NDA Mes idées au sujet de ce récit évoluant constamment, les nouveaux épisodes pourront être en contradiction avec mes réponses aux commentaires précédents. Pour donner un exemple, le narrateur va parler à Florian de sa vie sentimentale plus rapidement que je l’avais prévu, ce qui me semble plus réaliste puisqu’ils vont passer des mois ensemble et auront des activités en dehors des répétitions hebdomadaires.
Je ne désire pas diluer l’intrigue pour faire ressentir la longue période pendant laquelle elle se déroulera, je préfère me concentrer sur quelques évènements particuliers, avec le risque que certaines informations ne soient pas données au bon moment (et, pour ne rien vous cacher, ces évènements particuliers seront peu nombreux à moins que j’en imagine d’autres).
4
Le samedi suivant, en buvant notre café après le sport, nous parlâmes de la nouvelle assistante Anaïs qui avait assisté à la répétition deux jours auparavant, je demandai à Florian ce qu’il en pensait.
— Elle a l’air passionnée par ce projet, me répondit-il, et compétente, elle a déjà étudié à fond le texte et ses significations, plus que moi.
— C’est le travail d’une metteuse en scène et pas forcément le nôtre.
— Nous devons quand même réfléchir à l’incarnation que nous donnerons à nos personnages.
— Tu as raison, mais, dans un premier temps, je dois d’abord apprendre le texte et ce n’est pas facile.
J’hésitais longuement avant de parler à Florian d’un autre aspect de cette présence féminine en repensant à une remarque du metteur en scène, puis je me jetai à l’eau :
— Olivier a dit qu’elle t’appréciait.
— Je vois où tu veux en venir. Je dois dire que cela m’a surpris, peut-être pense-t-il qu’elle est amoureuse de moi ?
— C’est l’impression que j’ai eue.
— Qu'elle est amoureuse de moi ou qu’Olivier pense qu’elle est amoureuse de moi ?
— La seconde affirmation, je ne voudrais surtout pas me mêler de tes affaires sentimentales.
— C’est pourtant ce que tu fais en ce moment, dit Florian en riant.
Je rougis, pensant avoir mis les pieds dans le plat.
— Tu n’es pas le seul, continua-t-il, à part Olivier et toi, il y a aussi ma mère qui s’en mêle. Je n’ai aucune raison de te le cacher, je n’ai pas de petite amie et je n’en ai jamais cherché. Je crois que ce n’est pas le moment, je dois me concentrer sur mes études et sur notre pièce.
— Rien ne presse, je n’ai connu ma femme que lorsque j’étais à l’université et j’étais encore puceau.
J’eus à nouveau l’impression d’avoir gaffé, je rajoutai :
— Ce n’est pas pour te demander si tu l’es encore.
— Je crois entendre ma mère, mais je me sens plus à l’aise de parler de cela avec toi qu’avec elle. Oui, je n’ai encore jamais couché avec une fille. Maintenant, tout ceci reste entre nous.
— Bien sûr.
— Et toi, une nouvelle conquête depuis ton divorce ?
— Non, je fais une pause, qui pourrait être très longue. Mais on ne sait jamais, je pourrais rencontrer quelqu’un de manière inattendue.
— Moi aussi.
Il eut un sourire énigmatique, pensait-il à Anaïs ? Ou à quelqu’un d’autre ? Nous n’abordâmes plus ce sujet et je n’eus aucun indice quant à une éventuelle liaison avec l’assistante. Nous ne la croisions pas dans le bus, elle habitait un autre village de la région et c’était Olivier qui la véhiculait, nous nous concentrions sur notre spectacle pendant les répétitions.
Nous continuions à nous entrainer tous les samedis matin, même si le temps franchissait, Florian préférait l’extérieur à une salle de fitness. En octobre, il fut absent pendant une semaine car il avait un voyage d’étude à Rome avec la classe de son gymnase. Le lendemain de son retour, je lui demandai comment cela s’était passé.
— Très bien, me répondit-il, les visites habituelles, il y a tellement de choses à voir dans cette ville.
— Pas d’excès ? Certains élèves en profitent pour se défouler.
— Non, nous sommes restés calmes et les professeurs nous encadraient. Il y avait eu un décès après un coup de couteau il y a quelques années lors d’un tel voyage et cela a laissé des traces.
— Vous étiez à l’hôtel ? demandai-je.
— Non, à l’institut Domus Nascimbeni, tenu par la communauté des Petites Sœurs de la Sainte Famille, c’est d’ailleurs dans ce même institut qu’avait eu lieu la bagarre fatale.
Florian resta pensif, puis il sourit en disant :
— Si elles savaient ce que nous avons fait dans notre chambre, les Petites Sœurs… Ce n’était pas très catholique.
— Qu’avez-vous fait ?
— Nous nous sommes masturbés tous ensemble, nous étions six garçons.
— Moins grave que de se bagarrer, et on peut se confesser après.
— Je suis protestant, pas de confession. Et toi ?
— Moi aussi, mais je ne me suis jamais masturbé en groupe.
— Expérience intéressante, même si l’on n’est pas gay.
Je me demandai pourquoi il m’avait parlé de cela. Cela ne me déplaisait pas, j’aimais bien la direction que prenait notre relation, il se laissait plus facilement aller et moi aussi. J’avais l’impression que nous devenions amis, et plus seulement deux comédiens qui jouions dans la même troupe.
— J’y pense, dis-je, il faut que je te demande quelque chose: dans deux semaines, Olivier désire aller voir une pièce au Château Rouge à Annemasse, Richard III, également de Shakespeare, mise en scène par Guillaume Séverac-Schmitz. Ce sera un samedi soir et, comme ça se terminera très tard, il propose de dormir à l’hôtel.
— Je n’ai rien ce week-end-là, cela m’intéresserait. Tu y vas ?
— Oui, et il y aura aussi Anaïs et Tiago, c’est lui qui fera les lumières de notre spectacle. Envoie un message à Olivier, il réservera les billets et l’hôtel.
Deux semaines plus tard, nous prîmes le train vers 15 heures pour nous rendre en France, on pouvait y aller sans changer grâce à la nouvelle liaison souterraine entre Genève Cornavin et Annemasse. Nous n’étions que quatre, Tiago nous rejoindrait juste avant le début du spectacle à 20 heures. Après avoir déposé nos bagages à l’hôtel, nous dinâmes dans un restaurant.
Florian avait bon appétit, il commanda un steak de 280 g avec plusieurs services de frites ; Olivier et moi un de 180 g ; Anaïs se contenta d’un steak végétarien, nous n’osâmes pas lui demander si c’était occasionnel ou si elle renonçait toujours à la viande.
Le Château Rouge était un bâtiment moderne, bâti dans les années 1980, la grande salle était immense, elle pouvait compter jusqu’à 1000 places, mais seule la partie inférieure était ouverte. Ce qui me frappa en entrant était l’atmosphère sombre, même glaciale qui attendait les spectateurs. Le rideau n’était pas fermé, la scène était noire et légèrement enfumée. Nous étions déjà dans l’ambiance avant même le début.
Je fis la remarque avant de nous asseoir, en disant que ce serait très difficile de réaliser le même éclairage dans la grande salle de Froideville, malgré le nom prédestiné de la localité. Tiago, qui venait seulement de nous rejoindre, me répondit :
— Cela dépendra du nombre de projecteurs que nous pourrons louer, c’est-à-dire des moyens du mécène qui nous soutient cette année.
— Vous le connaissez ?
— Non, fit Olivier, mais je connais bien Tiago, il est génial et pourrait éclairer un spectacle avec quelques lampes de poche. Je le connais même très bien.
Je ne désire pas diluer l’intrigue pour faire ressentir la longue période pendant laquelle elle se déroulera, je préfère me concentrer sur quelques évènements particuliers, avec le risque que certaines informations ne soient pas données au bon moment (et, pour ne rien vous cacher, ces évènements particuliers seront peu nombreux à moins que j’en imagine d’autres).
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Le samedi suivant, en buvant notre café après le sport, nous parlâmes de la nouvelle assistante Anaïs qui avait assisté à la répétition deux jours auparavant, je demandai à Florian ce qu’il en pensait.
— Elle a l’air passionnée par ce projet, me répondit-il, et compétente, elle a déjà étudié à fond le texte et ses significations, plus que moi.
— C’est le travail d’une metteuse en scène et pas forcément le nôtre.
— Nous devons quand même réfléchir à l’incarnation que nous donnerons à nos personnages.
— Tu as raison, mais, dans un premier temps, je dois d’abord apprendre le texte et ce n’est pas facile.
J’hésitais longuement avant de parler à Florian d’un autre aspect de cette présence féminine en repensant à une remarque du metteur en scène, puis je me jetai à l’eau :
— Olivier a dit qu’elle t’appréciait.
— Je vois où tu veux en venir. Je dois dire que cela m’a surpris, peut-être pense-t-il qu’elle est amoureuse de moi ?
— C’est l’impression que j’ai eue.
— Qu'elle est amoureuse de moi ou qu’Olivier pense qu’elle est amoureuse de moi ?
— La seconde affirmation, je ne voudrais surtout pas me mêler de tes affaires sentimentales.
— C’est pourtant ce que tu fais en ce moment, dit Florian en riant.
Je rougis, pensant avoir mis les pieds dans le plat.
— Tu n’es pas le seul, continua-t-il, à part Olivier et toi, il y a aussi ma mère qui s’en mêle. Je n’ai aucune raison de te le cacher, je n’ai pas de petite amie et je n’en ai jamais cherché. Je crois que ce n’est pas le moment, je dois me concentrer sur mes études et sur notre pièce.
— Rien ne presse, je n’ai connu ma femme que lorsque j’étais à l’université et j’étais encore puceau.
J’eus à nouveau l’impression d’avoir gaffé, je rajoutai :
— Ce n’est pas pour te demander si tu l’es encore.
— Je crois entendre ma mère, mais je me sens plus à l’aise de parler de cela avec toi qu’avec elle. Oui, je n’ai encore jamais couché avec une fille. Maintenant, tout ceci reste entre nous.
— Bien sûr.
— Et toi, une nouvelle conquête depuis ton divorce ?
— Non, je fais une pause, qui pourrait être très longue. Mais on ne sait jamais, je pourrais rencontrer quelqu’un de manière inattendue.
— Moi aussi.
Il eut un sourire énigmatique, pensait-il à Anaïs ? Ou à quelqu’un d’autre ? Nous n’abordâmes plus ce sujet et je n’eus aucun indice quant à une éventuelle liaison avec l’assistante. Nous ne la croisions pas dans le bus, elle habitait un autre village de la région et c’était Olivier qui la véhiculait, nous nous concentrions sur notre spectacle pendant les répétitions.
Nous continuions à nous entrainer tous les samedis matin, même si le temps franchissait, Florian préférait l’extérieur à une salle de fitness. En octobre, il fut absent pendant une semaine car il avait un voyage d’étude à Rome avec la classe de son gymnase. Le lendemain de son retour, je lui demandai comment cela s’était passé.
— Très bien, me répondit-il, les visites habituelles, il y a tellement de choses à voir dans cette ville.
— Pas d’excès ? Certains élèves en profitent pour se défouler.
— Non, nous sommes restés calmes et les professeurs nous encadraient. Il y avait eu un décès après un coup de couteau il y a quelques années lors d’un tel voyage et cela a laissé des traces.
— Vous étiez à l’hôtel ? demandai-je.
— Non, à l’institut Domus Nascimbeni, tenu par la communauté des Petites Sœurs de la Sainte Famille, c’est d’ailleurs dans ce même institut qu’avait eu lieu la bagarre fatale.
Florian resta pensif, puis il sourit en disant :
— Si elles savaient ce que nous avons fait dans notre chambre, les Petites Sœurs… Ce n’était pas très catholique.
— Qu’avez-vous fait ?
— Nous nous sommes masturbés tous ensemble, nous étions six garçons.
— Moins grave que de se bagarrer, et on peut se confesser après.
— Je suis protestant, pas de confession. Et toi ?
— Moi aussi, mais je ne me suis jamais masturbé en groupe.
— Expérience intéressante, même si l’on n’est pas gay.
Je me demandai pourquoi il m’avait parlé de cela. Cela ne me déplaisait pas, j’aimais bien la direction que prenait notre relation, il se laissait plus facilement aller et moi aussi. J’avais l’impression que nous devenions amis, et plus seulement deux comédiens qui jouions dans la même troupe.
— J’y pense, dis-je, il faut que je te demande quelque chose: dans deux semaines, Olivier désire aller voir une pièce au Château Rouge à Annemasse, Richard III, également de Shakespeare, mise en scène par Guillaume Séverac-Schmitz. Ce sera un samedi soir et, comme ça se terminera très tard, il propose de dormir à l’hôtel.
— Je n’ai rien ce week-end-là, cela m’intéresserait. Tu y vas ?
— Oui, et il y aura aussi Anaïs et Tiago, c’est lui qui fera les lumières de notre spectacle. Envoie un message à Olivier, il réservera les billets et l’hôtel.
Deux semaines plus tard, nous prîmes le train vers 15 heures pour nous rendre en France, on pouvait y aller sans changer grâce à la nouvelle liaison souterraine entre Genève Cornavin et Annemasse. Nous n’étions que quatre, Tiago nous rejoindrait juste avant le début du spectacle à 20 heures. Après avoir déposé nos bagages à l’hôtel, nous dinâmes dans un restaurant.
Florian avait bon appétit, il commanda un steak de 280 g avec plusieurs services de frites ; Olivier et moi un de 180 g ; Anaïs se contenta d’un steak végétarien, nous n’osâmes pas lui demander si c’était occasionnel ou si elle renonçait toujours à la viande.
Le Château Rouge était un bâtiment moderne, bâti dans les années 1980, la grande salle était immense, elle pouvait compter jusqu’à 1000 places, mais seule la partie inférieure était ouverte. Ce qui me frappa en entrant était l’atmosphère sombre, même glaciale qui attendait les spectateurs. Le rideau n’était pas fermé, la scène était noire et légèrement enfumée. Nous étions déjà dans l’ambiance avant même le début.
Je fis la remarque avant de nous asseoir, en disant que ce serait très difficile de réaliser le même éclairage dans la grande salle de Froideville, malgré le nom prédestiné de la localité. Tiago, qui venait seulement de nous rejoindre, me répondit :
— Cela dépendra du nombre de projecteurs que nous pourrons louer, c’est-à-dire des moyens du mécène qui nous soutient cette année.
— Vous le connaissez ?
— Non, fit Olivier, mais je connais bien Tiago, il est génial et pourrait éclairer un spectacle avec quelques lampes de poche. Je le connais même très bien.
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