CHAPITRE IV
''Post cenam non stare sed mille passus meare''
Il cheminait par les rues des quartiers Est. Il s'était toujours demandé pourquoi la partie malfamée des villes se trouvait toujours à l'Est. C'était l'une des rares questions auxquelles son maître n'avait jamais su répondre. Il vit plusieurs mauvais garçons l'observer attentivement avec l'envie de le délester de sa bourse. Puis, le reconnaissant, ils enlevèrent leur bonnet ou leur chapeau et inclinèrent la tête, ce à quoi il répondit par un petit acquiescement. Il savait qu'il n'avait rien à craindre des truands bien installés depuis longtemps à Minoxy'Dil. C'était les petits nouveaux qui étaient plus imprévisibles.
Ça lui était arrivé quelques mois auparavant. Deux drôles s'étaient approchés de lui en ricanant, le poignard à la main. Il s'apprêtait à sortir son épée pour leur apprendre qui il était quand un grand escogriffe, Zilv, l'un des ''caïds'' des quartiers Est, qui mesurait plus de 4 pieds (1) de haut, se planta devant les deux brigands et les poussa rudement, les faisant chuter sur les pavés de la rue. Il se pencha vers eux et dit :
- On ne touche pas à cet homme, c'est bien compris ?
Puis il se retourna, et dit :
- Excusez les, messire, ils sont nouveaux dans le métier. Nous ne voulions pas vous manquer de respect...
- Ce n'est pas grave, Zilv, je passe l'éponge pour cette fois. Mais seulement pour cette fois...
Zilv avala sa salive et lui fit un petit signe de tête.
Mais rien à craindre cette fois ci, et il arriva dans la ''Rue de la Grande Pute Muce''.
C'était la rue de bordels et là où des filles et des femmes, court vêtues, haranguaient le chaland avec des phrases du genre :
- Allez viens, mon mignon, je vais te faire découvrir le Tiantang (2) entre mes cuisses...
Il dépassa ces ensorceleuses jusqu'au bout de la rue. C'était là qu'il trouvait provende. C'était l'endroit où les garçons se prostituaient. Et c'était ça sa came, les garçons.
Il passa le long de la rue en regardant le choix du jour, comme s'il était au marché. Il allait faire demi tour et demander son prix à un beau brun quand, tout au bout de la rue, assis sur une grosse pierre, il vit un petit minet. Blond comme les blés, dans les 18 ou 19 ans, qui lui souriait. Il le trouva mignon à croquer. Il s'approcha de lui. Le minet se leva. Il en fit le tour, comme s'il hésitait avant d'acheter.
- Combien, demanda-t-il
- 5 sols si tu veux que je te prenne dans ma bouche. 10 pour... tout le reste. Et c'est toi qui payes l'auberge.
Il fouilla dans son escarcelle, pris 10 sols et les lui donna. Le minet sourit et lui désigna l'une des auberges en face.
- Non, pas ici, allons à mon auberge.
Il n'aimait pas ces auberges de passes. Les chambres étaient crasseuses, les draps douteux et les lits pleins de punaises, de puces, de poux et de morpions.
Le minet hésita. Il savait pourquoi. La bougrerie était interdite par la loi. Certes la milice clignait doucement des yeux là dessus, mais s'il était dénoncé...
- Ne t'inquiète pas, l'aubergiste ne dira rien... ni personne d'autre, d'ailleurs...
Et il donna 5 sols de plus pour le décider. Le minet accepta et il retournèrent à l'auberge du ''Chien qui Fume''. Lorsqu'il traversa la grande salle avec le blondinet jusqu'à l'escalier qui menait aux étages, l'alberguier ne dit rien, et les clients détournèrent la tête.
Arrivé devant sa chambre il en ouvrit la porte et laissa le petit minet entrer.
Il referma la porte derrière lui au verrou. Le blondinet attendait bien sagement qu'on lui dise quoi faire. Son client s’assit dans un des fauteuils et lui dit :
- Déshabille toi.
Le blondinet obéit. Il enleva d'abord sa chemise. Il était fin. Très fin, même, mais sans être maigrichon. Il n'avait pas un gramme de muscle, les pectoraux ne se devinant que par deux petits tétons roses, et un ventre plat. Il enleva ses chaussures et fit tomber son pantalon. Une mignonne petite bite, encore au repos, pendait entre ses cuisses. Il n'avait pas le moindre poil.
- Tourne toi.
Joli dos frêle, belle chute de reins et un sublime petit cul, tout rond, tout blanc et qui semblait doux.
- Penche toi en avant et écarte les fesses.
Le petit trou était là, palpitant, encore fripé. La queue du beau brun durcit, grandit et grossit à la vue de ce petit trou qu'il allait bientôt défoncé comme un furieux. Et le môme était tout propre.
- Enlève moi mes bottes.
Le minet s'agenouilla, défit les bottes et enleva les chaussettes également.
- Embrasse mes pieds.
Penché en avant, il commença à déposer de gros baisers mouillés sur le dessus des pieds de son mâle. Ce n'était pas qu'il aimait particulièrement cette caresse, mais c'était son côté avilissant qui l'excitait. Et voir le blondinet quasiment prosterné devant lui le faisait bander encore plus fort.
- Remets toi à genoux.
Il se leva et enleva sa chemise dans un grand mouvement ample, révélant son torse viril et musclé. Il vit le minet le regarder et avaler sa salive. Il fit tomber son pantalon et l'envoya dans un coin d'un coup de pied. Le blondinet sembla surpris de voir un sous-vêtement, mais il ne lui laissa pas le temps de se poser trop de questions. Il posa une main ferme derrière sa tête et le tira vers lui.
- Allez, bouffe !
Le garçon comprit très vite ce qu'il devait faire et se mit à frotter son visage contre la queue qu'il devinait sous l'étoffe. Il la lécha et la mordilla doucement.
Au bout d'un petit moment, le brun le repoussa et fit tomber le sous vêtement. Sa bite était dure et gonflée et pratiquement entièrement décalottée sous l'effet de l’excitation.
- Allez, suce !
Le petit minet s'approcha de la grosse bite, la prit dans sa petite main, laissa tomber de gros paquet de salive dessus et ouvrit la bouche. Il avala le gland en une bouchée.
- Oh putain !
''Il est doué. Il a du en bouffer des queues...''' se dit-il.
Le blondinet se donnait à fond, suçant la grosse bite comme un affamé. Mais ce n'était pas encore assez pour rassasier l'appétit de son client. Il lui maintint la tête de ses deux mains et commença à lui baiser la bouche en cadence. Il s'enfonçait aussi profondément que possible, restait planté un petit moment, et reculait quand le minet commençait à manquer de s'étouffer. Il le laissait reprendre un peu d'air avant de s'enfoncer en lui de nouveau. Ça lui plaisait de le voir galérer sur sa bite.
Au bout d'un long moment, où le silence de la pièce n'était troublé que par les toussotements et crachotements du blondinet et les grognements de plaisir du beau brun, celui-ci retira complètement sa bite. Elle dégoulinait littéralement de salive. Il la maintint à la base et, attrapant son minet par les cheveux, il commençait à faire rebondir sa queue sur son visage.
Et c'est là que tout changea. Le blondinet éclata de rire.
Le brun se figea. Il avait toujours aimé infliger ce truc un peu avilissant aux mecs qu'il ramenait, avant de les baiser comme une brute. Ceux qui se prostituaient depuis longtemps supportaient ça sans broncher, les autres, un peu plus novices dans le ''métier'' prenaient un air outré ou offusqué, voire même dégoûté. Mais c'était bien la première fois qu’un riait. Même pas un petit rire jaune, ni moqueur. Non, un petit rire espiègle, comme si c'était la chose la plus drôle qu'il ait jamais vu.
Le brun planta ses yeux gris comme un ciel d'orage dans les yeux bleus comme un ciel d'azur, et il eut une drôle de sensation. Il se sentit... minable. Ce petit blond tout mignon, tout frêle, tout fragile, avec ses grands yeux bleus et sa belle petite gueule, il allait le... démonter. Le faire crier de douleur, le faire pleurer peut-être. Il allait lui faire mal et... pour la première fois depuis très longtemps il se... méprisa. Il était un moins que rien. Il ne savait pas pourquoi, mais avec ce blondinet... il ne pouvait pas... il ne voulait pas...
''je ne peux pas le baiser comme j'ai baisé tous les autres, se dit-il. Pas lui. Je ne sais pas pourquoi, mais avec lui, je ne peux pas. J'ai envie de prendre du plaisir avec lui, oui, mais j'ai envie de... oui, j'ai envie de lui en donner aussi. J'ai envie de prendre mon pied et que lui prenne le sien. Je ne vais pas le baiser, non... je vais lui... je vais lui... faire l'amour''
Il se pencha en avant et releva le minet en le prenant par les aisselles. Il parut un peu décontenancé. Il se demandait ce qu'on allait lui ordonner maintenant. Se mettre à 4 pattes sur le lit, sans doute. Et il fut encore plus surpris quand son bel étalon passa une main sur sa joue tout doucement, en lui souriant. Il approcha son visage et écrasa ses lèvres sur celles de son blondinet. Les bouches s’entrouvrirent et les langues se caressèrent puis s'emmêlèrent langoureusement. Le baiser fut long et passionné.
Le brun se pencha, passa ses bras musclés en dessous des fesses du petit blond, et le souleva. Il entoura la taille des ses cuisses et le brun l'amena jusqu'au lit, l'y déposa délicatement et vint se caler entre ses jambes. Il se coucha sur lui pour de nouveau l'embrasser. Ils étaient bouche contre bouche, torse contre torse, ventre contre ventre, et sexe contre sexe.
Le brun regarda son petit mec dans les yeux et commença à onduler son bassin, frottant sa bite contre la sienne.
''Tu vas voir, je vais bien m'occuper de toi, petit, je vais me racheter avec toi pour tous les autres, se dit-il. Je te jure que tu vas prendre un plaisir de dingue. Du moins, si j'arrive à me rappeler comment on fait''.
Ses lèvres migrèrent le long de l'arête de la mâchoire du blondinet.
(1) Pied : mesure de taille en Utopia. La légende veut que cette mesure vienne de la première femme de Carlus Magnus premier, qui avait de très grands pieds. Correspond à 50,004 cm
(2) Tiantang : mythologie utopienne. Lieu où, après leur mort, les justes passent l'éternité dans l'extrême béatitude. Lieu merveilleux ou tout n'est qu'ordre et beauté, luxe calme et volupté.