08-03-2024, 03:59 AM
Une phrasette retardataire
— Si tu m’aimes vraiment et si je t’aime vraiment, je serai là demain...
C'était quoi, ce langage abstrus ? se demanda Frédéric en quittant le frêle Séverin, au sortir du Sambre et Meuse, le grand café branché du centre ancien. C'est la Leffe qui lui tape au plafond, ou quoi ?
Situons ces jeunes gens, tous deux en deuxième année de fac — pas la même — en la ville de Namur. Ils s'étaient rencontrés au basket, où tous deux ne se débrouillaient pas mal, étant fort grands. Mais si Séverin était une fine asperge blonde, Frédéric était joliment baraqué, et du reste bien velu de châtain... ce qui lui donnait une allure virile où Séverin ne pouvait évidemment prétendre.
Ça faisait maintenant près de trois mois que l'année universitaire avait commencé, et l'on avait copiné, doucement, Séverin ne s'offusquant pas des remarques ironiques d'un Frédéric à qui il avait fini par demander des conseils. Et l'on avait enfin pris l'habitude de se retrouver au Sambre et Meuse, après l'entraînement du vendredi.
Or ce soir-là Frédéric, qui ne faisait jamais mystère de ses bonnes fortunes en ville — ou même à Liège, où il avait ses alcôves — avait avoué rester en plan le lendemain soir. et Séverin en avait profité pour l'inviter à dîner, ce qui serait une première.
D'abord, Frédéric avait été étonné et amusé aussi par ce petit mec dont il ignorait la vie privée. Mais le mecton paraissait sérieux, et il accepta le rendez-vous, persuadé qu'après la pizza et la Leffe de rigueur, on se séparerait comme à l'accoutumée.
Et voilà que ce p'tit con lui sortait ça ! Il eut d'abord le réflexe d'annuler... avant de se demander de quoi il devait avoir peur. Il trouva tout de suite : sûrement que ce mec était gay, chose qu'il n'avait pas devinée du tout ! En vérité, ses rapports avec les gays étaient quasi nuls... car il faisait beaucoup de sport, et ce n'est habituellement pas là qu'ils se révèlent. Et il n'en connaissait pas... du moins officiellement.
Il sourit en songeant qu'il avait eu peur une seconde de cette mauviette, qu'il pouvait casser en deux d'une seule baffe ! Donc il irait, bravement.
Il eut alors un appel de son ami Benoît, joli mec tout aussi séducteur, mais non basketteur, à qui il conta son aventure présente.
— Ouaouh ! Tu vas te faire un p'tit cul de mec, donc ? Et musclé, en plus, s'il fait du sport ! Veinard, va !
— Hep ! Tu causes de quoi, là ? s'insurgea Frédéric, ça va pas, non ?
— Je dis que t'aimes le sexe au moins autant que moi, et qu'à ma connaissance, t'as jamais fourré de mec, non ?
— Ben... et alors ?
— Alors j'espère que tu vas pas rater l'occase... sinon, tu me le présentes, ton soupirant... et je me charge de le faire gueuler, au lieu de soupirer !
— Mais, Benoît !...
Derrière sa jolie gueule de gendre idéal, Benoît cachait un esprit hautement aiguisé, et disposait d'un redoutable sens de la répartie. Et c'était apparemment un joli vicelard ! Frédéric soupira :
— Tu me donnes envie de plus y aller, maintenant...
— Siiiii ! Je veux savoir comment c'est, un trou de mec !
On s'en tint là ; Frédéric n'aurait certes oncques imaginé que la somme toute gentille invitation de son pote de basket le pût mener à d'aussi âpres débats intérieurs !
Il parut donc au Sambre et Meuse, devant lequel l'attendait un Séverin tout sourire.
— On va pas là... J'ai réservé au P'tit Grognon... Tu viens ?
Cet établissement était sis non loin du Grognon, pointe au confluent de la Sambre et de la Meuse... et était en ville considéré comme plutôt chic. Mais Frédéric n'osa pas moufter, et il suivit, se demandant franchement de quoi son proche avenir serait fait... Non qu'il le redoutât vraiment, mais c'était si étrange, tout ça !
L'endroit était cosy, et le moment le fut plus encore. Séverin était la douceur même, et Frédéric se demanda mainte fois ce qu'il faisait là avec un mec qui manifestement ne le draguait pas, tout en s'intéressant réellement à lui...
Il était onze heures et demie quand on quitta le restaurant, et Frédéric était rassuré : ce mec, quoi qu'il eût derrière la tête, était la classe même. et il proposa spontanément :
— C'était super, merci ! Je t'offre le péket [genièvre, en Wallonie] au Sambre et Meuse ?
On se propulsa donc vers ce prestigieux établissement qui, un samedi soir, était évidemment bondé. On y entra cependant... pour tomber sur un Benoît qui était attablé avec une drôlesse. Gêné, Frédéric salua son ami qui le fit approcher :
— Venez avec nous, les mecs, c'est plein, ici ! On va se pousser !
— Pas la peine ! dit la fille, je dois y aller. Merci, mon chouchou, on se voit bientôt ?
Et le nana de se tirer. Benoît fit signe à Frédéric de prendre sa chaise, tandis qu'il invitait Séverin à se poser près de lui sur la banquette.
— Bon ! fit-il après les présentations, j'offre une tournée de péket... pour commencer !
Frédéric craignit ce que cette grande gueule de Benoît pourrait dire comme conneries, mais ce bel enfant fut d'une retenue remarquable, et de péket en péket, la conversation s'anima. Enfin, Benoît déclara :
— J'ai des bulles françaises, les mecs, vous venez finir la soirée chez moi ?
Frédéric jeta un œil sur un Séverin un peu allumé, qui accepta tout de suite. Et l'on se transporta pas loin d'ici dans le joyeux bordel de Benoît. Voyant l'air surpris de Séverin, Frédéric osa :
— Sérieusement, t'amènes des nanas ici ?
— Quand elles voient ma bite, elles oublient tout le reste !
— T'as intérêt à faire vite, alors, ah ! ah !
— L'écoute pas, il est jaloux ! fit Benoît à un Séverin rieur.
Et l'on passa aux bulles. Où Frédéric finit par être énervé par le numéro que Benoît fit à Séverin. Car il en faisait beaucoup, le Benoît, dans le genre « je touche à rien, mais j'en cause quand même »... Et il était près d'une heure quand il décida de se tirer :
— Tu viens ? demanda-t-il à Séverin.
— Non... minauda celui-ci, j'me sens bien ici... si je peux rester... Benoît ?
Benoît ayant acquiescé dans un sourire triomphant, Frédéric s'en fut, hautement marri. Certes, il aurait dû s'en foutre que son pote niquât Séverin, mais... non, décidément, ça le faisait bien chier ! Mais pourquoi ?
Rentré chez lui, il se servit une dose de péket à assommer un aurochs, et composa ce message : « Merci pour ce bon moment, et pour le dîner. On se voit demain ? » Mais il n'eut pas de réponse immédiate : ces deux cochons-là avaient-ils commencé à baiser juste après son départ ? Merde, alors !
Au matin, il eut un message qui le laissa sur sa faim : « Oui, si tu veux. Appelle-moi » La froideur du ton le laissa rudement mal à l'aise ! Mais la vie continuait, et vers onze heures ce dimanche, il fut appelé par le scintillant Benoît :
— Eh ben toi, je sais pas ce que tu lui as fait... ou plutôt pas fait, mais... il a rien voulu de moi... au motif d'un mystérieux mec dont il est amoureux, et qu'il ne veut pas tromper avant de savoir si quelque chose est possible ! J'ai pas eu de mal à deviner qu'il parlait de toi... Il t'avait cité tout le temps, avant que j'attaque. Donc il est pur, intact et bien amoureux, ton mecton, avec certificat de conformité !
Frédéric resta sans voix. Il finit par murmurer :
— Merci, Benoît, je... sais pas quoi te dire d'autre.
— Moi si : tu fermes les yeux, il te lèche, il te suce, et tu l'encules comme un fou, c'est pas difficile à comprendre, ça, je crois ? Et tu me racontes, évidemment, hein, veinard !
Mais Frédéric n'eut rien à raconter... car il vit Séverin dans la demi-heure... et celui-ci lui parut singulièrement coincé, quand bien il souriait tout le temps.
— Gentil, ton pote Benoît, mais... j'ai pas bien compris ce qu'il me voulait : il est pas gay, je crois ?
— Non, non !
— Bon. Alors il avait peut-être un peu trop bu.. Mais c'est pas grave : il est joli quand même !
Et Frédéric d'apprécier ensuite l'exquise gentillesse de Séverin... sans savoir s'il le draguait, ou s'il était toujours comme ça. Mais... cette incertitude le troubla, et il apprécia grandement la réserve du garçon. Et il ne se passa donc rien.
Frédéric nota dans sa tête tous les compliments que distillait Séverin, mais... pouvaient-ils passer pour des déclarations ? Et, in fine, est-ce qu'il ne nageait tout simplement pas dans une glauque mare de fantasmes ?
Ce fut bien frustré qu'il quitta son pote de basket, comme il continuait à l'appeler. Était-il dans le vrai, ou dans le délire ?
Il avait évidemment un message de Benoît... des messages, plutôt ! Il se résolut à l'appeler, la mort dans l'âme.
— Bon ! Si t'en veux pas, et s'il est mou de la chatte, moi, je reprends l'affaire : j'ai envie de me le bourrer, çui-là !
— Mais, Benoît ! Non, non, tu peux pas !...
— T'en veux, ou t'en veux pas ?
— Oh, je... Oui, j'en veux, voilà !
Arraché au forceps, voilà un aveu qui venait cependant du cœur de Frédéric, qui le regretta aussitôt ! Ou plutôt... il regretta de l'avoir fait devant Benoît. Trop tard !
Perdu, il se mit à pleurer à chaudes larmes, longtemps.
Un message de Séverin le rasséréna : « Bon moment avec toi, Frédéric ! On recommence ? Appelle-moi quand tu veux. »
Il fallut un bon moment avant que Frédéric se décidât à appeler... celui dont il voulait, désormais.
— T'as pas l'air en forme, remarqua tout de suite Séverin.
— Oh... Non,je suis un peu dans les vapes, là.
— Trop bu ?
— Non... pas assez !
— Est-ce que... je pourrais t'aider, là ? Je peux venir tout de suite, si tu veux. Avec des gorgeons !
— Non, non... Oh... Oui, si je t'embête pas...
Un petit quart d'heure après paraissait Séverin. On se salua froidement, et Séverin déclara :
— Oh ! T'as pas bonne mine, toi ! T'es nettement plus beau, d'habitude... et plus sexy !
— Moi ? Beau ?... Et sexy ?
— Tu le sais bien, Frédéric. Tu baises un soir sur deux, non ?
— Oooh !... fit Frédéric, crucifié.
— Est-ce que tu crois qu'un vague puceau comme moi pourrait t'aider, un peu ?
— Mais, Séverin ! Pu... Pu... tu dis quoi, là ?
— La vérité. J'ai vraiment mal au cœur de te voir comme ça... et j'imagine que t'as un p'tit problème de cœur, toi aussi, non ?
— Euh... Oui, mais...
— Si je restais avec toi, pour que tu te jettes ni dans la Sambre, ni dans la Meuse, tu pourrais peut-être me dire, et...
— T'es gentil, Séverin. Je sais pas... Oui.
— J'ai l'impression... sans vouloir me mêler de ta vie... que tu sais pas trop où t'en es...
— Oh... Oui, c'est exactement ça.
— Le cœur ?
— Oui... et pas seulement.
— Pour le cœur, c'est délicat, mais... pour le reste... j'ai p'têt' des idées pratiques ! Des remèdes bio, quoi...
Frédéric sourit : il comprenait l'allusion de Séverin, mais... il n'était pas encore disposé à passer à l'acte ! Séverin sembla le comprendre, qui ajouta :
— Mais si je t'ennuie, je m'en vais et on en reparle un autre jour, tu veux ?
— Non, reste ! fit Frédéric en tendant sans réfléchir une main que Séverin attrapa au vol, pour la mener à ses lèvres.
— Tu me promets que ce sera pas la Sambre...
— ...ni la Meuse, non ! Et je sais nager, alors... dut compléter Frédéric en souriant, alors que Séverin lui tenait toujours la main, et y posait moult bisous.
— Alors tu me dis, ou tu me dis pas ? Pas obligé, bien sûr !
— Oui. Je suis hétéro... tu le sais. Et je suis dragué par un mec qui... enfin qui... qu'est un mec bien.
— Ciel ! Un mec te drague, toi, le plus moche des hétéros ?
— Arrête, s'te plaît ! fit Frédéric en souriant. Je sais même pas s'il me drague... il est si... si délicat, si... gentil, tout le temps... Du coup , je sais pas comment lui répondre. Je voudrais lui dire non, mais je ne veux pas le blesser.
— Et pourquoi tu lui dirais non... et pas oui ?
— Ben ! Parce que je suis pas gay, tiens !
— Et t'appelles ça une excuse ?
Frédéric baissa les yeux, et il y eut un petit silence.
— La vie, ça s'apprend, reprit doucement Séverin. Quelquefois, on n'a pas tout compris, tout de suite, et...
— Et j'ai tout faux, quoi, souffla Frédéric, l'œil bas.
— Chut ! Si tu estimes le garçon dont tu parles, alors tu trouveras les mots pour lui dire que tu ne veux pas de lui, sans le blesser. Et si tu acceptes ce qu'il t'offre, alors tu les trouveras aussi. Aie confiance en lui... et en toi, surtout !
— Il faudrait que tu partes ! souffla Frédéric, sentant les larmes lui venir, et se levant.
Mais Séverin lui serra la main, le forçant à se rasseoir, et murmura :
— Non, s'il te plaît !... Ton autre amoureux attendra ! Moi aussi, j'ai besoin de toi, Frédéric !
— Mais... Toi... Pourquoi ?...
— Mais parce que... t'es le plus mieux garçon de la Terre, tiens ! Le plus amourable, en tout cas !
— Moi ? Mais tu sais que... Ooooh !... Nooon !...
— Chut ! Tu mets dans ton cœur que t'es aussi dans mon cœur, et tu laisses reposer. Mon cœur attendra le tien et...
— Arrête !
— Oui. On va faire du basket, en attendant, bonne idée !
Et Séverin de s'enfuir en courant. Au basket, le lendemain, lundi, il ne vit pas Frédéric. Il l'appela à la pause, sans succès. Et dès la fin de la séance, il fila chez lui.
— Mais qu'est-ce qui va pas mon joli p'tit ange ?
— Oh, dis pas ça, y a pas d'ange ici !
— Non, y a nous. Et on peut s'aimer sans être des anges...
— Séverin ! gémit Frédéric.
La suite fut tendre et délicate. Oh ! L'on n'y fit pas toutes les figures obligées... mais l'intention y fut.
On se murmura des choses, surtout, et... l'on ne s'est pas encore tout dit. Ça ne saurait tarder, qu'on se rassure ! En attendant, on a découvert de mignonnes façons de s'amuser... entre Sambre et Meuse.
— Si tu m’aimes vraiment et si je t’aime vraiment, je serai là demain...
C'était quoi, ce langage abstrus ? se demanda Frédéric en quittant le frêle Séverin, au sortir du Sambre et Meuse, le grand café branché du centre ancien. C'est la Leffe qui lui tape au plafond, ou quoi ?
Situons ces jeunes gens, tous deux en deuxième année de fac — pas la même — en la ville de Namur. Ils s'étaient rencontrés au basket, où tous deux ne se débrouillaient pas mal, étant fort grands. Mais si Séverin était une fine asperge blonde, Frédéric était joliment baraqué, et du reste bien velu de châtain... ce qui lui donnait une allure virile où Séverin ne pouvait évidemment prétendre.
Ça faisait maintenant près de trois mois que l'année universitaire avait commencé, et l'on avait copiné, doucement, Séverin ne s'offusquant pas des remarques ironiques d'un Frédéric à qui il avait fini par demander des conseils. Et l'on avait enfin pris l'habitude de se retrouver au Sambre et Meuse, après l'entraînement du vendredi.
Or ce soir-là Frédéric, qui ne faisait jamais mystère de ses bonnes fortunes en ville — ou même à Liège, où il avait ses alcôves — avait avoué rester en plan le lendemain soir. et Séverin en avait profité pour l'inviter à dîner, ce qui serait une première.
D'abord, Frédéric avait été étonné et amusé aussi par ce petit mec dont il ignorait la vie privée. Mais le mecton paraissait sérieux, et il accepta le rendez-vous, persuadé qu'après la pizza et la Leffe de rigueur, on se séparerait comme à l'accoutumée.
Et voilà que ce p'tit con lui sortait ça ! Il eut d'abord le réflexe d'annuler... avant de se demander de quoi il devait avoir peur. Il trouva tout de suite : sûrement que ce mec était gay, chose qu'il n'avait pas devinée du tout ! En vérité, ses rapports avec les gays étaient quasi nuls... car il faisait beaucoup de sport, et ce n'est habituellement pas là qu'ils se révèlent. Et il n'en connaissait pas... du moins officiellement.
Il sourit en songeant qu'il avait eu peur une seconde de cette mauviette, qu'il pouvait casser en deux d'une seule baffe ! Donc il irait, bravement.
Il eut alors un appel de son ami Benoît, joli mec tout aussi séducteur, mais non basketteur, à qui il conta son aventure présente.
— Ouaouh ! Tu vas te faire un p'tit cul de mec, donc ? Et musclé, en plus, s'il fait du sport ! Veinard, va !
— Hep ! Tu causes de quoi, là ? s'insurgea Frédéric, ça va pas, non ?
— Je dis que t'aimes le sexe au moins autant que moi, et qu'à ma connaissance, t'as jamais fourré de mec, non ?
— Ben... et alors ?
— Alors j'espère que tu vas pas rater l'occase... sinon, tu me le présentes, ton soupirant... et je me charge de le faire gueuler, au lieu de soupirer !
— Mais, Benoît !...
Derrière sa jolie gueule de gendre idéal, Benoît cachait un esprit hautement aiguisé, et disposait d'un redoutable sens de la répartie. Et c'était apparemment un joli vicelard ! Frédéric soupira :
— Tu me donnes envie de plus y aller, maintenant...
— Siiiii ! Je veux savoir comment c'est, un trou de mec !
On s'en tint là ; Frédéric n'aurait certes oncques imaginé que la somme toute gentille invitation de son pote de basket le pût mener à d'aussi âpres débats intérieurs !
Il parut donc au Sambre et Meuse, devant lequel l'attendait un Séverin tout sourire.
— On va pas là... J'ai réservé au P'tit Grognon... Tu viens ?
Cet établissement était sis non loin du Grognon, pointe au confluent de la Sambre et de la Meuse... et était en ville considéré comme plutôt chic. Mais Frédéric n'osa pas moufter, et il suivit, se demandant franchement de quoi son proche avenir serait fait... Non qu'il le redoutât vraiment, mais c'était si étrange, tout ça !
L'endroit était cosy, et le moment le fut plus encore. Séverin était la douceur même, et Frédéric se demanda mainte fois ce qu'il faisait là avec un mec qui manifestement ne le draguait pas, tout en s'intéressant réellement à lui...
Il était onze heures et demie quand on quitta le restaurant, et Frédéric était rassuré : ce mec, quoi qu'il eût derrière la tête, était la classe même. et il proposa spontanément :
— C'était super, merci ! Je t'offre le péket [genièvre, en Wallonie] au Sambre et Meuse ?
On se propulsa donc vers ce prestigieux établissement qui, un samedi soir, était évidemment bondé. On y entra cependant... pour tomber sur un Benoît qui était attablé avec une drôlesse. Gêné, Frédéric salua son ami qui le fit approcher :
— Venez avec nous, les mecs, c'est plein, ici ! On va se pousser !
— Pas la peine ! dit la fille, je dois y aller. Merci, mon chouchou, on se voit bientôt ?
Et le nana de se tirer. Benoît fit signe à Frédéric de prendre sa chaise, tandis qu'il invitait Séverin à se poser près de lui sur la banquette.
— Bon ! fit-il après les présentations, j'offre une tournée de péket... pour commencer !
Frédéric craignit ce que cette grande gueule de Benoît pourrait dire comme conneries, mais ce bel enfant fut d'une retenue remarquable, et de péket en péket, la conversation s'anima. Enfin, Benoît déclara :
— J'ai des bulles françaises, les mecs, vous venez finir la soirée chez moi ?
Frédéric jeta un œil sur un Séverin un peu allumé, qui accepta tout de suite. Et l'on se transporta pas loin d'ici dans le joyeux bordel de Benoît. Voyant l'air surpris de Séverin, Frédéric osa :
— Sérieusement, t'amènes des nanas ici ?
— Quand elles voient ma bite, elles oublient tout le reste !
— T'as intérêt à faire vite, alors, ah ! ah !
— L'écoute pas, il est jaloux ! fit Benoît à un Séverin rieur.
Et l'on passa aux bulles. Où Frédéric finit par être énervé par le numéro que Benoît fit à Séverin. Car il en faisait beaucoup, le Benoît, dans le genre « je touche à rien, mais j'en cause quand même »... Et il était près d'une heure quand il décida de se tirer :
— Tu viens ? demanda-t-il à Séverin.
— Non... minauda celui-ci, j'me sens bien ici... si je peux rester... Benoît ?
Benoît ayant acquiescé dans un sourire triomphant, Frédéric s'en fut, hautement marri. Certes, il aurait dû s'en foutre que son pote niquât Séverin, mais... non, décidément, ça le faisait bien chier ! Mais pourquoi ?
Rentré chez lui, il se servit une dose de péket à assommer un aurochs, et composa ce message : « Merci pour ce bon moment, et pour le dîner. On se voit demain ? » Mais il n'eut pas de réponse immédiate : ces deux cochons-là avaient-ils commencé à baiser juste après son départ ? Merde, alors !
Au matin, il eut un message qui le laissa sur sa faim : « Oui, si tu veux. Appelle-moi » La froideur du ton le laissa rudement mal à l'aise ! Mais la vie continuait, et vers onze heures ce dimanche, il fut appelé par le scintillant Benoît :
— Eh ben toi, je sais pas ce que tu lui as fait... ou plutôt pas fait, mais... il a rien voulu de moi... au motif d'un mystérieux mec dont il est amoureux, et qu'il ne veut pas tromper avant de savoir si quelque chose est possible ! J'ai pas eu de mal à deviner qu'il parlait de toi... Il t'avait cité tout le temps, avant que j'attaque. Donc il est pur, intact et bien amoureux, ton mecton, avec certificat de conformité !
Frédéric resta sans voix. Il finit par murmurer :
— Merci, Benoît, je... sais pas quoi te dire d'autre.
— Moi si : tu fermes les yeux, il te lèche, il te suce, et tu l'encules comme un fou, c'est pas difficile à comprendre, ça, je crois ? Et tu me racontes, évidemment, hein, veinard !
Mais Frédéric n'eut rien à raconter... car il vit Séverin dans la demi-heure... et celui-ci lui parut singulièrement coincé, quand bien il souriait tout le temps.
— Gentil, ton pote Benoît, mais... j'ai pas bien compris ce qu'il me voulait : il est pas gay, je crois ?
— Non, non !
— Bon. Alors il avait peut-être un peu trop bu.. Mais c'est pas grave : il est joli quand même !
Et Frédéric d'apprécier ensuite l'exquise gentillesse de Séverin... sans savoir s'il le draguait, ou s'il était toujours comme ça. Mais... cette incertitude le troubla, et il apprécia grandement la réserve du garçon. Et il ne se passa donc rien.
Frédéric nota dans sa tête tous les compliments que distillait Séverin, mais... pouvaient-ils passer pour des déclarations ? Et, in fine, est-ce qu'il ne nageait tout simplement pas dans une glauque mare de fantasmes ?
Ce fut bien frustré qu'il quitta son pote de basket, comme il continuait à l'appeler. Était-il dans le vrai, ou dans le délire ?
Il avait évidemment un message de Benoît... des messages, plutôt ! Il se résolut à l'appeler, la mort dans l'âme.
— Bon ! Si t'en veux pas, et s'il est mou de la chatte, moi, je reprends l'affaire : j'ai envie de me le bourrer, çui-là !
— Mais, Benoît ! Non, non, tu peux pas !...
— T'en veux, ou t'en veux pas ?
— Oh, je... Oui, j'en veux, voilà !
Arraché au forceps, voilà un aveu qui venait cependant du cœur de Frédéric, qui le regretta aussitôt ! Ou plutôt... il regretta de l'avoir fait devant Benoît. Trop tard !
Perdu, il se mit à pleurer à chaudes larmes, longtemps.
Un message de Séverin le rasséréna : « Bon moment avec toi, Frédéric ! On recommence ? Appelle-moi quand tu veux. »
Il fallut un bon moment avant que Frédéric se décidât à appeler... celui dont il voulait, désormais.
— T'as pas l'air en forme, remarqua tout de suite Séverin.
— Oh... Non,je suis un peu dans les vapes, là.
— Trop bu ?
— Non... pas assez !
— Est-ce que... je pourrais t'aider, là ? Je peux venir tout de suite, si tu veux. Avec des gorgeons !
— Non, non... Oh... Oui, si je t'embête pas...
Un petit quart d'heure après paraissait Séverin. On se salua froidement, et Séverin déclara :
— Oh ! T'as pas bonne mine, toi ! T'es nettement plus beau, d'habitude... et plus sexy !
— Moi ? Beau ?... Et sexy ?
— Tu le sais bien, Frédéric. Tu baises un soir sur deux, non ?
— Oooh !... fit Frédéric, crucifié.
— Est-ce que tu crois qu'un vague puceau comme moi pourrait t'aider, un peu ?
— Mais, Séverin ! Pu... Pu... tu dis quoi, là ?
— La vérité. J'ai vraiment mal au cœur de te voir comme ça... et j'imagine que t'as un p'tit problème de cœur, toi aussi, non ?
— Euh... Oui, mais...
— Si je restais avec toi, pour que tu te jettes ni dans la Sambre, ni dans la Meuse, tu pourrais peut-être me dire, et...
— T'es gentil, Séverin. Je sais pas... Oui.
— J'ai l'impression... sans vouloir me mêler de ta vie... que tu sais pas trop où t'en es...
— Oh... Oui, c'est exactement ça.
— Le cœur ?
— Oui... et pas seulement.
— Pour le cœur, c'est délicat, mais... pour le reste... j'ai p'têt' des idées pratiques ! Des remèdes bio, quoi...
Frédéric sourit : il comprenait l'allusion de Séverin, mais... il n'était pas encore disposé à passer à l'acte ! Séverin sembla le comprendre, qui ajouta :
— Mais si je t'ennuie, je m'en vais et on en reparle un autre jour, tu veux ?
— Non, reste ! fit Frédéric en tendant sans réfléchir une main que Séverin attrapa au vol, pour la mener à ses lèvres.
— Tu me promets que ce sera pas la Sambre...
— ...ni la Meuse, non ! Et je sais nager, alors... dut compléter Frédéric en souriant, alors que Séverin lui tenait toujours la main, et y posait moult bisous.
— Alors tu me dis, ou tu me dis pas ? Pas obligé, bien sûr !
— Oui. Je suis hétéro... tu le sais. Et je suis dragué par un mec qui... enfin qui... qu'est un mec bien.
— Ciel ! Un mec te drague, toi, le plus moche des hétéros ?
— Arrête, s'te plaît ! fit Frédéric en souriant. Je sais même pas s'il me drague... il est si... si délicat, si... gentil, tout le temps... Du coup , je sais pas comment lui répondre. Je voudrais lui dire non, mais je ne veux pas le blesser.
— Et pourquoi tu lui dirais non... et pas oui ?
— Ben ! Parce que je suis pas gay, tiens !
— Et t'appelles ça une excuse ?
Frédéric baissa les yeux, et il y eut un petit silence.
— La vie, ça s'apprend, reprit doucement Séverin. Quelquefois, on n'a pas tout compris, tout de suite, et...
— Et j'ai tout faux, quoi, souffla Frédéric, l'œil bas.
— Chut ! Si tu estimes le garçon dont tu parles, alors tu trouveras les mots pour lui dire que tu ne veux pas de lui, sans le blesser. Et si tu acceptes ce qu'il t'offre, alors tu les trouveras aussi. Aie confiance en lui... et en toi, surtout !
— Il faudrait que tu partes ! souffla Frédéric, sentant les larmes lui venir, et se levant.
Mais Séverin lui serra la main, le forçant à se rasseoir, et murmura :
— Non, s'il te plaît !... Ton autre amoureux attendra ! Moi aussi, j'ai besoin de toi, Frédéric !
— Mais... Toi... Pourquoi ?...
— Mais parce que... t'es le plus mieux garçon de la Terre, tiens ! Le plus amourable, en tout cas !
— Moi ? Mais tu sais que... Ooooh !... Nooon !...
— Chut ! Tu mets dans ton cœur que t'es aussi dans mon cœur, et tu laisses reposer. Mon cœur attendra le tien et...
— Arrête !
— Oui. On va faire du basket, en attendant, bonne idée !
Et Séverin de s'enfuir en courant. Au basket, le lendemain, lundi, il ne vit pas Frédéric. Il l'appela à la pause, sans succès. Et dès la fin de la séance, il fila chez lui.
— Mais qu'est-ce qui va pas mon joli p'tit ange ?
— Oh, dis pas ça, y a pas d'ange ici !
— Non, y a nous. Et on peut s'aimer sans être des anges...
— Séverin ! gémit Frédéric.
La suite fut tendre et délicate. Oh ! L'on n'y fit pas toutes les figures obligées... mais l'intention y fut.
On se murmura des choses, surtout, et... l'on ne s'est pas encore tout dit. Ça ne saurait tarder, qu'on se rassure ! En attendant, on a découvert de mignonnes façons de s'amuser... entre Sambre et Meuse.
Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) (slygame.fr)
à chacun son histoire bis (mais ici ce sont des anciennes (g@y-tous styles) ) (slygame.fr)
La "hot" du père Noël ! (GAY-ADO-OS) (slygame.fr)
Piscine...et plaisir aqueux (OS-minet-gay) (slygame.fr)
-La tête dans les étoiles (aquatique)-(fanfiction - gay - humour) (slygame.fr)
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La "hot" du père Noël ! (GAY-ADO-OS) (slygame.fr)
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