16-06-2022, 12:03 PM
Les Malheurs de Sofiane
Deuxième texte,
Sofiane était le fils du baron de Gondremarck, un noble suédois, et de la baronne, une descendante de la célèbre comtesse de Ségur. Il avait plutôt hérité des gènes de son père : cheveux et poils blonds, yeux bleus, peau claire, longue et fine queue, prépuce discret, petites couilles pendantes.
Ce jour-là, la grand-mère de Sofiane était en visite chez sa fille et les trois buvaient le thé dans le boudoir, plus exactement du champagne, péché mignon de la vieille dame.
— Qu’aimerais-tu faire pendant tes vacances de Pâques, demanda-t-elle à son petit-fils, puisque tes parents partent seuls cette année ?
— J’aimerais faire un voyage à Rome avec des jeunes de mon âge.
— Tu ne m’en avais jamais parlé, fit la mère, je pense que c’est celui organisé par l’abbé Tisier.
— Oui, c’est celui-là.
— Je n’ai pas confiance en cet abbé, on dit qu’il s’intéressait de trop près aux garçons dans son ancienne paroisse, tu vois ce que je veux dire.
— Je ne suis plus un enfant de chœur, maman, je sais me défendre.
— Non, Sofiane, je ne suis pas d’accord, il me semble que tu ne vas plus très souvent à la messe.
Sofiane avait espéré qu’il aurait eu plus de chances avec un voyage religieux, c’était raté. Sa mère avait raison, il ne croyait plus à un dieu. Il aurait surtout aimé les branlettes collectives, fréquentes d’après ce que lui avait raconté Diego — le fils du jardinier qui l’avait fait l’année précédente — pendant qu’ils comparaient les fonctions physiologiques de leurs pénis. L’abbé Tisier contrôlait scrupuleusement que les jeunes hommes n’eussent pas de gestes suspects sous la douche collective, mais il absolvait les pénitents qui confessaient leurs péchés d’Onan avec force détails.
— Je vais te proposer autre chose, dit la grand-mère, une croisière.
— Une croisière ? s’étonna Sofiane.
— Oui, une croisière sur le Rhin. Ce sera la première fois que je ferai un voyage depuis la mort de ton grand-père et j’aimerais avoir de la compagnie.
Sofiane ne manifesta pas un enthousiasme délirant.
— Tu auras une cabine pour toi seul, ajouta la grand-mère, comme cela tu pourras aller à la disco le soir sans me réveiller en rentrant, je me couche tôt.
— Il est temps que tu apprennes à danser, fit la mère, tu as l’âge d’avoir une petite amie.
— Le baron de Pinet de Sainte-Biroute et madame seront aussi à bord avec leur fille Sophie.
— Je la connais, ajouta la mère, c’est une petite fille modèle qui me ferait de beaux petits-enfants.
Sofiane fit contre mauvaise fortune bon cœur et accepta car il aimait bien sa grand-mère et ne voulait pas la décevoir. La perspective d’une cabine individuelle le rassura, il pourrait se donner du plaisir sans qu’elle ne l’entendît. La croisière débuterait à Bâle, le bateau irait jusqu’au Pays-Bas, Amsterdam et Rotterdam, puis reviendrait à son point de départ.
Sofiane et sa grand-mère embarquèrent quelques semaines plus tard. Le jeune homme découvrait ce moyen de transport qui lui plut immédiatement, il appréciait l’eau qui coulait lentement et immuablement au niveau de sa cabine. Pendant le dîner, il fit connaissance avec leur serveur, un Égyptien nommé Sufyan, c’était le plus jeune et le plus mignon de tous. La ressemblance de ce prénom avec le sien le frappa. La grand-mère se retira après le repas et Sofiane monta dans le salon pour aller à la disco.
Il n’y avait qu’un pianiste qui jouait des mélodies des années 1950 sur un orgue électronique. Personne ne dansait, la plupart des passagers étaient âgés et perclus d’arthrose. Il repéra Sophie, la seule autre personne de son âge. Il aurait pu la trouver belle s’il n’avait pas été homosexuel. Il préféra monter sur le pont supérieur pour observer le passage d’une écluse.
Le deuxième soir, la grand-mère se coucha plus tard et Sofiane ne put faire autrement que de l’accompagner au salon après le dîner de gala de bienvenue.
— Tu ne veux pas danser avec la jeune fille ? demanda-t-elle à son petit-fils.
— Je ne sais pas danser.
— J’ai parlé à sa mère, la baronne. Elle ne sait pas non plus. Va l’inviter.
— Je n’ose pas, je suis trop timide.
La grand-mère se leva, revint avec la jeune fille et sa mère et fit les présentations, puis incita les jeunes gens à aller sur la piste. Sofiane ne s’était jamais senti aussi ridicule de toute sa vie, d’autant plus que tous les autres voyageurs les regardaient et avaient même applaudi.
Le troisième soir, Sofiane monta sur le pont supérieur pour prendre l’air après le repas, sa promise attendrait. À l’arrière du bateau, il y avait une zone réservée à l’équipage, délimitée par une corde. Le serveur, Sufyan, pianotait sur son téléphone, l’air renfrogné. Sofiane se rapprocha et lui dit en anglais :
— La réception est mauvaise sur ce bateau.
— Oui, répondit le serveur, le WLAN ne fonctionne presque jamais et je n’ai pas de forfait. Impossible d’appeler ma famille en vidéo.
— J’ai 40 GB par mois et avec l’itinérance je peux choisir d’autres réseaux, j’ai aussi mon MacBook. Passe une fois dans ma cabine.
— Merci de cette proposition, mais nous n’avons pas le droit d’aller dans les cabines des clients. Je pourrais être surpris et perdre ma place.
— Pas de souci, nous pourrons nous rencontrer ici le soir et tu te connecteras à mon smartphone, cela me donnera une excuse pour ne pas danser avec la jeune fille.
— Elle ne te plaît pas ?
— Elle est jolie, mais… Je vais peut-être te choquer, je préfère les garçons.
— Cela ne me choque pas, fit Sufyan, nous avons souvent des couples gays sur le bateau.
— Tu es musulman, cela n’est pas autorisé dans ta religion, dit Sofiane.
— Lorsque je suis sur le bateau, je mets ma religion entre parenthèses, ce n’est pas possible de faire les prières ou d’observer le ramadan.
— Et lorsque tu es à la maison ?
— J’y suis seulement deux ou trois mois par année, je suis bien obligé de respecter les habitudes, sans conviction.
— Je dois aussi respecter les habitudes, sans conviction.
— Faire semblant d’aimer une jeune fille ?
— Entre autres, il paraît que c’est ma future femme.
— Ah bon ? Les mariages arrangés existent aussi chez vous ?
— Lorsqu’on s’appelle Sofiane, Eudes, Xavier, Exupère de Gondremarck, oui, cela existe. Tu auras aussi un mariage arrangé ?
— Avec Yasmine. Loin des yeux, loin du cœur…
— Tu pourras aller trouver une prostituée à Amsterdam.
— Pas d’argent à gaspiller, je n’ai pas le droit de révéler mon salaire, mais il n’est pas très élevé. Et ce n’est pas pour que tu me donnes un pourboire que je te dis ça.
— Ce sera ma grand-mère qui mettra les pourboires dans l’enveloppe. Je n’aurais pas dû te parler de ça, je suis désolé.
— Ne t’inquiète pas, je préfère parler franchement avec toi, ça me change des politesses que je dois faire aux clients.
La croisière se déroula agréablement, Sofiane passait ses soirées entre le pont supérieur avec Sufyan et le salon avec Sophie, il s’efforçait de lui faire un minimum de conversation, pour ne pas paraître impoli, et d’apprendre à danser ; il fit quelques progrès, à la grande joie de sa grand-mère.
Le dernier soir, dîner de gala d’adieu. La grand-mère avait convaincu son petit-fils de mettre une chemise blanche et une veste, il n’avait pas pris de cravate, ce n’était plus à la mode. Sophie avait une longue robe rouge. Elle dit à Sofiane pendant un slow langoureux :
— Monsieur de Gondremarck, j’ai beaucoup apprécié les moments que nous avons passé ensemble.
— Moi aussi, Mademoiselle de Pinet de Sainte-Biroute.
— Vous pouvez m’appeler par mon prénom, Sophie.
— Volontiers, Mademoiselle Sophie. Le mien est Sofiane.
— Mon cher Sofiane, j’ai eu une idée. Pourrais-je visiter votre cabine ?
— Visiter ma cabine ? Pourquoi ? Elle est identique à la vôtre.
— Ne faites pas plus bête que vous l’êtes. Venez.
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Deuxième texte,
Sofiane était le fils du baron de Gondremarck, un noble suédois, et de la baronne, une descendante de la célèbre comtesse de Ségur. Il avait plutôt hérité des gènes de son père : cheveux et poils blonds, yeux bleus, peau claire, longue et fine queue, prépuce discret, petites couilles pendantes.
Ce jour-là, la grand-mère de Sofiane était en visite chez sa fille et les trois buvaient le thé dans le boudoir, plus exactement du champagne, péché mignon de la vieille dame.
— Qu’aimerais-tu faire pendant tes vacances de Pâques, demanda-t-elle à son petit-fils, puisque tes parents partent seuls cette année ?
— J’aimerais faire un voyage à Rome avec des jeunes de mon âge.
— Tu ne m’en avais jamais parlé, fit la mère, je pense que c’est celui organisé par l’abbé Tisier.
— Oui, c’est celui-là.
— Je n’ai pas confiance en cet abbé, on dit qu’il s’intéressait de trop près aux garçons dans son ancienne paroisse, tu vois ce que je veux dire.
— Je ne suis plus un enfant de chœur, maman, je sais me défendre.
— Non, Sofiane, je ne suis pas d’accord, il me semble que tu ne vas plus très souvent à la messe.
Sofiane avait espéré qu’il aurait eu plus de chances avec un voyage religieux, c’était raté. Sa mère avait raison, il ne croyait plus à un dieu. Il aurait surtout aimé les branlettes collectives, fréquentes d’après ce que lui avait raconté Diego — le fils du jardinier qui l’avait fait l’année précédente — pendant qu’ils comparaient les fonctions physiologiques de leurs pénis. L’abbé Tisier contrôlait scrupuleusement que les jeunes hommes n’eussent pas de gestes suspects sous la douche collective, mais il absolvait les pénitents qui confessaient leurs péchés d’Onan avec force détails.
— Je vais te proposer autre chose, dit la grand-mère, une croisière.
— Une croisière ? s’étonna Sofiane.
— Oui, une croisière sur le Rhin. Ce sera la première fois que je ferai un voyage depuis la mort de ton grand-père et j’aimerais avoir de la compagnie.
Sofiane ne manifesta pas un enthousiasme délirant.
— Tu auras une cabine pour toi seul, ajouta la grand-mère, comme cela tu pourras aller à la disco le soir sans me réveiller en rentrant, je me couche tôt.
— Il est temps que tu apprennes à danser, fit la mère, tu as l’âge d’avoir une petite amie.
— Le baron de Pinet de Sainte-Biroute et madame seront aussi à bord avec leur fille Sophie.
— Je la connais, ajouta la mère, c’est une petite fille modèle qui me ferait de beaux petits-enfants.
Sofiane fit contre mauvaise fortune bon cœur et accepta car il aimait bien sa grand-mère et ne voulait pas la décevoir. La perspective d’une cabine individuelle le rassura, il pourrait se donner du plaisir sans qu’elle ne l’entendît. La croisière débuterait à Bâle, le bateau irait jusqu’au Pays-Bas, Amsterdam et Rotterdam, puis reviendrait à son point de départ.
Sofiane et sa grand-mère embarquèrent quelques semaines plus tard. Le jeune homme découvrait ce moyen de transport qui lui plut immédiatement, il appréciait l’eau qui coulait lentement et immuablement au niveau de sa cabine. Pendant le dîner, il fit connaissance avec leur serveur, un Égyptien nommé Sufyan, c’était le plus jeune et le plus mignon de tous. La ressemblance de ce prénom avec le sien le frappa. La grand-mère se retira après le repas et Sofiane monta dans le salon pour aller à la disco.
Il n’y avait qu’un pianiste qui jouait des mélodies des années 1950 sur un orgue électronique. Personne ne dansait, la plupart des passagers étaient âgés et perclus d’arthrose. Il repéra Sophie, la seule autre personne de son âge. Il aurait pu la trouver belle s’il n’avait pas été homosexuel. Il préféra monter sur le pont supérieur pour observer le passage d’une écluse.
Le deuxième soir, la grand-mère se coucha plus tard et Sofiane ne put faire autrement que de l’accompagner au salon après le dîner de gala de bienvenue.
— Tu ne veux pas danser avec la jeune fille ? demanda-t-elle à son petit-fils.
— Je ne sais pas danser.
— J’ai parlé à sa mère, la baronne. Elle ne sait pas non plus. Va l’inviter.
— Je n’ose pas, je suis trop timide.
La grand-mère se leva, revint avec la jeune fille et sa mère et fit les présentations, puis incita les jeunes gens à aller sur la piste. Sofiane ne s’était jamais senti aussi ridicule de toute sa vie, d’autant plus que tous les autres voyageurs les regardaient et avaient même applaudi.
Le troisième soir, Sofiane monta sur le pont supérieur pour prendre l’air après le repas, sa promise attendrait. À l’arrière du bateau, il y avait une zone réservée à l’équipage, délimitée par une corde. Le serveur, Sufyan, pianotait sur son téléphone, l’air renfrogné. Sofiane se rapprocha et lui dit en anglais :
— La réception est mauvaise sur ce bateau.
— Oui, répondit le serveur, le WLAN ne fonctionne presque jamais et je n’ai pas de forfait. Impossible d’appeler ma famille en vidéo.
— J’ai 40 GB par mois et avec l’itinérance je peux choisir d’autres réseaux, j’ai aussi mon MacBook. Passe une fois dans ma cabine.
— Merci de cette proposition, mais nous n’avons pas le droit d’aller dans les cabines des clients. Je pourrais être surpris et perdre ma place.
— Pas de souci, nous pourrons nous rencontrer ici le soir et tu te connecteras à mon smartphone, cela me donnera une excuse pour ne pas danser avec la jeune fille.
— Elle ne te plaît pas ?
— Elle est jolie, mais… Je vais peut-être te choquer, je préfère les garçons.
— Cela ne me choque pas, fit Sufyan, nous avons souvent des couples gays sur le bateau.
— Tu es musulman, cela n’est pas autorisé dans ta religion, dit Sofiane.
— Lorsque je suis sur le bateau, je mets ma religion entre parenthèses, ce n’est pas possible de faire les prières ou d’observer le ramadan.
— Et lorsque tu es à la maison ?
— J’y suis seulement deux ou trois mois par année, je suis bien obligé de respecter les habitudes, sans conviction.
— Je dois aussi respecter les habitudes, sans conviction.
— Faire semblant d’aimer une jeune fille ?
— Entre autres, il paraît que c’est ma future femme.
— Ah bon ? Les mariages arrangés existent aussi chez vous ?
— Lorsqu’on s’appelle Sofiane, Eudes, Xavier, Exupère de Gondremarck, oui, cela existe. Tu auras aussi un mariage arrangé ?
— Avec Yasmine. Loin des yeux, loin du cœur…
— Tu pourras aller trouver une prostituée à Amsterdam.
— Pas d’argent à gaspiller, je n’ai pas le droit de révéler mon salaire, mais il n’est pas très élevé. Et ce n’est pas pour que tu me donnes un pourboire que je te dis ça.
— Ce sera ma grand-mère qui mettra les pourboires dans l’enveloppe. Je n’aurais pas dû te parler de ça, je suis désolé.
— Ne t’inquiète pas, je préfère parler franchement avec toi, ça me change des politesses que je dois faire aux clients.
La croisière se déroula agréablement, Sofiane passait ses soirées entre le pont supérieur avec Sufyan et le salon avec Sophie, il s’efforçait de lui faire un minimum de conversation, pour ne pas paraître impoli, et d’apprendre à danser ; il fit quelques progrès, à la grande joie de sa grand-mère.
Le dernier soir, dîner de gala d’adieu. La grand-mère avait convaincu son petit-fils de mettre une chemise blanche et une veste, il n’avait pas pris de cravate, ce n’était plus à la mode. Sophie avait une longue robe rouge. Elle dit à Sofiane pendant un slow langoureux :
— Monsieur de Gondremarck, j’ai beaucoup apprécié les moments que nous avons passé ensemble.
— Moi aussi, Mademoiselle de Pinet de Sainte-Biroute.
— Vous pouvez m’appeler par mon prénom, Sophie.
— Volontiers, Mademoiselle Sophie. Le mien est Sofiane.
— Mon cher Sofiane, j’ai eu une idée. Pourrais-je visiter votre cabine ?
— Visiter ma cabine ? Pourquoi ? Elle est identique à la vôtre.
— Ne faites pas plus bête que vous l’êtes. Venez.
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Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) (slygame.fr)
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