27-08-2020, 02:27 PM
CHAPITRE LXXIV
''Cito, longe, tarde''
''Cito, longe, tarde''
- Salut Oli'.
- Burydan, mon ami, comment vas-tu ?
- Bien, bien et toi ?
- On ne peut mieux. Suis moi dans l'arrière boutique.
Ils s'installèrent, comme d'habitude, autour d'une table et Oli' leur servit un verre de son délicieux hydromel.
- Je pars, Oli'.
- Oh... je comprends... le départ précipité de Raven... tu sais où tu vas t'établir ? Je peux trouver quelqu'un pour racheter ta maison, et...
- Je ne pars pas pour toujours. J'ai envie de voyager... voir d'autres choses...
- Ouf ! Tu me rassures...
- Et pour Raven... tout le monde le sait ?
- Que c'était un peu plus que ton domestique ? Oui. Mais les Maliendais ne te jugent pas. Tu vis ta vie comme tu le souhaites. Beaucoup sont même tristes pour toi...
Burydan se contenta d’acquiescer. Malienda était vraiment son havre de paix.
- Où comptes tu aller, alors ? reprit Oli'.
- Visiter Utopia et les autres îles de Genesia, je ne sais pas encore dans quel ordre...
- Tu as raison, les voyages forment la jeunesse... j'ai quelques amis un peu partout. Je te ferai porter une liste avec les noms et les adresses. Vas les voir de ma part et tu seras bien accueillit.
- Merci Oli'.J'aurais besoin de cartes. Des cartes détaillées des autres royaumes d'Utopia et des îles de Genesia. Tu as ça ?
- Par les dieux, Burydan de Malkchour, tu oublies chez qui tu es. Si tu ne le trouves pas ici...
- C'est que ça n'existe pas, compléta Burydan.
Avec un paquet de cartes détaillées sous le bras, Burydan rentra chez lui et commença à préparer ses bagages. Il reçut une missive de la femme d'Oli' qui lui ordonnait de venir dîner avant son départ, sous peine de représailles. Burydan passa une agréable soirée, souriant à chaque fois que Esméralda tabustait gentiment son mari. Oli' lui remit la liste de ses ''quelques'' amis, ce qui représentait tout de même trois feuilles recto verso. Burydan prit congé. Esméralda lui donna deux gros poutounes sur les joues et Oli' une forte brassée en lui disant qu'il demanderait à un jeune galapian de s’occuper de sa maison en son absence.
Burydan ne savait pas par où commencer. D'abord les autres îles de Genesia ou bien les autres royaumes d'Utopia. Il fallait qu'il demande conseil au grand dieu Tish'Hée.(1)
Il prit un lunar, le fit tournoyer en l'air, le rattrapa et le plaqua sur le haut de sa main. Pile. Les autres îles de Genesia pour commencer...
Burydan partit à l'aube et prit la route vers l'ouest, celle qui menait vers la Côtes des Épées. Il choisit Menast'Hérith comme port de départ. Cela faisait plus de cinq ans qu'il n'y était pas retourné.
Cinq jours plus tard, les hauts murs du port se dressaient devant lui. Il entra dans la ville où il avait passé les pires et les meilleures années de sa vie.
Il n'alla pas à Malkchour. Trop de souvenirs. Il s'installa dans une auberge au cœur de la ville.
- Bonjour alberguier, je voudrais une chambre.
- Biensûr. Pour combien de temps ?
- Je ne sais pas encore... quelques jours je pense... et je voudrais ta meilleure chambre...
- Toutes nos chambres sont excellentes...
Burydan sourit et déposa cinq lunars sur le comptoir. L'alberguier s'en saisit et dit :
J- e vais vous donner la chambre du cinquième étage. C'est la seule du-dit étage, et vous avez votre propre salle d'eau et vos propres commodités. Et elle possède un balcon qui donne sur l'arrière, à l'abri des bruits de la rue. Si vous voulez bien signer le registre.
Burydan signa et l'alberguier lu.
- Bu... Burydan de Malkchour... oh, messire, c'est un grand honneur pour moi de vous accueillir dans mon humble établissent...
''Messire''... Anselme avait raison... le fait que le Duc l'ait appelé comme ça à plusieurs reprises, et la réputation de Burydan en tant que meilleur chasseur de prime de Brittania, lui valait d'être appelé ''messire'' un peu partout. Un peu partout sauf à Malienda. Il avait mis les choses au point avec Tarkan, Bratac et Oli' et, dans sa ville, il était juste Burydan.
Il laissa Arion à l'écurie de l'auberge et alla à pieds jusqu'au port. Menast'Hérith n'avait pas beaucoup changée en cinq ans, les mêmes échoppes, les mêmes boutiques...
Il se renseigna sur le prochain bateau pour l'une des autres îles de Genesia.
- Le prochain navire pour Simeria part dans cinq jours l'ami.
- Cinq jours ?!
- Oui, il n'y en a pas d'autre avant...
Burydan devait prendre son mal en patience. Il paya les 30 lunars pour la traversée de lui-même et de son cheval (il était hors de question qu'il laisse Arion seul pour les dieux savent combien de temps).
Il allait rentrer à l'auberge quand il eut une autre idée. Il était à peu près six heures du soir et décida de voir si Arad et Alam était toujours dans son ancien logis.
Il retrouva facilement l'entrepôt, toujours aussi délabré, mais il y avait quelques chose de différent. De forts étais avaient été placés aux endroits qui risquaient de s'écrouler et les immondices avaient disparus. Les gravats avaient été mis en tas contre les murs et un chemin bien balayé menait jusqu'à la porte en fer. La chaîne était mise et fermée de l'intérieur.
Burydan mit son oreille contre l'huis et écouta. Deux garçons parlaient. Il frappa trois coups. Le silence se fit mais personne ne bougea. Il frappa de nouveau et cria :
- Ouvrez, c'est Burydan !
Cliquetis de cadenas et de chaîne et la porte s'entrouvrit. La belle gueule d'Arad apparue.
- Par les dieux, dit le garçon, ça fait une éternité qu'on ne t'a pas vu...
- Salut Arad.
- Viens, entre...
Burydan entra et resta bouche bée...
(1) Tish'Hée: dieu du hasard et de la fortune dans la mythologie utopienne. Fils d'Okéanos et d'une nymphe marine.