07-09-2022, 02:37 PM
– Mes enfants, j'espère que vous n'avez pas oublié les paroles !
Le curé alla mettre la musique de ''minuit chrétien'' et tout le monde chanta. Puis il dit la messe et quand il eut fini il nous souhaita un bon réveillon et nous donna rendez-vous pour les Rameaux.
Il avait laissé un panier à l'entrée pour la quête. On y déposa tous quelques pièces, sauf le père Mathieu qui y laissa deux grosses truffes.
– Merci encore à tous et bon Noel! Père Mathieu, la gourmandise est un péché et vous me tentez chaque année.
– Tu n'auras qu'à te confesser, Curé… après les avoir mangées.
On rentra et c'est à la cuisine qu'on but l’apéro. Puis on passa à table. Mon arrière-grand-père prit sa place, mon grand-père s'installa à sa droite, mon père et son frère à sa gauche, nous - "les gosses" et invités - au milieu et à l'autre bout il y avait ma mère, ma tante, ma grand-mère et ma sœur.
C'est elles qui allaient servir. Pas qu'on ne veuille aider mais c'était comme ça et pas autrement !
On commença un salmis de bécasse avec une grive rôtie dessus. Liam ne connaissait pas et il adora ça. Puis ma grand-mère avait préparé un brochet froid à la mayonnaise entouré de crevettes.
On mangea ensuite des queues de langoustes à l’américaine. Ça c'est ma tante qui les avait apportées.
Puis un trou normand: un sorbet à la poire avec de l’alcool de poire fabriquée par Cyprien, et on passa au sanglier en daube qui avait embaumé la maison depuis deux jours avec des gratins de cardons. Un à la moelle et l'autre aux anchois.
On fit une longue pause puis on passa au fromages et (enfin) aux desserts ! Il y avait bien sur les fameux treize desserts provençaux mais aussi plusieurs bûches glacées et d'autres à la crème au beurre. Miam!
Contrairement à Liam, qui ne connaissait pas ce qu'était un réveillon chez nous, je n'avais pas abusé des plats précédents et, là, je me gavais !
Il n'y avait pas d'autres mots !
Puis on passa à l'échange des cadeaux qui, chez nous, étaient plus des présents symboliques qu'autre chose, c'était surtout pour marquer le coup que de réels cadeaux. Sauf pour le bébé qui fut archi pourri. Mais ça c'était normal !
C'est Cyprien qui lui donna son premier cadeau. Il déposa devant lui une pièce de 20 francs or. Et il précisa:
– J'en ai encore d'autres à donner, mais dépêchez-vous de faire des petits parce que je ne suis pas éternel.
– Mais c'est du favoritisme ça ! On n'a pas eu nos pièces en or nous quand on est nés !
– Mais si Audrey, vous avez eu chacun la vôtre.
– T'en as fait quoi Mam ?
– Elles sont placées, je vous les donnerai à vos trente ans, si vous les méritez.
On discuta jusqu'à tard et chacun rentra chez soi ou alla se coucher, sachant qu’à midi on remettait ça chez les parents de Tim et que dans l'après-midi on repartait sur Valence, pour prendre le premier TGV en partance pour Paris, le lendemain à cinq heures trente !
quand je me levais il était déjà huit heures et j'avais faim. Je descendis à la cuisine où je trouvais mes parents. Je bus mes deux cafés, en me régalant des restes de bûches.
– Je me demande bien où tu mets tout ça ! Tu n'as pas un poil de graisse et tu manges comme Gargantua !
– C'est que je me dépense beaucoup, Mam, c'est tout !
– Au fait, Bé, j'ai préparé quelques bricoles pour que vous les emportiez à Valence. Vous n'oublierez pas de les prendre en partant.
– Mais, Mam, on part demain chez Liam et on ne revient que la semaine d’après. Ça ne va pas se conserver.
– Bon, si tu ne veux pas des desserts, je les donnerai à ton frère et à ta sœur.
– Ah oui mais non, si c'est ça, je veux bien, ça se conserve bien, ça.
– Et il y a aussi les truffes que le Père Mathieu a laissé pour toi et pour Liam.
– Ça tu peux les garder. Je pense qu'on va en manger des kilos chez lui. Y'aura qu'à les mettre dans les pâtés quand on fera le cochon.
– Il en a laissé beaucoup. Tu les emportes et vous vous ferez une omelette avec . Enfin plusieurs omelettes parce qu'il y en a vraiment une bonne quantité.
De toute façon je savais que ça ne servait à rien de discuter avec elle. Elle devait avoir peur que je meure de faim à Valence !
Petit à petit tout le monde se leva et à midi on se retrouva tous cher les parents de Tim.
Le repas fut plus traditionnel.
On commença par du foie gras puis du saumon fumé, puis des escargots et des moules en persillade (avec beaucoup d'ail) puis de la dinde avec des pommes dauphine. Fromage et… treize desserts.
Ici aussi l'ambiance était à la rigolade surtout quand Cyprien discuta avec le père Mathieu, en patois, et qu'ils racontèrent leurs frasques de jeunesse. Sauf qu’à table presque tout le monde les comprenait et qu’il y avait toujours quelqu'un pour traduire aux non locaux !
– Et dire que vous vous plaigniez de Bé et moi ! Mais on n'a pas fait le centième de ce que vous avez fait !
– Oui mais Tim, c'était une autre époque ! On n'avait pas tous vos gadgets ni même la télé pour nous occuper et on travaillait dur, entretemps !
Il devait être dix-sept heures quand la mère de Tim nous proposa de goûter. Elle alla chercher une grosse fougasse d'Aigues-Mortes sur laquelle elle badigeonna du beurre fondu et de l'eau de fleurs d’orangers. Un régal!
On discuta beaucoup et vers dix-neuf heures avec Liam on les abandonna pour rentrer sur Valence.
Ma mère nous accompagna jusqu'à la maison et après avoir chargé la voiture on partit.
Liam roula tranquillement et peu avant vingt et une heures, on se garait. Il y avait pas mal de voitures dans la cour.
On déchargea nos affaires qu'on monta. Lors du dernier voyage Pierre sortit et nous invita à nous joindre à eux pour le repas. On refusa mais il insista et on finit par accepter. Il nous présenta toute sa famille ainsi que celle de Jean.
Quand ils nous avaient parlé de leurs petits-enfants, je pensais à des ados de douze ou treize ans. Mais ils devaient avoir notre âge. Et au cours de la discussion on apprit que ceux-ci dormaient dans la buanderie.
– On part demain matin à cinq heures et on ne revient que le 2 janvier alors si vous voulez utiliser notre appartement on vous laissera les clefs sur la porte, puis on laissera aussi les clefs de la voiture de Liam comme ça vous pourrez la déplacer parce qu'on est garé en plein milieu.
– Vous repartez déjà demain matin si tôt ?
– Oui on va fêter le nouvel an chez les parents de Liam.
– Ils sont où tes parents ?
– À Los Angeles.
– T'es sérieux, là, quand tu dis ça ? Tu veux dire que demain matin tu pars et que demain soir tu seras à Los Angeles ? Puis que vous revenez dans huit jours ?
– Oui, je suis très sérieux. Sauf qu'avec le décalage horaire, on y sera en début d'après-midi et pas le soir.
Il devait être minuit quand on alla se coucher et le réveil à quatre heures fut très, très, très dur. Heureusement que la gare n'était qu'à un quart d'heure à pied !
On trouva facilement nos places dans un TGV pratiquement vide et ce n'est que lorsque le train s'arrêta à Lyon que je me réveillais. Enfin qu'on me réveilla… Plus exactement, quelqu'un qui criait nos noms nous réveilla.
Bé, Liam ! Qu'est-ce que vous faites là ?
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Le curé alla mettre la musique de ''minuit chrétien'' et tout le monde chanta. Puis il dit la messe et quand il eut fini il nous souhaita un bon réveillon et nous donna rendez-vous pour les Rameaux.
Il avait laissé un panier à l'entrée pour la quête. On y déposa tous quelques pièces, sauf le père Mathieu qui y laissa deux grosses truffes.
– Merci encore à tous et bon Noel! Père Mathieu, la gourmandise est un péché et vous me tentez chaque année.
– Tu n'auras qu'à te confesser, Curé… après les avoir mangées.
On rentra et c'est à la cuisine qu'on but l’apéro. Puis on passa à table. Mon arrière-grand-père prit sa place, mon grand-père s'installa à sa droite, mon père et son frère à sa gauche, nous - "les gosses" et invités - au milieu et à l'autre bout il y avait ma mère, ma tante, ma grand-mère et ma sœur.
C'est elles qui allaient servir. Pas qu'on ne veuille aider mais c'était comme ça et pas autrement !
On commença un salmis de bécasse avec une grive rôtie dessus. Liam ne connaissait pas et il adora ça. Puis ma grand-mère avait préparé un brochet froid à la mayonnaise entouré de crevettes.
On mangea ensuite des queues de langoustes à l’américaine. Ça c'est ma tante qui les avait apportées.
Puis un trou normand: un sorbet à la poire avec de l’alcool de poire fabriquée par Cyprien, et on passa au sanglier en daube qui avait embaumé la maison depuis deux jours avec des gratins de cardons. Un à la moelle et l'autre aux anchois.
On fit une longue pause puis on passa au fromages et (enfin) aux desserts ! Il y avait bien sur les fameux treize desserts provençaux mais aussi plusieurs bûches glacées et d'autres à la crème au beurre. Miam!
Contrairement à Liam, qui ne connaissait pas ce qu'était un réveillon chez nous, je n'avais pas abusé des plats précédents et, là, je me gavais !
Il n'y avait pas d'autres mots !
Puis on passa à l'échange des cadeaux qui, chez nous, étaient plus des présents symboliques qu'autre chose, c'était surtout pour marquer le coup que de réels cadeaux. Sauf pour le bébé qui fut archi pourri. Mais ça c'était normal !
C'est Cyprien qui lui donna son premier cadeau. Il déposa devant lui une pièce de 20 francs or. Et il précisa:
– J'en ai encore d'autres à donner, mais dépêchez-vous de faire des petits parce que je ne suis pas éternel.
– Mais c'est du favoritisme ça ! On n'a pas eu nos pièces en or nous quand on est nés !
– Mais si Audrey, vous avez eu chacun la vôtre.
– T'en as fait quoi Mam ?
– Elles sont placées, je vous les donnerai à vos trente ans, si vous les méritez.
On discuta jusqu'à tard et chacun rentra chez soi ou alla se coucher, sachant qu’à midi on remettait ça chez les parents de Tim et que dans l'après-midi on repartait sur Valence, pour prendre le premier TGV en partance pour Paris, le lendemain à cinq heures trente !
quand je me levais il était déjà huit heures et j'avais faim. Je descendis à la cuisine où je trouvais mes parents. Je bus mes deux cafés, en me régalant des restes de bûches.
– Je me demande bien où tu mets tout ça ! Tu n'as pas un poil de graisse et tu manges comme Gargantua !
– C'est que je me dépense beaucoup, Mam, c'est tout !
– Au fait, Bé, j'ai préparé quelques bricoles pour que vous les emportiez à Valence. Vous n'oublierez pas de les prendre en partant.
– Mais, Mam, on part demain chez Liam et on ne revient que la semaine d’après. Ça ne va pas se conserver.
– Bon, si tu ne veux pas des desserts, je les donnerai à ton frère et à ta sœur.
– Ah oui mais non, si c'est ça, je veux bien, ça se conserve bien, ça.
– Et il y a aussi les truffes que le Père Mathieu a laissé pour toi et pour Liam.
– Ça tu peux les garder. Je pense qu'on va en manger des kilos chez lui. Y'aura qu'à les mettre dans les pâtés quand on fera le cochon.
– Il en a laissé beaucoup. Tu les emportes et vous vous ferez une omelette avec . Enfin plusieurs omelettes parce qu'il y en a vraiment une bonne quantité.
De toute façon je savais que ça ne servait à rien de discuter avec elle. Elle devait avoir peur que je meure de faim à Valence !
Petit à petit tout le monde se leva et à midi on se retrouva tous cher les parents de Tim.
Le repas fut plus traditionnel.
On commença par du foie gras puis du saumon fumé, puis des escargots et des moules en persillade (avec beaucoup d'ail) puis de la dinde avec des pommes dauphine. Fromage et… treize desserts.
Ici aussi l'ambiance était à la rigolade surtout quand Cyprien discuta avec le père Mathieu, en patois, et qu'ils racontèrent leurs frasques de jeunesse. Sauf qu’à table presque tout le monde les comprenait et qu’il y avait toujours quelqu'un pour traduire aux non locaux !
– Et dire que vous vous plaigniez de Bé et moi ! Mais on n'a pas fait le centième de ce que vous avez fait !
– Oui mais Tim, c'était une autre époque ! On n'avait pas tous vos gadgets ni même la télé pour nous occuper et on travaillait dur, entretemps !
Il devait être dix-sept heures quand la mère de Tim nous proposa de goûter. Elle alla chercher une grosse fougasse d'Aigues-Mortes sur laquelle elle badigeonna du beurre fondu et de l'eau de fleurs d’orangers. Un régal!
On discuta beaucoup et vers dix-neuf heures avec Liam on les abandonna pour rentrer sur Valence.
Ma mère nous accompagna jusqu'à la maison et après avoir chargé la voiture on partit.
Liam roula tranquillement et peu avant vingt et une heures, on se garait. Il y avait pas mal de voitures dans la cour.
On déchargea nos affaires qu'on monta. Lors du dernier voyage Pierre sortit et nous invita à nous joindre à eux pour le repas. On refusa mais il insista et on finit par accepter. Il nous présenta toute sa famille ainsi que celle de Jean.
Quand ils nous avaient parlé de leurs petits-enfants, je pensais à des ados de douze ou treize ans. Mais ils devaient avoir notre âge. Et au cours de la discussion on apprit que ceux-ci dormaient dans la buanderie.
– On part demain matin à cinq heures et on ne revient que le 2 janvier alors si vous voulez utiliser notre appartement on vous laissera les clefs sur la porte, puis on laissera aussi les clefs de la voiture de Liam comme ça vous pourrez la déplacer parce qu'on est garé en plein milieu.
– Vous repartez déjà demain matin si tôt ?
– Oui on va fêter le nouvel an chez les parents de Liam.
– Ils sont où tes parents ?
– À Los Angeles.
– T'es sérieux, là, quand tu dis ça ? Tu veux dire que demain matin tu pars et que demain soir tu seras à Los Angeles ? Puis que vous revenez dans huit jours ?
– Oui, je suis très sérieux. Sauf qu'avec le décalage horaire, on y sera en début d'après-midi et pas le soir.
Il devait être minuit quand on alla se coucher et le réveil à quatre heures fut très, très, très dur. Heureusement que la gare n'était qu'à un quart d'heure à pied !
On trouva facilement nos places dans un TGV pratiquement vide et ce n'est que lorsque le train s'arrêta à Lyon que je me réveillais. Enfin qu'on me réveilla… Plus exactement, quelqu'un qui criait nos noms nous réveilla.
Bé, Liam ! Qu'est-ce que vous faites là ?
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