CHAPITRE III
[align=center][b][b][b]''Anima sana in corpore sano''[/b][/b][/b]
[align=center][b][b][b]''Anima sana in corpore sano''[/b][/b][/b]
Derrière un comptoir en carrara (1) se tenait un monstre de femme. Mamelue, fessue et ventrue, elle arborait une moustache qui aurait fait pâlir d’envie certains hommes qu'il connaissait.
- Que puis-je faire... pour vous... mon gentilhomme ?
Elle parlait d'une voix essoufflée, comme si chaque mot la mettait hors d'haleine.
- Je voudrais prendre un bain.
- Bien sûr... collectif... ou privé ?
- Privé.
- Cela fera... trois sols.
Il déposa trois pièces sur le comptoir.
- Voulez-vous... un baignoir..., un peignoir..., ou les deux ?
- Les deux.
- Cela fera... un sol.
Il déposa une pièce sur les premières.
- Voulez-vous... une estuvière... pour vous aider... dans vos ablutions ?
- Oui-da, et un barbier aussi...
- Cela fera... deux sols.
Il déposa deux pièces de plus et la mère Mouchu les happa à une telle vitesse qui l'en fut tout étonné.
Elle agita une petite sonnette et apparut une jeune fille, de 18 ou 19 ans, mince et blonde, avec de grands yeux bleus, portant un petit corsage qui laissait apparaître de beaux bras roses et une petite jupe qui laissait voir le bas de ses cuisses.
La mère Mouchu lui dit quelques mots et la blondinette se tourna vers lui.
- Bonjour monsieur, je me nomme Babeau et je serai votre estuvière. Si vous voulez bien me suivre...
- Jusqu'au bout du monde, Babeau, jusqu'au bout du monde...
- Oh, nous n'irons pas si loin, dit-elle en riant.
Elle l'entraîna dans un petit couloir jusqu'à une porte sur la gauche et s'effaça pour le laisser entrer.
Petite pièce carrée aux murs blancs. Un lit en bois couvert d'un linge et d'un oreiller, une chaise, un porte manteau, et un grand baquet en bois, de forme ovale.
- Dis moi, Babeau, ta patronne m'a proposé un baignoir et un peignoir. J'ai pris les deux, mais je ne sais pas du tout ce que c'est...
- Oh, c'est très simple monsieur, on appelle baignoir un grand drap que l'on met dans le fond de la cuve à baigner, ça la rend plus confortable et, la cuve étant en bois, cela évite d'avoir des échardes à des endroits... inconfortables. Le peignoir est une sorte de manteau en spongiam (2) qui vous permettra de ne pas ressentir le froid de la pièce avant et après le bain. Monsieur a-t-il besoin d'aide pour se dévêtir ?
- Juste pour m'aider à retirer mes bottes.
Babeau l'aida et, une fois qu'il fut déchaussé, elle se planta devant lui en croisant les bras.
- Quoi, Babeau, tu vas me regarder me mettre nu.
- Oui, monsieur, je dois m'assurer que vous n'avez ni chancre ni toute autre maladie de peau. De plus, lorsque je vous aiderai à vous laver, je ferai bien plus que regarder, dit-elle en rosissant. Et vous n'avez pas de vergogne à avoir, je vois des hommes nus toute la journée...
Il se dévêtit donc. Babeau parut surprise de voir qu'il portait un sous-vêtement qui cachait son intimité. Il savait que ce n'était pas courant. C'est son maître qui l'y avait initié.
- C'est plus hygiénique, kohai, ça tient chaud en hiver et ça évite, lorsqu'on chevauche, que le tout se balade et qu'on s'écrase les... enfin, tu vois ce que je veux dire...
Une fois nu, elle l'inspecta sous toutes les coutures, lui demandant d'écarter les jambes en relevant ses testicules, de relever les bras, etc... une fois l'inspection terminée, elle le déclara sain et gaillard et lui enfila le fameux peignoir. Il s'assit sur la chaise pendant que Babeau mettait un grand linge dans le fond de la cuve et actionnait les deux petits robinets qui se trouvaient à l'un des bouts de la cuve. Un bleu, pour l'eau froide, et un rouge, pour l'eau chaude.
- D'où vient cette eau fumante ?
- D'une grande cuve chauffée au feu de bois, monsieur.
Trempant sa main dans l'eau, Babeau ajusta la température puis se dirigea vers une étagère. Elle y prit un grand pot, y plongea la main et jeta deux poignées de cristaux dans l'eau. Une fois dissous, une agréable odeur florale emplit bientôt la pièce.
- Si monsieur veut bien se donner la peine d'entrer dans la cuve...
Elle lui enleva son peignoir et il entra dans l'eau en poussant un soupir de plaisir. ''Quel bonheur d'avoir un corps quand on le baigne'', se dit-il. Les médecins, cette funeste engeance, avaient fait courir le bruit que l'eau chaude, dilatant les pores de la peau, permettait aux maladies d'entrer dans le corps. Quelle stupidité. C'était plutôt la crasse qui favorisait les maladies. Ce qui n'empêchait que beaucoup y croyaient. Une haute dame, de la cour du Duc, s'était vantée un jour de ne s'être pas décrasser les mains de 15 jours (donc imaginez le reste) et une autre qui, disait-on, avait les ongles en deuil parce qu'elle avait l'habitude de se gratter. A toutes ces dames qui pulvérisaient de parfum leur peau crasseuse, il préférait Babeau, ses beaux bras rouges laver à l'eau claire.
Babeau, d’ailleurs, revint et commença à le savonner. Les cheveux, le cou, les épaules, les pectoraux, le ventre. Il se demanda si c'était vraiment habituel, mais elle ne descendit pas plus bas. Elle lui demanda de se pencher en avant et lui savonna le dos, les reins, et s'arrêta aux fesses.
- Si monsieur veut bien se savonner lui-même ses parties intimes et ses fesses...
Une fois fait, Babeau commença à le frotter avec un gant en spongiam, puis le lui tendit pour qu'il se lave ce qu'elle n'avait pas savonner. Il remarqua qu'elle l'observait en tapinois décalotter son sexe et se laver avec application le gland. Il s'occupa ensuite de ses fesses et de son entre-fesses. Babeau lui demanda de se lever, lui savonna énergiquement les cuisses et les mollets, vida l'eau de la cuve, le rinça à l'eau claire, le sécha à l'arrache-peau, puis lui enfila son peignoir.
Il s’allongea sur le lit. Sa peau embaumait les fleurs sauvages.
- Monsieura-t-il demandé à se faire rabattre le poil ?
- Tout à fait.
- Très bien, je vais demander à la barbière de venir.
- La barbière ??
- Oui, monsieur, ici c'est une barbière qui officie.
Elle allait sortir quand il lui dit :
- Babeau, prends deux sols dans mon escarcelle.
- Deux sols, monsieur, c'est prou, et plus que je gagne ici à labourer tout le jour.
- C'est peu pour ta gentillesse. Prends te dis-je.
- Avez vous donc tant fiance en moi pour me laisser ainsi fouiller dans vos pécunes.
- Toute fiance ma jolie.
Elle prit donc les deux sols et lui dit :
- Monsieur, puis-je vous poutouner pour vous remercier.
- Tu peux, Babeau, tu peux...
Elle s'approcha et lui déposa un petit bisou sur la joue. Elle ouvrit la porte et se retourna :
- Si je peux me permettre, monsieur est extrêmement bien fait, et c'était un véritable plaisir de savonner de si beaux muscles tant fermes...
Elle rosit, lui fit une petite révérence et partit.
Il sourit. ''je ne sais si c'est vraiment sincère, vu le nombre d'hommes nus qu'elle voit tous les jours, mais c'est agréable pour mon petit... non, mon énorme, ego'', se dit-il.
Il commençait à somnoler quand on frappa à la porte.
- Entrez !
- Bonjour, monsieur, je me nomme Babette et je suis la barbière...
Quand il avait appris qu'il s'agissait d'une barbière qui allait s'occuper de lui, il avait imaginé une vieille femme revêche et aussi monstrueuse que la mère Mouchu. Au lieu de cela c'était une jeune fille, à peu près de l'age de Babeau, brune et mignonne, ses yeux marrons pétillants de malice.
- Et bien bonjour. Babette après Babeau... est-ce fait exprès ?
- Babette est bien mon nom. Et même si Babeau est très beau, je trouve Babette plus mignon... et elle éclata d’un petit rire espiègle.
Elle mit la chaise à côté du lit et sortit son petit matériel d'une petite sacoche.
- Monsieur veut-il se faire rabattre tout le poil ou seulement une partie ?
- Seulement une partie, juste...
- Que monsieur me laisse deviner. Si vous voulez bien enlever votre peignoir que je vois l'ampleur du chantier, dit Babette en riant.
Il se retrouva de nouveau nu devant une autre jeune fille qui l'observa attentivement.
- Le ventre, en laissant une petite ligne de poil jusqu'à votre sexe, le-dit sexe et les testicules, le périnée, les aisselles, les fesses et l'entre fesses, et la barbe... ai-je raison ?
- Tout à fait...
- Très bien, mettons nous au travail.
Elle sortit un pinceau rond, fit mousser un petit onguent dans un pot et entreprit de déposer cette mousse sur les parties à raser. Alors qu'elle s'occupait des aisselles, il demanda :
- D'où vient, Babette, que tu fasses ce métier, assez inhabituel pour une fille ?
- Mon père était lui-même barbier ès étuve. Mais ma mère ne lui a donné que des filles. Aussi il s'est résolu à m'apprendre ce métier et maintenant que mes parents sont vieux, je travaille ici pour m'occuper d'eux.
Elle rasait son ventre quand il demanda :
- Et aucun client n'a jamais essayé de... enfin, de...
- Non, jamais monsieur...
- Ah bon ?
- Croyez vous qu'ils oseraient alors que j'ai ça dans la main, dit-elle en brandissant son rasoir.
- En effet, dit-il, c'est un argument de poids. J'espère ne point t'avoir offenser en posant cette question.
- Point d'offense, monsieur, je vois bien dans vos beaux yeux gris que vous n’y voyiez point malice.
Babette prit à pleine main son sexe et le penchait à droite et à gauche pour le raser. Or ce contact ne le laissa pas indifférent.
- Monsieur, si ça continue, je m'en vais la lâcher... elle tiendra bien droite toute seule...
- Garde t'en bien, dit-il dans un souffle, elle risquerait de retomber sur la lame de ton rasoir.
Babette éclata de son petit rire musical. Elle termina son rasage, déposa un onguent pour apaiser le feu du rasoir et dit :
- Et voilà, monsieur, vous êtes aussi lisse et doux que fesses de nouveau né.
Elle se leva, rangea son matériel et s’apprêtait à partir quand il lui dit :
- Babette, prends deux sols dans mon escarcelle.
- Deux sols, monsieur, c'est prou.
- C'est peu pour ta gaieté et ta dextérité.
Babette prit les deux sols, et, comme Babeau, demanda :
- Monsieur, puis-je vous poutouner pour vous remercier.
- Avec le plus grand plaisir.
Elle lui déposa un petit bisou sur la joue, ouvrit la porte, se retourna et dit :
- Babeau avait raison, monsieur est extrêmement bien fait, et voir ces beaux muscles gonflés tressaillir sous le passage de mon rasoir était un pur ravissement. Et je pourrai dire à Babeau que monsieur est également très bien membré...
Elle rougit, fit une petite révérence, et s'en fut.
''Et bien, que de compliments on vous baille céans'' se dit-il.
Il se rhabilla et sortit. En passant devant la mère Mouchu, elle lui demanda :
- Monsieur est-il satisfait de ses ablutions ?
- Oh que oui.
- Ainsi monsieur reviendra ?
- Sois en sûr.
- Dans ce cas, puis-je vous demander d'être un peu moins libéral dans vos pourboires à mes filles. Vous me gâter le personnel, leur donnant plus que je ne les paye par jour, et...
Elle allait continuer mais se brida, en voyant les yeux gris noircirent. Il ne répondit rien et sortit. ''La prochaine fois ce n'est pas deux sols que je leur donnerai, mais un lunar, juste pour faire s'arracher le peu de cheveux qu'il reste à cette monstruosité'' pensa-t-il.
Il retourna à l'auberge, mangea et remonta dans sa chambre. Il ceignit son épée, les rues de Minoxy'Dil étant peu sûre dés la nuit tombée, et se dirigea vers les quartiers Est de la ville.
(1) Carrara : pierre dure souvent veinée de différentes couleurs, utilisée en sculpture et en décoration. Très semblable au marbre.
(2) Spongiam : tissu ayant la capacité d'absorber une grande quantité d'eau. Très semblable au tissu éponge.
- Que puis-je faire... pour vous... mon gentilhomme ?
Elle parlait d'une voix essoufflée, comme si chaque mot la mettait hors d'haleine.
- Je voudrais prendre un bain.
- Bien sûr... collectif... ou privé ?
- Privé.
- Cela fera... trois sols.
Il déposa trois pièces sur le comptoir.
- Voulez-vous... un baignoir..., un peignoir..., ou les deux ?
- Les deux.
- Cela fera... un sol.
Il déposa une pièce sur les premières.
- Voulez-vous... une estuvière... pour vous aider... dans vos ablutions ?
- Oui-da, et un barbier aussi...
- Cela fera... deux sols.
Il déposa deux pièces de plus et la mère Mouchu les happa à une telle vitesse qui l'en fut tout étonné.
Elle agita une petite sonnette et apparut une jeune fille, de 18 ou 19 ans, mince et blonde, avec de grands yeux bleus, portant un petit corsage qui laissait apparaître de beaux bras roses et une petite jupe qui laissait voir le bas de ses cuisses.
La mère Mouchu lui dit quelques mots et la blondinette se tourna vers lui.
- Bonjour monsieur, je me nomme Babeau et je serai votre estuvière. Si vous voulez bien me suivre...
- Jusqu'au bout du monde, Babeau, jusqu'au bout du monde...
- Oh, nous n'irons pas si loin, dit-elle en riant.
Elle l'entraîna dans un petit couloir jusqu'à une porte sur la gauche et s'effaça pour le laisser entrer.
Petite pièce carrée aux murs blancs. Un lit en bois couvert d'un linge et d'un oreiller, une chaise, un porte manteau, et un grand baquet en bois, de forme ovale.
- Dis moi, Babeau, ta patronne m'a proposé un baignoir et un peignoir. J'ai pris les deux, mais je ne sais pas du tout ce que c'est...
- Oh, c'est très simple monsieur, on appelle baignoir un grand drap que l'on met dans le fond de la cuve à baigner, ça la rend plus confortable et, la cuve étant en bois, cela évite d'avoir des échardes à des endroits... inconfortables. Le peignoir est une sorte de manteau en spongiam (2) qui vous permettra de ne pas ressentir le froid de la pièce avant et après le bain. Monsieur a-t-il besoin d'aide pour se dévêtir ?
- Juste pour m'aider à retirer mes bottes.
Babeau l'aida et, une fois qu'il fut déchaussé, elle se planta devant lui en croisant les bras.
- Quoi, Babeau, tu vas me regarder me mettre nu.
- Oui, monsieur, je dois m'assurer que vous n'avez ni chancre ni toute autre maladie de peau. De plus, lorsque je vous aiderai à vous laver, je ferai bien plus que regarder, dit-elle en rosissant. Et vous n'avez pas de vergogne à avoir, je vois des hommes nus toute la journée...
Il se dévêtit donc. Babeau parut surprise de voir qu'il portait un sous-vêtement qui cachait son intimité. Il savait que ce n'était pas courant. C'est son maître qui l'y avait initié.
- C'est plus hygiénique, kohai, ça tient chaud en hiver et ça évite, lorsqu'on chevauche, que le tout se balade et qu'on s'écrase les... enfin, tu vois ce que je veux dire...
Une fois nu, elle l'inspecta sous toutes les coutures, lui demandant d'écarter les jambes en relevant ses testicules, de relever les bras, etc... une fois l'inspection terminée, elle le déclara sain et gaillard et lui enfila le fameux peignoir. Il s'assit sur la chaise pendant que Babeau mettait un grand linge dans le fond de la cuve et actionnait les deux petits robinets qui se trouvaient à l'un des bouts de la cuve. Un bleu, pour l'eau froide, et un rouge, pour l'eau chaude.
- D'où vient cette eau fumante ?
- D'une grande cuve chauffée au feu de bois, monsieur.
Trempant sa main dans l'eau, Babeau ajusta la température puis se dirigea vers une étagère. Elle y prit un grand pot, y plongea la main et jeta deux poignées de cristaux dans l'eau. Une fois dissous, une agréable odeur florale emplit bientôt la pièce.
- Si monsieur veut bien se donner la peine d'entrer dans la cuve...
Elle lui enleva son peignoir et il entra dans l'eau en poussant un soupir de plaisir. ''Quel bonheur d'avoir un corps quand on le baigne'', se dit-il. Les médecins, cette funeste engeance, avaient fait courir le bruit que l'eau chaude, dilatant les pores de la peau, permettait aux maladies d'entrer dans le corps. Quelle stupidité. C'était plutôt la crasse qui favorisait les maladies. Ce qui n'empêchait que beaucoup y croyaient. Une haute dame, de la cour du Duc, s'était vantée un jour de ne s'être pas décrasser les mains de 15 jours (donc imaginez le reste) et une autre qui, disait-on, avait les ongles en deuil parce qu'elle avait l'habitude de se gratter. A toutes ces dames qui pulvérisaient de parfum leur peau crasseuse, il préférait Babeau, ses beaux bras rouges laver à l'eau claire.
Babeau, d’ailleurs, revint et commença à le savonner. Les cheveux, le cou, les épaules, les pectoraux, le ventre. Il se demanda si c'était vraiment habituel, mais elle ne descendit pas plus bas. Elle lui demanda de se pencher en avant et lui savonna le dos, les reins, et s'arrêta aux fesses.
- Si monsieur veut bien se savonner lui-même ses parties intimes et ses fesses...
Une fois fait, Babeau commença à le frotter avec un gant en spongiam, puis le lui tendit pour qu'il se lave ce qu'elle n'avait pas savonner. Il remarqua qu'elle l'observait en tapinois décalotter son sexe et se laver avec application le gland. Il s'occupa ensuite de ses fesses et de son entre-fesses. Babeau lui demanda de se lever, lui savonna énergiquement les cuisses et les mollets, vida l'eau de la cuve, le rinça à l'eau claire, le sécha à l'arrache-peau, puis lui enfila son peignoir.
Il s’allongea sur le lit. Sa peau embaumait les fleurs sauvages.
- Monsieura-t-il demandé à se faire rabattre le poil ?
- Tout à fait.
- Très bien, je vais demander à la barbière de venir.
- La barbière ??
- Oui, monsieur, ici c'est une barbière qui officie.
Elle allait sortir quand il lui dit :
- Babeau, prends deux sols dans mon escarcelle.
- Deux sols, monsieur, c'est prou, et plus que je gagne ici à labourer tout le jour.
- C'est peu pour ta gentillesse. Prends te dis-je.
- Avez vous donc tant fiance en moi pour me laisser ainsi fouiller dans vos pécunes.
- Toute fiance ma jolie.
Elle prit donc les deux sols et lui dit :
- Monsieur, puis-je vous poutouner pour vous remercier.
- Tu peux, Babeau, tu peux...
Elle s'approcha et lui déposa un petit bisou sur la joue. Elle ouvrit la porte et se retourna :
- Si je peux me permettre, monsieur est extrêmement bien fait, et c'était un véritable plaisir de savonner de si beaux muscles tant fermes...
Elle rosit, lui fit une petite révérence et partit.
Il sourit. ''je ne sais si c'est vraiment sincère, vu le nombre d'hommes nus qu'elle voit tous les jours, mais c'est agréable pour mon petit... non, mon énorme, ego'', se dit-il.
Il commençait à somnoler quand on frappa à la porte.
- Entrez !
- Bonjour, monsieur, je me nomme Babette et je suis la barbière...
Quand il avait appris qu'il s'agissait d'une barbière qui allait s'occuper de lui, il avait imaginé une vieille femme revêche et aussi monstrueuse que la mère Mouchu. Au lieu de cela c'était une jeune fille, à peu près de l'age de Babeau, brune et mignonne, ses yeux marrons pétillants de malice.
- Et bien bonjour. Babette après Babeau... est-ce fait exprès ?
- Babette est bien mon nom. Et même si Babeau est très beau, je trouve Babette plus mignon... et elle éclata d’un petit rire espiègle.
Elle mit la chaise à côté du lit et sortit son petit matériel d'une petite sacoche.
- Monsieur veut-il se faire rabattre tout le poil ou seulement une partie ?
- Seulement une partie, juste...
- Que monsieur me laisse deviner. Si vous voulez bien enlever votre peignoir que je vois l'ampleur du chantier, dit Babette en riant.
Il se retrouva de nouveau nu devant une autre jeune fille qui l'observa attentivement.
- Le ventre, en laissant une petite ligne de poil jusqu'à votre sexe, le-dit sexe et les testicules, le périnée, les aisselles, les fesses et l'entre fesses, et la barbe... ai-je raison ?
- Tout à fait...
- Très bien, mettons nous au travail.
Elle sortit un pinceau rond, fit mousser un petit onguent dans un pot et entreprit de déposer cette mousse sur les parties à raser. Alors qu'elle s'occupait des aisselles, il demanda :
- D'où vient, Babette, que tu fasses ce métier, assez inhabituel pour une fille ?
- Mon père était lui-même barbier ès étuve. Mais ma mère ne lui a donné que des filles. Aussi il s'est résolu à m'apprendre ce métier et maintenant que mes parents sont vieux, je travaille ici pour m'occuper d'eux.
Elle rasait son ventre quand il demanda :
- Et aucun client n'a jamais essayé de... enfin, de...
- Non, jamais monsieur...
- Ah bon ?
- Croyez vous qu'ils oseraient alors que j'ai ça dans la main, dit-elle en brandissant son rasoir.
- En effet, dit-il, c'est un argument de poids. J'espère ne point t'avoir offenser en posant cette question.
- Point d'offense, monsieur, je vois bien dans vos beaux yeux gris que vous n’y voyiez point malice.
Babette prit à pleine main son sexe et le penchait à droite et à gauche pour le raser. Or ce contact ne le laissa pas indifférent.
- Monsieur, si ça continue, je m'en vais la lâcher... elle tiendra bien droite toute seule...
- Garde t'en bien, dit-il dans un souffle, elle risquerait de retomber sur la lame de ton rasoir.
Babette éclata de son petit rire musical. Elle termina son rasage, déposa un onguent pour apaiser le feu du rasoir et dit :
- Et voilà, monsieur, vous êtes aussi lisse et doux que fesses de nouveau né.
Elle se leva, rangea son matériel et s’apprêtait à partir quand il lui dit :
- Babette, prends deux sols dans mon escarcelle.
- Deux sols, monsieur, c'est prou.
- C'est peu pour ta gaieté et ta dextérité.
Babette prit les deux sols, et, comme Babeau, demanda :
- Monsieur, puis-je vous poutouner pour vous remercier.
- Avec le plus grand plaisir.
Elle lui déposa un petit bisou sur la joue, ouvrit la porte, se retourna et dit :
- Babeau avait raison, monsieur est extrêmement bien fait, et voir ces beaux muscles gonflés tressaillir sous le passage de mon rasoir était un pur ravissement. Et je pourrai dire à Babeau que monsieur est également très bien membré...
Elle rougit, fit une petite révérence, et s'en fut.
''Et bien, que de compliments on vous baille céans'' se dit-il.
Il se rhabilla et sortit. En passant devant la mère Mouchu, elle lui demanda :
- Monsieur est-il satisfait de ses ablutions ?
- Oh que oui.
- Ainsi monsieur reviendra ?
- Sois en sûr.
- Dans ce cas, puis-je vous demander d'être un peu moins libéral dans vos pourboires à mes filles. Vous me gâter le personnel, leur donnant plus que je ne les paye par jour, et...
Elle allait continuer mais se brida, en voyant les yeux gris noircirent. Il ne répondit rien et sortit. ''La prochaine fois ce n'est pas deux sols que je leur donnerai, mais un lunar, juste pour faire s'arracher le peu de cheveux qu'il reste à cette monstruosité'' pensa-t-il.
Il retourna à l'auberge, mangea et remonta dans sa chambre. Il ceignit son épée, les rues de Minoxy'Dil étant peu sûre dés la nuit tombée, et se dirigea vers les quartiers Est de la ville.
(1) Carrara : pierre dure souvent veinée de différentes couleurs, utilisée en sculpture et en décoration. Très semblable au marbre.
(2) Spongiam : tissu ayant la capacité d'absorber une grande quantité d'eau. Très semblable au tissu éponge.