01-12-2024, 11:53 AM
1[size=1] [/size]la neige tombait sLLans discontinuer…
La neige tombait toujours sans discontinuer depuis dix jours...
Si deux êtres n'auraient jamais dû être ensemble, c'est bien Alphonse et Jean.
Le premier appartenait à une classe sociale où une grande liberté était accordée à leurs progénitures pour autant que les conventions sociétales soient respectées, que rien ne transpire vers l'extérieur. La consigne pour Alphonse était clairement qu'il pouvait faire ce qu'il voulait pour autant que la Famille ne puisse rien lui reprocher, que rien ne transpire à l'extérieur. Et il en profitait largement, croyez-moi, il en usait et même en abusait. Ce principe absolu valait également, et encore plus pour la Société dans laquelle se complaisaient ses proches et moins proches.
Un jour son père l'avait mis en garde
"Je me fiche de ce que tu fais, c'est ta liberté. Que tu aimes les filles est une bonne chose et je m'en réjouirais. Mais si tu devais aimer les garçons, c'est ton problème mais gare à toi car s'il devait y avoir le moindre soupçon la conséquence serait sans pitié. Prends garde à toi mon garçon !"
Quelques mois plus tard, Alphonse se retrouvait dans un internat très fermé même si très sélecte dans une région semi-montagneuse du centre de la France où nul ne pouvait se perdre car il n'y avait qu'une route qui y menait pour se terminer derrière les bâtiments. L'objectif consistait à inculquer à ces jeunes gens que leurs hormones devaient vivre comme bon leur semblaient mais sans perturber les principes de la liberté qui leur était accordée par une société bien-pensante. Les privilégiés de cet internat se rattachaient aussi bien au monde classique des amours mixtes qu'à celui plus restreints des attirances (ou plus) entre garçons. Quelques-uns vivaient une double vie. Leur point commun et c'était le côté fort de cet institution, ils se respectaient tous et profitaient les uns des autres et apprenaient à se comporter comme tout un chacun...
Le beau garçon qu'était Alphonse ne fut donc pas trop dépaysé car il avait fort bonne mine, ne serait-ce que par son air viril mis en évidence par une carrure musclée là où il le fallait de sorte qu'il devint rapidement la coqueluche de ce petit monde. Ce rang de leader n'était pas pour lui déplaire mais il n'en tirait aucune gloire particulière car c'était foncièrement un garçon agréable à vivre, qui s'imposait non pas tellement par la force (mais il ne fallait pas non plus le provoquer) que par un sens des compromis de sorte qu'il n'avait aucun concurrent à vraiment redouter.
Jean était le dernier d'une fratrie de six enfants composée en nombre égal de filles et de garçons. Les parents, plus tout jeunes, étaient d'une sévérité rigoureuse ne tolérant aucun écart de conduite ce qui ne les empêchaient pas d'aimer sincèrement leur progéniture.
Un "cahier des charges" avait été établi en commun par les jeunes et leurs parents, ces derniers se réservant bien sûr le dernier mot, un droit dont ils faisaient fréquemment usage ce qui était accepté par tout le monde car considéré comme tout à fait normal.
Tout le monde sauf le petit dernier, Jean allait avoir dix-huit ans sous peu, qui était doux et même timide mais qui avait une notion de la discipline qui n'entrait pas dans la conception familiale. Fréquemment, il s'autorisait à contester certaines règles du cahier, parfois sur des points sans réelles importance mais également, et là ça se passait souvent très mal, sur des points mettant en doute la notion de solidarité et d'entraide familiale, pire allant jusqu'à refuser des règles de conduite pourtant élémentaires comme, par exemple, refuser de se soumettre à l'opinion de la majorité, majorité facile à constituer grâce à la poigne autoritaire, il faut l'admettre, des deux parents et à laquelle tous se pliaient de bon gré tellement ce mode de vie faisait partie de l'ADN familial.
Jean était donc le mouton noir de la petite tribut et tous en avaient vraiment ras le bol de ce mauvais esprit qui à la longue aurait pu compromettre l'unité familiale. De fait, tous attendaient avec impatience que Jean atteigne ses 18 ans. Mais attention, un droit coutumier ancestral [une vue de mon imagination] donnait certains pouvoirs aux détenteurs de l'autorité familiale jusqu'à l'âge de 21 ans.
Jean ne pouvait donc pas faire, dire ou même penser ce qu'il voulait. Il le savait et se taisait, mais en secret menait sa petite vie à lui. Un jour, alors que Matthieu et Jean se croyaient tranquille dans la chambre d'hôtel qu'ils avaient réservée, le père et ses deux aînés firent irruption : le tableau fut saisissant et inconcevable, Jean était nu, entre les jambes de son ami, en train de lui pratiquer une fellation qui arrivait dans sa phase finale avec tous les gémissements et flop, flop inhérents à ce stade ultime.
Fruit du hasard, Alphonse et Jean étaient attendus le même jour par un des véhicules de l'internat, aucun des deux ne prononça un mot, écrasés qu'ils étaient par la sévérité mais également par la beauté du paysage sans parler bien sûr de l'inconnu de ce qui les attendait. La neige commençait à tomber et à blanchir les prés. On était à mi-octobre, cela promettait !
L'internat était plus que confortable et il ne fait pas l'ombre d'un doute qu'il n'était pas à la portée de tout le monde. Les chambres étaient grandes et confortables, les lieux communs plus qu'agréables et la nourriture ne laissait en rien à désirer.
Les garçons vivaient en communauté et comme toujours on y rencontrait une multitude de caractères, ceux qui ne se mélangeaient pas et vivaient seuls chaque fois qu'ils le pouvaient, ceux qui au contraire recherchaient les contacts et c'était nettement la majorité. Il y avait des physiques qui attiraient l'attention, d'autres qui laissaient indifférents, certains, rares, qui n'avaient pas été gâtés par la nature ou les chromosomes parentaux. Indubitablement Alphonse faisait partie de la première catégorie alors que Jean était un peu inclassable, il était certes plaisant mais sa minceur, une certaine fragilité et sa retenue diminuait l'attrait qu'il pouvait exercer.
Alphonse avait une chambre à deux lits mais dont un seul était occupé alors que Jean partageait son logement avec trois autres congénères. Les deux garçons, arrivés simultanément à l'internat n'avaient aucune relation entre eux, sinon un bref salut de la tête lorsqu'ils se croisaient.
Après quelques temps pour s'adapter aux divers cursus scolaires ou préuniversitaires, la routine quotidienne s'était installée, les affinités s'étaient créés et certains regroupements entre les étudiants étaient visibles. Certains de ces groupes étaient clairement ouverts à tous tandis que d'autres semblaient comme enveloppés d'un voile mystérieux. C'était notamment le cas des trois colocataires de Jean qui ne s'occupaient guère de lui alors qu'ils étaient copain-copain avec les chambres voisines. Parfois même Jean avait l'impression qu'on le regardait d'un drôle d'air, un peu comme un être à part.
Toute son éducation avait contribué à ce qu'il considère son corps comme quelque chose de strictement confidentiel, qu'il ne fallait jamais montrer à qui que ce soit : il n'avait jamais vu ses frères nus, ni même en slip ou en train de prendre une douche. De même son corps n'était connu que de lui-même et c'était toujours avec honte qu'il osait, quand il n'en pouvait plus, se masturber. Il ignorait bien sûr ce que faisaient ses frères et leurs amis, mais il aurait pu parier qu'ils contrôlaient parfaitement leurs hormones avec une abstinence totale, sauf bien sûr les émissions nocturnes.
C'est la raison que sa timidité naturelle mais particulièrement à ce sujet le poussait souvent à prendre sa douche pendant le temps libre avant le repas du soir, il était certain d'être seul à ce moment crucial où il n'avait plus aucun vêtement sur lui.
Une fin d'après-midi alors qu'il revenait de la salle d'étude et qu'il était étendu habillé sur son lit, trois individus dont deux de ses colocataires se précipitèrent sur lui et le trainèrent aux douches communes. Malgré sa résistance acharnée et ses cris, ils réussirent à lui déboutonner son pantalon puis en dépit de ses efforts à lui enlever son pantalon. Malgré les coups de jambe et de pied, de ses hurlements, l'un de ses assaillants avait réussi à introduire sa main dans son caleçon et commençait à retrousser son prépuce.
La porte gicla brusquement et un solide garçon s'empara d'un des attaquants par les couilles et l'expédia brutalement dans le couloir où il put à loisir hurler de douleur, celui qui avait réussi à saisir le pénis de Jean, sous l'effet de l'uppercut en pleine poitrine cherchait son souffle alors que le troisième prenait la fuite.
Alphonse, car c'était lui le sauveur avait pris Jean dans ses bras où il pleurait silencieusement et le ramena dans sa chambre tout en le caressant, en lui murmurant qu'il ne risquait plus rien. Compte tenu de la différence de stature il avait presque l'impression qu'il le berçait dans ses bras.
Entre temps, un surveillant puis le directeur de l'internat étaient arrivés, attirés par les élèves de l'étage. Ils voulaient transférer Jean à l'infirmerie mais Alphonse s'y opposa catégoriquement
- Non, il n'est pas blessé, il a simplement besoin de tendresse, de compréhension et… non c'est tout.
- Mais tu ne le connais pas !
- Si, bien sûr que je le connais, nous sommes arrivés ici ensemble et je vais le prendre sous ma garde
Au bout d'un long moment Jean a fini par se calmer, il s'est même assoupi et c'est lorsque la cuisine nous a apporté notre dîner que la bonne odeur des plats l'a réveillé. À ce moment, mon cœur s'est rempli de joie lorsque j'ai vu, alors qu'il était encore un peu dans les vapes, le merveilleux sourire qu'il m'a adressé, un sourire où je voyais toute la reconnaissance qu'il éprouvait pour cette intervention miraculeuse autant qu'inattendue qui lui avait certainement éviter le pire.
Inutile de dire que les trois assaillants avaient été renvoyés immédiatement car un établissement comme l'internat ne pouvait se permettre un tel acte de violence, même si les règles de conduite étaient suffisamment larges pour que chacun puisse s'épanouir selon ses goûts et ses envies du moment. La condition sine qua non était que toute dérogation aux normes standards se passent dans la discrétion, même si tout le monde était au courant !
À la surprise générale Alphonse avait renoncer à sa chambre individuelle et avait fermement bataillé pour obtenir l'autorisation de s'installer dans la chambre de Jean, avec cette seule différence qu'il n'y avait plus quatre lits mais deux. Cette cohabitation pour laquelle Jean n'avait rien eu à dire paraissait logique compte tenu de ce qui s'était passé car il était devenu encore plus fragile.
Cette attaque, cette intrusion dans ce qu'il avait de plus intime et secret le replongeait dans une culpabilisation qui trouvait ses racines dans l'éducation qui avait été la sienne, même si au fond de lui-même, sans forcément le savoir, il rejetait déjà ces principes d'une autre époque.
Le souvenir de cette fin d'après-midi était donc complexe : d'un côté il avait le souvenir d'être terrorisé par ce qu'on lui infligeait, il ne pouvait pas sortir de son esprit ces doigts qui appuyaient sur son bas-ventre en cherchant à ouvrir le premier bouton de son pantalon ; pire, cette main qui dans la profondeur de son caleçon s'était saisie de son sexe. Mais en même temps, il ne pouvait pas nier qu'il avait éprouvé non pas du plaisir, mais une sensation qui lui rappela brièvement ce moment unique, qui avait causé sa perte, où il avait tenu quelques instants dans sa bouche le membre turgescent de ce Matthieu qui avait abusé de son ignorance.
Ce dont il se souvenait ce n'était ni la forme ou la grosseur, ni l'humidité ni même les contractions de ce muscle, c'était une certaine odeur exaltante. Cette odeur, il la retrouvait certain soir dans la chambre qu'il partageait maintenant avec Alphonse. Cette odeur ne le rebutait pas, il pressentait que c'était peut-être une ouverture vers un monde nouveau. Il se surprit le soir à attendre, dans l'obscurité de la chambre, cette effluve troublante. Un soir comme les autres il réalisa que c'était la senteur de son propre corps qui se confondait avec celle Alphonse. Il ne résista pas à toucher son sexe, il était dur…
L'hiver était particulièrement rude cette année, la neige était plus qu'abondante et la température atteignait des minimum inhabituels même pour cette région habituée au froid. Mais cette rigueur avait une contrepartie avec des paysages à couper le souffle. Alphonse avait toujours été très sportif et il accueilli avec un plaisir évident cette rudesse de la nature de sorte que chaussé de skis de randonnée, il prit l'habitude de sortir, quelque soit le temps pour deux trois heures dans ce fond de vallée. Lorsqu'il rentrait, le visage rouge de plaisir mais également du fait de la température très basse, il décrivait ce qu'il éprouvait lorsque ses skis glissaient dans la poudreuse
et que les sapins croulaient sous la masse de neige qui s'accumulait depuis une bonne dizaine de jours.
Un jour, il ne me demanda pas mon avis
- Voilà Jean, tu t'habilles chaudement, tu prends ce qui est sur ce papier et je vais t'emmener dans un endroit magique
- Hé ! tu as vu le temps qu'il fait, il neige sans arrêt…
- Oui, je sais mais nous en auront pour moins de deux heures et je connais très bien le chemin. Allez, ouste, prépare-toi !
- Mais tu as vu le thermomètre et je ne suis pas un bon skieur, j'ai aucun entraînement, j…
- Ne discute pas, j'ai décidé, oui décidé, que tu viendrais avec moi. [sur un ton presque suppliant]
- Ait confiance en moi !
Evidemment je cédais, je lui devais tant. Et franchement, je l'aimais bien ma brute d'Alphonse avec ses moments de tendresse lorsque j'allais mal, les moments où il me houspillait lorsque je sombrais dans la mélancolie. Il avait un beau corps, musclé par le sport qu'il pratiquait régulièrement, même avec un certain acharnement comme s'il voulait dominer je ne sais quoi. Et son corps je ne pouvais m'empêcher de l'admirer le soir lorsqu'il se déshabillait. Donc je me suis préparé en suivant ses instructions et après le repas nous sommes partis, lui avec un gros sac à dos, le directeur ayant encore échangé quelques mots ce qui me surpris.
Après moins de cinquante mètres, les bâtiments de l'institut avaient disparu sous les assauts de la neige qui tombait silencieusement à gros flocon. Le temps était vraiment horrible, de temps à autre une masse neigeuse tombait des branches ce qui leur permettaient de brusquement se redresser. Le plus impressionnant était le silence sculptural de la forêt que seul le crissement de nos skis troublait. De temps à autre on discernait vaguement la trace d'un animal, une fois un oiseau prit lourdement son envol. Je me taisais, j'étais saisi par cette ambiance immobile qui malgré le silence qui l'englobait était vivante. Je marchais dans la trace faite par Alphonse ce qui créait comme un lien physique entre nous se superposant à une certaine mystique imposée par ce cadre que je découvrais avec une joie profonde, grâce à lui. Ma famille biologique était comme oubliée, je les plaignais de se complaire dans ce qui était leur monde terriblement terre à terre face à ce monde que Alphonse m'ouvrait.
Nous arrivions dans une clairière au milieu de laquelle surgit une petite lumière et une fumée qui sortait de la cheminée. La porte avait été fraîchement déneigée. Alphonse s'arrêta et se retourna en secouant la neige qui le recouvrait. Il avait un air heureux que je ne lui connaissais pas, c'était presque un autre homme et je ressentis comme une chaleur envahir non pas mon corps car il faisait vraiment froid mais mon esprit. Avant d'entrer et après m'avoir enlevé la neige qui me recouvrait, je vis son regard me fixant, très doucement son visage s'approcha du mien, ses lèvres se tendirent légèrement en avant, comme s'il voulait embrasser quelqu'un. Il n'y avait que lui et moi.
Dans le gros sac qu'Alphonse, il y avait tout ce qui était nécessaire pour un bon repas, la température dans ce petit nid perdu dans la montagne était agréable : il faut dire que le matin, sans rien me dire, il avait déjà fait l'aller et retour pour préparer notre venue. Il n'empêche que le thermomètre était loin d'afficher le niveau auquel nous étions habitués. J'avais pourtant l'habitude de dormir dans la même pièce que Alphonse mais le lieu inhabituel, notre solitude à deux et peut-être ce baiser que nous avions échangé en arrivant de manière si brève que l'on pouvait se demander s'il avait réellement eu lieu ou si c'était le fruit de l'imagination. Quel qu'en soit la raison, Jean montrait une certaine nervosité et ce n'est que lorsqu'il vit son camarade conserver son boxer qu'il commença également à se préparer pour la nuit.
Au fur et à mesure que le temps s'écoulait le froid s'accentuait et les corps se rapprochaient pour mieux résister à la température. Les boxers n'empêchaient pas les contacts d'abord involontaires puis d'être le résultat d'une envie irrésistible. Fruit du hasard, les mains découvrirent un corps qui n'était pas le leur, qu'elles ne connaissaient pas et que la curiosité poussait à explorer. Dès qu'une terre inconnue a été découverte, la nature humaine veut qu'on ne s'arrête pas en route mais qu'on aille plus loin, toujours plus loin. Apparemment, il en était de même lorsque deux corps sont suffisamment proches, lorsque l'envie de l'autre s'installe mystérieusement, que les odeurs se mélangent tout naturellement.
À force de découverte, l'aventure aurait pu s'arrêter mais il y restait un dernier pas à franchir, la fusion physique des corps avec la transfusion des fluides.
Vers quatre heure du matin, alors qu'il neigeait toujours abondamment, le transfert chromosomique étant accompli, Alphonse et Jean purent se dire : je t'aime. C'est à ce moment qu'ils entendirent des grelots, le Père Noël commençait sa tournée...
Et ils s'aimèrent, beaucoup et pour longtemps, très longtemps.
La neige tombait toujours sans discontinuer depuis dix jours...
Si deux êtres n'auraient jamais dû être ensemble, c'est bien Alphonse et Jean.
Le premier appartenait à une classe sociale où une grande liberté était accordée à leurs progénitures pour autant que les conventions sociétales soient respectées, que rien ne transpire vers l'extérieur. La consigne pour Alphonse était clairement qu'il pouvait faire ce qu'il voulait pour autant que la Famille ne puisse rien lui reprocher, que rien ne transpire à l'extérieur. Et il en profitait largement, croyez-moi, il en usait et même en abusait. Ce principe absolu valait également, et encore plus pour la Société dans laquelle se complaisaient ses proches et moins proches.
Un jour son père l'avait mis en garde
"Je me fiche de ce que tu fais, c'est ta liberté. Que tu aimes les filles est une bonne chose et je m'en réjouirais. Mais si tu devais aimer les garçons, c'est ton problème mais gare à toi car s'il devait y avoir le moindre soupçon la conséquence serait sans pitié. Prends garde à toi mon garçon !"
Quelques mois plus tard, Alphonse se retrouvait dans un internat très fermé même si très sélecte dans une région semi-montagneuse du centre de la France où nul ne pouvait se perdre car il n'y avait qu'une route qui y menait pour se terminer derrière les bâtiments. L'objectif consistait à inculquer à ces jeunes gens que leurs hormones devaient vivre comme bon leur semblaient mais sans perturber les principes de la liberté qui leur était accordée par une société bien-pensante. Les privilégiés de cet internat se rattachaient aussi bien au monde classique des amours mixtes qu'à celui plus restreints des attirances (ou plus) entre garçons. Quelques-uns vivaient une double vie. Leur point commun et c'était le côté fort de cet institution, ils se respectaient tous et profitaient les uns des autres et apprenaient à se comporter comme tout un chacun...
Le beau garçon qu'était Alphonse ne fut donc pas trop dépaysé car il avait fort bonne mine, ne serait-ce que par son air viril mis en évidence par une carrure musclée là où il le fallait de sorte qu'il devint rapidement la coqueluche de ce petit monde. Ce rang de leader n'était pas pour lui déplaire mais il n'en tirait aucune gloire particulière car c'était foncièrement un garçon agréable à vivre, qui s'imposait non pas tellement par la force (mais il ne fallait pas non plus le provoquer) que par un sens des compromis de sorte qu'il n'avait aucun concurrent à vraiment redouter.
Jean était le dernier d'une fratrie de six enfants composée en nombre égal de filles et de garçons. Les parents, plus tout jeunes, étaient d'une sévérité rigoureuse ne tolérant aucun écart de conduite ce qui ne les empêchaient pas d'aimer sincèrement leur progéniture.
Un "cahier des charges" avait été établi en commun par les jeunes et leurs parents, ces derniers se réservant bien sûr le dernier mot, un droit dont ils faisaient fréquemment usage ce qui était accepté par tout le monde car considéré comme tout à fait normal.
Tout le monde sauf le petit dernier, Jean allait avoir dix-huit ans sous peu, qui était doux et même timide mais qui avait une notion de la discipline qui n'entrait pas dans la conception familiale. Fréquemment, il s'autorisait à contester certaines règles du cahier, parfois sur des points sans réelles importance mais également, et là ça se passait souvent très mal, sur des points mettant en doute la notion de solidarité et d'entraide familiale, pire allant jusqu'à refuser des règles de conduite pourtant élémentaires comme, par exemple, refuser de se soumettre à l'opinion de la majorité, majorité facile à constituer grâce à la poigne autoritaire, il faut l'admettre, des deux parents et à laquelle tous se pliaient de bon gré tellement ce mode de vie faisait partie de l'ADN familial.
Jean était donc le mouton noir de la petite tribut et tous en avaient vraiment ras le bol de ce mauvais esprit qui à la longue aurait pu compromettre l'unité familiale. De fait, tous attendaient avec impatience que Jean atteigne ses 18 ans. Mais attention, un droit coutumier ancestral [une vue de mon imagination] donnait certains pouvoirs aux détenteurs de l'autorité familiale jusqu'à l'âge de 21 ans.
Jean ne pouvait donc pas faire, dire ou même penser ce qu'il voulait. Il le savait et se taisait, mais en secret menait sa petite vie à lui. Un jour, alors que Matthieu et Jean se croyaient tranquille dans la chambre d'hôtel qu'ils avaient réservée, le père et ses deux aînés firent irruption : le tableau fut saisissant et inconcevable, Jean était nu, entre les jambes de son ami, en train de lui pratiquer une fellation qui arrivait dans sa phase finale avec tous les gémissements et flop, flop inhérents à ce stade ultime.
Fruit du hasard, Alphonse et Jean étaient attendus le même jour par un des véhicules de l'internat, aucun des deux ne prononça un mot, écrasés qu'ils étaient par la sévérité mais également par la beauté du paysage sans parler bien sûr de l'inconnu de ce qui les attendait. La neige commençait à tomber et à blanchir les prés. On était à mi-octobre, cela promettait !
L'internat était plus que confortable et il ne fait pas l'ombre d'un doute qu'il n'était pas à la portée de tout le monde. Les chambres étaient grandes et confortables, les lieux communs plus qu'agréables et la nourriture ne laissait en rien à désirer.
Les garçons vivaient en communauté et comme toujours on y rencontrait une multitude de caractères, ceux qui ne se mélangeaient pas et vivaient seuls chaque fois qu'ils le pouvaient, ceux qui au contraire recherchaient les contacts et c'était nettement la majorité. Il y avait des physiques qui attiraient l'attention, d'autres qui laissaient indifférents, certains, rares, qui n'avaient pas été gâtés par la nature ou les chromosomes parentaux. Indubitablement Alphonse faisait partie de la première catégorie alors que Jean était un peu inclassable, il était certes plaisant mais sa minceur, une certaine fragilité et sa retenue diminuait l'attrait qu'il pouvait exercer.
Alphonse avait une chambre à deux lits mais dont un seul était occupé alors que Jean partageait son logement avec trois autres congénères. Les deux garçons, arrivés simultanément à l'internat n'avaient aucune relation entre eux, sinon un bref salut de la tête lorsqu'ils se croisaient.
Après quelques temps pour s'adapter aux divers cursus scolaires ou préuniversitaires, la routine quotidienne s'était installée, les affinités s'étaient créés et certains regroupements entre les étudiants étaient visibles. Certains de ces groupes étaient clairement ouverts à tous tandis que d'autres semblaient comme enveloppés d'un voile mystérieux. C'était notamment le cas des trois colocataires de Jean qui ne s'occupaient guère de lui alors qu'ils étaient copain-copain avec les chambres voisines. Parfois même Jean avait l'impression qu'on le regardait d'un drôle d'air, un peu comme un être à part.
Toute son éducation avait contribué à ce qu'il considère son corps comme quelque chose de strictement confidentiel, qu'il ne fallait jamais montrer à qui que ce soit : il n'avait jamais vu ses frères nus, ni même en slip ou en train de prendre une douche. De même son corps n'était connu que de lui-même et c'était toujours avec honte qu'il osait, quand il n'en pouvait plus, se masturber. Il ignorait bien sûr ce que faisaient ses frères et leurs amis, mais il aurait pu parier qu'ils contrôlaient parfaitement leurs hormones avec une abstinence totale, sauf bien sûr les émissions nocturnes.
C'est la raison que sa timidité naturelle mais particulièrement à ce sujet le poussait souvent à prendre sa douche pendant le temps libre avant le repas du soir, il était certain d'être seul à ce moment crucial où il n'avait plus aucun vêtement sur lui.
Une fin d'après-midi alors qu'il revenait de la salle d'étude et qu'il était étendu habillé sur son lit, trois individus dont deux de ses colocataires se précipitèrent sur lui et le trainèrent aux douches communes. Malgré sa résistance acharnée et ses cris, ils réussirent à lui déboutonner son pantalon puis en dépit de ses efforts à lui enlever son pantalon. Malgré les coups de jambe et de pied, de ses hurlements, l'un de ses assaillants avait réussi à introduire sa main dans son caleçon et commençait à retrousser son prépuce.
La porte gicla brusquement et un solide garçon s'empara d'un des attaquants par les couilles et l'expédia brutalement dans le couloir où il put à loisir hurler de douleur, celui qui avait réussi à saisir le pénis de Jean, sous l'effet de l'uppercut en pleine poitrine cherchait son souffle alors que le troisième prenait la fuite.
Alphonse, car c'était lui le sauveur avait pris Jean dans ses bras où il pleurait silencieusement et le ramena dans sa chambre tout en le caressant, en lui murmurant qu'il ne risquait plus rien. Compte tenu de la différence de stature il avait presque l'impression qu'il le berçait dans ses bras.
Entre temps, un surveillant puis le directeur de l'internat étaient arrivés, attirés par les élèves de l'étage. Ils voulaient transférer Jean à l'infirmerie mais Alphonse s'y opposa catégoriquement
- Non, il n'est pas blessé, il a simplement besoin de tendresse, de compréhension et… non c'est tout.
- Mais tu ne le connais pas !
- Si, bien sûr que je le connais, nous sommes arrivés ici ensemble et je vais le prendre sous ma garde
Au bout d'un long moment Jean a fini par se calmer, il s'est même assoupi et c'est lorsque la cuisine nous a apporté notre dîner que la bonne odeur des plats l'a réveillé. À ce moment, mon cœur s'est rempli de joie lorsque j'ai vu, alors qu'il était encore un peu dans les vapes, le merveilleux sourire qu'il m'a adressé, un sourire où je voyais toute la reconnaissance qu'il éprouvait pour cette intervention miraculeuse autant qu'inattendue qui lui avait certainement éviter le pire.
Inutile de dire que les trois assaillants avaient été renvoyés immédiatement car un établissement comme l'internat ne pouvait se permettre un tel acte de violence, même si les règles de conduite étaient suffisamment larges pour que chacun puisse s'épanouir selon ses goûts et ses envies du moment. La condition sine qua non était que toute dérogation aux normes standards se passent dans la discrétion, même si tout le monde était au courant !
À la surprise générale Alphonse avait renoncer à sa chambre individuelle et avait fermement bataillé pour obtenir l'autorisation de s'installer dans la chambre de Jean, avec cette seule différence qu'il n'y avait plus quatre lits mais deux. Cette cohabitation pour laquelle Jean n'avait rien eu à dire paraissait logique compte tenu de ce qui s'était passé car il était devenu encore plus fragile.
Cette attaque, cette intrusion dans ce qu'il avait de plus intime et secret le replongeait dans une culpabilisation qui trouvait ses racines dans l'éducation qui avait été la sienne, même si au fond de lui-même, sans forcément le savoir, il rejetait déjà ces principes d'une autre époque.
Le souvenir de cette fin d'après-midi était donc complexe : d'un côté il avait le souvenir d'être terrorisé par ce qu'on lui infligeait, il ne pouvait pas sortir de son esprit ces doigts qui appuyaient sur son bas-ventre en cherchant à ouvrir le premier bouton de son pantalon ; pire, cette main qui dans la profondeur de son caleçon s'était saisie de son sexe. Mais en même temps, il ne pouvait pas nier qu'il avait éprouvé non pas du plaisir, mais une sensation qui lui rappela brièvement ce moment unique, qui avait causé sa perte, où il avait tenu quelques instants dans sa bouche le membre turgescent de ce Matthieu qui avait abusé de son ignorance.
Ce dont il se souvenait ce n'était ni la forme ou la grosseur, ni l'humidité ni même les contractions de ce muscle, c'était une certaine odeur exaltante. Cette odeur, il la retrouvait certain soir dans la chambre qu'il partageait maintenant avec Alphonse. Cette odeur ne le rebutait pas, il pressentait que c'était peut-être une ouverture vers un monde nouveau. Il se surprit le soir à attendre, dans l'obscurité de la chambre, cette effluve troublante. Un soir comme les autres il réalisa que c'était la senteur de son propre corps qui se confondait avec celle Alphonse. Il ne résista pas à toucher son sexe, il était dur…
L'hiver était particulièrement rude cette année, la neige était plus qu'abondante et la température atteignait des minimum inhabituels même pour cette région habituée au froid. Mais cette rigueur avait une contrepartie avec des paysages à couper le souffle. Alphonse avait toujours été très sportif et il accueilli avec un plaisir évident cette rudesse de la nature de sorte que chaussé de skis de randonnée, il prit l'habitude de sortir, quelque soit le temps pour deux trois heures dans ce fond de vallée. Lorsqu'il rentrait, le visage rouge de plaisir mais également du fait de la température très basse, il décrivait ce qu'il éprouvait lorsque ses skis glissaient dans la poudreuse
et que les sapins croulaient sous la masse de neige qui s'accumulait depuis une bonne dizaine de jours.
Un jour, il ne me demanda pas mon avis
- Voilà Jean, tu t'habilles chaudement, tu prends ce qui est sur ce papier et je vais t'emmener dans un endroit magique
- Hé ! tu as vu le temps qu'il fait, il neige sans arrêt…
- Oui, je sais mais nous en auront pour moins de deux heures et je connais très bien le chemin. Allez, ouste, prépare-toi !
- Mais tu as vu le thermomètre et je ne suis pas un bon skieur, j'ai aucun entraînement, j…
- Ne discute pas, j'ai décidé, oui décidé, que tu viendrais avec moi. [sur un ton presque suppliant]
- Ait confiance en moi !
Evidemment je cédais, je lui devais tant. Et franchement, je l'aimais bien ma brute d'Alphonse avec ses moments de tendresse lorsque j'allais mal, les moments où il me houspillait lorsque je sombrais dans la mélancolie. Il avait un beau corps, musclé par le sport qu'il pratiquait régulièrement, même avec un certain acharnement comme s'il voulait dominer je ne sais quoi. Et son corps je ne pouvais m'empêcher de l'admirer le soir lorsqu'il se déshabillait. Donc je me suis préparé en suivant ses instructions et après le repas nous sommes partis, lui avec un gros sac à dos, le directeur ayant encore échangé quelques mots ce qui me surpris.
Après moins de cinquante mètres, les bâtiments de l'institut avaient disparu sous les assauts de la neige qui tombait silencieusement à gros flocon. Le temps était vraiment horrible, de temps à autre une masse neigeuse tombait des branches ce qui leur permettaient de brusquement se redresser. Le plus impressionnant était le silence sculptural de la forêt que seul le crissement de nos skis troublait. De temps à autre on discernait vaguement la trace d'un animal, une fois un oiseau prit lourdement son envol. Je me taisais, j'étais saisi par cette ambiance immobile qui malgré le silence qui l'englobait était vivante. Je marchais dans la trace faite par Alphonse ce qui créait comme un lien physique entre nous se superposant à une certaine mystique imposée par ce cadre que je découvrais avec une joie profonde, grâce à lui. Ma famille biologique était comme oubliée, je les plaignais de se complaire dans ce qui était leur monde terriblement terre à terre face à ce monde que Alphonse m'ouvrait.
Nous arrivions dans une clairière au milieu de laquelle surgit une petite lumière et une fumée qui sortait de la cheminée. La porte avait été fraîchement déneigée. Alphonse s'arrêta et se retourna en secouant la neige qui le recouvrait. Il avait un air heureux que je ne lui connaissais pas, c'était presque un autre homme et je ressentis comme une chaleur envahir non pas mon corps car il faisait vraiment froid mais mon esprit. Avant d'entrer et après m'avoir enlevé la neige qui me recouvrait, je vis son regard me fixant, très doucement son visage s'approcha du mien, ses lèvres se tendirent légèrement en avant, comme s'il voulait embrasser quelqu'un. Il n'y avait que lui et moi.
Dans le gros sac qu'Alphonse, il y avait tout ce qui était nécessaire pour un bon repas, la température dans ce petit nid perdu dans la montagne était agréable : il faut dire que le matin, sans rien me dire, il avait déjà fait l'aller et retour pour préparer notre venue. Il n'empêche que le thermomètre était loin d'afficher le niveau auquel nous étions habitués. J'avais pourtant l'habitude de dormir dans la même pièce que Alphonse mais le lieu inhabituel, notre solitude à deux et peut-être ce baiser que nous avions échangé en arrivant de manière si brève que l'on pouvait se demander s'il avait réellement eu lieu ou si c'était le fruit de l'imagination. Quel qu'en soit la raison, Jean montrait une certaine nervosité et ce n'est que lorsqu'il vit son camarade conserver son boxer qu'il commença également à se préparer pour la nuit.
Au fur et à mesure que le temps s'écoulait le froid s'accentuait et les corps se rapprochaient pour mieux résister à la température. Les boxers n'empêchaient pas les contacts d'abord involontaires puis d'être le résultat d'une envie irrésistible. Fruit du hasard, les mains découvrirent un corps qui n'était pas le leur, qu'elles ne connaissaient pas et que la curiosité poussait à explorer. Dès qu'une terre inconnue a été découverte, la nature humaine veut qu'on ne s'arrête pas en route mais qu'on aille plus loin, toujours plus loin. Apparemment, il en était de même lorsque deux corps sont suffisamment proches, lorsque l'envie de l'autre s'installe mystérieusement, que les odeurs se mélangent tout naturellement.
À force de découverte, l'aventure aurait pu s'arrêter mais il y restait un dernier pas à franchir, la fusion physique des corps avec la transfusion des fluides.
Vers quatre heure du matin, alors qu'il neigeait toujours abondamment, le transfert chromosomique étant accompli, Alphonse et Jean purent se dire : je t'aime. C'est à ce moment qu'ils entendirent des grelots, le Père Noël commençait sa tournée...
Et ils s'aimèrent, beaucoup et pour longtemps, très longtemps.