14-12-2024, 12:57 PM
Il ne s'était donc pas trompé l'autre soir. Son père venait de percer à jour son secret sur sa relation avec Toni.
Il est des instants fugaces où l'on aimerait remonter le temps, c'est ce que le jeune garçon pensait à cet instant précis, mais avec des « si » on mettrait Paris en bouteille comme on dit.
Cylian regrettait vraiment à cet instant de ne pas avoir pris plus de précautions concernant leur étreinte.
— Suis moi à l'intérieur, nous avons à parler !
Cylian se sentait coupable, venait il de faire une bêtise ? De blesser son père ?
Il suivit son père s'efforçant de calmer sa peur de maîtriser ses pensées qui se déversaient comme le torrent d'une rivière en crue.
Les pires pensées l'assaillirent. Il voyait déjà dans sa tête les images de son père vociférant dans une colère noire, lui faire un sermon dont il allait se rappeler longtemps après.
« MON FILS PÉDÉ ? JAMAIS ! Tu nous fais honte ! Est-ce une manière de nous remercier pour tout ce qu'on a fait pour toi ? Répète moi ça ? Tu aimes un garçon ? Non mais tu es malade ! J'ai hérité d'un fils taré ! Je ne le crois pas... et bien sûr... il a fallu que ça tombe sur moi ! »
Cylian essaya de refluer ses larmes, de calmer le chagrin qui saignait à vif son cœur. Il serra les poings à en faire blanchir ses phalanges à travers la peau.
« Cylian sois fort... il s'agit juste d'un mauvais moment à passer ... sois fort... pour Toni ! »
Ils entrèrent dans la maison, Cylian releva plusieurs fois la tête en direction de son père pour capter une quelconque émotion, un plissement de sourcil ou une autre attitude capable de le renseigner mais en vain. À chaque fois, ses regards furent accueillis par un visage froid et impassible qui lui faisait irrémédiablement baisser la tête.
A sa grande surprise, son père changea de direction et monta les escaliers, ils se dirigèrent bientôt vers le grenier.
Le grenier !
Non ! Il va tout de même pas...
Cylian détestait monter au grenier.
La faute à de douloureux souvenirs. Étant petit, quand il avait fait une grosse bêtise ou quand il refusait de terminer son assiette, son père l'enfermait sous les combles lugubres, parsemés de toiles d'araignées qui lui provoquaient une peur panique et pour couronner le tout, le grenier était accompagné d'une odeur de renfermé qui accentuait sa peur.
En comparaison avec ses camarades, il avait toujours jugé son père calme et patient, jamais il ne l'avait frappé, mais ses remontrances étaient mémorables...
Cylian montait lentement les marches conduisant à une porte vermoulue, se sentant comme un condamné a mort montant sur l'échafaud.
Un sentiment de colère remplaça la tristesse. « Il ne va pas me punir et m'enfermer là dedans. S'il le faut je partirai, je fuguerai ! Je m'envolerai loin d'ici, rien ne me fera changer d'avis, je resterai avec Toni ! »
La porte donnant sur le grenier s'ouvrit, Cylian fut déçu en redécouvrant l'intérieur.
Une ampoule électrique éclairait maintenant les lieux, les toiles d'araignées avaient disparues mais l'odeur infecte de son souvenir était toujours présente.
Son père se retourna et parla d'une voix monocorde qui le prit de court. Son esprit combatif s'évapora d'un coup quand son père s'adressa à lui
— Dis moi, est ce que tu aimes Toni ?
Cylian se sentit chanceler, ses jambes ne le soutenaient plus, tout ce qu'il trouva à dire fut.
— Oui !
Son père se tourna vers une vieille étagère et ouvrit une malle, il tendit à Cylian deux photos jaunies par les années.
Cylian se sentit un peu hébété par la réaction de son père. Mais que faisait il ? !
Il baissa ses yeux tremblants vers la première photo... souvenir d'un autre temps, cette atmosphère régnant dans le grenier accentuait la nostalgie émanant du bout de papier qu'il tenait entre ses doigts.
Sur la photo, deux jeunes garçons d'à peine plus que son âge étaient assis sur un banc devant un panneau avec l'inscription « métro ».
On aurait dit que les jeunes garçons souriaient à Cylian.
Comme ils étaient beaux pensa-t-il !
Il glissa la première photo derrière la deuxième et la regarda.
Sur celle là, les mêmes garçons... s'embrassaient sur la bouche !
Tout deux avaient les cheveux longs, l'un était châtain, l'autre, d'une blondeur éclatante.
Le garçon au cheveux châtain posait sa main sur la joue du bel ado blond, qui lui, tenait délicatement l'autre main de son compagnon entre la sienne, ils portaient une tenue légèrement rétro mais cela n'enlevait en rien leur charme !
Cylian se surprit à rougir.
Conscient de son émoi, il leva les yeux en direction de son père qui pour la première fois depuis son arrivée esquissa un sourire du coin des lèvres.
Cylian était vraiment perplexe, il s'attendait à tout sauf à ça !
Il répondit à son père de manière évasif :
— Et alors ?
— Et alors ! Regarde mieux la première photo !
Ses idées se bousculèrent dans son esprit, incapable de savoir où son père voulait en venir, quand dans un éclair, les yeux du garçon aux cheveux bruns qui lui semblèrent familiers lui apportèrent la réponse.
— Oh mais ! C'est toi !
Cylian avait reconnu son père...
— Tu as mis du temps ! Cette photo est vieille, elle date d'une trentaine d'années, lorsque j'étais étudiant à Paris.
J'étais à la fac de Jussieu quand j'ai rencontré... Luc.
A ce nom, Cylian devina que son père fut emprunt à une légère émotion dans sa voix.
— Que c'est il passé ensuite ?
— Nous nous étions rencontrés dans un café par des amis communs, nous avons tout de suite craqués l'un envers l'autre. C'est notre meilleur amie qui a prit cette photo, elle était la seule à être dans la confidence. Il faut dire que à l'époque, ce genre de relation était mal perçu.
Notre lieu de rendez-vous était près de ma fac, à la station de métro Campo-Formio, nous y étions tout les trois tous les soirs, un jour, notre amie à immortalisée ce moment formidable entre nous deux.
Et pour la suite... elle est moins belle.
Un jour où Luc m'a invité chez lui, nous nous sommes fait surprendre par ses parents alors que nous nous embrassions dans la voiture de son père.
Cylian qui écoutais son père avec la plus grande attention baissa les yeux à se moment, il se reconnut, lui et Toni pris sur le fait. Il se sentait néanmoins réconforté par l'aveu que lui avait fait son père, sa gorge serrée pu enfin articuler une phrase un peu ironique résumant la situation.
— L'histoire entre les générations se répète.
— Presque. Les gens sont souvent tolérants concernant l'amour, il n'en va pas de même concernant les parents envers leur fils.
Le père de Luc a été furieux ! Il nous a interdit de nous revoir... Nous avons beaucoup pleuré et puis nous nous sommes quittés... à jamais !
La suite tu la connais, j'ai rencontré ta mère, je l'aime bien sur mais je n'oublierai jamais l'amour qu'il y a eu entre Luc et moi... d'ailleurs, il m'a laissé un souvenir de lui !
Cylian opina silencieusement de la tête.
Son père releva la manche de sa chemise et tendit son bras.
— Regarde la photo et regarde ma montre...
— Ça alors ! Luc porte ta montre !
— Non ! C'est lui qui me l'a donné quand nous nous sommes séparés ! Il y a une raison. Luc savait que je suis un « Psychométrique ». Tu sais que quand je tiens un objet dans ma main, je peux voir l'histoire de cet objet, je peux voir son propriétaire. Avec sa montre, bien qu'au fil du temps il y ait moins d'effets, quand je la touche et j'utilise mon don, je revis les plus beaux moments que nous avons passés ensemble. Maintenant c'est à moi d'être à la place du père, quand je vous ai vu toi et Toni, cela ma rappelé certains souvenirs de ma jeunesse.
— Que vas-tu faire alors ? s'enquit Cylian la mine inquiète, il est vrai que le récit fait par son père l'avait beaucoup touché mais il s'inquiétait de sa réaction le concernant.
— Je serais vraiment un mauvais père si je te faisais subir ce que j'ai subi. Ta vie t'appartient Cyl', fais en ce que tu veux, du moment que tu es heureux. Vis tes amours et puis Luc, pardon... Toni est quelqu'un de bien ! Tu as de la chance de le connaître profites en !
Cylian sourit enfin, délivré de se fardeau.
— Merci papa, je t'aime !
— Moi aussi ! Allez file ! Et cela reste un secret entre nous, n'en parle pas à ta mère ! Te concernant, je te soutiendrais, tu sais, je pense que Claire l'acceptera.
Cylian descendit à toute jambes, au moins les souvenirs pénibles du grenier l'avait quitté pour un temps, il se sentait revivre !
Jamais il n'aurait cru cela de son propre père.
Malgré tout, l'histoire de Luc était belle et il fut triste pour ces deux amoureux, mais il se fit une raison en ce disant qu'il était le fruit d'un amour entre ses parents et qu'il ne serait pas là si cette liaison n'avait pas cessée.
Le destin est étrange parfois...
Courant à toutes jambes, il pris son téléphone portable et appela Toni pour lui dire que son père avait très bien accepté qu'il soit gay, sans bien sûr lui parler... des amoureux de Campo-Formio.
Il est des instants fugaces où l'on aimerait remonter le temps, c'est ce que le jeune garçon pensait à cet instant précis, mais avec des « si » on mettrait Paris en bouteille comme on dit.
Cylian regrettait vraiment à cet instant de ne pas avoir pris plus de précautions concernant leur étreinte.
— Suis moi à l'intérieur, nous avons à parler !
Cylian se sentait coupable, venait il de faire une bêtise ? De blesser son père ?
Il suivit son père s'efforçant de calmer sa peur de maîtriser ses pensées qui se déversaient comme le torrent d'une rivière en crue.
Les pires pensées l'assaillirent. Il voyait déjà dans sa tête les images de son père vociférant dans une colère noire, lui faire un sermon dont il allait se rappeler longtemps après.
« MON FILS PÉDÉ ? JAMAIS ! Tu nous fais honte ! Est-ce une manière de nous remercier pour tout ce qu'on a fait pour toi ? Répète moi ça ? Tu aimes un garçon ? Non mais tu es malade ! J'ai hérité d'un fils taré ! Je ne le crois pas... et bien sûr... il a fallu que ça tombe sur moi ! »
Cylian essaya de refluer ses larmes, de calmer le chagrin qui saignait à vif son cœur. Il serra les poings à en faire blanchir ses phalanges à travers la peau.
« Cylian sois fort... il s'agit juste d'un mauvais moment à passer ... sois fort... pour Toni ! »
Ils entrèrent dans la maison, Cylian releva plusieurs fois la tête en direction de son père pour capter une quelconque émotion, un plissement de sourcil ou une autre attitude capable de le renseigner mais en vain. À chaque fois, ses regards furent accueillis par un visage froid et impassible qui lui faisait irrémédiablement baisser la tête.
A sa grande surprise, son père changea de direction et monta les escaliers, ils se dirigèrent bientôt vers le grenier.
Le grenier !
Non ! Il va tout de même pas...
Cylian détestait monter au grenier.
La faute à de douloureux souvenirs. Étant petit, quand il avait fait une grosse bêtise ou quand il refusait de terminer son assiette, son père l'enfermait sous les combles lugubres, parsemés de toiles d'araignées qui lui provoquaient une peur panique et pour couronner le tout, le grenier était accompagné d'une odeur de renfermé qui accentuait sa peur.
En comparaison avec ses camarades, il avait toujours jugé son père calme et patient, jamais il ne l'avait frappé, mais ses remontrances étaient mémorables...
Cylian montait lentement les marches conduisant à une porte vermoulue, se sentant comme un condamné a mort montant sur l'échafaud.
Un sentiment de colère remplaça la tristesse. « Il ne va pas me punir et m'enfermer là dedans. S'il le faut je partirai, je fuguerai ! Je m'envolerai loin d'ici, rien ne me fera changer d'avis, je resterai avec Toni ! »
La porte donnant sur le grenier s'ouvrit, Cylian fut déçu en redécouvrant l'intérieur.
Une ampoule électrique éclairait maintenant les lieux, les toiles d'araignées avaient disparues mais l'odeur infecte de son souvenir était toujours présente.
Son père se retourna et parla d'une voix monocorde qui le prit de court. Son esprit combatif s'évapora d'un coup quand son père s'adressa à lui
— Dis moi, est ce que tu aimes Toni ?
Cylian se sentit chanceler, ses jambes ne le soutenaient plus, tout ce qu'il trouva à dire fut.
— Oui !
Son père se tourna vers une vieille étagère et ouvrit une malle, il tendit à Cylian deux photos jaunies par les années.
Cylian se sentit un peu hébété par la réaction de son père. Mais que faisait il ? !
Il baissa ses yeux tremblants vers la première photo... souvenir d'un autre temps, cette atmosphère régnant dans le grenier accentuait la nostalgie émanant du bout de papier qu'il tenait entre ses doigts.
Sur la photo, deux jeunes garçons d'à peine plus que son âge étaient assis sur un banc devant un panneau avec l'inscription « métro ».
On aurait dit que les jeunes garçons souriaient à Cylian.
Comme ils étaient beaux pensa-t-il !
Il glissa la première photo derrière la deuxième et la regarda.
Sur celle là, les mêmes garçons... s'embrassaient sur la bouche !
Tout deux avaient les cheveux longs, l'un était châtain, l'autre, d'une blondeur éclatante.
Le garçon au cheveux châtain posait sa main sur la joue du bel ado blond, qui lui, tenait délicatement l'autre main de son compagnon entre la sienne, ils portaient une tenue légèrement rétro mais cela n'enlevait en rien leur charme !
Cylian se surprit à rougir.
Conscient de son émoi, il leva les yeux en direction de son père qui pour la première fois depuis son arrivée esquissa un sourire du coin des lèvres.
Cylian était vraiment perplexe, il s'attendait à tout sauf à ça !
Il répondit à son père de manière évasif :
— Et alors ?
— Et alors ! Regarde mieux la première photo !
Ses idées se bousculèrent dans son esprit, incapable de savoir où son père voulait en venir, quand dans un éclair, les yeux du garçon aux cheveux bruns qui lui semblèrent familiers lui apportèrent la réponse.
— Oh mais ! C'est toi !
Cylian avait reconnu son père...
— Tu as mis du temps ! Cette photo est vieille, elle date d'une trentaine d'années, lorsque j'étais étudiant à Paris.
J'étais à la fac de Jussieu quand j'ai rencontré... Luc.
A ce nom, Cylian devina que son père fut emprunt à une légère émotion dans sa voix.
— Que c'est il passé ensuite ?
— Nous nous étions rencontrés dans un café par des amis communs, nous avons tout de suite craqués l'un envers l'autre. C'est notre meilleur amie qui a prit cette photo, elle était la seule à être dans la confidence. Il faut dire que à l'époque, ce genre de relation était mal perçu.
Notre lieu de rendez-vous était près de ma fac, à la station de métro Campo-Formio, nous y étions tout les trois tous les soirs, un jour, notre amie à immortalisée ce moment formidable entre nous deux.
Et pour la suite... elle est moins belle.
Un jour où Luc m'a invité chez lui, nous nous sommes fait surprendre par ses parents alors que nous nous embrassions dans la voiture de son père.
Cylian qui écoutais son père avec la plus grande attention baissa les yeux à se moment, il se reconnut, lui et Toni pris sur le fait. Il se sentait néanmoins réconforté par l'aveu que lui avait fait son père, sa gorge serrée pu enfin articuler une phrase un peu ironique résumant la situation.
— L'histoire entre les générations se répète.
— Presque. Les gens sont souvent tolérants concernant l'amour, il n'en va pas de même concernant les parents envers leur fils.
Le père de Luc a été furieux ! Il nous a interdit de nous revoir... Nous avons beaucoup pleuré et puis nous nous sommes quittés... à jamais !
La suite tu la connais, j'ai rencontré ta mère, je l'aime bien sur mais je n'oublierai jamais l'amour qu'il y a eu entre Luc et moi... d'ailleurs, il m'a laissé un souvenir de lui !
Cylian opina silencieusement de la tête.
Son père releva la manche de sa chemise et tendit son bras.
— Regarde la photo et regarde ma montre...
— Ça alors ! Luc porte ta montre !
— Non ! C'est lui qui me l'a donné quand nous nous sommes séparés ! Il y a une raison. Luc savait que je suis un « Psychométrique ». Tu sais que quand je tiens un objet dans ma main, je peux voir l'histoire de cet objet, je peux voir son propriétaire. Avec sa montre, bien qu'au fil du temps il y ait moins d'effets, quand je la touche et j'utilise mon don, je revis les plus beaux moments que nous avons passés ensemble. Maintenant c'est à moi d'être à la place du père, quand je vous ai vu toi et Toni, cela ma rappelé certains souvenirs de ma jeunesse.
— Que vas-tu faire alors ? s'enquit Cylian la mine inquiète, il est vrai que le récit fait par son père l'avait beaucoup touché mais il s'inquiétait de sa réaction le concernant.
— Je serais vraiment un mauvais père si je te faisais subir ce que j'ai subi. Ta vie t'appartient Cyl', fais en ce que tu veux, du moment que tu es heureux. Vis tes amours et puis Luc, pardon... Toni est quelqu'un de bien ! Tu as de la chance de le connaître profites en !
Cylian sourit enfin, délivré de se fardeau.
— Merci papa, je t'aime !
— Moi aussi ! Allez file ! Et cela reste un secret entre nous, n'en parle pas à ta mère ! Te concernant, je te soutiendrais, tu sais, je pense que Claire l'acceptera.
Cylian descendit à toute jambes, au moins les souvenirs pénibles du grenier l'avait quitté pour un temps, il se sentait revivre !
Jamais il n'aurait cru cela de son propre père.
Malgré tout, l'histoire de Luc était belle et il fut triste pour ces deux amoureux, mais il se fit une raison en ce disant qu'il était le fruit d'un amour entre ses parents et qu'il ne serait pas là si cette liaison n'avait pas cessée.
Le destin est étrange parfois...
Courant à toutes jambes, il pris son téléphone portable et appela Toni pour lui dire que son père avait très bien accepté qu'il soit gay, sans bien sûr lui parler... des amoureux de Campo-Formio.