25-02-2023, 05:49 AM
Un bonus : l'auteur a été inspiré par l'image de la lampe merveilleuse,
Le Génie est content
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Chez le défunt grand-oncle Pierre-Antoine, il errait un peu désorienté. Le vieil homme venait de mourir, et le testament par lequel il léguait des séries de livres ou de CD à son petit-neveu favori, Théophane, vingt-deux ans aux prunes, précisait aussi que ce jeune homme pourrait prendre céans tout objet qui lui plairait. Il en avait déjà rempli des cartons, sous les sourires de ses oncles et tantes, qui auraient volontiers tout balancé à la benne...
La famille s'affairait à vider cette immense baraque qu'on avait décidé de vendre. Mais il y avait tant de choses ! Et là, Théophane s'était transporté au grenier : on avait décidé qu'il y serait seul à décider, sauf en cas de trouvaille importante, ce dont on doutait : on considérait le vieil oncle comme un original cultivé,certes — il avait été prof de fac — mais passablement éloigné de la vie de tous les jours.
Et il en trouva, des trucs, Théophane ! Au point qu'il dut faire un second tri dans ce qu'il s'était réservé. Mais le grenier était vaste, et il en découvrait toujours.
Il tomba enfin sur une sorte de lampe à huile en cuivre de genre oriental — il savait que l'oncle avait beaucoup voyagé. Il la trouva jolie et d'un geste machinal, il tenta de l'essuyer avec un bout de chiffon qui traînait là.
Flouff ! fit l'objet qu'il lâcha. Ayant produit un joli son, la lampe exhala une sorte de vapeur qui s'épaissit au point de donner soudain forme à un personnage grotesque mais oriental qui déclara :
— Ouf ! Pas trop tôt ! Maître ! Que puis-je faire pour vous ?
— Mais !... Mais !... balbutia Théophane, sidéré.
— Qu'est-ce qu'y a qui va pas ? demanda la forme, t'as jamais vu de génie ? R'mets-toi, mon gars, y a eu mort d'homme... ah ! ah ! ah ! Mais le génie est toujours là !
Il y avait justement là un vieux grand miroir piqué de partout, et le génie s'y regarda :
— Ouh ! Mais c'est que j'ai fait du lard, moi... façon de parler, évidemment, depuis cent-trente-deux ans que je croupis là-dedans ! C'est p't'êt' mon tour de taille qui te chiffonne, p'tit gars ?
— Euh !
— Tiens, quand j'ai commencé, j'étais à un eunuque du Grand Turc qui entraînait des hommes pour les spectacles de la Cour. Allez ! Ferme les yeux, je reviens !
Théophane obéit, et releva les paupières à l'ordre suivant. Devant lui était une sorte d'athlète de son âge, une authentique splendeur. Il avait gardé le regard malicieux de sa vieille forme, mais son sourire était mille fois plus beau.
Et Théophane ne fut même pas étonné que ce « mec » eût des poils harmonieusement disposés sur le torse...
— Ah ! Je vois à ton sourire que ça va d'jà mieux ! fit le génie. Au fait ! Chez les Ottomans, ils m'avaient appelé Kerim, équivalant de l'arabe Karim, qui veut dire « généreux» : ça t'irait ? Sinon on change toute suite : Kévin, Marie-Claude, Totor, Germaine.... comme tu veux !
— Ah ! Ah ! Ah ! Non, Kerim, c'est joli, fit Théophane que l'aventure commençait à amuser grandement.
— Bon. Tu sais quand même que les génies sont là pour te faciliter la vie, mais ne peuvent pas tout : on n'empêche ni les guerres, ni les tremblements de terre... Pour les déraillements, faut voir. Y a des génies qui aiment les trains !
Il souriait largement, le jeune Théophane, désormais.
— On commence par quoi ? demanda Kerim.
— Je suis effaré du boulot qu'il y a à faire ici ! Je dois tout trier et prendre ce qui me plaît, et...
— Je vois ! Tu vas fermer les yeux, et je vais entrer en ton esprit pour me faire une idée de ce qui peut t'intéresser dans ce capharnaüm. Ne pense à rien, j'arrive !
Ainsi fut fait. Une poignée de secondes plus tard, il rouvrit les yeux et Kerim demanda :
— C'est fait : on met ça où ?
— Mais... quoi ?
— Ça.
Et le génie de faire un tout petit geste des doigts : alors tout le grenier entra en transe, et tous les objets, meubles compris, de se promener dans l'air sans jamais s'y heurter, pour se reposer doucement.
— Tout ce qui est près de l'escalier peut t'intéresser : à toi de décider. Je savais qu'il était bizarre, ton oncle, mais comme il m'a jamais fait sortir, j'ai jamais eu l'occasion de le lui dire ! Bon ! Tu me gardes avec toi, ou je me retire, pendant que tu vois ça ?
— Euh... reste, s'te plaît ! fit Théophane, soudain charmé par cette curieuse présence qui ne lui faisait plus peur du tout... et dont la beauté illuminait ce vaste et sinistre grenier.
On travailla dès lors de concert : dès qu'un objet ne convenait pas à Théophane, il allait rejoindre le reste des affaires... par voie aérienne. Et la séance ne s'éternisa pas. Le génie transféra l'héritage de Théophane dans la chambre qu'il gardait ici jusqu'à la fin du rangement.
Or il se trouva qu'aucun de ses oncles et tantes — tous héritiers du vieux Pierre-Antoine — ne dormit là ce soir-là : ils avaient leurs activités mondaines de la fin de semaine... et Théophane restait seul céans jusqu'au lundi.
Pensez si ce jeune homme apprécia l'occasion ! Il pourrait donc faire connaissance avec le monde des génies, et profiter du savoir-faire de celui-ci, qui lui semblait bien intentionné. Et plutôt doué...
La famille ayant pris la tangente, il fit sortir Kerim, qui lui dit tout de go :
— Tu fais pas de manières avec moi, hein ? Parce qu'au sérail du Grand Turc, j'en ai vu, des hommes ! Et depuis.... depuis!...
— Sauf que... je suis pas un artiste du sultan, moi !
— T'es pourtant un des plus beaux maîtres que j'aie eus, Théophane, alors pas de complexe !
Sans trop savoir pourquoi, Théophane avait confiance, et il eut envie de se montrer... Il prit donc sa douche sous le regard bienveillant de Kerim, qui était, rappelons-le, sous la forme d'un mec éblouissant...
Si Théophane se connaissait lui-même, oh ! c'était loin d'être le cas. Mais l'étrange présence de ce génie au merveilleux physique (car il s'agissait bien de ça, à ses yeux) lui donnait un trouble indéfinissable qui... qui lui plaisait bien.
Il se serait bien tripoté, oui, devant Kerim... mais il ne l'osa point... malgré l'avertissement d'iceluy à ne pas faire de manières...
Puis il alla manger un morceau — on ne savait même plus quelle heure il était. Or on passa dans le bureau du professeur, l'oncle Pierre-Antoine, où Kerim toussa.
— La poussière ? Il ne doit pourtant plus y en avoir, vu que c'est la pièce que mes oncles et tantes ont le plus minutieusement examinée, tu penses !
— Non pas, Maître ! La poussière ne m'est d'aucun effet, voyons... un génie ! Non, non... plutôt un truc louche, que je sens... Un trou... pas si vide que ça.... Voyons... Tu veux ?
— Ben oui, évidemment...
— Le grand bureau n'est pas vide. Outre qu'ils devraient se faire du pognon avec ce meuble, je sens qu'il y a quelque chose quelque part...
Soudain, Kerim plongea vers une des serrures de l'imposant bureau en baroque 1900, et il s'enfila dedans, sous l'œil effaré de Théophane.
— J'ai trouvé ! fit une voix venant de l'intérieur du meuble : celle de Kerim.
Soudain, et ce fit sursauter Théophane, le meuble tressauta, et une partie s'en ouvrit, d'où un tiroir sortit, d'où Kerim surgit, tout sourire... tendant une liasse de lettres à Théophane.
— Et voilà, Maître ! Y a plus qu'à lire !
Théophane se mit à ouvrit et à parcourir fébrilement la douzaine de lettres qu'il eut alors en main... avant de crier :
— Ah !... Ah !...
— Maître ?
— C'est... C'est grave, ça... Lis !
— Oui, dit Kerim, ayant juste balayé la lettre des yeux. On appelle le notaire.
— Un vendredi soir ? Bonne idée, oui !
Alors le téléphone de Théophane sonna : le notaire.
— Oh... Euh... Oui, Maître... Onze heures, oui , oui !
— Tu me disais quoi, du vendredi soir ?
— Euh, rien, rien ! bredouilla Théophane. Je suis convoqué chez le notaire demain à onze heures...
— Tu m'emmènes ?
— Hein ? Mais...
— Il y a une fort belle sacoche en cuir, dans le salon...
À onze heures pile, Théophane était reçu par le notaire, ce samedi. Qui commença par se confondre en excuses... car il pensait avoir fait une boulette : l'oncle Pierre-Antoine avait modifié son testament in extremis, et l'en avait averti, mais un peu tard, aussi. Il en révoquait certaines dispositions, mais sans préciser ce qui les remplacerait...
Rassuré, Théophane sortit les papiers trouvés par Kerim, et qui contenaient un testament définitif, et plusieurs lettres indicatives. Or le dernier testament donnait la propriété de la bicoque à Théophane, rien de moins. Et partageait son contenu entre Théophane et ses oncles et tantes.
Une des lettres donnait l'explication de ce revirement : l'oncle avait oui des propos homophobes, alors qu'il n'était pas loin de quitter cette terre, aussi avait-il voulu avantager son petit-neveu... sans la moindre allusion à quoi que ce fût : les autres comprendraient !
Or donc, le notaire convoqua les autres héritiers le lundi soir... le temps que Théophane se fît une idée des choses, dans la maison. Grandement aidé par un Kerim de rude efficacité !
On fit la gueule, comme vous l'imaginez. Mais le document retrouvé par le notaire, et celui présenté par Théophane concordaient, et pas moyen de contester... Grand seigneur, Théophane proposa de remettre au pot tout ce qu'il avait déjà mis de côté... mais ses oncles et tantes refusèrent avec hauteur. Et sa tante Marie-Antoinette, la plus jeune, lui confia en douce :
— Personne n'a besoin de rien... On prendra un meuble ou deux, façon de dire... Je suis contente que cette jolie maison reste dans la famille, mon grand ! Car tu seras la quatrième génération à l'habiter, si tu la gardes. Et, le jour venu, j'espère que tu m'y recevras !
Rentré à la maison, et seul, donc, Théophane convoqua Kerim. Qui ne dit mot, d'abord.
— Merci, génie ! Qu'aurais-je fait, sans toi ?
— Comme font les humains, je pense... Bon ! On vide le grand bureau ?
— Hein ? Y a encore des trucs dedans ?...
— Disons que... j'ai reniflé des choses, en y passant...
Sous les indications de Kerim, le bureau à secrets les livra tous... à commencer par une belle collections de pièces d'or.
— Pour avoir connu des générations d'humains... je te conseille de garder ce bureau... et de ne surtout pas dire ce que tu y as trouvé ! Sans vouloir te blesser, j'ai bien l'impression que ta famille aurait bien aimé te gruger...
Ce soir-là, Théophane dîna seul, encore, sous l'incessant babil d'un Kerim qui lui narrait ses longues expériences...
Avant de lui demander :
— Tu es seul, gentil Maître. Pourquoi ?
— Oh... Je... J'aimerais tellement... Mais c'est pas si facile !
— Je vois... C'est gentil, en tout cas !
— Est-ce que tu vois tout ce que je pense ? s'inquiéta soudain Théophane.
— Oh non ! Mais... il est si facile de lire en tes yeux ! Je ne peux pas tout faire, tu le sais... mais je dois t'aider. Et je sais ce que tu espères.
— Oh ! Tu le sais, toi ? Moi...
— J'ai un moyen de t'ouvrir les yeux...
Flouff ! Et surgit là le grand miroir piqué du grenier. Kerim passa derrière, et sous les yeux effarés de Théophane, des douzaines de jolis garçons défilèrent devant ses yeux ébahis : Théophane n'y croyait pas ! Toutefois... il ne se rendait pas compte que lorsqu'une image lui plaisait... elle demeurait plus longtemps sur le miroir...
Kerim reparut devant lui, demandant :
— T'aurais le courage... de tendre la main à l'un de ces garçons... s'il existait ?
— Oh ! Je sais pas !
— Mais il le faut.
— Oui.
— Pendant que tu matais les mecs à poil, je t'ai commandé ta pizza préférée, tiens !
— Oh, c'est gentil, mais... je sais pas si j'ai faim, souffla un Théophane bien désemparé.
On sonna alors, et Kerim poussa Théophane à aller ouvrir : la pizza. Saisi, Théophane reconnut en le mec celui qui, dans la suite proposée par Kerim sur le vieux miroir, lui avait fait le plus d'effet. Presque exactement le même genre que Kerim... mais en châtain... et craquant, si craquant !
Le mec posa la pizza et... et l'on se regarda de travers... Théophane frissonna.
— Merci, Monsieur, j'ai fini mon service, là...
Alors Théophane vit derrière ce garçon paraître un Kerim tout sourire... et il osa :
— Oh... C'est bien grand, ça... Est-ce que... vous partageriez avec moi... si vous avez fini ?
L'immense sourire du minet conclut ce timide épisode. Et c'est sous les yeux d'un Kerim hilare que Théophane continua... bien malgré lui :
— Et si vous voulez vous doucher...
— Ouais, fit le p'tit mec en se déloquant aussitôt, ce serait sympa... C'est où ?
Le minet était aussi bien fait que Kerim... mais en vrai... et il tendit la main à Théophane... qui se retrouva nu et en bel état... comme ce garçon. Vous devinez la suite. Où Théophane vit un enchantement, tout naïf qu'il était.
De ce jour, Kerim s'occupa des tâches ménagères, à l'insu de Matthieu... qu'il poussa cependant à trouver un autre boulot que livreur de pizzas. Et qui veille à tout, céans.
Et ce fut la tante Marie-Antoinette, une luronne, celle-là, qui demanda publiquement, un soir :
— Quand est-ce que vous vous mariez, les garçons ?
— On a fait la demande ce matin, Tantine !
Applaudissements nourris, dans le grand salon de la bicoque à Tonton Pierre-Antoine... Et Kerim est content de lui, aussi.
Le Génie est content
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Chez le défunt grand-oncle Pierre-Antoine, il errait un peu désorienté. Le vieil homme venait de mourir, et le testament par lequel il léguait des séries de livres ou de CD à son petit-neveu favori, Théophane, vingt-deux ans aux prunes, précisait aussi que ce jeune homme pourrait prendre céans tout objet qui lui plairait. Il en avait déjà rempli des cartons, sous les sourires de ses oncles et tantes, qui auraient volontiers tout balancé à la benne...
La famille s'affairait à vider cette immense baraque qu'on avait décidé de vendre. Mais il y avait tant de choses ! Et là, Théophane s'était transporté au grenier : on avait décidé qu'il y serait seul à décider, sauf en cas de trouvaille importante, ce dont on doutait : on considérait le vieil oncle comme un original cultivé,certes — il avait été prof de fac — mais passablement éloigné de la vie de tous les jours.
Et il en trouva, des trucs, Théophane ! Au point qu'il dut faire un second tri dans ce qu'il s'était réservé. Mais le grenier était vaste, et il en découvrait toujours.
Il tomba enfin sur une sorte de lampe à huile en cuivre de genre oriental — il savait que l'oncle avait beaucoup voyagé. Il la trouva jolie et d'un geste machinal, il tenta de l'essuyer avec un bout de chiffon qui traînait là.
Flouff ! fit l'objet qu'il lâcha. Ayant produit un joli son, la lampe exhala une sorte de vapeur qui s'épaissit au point de donner soudain forme à un personnage grotesque mais oriental qui déclara :
— Ouf ! Pas trop tôt ! Maître ! Que puis-je faire pour vous ?
— Mais !... Mais !... balbutia Théophane, sidéré.
— Qu'est-ce qu'y a qui va pas ? demanda la forme, t'as jamais vu de génie ? R'mets-toi, mon gars, y a eu mort d'homme... ah ! ah ! ah ! Mais le génie est toujours là !
Il y avait justement là un vieux grand miroir piqué de partout, et le génie s'y regarda :
— Ouh ! Mais c'est que j'ai fait du lard, moi... façon de parler, évidemment, depuis cent-trente-deux ans que je croupis là-dedans ! C'est p't'êt' mon tour de taille qui te chiffonne, p'tit gars ?
— Euh !
— Tiens, quand j'ai commencé, j'étais à un eunuque du Grand Turc qui entraînait des hommes pour les spectacles de la Cour. Allez ! Ferme les yeux, je reviens !
Théophane obéit, et releva les paupières à l'ordre suivant. Devant lui était une sorte d'athlète de son âge, une authentique splendeur. Il avait gardé le regard malicieux de sa vieille forme, mais son sourire était mille fois plus beau.
Et Théophane ne fut même pas étonné que ce « mec » eût des poils harmonieusement disposés sur le torse...
— Ah ! Je vois à ton sourire que ça va d'jà mieux ! fit le génie. Au fait ! Chez les Ottomans, ils m'avaient appelé Kerim, équivalant de l'arabe Karim, qui veut dire « généreux» : ça t'irait ? Sinon on change toute suite : Kévin, Marie-Claude, Totor, Germaine.... comme tu veux !
— Ah ! Ah ! Ah ! Non, Kerim, c'est joli, fit Théophane que l'aventure commençait à amuser grandement.
— Bon. Tu sais quand même que les génies sont là pour te faciliter la vie, mais ne peuvent pas tout : on n'empêche ni les guerres, ni les tremblements de terre... Pour les déraillements, faut voir. Y a des génies qui aiment les trains !
Il souriait largement, le jeune Théophane, désormais.
— On commence par quoi ? demanda Kerim.
— Je suis effaré du boulot qu'il y a à faire ici ! Je dois tout trier et prendre ce qui me plaît, et...
— Je vois ! Tu vas fermer les yeux, et je vais entrer en ton esprit pour me faire une idée de ce qui peut t'intéresser dans ce capharnaüm. Ne pense à rien, j'arrive !
Ainsi fut fait. Une poignée de secondes plus tard, il rouvrit les yeux et Kerim demanda :
— C'est fait : on met ça où ?
— Mais... quoi ?
— Ça.
Et le génie de faire un tout petit geste des doigts : alors tout le grenier entra en transe, et tous les objets, meubles compris, de se promener dans l'air sans jamais s'y heurter, pour se reposer doucement.
— Tout ce qui est près de l'escalier peut t'intéresser : à toi de décider. Je savais qu'il était bizarre, ton oncle, mais comme il m'a jamais fait sortir, j'ai jamais eu l'occasion de le lui dire ! Bon ! Tu me gardes avec toi, ou je me retire, pendant que tu vois ça ?
— Euh... reste, s'te plaît ! fit Théophane, soudain charmé par cette curieuse présence qui ne lui faisait plus peur du tout... et dont la beauté illuminait ce vaste et sinistre grenier.
On travailla dès lors de concert : dès qu'un objet ne convenait pas à Théophane, il allait rejoindre le reste des affaires... par voie aérienne. Et la séance ne s'éternisa pas. Le génie transféra l'héritage de Théophane dans la chambre qu'il gardait ici jusqu'à la fin du rangement.
Or il se trouva qu'aucun de ses oncles et tantes — tous héritiers du vieux Pierre-Antoine — ne dormit là ce soir-là : ils avaient leurs activités mondaines de la fin de semaine... et Théophane restait seul céans jusqu'au lundi.
Pensez si ce jeune homme apprécia l'occasion ! Il pourrait donc faire connaissance avec le monde des génies, et profiter du savoir-faire de celui-ci, qui lui semblait bien intentionné. Et plutôt doué...
La famille ayant pris la tangente, il fit sortir Kerim, qui lui dit tout de go :
— Tu fais pas de manières avec moi, hein ? Parce qu'au sérail du Grand Turc, j'en ai vu, des hommes ! Et depuis.... depuis!...
— Sauf que... je suis pas un artiste du sultan, moi !
— T'es pourtant un des plus beaux maîtres que j'aie eus, Théophane, alors pas de complexe !
Sans trop savoir pourquoi, Théophane avait confiance, et il eut envie de se montrer... Il prit donc sa douche sous le regard bienveillant de Kerim, qui était, rappelons-le, sous la forme d'un mec éblouissant...
Si Théophane se connaissait lui-même, oh ! c'était loin d'être le cas. Mais l'étrange présence de ce génie au merveilleux physique (car il s'agissait bien de ça, à ses yeux) lui donnait un trouble indéfinissable qui... qui lui plaisait bien.
Il se serait bien tripoté, oui, devant Kerim... mais il ne l'osa point... malgré l'avertissement d'iceluy à ne pas faire de manières...
Puis il alla manger un morceau — on ne savait même plus quelle heure il était. Or on passa dans le bureau du professeur, l'oncle Pierre-Antoine, où Kerim toussa.
— La poussière ? Il ne doit pourtant plus y en avoir, vu que c'est la pièce que mes oncles et tantes ont le plus minutieusement examinée, tu penses !
— Non pas, Maître ! La poussière ne m'est d'aucun effet, voyons... un génie ! Non, non... plutôt un truc louche, que je sens... Un trou... pas si vide que ça.... Voyons... Tu veux ?
— Ben oui, évidemment...
— Le grand bureau n'est pas vide. Outre qu'ils devraient se faire du pognon avec ce meuble, je sens qu'il y a quelque chose quelque part...
Soudain, Kerim plongea vers une des serrures de l'imposant bureau en baroque 1900, et il s'enfila dedans, sous l'œil effaré de Théophane.
— J'ai trouvé ! fit une voix venant de l'intérieur du meuble : celle de Kerim.
Soudain, et ce fit sursauter Théophane, le meuble tressauta, et une partie s'en ouvrit, d'où un tiroir sortit, d'où Kerim surgit, tout sourire... tendant une liasse de lettres à Théophane.
— Et voilà, Maître ! Y a plus qu'à lire !
Théophane se mit à ouvrit et à parcourir fébrilement la douzaine de lettres qu'il eut alors en main... avant de crier :
— Ah !... Ah !...
— Maître ?
— C'est... C'est grave, ça... Lis !
— Oui, dit Kerim, ayant juste balayé la lettre des yeux. On appelle le notaire.
— Un vendredi soir ? Bonne idée, oui !
Alors le téléphone de Théophane sonna : le notaire.
— Oh... Euh... Oui, Maître... Onze heures, oui , oui !
— Tu me disais quoi, du vendredi soir ?
— Euh, rien, rien ! bredouilla Théophane. Je suis convoqué chez le notaire demain à onze heures...
— Tu m'emmènes ?
— Hein ? Mais...
— Il y a une fort belle sacoche en cuir, dans le salon...
À onze heures pile, Théophane était reçu par le notaire, ce samedi. Qui commença par se confondre en excuses... car il pensait avoir fait une boulette : l'oncle Pierre-Antoine avait modifié son testament in extremis, et l'en avait averti, mais un peu tard, aussi. Il en révoquait certaines dispositions, mais sans préciser ce qui les remplacerait...
Rassuré, Théophane sortit les papiers trouvés par Kerim, et qui contenaient un testament définitif, et plusieurs lettres indicatives. Or le dernier testament donnait la propriété de la bicoque à Théophane, rien de moins. Et partageait son contenu entre Théophane et ses oncles et tantes.
Une des lettres donnait l'explication de ce revirement : l'oncle avait oui des propos homophobes, alors qu'il n'était pas loin de quitter cette terre, aussi avait-il voulu avantager son petit-neveu... sans la moindre allusion à quoi que ce fût : les autres comprendraient !
Or donc, le notaire convoqua les autres héritiers le lundi soir... le temps que Théophane se fît une idée des choses, dans la maison. Grandement aidé par un Kerim de rude efficacité !
On fit la gueule, comme vous l'imaginez. Mais le document retrouvé par le notaire, et celui présenté par Théophane concordaient, et pas moyen de contester... Grand seigneur, Théophane proposa de remettre au pot tout ce qu'il avait déjà mis de côté... mais ses oncles et tantes refusèrent avec hauteur. Et sa tante Marie-Antoinette, la plus jeune, lui confia en douce :
— Personne n'a besoin de rien... On prendra un meuble ou deux, façon de dire... Je suis contente que cette jolie maison reste dans la famille, mon grand ! Car tu seras la quatrième génération à l'habiter, si tu la gardes. Et, le jour venu, j'espère que tu m'y recevras !
Rentré à la maison, et seul, donc, Théophane convoqua Kerim. Qui ne dit mot, d'abord.
— Merci, génie ! Qu'aurais-je fait, sans toi ?
— Comme font les humains, je pense... Bon ! On vide le grand bureau ?
— Hein ? Y a encore des trucs dedans ?...
— Disons que... j'ai reniflé des choses, en y passant...
Sous les indications de Kerim, le bureau à secrets les livra tous... à commencer par une belle collections de pièces d'or.
— Pour avoir connu des générations d'humains... je te conseille de garder ce bureau... et de ne surtout pas dire ce que tu y as trouvé ! Sans vouloir te blesser, j'ai bien l'impression que ta famille aurait bien aimé te gruger...
Ce soir-là, Théophane dîna seul, encore, sous l'incessant babil d'un Kerim qui lui narrait ses longues expériences...
Avant de lui demander :
— Tu es seul, gentil Maître. Pourquoi ?
— Oh... Je... J'aimerais tellement... Mais c'est pas si facile !
— Je vois... C'est gentil, en tout cas !
— Est-ce que tu vois tout ce que je pense ? s'inquiéta soudain Théophane.
— Oh non ! Mais... il est si facile de lire en tes yeux ! Je ne peux pas tout faire, tu le sais... mais je dois t'aider. Et je sais ce que tu espères.
— Oh ! Tu le sais, toi ? Moi...
— J'ai un moyen de t'ouvrir les yeux...
Flouff ! Et surgit là le grand miroir piqué du grenier. Kerim passa derrière, et sous les yeux effarés de Théophane, des douzaines de jolis garçons défilèrent devant ses yeux ébahis : Théophane n'y croyait pas ! Toutefois... il ne se rendait pas compte que lorsqu'une image lui plaisait... elle demeurait plus longtemps sur le miroir...
Kerim reparut devant lui, demandant :
— T'aurais le courage... de tendre la main à l'un de ces garçons... s'il existait ?
— Oh ! Je sais pas !
— Mais il le faut.
— Oui.
— Pendant que tu matais les mecs à poil, je t'ai commandé ta pizza préférée, tiens !
— Oh, c'est gentil, mais... je sais pas si j'ai faim, souffla un Théophane bien désemparé.
On sonna alors, et Kerim poussa Théophane à aller ouvrir : la pizza. Saisi, Théophane reconnut en le mec celui qui, dans la suite proposée par Kerim sur le vieux miroir, lui avait fait le plus d'effet. Presque exactement le même genre que Kerim... mais en châtain... et craquant, si craquant !
Le mec posa la pizza et... et l'on se regarda de travers... Théophane frissonna.
— Merci, Monsieur, j'ai fini mon service, là...
Alors Théophane vit derrière ce garçon paraître un Kerim tout sourire... et il osa :
— Oh... C'est bien grand, ça... Est-ce que... vous partageriez avec moi... si vous avez fini ?
L'immense sourire du minet conclut ce timide épisode. Et c'est sous les yeux d'un Kerim hilare que Théophane continua... bien malgré lui :
— Et si vous voulez vous doucher...
— Ouais, fit le p'tit mec en se déloquant aussitôt, ce serait sympa... C'est où ?
Le minet était aussi bien fait que Kerim... mais en vrai... et il tendit la main à Théophane... qui se retrouva nu et en bel état... comme ce garçon. Vous devinez la suite. Où Théophane vit un enchantement, tout naïf qu'il était.
De ce jour, Kerim s'occupa des tâches ménagères, à l'insu de Matthieu... qu'il poussa cependant à trouver un autre boulot que livreur de pizzas. Et qui veille à tout, céans.
Et ce fut la tante Marie-Antoinette, une luronne, celle-là, qui demanda publiquement, un soir :
— Quand est-ce que vous vous mariez, les garçons ?
— On a fait la demande ce matin, Tantine !
Applaudissements nourris, dans le grand salon de la bicoque à Tonton Pierre-Antoine... Et Kerim est content de lui, aussi.
Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) (slygame.fr)
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