17-08-2022, 05:49 PM
Troisième Mercure (ou, Hermès, chez les grecs)
— Héééé -là ! hurla Nicolas, mais trop tard : le voleur s'était enfui avec une partie de son maigre éventaire, un carton contenant ce qu'il vendait de plus cher : des portefeuilles et porte-monnaie en cuir.
Mais il tentait de convaincre un client et n'avait pas fait attention. Du coup, le client acheta ce qu'il lorgnait... et y ajouta même un euro...
Impossible de retrouver le voleur, qui s'était fondu dans la foule de ce marché populaire. Soudain une grande stature parut devant lui :
— Qu'est-ce qui se passe, ici ? demanda un grand mec en costume sélect et aux yeux d'un bleu à donner le tournis.
— Oh je, je... bafouilla Nicolas... qui fondit en larmes.
— Holà ! On se calme tout de suite, Monsieur le marchand. Dites-moi tout.
Sans même savoir à qui il parlait, Nicolas conta sa mésaventure, en reniflant.
— Bon, fit l'homme, on va ranger tout ça et aller causer ailleurs. Pour commencer, je vous rachète tout ce qu'on vous a volé.
— Hein ? Mais... demanda Nicolas, qui ne comprenait pas.
— J'en paye la valeur, et j'y ajoute ce que vous auriez normalement gagné jusqu'à ce soir.
— Mais... Mais... pourquoi ?
— Vous m'êtes sympathique.
— Mais... je vous donne quoi, en échange ?
— Une soirée de votre vie : on va aller dîner dans un bon p'tit coin, et on papote, rien de plus, et hop !
« Encore un vieux cochon ! » songea Nicolas, qui s'était fait enculer mainte fois dans sa courte carrière — il avait vingt-quatre ans — pour des raisons de finances. Et là... il était obligé d'accepter encore, car le mauvais coup qu'on venait de lui faire mettait réellement en péril son délicat équilibre budgétaire...
Toutefois, il se dit que celui-là n'était pas vieux, et avait l'air super bien élevé... et gentil, surtout. Et même, il le trouva beau. Disons ici que Nicolas était hétéro : du moins était-ce ce qu'il pensait depuis tout le temps, et ce n'étaient pas les obligations financières qui s'étaient imposées à son beau p'tit cul qui l'avait fait penser autrement.
En vérité, il avait peu d'expérience non plus avec ces demoiselles, car dès sa sortie de l'école, vers seize ans, il avait dû galérer pour gagner sa vie et aider sa mère, qui était seule et n'avait pas un emploi bien rémunérateur, aussi la romance n'avait-elle jamais été sa préoccupation première.
Il ramassa ses maigres affaires dans sa grande valise à roulettes, et l'on se mit en route. Soudain, l'homme demanda :
— C'est quoi, ça ? en montrant un carton dans une encoignure de porte.
— Euh... On dirait mon carton... mais le mien n'avait pas de couvercle, objecta Nicolas en ôtant ledit couvercle.
Stupeur ! Il y avait toute la marchandise volée, là-dedans !
— Bon ! fit l'homme, puisque j'ai tout acheté, je prends tout ! Euh... Non, finalement, juste un... Tiens, le bleu, là, me plaît bien. Je n'en ai pas trop besoin dans la vie courante, mais bon ! Et tout le reste, je vous le rends, c'est dit !
— Oh, oh !... Merci, m'sieur !
— Appelle-moi Rodolphe, et dis-moi tu, tu veux ?
Là, Nicolas pensa que les choses se précisaient, côté remboursement... Mais l'homme lui sourit gentiment, et il savait qu'il irait jusqu'au bout, faute de mieux.
On gagna un quartier plus chic, et un autre encore plus rupin... et tandis qu'on passait devant la vaste entrée magnifiquement éclairée d'un grand hôtel, Rodolphe déclara :
— Moi, je suis arrivé : je ne suis pas du pays, et c'est ici que j'ai ma chambre. Je te propose d'y monter, pour causer... et pour que je m'occupe de toi.
Bon ! C'était le moment de passer à la casserole ! se dit un Nicolas à la fois résigné et pas plus effrayé que ça.
À sa surprise, un employé vint s'emparer de sa valise, qu'il eut du mal à lâcher...
Il était à peine cinq heures, ce vendredi-là, et Rodolphe demanda au serviteur d'ouvrir la bouteille de champagne qui se trouvait déjà là, à l'épatement de Nicolas. Et l'on trinqua, presque cérémonieusement : Nicolas était bien impressionné par la classe de ce mec, à l'opposé des façons dégoûtantes de ses vieux financeurs !
Tout de suite, Rodolphe lui présenta un catalogue de luxe, consacré à la mode masculine.
— Ce soir, on dîne dans un endroit chicos, et tu n'as pas le temps d'aller chercher ton smoking... — Nicolas dut pouffer — ...donc je t'invite à trouver là-dedans ce qui te convient, on commande tout de suite et on est livré avant l'apéro !
— Mais... fit Nicolas, sidéré.
— Allez, vite ! Je t'aide, évidemment.
Rodolphe vint se poser près de lui sur le canapé Louis XV (style inconnu de Nicolas, certes) ; il avait ôté veste, gilet et cravate, et largement ouvert sa chemise, où Nicolas put apercevoir moult poils sombres. Et qu'il sentait bon, cet homme !
— D'abord, on t'habille pour le dîner.
Il semblait s'y connaître, ce richissime, car on ne traîna pas. Il serait sapé comme un prince, le marchand de porte-monnaie ! Rodolphe tapota vite fait sur son portable, et l'on retrinqua. Mais Rodolphe exigea que Nicolas regardât l’entier catalogue, qui n'était pas une mince feuille de chou !
Où Nicolas rêva, plus d'une fois ! Jamais il n'avait eu sous les yeux telles splendeurs, et c'était comme s'il avait mis le nez dans le catalogue du Père Noël !
Et l'on commentait plaisamment, tout en dégustant les sublimes petits fours tièdes et salés qui accompagnaient le champagne. Il fallut d'ailleurs que Rodolphe en redemandât, du champagne, car il s'évaporait à une vitesse ! Et, curieusement, sans que Nicolas en ressentît une ivresse fâcheuse.
Et comme annoncé, il n'était pas huit heures quand on fut livré. Nicolas n'en revenait pas, lorsqu'il découvrit les fringues !
— Je propose que tu ailles te doucher avant d'essayer tout ça, ne crois-tu pas ?
— Euh... Oui, oui, bien sûr !
Nicolas s'en fut à la magnifique salle de bains, persuadé que Rodolphe ne tarderait pas à l'y rejoindre... Mais non.
Sec, il pointa le nez par la porte :
— Je fais quoi, maintenant ?
— Tiens, tu mets d'abord ça, et tu viens essayer le reste, dit Rodolphe, se levant et tendant au garçon des sous-vêtements de grande marque.
Puis il revint essayer le reste ; un immense miroir lui donna de lui une image jamais vue, et même jamais imaginée !
— Tu ressembles à un p’tit milord, comme ça !
— Un quoi ?
— Un seigneur, en anglais.
Alors Rodolphe se déloqua lui-même, et Nicolas ne put s'empêcher de le regarder, extasié : car ce mec était la perfection même, pour autant que de jeune homme eût la moindre notion de la chose... Mais il garda son boxer pour entrer dans la salle de bains... et Nicolas fut frustré de n'en voir pas plus. Il pensa que ce n'était que partie remise, évidemment, et derechef admira la classe de ce mec...
Dans l'armoire, Rodolphe choisit ensuite un costume qui ressemblait fort à celui de Nicolas... et, après une dernière coupe de champagne, proposa qu'on descendît dîner au restaurant de l'hôtel.
Nicolas, rougissant, eut la certitude que tout le monde le regardait... avant de se rendre compte que c'était Rodolphe, qui attirait les regards. Et l'on était à peine assis que Nicolas eut une autre surprise : le maître d'hôtel lui donna une carte... sans prix. C'est alors qu'on entendit :
— Rodolphe ! Toi-z-ici ?
Rodolphe se leva pour donner l'accolade à un bel homme de son âge — lequel, au fait ? — et tout aussi classieux, si nettement moins beau.
— J'avais affaire par là. D'ailleurs, à ce propos... j'ai un jeune ami, Nicolas — Nicolas se leva et s'inclina doucement — qui est dans la vente, mais aimerait changer de niveau...
— Je vois, je vois ! Eh bien ! Ce jeune Monsieur n'a qu'à contacter dès lundi mon secrétaire, en se recommandant de Rodolphe, et... vive la suite ! fit l'homme, jovial, en tendant une carte à Nicolas.
Les deux hommes échangèrent encore quelques mots, et tandis qu’on se rasseyait, Nicolas lut la carte : c'était celle d'un grand nom de la distribution de vêtements.
— Mon ami n'a rien à me refuser, c'est pourquoi je me suis permis... Un boulot de vendeur dans une bonne boîte, ça devrait être plus confortable que ta valise, non ?
— Merci, merci, je... balbutia Nicolas en sentant deux grosses larmes rouler sur ses joues.
— Ne pleure pas ! Sinon tu ne pourras pas lire la carte !
Totalement désemparé, le garçon s'essuya le museau et dut trinquer avec Rodolphe — on avait servi le champagne entre-temps. Il dut aussi demander conseil à son bienfaiteur pour choisir entre ces mets aux noms incompréhensibles...
Et l'on traîna jusqu'aux liqueurs. Rodolphe faisait parler Nicolas, lui posant toujours des questions auxquelles le garçon avait envie de répondre... tout en se demandant pourquoi cet homme s'intéressait tant à lui... en dehors du fait qu'il le baiserait tout à l'heure.
Vers onze heures, on remonta, et Nicolas eut encore une surprise qui le mit en larmes : un énorme carton était dans la chambre, à son nom, et qui contenait toutes les jolies choses qu'il avait appréciées dans le catalogue de fringues...
— Mais pourquoi, pourquoi ? gémit-il.
— Je me suis dit que ça pourrait te rendre service... avant que tu ne gagnes tes propres sous chez mon ami ! Maintenant, voilà ce qu'on va faire : j'appelle le service des bagages de l'hôtel : ils vendent des valises pour les clients étourdis, ou imprévoyants... comme toi, par exemple.
Cinq minutes plus tard, un employé venait apporter une grande valise de luxe, où tout entra vite fait.
— Et je t'appelle un taxi pour rentrer chez toi, mon grand.
— Mais... déjà ?
— On peut boire encore un peu de champagne, si tu veux ! Mais il ne faut pas que ta mère s'inquiète.
— Mais... Mais... Mais... répéta Nicolas, l'air affolé.
— Qu'est-ce qui te chiffonne ?
Sur le sofa rocaille, Nicolas vint poser son épaule contre celle de Rodolphe, et se mit à ânonner :
— Avec... les autres... hommes... qui voulaient m'aider... je devais... enfin... tu devines... et... bien sûr, je dois te remercier !
— Tu ne me dois rien, Nicolas, rien du tout.
— Mais !... gémit Nicolas, derechef en larmes, je veux, je veux te remercier !
— Ça... te ferait plaisir, aussi ?
— Oh oui, oui !
— Mais tu te rappelles que tu ne me dois rien, hein ? Alors tu fais ce qui te fait plaisir.
— Ce qui nous fera plaisir, rectifia Nicolas.
Rodolphe se pencha alors sur Nicolas et lui prit les lèvres. Ce fut le début du plus incroyable moment, inimaginable surtout pour un Nicolas qui n'avait oncques connu de plaisir en des bras virils.
Rodolphe le déshabilla, comme il le lui fit aussi, ébahi par la perfection de cet homme. On n'a rien dit de Nicolas : cet assez grand garçon n'avais rien d'un sportif de haut niveau, non ! Mais il était élancé, et porteur de jolis et fins muscles, naturellement dessinés. Quelques poils sombres décoraient l'ensemble. Une petite gueule d'amour était surmontée d'une frange brune et bouclée, tandis que ses yeux bleu pâle et son mignon sourire n'avaient pas de mal à séduire... mais il n'en usait pas.
Il bandait comme jamais, là ! Et son kiki eut l'heur de plaire à un Rodolphe qui était monté comme un prince ! Vite, les figures s'enchaînèrent et... les orgasmes aussi, à l'intense surprise de Nicolas.
Or donc on fit l'amour comme si la fin du monde approchait... Et l'on ne dormit de la nuit. Nicolas, qui n'avait oncques pénétré garçon de sa vie, eut l'occasion de passer son brevet, cette nuit-là ! Avec les félicitations d'un jury qui lui suggéra qu'il ferait mieux, sans doute, de regarder les garçons, désormais...
Et ce fut le petit trou comme le gosier, pleins du beau jus blanc de Rodolphe que Nicolas finit par s'apprêter à partir.
Non sans demander :
— Mais qui tu es, pour avoir été aussi gentil avec moi ? Car j'ai pas rêvé, hein ?
— Tu n'as pas rêvé, petit homme. Tu connais Mercure, le Dieu romain du commerce... et des voleurs. Il s'occupe un peu de médecine, aussi.
— Oui, mais...?
— Je suis Mercure.
— Mais non, non !
La lumière s'éteignit et autour de lui Nicolas stupéfait put voir le Dieu en son costume habituel évoluer dans les éthers... Oui, c'était bien lui. Au reste, quand la lumière revint, Mercure était en cet équipage.
Mais Nicolas n'en fut pas surpris. Il offrit son plus doux sourire au Dieu, qui le prit en ses bras.
— Je sais les mortels ingrats, et toi, tu as été de la plus parfaite correction... Tu mérites amplement ce que tu as reçu.
Une fois de plus, Nicolas eut sa larme.
— Tu es un Homme comme on les aime là-haut, maintenant, Nicolas. Adieu, mon p'tit milord !
Un long baiser mouillé conclut cette étonnante histoire. Et ce serait peu dire qu'il pleura, dans son taxi, le gars Nicolas ! Au point que le chauffeur se crut obligé de dire :
— Chuis sûr que, mignon comme vous êtes, vous allez bientôt en trouver un autre, p't'êt' pas aussi beau, mais bien aussi gentil !
Chez lui, Nicolas retrouva le portefeuille bleu que le Dieu avait pourtant décidé de garder. Plein à craquer de billets...
En guise d'épilogue, disons que Nicolas fut reçu par un charmant garçon de son âge, chef de rayon qui lui confia la vente de la petite maroquinerie... Hasard ?
Il convint à cet emploi, et à son chef, dont il a parlé à Mercure, par mail. Et le Dieu lui répondit : « Aime-le bien ! »
Ces échanges durèrent quelques mois. « Crois en toi, Homme, mais n'oublie pas les Dieux. » furent les derniers mots qu'il reçut de l'Olympe... le soir de son mariage.
Il est amoureux, Nicolas, et son dieu est tous les jours dans sa vie.
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