Chapitre 11
***
J’ai besoin de parler avec Noémie mais Oli s’interpose pour me demander comment je vais et je lui réponds que ça va moyen…
-Oli : tu veux faire quoi pour le reste de l’après-midi ?
-Moi : si ça te dérange pas j’aimerais passer un peu de temps seul avec Noémie…
-Oli et Math : d’accord on va te laisser alors.
Je me retrouve enfin seul avec elle parce que j’ai décidé de m’ouvrir à elle de mon secret, je sens que si je lui parle maintenant ça va me faire du bien.
-Moi : je voudrais te parler un peu. Il y a longtemps que ça nous est pas arrivé. Et tu sais j’ai plein de choses à te dire. Tu voudrais pas qu’on aille prendre un petit café dans un endroit tranquille pour discuter en paix ?
-Noémie : Oui bien sûr, moi aussi j’aimerais bien parler avec toi et puis essayer de comprendre ce qui vient de se passer avec ce garçon. Et d’ailleurs il est qui ce garçon pour toi, tu as l’air de vraiment l’apprécier à ce que j’ai vue, tu étais tellement bouleversé de le voir étendu par terre…
On s’éloigne de cet endroit merdique où s’est passée cette horrible scène qui a mis en danger la vie de mon Antoine, celui que j’aime et avec qui on avait prévu d’aller plus loin ce soir dans ma chambre.
Pendant le trajet nous restons plutôt silencieux. Je suis encore sous le choc de ce qui vient de se passer et Noémie respecte mon silence. Elle me dit quand même qu’elle comprend que j’ai vécu un moment très difficile … Moi je repense constamment au fait que j’ai été incapable de venir en aide à Antoine, que j’ai assisté impuissant à son tabassage violent par cette bande de cons. Je me sens tellement mal que les larmes me gagnent à nouveau. QUELQU’UN peut il me dire pourquoi ça nous arrive à nous, alors qu’on commençait à vouloir nous rapprocher et vivre des moments d’intimité, enfin, ce soir ? Notre première soirée en amoureux a été anéantie en quelques minutes parce que des homophobes ont agressé mon amoureux qui se trouve maintenant à l’hopital. C’est trop injuste !
Nous arrivons dans un bar restaurant où nous nous installons pour parler tranquillement comme on le faisait autrefois. Je remarque la gêne de Noémie qui ne sait pas trop comment réagir devant mes larmes. Elle tente de me consoler en me disant qu’Antoine est hors de danger, que je vais le retrouver ce soir, qu’il faut faire confiance aux médecins, mais moi ce que je veux c’est le sentir proche de moi tout de suite, maintenant. Je dois pourtant accepter l’idée que ce n’est pas possible, j’ai pas le choix.
Puis nous nous regardons pendant de longues minutes sans parler. Je ressens un froid entre nous parce que voilà longtemps qu’on ne s’est pas vus…Mais je veux lui parler du sujet délicat qui me concerne. Elle pourra m’aider, j’en suis certain, et elle ne me jugera pas, elle.
-Moi : comment ça se passe dans ta nouvelle école ?
-Noémie : les cours se déroulent très bien et en plus je suis l’une des meilleures étudiantes de ma classe. C’est très différent de notre ancienne école… c’est beaucoup plus sévère, il y a un règlement très strict mais je m’y suis bien habituée. Ce que j’aime le plus c’est que nous avons beaucoup de cours de musique l’après-midi , violon, piano et chant pour moi. Mais le matin on a les cours normaux. Tu te souviens que j’aime beaucoup le piano alors dans cette école je suis servi ! Et toi comment ça va à l’école ?
-Moi : Pas toujours facile. Parfois très bien et parfois plus compliqué… j’ai vécu des moments difficiles avec Alexandre, c’est un des gars qui était dans la bande qui a agressé Antoine tout à l’heure.
-Noémie : mais au fait qui c’est cet Antoine ? Je ne le connais pas, il sort d’où ?
-Moi : c’est un gars super que dont j’ai fait la connaissance cette année. Il vient d’arriver.
-Noémie : alors parle-moi un peu de lui.
-Moi : Antoine c’est … c’est … celui qui est tout le temps là pour moi. Je vais te dire que c’est lui qui m’a aidé dès le premier jour de la rentrée, quand Alexandre m’a insulté et m’a fait tomber… Il est venu me consoler quand je suis sorti de la classe pour aller me soigner. C’est le seul qui a fait ça pour moi. Quelques jours après il m’a à nouveau aidé quand Alexandre est revenu en classe après avoir été exclu… Il a été jusqu’à le maîtriser quand il a essayé de me frapper. Si tu avais vu la correction qu’il lui a donnée ! Et ce qui lui est arrivé aujourd’hui c’est à cause de moi, il a été agressé parce que, moi, je suis incapable de me défendre seul (je sens mes larmes qui reviennent en pensant à cette scène).
-Noémie : pas besoin d’avoir de la peine pour ça voyons, c’est pas de ta faute.
-Moi : mais bien sûr que oui c’est de ma faute ! Il m’a toujours aidé quand Alexandre me tombait dessus et l’autre s’est vengé parce qu’il me défendait… Et qu’est-ce que j’ai fait tout à l’heure ? Rien… j’ai rien pu faire pour lui venir en aide.
-Noémie : ne te mets pas dans cet état, je suis sûr qu’Antoine s’en serrait voulu si cette bande t’avait fait du mal…
-Moi : et moi tu penses pas que je m’en veux de l’avoir laissé se faire battre, et de l’avoir vu partir seul dans l’ambulance (et ma voix commençait à dominer les bruits ambiants)
-Noémie : pourquoi tu réagis comme ça et tu parles aussi fort, je t’ai rien fait moi.
-Moi ! Désolé, c’est mon émotion qui fait que j’ai du mal à me maîtriser, je ne veux pas t’agresser excuse moi.
-Noémie : Je ne veux pas te brusquer mais d’après ce que tu me dis et en te voyant réagir comme tu le fais, je me dis qu’il doit se passer quelque chose d’autre entre toi et lui … je me trompe ?
La question de Noémie me déstabilise un peu par sa brutalité… En même temps je reconnais que c’est une perche qu’elle me lance et je vais m’en saisir pour lui dévoiler mon secret…
-moi : en fait, tu sais…c’est un peu difficile à exprimer… alors stp laisse- moi t’expliquer et ne me coupe pas avant que j’ai fini de t’expliquer
je vais commencer par le début… tu dois savoir que dès que j’ai vu Antoine je l’ai trouvé différent des autres garçons de ma classe ; plus grand, plus âgé, une meilleure mentalité… différent quoi… Quand il s’est présenté devant la classe j’ai tout de suite remarqué qu’il avait quelque chose de différent et d’abord son accent. Il vient de France et quand il a commencé à parler tous les autres sont partis à rire. Moi j’étais trop occupé à le regarder, je peux pas dire pourquoi mais il attirait mon regard. Et ensuite quand Alexandre m’a fait tomber volontairement et que je me suis blessé il est venu à mon aide et il m’a consolé dans les toilettes où je m’étais réfugié… C’est là qu’on a eu un premier rapprochement quand je l’ai serré dans mes bras. J’ai senti alors comme des papillons dans le bas du ventre. Ensuite il y a eu cette longue conversation avec Sébastien, un surveillant, qui m’a fait remarquer que c’était peut-être un sentiment amoureux que je ressentais. J’ai pas voulu le croire à ce moment -là. Je refusais cette idée et j’ai décidé d’oublier Antoine en le fuyant, en ne lui parlant pas, en évitant d’être en contact avec lui…mais ça n’a pas marché longtemps parce que mes pensées étaient constamment bloquées sur lui, nuit et jour… Alors j’ai eu besoin de lui parler de ce que je ressentais pour lui, de lui dire que c’était la première fois que je ressentais ça pour un garçon…Il y eu encore le cours d’éducation physique où tout a vraiment commencé, douche, vestiaire et donc situation où on s’est vu presque nus tous les deux… moi j’ai pas pu m’empêcher de le regarder… je l’ai trouvé tellement beau, j’ai flashé sur son corps si beau et si tentant… Pendant la pause d’un quart d’heure du cours je lui ai demandé d’aller à l’écart et je lui ai confié tout ce que j’avais sur le cœur… en gros que…je…l’aimais … Il m’a pas rejeté, il m’a simplement dit que lui aussi avait des sentiments pour moi mais sans doute pas aussi forts que les miens. Depuis ce jour nos sentiments évoluent . Ce week -end devait nous permettre de concrétiser nos attentes, c’était supposé être le moment le plus important pour notre amour naissant. On a fait une soirée strip poker vendredi soir avec Oli, il avait un peu trop bu et il m’a sauté dessus pour me caresser, il est même allé jusqu’à me toucher le sexe devant mon frère ! Oli sait maintenant quelle est notre relation, il nous a aussi surpris ce matin en train de nous embrasser … tu vois il s’est passé beaucoup de choses en si peu de temps mais le destin nous a joué un sale tour et mon chéri n’est pas avec moi ce soir alors qu’on avait tellement envie de profiter de ces moments… Je l’aime tellement ! Si tu savais comme il me manque… Pardon d’avoir été aussi long mais j’avais besoin de t’en parler j’espère que ça n’a pas été trop dure d’entendre tout ça ?
Noémie fait une grimace et se lève brutalement, elle est déjà sur le point de quitter le restaurant , et d’un seul coup elle se tourne vers moi et me lance assez fort pour que les clients l’entende bien : « en gros tu es gay ? »
Je suis assommé par ce qu’elle vient de me dire mais je réagis très vite, je me lève prend mes affaires et cours pour la rejoindre … elle est déjà dehors.
Je ne peux pas retenir mes larmes ; je suis trop mal de voir de quelle façon elle réagit. Je me rends même pas compte que les clients du bar regardent le spectacle que je leur offre en parlant fort et en appelant Noémie avec une voix pleine de sanglots.
-moi : Noémie, stp ne fais pas ça, j’ai besoin de toi, j’étais sûr que ça te dérangerais pas et que tu m’accepterais comme je suis. Noémie, tu es ma meilleure amie alors si tu ne m’acceptes pas comme je suis je vais me sentir tellement seul… tu comptes beaucoup pour moi, je t’en prie écoute moi
Elle ne répond pas et continue, imperturbable.
-Moi : Putain Noé ! stp attends- moi, pourquoi tu réagis comme ça ?
Devant mon insistance elle s’arrête d’un seul coup, se tourne vers moi avec un air que je lui connais pas et elle me lance à la figure un « ne me suis pas et ne me dis plus rien… J’ai…besoin de temps… » puis sans hésiter elle repart d’un pas très rapide …
-Moi : Noé je pensais vraiment que tu étais pas comme ça, tu me déçois trop ! Tu m’abandonnes dans un moment où je me sens tellement seul, tu peux pas me faire ça… je t’en supplie dis-moi que tu me rejettes pas, j’ai besoin que tu me consoles, que tu me prennes dans tes bras
Elle ne s’arrête plus, elle ne m’adresse plus la parole, ce que je lui dis ne la touche pas, elle est totalement indifférente à ma souffrance.
Alors, je comprends qu’elle ne veut pas m’aider puisqu’elle m’ignore et continue son chemin, je décide de rentrer chez moi, en larme.
Une fois rendu chez moi je claque la porte après être rentré, je vois le regard interrogatif de mes parents mais je n’ai aucune envie de leur parler, j’en ai vraiment pas la force et je ne veux pas qu’ils me voient pleurer.
Je monte les escaliers et en passant devant la chambre de mon frère j’aperçois à travers la porte ouverte qu’il est avec Mathieu ; ils arrêtent alors de parler quand ils me voient mais je continue pour entrer dans ma chambre et je claque la porte derrière moi pour m’isoler et enfin me lâcher .
Je me jette sur mon lit et j’essaye de me calmer un peu, je suis désespéré . Antoine n’est pas avec moi, il est blessé et il se retrouve sur un lit d’hôpital, ma meilleure amie m’a laissé tomber et n’a même pas eu un mot de compréhension envers moi…je suis totalement désemparé…
Au bout de quelques secondes j’entends des coups discrets frappés à ma porte
Toc…Toc…
J’essaye de parler d’une voix normale malgré le fait que j’ai pleuré
-Moi : c’est qui ?
-Oli : c’est moi, Oli
-Moi : tu peux entrer
Une fois dans ma chambre il me demande si je vais bien
-Moi : non, Noé n’accepte pas mon homosexualité, je suis allé avec elle dans un bar pour être au calme et lui parler de mon secret mais après lui avoir tout révélé elle s’est levée brutalement et elle partie en me laissant tout seul… Mais moi si je lui ai fait mes confidences c’est parce que je croyais qu’elle était capable de me comprendre et de m’accepter, c’est ma meilleure amie quand même ! Pourquoi elle a eu cette réaction ?
-Oli : elle a rien dit, elle n’a pas expliqué ce qui se passait ?
-Moi : avant de partir elle a simplement dit qu’elle avait besoin de temps, mais putain moi j’avais besoin d’elle aujourd’hui, à ce moment- là, après ce qui est arrivé à Antoine…
-Oli : tu sais frérot tout le monde n’accepte pas aussi facilement que moi cette révélation… c’est un choc pour certains d’apprendre que leur meilleur ami est gay… Mais je suis sûr qu’elle te reparlera d’’ici peu.
-Moi : j’espère que tu dis vrai … ma meilleure ami… me faire ça …
Oli retourne dans sa chambre.
Je décide de prendre une douche et de manger quelque chose avant de partir à l’hôpital, je veux très vite retrouver mon Antoine, je serai rassuré de le voir et j’espère pouvoir lui parler. L’hôpital n’est pas trop loin, une vingtaine de minutes avec l’autobus…
***
J’ai besoin de parler avec Noémie mais Oli s’interpose pour me demander comment je vais et je lui réponds que ça va moyen…
-Oli : tu veux faire quoi pour le reste de l’après-midi ?
-Moi : si ça te dérange pas j’aimerais passer un peu de temps seul avec Noémie…
-Oli et Math : d’accord on va te laisser alors.
Je me retrouve enfin seul avec elle parce que j’ai décidé de m’ouvrir à elle de mon secret, je sens que si je lui parle maintenant ça va me faire du bien.
-Moi : je voudrais te parler un peu. Il y a longtemps que ça nous est pas arrivé. Et tu sais j’ai plein de choses à te dire. Tu voudrais pas qu’on aille prendre un petit café dans un endroit tranquille pour discuter en paix ?
-Noémie : Oui bien sûr, moi aussi j’aimerais bien parler avec toi et puis essayer de comprendre ce qui vient de se passer avec ce garçon. Et d’ailleurs il est qui ce garçon pour toi, tu as l’air de vraiment l’apprécier à ce que j’ai vue, tu étais tellement bouleversé de le voir étendu par terre…
On s’éloigne de cet endroit merdique où s’est passée cette horrible scène qui a mis en danger la vie de mon Antoine, celui que j’aime et avec qui on avait prévu d’aller plus loin ce soir dans ma chambre.
Pendant le trajet nous restons plutôt silencieux. Je suis encore sous le choc de ce qui vient de se passer et Noémie respecte mon silence. Elle me dit quand même qu’elle comprend que j’ai vécu un moment très difficile … Moi je repense constamment au fait que j’ai été incapable de venir en aide à Antoine, que j’ai assisté impuissant à son tabassage violent par cette bande de cons. Je me sens tellement mal que les larmes me gagnent à nouveau. QUELQU’UN peut il me dire pourquoi ça nous arrive à nous, alors qu’on commençait à vouloir nous rapprocher et vivre des moments d’intimité, enfin, ce soir ? Notre première soirée en amoureux a été anéantie en quelques minutes parce que des homophobes ont agressé mon amoureux qui se trouve maintenant à l’hopital. C’est trop injuste !
Nous arrivons dans un bar restaurant où nous nous installons pour parler tranquillement comme on le faisait autrefois. Je remarque la gêne de Noémie qui ne sait pas trop comment réagir devant mes larmes. Elle tente de me consoler en me disant qu’Antoine est hors de danger, que je vais le retrouver ce soir, qu’il faut faire confiance aux médecins, mais moi ce que je veux c’est le sentir proche de moi tout de suite, maintenant. Je dois pourtant accepter l’idée que ce n’est pas possible, j’ai pas le choix.
Puis nous nous regardons pendant de longues minutes sans parler. Je ressens un froid entre nous parce que voilà longtemps qu’on ne s’est pas vus…Mais je veux lui parler du sujet délicat qui me concerne. Elle pourra m’aider, j’en suis certain, et elle ne me jugera pas, elle.
-Moi : comment ça se passe dans ta nouvelle école ?
-Noémie : les cours se déroulent très bien et en plus je suis l’une des meilleures étudiantes de ma classe. C’est très différent de notre ancienne école… c’est beaucoup plus sévère, il y a un règlement très strict mais je m’y suis bien habituée. Ce que j’aime le plus c’est que nous avons beaucoup de cours de musique l’après-midi , violon, piano et chant pour moi. Mais le matin on a les cours normaux. Tu te souviens que j’aime beaucoup le piano alors dans cette école je suis servi ! Et toi comment ça va à l’école ?
-Moi : Pas toujours facile. Parfois très bien et parfois plus compliqué… j’ai vécu des moments difficiles avec Alexandre, c’est un des gars qui était dans la bande qui a agressé Antoine tout à l’heure.
-Noémie : mais au fait qui c’est cet Antoine ? Je ne le connais pas, il sort d’où ?
-Moi : c’est un gars super que dont j’ai fait la connaissance cette année. Il vient d’arriver.
-Noémie : alors parle-moi un peu de lui.
-Moi : Antoine c’est … c’est … celui qui est tout le temps là pour moi. Je vais te dire que c’est lui qui m’a aidé dès le premier jour de la rentrée, quand Alexandre m’a insulté et m’a fait tomber… Il est venu me consoler quand je suis sorti de la classe pour aller me soigner. C’est le seul qui a fait ça pour moi. Quelques jours après il m’a à nouveau aidé quand Alexandre est revenu en classe après avoir été exclu… Il a été jusqu’à le maîtriser quand il a essayé de me frapper. Si tu avais vu la correction qu’il lui a donnée ! Et ce qui lui est arrivé aujourd’hui c’est à cause de moi, il a été agressé parce que, moi, je suis incapable de me défendre seul (je sens mes larmes qui reviennent en pensant à cette scène).
-Noémie : pas besoin d’avoir de la peine pour ça voyons, c’est pas de ta faute.
-Moi : mais bien sûr que oui c’est de ma faute ! Il m’a toujours aidé quand Alexandre me tombait dessus et l’autre s’est vengé parce qu’il me défendait… Et qu’est-ce que j’ai fait tout à l’heure ? Rien… j’ai rien pu faire pour lui venir en aide.
-Noémie : ne te mets pas dans cet état, je suis sûr qu’Antoine s’en serrait voulu si cette bande t’avait fait du mal…
-Moi : et moi tu penses pas que je m’en veux de l’avoir laissé se faire battre, et de l’avoir vu partir seul dans l’ambulance (et ma voix commençait à dominer les bruits ambiants)
-Noémie : pourquoi tu réagis comme ça et tu parles aussi fort, je t’ai rien fait moi.
-Moi ! Désolé, c’est mon émotion qui fait que j’ai du mal à me maîtriser, je ne veux pas t’agresser excuse moi.
-Noémie : Je ne veux pas te brusquer mais d’après ce que tu me dis et en te voyant réagir comme tu le fais, je me dis qu’il doit se passer quelque chose d’autre entre toi et lui … je me trompe ?
La question de Noémie me déstabilise un peu par sa brutalité… En même temps je reconnais que c’est une perche qu’elle me lance et je vais m’en saisir pour lui dévoiler mon secret…
-moi : en fait, tu sais…c’est un peu difficile à exprimer… alors stp laisse- moi t’expliquer et ne me coupe pas avant que j’ai fini de t’expliquer
je vais commencer par le début… tu dois savoir que dès que j’ai vu Antoine je l’ai trouvé différent des autres garçons de ma classe ; plus grand, plus âgé, une meilleure mentalité… différent quoi… Quand il s’est présenté devant la classe j’ai tout de suite remarqué qu’il avait quelque chose de différent et d’abord son accent. Il vient de France et quand il a commencé à parler tous les autres sont partis à rire. Moi j’étais trop occupé à le regarder, je peux pas dire pourquoi mais il attirait mon regard. Et ensuite quand Alexandre m’a fait tomber volontairement et que je me suis blessé il est venu à mon aide et il m’a consolé dans les toilettes où je m’étais réfugié… C’est là qu’on a eu un premier rapprochement quand je l’ai serré dans mes bras. J’ai senti alors comme des papillons dans le bas du ventre. Ensuite il y a eu cette longue conversation avec Sébastien, un surveillant, qui m’a fait remarquer que c’était peut-être un sentiment amoureux que je ressentais. J’ai pas voulu le croire à ce moment -là. Je refusais cette idée et j’ai décidé d’oublier Antoine en le fuyant, en ne lui parlant pas, en évitant d’être en contact avec lui…mais ça n’a pas marché longtemps parce que mes pensées étaient constamment bloquées sur lui, nuit et jour… Alors j’ai eu besoin de lui parler de ce que je ressentais pour lui, de lui dire que c’était la première fois que je ressentais ça pour un garçon…Il y eu encore le cours d’éducation physique où tout a vraiment commencé, douche, vestiaire et donc situation où on s’est vu presque nus tous les deux… moi j’ai pas pu m’empêcher de le regarder… je l’ai trouvé tellement beau, j’ai flashé sur son corps si beau et si tentant… Pendant la pause d’un quart d’heure du cours je lui ai demandé d’aller à l’écart et je lui ai confié tout ce que j’avais sur le cœur… en gros que…je…l’aimais … Il m’a pas rejeté, il m’a simplement dit que lui aussi avait des sentiments pour moi mais sans doute pas aussi forts que les miens. Depuis ce jour nos sentiments évoluent . Ce week -end devait nous permettre de concrétiser nos attentes, c’était supposé être le moment le plus important pour notre amour naissant. On a fait une soirée strip poker vendredi soir avec Oli, il avait un peu trop bu et il m’a sauté dessus pour me caresser, il est même allé jusqu’à me toucher le sexe devant mon frère ! Oli sait maintenant quelle est notre relation, il nous a aussi surpris ce matin en train de nous embrasser … tu vois il s’est passé beaucoup de choses en si peu de temps mais le destin nous a joué un sale tour et mon chéri n’est pas avec moi ce soir alors qu’on avait tellement envie de profiter de ces moments… Je l’aime tellement ! Si tu savais comme il me manque… Pardon d’avoir été aussi long mais j’avais besoin de t’en parler j’espère que ça n’a pas été trop dure d’entendre tout ça ?
Noémie fait une grimace et se lève brutalement, elle est déjà sur le point de quitter le restaurant , et d’un seul coup elle se tourne vers moi et me lance assez fort pour que les clients l’entende bien : « en gros tu es gay ? »
Je suis assommé par ce qu’elle vient de me dire mais je réagis très vite, je me lève prend mes affaires et cours pour la rejoindre … elle est déjà dehors.
Je ne peux pas retenir mes larmes ; je suis trop mal de voir de quelle façon elle réagit. Je me rends même pas compte que les clients du bar regardent le spectacle que je leur offre en parlant fort et en appelant Noémie avec une voix pleine de sanglots.
-moi : Noémie, stp ne fais pas ça, j’ai besoin de toi, j’étais sûr que ça te dérangerais pas et que tu m’accepterais comme je suis. Noémie, tu es ma meilleure amie alors si tu ne m’acceptes pas comme je suis je vais me sentir tellement seul… tu comptes beaucoup pour moi, je t’en prie écoute moi
Elle ne répond pas et continue, imperturbable.
-Moi : Putain Noé ! stp attends- moi, pourquoi tu réagis comme ça ?
Devant mon insistance elle s’arrête d’un seul coup, se tourne vers moi avec un air que je lui connais pas et elle me lance à la figure un « ne me suis pas et ne me dis plus rien… J’ai…besoin de temps… » puis sans hésiter elle repart d’un pas très rapide …
-Moi : Noé je pensais vraiment que tu étais pas comme ça, tu me déçois trop ! Tu m’abandonnes dans un moment où je me sens tellement seul, tu peux pas me faire ça… je t’en supplie dis-moi que tu me rejettes pas, j’ai besoin que tu me consoles, que tu me prennes dans tes bras
Elle ne s’arrête plus, elle ne m’adresse plus la parole, ce que je lui dis ne la touche pas, elle est totalement indifférente à ma souffrance.
Alors, je comprends qu’elle ne veut pas m’aider puisqu’elle m’ignore et continue son chemin, je décide de rentrer chez moi, en larme.
Une fois rendu chez moi je claque la porte après être rentré, je vois le regard interrogatif de mes parents mais je n’ai aucune envie de leur parler, j’en ai vraiment pas la force et je ne veux pas qu’ils me voient pleurer.
Je monte les escaliers et en passant devant la chambre de mon frère j’aperçois à travers la porte ouverte qu’il est avec Mathieu ; ils arrêtent alors de parler quand ils me voient mais je continue pour entrer dans ma chambre et je claque la porte derrière moi pour m’isoler et enfin me lâcher .
Je me jette sur mon lit et j’essaye de me calmer un peu, je suis désespéré . Antoine n’est pas avec moi, il est blessé et il se retrouve sur un lit d’hôpital, ma meilleure amie m’a laissé tomber et n’a même pas eu un mot de compréhension envers moi…je suis totalement désemparé…
Au bout de quelques secondes j’entends des coups discrets frappés à ma porte
Toc…Toc…
J’essaye de parler d’une voix normale malgré le fait que j’ai pleuré
-Moi : c’est qui ?
-Oli : c’est moi, Oli
-Moi : tu peux entrer
Une fois dans ma chambre il me demande si je vais bien
-Moi : non, Noé n’accepte pas mon homosexualité, je suis allé avec elle dans un bar pour être au calme et lui parler de mon secret mais après lui avoir tout révélé elle s’est levée brutalement et elle partie en me laissant tout seul… Mais moi si je lui ai fait mes confidences c’est parce que je croyais qu’elle était capable de me comprendre et de m’accepter, c’est ma meilleure amie quand même ! Pourquoi elle a eu cette réaction ?
-Oli : elle a rien dit, elle n’a pas expliqué ce qui se passait ?
-Moi : avant de partir elle a simplement dit qu’elle avait besoin de temps, mais putain moi j’avais besoin d’elle aujourd’hui, à ce moment- là, après ce qui est arrivé à Antoine…
-Oli : tu sais frérot tout le monde n’accepte pas aussi facilement que moi cette révélation… c’est un choc pour certains d’apprendre que leur meilleur ami est gay… Mais je suis sûr qu’elle te reparlera d’’ici peu.
-Moi : j’espère que tu dis vrai … ma meilleure ami… me faire ça …
Oli retourne dans sa chambre.
Je décide de prendre une douche et de manger quelque chose avant de partir à l’hôpital, je veux très vite retrouver mon Antoine, je serai rassuré de le voir et j’espère pouvoir lui parler. L’hôpital n’est pas trop loin, une vingtaine de minutes avec l’autobus…