26-05-2022, 10:20 PM
17 - Stabilité temporelle
Bois de Shorein, royaume Valnari, en Outremonde.
Il y avait plusieurs Gardiens du Temps, et l'un d'entre eux se manifesta au-dessus de la faille entre les multivers. C'était l'un de leurs rôles que de les refermer au bout d'un moment. Leurs règles stipulaient qu'ils devaient laisser courir un délai avant d'intervenir. Peut-être que Khrónos avait pitié des Skriis. Mais cette fois, il avait reçu ordre d'intervenir au plus vite. Jamais son créateur n'avait paru aussi inquiet. Mais il ressentait des tensions énormes portées sur la structure même du multivers. Un pouvoir considérable était à l'œuvre dans le royaume spirituel, quelque chose qui n'aurait jamais dû se trouver dans ce multivers. Et la faille amplifiait le problème. Le multivers tout entier était au bord de l'éclatement.
La structure cristalline qu'il découvrit autour de la faille était une nouveauté. Elle n'était clairement pas de ce monde, et devait être une invention des Skriis. Qu'importe, il devait agir. Il concentra son pouvoir sur le dôme... qui riposta.
Ludvik
Nous suivions la piste depuis un bon moment maintenant. Cédric avait accéléré notre course par magie, mais notre cible était incroyablement rapide elle aussi. Nous passons par la garnison de Fort Dukarn, où notre lettre de marque fait des merveilles. Des renforts vont nous suivre sous peu. L'un des mages de la garnison pose sur nous une marque qui leur permettra de nous suivre.
Nous avions rejoint le Bois de Shorein, de sinistre réputation, un lieu où la barrière entre les mondes était affaiblie au point qu'il était possible, à certains moments, de la franchir physiquement. Chose que je n'avais aucune intention de faire, dans un sens ou dans l'autre, étant très satisfait de ma capacité à être présent dans les deux à la fois. J'allais avertir Cédric des particularités du lieu lorsqu'il s'arrêta. L'atmosphère s'était brutalement refroidie, et une lumière se manifesta devant mous.
Plusieurs fantômes apparurent. Je les reconnaissais pour avoir déjà eu affaire avec eux. J'avais failli mourir, à l'époque.
- Bonjour, dis-je. Je sais que je n'aurais pas dû revenir, mais nous traquons un criminel d'un autre monde.
Oui... Il est dans ces bois, et nous ne pouvons l'en chasser, il nous anéantit d'un simple contact. Soyez prudents, mortels, car il peut en faire autant de vous. Il est une insulte à tout ce qui existe en ce monde.
- On s'en chargera. S'il vous plaît, laissez passer la garnison qui va nous suivre. Nous luttons tous contre le même ennemi.
Très bien.
Il disparaît. Cédric est encore bouche bée.
- Ils...
Oui, ça fait tout drôle de rencontrer un fantôme en treillis en Outremonde...
- Ils venaient de la Terre. Ils ont franchi une faille entre les mondes et ils sont arrivés ici, où ils ont connu un destin tragique. Pauvres gars.
- Continuons, dit Cédric. Nous ne devons plus être loin.
- D'accord.
C'était vraiment du suicide, me disait une petite voix qui devait être mon instinct de conservation. Mais je ne pouvais laisser le meurtre de mon ami impuni. Et le danger ne m'avait jamais fait reculer.
Le sol se mit à trembler alors que nous approchons d'une zone dégagée. Des fragments de cristaux gisent partout dans la forêt, certains projetés avec une telle force qu'ils sont plantés dans les troncs. Ils pointent tous vers la direction que nous a indiqué le spectre.
Cédric lève un bouclier pour nous protéger alors que nous poursuivons prudemment notre progression. Nous arrivons à une vaste clairière, qui semble avoir été éventrée par un cataclysme très récent. Je trouve surprenant que nous n'ayons rien ressenti d'autre que cette petite secousse. Ni même entendu quoi que ce soit...
Il y a partout des fragments de cristal mêlés à des roues dentées et à des pans de machinerie. Je ne comprends pas ce qui a bien pu se passer ici... Nous nous approchons prudemment, toujours abrités par l'écran de Cédric, jusqu'au centre de la dévastation. À en juger par les restes, il a dû y avoir un dôme ici. Il n'en reste plus qu'un cercle brisé et quelques pans de cristal encore courbés. Je m'arrête soudain, faisant signe à Cédric de regarder le bord d'un de ces cristaux. Il est en train de se régénérer, pulsant d'une lumière intérieure et poussant dans toutes les directions pour reconstituer la structure dont il était issue. Mais la lueur faiblit de plus en plus, et elle finit par s'éteindre sous nos yeux. Tout autour de nous, les cristaux tombent alors en poussière, qui s'embrase avant de disparaître.
Plus rien ne bloque notre vision maintenant. Il y a un corps sur le sol, devant une faille, une déchirure dans la réalité. La faille semble s'élargir lentement. Mais c'est l'être étrange qui attire notre attention, car il se met à bouger. Il se redresse vivement, et semble visiblement regretter ce mouvement brusque.
Vaü
Tout allait de travers depuis l'arrivée du Gardien. La lutte avait été terrible et je n'avais pas été épargné. En fait, j'étais en train de mourir. Je devais retraverser la faille, mais je n'avais plus de pouvoir. Le Gardien avait utilisé ses dernières forces pour créer une zone de stabilité temporelle, annulant tous mes pouvoirs. Je ne peux pas altérer ma phase, me projeter, désintégrer, survivre... ce multivers étranger ravageait déjà ma structure intime. Tout était perdu...
Je regarde les deux jeunes hommes. Leur monde est sauvé, désormais, ils peuvent se réjouir... L'essence du sorcier me permet de les reconnaître : Ludvik et Cédric. Ils ont des raisons de me haïr, mais semblent hésiter devant mon étrangeté... s'ils savaient dans quel état lamentable je suis, ils n'hésiteraient pas à m'achever.
Je me retourne pour voir la faille, tellement désireux de pouvoir retourner chez moi...
Elle s'agrandissait.
C'était impossible, et pourtant, alors même que les cristaux étaient anéantis, elle s'agrandissait. C'était une formidable nouvelle pour mon multivers. L'emprise des Gardiens du Temps sur la structure temporelle avait dû se réduire fortement après la mort de celui qui m'avait affronté. Je la vis s'élargir de plus en plus, et bientôt, elle se mit à palpiter : quelqu'un était en train de la franchir ! Bientôt, nous allions drainer ce monde jusqu'à la dernière goutte de son avenir.
J'étais surpris de ne pas avoir été tué par les deux étrangers, et je me retourne vers eux.
- Qui es-tu ? Demande Cédric.
- Je m'appelle Vaü. Je viens d'un autre multivers que le vôtre.
Ils se regardent tous deux, surpris. Je ressens la présence d'un bouclier autour d'eux, ils sont prudents...
- Est-ce toi qui a tué mon maître Karl ?
- Oui.
- Pourquoi ! Pourquoi as-tu fait ça !
- C'étaient les ordres des Aînés. Ils voulaient savoir où en était la magie dans votre monde. J'ai absorbé son essence pour disposer de son savoir.
- Pourquoi, vous préparez une invasion ? Demande Ludvik.
- Quoi, non ! On ne peut pas survivre longtemps dans un multivers étranger. Chacun a sa propre fréquence harmonique. Je... je suis en train de mourir alors même que je vous parle.
- Mais alors pourquoi ! S'exclame Cédric. Qu'avez-vous à gagner à tout ça !
- Nous volons votre avenir. Notre multivers se meurt, son temps est épuisé. Il ne reste plus qu'une seule étoile, un seul monde, un seul peuple, et tout cela disparaîtra définitivement si on ne prend pas un peu de temps supplémentaire dans les autres multivers.
Je gagnais du temps. Si la faille continuait à s'élargir, je pourrai rentrer chez moi. Et en plus de ça, des renforts arrivaient...
Je me rends soudain compte qu'eux aussi vont être limités par la stabilité temporelle ! Et je ne peux pas communiquer mentalement avec eux tant que la zone subsistera. Je dois les prévenir dès qu'ils arriveront.
Alors que le passage s'élargit enfin suffisamment, je suis traversé par une vague de souffrance qui me fait tomber à terre, recroquevillé.
Cédric s'apprête à dire quelque chose lorsque la faille palpite et livre le passage à un de mes Aînés.
- Que font ces humains ici !
- Atten...
Qu'ltarn m'ignore, fonçant vers les deux jeunes gens. Ludvik lève son arme et l'abat violemment sur l'Aîné tandis que l'apprenti du sorcier lui le frappe d'un éclair. L'Aîné s'effondre avec une expression de surprise sur le visage avant de tomber en poussière.
- Non !
La faille palpite à nouveau, un autre Aîné vient pour servir de relais à son tour et découvre la scène. Il fonce sur les deux intrus.
- Non ! Le temps est...
Il meurt avant que j'aie pu finir ma phrase. Horrifié et trop faible pour pouvoir faire quoi que ce soit, je tourne la tête vers la faille qui palpite de plus en plus fortement tout en continuant à s'élargir. Ils vont tous venir, s'ils le peuvent, dans l'espoir de drainer des millénaires par la force de leur nombre.
Je ne peux qu'assister, impuissant, au massacre des miens. Je dois absolument trouver quelque chose...
Bois de Shorein, royaume Valnari, en Outremonde.
Il y avait plusieurs Gardiens du Temps, et l'un d'entre eux se manifesta au-dessus de la faille entre les multivers. C'était l'un de leurs rôles que de les refermer au bout d'un moment. Leurs règles stipulaient qu'ils devaient laisser courir un délai avant d'intervenir. Peut-être que Khrónos avait pitié des Skriis. Mais cette fois, il avait reçu ordre d'intervenir au plus vite. Jamais son créateur n'avait paru aussi inquiet. Mais il ressentait des tensions énormes portées sur la structure même du multivers. Un pouvoir considérable était à l'œuvre dans le royaume spirituel, quelque chose qui n'aurait jamais dû se trouver dans ce multivers. Et la faille amplifiait le problème. Le multivers tout entier était au bord de l'éclatement.
La structure cristalline qu'il découvrit autour de la faille était une nouveauté. Elle n'était clairement pas de ce monde, et devait être une invention des Skriis. Qu'importe, il devait agir. Il concentra son pouvoir sur le dôme... qui riposta.
Ludvik
Nous suivions la piste depuis un bon moment maintenant. Cédric avait accéléré notre course par magie, mais notre cible était incroyablement rapide elle aussi. Nous passons par la garnison de Fort Dukarn, où notre lettre de marque fait des merveilles. Des renforts vont nous suivre sous peu. L'un des mages de la garnison pose sur nous une marque qui leur permettra de nous suivre.
Nous avions rejoint le Bois de Shorein, de sinistre réputation, un lieu où la barrière entre les mondes était affaiblie au point qu'il était possible, à certains moments, de la franchir physiquement. Chose que je n'avais aucune intention de faire, dans un sens ou dans l'autre, étant très satisfait de ma capacité à être présent dans les deux à la fois. J'allais avertir Cédric des particularités du lieu lorsqu'il s'arrêta. L'atmosphère s'était brutalement refroidie, et une lumière se manifesta devant mous.
Plusieurs fantômes apparurent. Je les reconnaissais pour avoir déjà eu affaire avec eux. J'avais failli mourir, à l'époque.
- Bonjour, dis-je. Je sais que je n'aurais pas dû revenir, mais nous traquons un criminel d'un autre monde.
Oui... Il est dans ces bois, et nous ne pouvons l'en chasser, il nous anéantit d'un simple contact. Soyez prudents, mortels, car il peut en faire autant de vous. Il est une insulte à tout ce qui existe en ce monde.
- On s'en chargera. S'il vous plaît, laissez passer la garnison qui va nous suivre. Nous luttons tous contre le même ennemi.
Très bien.
Il disparaît. Cédric est encore bouche bée.
- Ils...
Oui, ça fait tout drôle de rencontrer un fantôme en treillis en Outremonde...
- Ils venaient de la Terre. Ils ont franchi une faille entre les mondes et ils sont arrivés ici, où ils ont connu un destin tragique. Pauvres gars.
- Continuons, dit Cédric. Nous ne devons plus être loin.
- D'accord.
C'était vraiment du suicide, me disait une petite voix qui devait être mon instinct de conservation. Mais je ne pouvais laisser le meurtre de mon ami impuni. Et le danger ne m'avait jamais fait reculer.
Le sol se mit à trembler alors que nous approchons d'une zone dégagée. Des fragments de cristaux gisent partout dans la forêt, certains projetés avec une telle force qu'ils sont plantés dans les troncs. Ils pointent tous vers la direction que nous a indiqué le spectre.
Cédric lève un bouclier pour nous protéger alors que nous poursuivons prudemment notre progression. Nous arrivons à une vaste clairière, qui semble avoir été éventrée par un cataclysme très récent. Je trouve surprenant que nous n'ayons rien ressenti d'autre que cette petite secousse. Ni même entendu quoi que ce soit...
Il y a partout des fragments de cristal mêlés à des roues dentées et à des pans de machinerie. Je ne comprends pas ce qui a bien pu se passer ici... Nous nous approchons prudemment, toujours abrités par l'écran de Cédric, jusqu'au centre de la dévastation. À en juger par les restes, il a dû y avoir un dôme ici. Il n'en reste plus qu'un cercle brisé et quelques pans de cristal encore courbés. Je m'arrête soudain, faisant signe à Cédric de regarder le bord d'un de ces cristaux. Il est en train de se régénérer, pulsant d'une lumière intérieure et poussant dans toutes les directions pour reconstituer la structure dont il était issue. Mais la lueur faiblit de plus en plus, et elle finit par s'éteindre sous nos yeux. Tout autour de nous, les cristaux tombent alors en poussière, qui s'embrase avant de disparaître.
Plus rien ne bloque notre vision maintenant. Il y a un corps sur le sol, devant une faille, une déchirure dans la réalité. La faille semble s'élargir lentement. Mais c'est l'être étrange qui attire notre attention, car il se met à bouger. Il se redresse vivement, et semble visiblement regretter ce mouvement brusque.
Vaü
Tout allait de travers depuis l'arrivée du Gardien. La lutte avait été terrible et je n'avais pas été épargné. En fait, j'étais en train de mourir. Je devais retraverser la faille, mais je n'avais plus de pouvoir. Le Gardien avait utilisé ses dernières forces pour créer une zone de stabilité temporelle, annulant tous mes pouvoirs. Je ne peux pas altérer ma phase, me projeter, désintégrer, survivre... ce multivers étranger ravageait déjà ma structure intime. Tout était perdu...
Je regarde les deux jeunes hommes. Leur monde est sauvé, désormais, ils peuvent se réjouir... L'essence du sorcier me permet de les reconnaître : Ludvik et Cédric. Ils ont des raisons de me haïr, mais semblent hésiter devant mon étrangeté... s'ils savaient dans quel état lamentable je suis, ils n'hésiteraient pas à m'achever.
Je me retourne pour voir la faille, tellement désireux de pouvoir retourner chez moi...
Elle s'agrandissait.
C'était impossible, et pourtant, alors même que les cristaux étaient anéantis, elle s'agrandissait. C'était une formidable nouvelle pour mon multivers. L'emprise des Gardiens du Temps sur la structure temporelle avait dû se réduire fortement après la mort de celui qui m'avait affronté. Je la vis s'élargir de plus en plus, et bientôt, elle se mit à palpiter : quelqu'un était en train de la franchir ! Bientôt, nous allions drainer ce monde jusqu'à la dernière goutte de son avenir.
J'étais surpris de ne pas avoir été tué par les deux étrangers, et je me retourne vers eux.
- Qui es-tu ? Demande Cédric.
- Je m'appelle Vaü. Je viens d'un autre multivers que le vôtre.
Ils se regardent tous deux, surpris. Je ressens la présence d'un bouclier autour d'eux, ils sont prudents...
- Est-ce toi qui a tué mon maître Karl ?
- Oui.
- Pourquoi ! Pourquoi as-tu fait ça !
- C'étaient les ordres des Aînés. Ils voulaient savoir où en était la magie dans votre monde. J'ai absorbé son essence pour disposer de son savoir.
- Pourquoi, vous préparez une invasion ? Demande Ludvik.
- Quoi, non ! On ne peut pas survivre longtemps dans un multivers étranger. Chacun a sa propre fréquence harmonique. Je... je suis en train de mourir alors même que je vous parle.
- Mais alors pourquoi ! S'exclame Cédric. Qu'avez-vous à gagner à tout ça !
- Nous volons votre avenir. Notre multivers se meurt, son temps est épuisé. Il ne reste plus qu'une seule étoile, un seul monde, un seul peuple, et tout cela disparaîtra définitivement si on ne prend pas un peu de temps supplémentaire dans les autres multivers.
Je gagnais du temps. Si la faille continuait à s'élargir, je pourrai rentrer chez moi. Et en plus de ça, des renforts arrivaient...
Je me rends soudain compte qu'eux aussi vont être limités par la stabilité temporelle ! Et je ne peux pas communiquer mentalement avec eux tant que la zone subsistera. Je dois les prévenir dès qu'ils arriveront.
Alors que le passage s'élargit enfin suffisamment, je suis traversé par une vague de souffrance qui me fait tomber à terre, recroquevillé.
Cédric s'apprête à dire quelque chose lorsque la faille palpite et livre le passage à un de mes Aînés.
- Que font ces humains ici !
- Atten...
Qu'ltarn m'ignore, fonçant vers les deux jeunes gens. Ludvik lève son arme et l'abat violemment sur l'Aîné tandis que l'apprenti du sorcier lui le frappe d'un éclair. L'Aîné s'effondre avec une expression de surprise sur le visage avant de tomber en poussière.
- Non !
La faille palpite à nouveau, un autre Aîné vient pour servir de relais à son tour et découvre la scène. Il fonce sur les deux intrus.
- Non ! Le temps est...
Il meurt avant que j'aie pu finir ma phrase. Horrifié et trop faible pour pouvoir faire quoi que ce soit, je tourne la tête vers la faille qui palpite de plus en plus fortement tout en continuant à s'élargir. Ils vont tous venir, s'ils le peuvent, dans l'espoir de drainer des millénaires par la force de leur nombre.
Je ne peux qu'assister, impuissant, au massacre des miens. Je dois absolument trouver quelque chose...
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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