06-06-2023, 11:11 PM
Chapitre 18
Les armures qu'ils viennent de dépasser se sont animées et elles tentent de repousser cette intrusion dans leur espace, épées en avant.
- Mévik ! Les consciences ! rouspète Xini, en bloquant des coups.
- Ils ne sont pas vivants, je ne peux pas les détecter !
- Une autre illusion ? demande Shyna.
- Ma blessure est bien réelle ! Ce sont des armures mécaniques !
Les talents de guerrier de Xinizyam font merveille devant ces armures trop lourdes et aux mouvements machinaux. Le combattant pare et contre-attaque par des coups alliant puissance et vivacité, offrant ainsi le spectacle d'une danse mortelle, pourtant sans effet. Les adversaires mécaniques sont totalement insensibles aux coups.
C'est Shyna qui découvre leur point faible, lorsque, désarmée, elle fille entre les jambes de son assaillant, qui se retourne lentement. La déesse lui décroche un coup de pied magistral dans la cheville et roule sur le côté pour éviter la chute de la lourde armure, qui tente par la suite de se redresser, sans succès.
- Elles ont du mal à se relever ! Fais les tomber !
- Suffisait d'y penser !
Pendant que la déesse engage le combat contre une autre armure tout aussi maladroite, son amant continue d'alterner coups, feintes et parades, en incluant quelques coups de pied. Quelques secondes après, la tactique de la déesse s'avère payante et les cinq adversaires sont au sol.
- Refermons la porte avant qu'elles ne parviennent à se relever... recommande Shyna, plus calme.
C'est inutile, car elle se verrouille d'elle-même, pendant que le sol se met à trembler.
- Ce n'est pas terminé !
Deux lumières immenses d'un bleu électrique s'allument sur le mur du fond, semblables à de gigantesques yeux masqués par les ténèbres.
- Vous êtes parvenus jusqu'à moi... résonne une voix aussi solennelle que profonde, qui semble provenir de la pièce elle-même.
- Je dois consulter ce livre, le sort du monde en dépend... Qui êtes-vous ?
- Vous êtes Deloray ? demande Xini, plein d'espoir.
- Non... Je suis l'esprit gardien qu'il a créé pour que seules les élites puissent consulter ce journal... Ma puissance équivaut le dixième de celle d'un Nainyr. Constatez donc le génie de mon créateur !
- Me laisserez-vous prendre le livre ? demande Shyna, en cachant sa terreur.
Elle a entendu parler des terribles Nainyrs, dans d'antiques légendes. Ces puissances d'un autre temps sont très rares. Ce sont des colosses plus gigantesques encore que plusieurs Tarars réunis. Leur corps semble être fait de roche et de mousse. Les Neldars surnomment ces créatures « Les montagnes bipèdes ».
La déesse se félicite de ne jamais avoir croisé la route d'un de ces êtres quasiment invulnérable, elle se rappelle que le Mal lui-même préfère reculer à la vue de ces titans.
Si l'esprit gardien possède ne serait-ce que le dixième de cette puissance, c'est très mauvais signe.
- Vous êtes donc les élus... Voici votre dernière épreuve ! clame-il, avant qu'une partie du mur ne s'écroule, pour laisser place à un colosse de granit et de cuivre d'une hauteur de plus de quatre mètres.
De gigantesques yeux bleus se posent sur le couple. Shyna ne perd pas de temps et recule mais elle ne dégaine pas ses dagues. C'est complètement inutile face à un tel adversaire.
Cependant, Xinizyam sort l'un de ses sabres, bien décidé à en découdre quand même. Il commence à frapper les abdominaux de cuivre du colosse, qui le considère un instant, avant d'abattre son immense poing vers lui de toutes ses forces.
Le guerrier esquive de justesse et écarquille les yeux en appercevant le vaste trou dans le sol laissé par le gardien.
- Je vais le retenir un moment ! Prends le livre !
Shyna s'exécute mais l'engeance mécanique à l'esprit artificiel la repère et esquisse un grand geste du bras. Son poing de granit se décroche et va s'écraser contre l'autel, ce qui le réduit en poussière.
La déesse est nettement dissuadée dans sa manœuvre et se dirige vers son amant pour lui prêter main forte.
- Déesse ! Je pourrais sûrement le perturber en influant sur son esprit mais il me bloque l'accès ! Aidez-moi ! demande Mévik.
Sans se faire prier davantage, Shyna investit avec Mévik l'esprit du gardien mais le bougre se défend bien. Après quelques secondes, il paraît évident au géant que le pouvoir de Shyna est puissant. Il cesse complètement de combattre Xinizyam et ignore superbement ses coups, pour se concentrer sur la déesse.
Une seule chose obsède le colosse : repousser cette attaque psychique. Heureusement pour lui, son créateur a bien travaillé. Le siège de sa conscience est un cristal énorme, enfoui sous une épaisse couche de granit, bien à l'abri des coups.
Au bout de quelques minutes, il est clair qu'il ne renversera pas la tendance mais il peut se barricader dans son esprit et en faire une forteresse imprenable. Même en cas d'échec, la nature artificielle de son esprit empêchera de toute façon une quelconque domination. Cependant, les humains pourraient utiliser cette faiblesse pour se rendre invisibles aux yeux du gardien, ou altérer ses sens de diverses manières.
Il est si concentré qu'il ne prête plus aucune attention à Xini, lequel est debout devant son adversaire, l'air tranquille, en train de chercher une petite sphère verdâtre dans son manteau. Il sourit, avant de s'éloigner du colosse, pour jeter l'explosif à ses pieds.
La détonation fait trembler toute la bibliothèque, quelques centaines de mètres plus hauts.
Complètement déstabilisé, la concentration du gardien s'évanouit alors qu'il se retrouve projeté à terre par l'effet de la bombe.
Mévik profite de cette diversion et se loge en second plan dans la conscience du colosse, tel un parasite des plus sournois.
Le soldat de Shyna profite de sa position avantageuse pour gêner le gardien. Avant que ce dernier ne comprenne ce qui lui arrive, il devient sourd et son champ de vision s'altère... Il réplique et tente de repousser Mévik mais le combat face à Xini ayant repris, sa puissance est moindre.
Xinizyam passe son temps à éviter les coups furieux que lui porte son adversaire, qui curieusement ne semble pas avoir été mis en furie par la bombe.
Le colosse à l'air simplement de prendre des mesures qui s'imposent pour que cela ne se reproduise pas. L'idée germe dans l'esprit de Shyna que les explosifs de Xini l'inquiètent bien plus qu'il ne le laisse paraître.
- Xini ! Appelle-elle, en désignant à son homme la poche de son manteau.
- Attrape ça !
Le guerrier a lancé un explosif derrière lui, que sa dulcinée réceptionne parfaitement. Sans attendre, elle établit une connexion mentale avec l'esprit de son homme pour lui soumettre un plan.
Malheureusement, Xinizyam ne peut esquiver une baffe administrée par le colosse, qui l'envoie valser dans le décor.
Le géant de cuivre se tourne vers la déesse, qui se mord nerveusement les lèvres. Il se dirige vers elle mais stoppe tout net. Il voit double, puis triple... Et bientôt, c'est plus d'une centaine de Shyna et Xinizyam qui apparaissent devant ses yeux.
Incapable de différencier le vrai du faux, le colosse cogne dans toutes les illusions sans plus s'arrêter.
- Qu'est-ce qui lui arrive ? demande Xini, qui reprend déjà conscience.
- J'ai créé une illusion dans son esprit mais il peut encore vous voir. Je ne pourrais pas la maintenir très longtemps, il est bien plus fort que moi ! Faites vite !
Sans perdre davantage de temps, Shyna se révèle au gardien en ramassant le livre. Ce dernier se rue sur elle sans ménagement. Sa démarche est assez lourde et irrégulière : le géant est plus approprié pour détruire un château que pour tuer un petit groupe d'humains.
La déesse, prise de panique, lance sa bombe vers lui et est elle-même légèrement soufflée par l'explosion.
Lorsque la fumée se dissipe un peu, le colosse de roche et de métal lutte pour garder l'équilibre. Xinizyam arrive sur son côté, une bombe à la main et s'accroche à son avant-bras, celui dénué de poing.
Le gardien tombe lourdement, en faisant un creux sol. Avant toute réaction, le guerrier, qui a accompagné son adversaire dans sa chute, introduit sa main dans le trou où était fixé le poing du colosse. Celui-ci se débarrasse de Xini d'un geste du bras et se relève péniblement. Il fixe le livre, que la déesse tient toujours contre elle et avance rapidement dans sa direction. Coincée, Shyna ne peut que se recroqueviller contre le mur.
Arrivé près des restes de l'autel, le géant s'arrête pour ramasser son poing manquant. D'un geste sec, il glisse le poing dans son emplacement. Il y a d'abord un petit bruit de verre brisé, avant qu'une explosion phénoménale ne se produise en lui.
Les oreilles endolories, le couple constate qu'il est toujours debout mais des colonnes de fumée émergent de toutes les articulations du gardien. Il a perdu complètement son bras et une fissure s'est formée de son épaule à sa poitrine. La magnifique lumière bleutée de ses yeux vacille un instant. Il trouve encore la force d'avancer de quelques pas avant de s'écrouler lamentablement aux pieds de Shyna.
- C'était pas facile... Sans les bombes, on était fichus... commente Shyna.
- Morgal lui-même aurait eu du mal face à ce monstre.
- Il n'est pas mort ! avertit Mévik, qui a regagné le Daukn.
C'est une façon de parler, car pour être mort, il faut d'abord avoir été vivant. Les yeux du colosse reprennent de leur éclat et il se relève péniblement. Méfiante, Shyna lâche l'ouvrage et fait quelques pas en arrière.
- Le chemin vous est désormais ouvert, Élus, dit-il, d'une voix toujours aussi posée, avant de se ramasser son bras pour se reconstituer.
Il se dirige ensuite vers le livre, sous l'œil soupçonneux de Xini, puis le tend à la déesse, sans manifester le moindre signe d'hostilité.
- Le journal de mon créateur est votre et vous avez gagné mon profond respect. Prenez aussi ce petit cristal... Brisez-le lorsque vous aurez besoin de mon aide. Peu importe le temps et la distance, je viendrai combattre pour vous.
- Merci, gardien.
- Maintenant partez, dit-il en désignant un tunnel. Ce passage vous conduira à la surface sans encombre.
Le trio prend congé du colosse et une fois dans la bibliothèque, Mévik réintègre son corps. Ils croisent le maître des lieux, qui est complètement paniqué. Visiblement, leur combat a causé un véritable séisme dans l'antique bâtiment.
Les armures qu'ils viennent de dépasser se sont animées et elles tentent de repousser cette intrusion dans leur espace, épées en avant.
- Mévik ! Les consciences ! rouspète Xini, en bloquant des coups.
- Ils ne sont pas vivants, je ne peux pas les détecter !
- Une autre illusion ? demande Shyna.
- Ma blessure est bien réelle ! Ce sont des armures mécaniques !
Les talents de guerrier de Xinizyam font merveille devant ces armures trop lourdes et aux mouvements machinaux. Le combattant pare et contre-attaque par des coups alliant puissance et vivacité, offrant ainsi le spectacle d'une danse mortelle, pourtant sans effet. Les adversaires mécaniques sont totalement insensibles aux coups.
C'est Shyna qui découvre leur point faible, lorsque, désarmée, elle fille entre les jambes de son assaillant, qui se retourne lentement. La déesse lui décroche un coup de pied magistral dans la cheville et roule sur le côté pour éviter la chute de la lourde armure, qui tente par la suite de se redresser, sans succès.
- Elles ont du mal à se relever ! Fais les tomber !
- Suffisait d'y penser !
Pendant que la déesse engage le combat contre une autre armure tout aussi maladroite, son amant continue d'alterner coups, feintes et parades, en incluant quelques coups de pied. Quelques secondes après, la tactique de la déesse s'avère payante et les cinq adversaires sont au sol.
- Refermons la porte avant qu'elles ne parviennent à se relever... recommande Shyna, plus calme.
C'est inutile, car elle se verrouille d'elle-même, pendant que le sol se met à trembler.
- Ce n'est pas terminé !
Deux lumières immenses d'un bleu électrique s'allument sur le mur du fond, semblables à de gigantesques yeux masqués par les ténèbres.
- Vous êtes parvenus jusqu'à moi... résonne une voix aussi solennelle que profonde, qui semble provenir de la pièce elle-même.
- Je dois consulter ce livre, le sort du monde en dépend... Qui êtes-vous ?
- Vous êtes Deloray ? demande Xini, plein d'espoir.
- Non... Je suis l'esprit gardien qu'il a créé pour que seules les élites puissent consulter ce journal... Ma puissance équivaut le dixième de celle d'un Nainyr. Constatez donc le génie de mon créateur !
- Me laisserez-vous prendre le livre ? demande Shyna, en cachant sa terreur.
Elle a entendu parler des terribles Nainyrs, dans d'antiques légendes. Ces puissances d'un autre temps sont très rares. Ce sont des colosses plus gigantesques encore que plusieurs Tarars réunis. Leur corps semble être fait de roche et de mousse. Les Neldars surnomment ces créatures « Les montagnes bipèdes ».
La déesse se félicite de ne jamais avoir croisé la route d'un de ces êtres quasiment invulnérable, elle se rappelle que le Mal lui-même préfère reculer à la vue de ces titans.
Si l'esprit gardien possède ne serait-ce que le dixième de cette puissance, c'est très mauvais signe.
- Vous êtes donc les élus... Voici votre dernière épreuve ! clame-il, avant qu'une partie du mur ne s'écroule, pour laisser place à un colosse de granit et de cuivre d'une hauteur de plus de quatre mètres.
De gigantesques yeux bleus se posent sur le couple. Shyna ne perd pas de temps et recule mais elle ne dégaine pas ses dagues. C'est complètement inutile face à un tel adversaire.
Cependant, Xinizyam sort l'un de ses sabres, bien décidé à en découdre quand même. Il commence à frapper les abdominaux de cuivre du colosse, qui le considère un instant, avant d'abattre son immense poing vers lui de toutes ses forces.
Le guerrier esquive de justesse et écarquille les yeux en appercevant le vaste trou dans le sol laissé par le gardien.
- Je vais le retenir un moment ! Prends le livre !
Shyna s'exécute mais l'engeance mécanique à l'esprit artificiel la repère et esquisse un grand geste du bras. Son poing de granit se décroche et va s'écraser contre l'autel, ce qui le réduit en poussière.
La déesse est nettement dissuadée dans sa manœuvre et se dirige vers son amant pour lui prêter main forte.
- Déesse ! Je pourrais sûrement le perturber en influant sur son esprit mais il me bloque l'accès ! Aidez-moi ! demande Mévik.
Sans se faire prier davantage, Shyna investit avec Mévik l'esprit du gardien mais le bougre se défend bien. Après quelques secondes, il paraît évident au géant que le pouvoir de Shyna est puissant. Il cesse complètement de combattre Xinizyam et ignore superbement ses coups, pour se concentrer sur la déesse.
Une seule chose obsède le colosse : repousser cette attaque psychique. Heureusement pour lui, son créateur a bien travaillé. Le siège de sa conscience est un cristal énorme, enfoui sous une épaisse couche de granit, bien à l'abri des coups.
Au bout de quelques minutes, il est clair qu'il ne renversera pas la tendance mais il peut se barricader dans son esprit et en faire une forteresse imprenable. Même en cas d'échec, la nature artificielle de son esprit empêchera de toute façon une quelconque domination. Cependant, les humains pourraient utiliser cette faiblesse pour se rendre invisibles aux yeux du gardien, ou altérer ses sens de diverses manières.
Il est si concentré qu'il ne prête plus aucune attention à Xini, lequel est debout devant son adversaire, l'air tranquille, en train de chercher une petite sphère verdâtre dans son manteau. Il sourit, avant de s'éloigner du colosse, pour jeter l'explosif à ses pieds.
La détonation fait trembler toute la bibliothèque, quelques centaines de mètres plus hauts.
Complètement déstabilisé, la concentration du gardien s'évanouit alors qu'il se retrouve projeté à terre par l'effet de la bombe.
Mévik profite de cette diversion et se loge en second plan dans la conscience du colosse, tel un parasite des plus sournois.
Le soldat de Shyna profite de sa position avantageuse pour gêner le gardien. Avant que ce dernier ne comprenne ce qui lui arrive, il devient sourd et son champ de vision s'altère... Il réplique et tente de repousser Mévik mais le combat face à Xini ayant repris, sa puissance est moindre.
Xinizyam passe son temps à éviter les coups furieux que lui porte son adversaire, qui curieusement ne semble pas avoir été mis en furie par la bombe.
Le colosse à l'air simplement de prendre des mesures qui s'imposent pour que cela ne se reproduise pas. L'idée germe dans l'esprit de Shyna que les explosifs de Xini l'inquiètent bien plus qu'il ne le laisse paraître.
- Xini ! Appelle-elle, en désignant à son homme la poche de son manteau.
- Attrape ça !
Le guerrier a lancé un explosif derrière lui, que sa dulcinée réceptionne parfaitement. Sans attendre, elle établit une connexion mentale avec l'esprit de son homme pour lui soumettre un plan.
Malheureusement, Xinizyam ne peut esquiver une baffe administrée par le colosse, qui l'envoie valser dans le décor.
Le géant de cuivre se tourne vers la déesse, qui se mord nerveusement les lèvres. Il se dirige vers elle mais stoppe tout net. Il voit double, puis triple... Et bientôt, c'est plus d'une centaine de Shyna et Xinizyam qui apparaissent devant ses yeux.
Incapable de différencier le vrai du faux, le colosse cogne dans toutes les illusions sans plus s'arrêter.
- Qu'est-ce qui lui arrive ? demande Xini, qui reprend déjà conscience.
- J'ai créé une illusion dans son esprit mais il peut encore vous voir. Je ne pourrais pas la maintenir très longtemps, il est bien plus fort que moi ! Faites vite !
Sans perdre davantage de temps, Shyna se révèle au gardien en ramassant le livre. Ce dernier se rue sur elle sans ménagement. Sa démarche est assez lourde et irrégulière : le géant est plus approprié pour détruire un château que pour tuer un petit groupe d'humains.
La déesse, prise de panique, lance sa bombe vers lui et est elle-même légèrement soufflée par l'explosion.
Lorsque la fumée se dissipe un peu, le colosse de roche et de métal lutte pour garder l'équilibre. Xinizyam arrive sur son côté, une bombe à la main et s'accroche à son avant-bras, celui dénué de poing.
Le gardien tombe lourdement, en faisant un creux sol. Avant toute réaction, le guerrier, qui a accompagné son adversaire dans sa chute, introduit sa main dans le trou où était fixé le poing du colosse. Celui-ci se débarrasse de Xini d'un geste du bras et se relève péniblement. Il fixe le livre, que la déesse tient toujours contre elle et avance rapidement dans sa direction. Coincée, Shyna ne peut que se recroqueviller contre le mur.
Arrivé près des restes de l'autel, le géant s'arrête pour ramasser son poing manquant. D'un geste sec, il glisse le poing dans son emplacement. Il y a d'abord un petit bruit de verre brisé, avant qu'une explosion phénoménale ne se produise en lui.
Les oreilles endolories, le couple constate qu'il est toujours debout mais des colonnes de fumée émergent de toutes les articulations du gardien. Il a perdu complètement son bras et une fissure s'est formée de son épaule à sa poitrine. La magnifique lumière bleutée de ses yeux vacille un instant. Il trouve encore la force d'avancer de quelques pas avant de s'écrouler lamentablement aux pieds de Shyna.
- C'était pas facile... Sans les bombes, on était fichus... commente Shyna.
- Morgal lui-même aurait eu du mal face à ce monstre.
- Il n'est pas mort ! avertit Mévik, qui a regagné le Daukn.
C'est une façon de parler, car pour être mort, il faut d'abord avoir été vivant. Les yeux du colosse reprennent de leur éclat et il se relève péniblement. Méfiante, Shyna lâche l'ouvrage et fait quelques pas en arrière.
- Le chemin vous est désormais ouvert, Élus, dit-il, d'une voix toujours aussi posée, avant de se ramasser son bras pour se reconstituer.
Il se dirige ensuite vers le livre, sous l'œil soupçonneux de Xini, puis le tend à la déesse, sans manifester le moindre signe d'hostilité.
- Le journal de mon créateur est votre et vous avez gagné mon profond respect. Prenez aussi ce petit cristal... Brisez-le lorsque vous aurez besoin de mon aide. Peu importe le temps et la distance, je viendrai combattre pour vous.
- Merci, gardien.
- Maintenant partez, dit-il en désignant un tunnel. Ce passage vous conduira à la surface sans encombre.
Le trio prend congé du colosse et une fois dans la bibliothèque, Mévik réintègre son corps. Ils croisent le maître des lieux, qui est complètement paniqué. Visiblement, leur combat a causé un véritable séisme dans l'antique bâtiment.