17-02-2023, 01:37 PM
Monsieur, je peux savoir où vous allez ?
Jean-François, madame le juge s'adresse à toi.
Je me retournais surpris.
Je sors, madame le juge.
Et puis-je savoir pourquoi ?
Pour ne pas exploser de rage en entendant ce que l'avocat de la défense ose dire.
Vous pouvez préciser votre pensée ?
Les assurances ne veulent pas payer, ça tout le monde l'a compris. Mais pour ça, celui-ci traite le pauvre monsieur qui est mort d'un infarctus et mon cher Liam plus bas que terre. Là, c'est tout juste s'il n'a pas dit que Liam n'avait pas à être là, limite c’est sa faute. Alors, devant une telle mauvaise foi, je préfère partir avant de m'en prendre physiquement à lui.
Êtes-vous violent de nature ?
Non, Madame. La dernière fois que je me suis battu remonte au 11 septembre 2001.
Vous vous êtes battu pour quelle raison ?
Pour empêcher des terroristes de s'emparer d'un avion.
Vous voulez dire que vous, vous êtes l’un de ceux qui a empêché le détournement de cet avion ?
Oui Madame et Liam en fait… en faisait partie. Madame puis je me permettre de poser une question à l'avocat de la défense ?
Si elle a un rapport avec l'affaire, oui je vous y autorise.
Monsieur, y a-t-il une close dans le contrat d'assurance que votre compagnie à fait au monsieur incriminé, qui interdit à un mort de conduire une voiture ?
Pourquoi mettrait-on une close aussi stupide ? Vous avez déjà vu un mort conduire une voiture ?
Oui monsieur, sur la vidéo prise par les caméras de surveillance du carrefour. Donc, s'il n'y a pas de close qui interdise à un mort de conduire une voiture, c'est que c'est autorisé. Alors je ne vois pas pourquoi vous refuser de payer. Je vous remercie de m’avoir laisser poser ma question, Madame le juge.
L'avocat de la défense demanda un ajournement de séance que le juge lui accorda. La séance reprit à quatorze heures. La défense demanda la parole et dit que sa compagnie acceptait de payer. Et là, ça a été une négociation de marchands de tapis, entre les avocats.
Jeanne s'écroula en sanglots, des larmes ruisselaient sur mes joues et la rage m’envahissait. Notre avocat demandait dix millions de dollars - il était payé à la commission - et l'avocat adverse proposait, royalement, cent-milles dollars. La juge commençait aussi à s’impatienter.
Madame, Monsieur, quel montant serait le plus juste pour vous ?
Jeanne était toujours secouée par des sanglots. Je me levais.
Madame, j'ai une proposition à faire à l'avocat de la partie adverse. Il ne veut pas payer, je suis d'accord mais à une condition et une seule… Qu'il nous rendre Liam en vie et en bonne santé. Personnellement, Madame, que vous nous donniez un cent, un dollar ou cent millions de dollars, ça ne rendra pas leur fils à Jeanne et à Henry, ni leur frère à Mélisande et Anthony, pas plus qu’à moi, l'homme que j'aimais le plus au monde. Vous êtes plus habituée que moi Madame à ce genre de marchandage. Alors je vous laisse estimer le juste montant de l'indemnité parce que ce dialogue de chiffonniers m’écœure. Ce sera tout, madame le juge.
Puis il y eut les plaidoiries et la juge les condamna à payer un million de dollars. Notre avocat voulait faire appel (bien sûr, ce rapace étant aux pourcentages). On refusa. Mais ça, la partie adverse ne le sachant pas, l'avocat nous proposa séance tenante de nous faire le chèque si on ne faisait pas appel. C'est donc avec quatre chèques de deux-cent-cinquante-milles dollars qu'on repartit. Jeanne fit le sien – les 5% - à l'avocat qui faisait grise mine.
J'avais proposé à Jeanne de partager mais elle avait refusé. Je donnais les chèques à Jeanne pour qu'elle les donne à Méli et à Toni. Je déposais le mien sur mon compte américain, en fait, notre compte. Je n'avais pas pensé en avertir la banque. Tant pis, il restera à nos deux noms.
Je passais le week-end chez Jeanne et Henry puis j'allais passer quelques jours chez mon oncle et ma Tante. J'allais toujours courir quand j'étais chez eux et je me rendais au stade où l’entraîneur m'embauchait toujours pour jouer.
Sexuellement les États Unis, ça n'avait pas été le top. Je m'étais tapé des petits Ricains, mais je les trouvais fades par rapport aux Français. J'étais aussi allé voir Kaleb et Will mais cette année pas de pèlerinage. La veille de mon départ je retournais sur la tombe de Liam me recueillir encore un long moment.
J'étais en vacances jusqu'à mon incorporation. Je soldais mes vacances. J'en profitais pour aller à droite et à gauche pour niquer. Il n'y avait pas d'autre mot. Et quand je ne niquais pas je courais ou je ramassais des champignons. C'était une année exceptionnelle. Un après-midi dans une pinède je ramassais un plein seau de petits pinets pas plus gros que des pièces de deux euros. Je les apportais à ma grand-mère.
Salut tout le monde ça va ?
Bé, si tu m'avais dit que tu venais je t'aurai fait un gâteau.
Mais je ne viens pas pour ça et je viens presque tous les jours, depuis que je suis en vacances.
C'est vrai, je dois le reconnaître. Alors, qu'est-ce-que tu as fait de beau cet après-midi ?
Je suis allé aux champignons !
Tu en as trouvé ?
Un plein seau Mamie et c'est pour ça que je suis venu te voir. J'ai ramassé que des pinets, des tout petits. Tu veux pas me les faire à l'huile et au vinaigre.
Mais bien sûr. Tu en as trouvé beaucoup ?
Je vais te les chercher.
Mon dieu mais tu en as trouvé plein. Il va falloir que tu montes au grenier me chercher ma grosse gamelle.
Dis-moi, tu les as trouvés où, Bébé ?
Par terre Papy… Je plaisante, si tu veux demain je t'y emmène, il en reste plein encore.
Moi, ça doit faire 7 ou 8 ans que je ne suis plus allé aux champignons.
Si tu veux venir Papé, tu peux. C'est presque plat là où je les ai trouvés et il n'y a pas beaucoup à marcher en plus.
Je veux bien.
Je te montrerai où il y a des girolles.
Tu as trouvé des girolles mais tu ne les as pas ramassées ?
Bin non, j'aime mieux les pinets au vinaigre et je n’avais plus de sac.
Je restais avec eux un bon moment. Avant de partir je montais au grenier récupérer la marmite.
C'est quoi tout ce bordel qu'il y a au grenier, papé ?
C'est pas du bordel. Ce sont des souvenirs. Enfin ce qui est à moi. Pour le reste il faut demander à ta grand-mère.
Papa, tu le sais, c'est tout ce qui ne nous sert pas mais qui pourrait encore servir. Ou des choses qui ne serviront plus mais auxquelles je suis attachée sentimentalement. Comme cette grande cocote, c'était celle de Maman, et qui sert occasionnellement.
Oui je me souviens on l'avait acheté en Arles dans les années 60.
Il y a aussi les cocotes en fonte des grands-mères. Mais tu sais aussi bien que moi ce qu'il y a Papa. La plupart des choses c'est Maman et toi qui les avez mises. Il faudrait trier un peu et jeter l’inutilisable.
Oui Tant que Bébé est là, il faudrait en profiter.
Pas de soucis pour moi, j'ai rien de spécial à faire jusqu'au 2 octobre.
Tu me prendras une photo de toi en marin, Bé.
Mais oui Mamie, pas de problème et même une en pompier si tu veux.
À quelle heure on part demain pour aller aux champignons ?
Sept heures, ça te va Papé ?
Ok, à demain matin.
Le lendemain on alla aux champignons et on en trouva des pleins seaux. Quand on rentra mon grand-père m'envoya chez le père Mathieu lui en donner.
Merci bien Bé, vous en avez trouvé un bon paquet on dirait.
Oui un bon paquet mais s'il ne pleut pas ça m'étonnerait qu'il y ait une repousse.
Avec tout ce que tu m'as donné je vais en manger une poêlée et je mettrais le reste au congélateur pour les manger avec les enfants la semaine prochaine.
C'est bien beau de ramasser des champignons mais après il faut les trier. On y passa trois heures. Plus que ce qu'on avait mis pour les ramasser. Mais le soir tout était cuit et stérilisé. Et j'avais convenu avec eux de revenir demain pour s'attaquer au grenier.
À sept heures, quand j'arrivais, il y avait un gâteau tout chaud qui m'attendait et ma grand-mère me versa un grand bol de café.
Et on alla au grenier. On prenait carton par carton et on triait ce qu'il y avait dedans. Plus de la moitié fut descendu pour partir à la déchetterie. Puis on passa aux malles. Certaines contenaient de vieux habits. Mon grand-père regarda une blouse noire. Il devint songeur.
C'est ma grand-mère qui l'avait faite pour moi la première année où je suis allé à l’école. J'avais cinq ans et demi. C'était en 1911. Tu n'as qu'à l'escamper (jeter).
Ah ça non, Papa. C'est un souvenir à conserver. Et je suppose que c'était aussi ton béret quand tu étais enfant.
Ma mère ne jetait rien. Je me souviens qu'il y avait des draps tout neufs dans l'armoire mais quand elle les changeait elle se débrouillait pour nous en mettre des tout rapetassés. Le matin quand tu te levais, tu avais la trace des pétas (pièces de tissus qui servent à réparer les trous) sur la peau.
Une autre malle contenait les fameux draps neufs en lin, des nappes et des serviettes brodées. Tous en état impeccable !
C'est les trousseaux des arrière-grands-mères et des grands-mères. On ne s'en servait que rarement.
On garde, bien sûr.
Oui, les filles en feront ce qu'elles veulent. Le reste des malles c'est les tiennes Papa.
Bé, prend la grosse là. Et ouvre-la.
C'est quoi ?
C'est mon uniforme que j'avais quand j'étais aux Spahis. Et dire que des pauvres gars ont fait la guerre de 14 là-dedans.
Tu portais ça à l’armée.
Non ça c'était notre tenue de sortie. On était en tenue de 14 mais couleur moutarde. Elle doit être dessous.
Ah oui, je la vois.
Apporte l'autre malle… Ah oui, dans celle-là, c'est les uniformes de mon grand-oncle. Il était médecin major dans la marine sous Charles X et Napoléon III. Y'a pas à dire mais c'était autre chose les uniformes à l’époque.
Et dans celle-là qu'est-ce qu’il y a ?
Mes uniformes de la deuxième guerre. D'abord celui de la guerre de 40, puis celui reçu à la libération. Ta grand-mère y met de la naphtaline tous les ans pour pas que les mites s'y mettent. Et la caisse, là, c'est tous de vieilles armes et sabres qui appartiennent aux différents uniformes.
Et la dernière c'est quoi ?
C'est des papiers, tous les papiers de la famille depuis Henri IV. Enfin, tout ceux qu'on a su conserver.
Et celle là-bas ?
C'est les affaires de ton grand-oncle Jean, mon fils, celui qui est mort pendant la guerre d’Algérie. Je n'ai jamais eu le courage de l’ouvrir.
Bon, Bé, pendant qu'on range tu vas à la déchetterie avant leur fermeture ?
Ok, j'y file vite.
…
D’autres jours j'allais aider mon père à la carrière, d’autres fois j'allais aider Tim et même une fois Mary. Puis arriva le 3 octobre. La veille j'étais allé dire au revoir à mes grands parents, au père Mathieu, puis à tout le monde. Et j'arrivais à 6 h 30 devant la barrière de la caserne. Le planton de service me demanda mon ordre d’incorporation. Il me laissa entrer. J'avais une place sur le parking. Et de là je rejoignis d'autres gars en civil qui attendaient comme moi.
De plus en plus de monde arrivait et je fus surpris de voir Tom. Enfin c'est lui qui me vit en premier.
Jeff, je ne rêve pas, c'est vraiment toi ?
Cool, tu es là aussi Tom ? Comment ça se fait ?
Ma copine a espoir d'être mutée dans le sud bientôt. Alors j'avais postulé aux marins pompiers de Marseille et… j'ai réussi.
Des gradés arrivèrent. On fit le silence.
Messieurs bonjour à vous. Alignez-vous. À l'appel de votre nom, vous vous rendrez sous la lettre correspondante. Section A : …
On fut 24 à être appelés et je me trouvais avec Tom et le gars à qui j'avais remis les tendons à la piscine quand on passait les tests sportifs. Le Chef (c’était son grade) nous conduisit dans une salle où il nous demanda de déposer nos sacs au fond de la salle. Il nous fit asseoir.
Les gars, je vais être votre chef de section pendant ces trois mois. Votre section est un peu spéciale. C'est la première fois que nous recrutons des infirmiers qui ne sortent pas d'une école de l’armée. Alors vous allez devoir fournir plus d'efforts que les autres sections car en plus de l'instruction militaire de base, vous allez aussi avoir une formation plus axée sur la traumatologie et les urgences. Nous allons vous donner les bases plus spécifiques pour que vous puissiez vous montrer efficaces dès votre premier jour dans la caserne où vous serez affectés. Pour commencer nous allons aller à l’habillement. Aujourd'hui ça sera vos tenues de pompier. Demain on y retournera pour vos tenues de marin. Suivez-moi en rang par deux… Un effort la bleusaille ! On dirait un troupeau de chèvres.
On arriva à l’habillement. On nous fit mettre en boxer et des recrues prirent nos mesures. On nous fit rhabiller et à tour de rôle on avançait. La première chose qu'on nous donna ça a été un sac de paquetage. Et au fur et à mesure qu'on avançait dans la file on mettait dedans les fringues qu'on nous donnait. Et quand on sortit on alla au gymnase et le chef nous fit vider le sac devant nous.
Bon, on va faire le récapitulatif de ce que vous avez eu. On va commencer. Au fur et à mesure que je vais énumérer les choses vous allez les remettre dans le sac. Si certains ne l'ont pas, où qu'il manque quelque chose dites-le.Je commence : une pochette avec 3 boxers, une pochette avec 3 paires de chaussettes …
Bon j'avais tout. Il manquait quelques bricoles à certains qui retournèrent les chercher.
Bien, on va retourner à la salle où vous formerez des groupes de quatre.
Je me mis avec Tom et, Armand, le gars à qui j'avais remis la cheville en place, demanda à se joindre à nous avec un pote à lui Steeve. On accepta.
On suivit le chef jusqu'à un bâtiment où on monta au premier étage. Là, il nous dispatcha dans des chambres prévues pour quatre. C’était spartiate. Chacun avait un lit, une armoire et un tabouret. Et il y avait une table sous la fenêtre.
J'ouvris la porte de l'armoire où il y avait des photos montrant comment la ranger. Quand je finis c'était comme sur la photo. Pour Tom et Armand c'était plus ou moins le cas. Mais pour Steeve, c'était loin d'être ça. On l’aida.
Quand le chef entra, on avait fini. On s'était mis en tenue de sport comme il nous l'avait demandé. Et de là il nous conduisit au réfectoire. Mon premier repas ne me marqua pas tant que ça. La bouffe était… mangeable, on dira. On retourna à la salle où il nous expliqua comment allait se passer nos classes. Puis il y eut le passage par le 'coiffeur'… qui ne connaissait qu'une coupe ! Et à dix-sept heures, la journée était finie.
On regagna nos chambres et on alla se doucher. C’étaient des douches collectives et beaucoup étaient gênés. Avec Tom on discutait de la journée. Je ne vous dis pas que je n'en profitais
pas pour mater aussi, parce que tous les mecs qui étaient là étaient de super beaux gosses.
Je remarquais que deux ou trois autres gars faisaient aussi du naturisme. Eh oui, on était quelques-uns à ne pas avoir le cul blanc. Le lendemain matin le réveil était à 6 heures. Et à 7 heures 30, après le rassemblement, on partit courir. On avait 10 km à faire en moins de temps possible. Je me classais dans les premiers, sans être vraiment essoufflé par l’effort. On eut droit à une demi-heure pour prendre une douche et nous changer. Et, de fait, sous la douche on était les vingt-quatre pour dix pommeaux. Ça se frôlait, ça se touchait et certains en avait même une mi-molle.
De là on alla récupérer nos deux tenues de marin. Une blanche pour l'été et une bleue pour l’hiver, plus la paire de chaussure qui allait bien. On alla les ranger et l'après-midi, notre formation à proprement parler commença.
La première chose qu'on apprit, ça a été de marcher au pas. En fait, le premier mois a été un concentré de ce que les autres apprennent durant les 3 mois de classe. Ce n'était qu'une formation militaire. Et au tir j'étais assez doué.
Cependant, dès le premier soir ça a été cool dans la chambre. C'est Tom qui a mis les pieds dans le plat direct.
Les mecs, je vous avertis je dors à poil et si vous entendez le lit qui grince, c'est que je me branle. Habituellement je le fais sous la douche avant de me coucher mais, là, ça ne sera pas possible et si je ne me branle pas… ben, je ne dors pas.
On éclata de rire. Et en fait il n'y avait qu’Armand qui dormait en boxer. On éteignit et bien vite, on entendit un bruit régulier qui venait du lit de Tom. Ça devait être contagieux parce que quelques instants après on se branlait tous. Je fantasmais sur les queues de Steeve et d’Armand. Je connaissais déjà celle de Tom en érection. Mais je fantasmais aussi sur d'autres camarades que j'avais vu nus sous les douches ou dans les vestiaires.
On resta bloqué à la caserne un mois. Bon, le week-end on pouvait sortir de 12 à 19 heures et on ne s'en priva pas. Ma première sortie fut d'aller visiter un sauna gay, bien sûr. J'avais trouvé son adresse sur internet. J'allais y entrer quand un gars de mon âge, un militaire sûrement vu sa coupe de cheveux, m’interpella.
Salut, tu vas au sauna ?
Oui, pourquoi ?
Moi aussi, mais à moins que tu n’aimes que les mecs de cinquante ans et plus, il y en a un autre à quelques rues d'ici où on se retrouve entre jeunes. Enfin, la clientèle est assez mixte. Ici, ce sont surtout des jeunes qui font le tapin qui viennent et des matures qui s’offrent leurs services.
Ok, je te suis. Je suis Jean-François.
Enchanté Jean-François, je m'appelle Brandon.
19
Jean-François, madame le juge s'adresse à toi.
Je me retournais surpris.
Je sors, madame le juge.
Et puis-je savoir pourquoi ?
Pour ne pas exploser de rage en entendant ce que l'avocat de la défense ose dire.
Vous pouvez préciser votre pensée ?
Les assurances ne veulent pas payer, ça tout le monde l'a compris. Mais pour ça, celui-ci traite le pauvre monsieur qui est mort d'un infarctus et mon cher Liam plus bas que terre. Là, c'est tout juste s'il n'a pas dit que Liam n'avait pas à être là, limite c’est sa faute. Alors, devant une telle mauvaise foi, je préfère partir avant de m'en prendre physiquement à lui.
Êtes-vous violent de nature ?
Non, Madame. La dernière fois que je me suis battu remonte au 11 septembre 2001.
Vous vous êtes battu pour quelle raison ?
Pour empêcher des terroristes de s'emparer d'un avion.
Vous voulez dire que vous, vous êtes l’un de ceux qui a empêché le détournement de cet avion ?
Oui Madame et Liam en fait… en faisait partie. Madame puis je me permettre de poser une question à l'avocat de la défense ?
Si elle a un rapport avec l'affaire, oui je vous y autorise.
Monsieur, y a-t-il une close dans le contrat d'assurance que votre compagnie à fait au monsieur incriminé, qui interdit à un mort de conduire une voiture ?
Pourquoi mettrait-on une close aussi stupide ? Vous avez déjà vu un mort conduire une voiture ?
Oui monsieur, sur la vidéo prise par les caméras de surveillance du carrefour. Donc, s'il n'y a pas de close qui interdise à un mort de conduire une voiture, c'est que c'est autorisé. Alors je ne vois pas pourquoi vous refuser de payer. Je vous remercie de m’avoir laisser poser ma question, Madame le juge.
L'avocat de la défense demanda un ajournement de séance que le juge lui accorda. La séance reprit à quatorze heures. La défense demanda la parole et dit que sa compagnie acceptait de payer. Et là, ça a été une négociation de marchands de tapis, entre les avocats.
Jeanne s'écroula en sanglots, des larmes ruisselaient sur mes joues et la rage m’envahissait. Notre avocat demandait dix millions de dollars - il était payé à la commission - et l'avocat adverse proposait, royalement, cent-milles dollars. La juge commençait aussi à s’impatienter.
Madame, Monsieur, quel montant serait le plus juste pour vous ?
Jeanne était toujours secouée par des sanglots. Je me levais.
Madame, j'ai une proposition à faire à l'avocat de la partie adverse. Il ne veut pas payer, je suis d'accord mais à une condition et une seule… Qu'il nous rendre Liam en vie et en bonne santé. Personnellement, Madame, que vous nous donniez un cent, un dollar ou cent millions de dollars, ça ne rendra pas leur fils à Jeanne et à Henry, ni leur frère à Mélisande et Anthony, pas plus qu’à moi, l'homme que j'aimais le plus au monde. Vous êtes plus habituée que moi Madame à ce genre de marchandage. Alors je vous laisse estimer le juste montant de l'indemnité parce que ce dialogue de chiffonniers m’écœure. Ce sera tout, madame le juge.
Puis il y eut les plaidoiries et la juge les condamna à payer un million de dollars. Notre avocat voulait faire appel (bien sûr, ce rapace étant aux pourcentages). On refusa. Mais ça, la partie adverse ne le sachant pas, l'avocat nous proposa séance tenante de nous faire le chèque si on ne faisait pas appel. C'est donc avec quatre chèques de deux-cent-cinquante-milles dollars qu'on repartit. Jeanne fit le sien – les 5% - à l'avocat qui faisait grise mine.
J'avais proposé à Jeanne de partager mais elle avait refusé. Je donnais les chèques à Jeanne pour qu'elle les donne à Méli et à Toni. Je déposais le mien sur mon compte américain, en fait, notre compte. Je n'avais pas pensé en avertir la banque. Tant pis, il restera à nos deux noms.
Je passais le week-end chez Jeanne et Henry puis j'allais passer quelques jours chez mon oncle et ma Tante. J'allais toujours courir quand j'étais chez eux et je me rendais au stade où l’entraîneur m'embauchait toujours pour jouer.
Sexuellement les États Unis, ça n'avait pas été le top. Je m'étais tapé des petits Ricains, mais je les trouvais fades par rapport aux Français. J'étais aussi allé voir Kaleb et Will mais cette année pas de pèlerinage. La veille de mon départ je retournais sur la tombe de Liam me recueillir encore un long moment.
J'étais en vacances jusqu'à mon incorporation. Je soldais mes vacances. J'en profitais pour aller à droite et à gauche pour niquer. Il n'y avait pas d'autre mot. Et quand je ne niquais pas je courais ou je ramassais des champignons. C'était une année exceptionnelle. Un après-midi dans une pinède je ramassais un plein seau de petits pinets pas plus gros que des pièces de deux euros. Je les apportais à ma grand-mère.
Salut tout le monde ça va ?
Bé, si tu m'avais dit que tu venais je t'aurai fait un gâteau.
Mais je ne viens pas pour ça et je viens presque tous les jours, depuis que je suis en vacances.
C'est vrai, je dois le reconnaître. Alors, qu'est-ce-que tu as fait de beau cet après-midi ?
Je suis allé aux champignons !
Tu en as trouvé ?
Un plein seau Mamie et c'est pour ça que je suis venu te voir. J'ai ramassé que des pinets, des tout petits. Tu veux pas me les faire à l'huile et au vinaigre.
Mais bien sûr. Tu en as trouvé beaucoup ?
Je vais te les chercher.
Mon dieu mais tu en as trouvé plein. Il va falloir que tu montes au grenier me chercher ma grosse gamelle.
Dis-moi, tu les as trouvés où, Bébé ?
Par terre Papy… Je plaisante, si tu veux demain je t'y emmène, il en reste plein encore.
Moi, ça doit faire 7 ou 8 ans que je ne suis plus allé aux champignons.
Si tu veux venir Papé, tu peux. C'est presque plat là où je les ai trouvés et il n'y a pas beaucoup à marcher en plus.
Je veux bien.
Je te montrerai où il y a des girolles.
Tu as trouvé des girolles mais tu ne les as pas ramassées ?
Bin non, j'aime mieux les pinets au vinaigre et je n’avais plus de sac.
Je restais avec eux un bon moment. Avant de partir je montais au grenier récupérer la marmite.
C'est quoi tout ce bordel qu'il y a au grenier, papé ?
C'est pas du bordel. Ce sont des souvenirs. Enfin ce qui est à moi. Pour le reste il faut demander à ta grand-mère.
Papa, tu le sais, c'est tout ce qui ne nous sert pas mais qui pourrait encore servir. Ou des choses qui ne serviront plus mais auxquelles je suis attachée sentimentalement. Comme cette grande cocote, c'était celle de Maman, et qui sert occasionnellement.
Oui je me souviens on l'avait acheté en Arles dans les années 60.
Il y a aussi les cocotes en fonte des grands-mères. Mais tu sais aussi bien que moi ce qu'il y a Papa. La plupart des choses c'est Maman et toi qui les avez mises. Il faudrait trier un peu et jeter l’inutilisable.
Oui Tant que Bébé est là, il faudrait en profiter.
Pas de soucis pour moi, j'ai rien de spécial à faire jusqu'au 2 octobre.
Tu me prendras une photo de toi en marin, Bé.
Mais oui Mamie, pas de problème et même une en pompier si tu veux.
À quelle heure on part demain pour aller aux champignons ?
Sept heures, ça te va Papé ?
Ok, à demain matin.
Le lendemain on alla aux champignons et on en trouva des pleins seaux. Quand on rentra mon grand-père m'envoya chez le père Mathieu lui en donner.
Merci bien Bé, vous en avez trouvé un bon paquet on dirait.
Oui un bon paquet mais s'il ne pleut pas ça m'étonnerait qu'il y ait une repousse.
Avec tout ce que tu m'as donné je vais en manger une poêlée et je mettrais le reste au congélateur pour les manger avec les enfants la semaine prochaine.
C'est bien beau de ramasser des champignons mais après il faut les trier. On y passa trois heures. Plus que ce qu'on avait mis pour les ramasser. Mais le soir tout était cuit et stérilisé. Et j'avais convenu avec eux de revenir demain pour s'attaquer au grenier.
À sept heures, quand j'arrivais, il y avait un gâteau tout chaud qui m'attendait et ma grand-mère me versa un grand bol de café.
Et on alla au grenier. On prenait carton par carton et on triait ce qu'il y avait dedans. Plus de la moitié fut descendu pour partir à la déchetterie. Puis on passa aux malles. Certaines contenaient de vieux habits. Mon grand-père regarda une blouse noire. Il devint songeur.
C'est ma grand-mère qui l'avait faite pour moi la première année où je suis allé à l’école. J'avais cinq ans et demi. C'était en 1911. Tu n'as qu'à l'escamper (jeter).
Ah ça non, Papa. C'est un souvenir à conserver. Et je suppose que c'était aussi ton béret quand tu étais enfant.
Ma mère ne jetait rien. Je me souviens qu'il y avait des draps tout neufs dans l'armoire mais quand elle les changeait elle se débrouillait pour nous en mettre des tout rapetassés. Le matin quand tu te levais, tu avais la trace des pétas (pièces de tissus qui servent à réparer les trous) sur la peau.
Une autre malle contenait les fameux draps neufs en lin, des nappes et des serviettes brodées. Tous en état impeccable !
C'est les trousseaux des arrière-grands-mères et des grands-mères. On ne s'en servait que rarement.
On garde, bien sûr.
Oui, les filles en feront ce qu'elles veulent. Le reste des malles c'est les tiennes Papa.
Bé, prend la grosse là. Et ouvre-la.
C'est quoi ?
C'est mon uniforme que j'avais quand j'étais aux Spahis. Et dire que des pauvres gars ont fait la guerre de 14 là-dedans.
Tu portais ça à l’armée.
Non ça c'était notre tenue de sortie. On était en tenue de 14 mais couleur moutarde. Elle doit être dessous.
Ah oui, je la vois.
Apporte l'autre malle… Ah oui, dans celle-là, c'est les uniformes de mon grand-oncle. Il était médecin major dans la marine sous Charles X et Napoléon III. Y'a pas à dire mais c'était autre chose les uniformes à l’époque.
Et dans celle-là qu'est-ce qu’il y a ?
Mes uniformes de la deuxième guerre. D'abord celui de la guerre de 40, puis celui reçu à la libération. Ta grand-mère y met de la naphtaline tous les ans pour pas que les mites s'y mettent. Et la caisse, là, c'est tous de vieilles armes et sabres qui appartiennent aux différents uniformes.
Et la dernière c'est quoi ?
C'est des papiers, tous les papiers de la famille depuis Henri IV. Enfin, tout ceux qu'on a su conserver.
Et celle là-bas ?
C'est les affaires de ton grand-oncle Jean, mon fils, celui qui est mort pendant la guerre d’Algérie. Je n'ai jamais eu le courage de l’ouvrir.
Bon, Bé, pendant qu'on range tu vas à la déchetterie avant leur fermeture ?
Ok, j'y file vite.
…
D’autres jours j'allais aider mon père à la carrière, d’autres fois j'allais aider Tim et même une fois Mary. Puis arriva le 3 octobre. La veille j'étais allé dire au revoir à mes grands parents, au père Mathieu, puis à tout le monde. Et j'arrivais à 6 h 30 devant la barrière de la caserne. Le planton de service me demanda mon ordre d’incorporation. Il me laissa entrer. J'avais une place sur le parking. Et de là je rejoignis d'autres gars en civil qui attendaient comme moi.
De plus en plus de monde arrivait et je fus surpris de voir Tom. Enfin c'est lui qui me vit en premier.
Jeff, je ne rêve pas, c'est vraiment toi ?
Cool, tu es là aussi Tom ? Comment ça se fait ?
Ma copine a espoir d'être mutée dans le sud bientôt. Alors j'avais postulé aux marins pompiers de Marseille et… j'ai réussi.
Des gradés arrivèrent. On fit le silence.
Messieurs bonjour à vous. Alignez-vous. À l'appel de votre nom, vous vous rendrez sous la lettre correspondante. Section A : …
On fut 24 à être appelés et je me trouvais avec Tom et le gars à qui j'avais remis les tendons à la piscine quand on passait les tests sportifs. Le Chef (c’était son grade) nous conduisit dans une salle où il nous demanda de déposer nos sacs au fond de la salle. Il nous fit asseoir.
Les gars, je vais être votre chef de section pendant ces trois mois. Votre section est un peu spéciale. C'est la première fois que nous recrutons des infirmiers qui ne sortent pas d'une école de l’armée. Alors vous allez devoir fournir plus d'efforts que les autres sections car en plus de l'instruction militaire de base, vous allez aussi avoir une formation plus axée sur la traumatologie et les urgences. Nous allons vous donner les bases plus spécifiques pour que vous puissiez vous montrer efficaces dès votre premier jour dans la caserne où vous serez affectés. Pour commencer nous allons aller à l’habillement. Aujourd'hui ça sera vos tenues de pompier. Demain on y retournera pour vos tenues de marin. Suivez-moi en rang par deux… Un effort la bleusaille ! On dirait un troupeau de chèvres.
On arriva à l’habillement. On nous fit mettre en boxer et des recrues prirent nos mesures. On nous fit rhabiller et à tour de rôle on avançait. La première chose qu'on nous donna ça a été un sac de paquetage. Et au fur et à mesure qu'on avançait dans la file on mettait dedans les fringues qu'on nous donnait. Et quand on sortit on alla au gymnase et le chef nous fit vider le sac devant nous.
Bon, on va faire le récapitulatif de ce que vous avez eu. On va commencer. Au fur et à mesure que je vais énumérer les choses vous allez les remettre dans le sac. Si certains ne l'ont pas, où qu'il manque quelque chose dites-le.Je commence : une pochette avec 3 boxers, une pochette avec 3 paires de chaussettes …
Bon j'avais tout. Il manquait quelques bricoles à certains qui retournèrent les chercher.
Bien, on va retourner à la salle où vous formerez des groupes de quatre.
Je me mis avec Tom et, Armand, le gars à qui j'avais remis la cheville en place, demanda à se joindre à nous avec un pote à lui Steeve. On accepta.
On suivit le chef jusqu'à un bâtiment où on monta au premier étage. Là, il nous dispatcha dans des chambres prévues pour quatre. C’était spartiate. Chacun avait un lit, une armoire et un tabouret. Et il y avait une table sous la fenêtre.
J'ouvris la porte de l'armoire où il y avait des photos montrant comment la ranger. Quand je finis c'était comme sur la photo. Pour Tom et Armand c'était plus ou moins le cas. Mais pour Steeve, c'était loin d'être ça. On l’aida.
Quand le chef entra, on avait fini. On s'était mis en tenue de sport comme il nous l'avait demandé. Et de là il nous conduisit au réfectoire. Mon premier repas ne me marqua pas tant que ça. La bouffe était… mangeable, on dira. On retourna à la salle où il nous expliqua comment allait se passer nos classes. Puis il y eut le passage par le 'coiffeur'… qui ne connaissait qu'une coupe ! Et à dix-sept heures, la journée était finie.
On regagna nos chambres et on alla se doucher. C’étaient des douches collectives et beaucoup étaient gênés. Avec Tom on discutait de la journée. Je ne vous dis pas que je n'en profitais
pas pour mater aussi, parce que tous les mecs qui étaient là étaient de super beaux gosses.
Je remarquais que deux ou trois autres gars faisaient aussi du naturisme. Eh oui, on était quelques-uns à ne pas avoir le cul blanc. Le lendemain matin le réveil était à 6 heures. Et à 7 heures 30, après le rassemblement, on partit courir. On avait 10 km à faire en moins de temps possible. Je me classais dans les premiers, sans être vraiment essoufflé par l’effort. On eut droit à une demi-heure pour prendre une douche et nous changer. Et, de fait, sous la douche on était les vingt-quatre pour dix pommeaux. Ça se frôlait, ça se touchait et certains en avait même une mi-molle.
De là on alla récupérer nos deux tenues de marin. Une blanche pour l'été et une bleue pour l’hiver, plus la paire de chaussure qui allait bien. On alla les ranger et l'après-midi, notre formation à proprement parler commença.
La première chose qu'on apprit, ça a été de marcher au pas. En fait, le premier mois a été un concentré de ce que les autres apprennent durant les 3 mois de classe. Ce n'était qu'une formation militaire. Et au tir j'étais assez doué.
Cependant, dès le premier soir ça a été cool dans la chambre. C'est Tom qui a mis les pieds dans le plat direct.
Les mecs, je vous avertis je dors à poil et si vous entendez le lit qui grince, c'est que je me branle. Habituellement je le fais sous la douche avant de me coucher mais, là, ça ne sera pas possible et si je ne me branle pas… ben, je ne dors pas.
On éclata de rire. Et en fait il n'y avait qu’Armand qui dormait en boxer. On éteignit et bien vite, on entendit un bruit régulier qui venait du lit de Tom. Ça devait être contagieux parce que quelques instants après on se branlait tous. Je fantasmais sur les queues de Steeve et d’Armand. Je connaissais déjà celle de Tom en érection. Mais je fantasmais aussi sur d'autres camarades que j'avais vu nus sous les douches ou dans les vestiaires.
On resta bloqué à la caserne un mois. Bon, le week-end on pouvait sortir de 12 à 19 heures et on ne s'en priva pas. Ma première sortie fut d'aller visiter un sauna gay, bien sûr. J'avais trouvé son adresse sur internet. J'allais y entrer quand un gars de mon âge, un militaire sûrement vu sa coupe de cheveux, m’interpella.
Salut, tu vas au sauna ?
Oui, pourquoi ?
Moi aussi, mais à moins que tu n’aimes que les mecs de cinquante ans et plus, il y en a un autre à quelques rues d'ici où on se retrouve entre jeunes. Enfin, la clientèle est assez mixte. Ici, ce sont surtout des jeunes qui font le tapin qui viennent et des matures qui s’offrent leurs services.
Ok, je te suis. Je suis Jean-François.
Enchanté Jean-François, je m'appelle Brandon.
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