Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES)

[fablelionsilencieux]

Un hors série, phrasette de départ,

Il sort du cabinet médical et se retrouve, seul, dans la rue...

-  ‘Il sort du cabinet médical et se retrouve, seul, dans la rue’... Ben, la voilà, la trame de mon histoire, ai-je entendu derrière moi, sitôt que la porte vitrée s’était lentement refermée.
Je me suis retourné sur un ancien pote de lycée, plus croisé depuis sept ans, qui termine sa clope.
- Oh ! Léo, salut, ça va ? Comment ça, quelle histoire ?
- Vrai que ça fait un bail, mais tu n'as pas changé. Bah, écoute, je participe à un atelier d’écriture, cette phrase est le défi pour la prochaine séance, et je te retrouve justement ici, c’est amusant.
- Tu détestais les compos en français, du coup, je ne t’imagine tellement pas écrire… Mais quoi, en fait, de la fantasy ? Attends, ne me dis pas que ce sont des histoires d’amour…
- Pas vraiment, non, le thème, ce mois-ci, ce sont les histoires… érotiques, voilà.
- Truffées de poitrines généreuses et de foufounes avides, pas mon trip, tu me connais, déjà à l’époque...
- Non, pas de filles, et oui… enfin, sans vraiment avoir eu l’occasion te connaitre, je me souviens de toi, moi, personne ne me remarquait...
- Oh si, et je te trouvais rudement mignon, désolé si je te choque, mais puisque tu te souviens, tu sais que je n’ai pas trop de filtre, et vraiment rien à foutre des jugements ! Sinon, pas de meufs, ça laisse l’option du masturbateur solitaire… Ah, pas ça non plus, ok… ça laisse celle de… Wow ! Tu parles d’un défi… Et tu te dis que ma petite vie débridée pourrait t’inspirer ?
- Je ne te juge pas, et m’inspirer… tu le fais depuis la troisième, tu étais libre, tu t’assumais parfaitement… toi, a-t-il admis, en cherchant des yeux une poubelle où jeter son mégot. ‘’Dis, je viens juste récupérer une ordonnance au secrétariat, mais ça te dit d’aller boire un verre ensuite ? Je me dépêche.’’
Il a couru dans le bâtiment, me laissant avec mes pensées. Mais qu’a-t-il dit, là ? Que je… l’inspire ? Et aussi que je m’assumais, moi… Woputain, Léo serait… gay ? Et un gay honteux, au fond du placard ?
J’ai légèrement sursauté lorsqu’il a posé une main sur mon épaule, l’autre agitant une feuille de papier. ‘’Oh, t’es déjà de retour, ben… vamos ! Je passe vite à la pharmacie, ordonnance électronique pour moi’’ ai-je soufflé en sortant mon smartphone. ‘’Tu pourrais en profiter pour retirer ton médoc. Viens.’’
 
- Hmmm, oui, je vais vous chercher la… enfin, l’article, quoi, m'a dit l’apothicaire, à voix basse.
- La PrEP, oui… ai-je claironné. ''Dis, tu connais ? C’est un traitement préventif contre la transmission du VIH, ça dispense de latex. Tu me trouvais… libre, c’est ça ? Je le serai encore plus, parait que c’est très différent... Ah, merci, monsieur, c’est parfait. À toi, Léo.’’
Il a voulu être plus discret que moi, mais j’ai reconnu le nom de son médicament.
- Du fucidin… un poil incarné ? Je pourrai te l’appliquer ? J’espère qu’il est à un endroit gênant.
- Jonas, arrête, s’il te plait, je sais bien que tu es désinhibé mais booon…
Le pharmacien a levé les yeux au plafond et murmuré ‘’Vous savez qu’il faut entamer votre traitement deux jours avant de… heum… pratiquer, non ?
- Juste, Auguste… Je suis dans les temps pour ce week-end, mais d’ici-là… je vais aussi prendre une boite de préservatifs, s’il vous plait.
 
Sur le trottoir, j’ai tenté de rompre le silence. ‘’Au fait, pour les histoires pour ton atelier d’écriture, quelle est la part autobiographique ?’’
- Pure fiction… Connaissance théorique, on dira, a-t-il soufflé.
- Euh… Léo… ce verre… ça ne te dit pas de venir le boire chez moi ? Je dis ça, c’est juste histoire de te… enfin… de libérer ton imagination, genre… en t’expliquant deux-trois trucs, quoi.
‘Ou en te montrant’ ai-je pensé.
 
Ben quoi ? Je suis juste altruiste, là, roooh ! Je lui laisse ses défis littéraires, mais c’en est également un de décoincer un gay honteux, ils sont si émouvants lorsqu’ils s’abandonnent… Puis, bon, il y a des missions de sauvetage plus désagréables, si je le trouvais effectivement mignon en troisième, il y a décidément des mecs qui passent mieux la puberté que d’autres.
Il a secoué la tête, avant de me regarder en coin.
Et je pourrais jurer qu’il a esquissé un sourire juste un peu gêné…
 
Mais il est venu, et même s’il a arrêté de prendre des notes après cinq minutes, il est resté. Je lui ai filé une brosse à dents de réserve, vu qu’il a les lèvres douces, mais plonger ma langue dans un cendrier…
Le vendredi soir, il m’attendait au pied de mon immeuble, on a entamé le second article - pas encore vraiment accessoire, tout compte fait - que j’avais pris à la pharmacie.
Le samedi, je l’ai trainé et exhibé devant mes potes au Gaypard, avant de le ramener chez moi, à son tour désinhibé par les deux vodkas-Redbull et, le traitement faisant désormais effet, sans latex, cette fois… Je peux dire que, ouais, c’est différent.
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