre un silence.
Cylian ferma les yeux et ses lèvres embrassèrent celles de Yann qui le serra fort contre lui.
Ces secondes durèrent des heures. Elle furent comme un vrai supplice pour Cylian.
Yann n'était pas laid, mais ses intentions étaient rêches et dures. Il lui semblait que ses lèvres étaient froides.
— A la bonne heure ! Je t'aime Cylian !
La voix de Yann s'était faite claire et distincte, son regard se porta derrière Cylian. Il esquissa un sourire diabolique du coin des lèvres visiblement satisfait.
— Bon, il est temps pour moi de te laisser. Au fait, toutes mes condoléances mon cher Cylian, tu viens de perdre ton "Toni".
— Mais qu'est ce que tu veux dire par là ?
— Regarde derrière toi, tu vas vite comprendre !
Cylian lentement tourna la tête intrigué par ce qu'avait voulu dire Yann. A cet instant son estomac se vrilla de frayeur !
Toni était là ! Il n'avait rien raté concernant la scène du baiser entre Yann et Cylian.
Une larme perla et coula le long de la joue de Toni. Il se retourna brusquement et courut à vive allure à l'opposé de Cylian.
— Putain, non ! lâcha Cylian.
Il venait d'être écrasé, assommé par les événements. Il lui fallait réagir mais ses muscles étaient paralysés par la surprise ! Oubliant Yann, Julien et les deux incandescents, il fallait qu'il rattrape son erreur, c'était un malentendu ! bien sur ! Mais le mal était fait !
Ses muscles eurent un déclic et se mirent à se mouvoir, il courut aussi vite qu'il put à la poursuite de Toni, l'émotion qu'il ressentait lui donnait l'énergie nécessaire. Courir le plus vite possible Cylian ! Son esprit se remit en marche dans sa course, ni Yann ni ses sbires ne firent un geste pour le laisser partir.
« Tout ceci avait été manigancé à l'avance par ce psychique, il attendait Toni pour m'embrasser, il avait tout prévu ! Il avait prédit que Toni réagirait comme cela ! »
Cylian était sortit du Lycée et dans la rue il ne tarda pas à retrouver Toni de l'autre coté de la rue. Son bel Apollon ne courait plus, mais marchant tout de même d'un pas rapide, la tête baissée.
Cylian était à bout de souffle, ses jambes flageolaient, il chercha au fond de ses poumons le peu d'air qui lui restait pour capter l'attention de Toni en espérant qu'il entende son appel à l'aide.
— TONI ! Ce n'est pas ce que tu crois ! Laisse moi t'expliquer !
Enfin, un espoir : Toni s'immobilisa et se retourna, ses yeux étaient rouges, noyés par le chagrin, cela fit de la peine à l'éthéré, jamais il n'avais vu Toni dans un état pareil.
— VA T'EN ! LAISSE MOI ! JE NE VEUX PLUS JAMAIS TE REVOIR !
Le glas avait sonné, enterrant les vains espoirs de réconciliation entre les deux amoureux.
Ce fut un choc sans précédent dans le cœur de Cylian.
Il se figea sur place avec l'impression que le monde s'écroulait autour de lui, il ne pouvait plus faire grand-chose, ce qu'avait dit Toni l'avait blessé au plus profond de lui-même.
Il leva la tête et décolla lentement. Le ciel seul échappatoire, loin des hommes, loin des soucis, c'était son monde, là où il pouvait trouver refuge.
En s'exilant du sol, il laissait ses problèmes collé à la terre, mais ceux-ci les rejoindraient à son retour.
Toni était ravi, l'air frais du petit matin lui donnait des couleurs aux joues.
Logan n'avait pas tardé en route, empruntant les petits chemins de terre, ils croisèrent un ou deux coureurs éberlués de voir deux garçons avec leur sac de cours sur un cheval, aussi blanc que la neige.
Leur joie fut encore plus démesurée quand Logan eut rejoint la route, doublant le bus de transport scolaire, galopant à toute allure la crinière dans le vent.
Kevin se sentait puissant dirigeant son fier destrier, il se pencha en avant pour lui crier :
— Vas y Logan, montre leur qu'ensemble, nous sommes les meilleurs, personne ne peut nous arrêter toi et moi, fonce mon amour !
Logan ne se fit pas prier: il galopa à toute allure, sautant les rambardes de sécurité.
Quand ils arrivèrent à destination, Kevin et Toni mirent pied à terre. Toni quitta son frère et Logan pour continuer seul, sachant que ces deux là avaient des mots doux à s'échanger avant de se quitter.
Kevin avait la joue contre le museau de l'animal, le remerciant pour tout ce qu'il lui avait fait découvrir.
Malheureusement, ils allaient être en retard et Logan devait se re-métamorphoser et enfiler ses vêtements : le polymorphe ne pouvant les garder sous la forme animale.
Kevin jeta un œil alentour pour vérifier qu'aucun lycéen ne les avait aperçu, Logan n'était pas discret sous sa forme actuelle, alors que dire d'un garçon en tenue d'Adam ?
La voie était libre... il était l'heure pour Kevin de retrouver son Logan sous sa forme humaine.
Logan, imposant par son allure, piétina les broussailles et s'enfonça le plus loin possible dans un bosquet de thuyas tandis que Kevin lui préparait ses vêtements.
Un hennissement sourd jailli des fourrés, Kevin inquiet s'approcha des branches :
— Logan ? Tu as fini ta transformation ?
Une main jaillit du bosquet et agrippa violemment Kevin qui fut projeté dos à terre.
Il ouvrit les yeux sur un ciel d'un bleu pur qui se trouvait au centre de son champ de vision, le pourtour était entouré de branches d'arbres se balançant au gré du vent.
Quelle impression de vertige magnifique de contempler ce ciel si pur étendu là !
Logan apparut sous sa forme humaine, s'accroupit pour enfin s'allonger et glisser sur le jeune garçon étendu.
Quand leurs yeux furent à même hauteur.
Kevin aperçut le visage de Logan au milieu des nuages moutonnés disposés ça et là dans le grand espace bleu, changeant de formes au gré du vent.
Logan contemplait les yeux de Kevin, le ciel se reflétant à travers eux, il leurs donnaient une couleur d'un bleu-acier cristallin.
A ce moment il en était beau à pleurer.
Kevin entoura de ses bras les épaules frêles de ce dieu vivant, lentement, les deux visages se rapprochèrent l'un de l'autre, les paupières se fermèrent doucement quand leurs lèvres s'unirent dans un baiser.
— Logan... nous allons être en retard, habille toi !
— Kevin... ne gâche pas le plus beau moment de notre journée ! Je suis si bien en ce moment, dans quelques minutes nous serons séparés et toi tu me demandes de me dépêcher ? Nous serons en retard... oui et après ?
Kevin laissa planer quelques secondes après cette dernière phrase puis il répondit :
— Oui... et après ? Tu as raison : La terre va continuer à tourner, rien d'autre ne compte à part toi...
A la fin de la journée, Cylian sortit de la salle de classe, occupé à chercher où il avait pu fourrer dans son sac le CD de la dernière compile que lui avait prêté Vincent.
Il voulait vite rentrer chez lui et les installer sur son baladeur MP3. Vincent lui avait fait découvrir quelques groupes allant du plus conventionnel, comme Renan Luce, au plus hétéroclite, comme Xandria, du métal gothique.
Le lycée se vidait de ses occupants, il valait mieux passer par le préau du bâtiment des sciences pour échapper au troupeau de lycéen qui bloquait la sortie Comme certains enragés, bousculant tout sur leur passage, victimes d'heures de cours à la limite de la torture mentale, mis à rude épreuve par des profs peu miséricordieux sur la résistance à l'apprentissage des matières pour de pauvres neurones qui n'avait rien demandé à personne.
Le froid se faisait sec, Cylian aperçut une silhouette familière au loin.
Julien lui faisait face en compagnie de deux garçons assez trapus, visiblement des amis à lui.
Quand il voulut le rejoindre, ses grandes enjambées furent interrompues par une voix dont l'origine semblait se situer à quelques mètres de lui.
Appuyée sur une colonne du préau, un garçon l'observait... .
Son pantalon noir était masqué par un long manteau sombre dont le déplacement était animé par le vent, son vêtement donnant l'impression de se déplacer autour du pilier, de l'enlacer pour l'étouffer.
Cylian essaya de scruter l'inconnu dans l'ombre du préau mais il ne voyait que le bas de son visage émacié. Ses lèvres fines s'animèrent, comme si elles avaient deviné les questions que se posait Cylian.
— Bonjour Cylian, je t'attendais, je pense que tu me connais. Julien t'a parlé de moi, tu vois, je le sais déjà, oui, mon nom est Yann.
Quand Yann s'approcha de Cylian, le garçon ne fut pas surpris de voir l'insigne des psychiques briller sur ça veste, il se rappelait que Julien avait quasiment la même, hormis quelques détails, certainement une question de grade.
Par contre, il fut surpris par son visage fin et ses longs cheveux sombres tout comme ses yeux, il ressemblait tellement à Julien, ils auraient pu être frères !
Impression étrange... sa tête se mis à bourdonner, comme si des centaines de plumes lui chatouillaient les méninges, c'était indolore mais ce n'était pas non plus agréable.
Il répondit à Yann :
— J'ai entendu parler de toi, mais que me veux tu ? Pourquoi veux tu me rencontrer ?
— Cylian-tombé-du-pommier... c'est comme cela que je devrais t'appeler, en plus, je me trouve face à un éthéré gay... j'espère que ce Toni en vaut la peine...
— Mais que... ?
Cylian ne put même pas articuler deux mots pour répondre à la phrase de Yann, une douche froide venait de s'abattre sur sa tête, comment avait il pu...
IL était interdit à YANN d'utiliser ses pouvoirs ! Il possédait lui aussi un bracelet de sécurité comme Julien qui lui empêchait théoriquement d'utiliser son pouvoir !
— Ne cherche pas à me cacher quelque chose Cylian, je sais déjà tout de toi et de... tes pensées. Je sais ce que tu regardes... C'est dommage pour toi, il ne fonctionne plus. Je peux utiliser mon pouvoir sans même risquer de me faire arrêter ! Qu'as-tu Cylian ? Je ressens comme de la peur en toi où plutôt, la colère... de s'être fait voler ses souvenirs !
L'évidence se fit limpide pour Cylian, les chatouillements ressentis dans sa tête il y a quelques secondes : il venait d'être scanné mentalement ! En deux secondes, Yann savait tout de lui, de son passé, de ses amis et pire... de son amour pour Toni.
Cylian dirigea son regard vers Julien, lequel ne manifestait aucune émotion. Il était toujours entouré des deux garçons aux visages impassibles. Qui étaient ils ? Qu'est ce que ces deux mecs faisaient ils ici ?
Julien répondit à Cylian :
— Je t'avais prévenu, tu aurais du fuir pendant qu'il en était encore temps ! Il est trop tard désormais !
— Mais qu'est que tu racontes Julien ? Je ne savais pas que ce mec là... c'était Yann !
Yann repris la parole. De sa voix était calme du début, elle était passée à des intonations d'impatience et d'irritation.
— Pour le meilleur ami de Julien, je m'attendais à mieux. J'ai un éthéré faible devant moi, incapable de raisonner et de me tenir tête. Tu es un moins que rien. Tu n'aurais pas du survivre à ton épreuve d'Icare. Vous êtes décidément fragiles et faibles quand on vu observe de près.
La colère monta en Cylian qui commença à faire vrombir ses ondes familières autour de lui, là c'en était trop. Plus rien ne s'opposait à lui pour lui flanquer son poing en pleine figure !
Yann fit un signe aux deux garçons a coté de Julien en levant la main, ils plaquèrent chacun leur deux mains l'une contre l'autre, bras tendu et décochèrent l'un et l'autre une boule de feu qui s'écrasa contre le mur de part et d'autre de Cylian.
« Des incandescents ! »
Les deux garçons rirent en cœur. L'un deux ricana en prévenant Cylian :
— Hey l'oiseau, si tu essaies de t'envoler, on te fait rôtir illico !
Ainsi Yann avait sa garde rapprochée, deux cerbères sous ses ordres.
« Impossible de tenter quoi que ce soit, Yann le devinerait instantanément dans mes intentions avant même que mes muscles aient pris le relais ! »
Il fallait se rendre à l'évidence, Yann contrôlait la situation. Julien ne s'était pas trompé, il était très fort ! Bon sang, pourquoi s'en prenait il à lui ?
Simplement parce qu'il était un ami de Julien trop influent et que Yann ne le supportait pas ?
C'était sans doute cela. Quelle allait être l'issue de cette rencontre pour lui maintenant ?
Yann regardait aux alentours, semblant attendre quelque chose.
Il s'approcha brusquement de Cylian et lui susurra à l'oreille.
— Je ne te ferais aucun mal... si tu fais ce fais ce que je dis. Embrasse moi !
— Qu..quoi ?
— Tu as bien compris éthéré ! Je te demande maintenant de me donner un baiser sur les lèvres. À moins que tu préfères que je révèle à tout le lycée, à tes parents jusqu'à la moindre de tes connaissances ton secret ? Du moins à ta mère, puisque ton père est déjà au courant !
Cylian ne savait que faire, il essaya de refluer ses larmes qui lui montait aux yeux. Il n'avait pas le choix. Il n'était pas près d'assumer son statut à son entourage. C'était beaucoup trop demandé de la part de Yann qui utilisait un odieux chantage.
Il menait le jeu. Cylian se sentit si faible à cet instant. Son regard alla se perdre de nouveau vers Julien qui baissa la tête, évitant son regard.
« Julien, s'il te plaît, grand frère ! aide moi ! »
Ses supplications n'avait aucun écho auprès de son ami.
Résigné, il pensa qu'après tout ce geste n'aurait pas de conséquence pour l'avenir, autant en finir maintenant ! Ce n'était qu'un baiser contre un silence.
Cylian ferma les yeux et ses lèvres embrassèrent celles de Yann qui le serra fort contre lui.
Ces secondes durèrent des heures. Elle furent comme un vrai supplice pour Cylian.
Yann n'était pas laid, mais ses intentions étaient rêches et dures. Il lui semblait que ses lèvres étaient froides.
— A la bonne heure ! Je t'aime Cylian !
La voix de Yann s'était faite claire et distincte, son regard se porta derrière Cylian. Il esquissa un sourire diabolique du coin des lèvres visiblement satisfait.
— Bon, il est temps pour moi de te laisser. Au fait, toutes mes condoléances mon cher Cylian, tu viens de perdre ton "Toni".
— Mais qu'est ce que tu veux dire par là ?
— Regarde derrière toi, tu vas vite comprendre !
Cylian lentement tourna la tête intrigué par ce qu'avait voulu dire Yann. A cet instant son estomac se vrilla de frayeur !
Toni était là ! Il n'avait rien raté concernant la scène du baiser entre Yann et Cylian.
Une larme perla et coula le long de la joue de Toni. Il se retourna brusquement et courut à vive allure à l'opposé de Cylian.
— Putain, non ! lâcha Cylian.
Il venait d'être écrasé, assommé par les événements. Il lui fallait réagir mais ses muscles étaient paralysés par la surprise ! Oubliant Yann, Julien et les deux incandescents, il fallait qu'il rattrape son erreur, c'était un malentendu ! bien sur ! Mais le mal était fait !
Ses muscles eurent un déclic et se mirent à se mouvoir, il courut aussi vite qu'il put à la poursuite de Toni, l'émotion qu'il ressentait lui donnait l'énergie nécessaire. Courir le plus vite possible Cylian ! Son esprit se remit en marche dans sa course, ni Yann ni ses sbires ne firent un geste pour le laisser partir.
« Tout ceci avait été manigancé à l'avance par ce psychique, il attendait Toni pour m'embrasser, il avait tout prévu ! Il avait prédit que Toni réagirait comme cela ! »
Cylian était sortit du Lycée et dans la rue il ne tarda pas à retrouver Toni de l'autre coté de la rue. Son bel Apollon ne courait plus, mais marchant tout de même d'un pas rapide, la tête baissée.
Cylian était à bout de souffle, ses jambes flageolaient, il chercha au fond de ses poumons le peu d'air qui lui restait pour capter l'attention de Toni en espérant qu'il entende son appel à l'aide.
— TONI ! Ce n'est pas ce que tu crois ! Laisse moi t'expliquer !
Enfin, un espoir : Toni s'immobilisa et se retourna, ses yeux étaient rouges, noyés par le chagrin, cela fit de la peine à l'éthéré, jamais il n'avais vu Toni dans un état pareil.
— VA T'EN ! LAISSE MOI ! JE NE VEUX PLUS JAMAIS TE REVOIR !
Le glas avait sonné, enterrant les vains espoirs de réconciliation entre les deux amoureux.
Ce fut un choc sans précédent dans le cœur de Cylian.
Il se figea sur place avec l'impression que le monde s'écroulait autour de lui, il ne pouvait plus faire grand-chose, ce qu'avait dit Toni l'avait blessé au plus profond de lui-même.
Il leva la tête et décolla lentement. Le ciel seul échappatoire, loin des hommes, loin des soucis, c'était son monde, là où il pouvait trouver refuge.
En s'exilant du sol, il laissait ses problèmes collé à la terre, mais ceux-ci les rejoindraient à son retour.