15-05-2022, 10:07 PM
11 (suite)
Année 2275, dans l'intermonde, à bord du vaisseau VSX-01
- Le scanner indique l'approche d'un monde, je dois arriver en Aliantiel d'ici une petite heure. Je pousse sa résolution pour voir les autres... voilà, il affiche les noms au fur et à mesure. Outremonde, Æstys, Tenerba, Aldania, et ma destination, Aliantiel. Et... euh... il y en a un septième, beaucoup plus loin, et non identifié. Il est à la limite de portée du scanner.
Eh bien, voilà qui est intéressant. Les crânes d'œuf des labos seront contents.
Il y a des masses de choses à faire, on n'a pas voulu me laisser le temps de m'ennuyer. Mais au bout d'une demi-heure, le radar indique quelque chose qui approche de moi. Et c'est gros. Très gros.
- Oh-oh... Un truc est sur une trajectoire de collision, je modifie ma route.
Mais la chose a changé de trajectoire, elle aussi.
- Je suis poursuivi ! Je lance un flash radar pour identification... si ça peut être identifié.
Une puissante émission radar vient se refléter sur l'objet et renvoie des informations détaillées sur ce qui me suit. J'ai du mal à croire ce qui s'affiche sur mon écran.
- Euh... c'est... un dragon ?
Aucun doute à avoir sur l'image que j'ai.
- Oh, bon sang, je suis censé faire quoi, là ? Il est absolument gigantesque, je ne crois pas que mes armes feront autre chose que de le mettre en colère. Et je suis à mi-chemin de la Terre... et il est rapide. Il se rapproche même très vite...
Un choc violent secoue le vaisseau, tandis que de multiples alarmes résonnent. La coque se déchire, et le pilote hurle avant de mourir sous la fureur d'un dragon déchaîné.
Année 2274, en Outremonde
- Franck ! Tu me connais ? Tu es censé surveiller ma vie depuis ma naissance, d'après ce que tu m'as dit.
- C'est le cas, qu'y a-t-il Christian ?
- Dans un an, un vaisseau terrien utilisera une technologie des Protecteurs pour franchir l'espace entre les mondes. Cela ne doit pas arriver. Lors de son premier essai, le vaisseau a croisé ton père, qui ne lui a rien fait... mais si ça pouvait changer, ça sauvera le multivers.
- D'accord, je lui ferai passer le message.
Année 2274, à Paris
- Christian, je voudrais que tu rejoignes les forces spéciales. Tu es un excellent élément, et je sais que tu feras des étincelles là-bas.
- Désolé, mon commandant, mais j'ai réfléchi à tout ça. Je vais revenir à la vie civile. J'en ai trop vu, mon commandant, j'aspire maintenant à une vie simple.
- C'est... regrettable... je te laisse y réfléchir un peu plus...
- C'est tout réfléchi, mon commandant. Je ne resignerai pas.
J'entends un grondement au loin. Je repars en arrière.
Année 2269, Italie, dans les ruines de Rome
Nous attendons un moment à l'abri du pan de mur, attendant une couverture permettant de passer
- Qu'est-ce qu'ils foutent ?
- Ils ne viendront pas, dit le sergent. On vient de me dire qu'on leur a donné une mission prioritaire. À nous de nous démerder pour passer.
Les autres râlent, nous savons que les panafs tiennent bien les grandes avenues et nous bloquent efficacement le chemin.
- J'ai une idée, dis-je. On peut emprunter un autre chemin. Ils n'imagineront jamais qu'on va oser le faire.
- Faire quoi ?
- C'est à nos pieds.
J'indique la bouche d'égout devant nous.
- T'es frappé, Chris ? Tu sais ce qu'il y a, là-dessous ?
- Nos combis ont été spécialement faites pour ça, dis-je. Et j'ai déjà fait la traversée.
- Quand ça ?
- De nuit, lors d'une mission... top secret. Désolé.
Ils me regardent, assez surpris. Moi, un jeune appelé embarqué dans cette guerre, choisi pour une mission top secret ?
- J'étais sacrifiable, dis-je. Vous saisissez ?
- Comme nous tous, soupire Marc.
- OK, on y va. Christian, tu ouvres la voie.
- Oui, sergent !
Nous soulevons la bouche d'égout et je regarde l'incandescence causée par cette arme d'un autre monde.
- Allez-y, je vous couvre.
Lorsqu'ils sont tous descendus, je fais exprès de glisser et de tomber dans la poussière radioactive et de disparaître à leurs yeux. Je me concentre comme le Témoin m'a appris, et me déplace physiquement à travers le temps, laissant derrière moi une combinaison vide que, de toute façon, ils n'iront pas chercher. Il y a un fort roulement de tonnerre.
Année 2260, à Paris
Mon jeune moi adolescent dort paisiblement dans sa chambre. Je prends la capsule et la presse contre son cou, déclenchant l'injection de l'antidote. Voilà qui aurait radicalement changé mon existence ! J'ai la forte tentation de vivre sa vie, mais je sais que ça ne mènera qu'à la destruction de la Terre.
L'enfant sursaute et se réveille, mais je suis déjà reparti en arrière.
Année 2245, dans une base militaire de l'union asiatique
Drazak'aar'den est le premier à réagir à mon arrivée soudaine. Il se tourne vers moi et sourit fugacement.
- C'est Franck qui t'envoie ?
- Oh, moi, je me contente de revenir en arrière dans le temps pour changer certaines choses.
L'un des militaires crie, demandant des explications. Je l'ignore.
- Tu veux l'épée de lumière ? Tue-les et je te dirai comment l'obtenir.
- Je ne lis aucun mensonge sur ton visage... Très bien.
Le haut commandement de l'union asiatique est promptement éliminé par le Drakkh, bien trop fort et trop rapide pour eux.
- Fais-lui savoir que tu es là, et que tu veux l'épée. Dis-lui qu'une Ombre s'est libérée. Les événements le forceront à te la donner. À l'époque d'où je suis parti, elle le traque dans tout le multivers.
- Je n'aurai pas à me fatiguer, à ce que je vois. Et quand me la donnera-t-il ?
- En 2280.
- C'est bien loin...
- L'Ombre ne l'aura pas, c'est ce qui compte.
- Pourquoi es-tu revenu en arrière ? Tu changes le cours des choses ?
- Sur ordre de Franck, après qu'il vous ait remis l'épée. L'Ombre doit être arrêtée, et j'ai besoin de ça, dis-je en désignant l'objet de la transaction : la bombe de technologie Drakkh.
- Ça ne l'effleurera même pas.
- Je le sais très bien. Ce n'est pas pour l'utiliser directement. On a un plan.
- Fort bien, amuse-toi avec celle-là. J'en ai beaucoup d'autres, si besoin est.
Je touche la bombe, froidement métallique, tout en me concentrant. Le tonnerre gronde violemment.
- Oh non, j'y crois pas ! Dit le Drakkh avant de se précipiter sur moi. Sa main fend l'air une seconde après mon départ.
- Il déchire la tapisserie ! Le fou !
Année 2153, dans une ancienne base secrète des Protecteurs
J'active la bombe, lui laissant une minute avant d'exploser. Je jette un regard sur la tonne de matériel dimensionnel des protecteurs avant de repartir. Les terriens ne sont pas prêts d'explorer les chemins conduisant à la Porte des Mondes.
Je remarque que mon pouvoir semble augmenter à mesure que je déchire la tapisserie. Il crépite littéralement au bout de mes mains. Tant mieux, car j'ai beaucoup à faire.
Année 2017, en Æstys
Tout le monde s'émut de la nouvelle dans la capitale, et on en parla dans tout le pays pendant longtemps. Un étranger était apparu dans le palais, dénonçant une trahison préparée par certains membres de la famille de l'Empereur, avant de les tuer. Rien n'avait pu l'arrêter. L'Empereur était sain et sauf, mais l'étranger avait disparu.
En Outremonde, on n'écrivit aucune Chronique. Ludvik et les siens continuèrent à mener une existence paisible.
Année 2012, en Outremonde
Ludvik
- Bonjour, Ludvik !
- Bonjour, Anna !
- Tu as passé une bonne nuit ?
- Je dors toujours très bien ici. Et ce, depuis le jour où tu m'as recueilli.
- Tu es comme un fils, pour moi. Tu as tellement grandi.
- C'est ta bonne nourriture. D'ailleurs...
- Je te sers ça tout de suite.
L'auberge de Valsein est comme une deuxième maison pour moi. Depuis que j'ai entrepris nombre de voyages, je n'y suis plus très souvent, mais je reviens toujours ici. Même après toutes ces années, je regarde toujours les boiseries avec plaisir. Et cette cheminée qui est liée à tant de souvenirs, tant de soirées, de fêtes... Assez grande pour y cuire un bœuf entier, vous pouvez m'en croire, je l'ai vu de mes yeux. Mais cela n'arrive pas souvent, à vrai dire.
La salle est plutôt calme à cette heure, les gens partent tôt pour travailler. Seuls quelques voyageurs sont présents. Après m'être restauré, je sors de ma sacoche un tube de cuir protégeant un précieux parchemin : la carte de Valnar, grande île sur laquelle le village de Valsein se perd totalement. J'ai beaucoup voyagé à la découverte de ces terres, villes et bourgs, merveilles et dangers... Mais l'envie me prend d'aller plus loin maintenant. Au sud, un détroit sépare l'île du continent. Je me sens déjà excité à l'idée de découvrir à quoi ressemble le monde, là-bas.
- Je vais partir pour un grand voyage, Anna. Je veux découvrir les terres de Sandros.
- Pourquoi faut-il que tu partes sans cesse ?
- Parce que j'aime voyager, découvrir de nouveaux lieux. Je suis fait ainsi.
- Tu as trop écouté les récits de voyageurs, Ludvik. Le monde n'est pas merveilleux, il est malsain et dangereux.
- Il n'est pas aussi malsain que tu l'imagines. Et pour ce qui est du danger, je suis une fine lame.
- Une épée ne protégera pas d'une flèche.
C'est un dicton du pays... Et je dois bien avouer qu'il me remet les pieds sur terre à chaque fois que je l'entends.
- Je ne me sens pas à l'aise avec un bouclier.
- Tu serais moins à l'aise encore avec une flèche dans le corps.
- Touché. Mais de toute façon, le pays est bien moins dangereux que ne le racontent les voyageurs. Les histoires ont
tendance à s'amplifier au fil du temps.
- Vraiment ? Et ce loup-garou qui a terrorisé le village de Belk, le mois dernier ?
- Qu'est-ce que je disais ? C'était un chien enragé.
- Qu'est-ce que tu en sais ?
- J'y étais. C'est moi qui l'ai tué. Tu verras que dans dix ans, ce chien sera devenu un dragon.
Je reviens à ma carte.
- Bon. Je vais marcher jusqu'à Erdink, ce qui me prendra la journée. De là, je prendrai un bateau jusqu'à Dazir, puis...
Un autre bateau me fera traverser le détroit.
- Je te prépare des provisions pour le voyage, alors.
- Merci, Anna.
Je monte dans ma chambre pour prendre mes affaires, un sac de voyage, une bourse pendue à mon cou, et une bonne épée en acier Daskarienne, à la lame fine et légère, qui me permet des attaques toutes en finesse et rapidité. Le fourreau est accroché à mon ceinturon, à gauche, et un autre, à droite, contient une simple dague.
Il y a cinq jours, cette lame a percé le cœur d'un sembleur. Mon troisième en deux mois. J'espère ne plus en rencontrer. Leur cœur est leur seul point faible. Et ces créatures des ténèbres le défendent bien. J'ai eu beau rassurer Anna, les routes sont devenues moins sûres cette année, mais heureusement, le petit bout de chemin que je dois faire se situe dans la partie la plus civilisée du royaume.
Mon épée ne devrait pas sortir de son fourreau avant plusieurs semaines, au moins.
Je redescends et fais la bise à Anna, ma deuxième mère, depuis dix ans, déjà.
- Sois prudent, surtout.
- Toujours. Je te ramènerai un souvenir.
- Ramène-toi toi-même en bonne santé, ce sera le plus beau des cadeaux.
Je lui souris.
- Que la Lumière éclaire tes pas, Ludvik.
- Qu'Elle brille sur ton destin, Anna.
Je sors de l'auberge et commence mon voyage, un de plus, même si ce sera là le plus long que j'aie fait jusqu'à présent.
Le village de Valsein s'éloigne derrière moi, tandis que je marche d'un bon pas dans la douceur matinale. La route est fréquentée, et j'obtiens rapidement d'un paysan qu'il me prenne à bord de la charrette qu'il conduit jusqu'à Brunelys. Vers midi, je le laisse pour me restaurer à Lusdar et me régale d'un bon ragoût.
Restauré, je ressors de l'auberge pour reprendre ma rouge. C'est un peu plus loin que je vois un attroupement. Des gardes sont en train de mettre un corps sur une carriole.
- Bien le bonjour, messieurs. Que se passe-t-il ?
La garde du coin me connaît, pour la plupart d'entre eux, et nos relations sont cordiales.
- Un fermier qui a été tué. Il y a de plus en plus d'attaques de brigands en ce moment, dit-il en secouant la tête.
- Je vois. Je ferai attention, dis-je. Moi qui pensais que cette route était sûre, je commence à m'inquiéter pour la sécurité de Valsein.
- On les aura, ne vous en faites pas. Le Roi a décidé d'envoyer des renforts de l'armée pour les traquer.
Je les salue avant de reprendre ma route, un peu anxieux tout de même. Mais c'est à Erdink que m'attend une autre nouvelle : un mage a été assassiné sur un navire à quai, le Vélune. Le mage était étranger, il venait du royaume Sandrosi, et était apparemment puissant, d'après les mages enquêteurs de la garde.
Je me demande s'il n'y a pas un lien entre les deux affaires. Je reporte mon voyage un moment, tentant d'en savoir plus. Peut-être y a-t-il un nouveau sembleur dans les parages ?
Je décide d'aller voir mon ami Karl. Le sorcier a plus d'un tour dans son sac, et il pourrait peut-être m'aider. Il m'écoute raconter mes craintes, et réfléchit un moment.
- Je respecte ton intuition, Ludvik. Je vais t'aider. Mon apprenti Cédric t'apportera sa magie.
- Cédric ? Mais...
Année 2275, dans l'intermonde, à bord du vaisseau VSX-01
- Le scanner indique l'approche d'un monde, je dois arriver en Aliantiel d'ici une petite heure. Je pousse sa résolution pour voir les autres... voilà, il affiche les noms au fur et à mesure. Outremonde, Æstys, Tenerba, Aldania, et ma destination, Aliantiel. Et... euh... il y en a un septième, beaucoup plus loin, et non identifié. Il est à la limite de portée du scanner.
Eh bien, voilà qui est intéressant. Les crânes d'œuf des labos seront contents.
Il y a des masses de choses à faire, on n'a pas voulu me laisser le temps de m'ennuyer. Mais au bout d'une demi-heure, le radar indique quelque chose qui approche de moi. Et c'est gros. Très gros.
- Oh-oh... Un truc est sur une trajectoire de collision, je modifie ma route.
Mais la chose a changé de trajectoire, elle aussi.
- Je suis poursuivi ! Je lance un flash radar pour identification... si ça peut être identifié.
Une puissante émission radar vient se refléter sur l'objet et renvoie des informations détaillées sur ce qui me suit. J'ai du mal à croire ce qui s'affiche sur mon écran.
- Euh... c'est... un dragon ?
Aucun doute à avoir sur l'image que j'ai.
- Oh, bon sang, je suis censé faire quoi, là ? Il est absolument gigantesque, je ne crois pas que mes armes feront autre chose que de le mettre en colère. Et je suis à mi-chemin de la Terre... et il est rapide. Il se rapproche même très vite...
Un choc violent secoue le vaisseau, tandis que de multiples alarmes résonnent. La coque se déchire, et le pilote hurle avant de mourir sous la fureur d'un dragon déchaîné.
Année 2274, en Outremonde
- Franck ! Tu me connais ? Tu es censé surveiller ma vie depuis ma naissance, d'après ce que tu m'as dit.
- C'est le cas, qu'y a-t-il Christian ?
- Dans un an, un vaisseau terrien utilisera une technologie des Protecteurs pour franchir l'espace entre les mondes. Cela ne doit pas arriver. Lors de son premier essai, le vaisseau a croisé ton père, qui ne lui a rien fait... mais si ça pouvait changer, ça sauvera le multivers.
- D'accord, je lui ferai passer le message.
Année 2274, à Paris
- Christian, je voudrais que tu rejoignes les forces spéciales. Tu es un excellent élément, et je sais que tu feras des étincelles là-bas.
- Désolé, mon commandant, mais j'ai réfléchi à tout ça. Je vais revenir à la vie civile. J'en ai trop vu, mon commandant, j'aspire maintenant à une vie simple.
- C'est... regrettable... je te laisse y réfléchir un peu plus...
- C'est tout réfléchi, mon commandant. Je ne resignerai pas.
J'entends un grondement au loin. Je repars en arrière.
Année 2269, Italie, dans les ruines de Rome
Nous attendons un moment à l'abri du pan de mur, attendant une couverture permettant de passer
- Qu'est-ce qu'ils foutent ?
- Ils ne viendront pas, dit le sergent. On vient de me dire qu'on leur a donné une mission prioritaire. À nous de nous démerder pour passer.
Les autres râlent, nous savons que les panafs tiennent bien les grandes avenues et nous bloquent efficacement le chemin.
- J'ai une idée, dis-je. On peut emprunter un autre chemin. Ils n'imagineront jamais qu'on va oser le faire.
- Faire quoi ?
- C'est à nos pieds.
J'indique la bouche d'égout devant nous.
- T'es frappé, Chris ? Tu sais ce qu'il y a, là-dessous ?
- Nos combis ont été spécialement faites pour ça, dis-je. Et j'ai déjà fait la traversée.
- Quand ça ?
- De nuit, lors d'une mission... top secret. Désolé.
Ils me regardent, assez surpris. Moi, un jeune appelé embarqué dans cette guerre, choisi pour une mission top secret ?
- J'étais sacrifiable, dis-je. Vous saisissez ?
- Comme nous tous, soupire Marc.
- OK, on y va. Christian, tu ouvres la voie.
- Oui, sergent !
Nous soulevons la bouche d'égout et je regarde l'incandescence causée par cette arme d'un autre monde.
- Allez-y, je vous couvre.
Lorsqu'ils sont tous descendus, je fais exprès de glisser et de tomber dans la poussière radioactive et de disparaître à leurs yeux. Je me concentre comme le Témoin m'a appris, et me déplace physiquement à travers le temps, laissant derrière moi une combinaison vide que, de toute façon, ils n'iront pas chercher. Il y a un fort roulement de tonnerre.
Année 2260, à Paris
Mon jeune moi adolescent dort paisiblement dans sa chambre. Je prends la capsule et la presse contre son cou, déclenchant l'injection de l'antidote. Voilà qui aurait radicalement changé mon existence ! J'ai la forte tentation de vivre sa vie, mais je sais que ça ne mènera qu'à la destruction de la Terre.
L'enfant sursaute et se réveille, mais je suis déjà reparti en arrière.
Année 2245, dans une base militaire de l'union asiatique
Drazak'aar'den est le premier à réagir à mon arrivée soudaine. Il se tourne vers moi et sourit fugacement.
- C'est Franck qui t'envoie ?
- Oh, moi, je me contente de revenir en arrière dans le temps pour changer certaines choses.
L'un des militaires crie, demandant des explications. Je l'ignore.
- Tu veux l'épée de lumière ? Tue-les et je te dirai comment l'obtenir.
- Je ne lis aucun mensonge sur ton visage... Très bien.
Le haut commandement de l'union asiatique est promptement éliminé par le Drakkh, bien trop fort et trop rapide pour eux.
- Fais-lui savoir que tu es là, et que tu veux l'épée. Dis-lui qu'une Ombre s'est libérée. Les événements le forceront à te la donner. À l'époque d'où je suis parti, elle le traque dans tout le multivers.
- Je n'aurai pas à me fatiguer, à ce que je vois. Et quand me la donnera-t-il ?
- En 2280.
- C'est bien loin...
- L'Ombre ne l'aura pas, c'est ce qui compte.
- Pourquoi es-tu revenu en arrière ? Tu changes le cours des choses ?
- Sur ordre de Franck, après qu'il vous ait remis l'épée. L'Ombre doit être arrêtée, et j'ai besoin de ça, dis-je en désignant l'objet de la transaction : la bombe de technologie Drakkh.
- Ça ne l'effleurera même pas.
- Je le sais très bien. Ce n'est pas pour l'utiliser directement. On a un plan.
- Fort bien, amuse-toi avec celle-là. J'en ai beaucoup d'autres, si besoin est.
Je touche la bombe, froidement métallique, tout en me concentrant. Le tonnerre gronde violemment.
- Oh non, j'y crois pas ! Dit le Drakkh avant de se précipiter sur moi. Sa main fend l'air une seconde après mon départ.
- Il déchire la tapisserie ! Le fou !
Année 2153, dans une ancienne base secrète des Protecteurs
J'active la bombe, lui laissant une minute avant d'exploser. Je jette un regard sur la tonne de matériel dimensionnel des protecteurs avant de repartir. Les terriens ne sont pas prêts d'explorer les chemins conduisant à la Porte des Mondes.
Je remarque que mon pouvoir semble augmenter à mesure que je déchire la tapisserie. Il crépite littéralement au bout de mes mains. Tant mieux, car j'ai beaucoup à faire.
Année 2017, en Æstys
Tout le monde s'émut de la nouvelle dans la capitale, et on en parla dans tout le pays pendant longtemps. Un étranger était apparu dans le palais, dénonçant une trahison préparée par certains membres de la famille de l'Empereur, avant de les tuer. Rien n'avait pu l'arrêter. L'Empereur était sain et sauf, mais l'étranger avait disparu.
En Outremonde, on n'écrivit aucune Chronique. Ludvik et les siens continuèrent à mener une existence paisible.
Année 2012, en Outremonde
Ludvik
- Bonjour, Ludvik !
- Bonjour, Anna !
- Tu as passé une bonne nuit ?
- Je dors toujours très bien ici. Et ce, depuis le jour où tu m'as recueilli.
- Tu es comme un fils, pour moi. Tu as tellement grandi.
- C'est ta bonne nourriture. D'ailleurs...
- Je te sers ça tout de suite.
L'auberge de Valsein est comme une deuxième maison pour moi. Depuis que j'ai entrepris nombre de voyages, je n'y suis plus très souvent, mais je reviens toujours ici. Même après toutes ces années, je regarde toujours les boiseries avec plaisir. Et cette cheminée qui est liée à tant de souvenirs, tant de soirées, de fêtes... Assez grande pour y cuire un bœuf entier, vous pouvez m'en croire, je l'ai vu de mes yeux. Mais cela n'arrive pas souvent, à vrai dire.
La salle est plutôt calme à cette heure, les gens partent tôt pour travailler. Seuls quelques voyageurs sont présents. Après m'être restauré, je sors de ma sacoche un tube de cuir protégeant un précieux parchemin : la carte de Valnar, grande île sur laquelle le village de Valsein se perd totalement. J'ai beaucoup voyagé à la découverte de ces terres, villes et bourgs, merveilles et dangers... Mais l'envie me prend d'aller plus loin maintenant. Au sud, un détroit sépare l'île du continent. Je me sens déjà excité à l'idée de découvrir à quoi ressemble le monde, là-bas.
- Je vais partir pour un grand voyage, Anna. Je veux découvrir les terres de Sandros.
- Pourquoi faut-il que tu partes sans cesse ?
- Parce que j'aime voyager, découvrir de nouveaux lieux. Je suis fait ainsi.
- Tu as trop écouté les récits de voyageurs, Ludvik. Le monde n'est pas merveilleux, il est malsain et dangereux.
- Il n'est pas aussi malsain que tu l'imagines. Et pour ce qui est du danger, je suis une fine lame.
- Une épée ne protégera pas d'une flèche.
C'est un dicton du pays... Et je dois bien avouer qu'il me remet les pieds sur terre à chaque fois que je l'entends.
- Je ne me sens pas à l'aise avec un bouclier.
- Tu serais moins à l'aise encore avec une flèche dans le corps.
- Touché. Mais de toute façon, le pays est bien moins dangereux que ne le racontent les voyageurs. Les histoires ont
tendance à s'amplifier au fil du temps.
- Vraiment ? Et ce loup-garou qui a terrorisé le village de Belk, le mois dernier ?
- Qu'est-ce que je disais ? C'était un chien enragé.
- Qu'est-ce que tu en sais ?
- J'y étais. C'est moi qui l'ai tué. Tu verras que dans dix ans, ce chien sera devenu un dragon.
Je reviens à ma carte.
- Bon. Je vais marcher jusqu'à Erdink, ce qui me prendra la journée. De là, je prendrai un bateau jusqu'à Dazir, puis...
Un autre bateau me fera traverser le détroit.
- Je te prépare des provisions pour le voyage, alors.
- Merci, Anna.
Je monte dans ma chambre pour prendre mes affaires, un sac de voyage, une bourse pendue à mon cou, et une bonne épée en acier Daskarienne, à la lame fine et légère, qui me permet des attaques toutes en finesse et rapidité. Le fourreau est accroché à mon ceinturon, à gauche, et un autre, à droite, contient une simple dague.
Il y a cinq jours, cette lame a percé le cœur d'un sembleur. Mon troisième en deux mois. J'espère ne plus en rencontrer. Leur cœur est leur seul point faible. Et ces créatures des ténèbres le défendent bien. J'ai eu beau rassurer Anna, les routes sont devenues moins sûres cette année, mais heureusement, le petit bout de chemin que je dois faire se situe dans la partie la plus civilisée du royaume.
Mon épée ne devrait pas sortir de son fourreau avant plusieurs semaines, au moins.
Je redescends et fais la bise à Anna, ma deuxième mère, depuis dix ans, déjà.
- Sois prudent, surtout.
- Toujours. Je te ramènerai un souvenir.
- Ramène-toi toi-même en bonne santé, ce sera le plus beau des cadeaux.
Je lui souris.
- Que la Lumière éclaire tes pas, Ludvik.
- Qu'Elle brille sur ton destin, Anna.
Je sors de l'auberge et commence mon voyage, un de plus, même si ce sera là le plus long que j'aie fait jusqu'à présent.
Le village de Valsein s'éloigne derrière moi, tandis que je marche d'un bon pas dans la douceur matinale. La route est fréquentée, et j'obtiens rapidement d'un paysan qu'il me prenne à bord de la charrette qu'il conduit jusqu'à Brunelys. Vers midi, je le laisse pour me restaurer à Lusdar et me régale d'un bon ragoût.
Restauré, je ressors de l'auberge pour reprendre ma rouge. C'est un peu plus loin que je vois un attroupement. Des gardes sont en train de mettre un corps sur une carriole.
- Bien le bonjour, messieurs. Que se passe-t-il ?
La garde du coin me connaît, pour la plupart d'entre eux, et nos relations sont cordiales.
- Un fermier qui a été tué. Il y a de plus en plus d'attaques de brigands en ce moment, dit-il en secouant la tête.
- Je vois. Je ferai attention, dis-je. Moi qui pensais que cette route était sûre, je commence à m'inquiéter pour la sécurité de Valsein.
- On les aura, ne vous en faites pas. Le Roi a décidé d'envoyer des renforts de l'armée pour les traquer.
Je les salue avant de reprendre ma route, un peu anxieux tout de même. Mais c'est à Erdink que m'attend une autre nouvelle : un mage a été assassiné sur un navire à quai, le Vélune. Le mage était étranger, il venait du royaume Sandrosi, et était apparemment puissant, d'après les mages enquêteurs de la garde.
Je me demande s'il n'y a pas un lien entre les deux affaires. Je reporte mon voyage un moment, tentant d'en savoir plus. Peut-être y a-t-il un nouveau sembleur dans les parages ?
Je décide d'aller voir mon ami Karl. Le sorcier a plus d'un tour dans son sac, et il pourrait peut-être m'aider. Il m'écoute raconter mes craintes, et réfléchit un moment.
- Je respecte ton intuition, Ludvik. Je vais t'aider. Mon apprenti Cédric t'apportera sa magie.
- Cédric ? Mais...
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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