06-06-2022, 12:00 AM
Troisième clochette
C'était une de ces journées merveilleuses de la fin du mois d'août comme je les aimais : il faisait chaud, très chaud même, de sorte que le buste était ruisselant de sueur qui descendait lentement mais sûrement jusqu'à la ceinture élastique de mon boxer blanc. De temps à autre, j'étais pris d'un frisson, non de froid, bien sûr mais d'une certaine jouissance physique lorsqu'une goutte de sueur, plus importante que les autres, me chatouillait l'épiderme. Le ciel était d'un profond bleu qui était accentué par quelques gros cumulus de beau temps à l'horizon. Ces cumulus m'ont toujours fasciné par leurs formes imposantes se dressant comme une barrière infranchissable, réminiscence de la création du monde. La chaleur devait rebuter les touristes car aucun être humain ne venait perturber le calme de la nature, il faut dire que de toutes façons il n'y avait jamais foule dans cette moyenne montagne à moins de mille mètres d'altitude. Un peu au-dessus de mon cheminement les sapins commençaient à s'imposer alors qu'à ma hauteur c'était les feuillus qui étaient encore les maîtres des lieux.
Alors que mon sentier suivait un parcours erratique, je savais exactement quel était le but de ma longue randonnée car c'est un endroit où j'aime me rendre car je suis certain que rien ni personne ne viendra déranger ma tranquillité. À deux-trois cents mètres après un gros bloc de pierre, je pars sur la gauche et quitte le chemin menant vers un petit hameau endormi sous le soleil. Je monte lentement en faisant quelques zigzags car la pente s'est accentuée. Après un moment la montée s'adoucit laissant deviner une terrasse au milieu de laquelle un groupe d'arbres se dressent. À leur pied, je sais par expérience qu'il y a une herbe tendre comme le sein d'une femme qui incite à s'étendre d'autant que le branchage des arbres dispense une ombre fraîche et plus que bien venue. Le soleil qui me fait face m'éblouit mais je sais qu'un vrai petit paradis m'attend, me tend les bras.
Ce matin, j'ai enfourché mon vélo pour me rendre au départ de ma randonnée pédestre, à une vingtaine de kilomètres de mon domicile. J'aurais bien sûr pu prendre un autobus qui m'aurait conduit à pied d'œuvre sans fatigue mais j'apprécie cet effort physique préalable qui me permet de vider mon esprit des contraintes de la vie citadine avant mes retrouvailles avec la nature. N'allez surtout pas croire que je suis malheureux, absolument pas. À la rentrée, ce sera l'année du bac. Normalement, à tout juste dix-huit ans je devrais en avoir terminé avec les études scolaires sauf à penser que je suis un cancre. Pas du tout, j'ai des résultats tout à fait honorables mais j'ai dû arrêter les études pendant une année en raison d'une grave maladie ayant nécessité trois grosses opérations. La reprise du cursus n'a pas été évidente mais le soutient de mes amies et amis m'a aidé à surmonter les difficultés.
J'ai été habitué à lutter dans ma vie, d'abord pour venir au monde. Mes parents souhaitaient avoir des enfants mais malgré tous leurs efforts conjugués à ceux des médecins et des charlatans connaissant soi-disant le moyen miracle pour être enceinte, rien n'y fit de sorte qu'un beau jour ils renoncèrent à leur espoir et en informèrent les médecins qui ne purent que leur donner raison. Trois mois après cette décision, j'étais installé dans l'utérus de ma mère qui venait d'avoir quarante ans. Rien n'était donc moins sûr, vu son âge et l'époque, que je puisse rester longtemps dans cet endroit, douillet parait-il mais dont je ne garde aucun souvenir. J'étais un lutteur car contrairement aux prédictions des spécialistes, non seulement je viens au monde mais j'étais un beau bébé de près de quatre kilos.
Ma pauvre mère s'en est sortie mais non sans mal et toutes les souffrances qu'elle a subies elle les a reportées par son affection sans limite sur ma petite personne. Mon père alors âgé de cinquante-six ans était quelque peu dépassé par les événements ce qui ne l'empêcha pas lui aussi de me surprotéger. J'étais la prunelle de leurs yeux, ils avaient tant espéré, puis douté et finalement renoncé de sorte que l'annonce de la grossesse de ma mère, à laquelle mon père a évidemment participé, fut considérée comme un véritable miracle. En conséquence je fus chouchouté, surveillé, entouré, il suffisait que j'exprime un souhait et il était réalisé, que quelque chose ne me plaise pas et je n'en entendais plus parler. Evidemment, j'aurais dû être un gosse insupportable, prétentieux et pourtant non, j'étais un enfant adorable que tout le monde aimait pour sa gentillesse, sa serviabilité et son assiduité dans ses études. Je n'étais donc pas malheureux du tout et je crois même pouvoir dire que j'étais heureux.
J'adorais mes parents, ma mère en particulier, et pour rien au monde je n'aurais voulu leur causer de la peine ce qui explique que je supportais sans broncher leur omniprésence dans ma vie. J'étais libre dans l'organisation de ma vie mais je devais, à l'avance, tout expliquer, tout justifier et écouter sans broncher les multiplies recommandations parentales et surtout maternelles ("as-tu pris un pull de laine - alors qu'il faisait 35°, n'oublie pas ton vêtement anti-pluie, promets-moi de bien prendre tes médicaments, et j'en passe !"). J'avais l'obligation de téléphoner matin et soir pour les rassurer que j'étais toujours en vie, "non je ne tousse pas", "oui, j'ai beaucoup de plaisir". Au retour, peu importait la durée de mon absence, une heure ou plusieurs jours, j'étais soumis à un feu roulant de questions, plus ou moins toujours les mêmes, auxquelles je répondais mécaniquement, souvent en brodant surtout s'il ne s'était rien passé de particulier car mère supposait alors que je lui cachais quelques chose. Une fois j'ai eu l'imprudence de lui parler d'une fille que j'aimais bien : que n'avais-je fait ! Ses questions devenaient de plus en plus intimes au point que mon père se sentit contraint d'intervenir afin que je n'aie pas à répondre "si j'avais mis ou non LE préservatif qu'elle avait glissé dans ma trousse de toilette". Je me rappelle qu'en remontant dans ma chambre, j'avais puisé dans ma réserve personnelle pour en mettre une dizaine dans ma trousse ; au dîner, le soir, ma mère m'avait regardé d'un drôle d'air !!
Mais j'étais tellement habitué à cette emprise que je n'y faisais même plus attention ce qui étonnait toujours mes amis lorsqu'ils étaient confrontés aux interrogatoires de ma mère. Mais il est vrai que je saisissais toutes les occasions pour m'échapper et j'appréciais tout particulièrement mes sorties dans la nature.
J'avais encore une centaine de mètres avant d'arriver au pied de mes arbres et de pouvoir me prélasser à l'ombre des branchages bien fournis. J'avançais un peu automatiquement lorsque je m'arrêtais net : une forme humaine était couchée sous mon arbre, reposant sur une grande couverture. La dite forme dormait tranquillement, un bras sur sa poitrine et l'autre pendant négligemment sur le côté.
Je m'apprêtais à réveiller la forme lorsque je me ravisais : sous le coup de la surprise, je n'avais pas véritablement regardé qui était l'intru. Je regardais et constatais qu'il s'agissait d'un adolescent à peine plus âgé que moi qui avait un visage totalement détendu, il devait dormir profondément. Il avait une chevelure blonde qui tombait sur le côté, un petit nez en tirebouchon, une bouche légèrement entrouverte qui laissait entrevoir une belle et saine dentition.
Mais surtout, il était totalement nu. Je restais fasciné par cette vision totalement nouvelle pour moi. Je n'avais jamais vu un garçon dans cette tenue minimaliste qui, en plus, s'offrait intégralement à mes regards. Certes, dans les vestiaires du lycée ou du tennis, il m'était arrivé d'avoir une vision fugitive de l'intimité de mes camarades, une seule fois l'un deux avait perdu l'équilibre en remettant son caleçon de sorte que durant quelques secondes nous avions pu entrevoir son sexe. Nous avions tous bêtement ricané mais surtout nous avions détourné nos regards.
Là, sous le bel arbre, je ne lâchais pas des yeux ce spectacle étonnant et je le trouvais tout simplement beau, sans aucune arrière-pensées. Je contemplais avec ravissement son sexe fin et long qui semblait s'animer. Curieusement celui-ci était entouré de petites fleurs qui reposaient sur ses testicules lesquelles me paraissaient bien remplies. J'avais l'impression que son sexe grossissait, qu'une petite goutte émergeait à la sortie de son méat maintenant bien humide. Sa petite queue était prise de spasmes et soudain, stupéfait, je vis son sperme blanc qui sortait avec force : je n'avais jamais imaginé qu'on puisse avoir une éjaculation sans se toucher. Le spectacle de ce garçon que je ne connaissais pas et qui était, c'était évident, en plein orgasme était fascinant, je sentais mon propre sexe qui, lui aussi, prenait des proportions étonnantes, je sentais que…
"Lève-toi maintenant sinon tu vas de nouveau être en retard".
Les derniers jets de sperme se rependaient dans ma main qui s'agitait encore. Je m'assis dans mon lit, une large tache tiède et gluante ornait mon drap, même mon petit ours fétiche sans lequel je ne pouvais pas m'endormir avait été inondé de ma semence.
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